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ambigu

ambigu, uë [ ɑ̃bigy ] adj. et n. m.
XVe; lat. ambiguus
I Adj.
1Qui présente deux ou plusieurs sens possibles; dont l'interprétation est incertaine. double, équivoque, 1. incertain, obscur. Elle s'est contentée d'une réponse ambiguë. Le terme est ambigu. amphibologique. Geste, sourire ambigu.
Ling. Se dit d'une unité signifiante qui manifeste plusieurs sens ou références possibles en contexte. plurivoque, polysémique. Phrase ambiguë. Mot ambigu.
2Qui réunit deux qualités opposées, participe de deux natures différentes. « Un caractère ambigu, un mélange de vertus et de vices » (abbé Prévost). Dont la nature est équivoque. Un personnage ambigu. Philos. Mal déterminé, qui semble participer de natures contraires et appeler des jugements contradictoires. ambivalent. « Dire que l'existence est ambiguë, c'est poser que le sens n'en est jamais fixé » (Beauvoir).
3Math. Théorème ambigu, pour lequel il existe plusieurs démonstrations.
II N. m. Vx Un ambigu de... et de... : un mélange de choses de nature différente. « Un ambigu précieux des choses de l'art et du monde » (Proust). Anciennt Ambigu comique : pièce de théâtre mêlant plusieurs genres dramatiques. Le théâtre de l'Ambigu, à Paris. ⊗ CONTR. Clair, 1. précis, univoque.

ambigu nom masculin Repas dont tous les éléments étaient servis en même temps et que l'on prenait en guise de souper au XVIIee et au XVIIIe s. ● ambigu, ambiguë adjectif (latin ambiguus, équivoque) Dont l'interprétation, le sens sont incertains ; équivoque : Réponse ambiguë. Péjoratif. Qui laisse volontairement planer un doute ; énigmatique : Un éloge ambigu. Dont le caractère, la conduite sont complexes et se laissent malaisément définir : Hamlet est un personnage ambigu.ambigu, ambiguë (difficultés) adjectif (latin ambiguus, équivoque) Orthographe Ambigu, . Tréma sur le e au féminin : une attitude ambiguë. Sens Une nuance de sens sépare ces deux mots. 1. Ambigu, = qui présente plusieurs sens ou plusieurs interprétations possibles. « Je l'ai entendu dire à Sophie » est une phrase ambiguë. 2. Ambivalent, e = qui paraît être contradictoire, avoir un sens double. Un discours ambivalent, à la fois laxiste et moralisateur. ● ambigu, ambiguë (synonymes) adjectif (latin ambiguus, équivoque) Dont l'interprétation, le sens sont incertains ; équivoque
Synonymes :
- ambivalent
- amphibologique
- énigmatique
Contraires :
- clair
- formel
- net
Qui laisse volontairement planer un doute ; énigmatique
Synonymes :
- douteux
- équivoque
- sibyllin
Contraires :
- catégorique
- explicite
- franc

ambigu, uë
adj.
d1./d Qui a plusieurs sens et ne permet donc pas une interprétation sans équivoque. Réponse ambiguë.
d2./d Qui participe de qualités contraires. Sourire ambigu. Personnage ambigu. Ant. clair, précis.

AMBIGU, UË, adj. et subst. masc.
I.— Emploi adj. Dont le caractère n'est pas nettement tranché; flou, équivoque.
A.— Dont la nature ou la signification sont difficiles à préciser.
1. [En parlant d'un texte, d'une phrase] Susceptible de recevoir plusieurs interprétations :
1. 1602. Le vendeur est tenu d'expliquer clairement ce à quoi il s'oblige. Tout pacte obscur ou ambigu s'interprète contre le vendeur.
Code civil, 1804, p. 296.
2. Quand les mots se mettent à enfler, quand leur sens devient ambigu, incertain et que le vocabulaire se charge de flou, d'obscurité et de néant péremptoire, il n'y a plus de recours pour l'esprit.
