1. blanc, blanche [ blɑ̃, blɑ̃ʃ ] adj. et n.
• v. 950; frq. °blank « brillant »
I ♦ Adj.
1 ♦ Qui est d'une couleur combinant toutes les fréquences du spectre, et produisant une impression visuelle de clarté neutre. Blanc comme la neige, le lait (⇒ lactescent; lacté, laiteux) , l'albâtre, la craie (⇒ crayeux) , le lis. La synthèse des sept couleurs du spectre donne la lumière blanche. Blanche hermine. C'est blanc bonnet et bonnet blanc. Fromage blanc. Sauce blanche, à base de beurre, de farine et d'eau. La gelée blanche. Drapeau blanc. La canne blanche des aveugles. — C'est cousu de fil blanc. C'est un jour à marquer d'une pierre blanche.
2 ♦ D'une couleur pâle voisine du blanc. Peau blanche (dans la race blanche). ⇒ clair. Faire qqch. de sa blanche main. Teint blanc. ⇒ blafard, blanchâtre, blême. Être blanc : avoir mauvaise mine; n'être pas bronzé; pâlir sous le coup d'une émotion. Blanc comme un cachet d'aspirine. Blanc comme un linge, blanc de peur. — Cheveux blancs. ⇒ argenté; et aussi canitie. Barbe blanche. ⇒ chenu.
♢ Spécialt Se dit de choses claires, par opposition à celles de même espèce qui sont d'une autre couleur. Raisin, vin blanc. Pain blanc. Viande blanche. Boudin blanc. Du verre blanc. ⇒ incolore. Fer blanc. ARME BLANCHE, non bronzée (opposé à arme à feu). Bois blanc. Globule blanc. Eau blanche. Houille blanche. Techn., comm. Produits blancs : gros électroménager (opposé à produits bruns). — Connu comme le loup blanc. Merle blanc. — Race blanche.
3 ♦ Qui n'est pas écrit. Page, copie blanche. ⇒ vierge. Donner carte blanche à qqn. Bulletin (de vote) blanc. Advt Voter blanc.
4 ♦ De cette couleur et propre. Des draps blancs (⇒ 2. blanc) . — Advt (publicité) Cette lessive lave plus blanc. — Dont la couleur claire évoque l'innocence. La blanche colombe. Blancs moutons. Fig. Qui n'est pas souillé, coupable. Il est sorti de cette affaire avec les mains blanches. « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » (La Fontaine). ⇒ immaculé, innocent; blanchir. Il est sorti blanc de l'instruction.
5 ♦ Qui n'a pas tous les effets habituels. Examen blanc. Mariage blanc. Nuit blanche. Voix blanche, sans timbre. Vers blancs, sans rime. Faire chou blanc.
6 ♦ Phys. Corps blanc, qui réfléchit ou diffuse toute la lumière visible. Lumière blanche, où la répartition d'énergie est constante pour toutes les fréquences du spectre visible, donnant à l'œil humain la sensation de lumière du jour. — Bruit blanc : en acoustique, bruit couvrant une large gamme de fréquence. Par ext. En électronique, Fluctuation parasite dont la fréquence et l'amplitude varient aléatoirement.
7 ♦ Techn. Salle blanche, entièrement protégée de la poussière. Salle blanche pour la fabrication de semi-conducteurs.
II ♦ N. UN BLANC, UNE BLANCHE : cour. un homme, une femme appartenant à un groupe ethnique caractérisé par une faible pigmentation et des yeux non bridés. Les Blancs d'Europe, d'Amérique, d'Australie. Les pauvres Blancs du sud des États-Unis. La traite des Blanches. « Moins le blanc est intelligent, plus le noir lui paraît bête » (A. Gide).
⊗ CONTR. Noir.
blanc 2. blanc [ blɑ̃ ] n. m.
• 1080; → 1. blanc
I ♦
1 ♦ Couleur blanche. Un blanc immaculé, éclatant, mat, laiteux. ⇒ blancheur. Un blanc écru (comme celui de la laine naturelle), ivoire. ⇒ crème. Linge d'un blanc douteux. Blanc cassé. Le blanc réfléchit la lumière.
♢ Absolt Vêtements blancs. Porter du blanc, être vêtu de blanc. Se marier en blanc. — Loc. Les hommes en blanc : les chirurgiens.
2 ♦ Matière colorante.
♢ Peinture blanche, badigeon blanc. Blanc de zinc : oxyde de zinc. Blanc d'argent, de plomb. ⇒ céruse. Blanc de chaux. Blanc d'Espagne (ou de Meudon) :carbonate de calcium naturel.
♢ Vx Poudre blanche pour se farder. « Tout le monde sut qu'il mettait du blanc » (Rousseau).
3 ♦ EN BLANC : avec la couleur blanche. Peint en blanc. Photo en noir et blanc. — Sans écriture. Chèque en blanc. « Il a laissé le nom en blanc » (Lesage).
4 ♦ Loc. adv. (XVIe armé à blanc) À BLANC : de manière à devenir blanc. Chauffer un métal à blanc. « Je pus chauffer à blanc ma ferveur » (A. Gide). ⇒ exalter. — Saigner à blanc, en vidant de son sang. Fig. Épuiser. Les impôts saignent à blanc le contribuable. — Tirer à blanc : avec des balles inoffensives, ou sans balle. Fig. À blanc : sans effet réel, pour essayer.
II ♦
1 ♦ Partie blanche (de qqch., dans des expr.). Blanc de poireau.
♢ Blanc de poulet, de perdrix : la chair blanche de la poitrine (⇒ 2. filet) . Préférer le blanc à la cuisse. — Blanc d'œuf : partie incolore et visqueuse formée d'albumine. Battre des blancs en neige. — Blanc de baleine. — Le blanc de l'œil. ⇒ sclérotique. Fig. Regarder qqn dans le blanc des yeux, bien en face. « Le duc de Chevreuse rougit jusqu'au blanc des yeux » (Saint-Simon). — Blanc des champignons : mycélium des champignons cultivés.
♢ (1351) Intervalle, espace libre qu'on laisse dans un écrit. ⇒ interligne. Laisser des blancs. « Les actes seront inscrits sur les registres, de suite, sans aucun blanc » ( CODE CIVIL ). — Bref silence dans une conversation, un programme sonore.
♢ Par métaph. Inform. Espace vide entre deux caractères et servant de délimiteur.
♢ (XVIe) La partie centrale d'une cible. Fig. De but en blanc.
2 ♦ Nom de diverses choses caractérisées par la couleur blanche.
♢ Maladie des plantes provoquée par un cryptogame. Le blanc des céréales, de la vigne. ⇒ oïdium.
♢ Linge de maison blanc, ou qui supporte le même genre de lavage. Magasin de blanc. La quinzaine du blanc.
♢ Comm. Gros électroménager, produits blancs. ⇒ 1. blanc.
♢ (1553) Vin blanc. Préférer le blanc sec. — Un verre de blanc. Blanc de blanc : vin blanc fait de raisins blancs. Par ext. Verre de vin blanc. Boire un petit blanc.
