amant, ante [ amɑ̃, ɑ̃t ] n.
1 ♦ Vx Personne qui aime d'amour et qui est aimée. ⇒ amoureux, soupirant. Son amante. « Un amant fait sa cour où s'attache son cœur » (Molière).
2 ♦ N. m. (v. 1670 ) Mod. L'amant d'une femme, celui qui a des relations sexuelles amoureuses plus ou moins habituelles avec elle sans être son mari. Elle a pris un amant. Avoir un amant. ⇒ ami. Ils sont amant et maîtresse. « Il est plus facile d'être amant que mari » (Balzac). Amant de cœur, qui est choisi pour lui-même. Sa femme a des amants (⇒ 1. adultère) .
♢ (Sexuel) Un bon amant, un piètre amant.
3 ♦ Au plur. Les amants : l'amant et sa maîtresse.
4 ♦ Littér. Personne éprise de qqch. « L'amant de la gloire » (Hugo). « Les amants de la nuit, des lacs, des cascatelles » (Musset).
⊗ HOM. Aman.
● amant nom masculin (de l'ancien français amer, aimer) Homme avec qui une femme a des relations sexuelles en dehors du mariage. (En ce sens, le féminin est maîtresse.) Avec un adjectif, homme qui a les qualités attribuées à l'amant : Un bon, un mauvais amant. ● amant (citations) nom masculin (de l'ancien français amer, aimer) Jean Anouilh Bordeaux 1910-Lausanne 1987 Si tes amants t'ennuient, marie-toi, cela leur donnera du piquant. Le Bal des voleurs, Lady Hurf La Table Ronde Isaac de Benserade Paris ?vers 1613-Gentilly 1691 Académie française, 1674 Amants agneaux deviennent maris loups. Poème sur l'accomplissement du mariage de Leurs Majestés Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Adieu, trop malheureux et trop parfait amant. Polyeucte, II, 2, Pauline Robert Pellevé de La Motte-Ango, marquis de Flers Pont-l'Évêque 1872-Vittel 1927 Académie française, 1920 et Frantz Wiener, dit Francis de Croisset Bruxelles 1877-Neuilly-sur-Seine 1937 On n'est pas un amant parce qu'on a une maîtresse. Ce serait trop facile. Les Vignes du Seigneur L'Illustration Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 L'amant est toujours plus près de l'amour que de l'aimée. Amphitryon 38, I, 6, Alcmène Grasset Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Une femme qui a un amant est un ange, une femme qui a deux amants est un monstre, une femme qui a trois amants est une femme. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Un mari n'a guère un rival qui ne soit de sa main, et comme un présent qu'il a autrefois fait à sa femme. Les Caractères, Des femmes Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette Paris 1634-Paris 1693 Il n'y a point de femme que le soin de sa parure n'empêche de songer à son amant. La Princesse de Clèves Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ? Que ce soit aux rives prochaines. Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau, Toujours divers, toujours nouveau ; Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste. Fables, les Deux Pigeons François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Dans les premières passions les femmes aiment l'amant, et dans les autres elles aiment l'amour. Maximes Alfred de Musset Paris 1810-Paris 1857 Il y a des femmes que leur bon naturel et la sincérité de leur cœur empêchent d'avoir deux amants à la fois. La Confession d'un enfant du siècle Mathurin Régnier Chartres 1573-Rouen 1613 Estimez vos amants selon le revenu. Satires, XIII Isaac Félix, dit André Suarès Marseille 1868-Saint-Maur-des-Fossés 1948 Entre amants, il n'y a que les coups et les caresses. Voici l'homme Albin Michel Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Baisers, baves d'amour, basses béatitudes, Ô mouvements marins des amants confondus […]. Album de vers anciens, Air de Sémiramis Gallimard Louise Levêque de, dite Louise de Vilmorin Verrières-le-Buisson 1902-Verrières-le-Buisson 1969 Beaucoup d'amants, c'est beaucoup de malchance. La Lettre dans un taxi Gallimard Térence, en latin Publius Terentius Afer Carthage vers 185-159 avant J.-C. Querelles d'amants, renouvellement d'amour. Amantium irae amoris integratio. L'Andrienne, III, 3 George Gordon, lord Byron Londres 1788-Missolonghi 1824 Dans sa première passion, la femme aime son amant, et dans toutes les autres, tout ce qu'elle aime est l'amour. In her first passion woman loves her lover. In all the others, all she loves is love. Don Juan, III, 3 ● amant (homonymes) nom masculin (de l'ancien français amer, aimer) aman nom masculin amman nom masculin ● amant (synonymes) nom masculin (de l'ancien français amer, aimer) Homme avec qui une femme a des relations sexuelles en...
Synonymes :
- ami
- concubin
- galant (vieux)
- jules
- petit ami
amant, ante
n.
d1./d n. Vx Celui, celle qui éprouve pour une personne de l'autre sexe un amour partagé.
d2./d n. (Afr. subsah.) Celui, celle qui éprouve pour une personne de l'autre sexe un amour partagé ou non. Syn. amoureux.
d3./d n. m. Homme qui a des relations sexuelles avec une femme hors du mariage. Femme qui prend, a un amant.
|| n. f. (Afr. subsah.) Syn. de maîtresse (sens 2).
|| (Plur.) Deux personnes entretenant une relation sexuelle et affective.
⇒AMANT, ANTE, subst.
I.— [Sans relation explicite ou implicite avec le mariage]
A.— Vieilli ou littér.
1. Amant(e). Personne qui aime une personne de l'autre sexe et en est aimée (avec ou sans relations physiques). Synon. amoureux, (euse); bien-aimé(e) :
• 1. C'est une triste chose pour une jeune fille de s'apercevoir que son amant n'est pas le premier des hommes et que tout le monde ne partage pas son admiration et son amour pour lui. L'estime des autres pour celui qu'elle aime est pour beaucoup dans l'amour d'une femme, parce que dans son amant elle cherche un appui et un protecteur, parce qu'elle sent qu'elle s'identifie à lui, qu'elle ne devient plus qu'une partie de lui-même, et s'absorbe en lui, et n'aura plus d'autre considération que la sienne, d'autre bonheur que le sien.
A. KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 112.
• 2. Jadis, aux jours de passion, leur différence de tempérament avait fait de cet homme et de cette femme un couple puissamment lié, en établissant entre eux une sorte d'équilibre, en complétant pour ainsi dire leur organisme. L'amant donnait de son sang, l'amante de ses nerfs, et ils vivaient l'un dans l'autre, ayant besoin de leurs baisers pour régulariser le mécanisme de leur être.
É. ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, p. 145.
• 3. Et elle l'aimait, elle le désirait certainement davantage, depuis qu'il n'ignorait plus rien. C'était une passion insatiable, la femme enfin éveillée, une créature faite uniquement pour la caresse, tout entière amante, et qui n'était point mère. Elle ne vivait plus que par Jacques, elle ne mentait pas, lorsqu'elle disait son effort pour se fondre en lui, car elle n'avait qu'un rêve, qu'il l'emportât, qu'il la gardât dans sa chair. Très douce toujours, très passive, ne tenant son plaisir que de lui, elle aurait voulu des sommeils de chatte sur ses genoux, du matin au soir.
É. ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 198.
• 4. Elle l'appelait de tout son orgueil, de toute sa passion fouettée par la lutte et le danger, de toutes les tendresses enfantines qui survivaient dans un coin féminin de son cœur; elle le voulait, de toutes les attaches secrètes qui s'étaient formées, pour et par cet amant, au plus intime de la femme, de l'amante furieuse qu'elle pouvait être sous ses baisers, uniquement sous ceux-là ...
E.-M. DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 321.
— En partic. Amant. Amoureux idéal :
• 5. Une jeune fille, croyant que son amant a péri dans les guerres, s'est faite religieuse à Jérusalem, dans un ordre consacré à servir les malades. On amène dans son couvent un chevalier dangereusement blessé : elle vient couverte de son voile, et, ne levant pas les yeux sur lui, elle se met à genoux pour le panser. Le chevalier, dans ce moment de douleur, prononce le nom de sa maîtresse; l'infortunée reconnoît ainsi son amant.
Mme DE STAËL, De l'Allemagne, t. 3, 1810, p. 166.
• 6. C'était Léandre, la bête noire des pères, des maris, des tuteurs, l'amour des femmes, des filles et des pupilles; l'amant en un mot, celui qu'on rêve, qu'on attend et qu'on cherche, qui doit tenir les promesses de l'idéal, réaliser la chimère des poèmes, des comédies et des romans, être la jeunesse, la passion, le bonheur, ne partager aucune misère de l'humanité, n'avoir jamais ni faim, ni soif, ni chaud, ni froid, ni peur, ni fatigue, ni maladie; mais toujours être prêt, la nuit, le jour, à pousser des soupirs, à roucouler des déclarations, à séduire les duègnes, à soudoyer les suivantes, à grimper aux échelles, à mettre flamberge au vent en cas de rivalité ou de surprise, et cela, rasé de frais, bien frisé, avec des recherches de linge et d'habits, l'œil en coulisse, la bouche en cœur comme un héros de cire.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 111.
— Péjoratif :
• 7. La morale des chansons populaires est à la fois très légère et très sombre : le peuple y apparaît comme uniquement en quête du plaisir, et principalement de l'amour. Si l'amour est souvent tragique, le mariage est grotesque ou terrible : tromper ses parents, voilà l'affaire de la fille; tromper son mari, voilà l'affaire de la femme; tromper son amant, tromper sa maîtresse, voilà l'affaire des amantes et des amants.
R. DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, p. 271.
♦ Amant transi. Homme timide qui n'ose déclarer son amour ou souffre des rigueurs de la personne aimée :
• 8. L'erreur de leur vie (aux don Juan) est de croire conquérir en quinze jours ce qu'un amant transi obtient à peine en six mois. Ils se fondent sur des expériences faites aux dépens de ces pauvres diables qui n'ont ni l'âme qu'il faut pour plaire, en révélant ses mouvements naïfs à une femme tendre, ni l'esprit nécessaire pour le rôle de don Juan.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 237.
• 9. Elle m'a désolé. Elle a conçu pour moi un peu d'amour sans parvenir à faire exister en elle mon souvenir. J'ai compris que mon amour serait une sorte de calvaire. Je ne me suis pas dérobé à cette souffrance. Il m'a semblé que je devais connaître aussi les impressions d'un amant transi et négligé.
J. BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-1936, p. 205.
2. Au masc. plur. Amants. Couple s'aimant d'amour réciproque :
• 10. Quand un homme et une femme ont l'un pour l'autre une passion violente, il me semble toujours que, quels que soient les obstacles qui les séparent, un mari, des parents, etc., les deux amants sont l'un à l'autre de par la nature; qu'ils s'appartiennent de droit divin, malgré les lois et les conventions humaines.
CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 61.
• 11. On comprendra le regard que les deux amants échangèrent, ce fut de la flamme, car les amoureux vertueux n'ont pas la moindre hypocrisie.
H. DE BALZAC, La Cousine Bette, 1847, p. 79.
• 12. Racine nous avertit que s'il n'a pas fait suicider celle-ci [Bérénice], c'est qu'elle n'a pas eu avec celui qu'elle aime « les derniers engagements » que Didon avait avec Énée. Mais justement, il faut songer alors à enrichir, à alourdir les rencontres d'amants platoniques de tout ce que nous livre aujourd'hui un art moins secret.
R. BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, p. 216.
B.— Littér., masc., fém., sing. ou plur. Personne unie à une autre personne par un amour passionné et profond :
• 13. Henry se sentait fier et fort comme le premier homme qui a enlevé une femme, qui l'a saisie dans ses bras et qui l'a entraînée dans sa tanière. Alors l'amour se double de l'orgueil, le sentiment de sa propre puissance s'ajoute à la joie de la possession, on est vraiment le maître, le conquérant, l'amant; il la contemplait d'une manière calme, sereine, il n'avait rien dans l'âme que d'indulgent et de rayonnant, ils se plaisait à penser qu'elle était faible et sans défense au monde, qu'elle avait tout abandonné pour lui, espérant tout trouver en lui, et il se promettait, de n'y pas manquer, de la protéger dans la vie, de l'aimer encore davantage, de la défendre toujours.
G. FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, p. 174.
• 14. Ignorant tout, sachant tout, à la fois vierge et amante, Ève innocente, Ève tombée, l'enchanteresse par qui me venait ma folie était un mélange de mystères et de passions : je la plaçais sur un autel et je l'adorais. L'orgueil d'être aimé d'elle augmentait encore mon amour.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 131.
• 15. ...
Quand, au fond du hallier farouche,
Dans une nuit pleine de jour,
Une bouche sur une bouche
Baise de mot divin : amour!
Quand l'homme contemple la femme,
Quand l'amante adore l'amant,
Quand, vaincus, ils n'ont plus dans l'âme
Qu'un muet éblouissement,
Ce profond bonheur solitaire,
C'est le ciel que nous essayons.
V. HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Trop heureux, 1865, p. 186.
• 16. ... celui qui aime trouve dans les choses de quoi rendre hommage à ce qu'il aime. L'amant offre le monde à sa maîtresse et lui-même s'offre aussi. « Tout cela t'appartient ».
G. MARCEL, Journal métaphysique, 1918, p. 158.
• 17. Par là s'explique assez la liberté de Goethe avec l'amour. On sait bien qu'il montrait aisément une curieuse magnificence dans l'indépendance du cœur. Ce grand lyrique est le moins fou des hommes; ce grand amant en est le moins égaré. Son démon très lucide lui commande d'aimer; mais aimer, c'est pour lui : tirer de l'amour tout ce que l'amour peut offrir à l'esprit, tout ce que la volupté personnelle, les émotions et les énergies intimes qu'elle excite, peuvent enfin livrer à la faculté de comprendre, au désir supérieur de s'édifier...