M. AYMÉ, Le Confort intellectuel, 1949, p. 41.
LOG. Proposition ambiguë. ,,Dont les significations ne sont pas clairement aperçues.`` (PIGUET 1960).
2. Intermédiaire entre deux catégories ou participant successivement ou alternativement de l'une et/ou de l'autre :
3. Des sept planètes, deux sont bienfaisantes, deux mauvaises, trois ambiguës; tout dépend, dans le monde, de ces feux éternels.
G. FLAUBERT, La Tentation de saint Antoine, 1874, p. 130.
Péjoratif :
4. La vocation de caractérologue, tout en restant sur cette crête ambiguë qui sépare la science de l'intuition, regarde plutôt vers la vocation de romancier que vers celle de naturaliste, ...
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 42.
5. Comment un socialisme, qui se disait scientifique, a-t-il pu se heurter ainsi aux faits? La réponse est simple : il n'était pas scientifique. Son échec tient, au contraire, à une méthode assez ambiguë pour se vouloir en même temps déterministe et prophétique, dialectique et dogmatique.
A. CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 272.
Emplois techn.
a) BOT. Cloisons ambiguës. ,,Se dit quand, tenant à la fois au centre et à la paroi d'un péricarpe qui ne s'ouvre pas, elles n'ont point d'origine certaine.`` (Lar. 19e). Corolle ambiguë. ,,Celle qui est intermédiaire entre deux des formes déterminées par les botanistes.`` (BESCH. 1845). Hile ambigu. ,,Se dit quand cet organe correspond à la fois aux deux bouts réunis d'une graine recourbée ou pliée.`` (Lar. 19e). Stipules ambiguës. ,,Stipules dont les attaches sont très marquées à la fois sur la tige et sur le pétiole.`` (BESCH. 1845).
b) LING. Phénomène ambigu, voyelle ambiguë :
6. Dans l'alphabet grec ancien, on appelle quelquefois ambiguës les voyelles susceptibles d'être brèves ou longues (, , ), par opposition à celles qui sont nécessairement brèves (, ) ou nécessairement longues (, )
MAR. Lex. 1933.
c) MATH. ,,Se dit d'un théorème tantôt vrai, tantôt faux.`` (UV.-CHAPMAN 1956).
d) MUS. Accord ambigu :
7. Nous désignons par l'épithète ambigu, appliquée aux accords, ceux dont l'envergure ne dépasse pas l'étendue de neuf quintes...
C. DURUTTE, Esthétique musicale, Résumé élémentaire de la technie harmonique, 1876, p. 285.
e) ZOOLOGIE :
8. ... les éponges sont énumérées parmi ces êtres ambigus, animaux par certains caractères, végétaux par leur apparente inertie.
E. PERRIER, La Philosophie zoologique avant Darwin, 1884, p. 14.
B.— [En parlant d'une pers., d'une collectivité ou de leurs attributs]
1. Incertain, dont la nature est difficile à préciser, parce qu'intermédiaire entre deux catégories :
9. ... les anges affecteront une beauté équivoque, ambiguë, mystérieuse qui troublera les cœurs.
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 152.
10. Les anciens, peut-être, l'eussent figuré sous les espèces ambiguës de ce dieu monstrueux que Rome révérait; dieu du passage, dieu de la transition, qui contemplait toutes choses possibles par deux visages opposés, Janus. De Goethe, Janus Bifrons, un visage s'oppose au siècle qui s'achève; l'autre, vers nous, regarde. Et de même, il pourrait offrir un visage de beauté classique vers l'Allemagne, et un autre d'expression toute romantique, offert à la France.
P. VALÉRY, Variété 4, 1938, p. 117.
Péjoratif :
11. Leur costume annonçait qu'ils n'étaient pas du peuple, sans être des bourgeois; en un mot, ils appartenaient à cette classe ambiguë, la plus vile de toutes, qui n'a ni état, ni fortune, ni même une industrie, sinon une industrie ignoble, qui n'est ni le pauvre, ni le riche, et qui a les vices de l'un et la misère de l'autre.
