pourquoi [ purkwa ] adv., conj. et n. m. inv. I ♦ Adv. et conj.
1 ♦ (Interrog. dir.) Pour quelle raison, dans quelle intention ? « Pourquoi existons-nous ? pourquoi y a-t-il quelque chose ? » (Voltaire). « Pourquoi ? Il faut que vous me le disiez. Pourquoi ? » (Camus). Pourquoi faut-il que... ? Pourquoi veux-tu donc que... ? — Fam. « Pourquoi est-ce que vous saluez cette Cambremer ? » (Proust) : pourquoi saluez-vous... ?
♢ (Suivi de l'inf.) À quoi bon ? « Pourquoi les avoir abandonnés, la paix conclue ? » (Flaubert). « Pourquoi ne pas l'avouer ? Il avait peur » (Stendhal).
♢ (Le verbe « interrogatif » ayant été exprimé dans le contexte précédent) « Pourquoi j'en parlais ? Pour éclairer cette idée de témoignage » (Romains). — (Verbe sous-entendu) Pourquoi ces questions ? « Pourquoi ces choses et non pas d'autres ? » (Beaumarchais).
♢ Absolt Pourquoi ? « Et pourquoi donc ? dit Salavin » (Duhamel). Mais pourquoi ? « Moi, dit-il, pourquoi non ? » (La Fontaine). Pourquoi pas ? Pourquoi pas ici ? Pourquoi pas chez moi ? Pourquoi lui et pas moi ?
♢ Interrogeant sur la raison de la question. Vous partez ? — Oui, pourquoi ?
2 ♦ (Interrog. ind.) Pour quelle cause, dans quelle intention. Je ne comprenais pas pourquoi je devais me taire, en vertu de quoi; à cause de quoi. « Je voudrais bien savoir... pourquoi il ne fait point jour la nuit » (Molière). Je vous demande pourquoi vous riez. — (En fin de phrase) « Elle pleurait sans pouvoir s'arrêter, en ne sachant même pas pourquoi » (Zola). Sans savoir pourquoi. Sans que je sache pourquoi. Ne me demandez pas pourquoi. Dis-moi pourquoi. Expliquer pourquoi.
♢ Loc. fam. Vous ferez cela ou vous direz pourquoi, formule de commandement, de menace. Il faut que ça marche ou que ça dise pourquoi : il faut absolument que... « Quant aux chevaux [...] il faut qu'ils crèvent ou qu'ils disent pourquoi » (Gautier).
3 ♦ Vieilli Pour lequel, pour laquelle (cf. Pour quoi). « Une des raisons pourquoi j'ai eu quelquefois du plaisir à la guerre » (Montherlant). — Mod. Voilà, voici pourquoi telle chose a eu lieu. — C'est pourquoi... : c'est pour cela que.
II ♦ N. m. inv.
1 ♦ Cause, motif, raison. « il demandait le pourquoi de toute chose » (Balzac). Le pourquoi et le comment.
2 ♦ Question par laquelle on demande la raison d'une chose. Les pourquoi des enfants. « la science s'élève, par une suite de pourquoi sans cesse résolus et sans cesse renaissants » (M. Berthelot).
⊗ HOM. Pour quoi.