P. VALÉRY, Variété 4, 1938, p. 107.
• 18. Là était l'explication des tendresses nouvelles des amoureux. Guillaume fut surpris et charmé de découvrir ainsi dans Madeleine une femme qu'il ne connaissait point. Jusqu'à ce jour, elle avait été sa maîtresse; elle devint son amante. C'est-à-dire que, jusqu'à ce jour, il l'avait aimée chez lui, et que, dès lors, il alla l'aimer chez elle. Cette différence décida de leur bonheur.
É. ZOLA, Madeleine Férat, 1868, p. 95.
• 19. ... il ne pouvait douter que celle qui criait ici sa détresse, ne fût cette amante éplorée dont Olivier lui parlait la veille au soir, la maîtresse abandonnée de Vincent Molinier.
A. GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1032.
Rem. 2. Cet emploi peut comme le précédent devenir péjoratif :
• 20. Là, les deux amants s'ensevelirent dans l'océan de ces joies languides et perverses où l'esprit se mêle à la chair mystérieuse! Ils épuisèrent la violence des désirs, les frémissements et les tendresses éperdues. Ils devinrent le battement de l'être l'un de l'autre. En eux, l'esprit pénétrait si bien le corps, que leurs formes leur semblaient intellectuelles.
Ph.-A. M. DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Vera à Mme la comtesse d'Osmoy, 1883, p. 25.
• 21. Quand le feuillage épars
Tremble, commence à fuir, pleure de toutes parts,
Tu vois du sombre amour s'y mêler la tourmente,
L'amant brûlant et dur ceindre la blanche amante,
Vaincre l'âme ... et tu sais selon quelle douceur
Sa main puissante passe à travers l'épaisseur
Des tresses que répand la nuque précieuse,
S'y repose, et se sent forte et mystérieuse;
Elle parle à l'épaule et règne sur la chair.
Alors les yeux fermés à l'éternel éther
Ne voient plus que le sang qui dore leurs paupières;
Sa pourpre redoutable obscurcit les lumières
D'un couple aux pieds confus qui se mêle, et se ment.
P. VALÉRY, Charmes, Frag. du Narcisse, 1922, p. 127.
• 22. Aucun être, même le plus aimé, et qui nous le rende le mieux, n'est jamais en notre possession. Sur la terre cruelle où les amants meurent parfois séparés, naissent toujours divisés, la possession totale d'un être, la communion absolue dans le temps entier de la vie est une impossible exigence. Le goût de la possession est à ce point insatiable qu'il peut survivre à l'amour même. Aimer, alors, c'est stériliser l'aimé. La honteuse souffrance de l'amant, désormais solitaire, n'est point tant de ne plus être aimé que de savoir que l'autre peut et doit aimer encore.
A. CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 323.
C.— MYSTIQUE RELIG.
1. Amante. Femme vouant tout son amour à Dieu :
• 23. Je me figurais encore la plus sainte des amantes et la plus amante des saintes, Thérèse d'Avila, au moment où son cœur, chastement embrasé, s'écrie : « soyons fidèle à celui qui ne peut nous être infidèle! »...
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 166.
2. Amant. Dieu en tant qu'objet aimé et aimant :
• 24. J'ai parlé tout à l'heure des tisserands de Flandre au Moyen Âge, des lollards, béghards, comme on les appelait. L'Église, qui souvent les persécuta comme hérétiques, ne reprocha jamais à ces rêveurs qu'une seule chose : l'amour; l'amour exalté et subtil pour l'invisible amant, pour Dieu...
J. MICHELET, Le Peuple, 1846, p. 86.
• 25. Les comparaisons de fiancé, d'époux, d'amant céleste et de mariage éternel qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l'âme des douceurs inattendues.
G. FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 40.
• 26. À l'idée de ce dieu de sa philosophie avait succédé en elle un autre redoutable Dieu de sa foi, le tout-puissant, Dieu le père, qui, par une lente et miraculeuse transformation, s'adoucissait lentement en ce Dieu humain, Dieu le fils, ce Dieu notre pareil, ce Dieu de nos maux et de nos souffrances, ce Dieu amant : Jésus-Christ...
E. et J. DE GONCOURT, Madame Gervaisais, 1869, p. 252.
• 27. Tout le monde sait que Catherine avait épousé le Christ. Ah, si Tu pouvais, un jour, Te retirer de moi après m'avoir blessée! comme la Sainte est pliée en deux, et Lui comme il est au contraire raidi avec son corps qui forme un cercle, et tout-puissant avec son bras levé. Ô mon doux amant Jésus, disait sainte Catherine.
P.-J. JOUVE, Paulina 1880, 1925, p. 29.
II.— Usuel. [En relation explicite ou implicite avec le mariage]
A.— Amant.
1. Homme avec lequel une femme mariée ou non entretient hors mariage et pour un temps plus ou moins long des relations surtout d'ordre physique. Avoir, prendre un amant. Synon. (en style noble) ami; anton. maîtresse :
• 28. ... une jeune femme ne prend pas un amant sans faire de sérieuses réflexions.
H. DE BALZAC, Physiologie du mariage, 1826, p. 100.
• 29. Votre femme s'ennuie et le bonheur permis n'a plus d'attrait pour elle; ses sens, son imagination, le caprice appellent un amant; cependant, elle n'ose pas encore s'embarquer dans une intrigue dont les conséquences et les détails l'effrayent : vous êtes encore là pour quelque chose; vous pesez dans la balance, mais bien peu. De son côté, l'amant se présente paré de toutes les grâces de la nouveauté, de tous les charmes du mystère; un combat s'élève dans le cœur de votre femme. Bientôt, plus il y a de dangers et de risques à courir et plus elle brûle de se précipiter dans cet abîme de craintes, de jouissances, d'angoisses, de voluptés.
H. DE BALZAC, Physiologie du mariage, 1826, p. 100.
• 30. La profondeur, l'inconnu du caractère de Julien eussent effrayé, même en nouant avec lui une relation ordinaire. Et elle en allait faire son amant, peut-être son maître! Quelles ne seront pas ses prétentions, si jamais il peut tout sur moi? eh bien! je me dirai comme Médée : au milieu de tant de périls, il me reste moi.
STENDHAL, Le Rouge et le noir, 1830, p. 328.
• 31. Mais enfin, dit l'Amour se masquant en paradoxe, qu'est-ce qu'un amant? C'est un instrument auquel on se frotte pour avoir du plaisir. M. Cuvier me disait : « votre chat ne vous caresse pas, il se caresse à vous. » Eh! bien, dans ce moment le seul plaisir que puisse me donner ce petit monsieur, c'est celui de lui écrire. Que n'importe sa sensation? La mienne sera du plaisir, dit-elle avec une joie féroce, et c'est ce qui m'importe.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 3, 1836, p. 383.