♢ Cuis. Mélange d'eau, de farine et de jus de citron utilisé pour cuire des légumes, des abats.
● Blanc fascicule annexé au projet de loi de finances présentant les budgets de programme des ministères (leur couverture est blanche).
blanc, blanche
adj.
d1./d Qui est de la couleur commune à la neige, à la craie, au lait, etc. Le lis et la marguerite sont des fleurs blanches. Drapeau blanc.
d2./d D'une couleur pâle qui se rapproche du blanc. La race blanche. Un vieillard à cheveux blancs. être blanc, pâle. Il est blanc comme un linge.
d3./d De couleur claire (par oppos. à d'autres choses de même espèce mais de couleur foncée). Du vin blanc et du vin rouge. Du boudin blanc. Viande blanche: chair de la volaille, du veau, du lapin, etc.
|| Armes blanches, telles que sabre, baïonnette, etc. (par oppos. aux armes à feu).
d4./d Vierge, non écrit. Papier blanc. Remettre une copie blanche. Bulletin blanc, lors d'une élection.
|| Loc. fig. Donner carte blanche: laisser toute initiative, donner pleins pouvoirs.
d5./d Fig. Innocent. Sortir d'une accusation blanc comme neige.
d6./d Qui ne se solde ni par un bénéfice ni par une perte. Opération blanche.
d7./d Loc. fig. Nuit blanche.
— Voix blanche, sans timbre.
— Vers blancs: vers non rimés.
— Mariage blanc, célébré légalement, mais entre des personnes qui n'ont pas l'intention de vivre en époux.
— Examen blanc: ensemble d'épreuves organisées dans des conditions analogues à celles d'un examen, pour y préparer les candidats.
— Année blanche: année scolaire qui ne peut être sanctionnée par des examens.
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blanc, blanche
n.
rI./r n. m.
d1./d Couleur blanche. Un blanc mat. Un blanc cassé, avec des nuances d'une autre couleur.
— être en blanc, habillé de vêtements blancs. En Asie, le blanc est signe de deuil.
d2./d Couleur ou matière blanche employée pour blanchir une surface. Blanc de titane.
d3./d Espace vierge, sans inscriptions, dans une page manuscrite ou imprimée. Les actes de l'état civil ne doivent comporter aucun blanc. Laisser un blanc.
d4./d Partie blanche de certaines choses.
— Blanc d'oeuf, par oppos. à la partie jaune.
|| Le blanc de l'oeil: la cornée.
— (Se) regarder dans le blanc des yeux, bien en face.
d5./d Linge de maison. Une exposition de blanc.
d7./d Maladie des plantes causée par des champignons microscopiques qui répandent une poudre blanche. Blanc du rosier.
|| Blanc de baleine.
d9./d Loc. à blanc: jusqu'à amener la couleur blanche. Métal chauffé à blanc.
— Saigner à blanc: vider de son sang; fig. dépouiller.
— De but en blanc: directement.
— Tirer à blanc, avec une cartouche sans balle.
— SYLVIC Coupe à blanc, pratiquée sur tous les arbres d'un peuplement.
rII./r n. Un Blanc, une Blanche: un homme, une femme de race blanche.
— (Antilles fr.) Blanc-créole: Syn. de béké.
— (Afr. subsah.) Petit Blanc: Blanc de condition modeste vivant en Afrique.
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blanc
(Louis) (1811 - 1882) journaliste et révolutionnaire socialiste français. Doctrinaire (le Droit au travail 1848), membre du Gouvernement provisoire (fév. 1848), il fit créer les Ateliers nationaux. Il s'exila à Londres (juin 1848-1870).
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blanc
(cap) cap de Tunisie, au N. de Bizerte.
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blanc
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blanc
(mont) point culminant de l'Europe (4 808 m), dans les Alpes françaises, en Hte-Savoie. Le sommet fut atteint pour la première fois en 1786, par le guide J. Balmat et le docteur Paccard.
⇒BLANC, BLANCHE, adj. et subst.
I.— Adjectif
A.— [Blanc est inhérent à la qualité, la nature, la fonction, etc., du qualifié]
1. Qui, combinant toutes les couleurs du spectre solaire, a la couleur de la neige, du lait, etc.
a) [En parlant d'un inanimé]
— [En parlant d'un produit de la nature] J'observais une crête neigeuse se détacher à l'horizon, blanche comme une traînée de lait (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 230) :
• 1. En avant du petit bois dentelé par les obus, des flocons blancs, autour d'un avion, piquaient un ciel adorable, lac vert pâle bordé de bruyères.
MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, p. 19.
SYNT. a) Ciel, nuage blanc; une lumière blanche; des fleurs blanches, des lilas blancs; du marbre blanc. b) Blanc d'albâtre; blanc comme du lait; blanc comme la cire des cierges; blanc comme une colombe.
♦ Spéc. Gelée blanche. Le soleil blanc se lève au-dessus de la terre couverte de gelée blanche (CLAUDEL, La jeune fille Violaine, 1re version, 1892, p. 554).
— [En parlant d'un produit de l'industr. hum.] Un manteau blanc; des gants blancs :
• 2. Annie, ce jour-là, avait lessivé jusqu'à quatre heures, frotté sur son poignet sanglé d'une bande de toile tout le linge blanc.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 301.
♦ Spéc. dans le domaine de l'alim. De la farine blanche; fromage blanc; sucre blanc; sauce blanche :
• 3. Les Gaulois préparaient un pain blanc réputé, et ils passaient déjà pour les plus grands mangeurs de pain du monde; ...
R. LALANNE, L'Alim. hum., 1942, p. 21.
• 4. La nuit n'est jamais si froide qu'elle n'arrache à la cité des entrepôts des senteurs de blé moulé, de céréales pulvérisées, (...), de farine blanche et de pins résineux.
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 37.
• 5. ... nous faisons escale au café Ebro où nous venons (...) pour manger de savoureuses omelettes aux champignons et des écrevisses pimentées à point, avec ce vin blanc capiteux qui porte si bien son nom de diamante.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, p. 322.
b) [En parlant d'un animé]
— [En parlant d'une pers.] Mais la nuit n'est plus noire et j'ai les cheveux blancs (ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, p. 227) :
• 6. Ton regard est celui d'une vierge timide.
Ton sein blanc, que ta robe ose cacher au jour,
Semble encore ignorer qu'on soupire d'amour.
CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 153.
• 7. C'était un gaillard, au cou puissant, aux poings énormes, blond, très blanc de peau, la barbe rare, à peine un duvet doré qui frisait, soyeux.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 90.
— Être blanc. Avoir les cheveux blancs.
♦ Loc. verbale. Devenir blanc. Pâlir. Henri devint blanc comme le foulard blanc qui lui servait de cravate (E. et J. DE GONCOURT, Renée Mauperin, 1864, p. 240).
♦ Au fig. :
• 8. Et ceux qui représentent l'ouvrier sont tous des doctrinaires aux mains blanches.
ALAIN, Propos, 1931, p. 987.