● pourquoi adverbe interrogatif (de pour et quoi) Dans les interrogatives directe et indirecte, interroge sur la cause et sur le but : Je vous demande pourquoi vous êtes ici. ● pourquoi (difficultés) adverbe interrogatif (de pour et quoi) Orthographe Pourquoi / pour quoi. En un seul mot ou en deux mots selon le sens. 1. Pourquoi = pour quelle raison. La réponse attendue est : parce que... Pourquoi luttent-ils ? Parce qu'ils veulent gagner. 2. Pour quoi = pour quelle chose, pour quel objectif (s'oppose à pour qui, pour quelle personne). La réponse attendue est : pour ceci, pour telle chose. Pour quoi luttent-ils ? Pour la victoire. 3. Ce pour quoi / ce pourquoi. Les deux graphies sont admises aujourd'hui. Ce pourquoi, naguère critiqué, est plus courant, ce pour quoi plus soigné. Emploi 1. Pourquoi vient-il ? / pourquoi il vient? La question sans inversion (pourquoi il vient) relève de l'expression orale relâchée. Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, faire l'inversion du sujet. 2. Pourquoi est-ce qu'il vient ? Construction grammaticalement correcte mais qu'il est préférable d'éviter à cause de sa lourdeur. Recommandation 1. Préférer pourquoi vient-il ? 2. Proscrire dans tous les cas les deux constructions incorrectes : pourquoi qu'il vient ? et pourquoi c'est qu'il vient ? ● pourquoi (expressions) adverbe interrogatif (de pour et quoi) C'est pourquoi, voilà pourquoi, c'est pour cette raison que, voilà la raison pour laquelle. Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pour quelle raison. Pourquoi pas, sert à répondre de façon affirmative, à envisager favorablement la demande. ● pourquoi (homonymes) adverbe interrogatif (de pour et quoi) pour quoi préposition ● pourquoi nom masculin invariable Cause, raison, motif : Nous ne savons le pourquoi de rien. Interrogation, question : Les pourquoi des enfants sont souvent embarrassants. ● pourquoi (expressions) nom masculin invariable Familier. Les pourquoi et les comment, les questions sur les raisons ou les circonstances d'un fait.
pourquoi
adv., conj. et n. m. inv.
rI./r adv. et conj. Pour quelle cause, quel motif. Il part sans dire pourquoi. Voici pourquoi je ne veux pas le voir.
— Loc. conj. C'est pourquoi. Il est malade, c'est pourquoi il n'est pas venu, c'est pour cette raison que...
— (Dans l'interrogation directe ou indirecte.) Pourquoi acceptez-vous? Vous feriez cela?
— Pourquoi pas? ou Pourquoi non? Je lui demanderai pourquoi il s'est fâché!
— (Suivi de l'infinitif.) Pourquoi se fâcher?
rII./r n. m. inv.
d1./d Cause, raison. Savoir le pourquoi d'une affaire.
d2./d Question. Je vais répondre à tous vos pourquoi.
⇒POURQUOI, adv. et subst. masc. inv.
I.— Adv. interr. [Sert à interroger sur la cause ou sur la finalité d'une action ou d'un fait]
A.— [Introd. une phrase interr.]
1. [Dans l'interr. dir.] Pourquoi êtes-vous méchante avec moi? (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 126). Pourquoi t'en vas-tu? (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 66) :
• 1. Pourquoi cet homme stationne-t-il devant ma porte? Pourquoi ma concierge avait-elle un drôle d'air en me disant bonjour? Pourquoi la fenêtre est-elle ouverte? Pourquoi est-elle fermée?
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 94.
— [Suivi d'un verbe à l'inf.] Pourquoi ne pas l'avouer? Il avait peur (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 336). Pourquoi penser : « je suis un homme perdu » ou « je ne cherche rien »? (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 105).
Rem. L'orth. hésite entre pourquoi faire et pour quoi faire (v. faire1 II A 2 b). ,,Cette dernière orthographe, plus rationnelle, prévaut`` (GREV. 1975, § 575) : Pourquoi faire?... Mais dame!... On se marie généralement (SARDOU, Rabagas, 1872, I, 4, p. 11).
2. [Dans l'interr. indir.] Je demandai pourquoi elles ne riaient plus (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 91). Je sais pourquoi ma raison, ce soir, est enténébrée (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 187) :
• 2. Comment, trois heures? s'écriait tout à coup ma tante en pâlissant, mais alors les vêpres sont commencées, j'ai oublié ma pepsine! Je comprends maintenant pourquoi mon eau de Vichy me restait sur l'estomac.
PROUST, Swann, 1913, p. 101.
Rem. Pourquoi peut être renforcé par donc, diable : Pourquoi diable l'enfant a-t-il choisi, entre tant, cet imbécile? (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 157), par est-ce que et pop. par que, l'ordre suj.-verbe étant, dans ce cas, rétabli : Pourquoi donc que tu ne te maries pas? (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 7). Pourquoi qu'on reste ici? (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 60). Pourquoi est-ce qu'on t'a appelée la goulue? lui demandai-je (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 202).