A. DE MUSSET, La Confession d'un enfant du siècle, 1836, p. 80.
12. Je prenais enfin des habitudes qui ne menaient à rien qu'à faire de moi le personnage ambigu que vous connaîtrez plus tard, moitié paysan et moitié dilettante, tantôt l'un, tantôt l'autre, et souvent les deux ensemble, sans que jamais ni l'un ni l'autre ait prévalu.
E. FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 45.
13. La symbolique doit sa naissance à un homme assez ambigu, à l'un de ces éditeurs improvisés, dont on ne sait jamais si c'est par vanité, par habileté commerciale ou par un goût secret qu'ils se mêlent de la vie des lettres.
A. BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 106.
2. P. ext. [En parlant d'une apparence ou d'un comportement] Dont le sens reste mystérieux et inquiétant :
14. ... on eût dit une de ces saintes que le burin de Schongauer dénude pour le martyre; mais les yeux pers au regard ambigu, la bouche grande au sourire inquiétant, les cheveux aux flavescences du vieil or, toute la tête démentait le mysticisme du corps.
J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 23.
15. Mais que m'importent ce visage fermé, et ce sourire ambigu, et ce cœur qui ne se livre pas!
P. CLAUDEL, La Cantate à trois voix, 1913, p. 345.
P. anal. [En parlant d'une chose, au fig.] :
16. Pourtant, cet homme droit suivait une route oblique, une route ambiguë, et rien ne l'en avertissait, si ce n'est ce battement précipité du cœur, cette inquiétude lorsque, amoncelant des ruines, l'on se retourne, et que l'on contemple l'œuvre maléfique du sacrilège.
E. PSICHARI, Le Voyage du centurion, 1914, p. 5.
II.— Emploi subst. masc.
A.— [Pour désigner des inanimés]
1. Situation peu nette :
17. La politique, ... dans cet ambigu où, vous vivez depuis 1830 est l'alpha et l'oméga de toutes vos spéculations...
P.-J. PROUDHON, La Révolution sociale démontrée par le coup d'État du 2 décembre, 1852, p. 5.
18. Il me semblait que ce fût se vouer à un ambigu perpétuel que de vivre pour publier. « Comment plaire et se plaire? » me disais-je ingénument.
P. VALÉRY, Variétés 5, 1944, p. 80.
19. Tant de subtilités, de porte-à-faux, de cabrioles, une si haute science de l'ambigu, du faux fuyant, du trompe-l'œil, de la confusion, de l'obscurité sont trop utiles à nos intérêts pour qu'il ne faille pas rechercher leur influence occulte derrière la plupart de ces jeux.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 672.
2. Mélange de choses de nature ou de qualité différente :
20. Et certes, s'il parlait, comme il venait de le faire, dans ce langage qui était un ambigu précieux des choses de l'art et du monde, c'est parce que ses colères de vieille femme et sa culture de mondain ne fournissaient à l'éloquence véritable qui était la sienne que des thèmes insignifiants.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, p. 276.
21. Ils [Jean et Paloma] se sentaient en confiance, dans un ambigu d'amitié et d'amour.
L. DAUDET, Médée, 1935, p. 137.
a) ART CULIN. Repas généralement froid où l'on présente en même temps tous les mets :
22. L'ambigu fut servi; c'était un beau spectacle. D'énormes pièces de venaison, des aloyaux monstrueux, des volailles magnifiques, du gibier de toute espèce, des truites, des ombres-chevaliers, (...) accompagnaient les pièces apportées de Paris, les pâtés de foies, les terrines, les truffes, les langues, les jambons glacés, enfin tous les hors-d'œuvre qui ont une célébrité gastronomique. À l'aspect de cette table chargée de mets, il se fit un silence général : l'admiration domina l'appétit.
L. REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 331.
23. — Eh! ce n'est point là un souper, lui dit Bois-Doré [à d'Alvinar]... ce n'est qu'un petit ambigu aux flambeaux.
G. SAND, Les Beaux Messieurs du Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 70.
b) COUT. En ambigu, brodé en ambigu. En mélangeant différents motifs :
24. Nous avons vu chez l'une de nos premières lingères une camisole parée, en tulle de fil de la plus grande finesse, brodée en ambigu, au semé de fleurs variées à l'infini.
L'Observateur des modes, 25 avr. 1822, n° 8, p. 183.
c) BEAUX-ARTS :
25. J'ai eu sous les yeux quantité de réflexions de lui [Sieyès] sur la musique... de toutes les ariettes, ambigus ou romances tirées des opéras-comiques en vogue, et qu'il s'était procurées...
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 5, 1851-1862, p. 192.
26. On chante un ambigu de latin et de français...
J.-K. HUYSMANS, Les Soirées de Médan, Les Foules de Lourdes, 1906, p. 126.
d) JEUX. Jeu de cartes empruntant ses règles à divers autres jeux :
27. Comme son nom l'indique, l'ambigu mêle les principes de plusieurs jeux. Par là, il est l'ancêtre de jeux modernes très différents les uns des autres. Il tient à la fois de la bouillote, du whist, du poker et de l'écarté.
ALLEAU 1964.
Rem. L'Ambigu ou Théâtre de l'Ambigu à Paris est ainsi dénommé parce que l'Ambigu Comique désignait autrefois une pièce de théâtre réunissant des scènes tragiques et des scènes comiques :
28. D'après une nouvelle récente et officielle, il y aurait absence de direction au Théâtre de l'Ambigu. (...) J'ai fait, refait et remanié ce drame beaucoup plus de quatre fois avant de le soumettre, avec la plus feinte humilité, au jugement de mes contemporains, — au nombre desquels je ne puis éviter de classer ces Messieurs de l'Ambigu-Comique.
Ph.-A.-M. DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance générale, 1876, p. 216-218.
B.— [Pour désigner des animés]
1. MED. ,,Individu atteint de malformation génitale, ... chez lequel l'examen des organes génitaux externes et internes ne permet pas de préciser le sexe réel.`` (GARNIER-DEL. 1958).
2. ZOOL. ,,Nom donné par Ch. Fourier et son école aux êtres, aux espèces mixtes, qui établissent une transition entre deux genres, deux classes, deux séries différentes.`` (Lar. 19e) :
29. Je sais bien que la nature, qui partout crée des ambigus, comme disait Fourier, semble avoir prédestiné certains mâles à servir de chaperons à leurs moitiés.
P.-J. PROUDHON, La Pornocratie, 1865, p. 86.
Ambiguës, subst. fém. plur. ,,Nom sous lequel on désigne une petite division d'arachnides du genre ctène.`` (BESCH. 1845).
DÉR. Ambiguïflore, adj., bot. ,,Il se dit D'un assemblage de fleurs dont les corolles ont une forme ambiguë`` (Ac. Compl. 1842). Ambiguïsme, subst. masc. néol. d'aut. Ambiguïté systématique (cf. V. JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque rien, 1957, p. 217).