— [En parlant d'un animal] Un cheval, un mouton, un papillon blanc; un ours blanc :
• 9. Le bébé, ensaucissonné de molleton, semblait un gros ver blanc cylindrique, muni d'une paire de pattes qu'il agitait.
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 20.
c) Expr. diverses
— Bonnet blanc et blanc bonnet. Se dit de deux choses, de deux personnes identiques malgré les apparences. Clérical ou franc-maçon, pour moi, c'est bonnet blanc et blanc bonnet (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Mon oncle Sosthène, 1882, p. 28).
— Cousu de fil blanc. Se dit de quelque chose dont on ne peut masquer l'évidence :
• 10. Je n'écrirais plus aujourd'hui... exagérations, naïvetés, petits mensonges inutiles, petites malices cousues de fil blanc! J'avais pourtant bien essayé de n'être pas dupe de moi-même; ...
LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 339.
— Connu comme le loup blanc. Se dit de quelqu'un qui est très connu :
• 11. Il porta le surnom de Gaspard de Sumontargues, surnom qui devint Gaspard Des Montagnes, quand il fut connu comme le loup blanc par tout le bas pays d'Auvergne.
POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 53.
— Donner carte blanche. Laisser toute liberté de manœuvre :
• 12. « Lorsqu'une fois on m'a manqué essentiellement, je n'en reviens plus. » Cette réponse me donnait carte blanche, ...
RESTIF DE LA BRETONNE, M. Nicolas, 1796, p. 17.
d) Loc. adv.
— À blanc
♦ Chauffer à blanc. Jusqu'à ce que le métal de rouge devienne blanc. P. métaph. :
• 13. Au bout de quelque temps, on le retrouve gênant. Alors, — c'était la commune, — on chauffe à blanc son républicanisme, on le fait engager dans la garde nationale et il est fusillé au champ-de-mars...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1882, p. 147.
♦ Saigner à blanc. Jusqu'à la dernière goutte de sang. Au fig. :
• 14. Son mari est un petit professeur de français en Angleterre. Elle l'avait quitté pour venir à Pau. Elle était mariée depuis trois mois. Il avait dû se saigner à blanc pour l'envoyer là-bas.
GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 970.
♦ Couper à blanc. De façon à ne plus rien laisser :
• 15. [Le notaire] : — ... La forêt de Waignies vaut en ce moment près de quatorze cent mille francs; mais, qu'aujourd'hui pour demain, votre père la coupe à blanc, vos treize cents arpents ne vaudront pas trois cent mille francs.
BALZAC, La Recherche de l'absolu, 1834, p. 239.
2. P. métaph. [Blanc comme symbole]
— [De la pureté ou de l'honnêteté] :
• 16. ... Luizzi eut toutes les peines du monde à ne pas faire la grimace, mais il se remit dans son fauteuil, s'attendant à une histoire bien romanesque, d'où Madame De Farckley sortirait blanche comme une colombe; ...
SOULIÉ, Les Mémoires du diable, t. 2, 1837, p. 339.
• 17. Et elle ne savait même pas qu'elle avait eu des désirs que sa chair avait gémi d'amour, (...), tellement elle était cuirassée d'ignorance, l'âme blanche, toute blanche.
ZOLA, Le Rêve, 1888, p. 192.
• 18. Je ne sais plus du tout ce que je lui racontai, mais (...) il félicita maman de ma belle âme. Je m'épris de cette âme que j'imaginais blanche et rayonnante comme l'hostie dans l'ostensoir.
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 32.
♦ Bal blanc.
— [De l'ingénuité] :
• 19. Dame, ça dépend. C'est tout à fait les petites oies blanches. Ça a peut-être son charme. Si vous aimez les petites oies blanches, vous êtes servi à souhait.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 884.
3. Au fig. Qui a lieu ou se manifeste en dehors de ses conditions ou effets habituels :
• 20. ... depuis des années, je dresse sur le papier des projets d'opérations, — « blanches » naturellement. Mais cette fois-ci!... n'en parle pas à maman, je veux lui en faire la surprise.
P. BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 150.
— VERSIF. Vers blancs. Vers qui ne riment pas entre eux :
• 21. Nous ne sommes pas assez heureux pour mêler dans la même scène la prose aux vers blancs et aux vers rimés; ...
VIGNY, Lettre à Lord , 1829, p. 276.
SYNT. Examen blanc; mariage blanc; vote blanc; nuit blanche; colère blanche. Voix blanche. Voix sans timbre.
— En partic. [En parlant de papier] Qui n'est pas écrit. Copie, page blanche.
— Loc. verbale. Tirer à blanc. Sans que le fusil soit chargé :
• 22. ... et l'on peut se croire au milieu de la guerre, à se voir entouré de ces hommes, (...) faisant à blanc aujourd'hui le simulacre de la fusillade, qu'ils auront à faire demain.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1870, p. 598.
B.— [Blanc s'oppose à ce qui est foncé, noir, rouge, parfois sale, etc.]
1. Qui est d'une teinte claire, parfois éclatante, par opposition à ce qui, dans la même espèce pourrait être foncé.
a) [En parlant d'un inanimé]
— [En parlant d'un produit de la nature ou tiré de la nature] Du bois blanc; du vin blanc :
• 23. ... le sol, solide et sonore sous nos pas, quoique recouvert encore d'une légère couche de sable blanc, nous indiquait le rocher succédant aux vagues de sable : ...
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 2, 1835, p. 93.
— [En parlant d'un produit de l'industr. ou de l'activité hum.]
♦ Spéc., TECHNOL. Arme blanche; fer blanc; verre blanc.
♦ Dans le domaine de la vie culturelle, pol., etc. Livre blanc; drapeau blanc; magie blanche.
b) [En parlant d'un animé] La race blanche; avoir le teint blanc.
• 24. ... cet officier, (...) avait mangé sans le savoir d'un pâté fait avec la chair de son épouse et depuis, ne pouvait plus manger de viande blanche...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1890, p. 1212.
• 25. ... il se mit à lire, d'une voix blanche et ânonnante d'écolier qui ne tient pas compte de la ponctuation.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 77.
— Spéc., BIOL., PATHOL. Globule blanc; gorge, langue blanche; mal blanc; pertes blanches.
c) Expr. diverses
— Faire chou blanc. Essuyer un échec :
• 26. ... mais le plus souvent l'on fait chou blanc et ce dernier rush ne vous libère pas : ...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 165.
— Marquer d'un caillou blanc, d'une pierre blanche. Signaler un jour heureux par opposition à un jour néfaste.
— Montrer patte blanche. Fournir la preuve que l'on appartient ou que l'on est digne d'appartenir à un groupe (social, politique, etc.) par allusion à la fable de La Fontaine : Le loup, la chèvre et le chevreau.
— Manger son pain blanc le premier. Commencer par ce qui est agréable.
2. [En parlant plus partic. de ce qui est propre p. oppos. à ce qui est sale] Une nappe blanche. Que d'autres soient, d'une main amie, sous un frais drap blanc, disposés pour le repas (BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 307).