B.— Empl. ell.
1. [Dans l'interr. dir.] — Pourquoi? À cause de l'heure? — Non, pas à cause de l'heure (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 226) :
• 3. La question la plus profonde que j'aie jamais entendu poser était celle de Grock (...) « Pourquoi? » Elle ouvre des abîmes et si l'on a le courage de la poser devant les plus grandes affirmations de l'humanité, elle fait paraître la face du néant dans la nuit.
GREEN, Journal, 1942, p. 74.
— [Par effacement d'un verbe déclaratif ou interr. (affirmer, déclarer, dire) : ]sert à contester la légitimité d'un mot, d'une formulation — (...) le petit dessinateur. — Pourquoi « petit »? Il n'est pas si petit (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 11). — (...) c'est un type épatant. Hop! hop! — Hop! Pourquoi « hop »? Il me semble que ces jours derniers vous ne disiez pas « hop »! (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 154).
— Pourquoi pas? Tu as déjà joué au baccara? J'adore jouer. On oublie. Pourquoi pas? J'ai envie de jouer (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 384).
— Littér. Pourquoi non? Pourquoi non?... Secrétaire est une situation honorable, non? (BOURDET, Sexe faible, 1931, III, p. 421).
2. [Dans l'interr. indir.]
a) [Avec ell. de la prop. sub.] Dis pourquoi!... — supplia l'enfant consterné de ce qu'un pareil malheur lui pût échoir (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 31). Si seulement je savais pourquoi! (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1935, p. 15) :
• 4. Mais cette fois on m'a brisé quelque chose qui ne se remettra pas... Je le sens bien... Au fond, remarque, je ne serais pas fichu de dire pourquoi.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 206.
— [Dans des phrases incidentes] Dieu sait pourquoi; on ne sait pourquoi. Ce temps nouveau (...) me rappelait celui par lequel Albertine était, à Balbec, sous la pluie menaçante (...), allée faire, Dieu sait pourquoi, de grandes promenades, dans le maillot collant de son caoutchouc! (PROUST, Fugit., 1922, p. 491). Mouchette qui s'obstine, on ne sait pourquoi, « à parler de la gorge », au point d'exagérer encore l'affreux accent picard (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1266).
— Pop. Il faut que ça pète (v. péter), que ça casse ou que ça dise pourquoi.
b) [Avec ell. de la prop. princ.]
— Littér. [Au début d'un exposé, dans le titre d'un chapitre : annonce un développement destiné à expliquer un point précis] Chapitre I. Pourquoi j'ai rassemblé ces souvenirs (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 5). XIII Pourquoi Loubet fut magnifique (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 83).
— [Par effacement d'un verbe existentiel (être, exister) : met en cause l'existence d'une chose dont on ne s'explique pas la raison d'être] « Pourquoi la vie? Pourquoi la mort? » Et surtout : « Pourquoi la douleur? Pourquoi les larmes? » En présence de ces redoutables problèmes, l'esprit humain, on le sait, n'a trouvé que des solutions incertaines et d'ailleurs contradictoires (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 10) :
• 5. On comprend le printemps, l'aube, le nid, la rose;
Mais pourquoi les glaçons? Pourquoi le houx morose?
Pourquoi l'autour, ce criminel?
Pourquoi cette ombre froide où le jour se termine?
Pourquoi la bête fauve, et pourquoi la vermine?
— Pourquoi vous? répond l'Éternel.
HUGO, Légende, t. 5, 1877, p. 878.
C.— [Précédé des présentatifs voici, voilà, c'est]
— [Annonçant la conséquence de ce qui vient d'être affirmé] C'est pourquoi. Tu avais tellement taillé de crayons avec qu'aujourd'hui il [un rasoir] est un peu émoussé et ne saurait servir les soirs de cérémonie. C'est pourquoi je me suis confié aux mains d'un coiffeur (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 41).