• 32. Mme Gabrielle Chabrière ayant un mari intelligent, spirituel, gai, laborieux, dévoué et très-tendre, veut partir avec un amant, parce que son amant lui parle de passion et son mari d'affaires; mais, tout d'un coup, son mari ayant été plus éloquent que son amant, elle remarque que l'amant « n'est qu'un enfant, » et que « le mari est un homme. » Sur quoi, elle reste au logis, et dit : « ô père de famille, ô poëte, je t'aime! »...
H. TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, p. 210.
• 33. Quand on aime une femme, on ne devrait pas l'épouser, parce qu'en l'épousant on est sûr qu'elle vous trompera, comme vous avez fait à mon égard. La preuve est là. Tandis qu'il est indiscutable qu'une maîtresse reste fidèle à son amant avec tout l'acharnement qu'elle met à tromper son mari.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Revanche, 1884, p. 984.
• 34. Oui! j'ai un amant! pourquoi n'aurais-je pas un amant comme tout le monde, comme toi, comme ma mère et mes tantes, comme la dernière des Égyptiennes? Pourquoi n'aurais-je pas un amant, puisque je suis femme depuis six mois et que tu ne me donnes pas de mari?
P. , Aphrodite, 1896, p. 170.
• 35. La Mérone était d'une mélancolie égale à la mienne; elle appartenait à l'espèce de femmes qui trouvent plus d'agrément à la laideur d'un amant bel esprit qu'à la beauté d'un galantin vulgaire; nos penchants naturels s'appariaient à merveille.
O.-V. MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 63.
• 36. Nos épouses devraient adopter ces chapeaux-souvenirs, avec les photos, en pendants, de leur mari et de leur amant, cette dernière, bien entendu, du côté gauche, qui est celui du cœur et des liaisons extraconjugales.
A. T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 245.
• 37. La Voix Céleste. — Adieux d'Alcmène et de son amant Jupiter.
ALCMÈNE. — Vous avez entendu?
JUPITER. — J'ai entendu.
ALCMÈNE. — Mon amant Jupiter?
JUPITER. — Amant veut dire aussi ami; une voix céleste peut employer le style noble.
J. GIRAUDOUX, Amphitryon 38, 1929, III, 5, pp. 205-206.
• 38. Tout ce qui se place pour moi dans votre aura n'a plus son sens ordinaire. Amant, maîtresse, liaison, amour irrégulier, ces mots ne signifient plus rien : il y a l'amour. Et, à l'intérieur de l'amour, toutes les libertés, toutes les audaces, dévorées par son rayonnement.
H. DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 1002.
• 39. Mon amant! ce nom me remplit la bouche. Il est trop grand pour ma bouche. Il y fond, comme un fruit. Il m'y fait un froid adorable.
H. DE MONTHERLANT, Pasiphaé, av.-pr. à la 1re représentation, 1936, p. 114.
♦ Amant de cœur. Amant apprécié pour lui-même et en dehors de ses présents :
• 40. Ce garçon-là a toujours le ridicule d'être un amant de cœur cocu. Il est trompé comme s'il payait.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, août 1862, p. 1117.
• 41. Il est certain que Racine, vers le temps de Phèdre, ne tire plus que de la douleur. Peut-être supporta-t-il moins aisément de n'être pas le seul aimé, quand il s'aperçut qu'il n'était pas le plus-aimé. Les amants de cœur ne se résignent jamais à ne plus l'être.
M. MAURIAC, La Vie de Jean Racine, 1928, p. 122.
• 42. Il y avait aussi dans pro patria tous les amants de cœur de ces dames du « panier fleuri », car ces dames étaient très regardantes, socialement, pour leurs amants de cœur, et elles les prenaient dans la jeunesse dorée de la ville. Naturellement sans tenir compte des amants qu'elles pouvaient avoir à Paris, à Marseille ou à Toulouse, qui les avaient fait placer au « panier fleuri », et qui étaient d'une autre sorte.
L. ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 45.
♦ Amant en titre. Amant publiquement agréé et privilégié :
• 43. Madame Pourras, qui avait été galante toute sa vie, avait encore un amant en titre.
B. CONSTANT, Le « Cahier rouge », 1830, p. 37.
• 44. Claudie avait assuré à Henri que Dudule, l'amant en titre, était un grand honnête homme. Il avait en effet sous ses cheveux argentés ce visage reposé et droit qu'on ne rencontre que chez les coquins d'envergure : ceux qui sont assez riches pour acheter leur propre conscience...
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 288.
2. Péj. ou restrictif. Homme avec lequel une femme entretient des relations seulement physiques ou sans amour réel :
• 45. ... les femmes ont deux façons d'aimer qui peuvent résulter l'une de l'autre : elles aiment avec le cœur ou avec les sens. Souvent une femme prend un amant pour obéir à la seule volonté de ses sens, et apprend sans s'y être attendue le mystère de l'amour immatériel et ne vit plus que par son cœur...
A. DUMAS fils, La Dame aux camélias, 1848, p. 129.
• 46. Ses sens, disait-elle à Edmond, ont été usés par son premier amant, le Prince de Syracuse. Elle n'a plus de plaisir qu'à la tendresse, à embrasser.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, mai 1861, p. 914.
• 47. Elle me raconta sa vie et sa misère,
Et comment sans amour elle avait un amant
Quand elle était petite, — et qu'elle devint mère
Comme à peine elle avait cessé d'être un enfant.
H. MURGER, Les Nuits d'hiver, Courtisane, 1861, p. 166.
• 48. Une vieille ouvrière qui la vit une fois chanter et rire de cette façon dit : — Voilà une fille qui finira mal. Elle prit un amant, le premier venu, un homme qu'elle n'aimait pas, par bravade, avec la rage dans le cœur. C'était un misérable, une espèce de musicien mendiant, un oisif gueux, qui la battait, et qui la quitta comme elle l'avait pris, avec dégoût.
V. HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, pp. 227-228.
• 49. Notre amour-propre a beau s'insurger là contre, nous ne sommes le plus souvent que des prétextes, et combien d'amants pourraient dire de leur maîtresse ce que Rivarol disait de sa chatte : qu'elle ne les caresse pas, mais qu'elle se caresse à eux! ... Il fallait quelqu'un à cette femme. Je passais. Elle m'a pris ...
P. BOURGET, Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, 1885, p. 56.
• 50. L'amour n'a pas grand'chose à voir avec les gestes sensuels. Une femme parfaite se choisirait un amant plein d'ardeur dans l'élite de la cavalerie française et, pour l'aimer d'amour, un prêtre austère, comme notre divin Lacordaire, dont le seul regard la pénétrera plus qu'aucune caresse dans aucun lit.
M. BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, p. 152.
• 51. ELLE. — (...) que je devienne sa maîtresse?
TOUS. — Oui! oui! oui!
ELLE. — Ah! mais non...
TOUS. — Pourquoi?