II.— Substantif
A.— Blanc, blanche. Homme, femme de race blanche. La traite des blanches :
• 27. ... comment la dissemblance du nègre et du blanc accuserait-elle autre chose que la diversité de leur histoire religieuse, politique et naturelle?
LACORDAIRE, Conf. de Notre-Dame, 1848, p. 219.
• 28. Notre seul espoir est que les psychologues découvrent quelque jour des « tests » qui élimineront le facteur de l'éducation, pour établir des comparaisons entre les blancs et les races exotiques.
R.-H. LOWIE, Manuel d'anthropol. culturelle, 1936, p. 17.
Rem. S'emploie encore pour désigner la droite conservatrice, p. oppos. aux rouges qui forment la gauche.
— Au masc. Petit blanc (dans les anciennes colonies). Individu de race blanche mais de condition modeste :
• 29. ... nobles et roturiers se mêlaient dans une bourgeoisie moderne de propriétaires, caractérisée par la richesse, au-dessus des « petits blancs ».
G. LEFEBVRE, La Révolution fr., 1963, p. 14.
Rem. 1. Autrefois, chouans p. oppos. aux républicains, dits les Bleus. 2. Au siècle dernier, partisan de la monarchie.
B.— Subst. masc.
1. Emploi abs.
a) [Indique la couleur] Il a peint en blanc la chambre depuis la bibliothèque jusqu'à la cheminée (BALZAC, Correspondance, 1819, p. 31); elle était vêtue de blanc et avait un voile blanc sur la tête (HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 416) :
• 30. Quant au tien [portrait], chère bonne maman, il est parfait, sauf ce contraste du blanc et du noir qui — c'est la faute de la photographie — fait paraître le visage et les mains durs et blêmes.
MALLARMÉ, Correspondance, 1862, p. 21.
— De but en blanc. À l'improviste, brusquement. Il n'a pas tant de tort de s'aller marier de but en blanc avec une inconnue (CLAUDEL, Le Ravissement de Scapin, 1952, p. 1323).
SYNT. Friture de blancs (poissons de rivière); aimer le blanc; porter du blanc; avoir le blanc (maladie des végétaux); écrire noir sur blanc (fam.); cuisson au blanc (court-bouillon); poulet au blanc; siège en blanc (non couvert).
— Passer du blanc au noir. Changer d'avis.
— Spécialement
♦ Le blanc. Le vin blanc; blanc de blanc(s). Vin fait exclusivement avec des raisins blancs :
• 31. J'aurais plus gagné à le vendre aux Allemands. Du beau blanc de blanc. Il nommait ainsi le vin blanc de raisin blanc.
HAMP, Vin de Champagne, 1909, p. 120.
♦ Le blanc. Le linge blanc. Magasin, maison de blanc; la quinzaine du blanc :
• 32. En bas, enfin, l'exposition de blanc prenait, au fond des vitrines, une intensité de ton aveuglante. Rien que du blanc, un trousseau complet et une montagne de draps de lit à gauche, des rideaux en chapelle et des pyramides de mouchoirs à droite, ...
ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 764.
SYNT. Porter du blanc; se marier en blanc; vouer un enfant au blanc. Lui faire porter des vêtements blancs en l'honneur de la Vierge.
♦ Au fig., arg. :
• 33. Voué au blanc (être) : se dit — dans l'argot des faubouriens — d'un apprenti qui n'aime pas à travailler et qui préfère polissonner avec les voyous et les filles du faubourg.
A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 399.
b) [Avec un idée d'espace vide] Laisser un nom en blanc; un acte en blanc; un blanc dans la conversation (un silence); chique en blanc; promotion en blanc.
— TYPOGR. Espace vide entre deux lignes :
• 34. ... mon article a paru, coupé hélas! À la présence de Dieu, mais avec les blancs et les italiques que je demandais.
J. RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1907, p. 312.
2. [Suivi d'un groupe prép. déterminatif]
a) Blanc de + compl. Blanc de lait; blanc de marbre.
— [En parlant de certains produits chim., céruse, oxyde de zinc, etc.] Blanc de chaux, de zinc; blanc d'espagne, d'antimoine, de bismuth. Les blancs de craie, ou sous-carbonates de chaux, sont assez abondants (Manuel du fabricant de couleurs, t. 1, 1884, p. 46).
♦ P. compar. :
• 35. ... un matin, un homme d'une cinquantaine d'années, doué de cette figure de blanc de céruse que la vie du monde donne aux diplomates, ...
BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 162.
— ART MILIT. Blanc d'eau. Inondation provoquée artificiellement en avant d'une position.
— Blanc de Hollande. Variété de peuplier blanc.
b) Blanc de + compl. partitif. Blanc d'une cible; blanc de maquereau; blanc de volaille, de poulet.
— Blanc de champignon. Mycélium du champignon de couche, servant à sa multiplication dans les champignonnières.
— Blanc de l'œil, blanc des yeux. Partie blanche de l'œil. Je rougis jusqu'au blanc des yeux (STENDHAL, Vie de Henry Brulard, t. 1, 1836, p. 206) :
• 36. C'était un grand maigre, sec comme un échalas, jaune de teint jusque dans le blanc des yeux, et qui demeurait secret, fermé, bouclé, cadenassé.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 15.
• 37. ... il veut faire l'artiste lui aussi, et discute : « vous ne trouvez pas que les joues sont bien jaunes? » ou « le blanc de l'œil me semble un peu froid. »
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, p. 78.
— Regarder qqn dans le blanc des yeux (de l'œil). Regarder fixement quelqu'un :
• 38. Il n'existe après tout que bien peu de raisons valables pour un civil inconnu de s'aventurer de ces côtés... espion, suspect, on trouva mille raisons pour me toiser de travers, les officiers dans le blanc des yeux, les femmes en souriant d'une manière entendue.
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 143.
— Blanc d'œuf. Substance transparente qui entoure le jaune (cf. albumine) :
• 39. ... vous mêlez une livre et demie de sucre en poudre avec dix-huit blancs d'œufs fouettés bien fermes.
Les Gdes heures de la cuis. fr., Carême, 1833, p. 146.
♦ Absol. Blanc monté en neige.
C.— Subst. fém.
1. JEUX. La boule blanche au jeu du billard. Jouer, tirer sur la blanche :
• 40. ... le comte André, dirigeait les billes du billard à son gré, le soir où il m'avait comme médusé par ses moindres gestes? La blanche touche la rouge un peu à gauche, part sur la bande, revient sur l'autre blanche.
P. BOURGET, Le Disciple, 1889, p. 138.
2. MUS. Cf. blanche.
3. Argot
a) ,,Cocaïne`` (ESN. 1966) :
• 41. J'vous ai préparé cinq kilos de blanche...
— ... l'as reçu cinquante kilos de morphine base... Faut les traiter...
— ... Tout en blanche?
— Tout en blanche, oui.
A. LE BRETON, Razzia sur la Chnouf, 1954, p. 53.
b) ,,Eau de vie de marc`` (LA RUE 1954) :
• 42. L'homme tout de même est si drôle avec sa jambe raide qu'il l'a mis dans un roman. On lui paye parfois une « blanche », il est célèbre chez les étudiants.