— [Annonçant la cause, l'explication de ce qu'on vient d'affirmer] Voici, voilà pourquoi. C'est que deux vies se sont unies, non pas seulement en ce qu'elles connaissent l'une de l'autre ou d'elles-mêmes, mais jusqu'au principe de leurs actions communes et de leurs sentiments indivis; et voilà pourquoi, selon une belle parole d'Aristote, une amitié qui a pu finir n'a jamais été véritable (BLONDEL, Action, 1893, p. 253) :
• 6. Pourtant, je n'accepterai pas votre aimable invitation, du moins pas maintenant. Voici pourquoi : mon cactus rose va probablement fleurir.
COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 5.
D.— [En fonction de rel.]
— Vx, littér. [Dans qq. loc.] (La raison, le motif) pourquoi. Pour lequel, laquelle, lesquels, lesquelles. On lui demanda la raison pourquoi il souriait (HERMANT, M. de Courpière, 1907, II, 3, p. 15). La cause pourquoi il m'était si doux d'embrasser ces joues qui n'étaient pas plus belles que bien d'autres (PROUST, Prisonn., 1922, p. 81).
— Ce pourquoi. Ce que je vis en m'éveillant, ce pourquoi je me levai (parce que cela s'était substitué dans ma mémoire et dans mon désir aux souvenirs de Combray), ce furent les impressions de la première sortie à Venise (PROUST, Fugit., 1922, p. 623).
II.— Subst. masc. inv.
A.— [Considéré en tant que mot] Quand au sceptique « pourquoi » le « parce que » crédule a répondu, la discussion est close (RENARD, Journal, 1888, p. 17).
— Gén. au plur. Question portant sur la cause de quelque chose. Les pourquoi succèdent aux pourquoi avant qu'on arrive à la solution de l'énigme (DURRY, Nerval, 1956, p. 88).
♦ [En corrélation avec parce que et comment] Tout en marchant, elle jacassait, revenue à sa composition du rôle de Madame Brimborion dont elle donna les tenants et les aboutissants, les pourquoi et les parce que (COURTELINE, Linottes, 1912, I, p. 142). Panturle est à la réflexion. C'est un jour clair. On voit bien les choses. Ça arrive net et propre devant les yeux et l'on voit bien les pourquoi et les comment. Il voit l'ordre (GIONO, Regain, 1930, p. 235).
B.— [Suivi d'un compl. déterminatif (éventuellement implicite)] Le pourquoi (de). Le motif, la raison (de). L'esprit saisit le pourquoi des choses, l'explication de leur manière d'être et de leurs dépendances mutuelles (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 20).
Prononc. et Orth. :[]. Ac. 1694 et 1718 : -quoy; dep. 1740 : -quoi. Étymol. et Hist. A. 1. a) Interr. dir. ca 1050 pur quei (St Alexis, éd. Chr. Storey, 131 : ,,Filz Ale[x]is, pur quei[t] portat ta medre?``; 444); b) interr. indir. déb. XIIe s. (BENEDEIT, St Brendan, 468 ds T.-L. : Freres, savez, Pur quei poür oüt avez?); 2. a) ca 1165 en fonction de rel. « pour lequel, laquelle » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 49, ibid. : Omers [...] Escrist de la destrucïon Del grant siege e de l'acheison, Por quei Troie fu desertee); b) 1250-70 empl. comme rel. de liaison « c'est pourquoi » (GUILLAUME LE VINIER, Poésies, éd. Ph. Ménard, VIII, 1), empl. fréq. au XVIe s.; 1580 c'est pourquoy (MONTAIGNE, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 576); id. voyla pourquoy (ID., op. cit., I, II, p. 92). B. Empl. subst. 1174-76 le purquei (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2359). Comp. de la prép. pour et du rel. quoi. Fréq. abs. littér. :31 403. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 34 659, b) 39 787; XXe s. : a) 49 956, b) 52 617. Bbg. CHERVEL (A.)... Et il fallut apprendre à écrire à tous les petits Français. Paris, 1977, p. 85; pp. 247-249; p. 253. — EBNETER (Th.), GESSNER (M. P.). La Causalité en fr. parlé. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1974, t. 12, n° 1, pp. 325-345. — HENSCHELMANN (K.). Kausalität im Satz und im Text. Heidelberg, 1977, pp. 187-192. — KRIELE (H. J.). [Pourquoi]. Praxis. 1968, t. 15, n° 1, p. 98. — LORIAN (A.). Ce pour quoi, ce pourquoi ou c'est pourquoi? R. Ling. rom. 1968, t. 32, pp. 341-361. — MILNER (J.). Négation métalinguistique. Semantikos. 1977, t. 2, pp. 47-62. — MULLER (Ch.). [Pourquoi]. Praxis. 1968, t. 15, n° 1, pp. 98-99.
pourquoi [puʀkwa] adv., conj. et n. m.