Prononc. ET ORTH. :[]. PASSY 1914 note une durée mi-longue pour la 1re syllabe du mot. — Rem. Tous les dict. indiquent ë tréma pour la forme du fém. LITTRÉ précise : ,,On met le tréma pour indiquer que gue ne se prononce pas ghe mais que l'u y est articulé``. LAB. 1881, p. 45 s'élève contre l'absurdité du tréma sur l'e muet. Comment [dit-il] peut-on détacher et prononcer une lettre qui ne fait entendre aucun son? (...) Ce signe orthographique doit être mis sur la voy. qui se prononce et non sur celle qui ne se prononce pas, de même que l'accent aigu ou l'accent grave se place sur la voy. sonore et non sur celle qui est muette. QUILLET 1965 précise que le ,,tréma est sur l'e et non sur l'u``. GRAMMONT Prononc. 1958, p. 198 fait la rem. suiv. : ,,L'u entre un g et une voy. constitue une des plus terribles difficultés, l'orthographe indiquant seulement dans sept mots qu'elle a gratifiés d'un tréma s'il doit être prononcé ü (ou ) (= [y] ou [] ou s'il n'est là que pour indiquer la prononc. occl[usive] du g. Ces sept mots sont : aiguë, ambiguë, contiguë, exiguë, besaiguë, ciguë, Vogüé.``
Dér. Ambiguïflore. Seule transcription ds BESCH. 1845 : -bi-ghu-i-flo-re.
Étymol. ET HIST. — 1495 [éd. 1531] « (d'un langage, d'un discours) qui est à double sens » (J. DE VIGNAY, Mir. hist., XXXII, 47, Delb. ds QUEM. t. 1 1959 : Lors le dit frere Asselin ... purement et plainement sans quelque langage doubteux ne ambigu exposa de mot a mot les dites lettres de nostre dict sainct pere le pape); XVe s. (G. TARDIF, Apol. de L. Valla, 201 ds DG : Doubles et ambigus en paroles).
Empr. au lat. ambiguus, attesté dep. PLAUTE (Pseud., 759, ds TLL s.v., 1842, 5) au sens de « douteux incertain (d'un inanimé) »; dep. Rhet. Her., 2, 11, 16, ibid., 1842, 64 au sens de « équivoque à double sens (d'un écrit) » : si ambiguum esse scriptum putabitur.
Ambiguïflore, 1838, Ac. Compl. 1842. Ambiguïsme, 1957, supra.
STAT. — Ambigu. Fréq. abs. litt. :480. Fréq. rel. litt. : XIXe s. : a) 294, b) 484; XXe s. : a) 438, b) 1267. Ambiguïsme. Fréq. abs. litt. :1.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — ALLEAU 1964. — BACH.-DEZ. 1882. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — DUP. 1961. — FÉR. 1768. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — GARNIER-DEL. 1961 [1958]. — Gramm. t. 1 1789. — HANSE 1949. — KOLD 1902. — LAF. 1878. — LAV. Diffic. 1846. — MAR. Lex. 1961 [1951]. — MONT. 1967. — Mots rares 1965. — NOTER-LÉC. 1912. — PIÉRON 1963. — PIGUET 1960. — SPRINGH. 1962. — THOMAS 1956. — UV.-CHAPMAN 1956.

ambigu, uë ou üe [ɑ̃bigy] adj. et n. m.
ÉTYM. 1495; du lat. ambiguus « douteux, à double entente, équivoque ».
———
I Adj.
1 Qui présente deux ou plusieurs sens possibles, dont l'interprétation est incertaine.(En parlant de l'expression, du langage). || Langage ambigu. Énigmatique, obscur. || Réponse ambiguë, ou ambigüe (décision de l'Académie, 1975). || Il s'est contenté d'une réponse ambiguë. || Le terme est ambigu. Amphibologique, douteux, équivoque, flottant, incertain, indécis, louche (vx), oblique (vx).
1 Mais surtout leur prête beau jeu le parler obscur, ambigu et fantastique du jargon prophétique, auquel leurs auteurs ne donnent aucun sens clair, afin que la postérité y en puisse appliquer de tel qu'il lui plaira.
Montaigne, Essais, I, 11.
2 C'est à quoi (bien faire accroire une chose fausse) sert admirablement notre doctrine des équivoques, par laquelle il est permis d'user de termes ambigus, en les faisant entendre en un autre sens qu'on ne les entend soi-même (…)
Pascal, les Provinciales, 9.