CLAUDEL, Feuilles de Saints, 1925, p. 594.
Rem. On rencontre dans les dict. les composés suiv. : a) Blanc-aune. ,,Nom vulgaire de l'alisier commun`` (Lar. 20e); blanc-bois. ,,Bois dont le revenu est presque nul`` (Ibid.); blanc-cul. ,,L'un des noms du bouvreuil`` (LITTRÉ); blanc-culet. ,,L'un des noms du Moteux`` (Ac. Compl. 1842); blanc-or. ,,Sorte de raie des mers du Canada, dont le dos est blanc et or`` (Lar. 19e); blanc-pendard. ,,Nom vulgaire de la pie-grièche`` (LITTRÉ); blanc-ployant. ,,Défaut du fer qui le rend peu propre à passer à la filière`` (Ibid.); blanc-poudré. ,,Poudré à blanc`` (Ibid.); blanc-whasis. ,,Onguent pour la brûlure`` (Ibid.); blanc-tapis. ,,Maison de jeu`` (BESCH. 1845). b) Blanche-coiffe. ,,Espèce de corbeau`` (LITTRÉ); blanche-queue. ,,Un des noms du Jean-le-blanc, oiseau`` (Ibid.).
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], fém. []. Pour le groupe final -nc, FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 411, note : ,,c ne se prononce pas dans banc, blanc, flanc, franc, (il) convainc, (il) vainc, ajonc [cf. ce mot], jonc, tronc`` (cf. aussi LAB. 1881, p. 73). LITTRÉ : ,,Blanc et noir, dites : blan et noir; excepté dans cette locution où d'ordinaire on le fait entendre [le c] : du blanc au noir, dites : du blan-k au noir; l's au pluriel se lie : blancs et noirs, dites : blan-z et noirs. Palsgrave au XVIe siècle dit qu'on prononce blan; et au XVIIe, Chifflet recommande de ne pas prononcer le c final même devant une voyelle.`` Enq. : /, -/. 2. Forme graph. — Ortho-vert 1966, p. 46, note que les adj. indiquant la couleur suivis d'un complément relatif à la nuance sont inv. Ex. : châtain clair, gris cendré, gris bleu, gris perle, rose tendre, blanc sale, bleu marine, jaune citron, rouge cerise, brun foncé, etc.
Étymol. ET HIST.
I.— Adj. A.— 1. a) 950-1000 « de la couleur de la neige, sans aucune teinte » blanc vestimenz (Passion de Clermont-Ferrand, 396, éd. D'ARCO SILVIO AVALLE, p. 119); b) 1174 « vêtu de blanc » relig. freres blancs (G. DE PONT-SAINTE-MAXENCE, Vie de Saint Thomas, 1966 dans T.-L.); 2. ca 1100 « brillant et de la couleur de l'argent » (Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 2316); d'où armes blanches (v. arme). B.— Absence de qqc. 1. a) 1172-75 « peu ou pas coloré » vin blanc (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier à la Charette, éd. M. Roques, 991) et en partic. b) XIVe s. « pâle » blanc de paour (FROISSART, II, III, 13 dans LITTRÉ); 2. a) [ca 1180 a.flam. « non terni, propre » (d'apr. FEW t. 15, 1, p. 138b)]; XVIe s. « id. » main blanche (D'AUBIGNÉ, Trag., V dans GDF. Compl.); b) 1678-79 « innocent » (LA FONTAINE, Fables, VII, 1 dans LITTRÉ) [c'est le subst. au sens de « dupe » qui est attesté dans le jargon de la Coquille chez Villon (P. GUIRAUD, Le Jargon de Villon, Paris, Gallimard, 1968, p. 50) et non pas l'adj. comme l'indique FEW t. 15, 1, p. 139a].
II.— Subst. A.— 1. Ca 1100 « couleur blanche » (Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 1934); 2. ca 1340 « matière colorante blanche » blanc d'Espaingne (Dialog. fr.-flam., f° 7c dans GDF. Compl.); 3. a) XVIe s. à blanc « jusqu'à devenir blanc » (AMYOT, Pomp. 99 dans LITTRÉ : [...] leur harnois fourbis à blanc). B. — 1. a) Ca 1210 « partie blanche de l'œil » (RAOUL DE HOUDENC, Meraugis de Portlesguez, 4726 dans T.-L. : Ovri les ieuz, si l'esgarda Mout fierement, et en poi d'ore Li retorna li blans desore. Un plaint giete, si s'en revet); b) ca 1256 li blans des iex (Aldebrandin de Sienne, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 48, 8); c) ca 1265 li blans d'un uef (BRUNET LATIN, Le Livre du Trésor, 112 dans T.-L.); d) [XIVe s. d'apr. FEW t. 15, 1, p. 145a] 1534 blanc de chappon (RABELAIS, Gargantua, I, 39 dans LITTRÉ); 2. ca 1230 « étoffe blanche » (GUILLAUME LE CLERC, Fergus, 16, 13 dans T.-L. : unes braies de blanc) — XIVe s., E. DESCHAMPS, Poés., éd. G. Raynaud, 9, 43; 1866 comm. Magasin de blanc (Lar. 19e); 3. a) 1306 « marge, partie non écrite » dans DU CANGE, s.v. album; b) 1657 en blanc « se dit d'un document où les termes essentiels sont laissés en blanc » (PASCAL, Prov. 17 dans LITTRÉ); c) 1751 typogr. (Encyclop.); 4. a) 1507-08 « espace blanc du centre d'une cible » d'où « but » (ELOY D'AMERVAL, Le Livre de la Deablerie, éd. Charles-Fréd. Ward dans IGLF : Je vueil que tu frappes au blanc); 1540 « cible » (B. DE LA GRISE, trad. de GUEVARA, L'Orloge des Princes, II, 33 dans HUG.) d'où b) 1690 de butte en blanc (FUR.) au propre et au fig. v. aussi but. 5. 1678-79 « homme de race blanche » (LA FONTAINE, éd. A. Régnier, Gds Ecrivains de France, t. 10, p. 96).
Du germ. blank « blanc » (BRÜCH, p. 68, 100; REW3, n° 1152; FEW t. 15, 1, p. 146) à rattacher à l'ags. blanca et à l'a. nord. blakkr « pâle, blanc tirant sur le jaune (surtout d'un cheval) » (DE VRIES Anord.); le germ. est directement passé dans les domaines gallo-rom. (a. prov. blanc, XIIe s. dans RAYN. t. 1, p. 222) et ital. (lat. médiév. blancus, ca 942 dans ARNALDI, Latinitatis italicae medii aevi lexicon, 1939; it. bianco XIIIe s. dans DEI); l'a. cat. blanc (1176 dans ALC.-MOLL) est de même plus prob. issu directement du germ. qui empr. à l'a. prov.; ainsi l'aire géogr. du mot exclut l'hyp. d'une orig. frq. Cf. les nombreux termes de couleur empr. au germ., v. bleu, blond, brun, fauve, gris; d'apr. BRÜCH, loc. cit., blanc aurait été comme ces 3 derniers termes, employé par les soldats germains pour qualifier les chevaux. Il a éliminé les 2 adj. lat. albus « d'un blanc mat » et candidus « d'un blanc éclatant ».