ELLE. — Mais parce que j'ai dix amoureux fervents... Or, le jour où l'un des dix sera devenu mon amant... ce sera fini!
LA BLONDE FANÉE. — Quoi, fini?
ELLE. — Ils ne me feront plus la cour! Celui qui sera devenu mon amant ne me fera plus la cour, parce qu'il n'aura plus rien à obtenir de moi, et les neuf autres cesseront de m'adorer parce que je les aurai délaissés!
S. GUITRY, Le Veilleur de nuit, 1911, I, p. 4.
• 52. JUPITER. — Pourquoi ne veux-tu pas d'amant?
ALCMÈNE. — Parce que l'amant est toujours plus près de l'amour que de l'aimée. Parce que je ne supporte ma joie que sans limites, mon plaisir que sans réticence, mon abandon que sans bornes. Parce que je ne veux pas d'esclave et que je ne veux pas de maître. Parce qu'il est mal élevé de tromper son mari, fût-ce avec lui-même.
J. GIRAUDOUX, Amphitryon 38, 1929, I, 6, p. 65.
• 53. EUGÉNIE. — La vie est dure pour les femmes comme Paola, Lucile. Elles ne demanderaient pas mieux que d'offrir une vierge à chacun de leurs nouveaux amants. Mais elles ont vingt amours, et elles n'ont qu'un corps.
LUCILE. — Elles ont vingt corps, et pas d'amour.
J. GIRAUDOUX, Pour Lucrèce, 1944, I, 6, p. 47.
• 54. La femme fonctionnaire (...) est protégée par son statut, elle est assurée de « gagner sa vie » par son travail; les caprices de son chef de bureau n'ont qu'une influence très limitée sur son destin : il lui est permis, tout comme à un homme, de considérer l'amour comme un plaisir; elle peut prendre un amant, elle n'est pas nécessairement prise. Elle est l'égale de son partenaire, il la respecte puisqu'il ne l'achète pas...
R. VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 135.
Rem. 1. Except., la même valeur péj. s'attache au fém. amante :
• 55. Bientôt ils furent au courant des petits scandales du coin parisien qu'ils fréquentaient. Ils surent que telle dame était l'amante de tel monsieur, et que le mari connaissait et tolérait cette liaison; ils apprirent qu'un autre mari vivait avec sa maîtresse chez sa femme, ce qui permettait à celle-ci d'aimer où bon lui semblait. Ces histoires les étonnèrent profondément.
É. ZOLA, Madeleine Férat, 1868, p. 266.
Rem. 2. Amante peut être opposé à épouse :
• 56. ... chez ces simples, il y a le sentiment, le respect inné de la majesté de l'épouse; un abîme la sépare de l'amante, chose de plaisir, à qui, dans un sourire de dédain, on a l'air ensuite de rejeter les baisers de la nuit. Gaud était l'épouse, elle, et, dans le jour, il ne se souvenait plus de leurs caresses, qui semblaient ne pas compter tant ils étaient une même chair tous deux et pour toute la vie.
P. LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 270.
♦ Amant de hasard, de passage, d'un jour :
• 57. Clara était un scandale, avait trois entreteneurs, disait-on, sans compter la queue d'amants de hasard, qu'elle traînait derrière elle...
É. ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 514.
• 58. Lui, s'était arrêté, regardant la maison, un discret hôtel meublé, lorsque, dans une petite femme blonde, voilée, qui sortait à son tour, il reconnut positivement Mme Conin, la jolie papetière. C'était donc là, quand elle avait un coup de tendresse, qu'elle amenait ses amants d'un jour, tandis que son bon gros garçon de mari la croyait en course pour des factures!
É. ZOLA, L'Argent, 1891, p. 113.
• 59. Elle ne revoyait pas ses amants passagers; elle savait se plaire à eux et les quittait vite avant de les aimer.
P. , Aphrodite, 1896, p. 16.
• 60. Emma Rouault, dès le couvent, s'identifie aux héroïnes de Walter Scott. Fiancée, elle se fait de l'amour une conception que le mariage déçoit. Elle cherche alors à percevoir dans un amant de passage « un fantôme, écrit Flaubert, fait de ses plus ardents souvenirs, de ses lectures les plus belles, de ses convoitises les plus fortes ».
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 378.
3. Au masc. plur. Couple uni hors ou avant mariage par des relations d'ordre physique :
• 61. Plus loin sont deux amants; on en juge par l'empressement de l'un, les petites mignardises de l'autre et la gourmandise de tous les deux. Le plaisir brille dans leurs yeux; et par le choix qui préside à la composition de leur repas, le présent sert à deviner le passé et à prévoir l'avenir.
J.-A. BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût, 1825, p. 286.
• 62. Parmi ces couples de la noce, eux seuls étaient des étrangers l'un pour l'autre; ailleurs dans le cortège, ce n'était que cousins et cousines, fiancés et fiancées. Des amants, il y en avait bien quelques paires aussi; car, dans ce pays de Paimpol, on va très loin en amour, à l'époque de la rentrée d'Islande. (Seulement on a le cœur honnête, et l'on s'épouse après.)
P. LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 46.
• 63. Quand les corps se sont pris et que les cœurs se sont donnés et que les amants ont échangé tout l'amour, ils demeurent aussi séparés, aussi cachés l'un à l'autre! On ne se possède jamais.
H. BERNSTEIN, Le Secret, 1913, III, 5, p. 37.
• 64. ... Tristan ne hait pas Isolde, ni Isolde Tristan, et si les amants cherchent la mort c'est pour échapper aux séparations que cette vie leur impose.
J. VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, p. 193.
B.— Plus rare, littér. [En parlant des relations intimes entre époux] Amant, amante, amants :
• 65. J'en dirais davantage peut-être si le mouvement de ta lettre ne m'en ôtait pas le courage. Si tu m'aimes en amant, fuis donc ces airs de mari qui étouffent l'amour et font bien mal à l'amitié.
G. DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1786, p. 81.
• 66. Je t'écris, ma bonne amie, bien souvent, et toi peu. Tu es une méchante et une laide, bien laide, autant que tu es légère. Cela est perfide, tromper un pauvre mari, un tendre amant! Doit-il perdre ses droits parce qu'il est loin, chargé de besogne, de fatigue et de peine? Sans sa Joséphine, sans l'assurance de son amour, que lui reste-t-il sur la terre?
NAPOLÉON Ier, Lettres à Joséphine, 1796, p. 57.
• 67. ... au temps où vous étiez plongés l'un et l'autre dans les délices de l'aurore conjugale, votre femme, en véritable amante, fit constamment votre volonté : heureuse de pouvoir vous prouver son amour, elle aurait désiré que vous lui eussiez commandé de marcher sur le bord des gouttières, et, sur-le-champ, agile comme un écureuil, elle eût parcouru les toits.