3 Ces hérétiques cachaient leur venin sous des paroles ambiguës.
Bossuet, Disc. sur l'hist. universelle, I, 11.
(En parlant de signes non linguistiques). || Geste ambigu. || Signal ambigu. || Sa conduite est très ambiguë. || Sourire, regard ambigu.
3.1 (…) elle (la femme) est debout, le corps assez rigide, mais la tête détournée et les bras esquissant un mouvement ambigu d'adieu, ou de dédain, ou d'expectative : la main gauche à peine écartée du corps, à la hauteur de la hanche, et la droite levée jusqu'au niveau des yeux, le coude à demi plié et les doigts étendus, disjoints, comme si elle s'appuyait à une paroi de verre. À trois mètres environ dans la direction que cette main semble condamner — ou craindre — (…)
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 26.
Log. || Proposition ambiguë.Math. || Théorème ambigu.
Ling. Se dit d'un élément de discours qui peut être interprété de diverses façons. Ambiguïté. || Un mot polysémique cesse le plus souvent d'être ambigu grâce au contexte. Désambiguïsation. || Phrase ambiguë de par sa structure superficielle.
2 Qui réunit deux qualités opposées, participe de deux natures différentes.
4 Ce sont gens sans parole et sans foi, et semblables à cet animal amphibie de la fable se tenant dans un état ambigu entre les poissons et les oiseaux.
Pascal, in Pierre Larousse.
5 Aristote a dit que le phoque était d'une nature ambiguë et moyenne entre les animaux aquatiques et terrestres.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le phoque.
6 (…) Un caractère ambigu, un mélange de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments et d'actions mauvaises.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, Avis de l'auteur.
Incertain, dont la nature est équivoque (souvent péj.). || Une beauté ambiguë. || Un personnage ambigu. || Son rôle dans cette affaire est assez ambigu.
Philos. Mal déterminé; qui semble participer de natures contraires et appeler des jugements contradictoires. Ambivalent. || « Dire que l'existence est ambiguë, c'est poser que le sens n'en est jamais fixé » (S. de Beauvoir).
3 Sc. nat. Se dit d'un organe dont la forme ou la disposition n'est pas bien déterminée. || Cloison ambiguë, corolle ambiguë.
4 Ling. || Voyelle ambiguë : dans l'alphabet grec ancien, Voyelle pouvant être brève ou longue.
———
II N. m. Vx ou spécialt.
1 Situation peu claire. Ambiguïté. || « Cet ambigu où vous vivez depuis 1830 » (Proudhon, in T. L. F.). || Elle déteste l'ambigu, l'équivoque.
2 Un ambigu de… et de… : un mélange (de choses de natures différentes).
7 C'est dans son caractère, une espèce parfaite,
Un ambigu nouveau de prude et de coquette (…)
J.-F. Regnard, le Joueur, I, 6.
8 (…) c'est un ambigu de précieuse et de coquette que leur personne.
Molière, les Précieuses ridicules, I.
9 (…) ce langage qui était un ambigu précieux des choses de l'art et du monde.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 92.
Cuis. Repas froid où l'on servait à la fois les viandes et le dessert.
Cout. || Broder en ambigu, en mélangeant des motifs différents.
Mus. Pièce de nature hybride. || « Ariettes, ambigus ou romances » (Sainte-Beuve).
Anciennt. || Ambigu comique : pièce de théâtre mêlant plusieurs genres dramatiques. || Le théâtre de l'Ambigu, à Paris.
3 Hist. des sc. (chez Fourier). Être, espèce constituant une transition entre deux classes.
4 Méd. (Vieilli). Individu dont le sexe ne peut être déterminé par l'examen des organes génitaux. Hermaphrodite.Psychiatrie. Individu dont le comportement laisse incertaine l'identité sexuelle. Transsexuel.
CONTR. (Du sens 1.) Catégorique, clair, net, précis. — Monosémique. Ambigument.

Encyclopédie Universelle. 2012.