STAT. — Fréq. abs. littér. :13 255. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 14 117, b) 26 332; XXe s. : a) 22 398, b) 16 745.
BBG. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 28, 279; t. 2 1966, p. 111. — GUIRAUD (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, n° 16, p. 73. — GUIRAUD (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, n° 11, p. 47. — LAJAUNIE (M.-A.). Préjugés et lang. Vie Lang. 1969, pp. 76-77. — QUEM. 2e s. t. 2 1971, p. 148; t. 3 1972, p. 24. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 61; pp. 69-70; p. 109. — TOURNEMILLE (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1956, pp. 530-531.
blanc, blanche [blɑ̃, blɑ̃ʃ] adj. et n.
ÉTYM. V. 950; d'un germanique blank « brillant », passé en lat. médiéval (blancus), en provençal, italien, etc., éliminant les mots latins albus et candidus.
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I Adj.
1 Qui est d'une couleur combinant toutes les fréquences du spectre, et produisant une impression visuelle de clarté neutre, dont la nature offre de nombreux exemples. ☑ Blanc comme la neige, comme neige (⇒ Nivéen), comme le lait (⇒ Lacté, lactescent, laiteux), l'albâtre, la craie, un lis. ⇒ aussi Albe, candide (Littér.). || La synthèse des sept couleurs du spectre donne la lumière blanche. || Avoir un reflet blanc. ⇒ Blanchoyer. || Aube blanche. || Les nuits blanches du cercle polaire. — Écume, mousse blanche. || La gelée blanche. — (Antéposé). || Blanche hermine, blanche colombe. — Des moutons blancs. || Une vache blanche. || Un chien blanc. — Le marbre blanc de Carrare. || Argile (cit. 1) blanche. || Colle, crème blanche. || Le sel, le sucre sont blancs. — Lin blanc (→ Candide, cit. 1). || Des draps blancs et des draps de couleur. || Le bal des Petits Lits blancs. — Porter une chemise blanche. || Veste blanche. || Un voile blanc. — Drapeau blanc. || Le drapeau français est bleu, blanc, rouge. || La canne blanche, le bâton blanc de l'aveugle. || Le bâton blanc de l'agent de police. — Clown blanc.
REM. Lorsque le syntagme s'oppose à d'autres, avec des adj. de couleur, et désigne une classe de choses précises, → ci-dessous, 3.
1 Suivre de loin de blanches voiles (…)
Hugo, les Feuilles d'automne, 25.
2 (…) E blanc (…)
(…) candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles (…)
Rimbaud, Voyelles.
3 La voie blanche de chaleur était si lumineuse que Démétrios fermait les yeux comme au soleil de midi.
Pierre Louÿs, Aphrodite, II, 7.
4 Sous les futaies (…) les robes blanches rayonnèrent, peu à peu (…)
Edmond Jaloux, le Jeune Homme au masque, I.
4.1 À la place du mince tube creux en métal blanc, imitant misérablement une sorte d'aileron, vient se poser une lourde poignée de vieux cuivre adorablement patiné (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 20.
➪ tableau Désignations de couleurs.
2 (Peau, corps). D'une couleur pâle voisine du blanc. ⇒ Albuginé (littér.), argenté, incolore, ivoirin, opalin.
a (Peau humaine). || Peau, main blanche. ⇒ Clair. || Teint blanc. ⇒ Blafard, blanchâtre, blême. || « (Les) corps blancs des amoureuses » (→ Lacté, cit. 2, Apollinaire). || « La blanche Ophélia… » (→ Flotter, cit. 1, Rimbaud). || Être blanc de peau. — ☑ Être blanc : avoir le teint pâle; avoir mauvaise mine; pâlir sous le coup d'une émotion. || Il est devenu tout blanc, blanc comme un linge. — Être blanc : ne pas être bronzé. — ☑ Loc. fam. Il est blanc comme un cachet d'aspirine, comme un pied de lavabo. — (La blancheur ayant un sens psychologique). || Devenir blanc comme linge. — (XIVe). || Être blanc de peur, blanc de colère.
5 Voilà votre thé, fait de ma blanche main (…)
A. de Musset, Un caprice, VIII.
6 (…) une nymphe souriante dans tout l'éclat de sa blanche nudité.
Th. Gautier, Fortunio, XII.
7 (…) la jeune femme (…) poussa un soupir qui fit retourner les têtes; elle était aussi blanche que la neige du dehors (…)
Maupassant, Boule de suif, p. 26.
8 (…) des femmes douces et graves, blanches comme des oublies (…)
Huysmans, En route, p. 23.
b (Poils). || Cheveux, poils blancs. || Barbe blanche. ⇒ Chenu. — ☑ Fig. Se faire des cheveux blancs, du souci. — Être blanc, tout blanc : avoir les cheveux blancs du fait de l'âge. ⇒ Canitie.
8.1 Ainsi les mèches de la princesse de Guermantes, qui quand elles étaient grises et brillantes comme de la soie semblaient d'argent autour de son front bombé, ayant pris à force de devenir blanches une matité de laine et d'étoupe, semblaient au contraire à cause de cela être grises comme une neige salie qui a perdu son éclat.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 940.
♦ Dents blanches. — Faire les yeux blancs : montrer le blanc des yeux (en les levant au ciel).
8.2 Et, comme il la regardait, pris d'une colère blanche, elle partit d'un grand éclat de rire.
Zola, Son Excellence Eugène Rougon, t. II, p. 67.
♦ (1545, in D. D. L.). Spécialt. Dont la peau est peu pigmentée (en parlant des individus appartenant aux races eurasiennes dites races blanches). → aussi ci-dessous, II., C. || Une femme blanche, de race blanche. — Par analogie :
8.3 Et de même si nous pensons que les nègres sentent mauvais, nous ignorons que pour tout ce qui n'est pas l'Europe, c'est nous blancs, qui sentons mauvais. Et je dirai même que nous sentons une odeur blanche, blanche comme on peut parler d'un « mal blanc ».
A. Artaud, le Théâtre et son double, Idées Gallimard, p. 12-13 (1938).
♦ Par ext. || Les quartiers blancs d'une ville (opposés à jaunes, noirs).
3 (Dans des syntagmes caractérisés). a Qui est clair, peu coloré (⇒ Incolore) par rapport à d'autres choses du même genre (souvent qualifiées de noires ou qualifiées par un adj. de couleur).
♦ (Choses naturelles; végétaux, animaux). || Raisin blanc (opposé à noir). — (1611). || Merle blanc (→ Merle, cit. 2 et supra). — Camélia blanc, lilas blanc. || Nénuphar blanc : nymphéa. || Cygnes blancs et cygnes noirs. || Ours blanc (opposé à ours brun, noir). — Vx. || Ambre blanc (opposé à gris), le blanc de baleine. — Ver blanc. ⇒ Ver. || Fourmi blanche. ⇒ Termite. — Poissons blancs (servant d'appât). ⇒ Blanchaille, blanquet (I., 4.).