ÉTYM. Fin XIIe; purquei, 1080; porqueit, v. 1050; de pour, et quoi.
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I Adv. et conj.
1 (Interrogatif direct). Pour quelle cause; pour quelle raison, dans quelle intention ? ⇒ aussi Venir (d'où vient que… ?); interrogation (→ Interroger, cit. 9); parce que.
1 S'il y a un terme ambigu, c'est pourquoi, qui questionne à la fois sur le but et sur la cause. Le français manque d'un interrogatif proprement causal (…) Aussi arrive-t-il qu'à la question pourquoi on réponde par une double subordonnée, l'une causale, l'autre finale : « pourquoi voulez-vous me revoir; parce que vous m'intéressez, et pour que nous causions tranquillement » (Romains, Six oct. IX, 92).
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1460.
♦ « Pourquoi dites-vous cela ? — Parce que c'est mon opinion » (cit. 6). || Pourquoi me chasses-tu ? (→ Aimer, cit. 65). || Pourquoi me mettrais-je à geindre ? (1. Geindre, cit. 7). || Pourquoi faut-il que… ? (→ Autre, cit. 64) — Pourquoi veux-tu donc que… ? (→ Meurtrissure, cit. 2). || Pourquoi donc n'y venez-vous pas ? (→ Monde, cit. 18; et aussi libéral, cit. 5). || Pourquoi diable est-il parti ?
2 Pourquoi me tuez-vous ? — Eh quoi ! ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ?
Pascal, Pensées, V, 293.
3 Pourquoi existons-nous ? pourquoi y a-t-il quelque chose ?
Voltaire, Dict. philosophique, Les pourquoi.
4 Pourquoi mon cœur bat-il si vite ? (…)
(…) Pourquoi ma lampe à demi morte
M'éblouit-elle de clarté ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de mai ».
5 Pourquoi donc étiez-vous, comme eût été Dieu même,
Si terrible et si grand ?
Hugo, Ruy Blas, III, 3.
6 Pourquoi, pourquoi avez-vous tiré un corps à terre ? Là encore, je n'ai pas su répondre. Le juge a passé ses mains sur son front et a répété sa question d'une voix un peu altérée : « Pourquoi ? Il faut que vous me le disiez. Pourquoi ? » Je me taisais toujours.
Camus, l'Étranger, II, I.
♦ Fam. || Pourquoi est-ce que… ? || Pourquoi est-ce qu'il ne vient pas : pourquoi ne vient-il pas ?
7 Pourquoi est-ce que vous saluez cette Cambremer (…) ?
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 341.
♦ Pop. (et incorrect). || Pourquoi que…, sans inversion. || Pourquoi qu'il est parti ? || Pourquoi que t'es (tu n'es) pas venu ?
8 Pourquoi donc que tu n'es pas venue dire adieu à mon bon ami ? (dit un enfant).
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 780.
9 — Et pourquoi que je me retirerais, monsieur ? (dit un garde forestier).
Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. II, p. 309.
♦ Fam. (Sans inversion, mais sans que…) :
9.1 Il (l'enfant) vit que les yeux de cette femme, sa mère, brillaient… — Pourquoi tu pleures ? — Ça peut arriver comme ça, pour rien.
M. Duras, Moderato cantabile, p. 122.
♦ (Suivi de l'infinitif). À quoi bon ? || Pourquoi l'assassiner ? (cit. 2). || Pourquoi donc me donner de semblables conseils ? (→ Demander, cit. 48). || Pourquoi venir auprès de moi ? (cit. 32). → aussi Existence, cit. 16; matériellement, cit. 4; mentir, cit. 14; peindre, cit. 2.