H. DE BALZAC, Physiologie du mariage, 1826, p. 104.
• 68. Léonide et son mari sont encore amants :la preuve peut-être, c'est que depuis une grande demi-heure que le déjeuner est commencé, ils ne se parlent pas, ils se boudent.
L. GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 18.
• 69. La meute, qui est au loin et qu'on entend à peine, mêlée au cor et perdue profondément dans les halliers, dit tout bas avec un vague bruit de fanfare : songe à ton amant. Le rouet, qui force la belle rêveuse à baisser les yeux, dit tout haut et sans cesse avec sa petite voix douce et sévère : songe à ton mari. Et, quand le mari et l'amant ne font qu'un, tout va bien. Mariez donc la fileuse au chasseur, et ne craignez rien.
V. HUGO, Le Rhin, 1842, p. 187.
• 70. MARCELINE. — Je sais que tu m'aimes comme je veux être aimée. Les premiers jours de notre mariage, tu as su être mon amant. Tu n'avais pas encore oublié tes amours anciennes. Après, tu m'aimais trop, tu m'aimais mal. Tu m'adorais. Tu m'as ennuyée.
M. ACHARD, Jean de la Lune, 1929, III, 4, p. 30.
• 71. ... il s'était glissé comme un amant dans la chambre de sa femme. Pour la première et la seule fois peut-être, il avait été vraiment son amant. En une minute, tout était rentré dans l'ordre de la passion d'Agnès. Elle était, elle serait toujours à lui.
P. DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 184.
Rem. Cet emploi rappelle parfois l'emploi signalé supra I B.
III.— Emplois fig., littér.
A.— Par métaph. Personne qui éprouve ou manifeste un goût prononcé pour une chose
1. Concrète. Amant de la nature :
• 72. Ces voyageurs illustres, amants ardents de la nature, souvent sans moyens, sans secours, l'ont suivie aux déserts, observée et surprise dans ses mystérieuses retraites, s'imposant la soif et la faim, d'incroyables fatigues, ne se plaignant jamais, se croyant trop récompensés, pleins d'amour, de reconnaissance à chaque découverte...
J. MICHELET, L'Oiseau, 1856, p. 37.
• 73. ... Le pâtre, sur son grand bâton
Penché, les mains sous le menton,
Est l'amant rêveur de la lande;
Le bûcheron chérit les bois,
Le matelot l'onde marine;
De tous leurs amours à la fois
Le poète emplit sa poitrine!
SULLY PRUDHOMME, La Justice, Veille 10, 1878, p. 251.
• 74. Ses pères avaient été les jaloux amants des pins et de la vigne. Son père, Numa Cazenave, avait voulu qu'on mît sur sa tombe l'argile grasse d'une propriété qu'il chérissait entre toutes. Au moment de prendre femme, il dut demander à un ami comment on se sert d'une femme.
F. MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 365.
• 75. Et cependant, nous avons aimé le désert. S'il n'est d'abord que vide et que silence, c'est qu'il ne s'offre point aux amants d'un jour.
A. DE SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 187.
2. Abstraite. Amant de la gloire :
• 76. Si quelque nouveau venu se présente, la flagornerie seule peut lui ouvrir les portes; et comme les confrères ne sont pas ennemis de la bonne chère, ils donnent toujours la préférence aux favoris de la fortune. Pris individuellement, ils se ressemblent tous. Faux amants de la vérité, apôtres sincères du mensonge, adorateurs de la fortune; peu appliqués, peu instruits, peu dociles; mais très dissipés, très présomptueux, très entêtés, ils sont curieux de distinctions et passionnés pour l'or...
MARAT, Les Pamphlets, Les Charlatans modernes, 1791, p. 289.
• 77. La guerre n'était donc plus ce noble et commun élan d'âmes amantes de la gloire qu'il s'était figuré d'après les proclamations de Napoléon!
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 49.
• 78. Qu'il en reste encore un peu sur la terre, de ceux qui aiment le beau. Hein! les pauvres amants du style, comme ils s'en vont!
G. FLAUBERT, Correspondance, 1869, p. 46.
• 79. ... Napoléon (par exemple) est un héros; il est un modèle d'énergie, d'imagination, de volonté, une grande âme pourvue d'un intellect prodigieusement net, un amant de la grandeur idéale, qui aime la puissance et la gloire d'une amour passionnée à la Stendhal.
P. VALÉRY, Variété 2, 1929, p. 84.
• 80. LA FOLLE. — Êtes-vous percepteur, ou amant de la vie?
LE SERGENT DE VILLE. — Amant de la vie?
LA FOLLE. — Oui, qu'est-ce qui vous plaît, à vous, dans la vie, sergent! Pour avoir choisi d'être son champion, et en uniforme, il faut bien que vous y ayiez des joies, secrètes ou publiques... Dites-les-lui... Et n'en rougissez pas.
LE SERGENT DE VILLE. — Je n'en rougis pas. J'ai des passions. J'aime le piquet.
J. GIRAUDOUX, La Folle de Chaillot, 1944, I, p. 63.
— Péjoratif :
• 81. « Amant efféminé de la paresse orientale, amoureux de mes rêves, sensuel, j'ai toujours travaillé, me refusant à goûter les jouissances de la vie parisienne. Gourmand, j'ai été sobre; aimant et la marche et les voyages maritimes, désirant visiter plusieurs pays, trouvant encore du plaisir à faire, comme un enfant, ricocher des cailloux sur l'eau, je suis resté constamment assis, une plume à la main... »
H. DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 104.
— Spéc. Amant des muses. Artiste, poète :
• 82. ... Chion, Léonidas en poignardant Cléarque,
Ont montré qu'ils étaient disciples de Platon;
Harmodius n'avait point de poil au menton
Quand il dit : je tuerai le tyran; il le tue;
Et la Grèce lui fait dresser une statue
Qui tenait à la main une épée et des fleurs.
On peut frapper le roi qui vit de vos malheurs,
L'usurpateur armé de forfaits et de ruses;
C'était l'opinion des Grecs amants des muses,
Peuple si délicat que, sous ces nobles cieux,
Les orfèvres, sculpteurs des métaux précieux,
Moulaient les coupes d'or sur la gorge des femmes.
V. HUGO, La Légende des siècles, t. 6, Les Quatre jours d'Elciis, 1883, pp. 134-135.
• 83. D'autres [poètes] retrouvaient savamment la naïveté et les grâces spontanées de l'ancienne poésie populaire. La philologie, la phonétique étaient citées aux débats éternels de ces rigoureux amants de la muse.
P. VALÉRY, Variété 1, 1924, p. 107.
B.— Par personnification ou allégorie
1. [En parlant d'animaux] :
• 84. ... Rodolphe entendit dans l'escalier un miaulement prolongé, auquel son chat écarlate répondit par un autre miaulement, en essayant avec subtilité une évasion par la porte entre-bâillée.
— Pauvre Roméo! dit Rodolphe, voilà sa Juliette qui l'appelle; allons, va, fit-il en ouvrant sa porte à la bête enamourée qui ne fit qu'un bond de l'escalier jusque entre les pattes de son amante.
H. MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 153.
— En partic. [En parlant d'oiseaux, d'insectes, etc.] :
• 85. ... je le sens qui glisse en moi dans une nuit enchantée par la voix du rossignol. Rapprochez-vous, c'est un amant; mais éloignez-vous, c'est un dieu. La mélodie, ici vibrante et d'un brûlant appel aux sens, là-bas grandit et s'amplifie par les effets de la brise; c'est un chant religieux qui emplit toute la forêt. De près, il s'agissait du nid, de l'amante, du fils qui doit naître; mais, de loin, autre est cette amante, autre est le fils; c'est la nature, mère et fille, amante éternelle, qui se chante et se célèbre; c'est l'infini de l'amour qui aime en tous et chante en tous; ce sont les attendrissements, les cantiques, les remercîments, qui s'échangent de la terre au ciel.
J. MICHELET, L'Oiseau, 1856, p. 263.
• 86. ... les ouvrières, par une sorte d'indulgence oublieuse, ou peut-être par une prévoyance excessive, tolèrent quelque temps encore la présence importune et ruineuse des mâles. — Ceux-ci se conduisent dans la ruche comme les prétendants de Pénélope dans la maison d'Ulysse. Ils y mènent, en faisant carrousse et chère lie, une oisive existence d'amants honoraires, prodigues et indélicats...
M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 247.
• 87. ... un ballet de papillons palpitait comme la chaleur. Quand l'aimée se posait sur une branche, autour d'elle l'amant tournoyait, et chaque fois qu'il s'approchait davantage, l'aimée frémissait dans ses ailes... Ils s'enfuirent et, tandis qu'elle volait, rythmiquement il la bouclait de son vol.
H. DE MONTHERLANT, Encore un instant de bonheur, 1934, p. 720.
2. [En parlant de choses concr. ou abstr.] :
• 88. Je livrerai les hommes à leur propre raison; je leur enverrai mon fils, l'Athéisme, amant de la mort et ennemi de l'espérance. Ils en viendront jusqu'à nier l'existence de celui qui les créa.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 2, 1810, p. 50.
• 89. J'étais mollement couché sur les bords du fleuve, ou plutôt sur les bords de ce rivage mixte qui voit tout à coup la Saône s'unir aux flots du Rhône, ses flots limpides résister aux flots jaunâtres de son amant, résister plus mollement ensuite, puis enfin, s'avouant vaincue, se mêler entièrement avec son maître et rouler dans le même lit.
J. JANIN, L'Âne mort et la femme guillotinée, 1829, p. 121.
• 90. ... La mort a rencontré sur terre un amoureux,
Un être qui l'adore, un amant vigoureux
Qui la serre en ses bras d'une étreinte profane,
L'asseoit sur ses genoux comme une courtisane,
L'entraîne avec ivresse à sa table, à son lit,
Et comme un vieux satyre avec elle s'unit!
Hideux accouplement! Aussi de préférence
À tout autre pays la mort aime la France...
A. BARBIER, Iambes et poèmes, Iambes, 1840, p. 72.
• 91. « Trop noble pour être courtisane, trop gracieuse pour être mère, Venise l'ensorceleuse est amante et seulement amante; belle à faire pleurer, elle connaît, au par-dessus, le pouvoir des vieux charmes païens, et elle se plaît à régner sur nos cœurs par le mystère autant que par la grâce... »
O.-V. MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 74.
• 92. C'était un de ces premiers jours où la forêt, comme une femme qui a longtemps résisté, se laisse enfin aller toute aux caresses de l'amant, où elle chante de toutes ses sèves, où les grands baisers du soleil l'ont investie comme un amour victorieux et conquise et pénétrée toute...
L. PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, p. 109.
Prononc. — 1. Forme phon. :[], fém. [-]. 2. Homon. : aman.
Étymol. ET HIST. — 1. Ca 1160 amant « celui qui aime une femme, le lui déclare, et est aimé d'elle » (Encas, éd. Salverda de Grave, 1306 ds T.-L. : De lui feïsse mon amant), très en usage en ce sens au XVIIe s., qualifié de vieilli par DG; début XIIIe s. amante « celle qui aime un homme et en est aimée » (Amadas et Ydoine, éd. Hippeau, 11, ibid. : d'un' amante ki ama Mult loialment tant com dura); 2. 1664-1678 « celui qui a les faveurs d'une femme, sans être marié avec elle » (LA ROCHEF., Max., 494 ds DG : Dans les premières passions, les femmes aiment l'amant, et dans les autres, elles aiment l'amour); 1667 « id. » (MOL., Misanthrope ds ROB. : On a des amants quand on veut en avoir).
Part. prés. subst. de amer, anc. forme de aimer.
STAT. — Fréq. abs. litt. :6 388. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 11 471, b) 10 875; XXe s. : a) 9 153, b) 6 045.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BONNAIRE 1835. — BRUANT 1901. — Canada 1930. — DAIRE 1759. — DARM. Vie 1932, p. 94. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 10. — GIRARD 1756. — Gramm. t. 1 1789. — GUIZOT 1864. — JAL 1848. — LAF. 1878. — LAF. Suppl. 1878. — LARCH. 1880. — LA RUE 1954. — LAV. Diffic. 1846. — LE ROUX 1752. — NOTER-LÉC. 1912. — POPE 1961 [1952], § 792, 802. — Synon. 1818.
amant, ante [amɑ̃, ɑ̃t] n.
ÉTYM. V. 1160; p. prés. subst. de amer, anc. forme de aimer.
❖
A N. m. et f. Vx ou littér.
1 (V. 1160). Vx (langue class.; jusqu'au XVIIIe). Personne qui aime d'amour et qui est aimée, sans avoir, en général, de relations physiques avec l'autre. → ci-dessous Amante, cit. 16. || Corneille oppose l'amant, qui aime et est aimé, à l'amoureux, qui aime sans être payé de retour : Rodrigue est l'amant, Don Sanche est l'amoureux de Chimène, dans le Cid. ⇒ Bien-aimé, soupirant. || Un amant passionné (cit. 6, Molière).
1 Tant qu'ils ne sont qu'amants, nous sommes souveraines,
Et jusqu'à la conquête ils nous traitent de reines.
Corneille, Polyeucte, I, 3.
2 Un amant fait sa cour où s'attache son cœur,
Il veut de tout le monde y gagner la faveur;
Et pour n'avoir personne à sa flamme contraire,
Jusqu'au chien du logis il s'efforce de plaire.
Molière, les Femmes savantes, I, 3.
3 Plus ma vive imagination m'enflammait le sang, plus j'avais l'air d'un amant transi (…)
Rousseau, les Confessions, I.
REM. Le sens de « fiancé, soupirant » est aujourd'hui usuel en franç. d'Afrique (I. F. .A.).