♦ (Produits alimentaires). || Vin blanc (opposé à rouge, rosé). → ci-dessous, II., B. — Alcools blancs : alcools de fruits non teintés. || Le kirsch, la mirabelle sont des alcools blancs. — Poivre blanc (opposé à gris). || Sucre blanc (opposé à roux). || Viandes blanches, le veau, les volailles (opposé à viandes rouges). || Farine blanche. || Pain blanc (opposé à bis). || Fromage blanc. || Sauce blanche. || Boudin blanc. || Beurre blanc.
9 Tu boiras bien un verre d'eau avec un doigt de vin blanc (…)
H. Bosco, l'Âne Culotte, p. 51.
♦ (Objets fabriqués). || Cire blanche. ⇒ Cold-cream. || Monnaie blanche. || Argent blanc. || Fer blanc. || Métal blanc. || Cuivre blanc. || Fonte blanche. || Couperose blanche : sulfate de zinc. || Arme blanche, non bronzée (par oppos à arme à feu). || Bois blanc. || Filin, cordage blanc, non goudronné. || Les touches blanches d'un piano. || Bille blanche (au billard). ⇒ Blanche (2.). || Encre blanche : encre sympathique. || Verre blanc. — Fig. || Houille blanche : énergie hydroélectrique.
9.1 Quant aux armes blanches, elles avaient été puisées dans le musée d'antiquités, haches de silex, heaumes, masses d'armes, francisques, framées guisardes, pertuisanes, verdiers, rapières, etc., et aussi dans ces arsenaux particuliers, connus généralement sous les noms d'offices et de cuisines.
J. Verne, le Docteur Ox, p. 102.
♦ Mal blanc. || Tumeur blanche. — Pertes blanches. ⇒ Leucorrhée. — Globule blanc. ⇒ Leucocyte.
♦ ☑ Loc. fig. Marquer (cit. 13) un jour d'un caillou blanc, d'une pierre blanche. ☑ Montrer patte (cit. 11) blanche.
♦ ☑ Loc. fig. Une oie (cit. 6 et 7) blanche.
b Spécialt (dans des n. pr.). || La mer Blanche, le mont Blanc (par allus. à la neige, à la glace).
♦ Pères blancs. || Sœurs blanches (cf. Les blancs-manteaux). — Par ext. (couleur symbolique). || Les Russes blancs (opposés à rouges). || Le parti blanc, la Terreur blanche. || La Dame blanche.
4 a (V. 1180; idée de propreté). Dont la couleur blanche n'est pas ternie. ⇒ Net, propre, pur, vierge. || Du linge, des draps blancs. ⇒ Propre; blanchir, blanchisseur.
10 Ah ! grâce aux passions que mon cœur se retranche,
Puisse toute ma vie être une page blanche.
Lamartine, Jocelyn, II, 56.
♦ ☑ Fig. Donner, laisser carte blanche à qqn; avoir carte blanche. ⇒ Carte (cit. 1, 2 et 2.1).
c (XVIIe). Fig. Qui n'est pas souillé, coupable. ⇒ Candide, immaculé, innocent, lilial, pur, virginal. || N'être pas blanc : courir le risque d'être puni. ☑ Sortir blanc, blanc comme neige, acquitté, justifié. || Blanc comme un lis.
11 Quand vos péchés seraient comme l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige; et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils seront blancs comme la laine la plus blanche.
Bible (Sacy), Isaïe, I, 18.
12 Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
La Fontaine, Fables, VII, 1.
♦ Vx. || Bal blanc : bal de jeunes filles.
5 (Idée de manque). Qui n'a pas tous les effets habituels. || Voix blanche, sans timbre (→ Récitation, cit. 2). || Nuit blanche, sans sommeil. || Coup blanc, sans résultat. ☑ Faire chou blanc. || Opération blanche. || Examen blanc. || Mariage blanc, sans union sexuelle. || Jeu blanc. || Saignée, ponction blanche. — Vers blancs, sans rime. || Magie blanche, qui n'a pas recours aux mauvais esprits. — L'écriture blanche.
13 Il faisait de grands efforts pour dominer son trouble et il balbutia d'une voix blanche (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, III, p. 297.
13.1 Ils les initiaient ainsi non par une cérémonie « blanche » mais par le déploiement premier et effectif; par l'étrenne de leur activité créatrice.
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 142.
13.2 Sa voix est légère, comme vidée, c'est peut-être cela qu'on appelle une voix blanche (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 223.
13.3 C'est une voix blanche, détimbrée. Voix blanche, écriture exacte et pure.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 25.
13.4 Pour l'immédiat, elle restera quelques jours à l'hôtel avec sa mère (…) que Rodrigue surtout ne se croie pas obligé de venir la voir; leur mariage sera aussi blanc qu'il le désirera, c'est bien ainsi qu'on dit.
Roger Vailland, Bon pied, bon œil, p. 73.
6 Qui fait la synthèse de toutes les fréquences, dans un intervalle donné. || Bruit (cit. 43) blanc.
7 Techn. || Coupe blanche, coupe à blanc(-)estoc; blanc-estoc (par oppos. à coupe claire et à coupe sombre) : abattage total d'une forêt. ⇒ Blanc-étoc.
8 ☑ Loc. prov. Connu comme le loup blanc. ⇒ Loup. — ☑ C'est blanc bonnet et bonnet blanc : c'est identique, semblable. — ☑ Cousu de fil blanc : évident. — ☑ Manger son pain blanc le premier.
♦ ☑ Prov. Rouge soir et blanc matin, c'est la journée du pèlerin : le couchant rougeoyant et l'aube embrumée annoncent une belle journée, pendant laquelle un marcheur peut parcourir une longue route.
♦ N. ☑ Dire blanc et noir : ne pas prendre parti. — ☑ L'un dit blanc et l'autre noir : ils sont en contradiction. — ☑ Dire tantôt blanc, tantôt noir.
14 Quand je veux dire « blanc », la quinteuse dit « noir » (…)
Boileau, Satires, II.
9 (Emploi adverbial). || Il gèle blanc : il fait de la gelée blanche. — Voter blanc. — Cheval qui boit blanc (→ ci-dessous, II., B., 4. : qui boit dans son blanc). — Laver très blanc. || La lessive X lave plus blanc.
———
II N. m.
A (Le blanc, du blanc).
1 (1080). Couleur blanche. ⇒ Blancheur. || Un blanc cru, éclatant, immaculé; un blanc mat, sale, laiteux. || Blanc cassé, à peine teinté (de gris très clair). || Être d'un blanc de lait, de perles. || Le blanc réfléchit la lumière. — Le blanc, symbole de pureté, d'innocence.
15 Les maisons sont d'un blanc à éblouir et coupées d'ombres fines, rayées comme un burin.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 67.