10 Mais pourquoi m'entraîner vers ces scènes passées ?
Lamartine, Harmonies…, IV, XLV.
11 Pourquoi les avoir abandonnés, la paix conclue ?
Flaubert, Salammbô, I.
♦ (Le verbe « interrogatif » ayant été exprimé dans le contexte précédent). || Pourquoi j'y suis allé ? Pour me faire plaisir.
12 Pourquoi j'en parlais ? Pour éclairer cette idée de témoignage.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XV, p. 175.
♦ (Le verbe étant sous-entendu; style soutenu ou littér.). || Ô Dieu juste, pourquoi la mort ? (→ Bon, cit. 100). || Pourquoi tant d'existences (cit. 33), puisqu'elles se ressemblent toutes ? || Pourquoi cette narration (cit. 5), cette phrase ? (→ Mourir, cit. 19). — (Avec un adj.). || Pourquoi si craintive… ? (→ Hardiment, cit. 2).
13 Pourquoi ces choses et non pas d'autres ?
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, 3.
14 Qu'est-ce que c'est que de rencontrer une femme, de la regarder, de lui dire un mot et de ne plus jamais l'oublier ? Pourquoi celle-là plutôt qu'une autre ? Invoquez la raison, l'habitude, les sens, la tête, le cœur et expliquez, si vous pouvez.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, III, VI.
♦ Absolt. || Pourquoi ? (→ Clef, cit. 11; démodé, cit. 4; gracieux, cit. 7; injuste, cit. 8). || « Ce serait mal (1. Mal, cit. 5). — Mal, pourquoi ? » (Balzac). || Et pourquoi ? (→ Imposteur, cit. 1). || Et pourquoi donc ? (→ Improbable, cit. 5). || Mais pourquoi ? (→ Larme, cit. 1). — Pourquoi non ? (→ Large, cit. 18). Plus cour. || Pourquoi pas ? || Tu viens avec moi ? Pourquoi pas ? : pourquoi est-ce que je ne viendrais pas ? (→ Nom, cit. 33). || Pourquoi pas ? (réponse en forme de défi) : peut-être, j'en suis capable. ⇒ Chiche. — (Avec un compl.). || Tu veux aller en vacances à Honolulu ! Pourquoi pas dans la lune ? → Tant qu'on y est. || Pourquoi pas autre chose ? || « Pourquoi pas le contraire ? » (Queneau, Zazie dans le métro, p. 153). || Pourquoi lui et pas moi ? || Pourquoi pas Jean ? || On ira au café. Pourquoi pas chez moi ?
15 Êtes-vous satisfait ? — Moi, dit-il, pourquoi non ?
La Fontaine, Fables, I, 7.
16 Ah ! si tu pouvais passer l'eau !
Pourquoi pas ? Attends-moi.
Florian, Fables, IV, 13.
17 — Anne, fis-je, allons chez moi. Elle haussa les épaules : — Oh non. — Pourquoi ? Nous sommes libres.
G. Duhamel, la Pierre d'Horeb, XVII.
2 (Interrogatif indirect). Pour quelle cause, quelle raison, quel motif; dans quelle intention. || Je ne comprenais pas pourquoi je devais me taire, en vertu, en raison de quoi…, à cause de quoi… (→ 2. Mercuriale, cit. 2). || Savoir pourquoi… (→ Jour, cit. 3; persécuter, cit. 4). || Sans que je sache pourquoi je suis placé plutôt en ce lieu qu'en un autre (→ Étendue, cit. 7). || Demander pourquoi… (→ Dérober, cit. 15; homme, cit. 72; jeu, cit. 28). || Nous avons peine à dire pourquoi c'est (→ Caprice, cit. 3).