2 Littér. Personne qui aime une chose avec passion. || Un amant de la nature, de la vérité. || Les amants des muses : les poètes. — Rare au fém.; on dirait : une amoureuse de la nature.
4 Mon père ! le poëte est fidèle aux guerriers.
Des honneurs immortels il revêt la victoire;
Il chante sur leur vie et l'amant de la gloire
Comme toutes les fleurs aime tous les lauriers.
Hugo, Odes et Ballades, II, IV, 1.
5 Ses pères avaient été les jaloux amants des pins et de la vigne.
F. Mauriac, Génitrix, p. 365.
3 Relig. || L'amant, l'amant mystique : Dieu, le Christ. — Au fém. || Amante : femme qui voue son amour à Dieu.
4 Par métaphore :
5.1 (…) un ballet de papillons palpitait comme la chaleur. Quand l'aimée se posait sur une branche, autour d'elle l'amant tournoyait, et chaque fois qu'il s'approchait davantage, l'aimée frémissait dans ses ailes (…) Ils s'enfuirent et, tandis qu'elle volait, rythmiquement il la bouclait de son vol.
Montherlant, Encore un instant de bonheur, 1934, p. 720, in T. L. F.
1 Homme qui a des relations sexuelles avec une femme avec laquelle il n'est pas marié. ⇒ (vieilli) Galant; fam. et pop. ami, bon-ami, homme, jules, mec, type. || Elle a pris un amant. || Avoir un amant. || Son premier amant. — REM. Dans ce sens, le féminin est maîtresse.
♦ Amant de cœur : amant qui est aimé pour lui-même. || Amant en titre : amant privilégié. || Amant de passage (1. Passage, cit. 6), passager. — Le mari, la femme et l'amant, trio traditionnel du théâtre de boulevard.
6 Toute femme, en prenant un amant, tient plus de compte de la manière dont les autres femmes voient cet homme que de la manière dont elle le voit elle-même.
Chamfort, Maximes…
7 L'amant trop aimé de sa maîtresse semble l'aimer moins, et vice versa.
Chamfort, Maximes…
7.1 (Juliette dit) qu'il fallait bien se garder de croire que ce fût le mariage qui rendît une jeune fille heureuse; que captive sous les loix de l'hymen, elle avait, avec beaucoup d'humeur à souffrir, une très-légère dose de plaisirs à attendre; au lieu que, livrées au libertinage, elles pourraient toujours se garantir de l'humeur des amans, ou s'en consoler par leur nombre.
Sade, Justine…, I, p. 9-10.
8 Il est plus facile d'être amant que mari par la raison qu'il est plus difficile d'avoir de l'esprit tous les jours que de dire de jolies choses de temps en temps.
Balzac, la Physiologie du mariage. Pl., t. X, p. 650.
8.1 Mais enfin, dit l'Amour se masquant en paradoxe, qu'est-ce qu'un amant ? C'est un instrument auquel on se frotte pour avoir du plaisir. M. Cuvier me disait : « votre chat ne vous caresse pas, il se caresse à vous ».
Stendhal, Lucien Leuwen, t. III, 1836, p. 383.
8.2 Nous ne sommes le plus souvent que des prétextes, et combien d'amants pourraient dire de leur maîtresse ce que Rivarol disait de sa chatte : qu'elle ne les caresse pas, mais qu'elle se caresse à eux ! (…) Il fallait quelqu'un à cette femme. Je passais. Elle m'a pris (…)
Paul Bourget, Nouveaux essais de psychologie contemporaine, p. 56.
8.3 (…) il y avait entre eux comme le cadavre de leur perversité, un ragoût de bassesse, qui le faisait rire et s'exciter lui-même de ce rôle d'amant de cœur, oublieux de tout l'argent qu'il donnait.
Zola, l'Œuvre, p. 364.
8.4 Jupiter Pourquoi ne veux-tu pas d'amant ?Alcmène Parce que l'amant est toujours plus près de l'amour que de l'aimée. Parce que je ne supporte ma joie que sans limites, mon plaisir que sans réticence, mon abandon que sans bornes. Parce que je ne veux pas d'esclave et que je ne veux pas de maître. Parce qu'il est mal élevé de tromper son mari, fût-ce avec lui-même.
Giraudoux, Amphitryon 38, I, 6.
2 Spécialt. Homme, en tant que partenaire sexuel. || Son mari est un piètre amant. || C'est un amant exceptionnel, expérimenté. (Plur.). || Les amants. a Vx (langue class.). Un homme et une femme qui s'aiment (qu'ils aient ou non des relations sexuelles).
9 Télamon pour Chloris avait l'âme embrasée,
Chloris pour Télamon brûlait de son côté (…)
Ces amants, quoique épris d'un désir mutuel,
N'osaient au blond Hymen sacrifier encor.
La Fontaine, Contes, « les Filles de Minée ».
10 Amants, heureux amants (…)
La Fontaine, Fables, IX, 2.
11 Je ne puis voir deux amants soupirer l'un pour l'autre, qu'il ne me prenne une tendresse charitable, et un désir ardent de soulager les maux qu'ils souffrent.
Molière, l'Amour médecin, III, 3.
12 Fi ! ne me parlez point, pour être vrais amants,
De ces gens qui pour nous n'ont nuls emportements,
De ces tièdes galants (…)
Molière, les Fâcheux, II, 4.
13 Les amants ne pouvaient ni vivre ni mourir l'un sans l'autre. Séparés, ce n'était pas la vie, ni la mort, mais la vie et la mort à la fois.
J. Bédier, Tristan et Iseult, XV.
b Mod. Homme et femme qui ont des relations sexuelles sans être mariés. — En attribut. || Ils sont (ne sont pas) amants.
1 Celle qui aime un homme et en est aimée. || Ma douce amante. ⇒ Bien-aimée, dulcinée, femme, maîtresse; (fam.) amie, bonne-amie. || Amante abandonnée. ⇒ (littér. et vx) Ariane.
14 Ah ! fallait-il en croire une amante insensée ?
Racine, Andromaque, V, 3.
15 Ne désespérez point une amante en furie.
Racine, Bajazet, II, 1.
16 Amante ne se prend jamais comme maîtresse en mauvaise part, dans le sens de concubine, de femme qui a avec un homme un commerce de galanterie.
Lafaye, Dict. des synonymes, Suppl., Amante.
2 Vieilli ou littér. Maîtresse. → Passif, cit. 6.
17 (…) chez ces simples, il y a le sentiment, le respect inné de la majesté de l'épouse; un abîme la sépare de l'amante, chose de plaisir, à qui, dans un sourire de dédain, on a l'air ensuite de rejeter les baisers de la nuit.
Loti, Pêcheur d'Islande, p. 270.
18 Mais cette absence d'espérance précise dans la personne retournait ses pensées sur la satisfaction qu'il y a à aimer : il jouissait plus de son amour que de son amante.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 747.
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HOM. (Du masc.) Aman, amman.
Encyclopédie Universelle. 2012.