18 (…) Philippe ne pouvait souffrir de faire les choses quand il n'aurait su dire pourquoi il les faisait (…)
A. Hermant, l'Aube ardente, XI.
♦ (Pourquoi, en fin de phrase). || On ne sait trop pourquoi (→ Oursin, cit.); sans savoir pourquoi (→ Faner, cit. 2; marionnette, cit. 4). || Sans demander pourquoi (→ Mornifle, cit. 2). — ☑ Loc. (1678). Vx. Demandez-moi pourquoi : j'ignore pour quelle raison. — Dire pourquoi (→ Attitude, cit. 23; nettement, cit. 5). || Il expliqua pourquoi (→ Incident, cit. 15).
19 Le pire était qu'au milieu de ses sanglots, elle lui répondait qu'elle n'avait rien contre lui, qu'elle pleurait sans pouvoir s'arrêter, en ne sachant même pas pourquoi.
Zola, la Terre, IV, VI.
♦ ☑ Loc. fam. Vous ferez cela ou vous direz pourquoi, formule de commandement ou de menace. — ☑ Fam. Il faut que ça marche, que ça casse, (1881) que ça pète ou que ça dise pourquoi : il faut absolument que…
20 Quant aux chevaux, je les surmène tellement, qu'il faut qu'ils crèvent ou qu'ils disent pourquoi.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, V.
♦ Ce pourquoi (→ Annoncer, cit. 8; néant, cit. 19) : ce pour quoi.
3 (V. 1155). Vx. (En fonction de pronom relatif). Pour lequel, pour laquelle… (En parlant des choses). || La raison pourquoi… (→ Canaille, cit. 6; cf. aussi La Bruyère, V, 19; Mme de Sévigné, 1318, 10 avr. 1691). — Mod. || Voilà, voici pourquoi telle chose a eu lieu.
21 C'est une des raisons pourquoi j'ai eu quelquefois du plaisir à la guerre.
Montherlant, les Olympiques, p. 111.
22 Et voilà pourquoi peut-être, avant de partager avec lui ce souper amer et suprême, elles pensèrent à lui offrir le leur et qu'elles en firent un chef-d'œuvre.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le plus bel amour », p. 91.
♦ C'est pourquoi… : c'est pour cela, pour cette raison que… ⇒ Aussi; conséquence (→ Arrière-neveu, cit. 4; 1. aube, cit. 10; longuement, cit. 1). — C'est pourquoi… et pourquoi… (ou… et que…; cf. Pascal, in Littré). — Rare. || C'est pourquoi…, suivi d'un impératif.
23 C'est pourquoi, leur dit l'hirondelle,
Mangez ce grain (…)
La Fontaine, Fables, I, 8.
24 C'est pourquoi, mon fils, convoquez les Anciens d'Alca, et d'accord avec eux nous établirons l'impôt.
France, l'Île des pingouins, II, IV.
———
II N. m. invar.
1 (V. 1175). Cause, motif, raison. || Demander le pourquoi d'une chose. ☑ Le pourquoi et le comment (cit. 18).
25 Nous ne saurions découvrir ni la première cause, ni le vrai motif d'aucun être : le pourquoi de l'univers reste inaccessible à l'intelligence individuelle.
É. de Senancour, Oberman, LXIII.
26 Depuis quelques mois, il contredisait pour contredire, sans raison, sans justifier ses opinions : il demandait le pourquoi de toute chose (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 919.
27 La nature de notre esprit nous porte à chercher l'essence ou le pourquoi des choses. En cela nous visons plus loin que le but qu'il nous est donné d'atteindre (…)
Cl. Bernard, Introd. à l'étude de la médecine expérimentale, II, I.
2 (1764). Question par laquelle on demande la cause, la raison d'une chose. || Les pourquoi des enfants. || Le « pourquoi ? » et le « comment ? » (cit. 19). || Les pourquoi et les parce que. || Les Pourquoi, article du Dictionnaire philosophique de Voltaire.
28 (…) quand je lui adressai enfin tous ces pourquoi insatiables de l'amour (…) elle ne me répondit jamais que par de longues étreintes.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le rideau cramoisi », p. 65.
29 (…) la science s'élève, par une suite de pourquoi sans cesse résolus et sans cesse renaissants, jusqu'aux notions générales qui représentent l'explication commune d'un nombre immense de phénomènes.
Encyclopédie Universelle. 2012.