15.1 (…) la gloire d'un arbre à fruit, l'image la plus tenace qu'il dépose en nous, la plus passionnément contemplée, c'est le souvenir de sa floraison éphémère. Les manchons blancs passés aux bras des cerisiers, le blanc-vert hâtif qui étoile les pruniers, le blanc crémeux hérissé d'étamines brunes des poiriers, enfin les pommiers blancs comme des roses, roses comme la neige à l'aurore — cette écume, ces cygnes, ces fantômes, ces anges, en huit jours naissent, déferlent et s'anéantissent, meurent épars.
Colette, Flore et Pomone, in Gigi, p. 142.
15.2 (« Mais, pensa-t-il encore, est-ce que dans certains pays le blanc n'est pas aussi la couleur de la mort ? »)…
Claude Simon, le Palace, p. 22.
15.3 Alors vient la deuxième aube, le blanc. La lumière commence à se mêler à la noirceur de l'air. Tout de suite elle étincelle dans l'écume de la mer, sur les croûtes de sel des rochers, sur les pierres coupantes au pied du vieux figuier.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 390.
♦ Techn. || Blanc d'argent, d'azur, de Chine, des Indes, de pâte, noms de différents degrés de blancheur (des tissus). || Blanc d'impression, blanc grand teint, petit teint.
♦ (V. 1230). Absolt. Vêtements blancs. || Porter du blanc, être vêtu de blanc (→ Bleu, cit. 12.1). || Un enfant voué au blanc et au bleu (en l'honneur de la Vierge). — (Comm.). Linge blanc (draps, serviettes, etc.). || Exposition, vente de blanc. || La semaine du blanc.
15.4 Ils regardaient attentivement les piles de linge de l'Exposition de Blanc, imitant habilement des montagnes de neige.
N. Sarraute, Tropismes, p. 12.
16 Ils étaient tout vêtus de blanc (…)
Fénelon, Télémaque, IX.
17 (…) les communiantes, le nez en l'air, la bouche grande ouverte, envoyaient vers Dieu des cantiques, et une fillette habillée de blanc distribuait des petits pains chauds à la porte de l'église.
H. Bosco, l'Âne Culotte, p. 9.
♦ ☑ Fig. Aller, passer du blanc au noir : passer d'un extrême à l'autre, changer complètement d'avis.
18 Voilà l'homme en effet, il va du blanc au noir.
Boileau, Satires, VIII.
♦ Vx. || Mettre du noir sur du blanc : écrire. — ☑ Loc. adv. Noir sur blanc : de façon claire, irréfutable. || C'est écrit noir sur blanc. ⇒ Noir (cit. 38).
♦ ☑ Fig., vx. Voir la vie en blanc, la voir avec optimisme (→ mod. Voir la vie en rose).
19 Le duc de Chevreuse toujours équanime, toujours espérant, toujours voyant tout en blanc (…)
Saint-Simon, Mémoires, 322, 209.
♦ En blanc : avec la couleur blanche. || Peint en blanc. || Se mettre en blanc.
♦ ☑ Loc. Hommes en blanc : médecins de cliniques et des hôpitaux, chirurgiens revêtus de la blouse blanche. || Les Hommes en blanc, œuvre d'A. Soubiran.
19.1 — (…) Le bureau des Entrées a enregistré vos dires, je n'ai que faire de votre présence, allez-vous-en.
Non : elle accrochait un des hommes en blanc et réussissait à prendre un ton angoissé :
— Alors, docteur ? C'est grave ? Vous n'allez pas la garder, tout de même ?
A. Sarrazin, l'Astragale, p. 62.
♦ ☑ Loc. Chèque en blanc.
2 ☑ Loc. adv. (XVIe). À blanc : de manière à devenir, à être blanc. || Il a gelé à blanc.
♦ ☑ Chauffer (un métal) à blanc, jusqu'à l'incandescence. — Par ext. || Chauffé à blanc : extrêmement chaud.
19.2 Nous ne sommes pas les premiers à avoir vu la poussière de l'Asie Mineure en été, ses pierres chauffées à blanc, les îles sentant le sel et les aromates, le ciel et la mer durement bleus.
M. Yourcenar, Archives du Nord, p. 44.
♦ (1871, au p. p.). Fig. Exalter (qqn); pousser à l'extrême (des sentiments).
20 Dans la complète solitude où je vécus, je pus chauffer à blanc ma ferveur, et me maintenir dans cet état de transport lyrique hors duquel j'estimais malséant d'écrire.
Gide, Si le grain ne meurt, I, 9.
♦ Anciennt. || Poudré à blanc : entièrement poudré.
21 On voit (…) Caton poudré à blanc et Brutus en panier.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, II, 17.
♦ ☑ Saigner (qqn, un animal) à blanc, en le vidant de son sang. — Fig. Épuiser. || Les impôts saignent à blanc le contribuable.
21.1 La rapacité bourgeoise qu'il tenait de son père, cette hérédité du gain qui l'avait jeté secrètement à des spéculations infimes, dès les premiers sous gagnés, s'étalait aujourd'hui, finissait par faire de lui un terrible monsieur saignant à blanc les artistes et les amateurs qui lui tombaient sous la main.
Zola, l'Œuvre, p. 407.
♦ Spécialt. || À blanc : sans balle. || Cartouche chargée à blanc, sans projectile offensif. || Un coup à blanc, sans charge. || Tirer à blanc. || Tir à blanc. — ☑ Fig. À blanc : sans effet réel, pour essayer. || « Coup d'État à blanc » (l'Express, 21 sept. 1970).
B (Le blanc, un blanc).
1 Partie blanche (de certaines choses). — (XIVe). || Blanc de poulet, de perdrix, la chair blanche de la poitrine. — (V. 1265, li blans d'un uef). || Blanc d'œuf : partie incolore et visqueuse de l'œuf, formée d'albumine. — Absolt. || Battre (cit. 14) des blancs en neige.
♦ Un plat préparé au blanc, poulet au blanc, à la sauce blanche.
♦ Cuis. Mélange d'eau, de farine et de jus de citron utilisé pour cuire des légumes, des abats.
♦ Fam. Vin blanc. || Aimer le blanc. || Boire un coup de blanc. || Préférer le blanc sec. — ☑ Loc. (Vieilli). Être entre le blanc et le clairet, entre deux vins. — Blanc de blanc, blanc de blancs [blɑ̃dəblɑ̃] : vin blanc fait avec du raisin blanc. — Un blanc : un verre de blanc. || Boire un petit blanc au comptoir. || Un blanc-limonade. || Un blanc-cassis. ⇒ Kir.
21.2 J'ai payé un blanc sec à papa et une glace à la pistache à Philippe au Rendez-vous des Pêcheurs.
Yanny Hureaux, la Prof, p. 26-27.
21.3 Palfy couronna sa réussite en commandant un seul vin, un blanc de blanc.
Michel Déon, le Jeune Homme vert, p. 213.
➪ tableau Classification des vins.
♦ (V. 1210). || Le blanc de l'œil. ⇒ Cornée, sclérotique (→ 1. Louche, cit. 3). — ☑ Loc. fig. Regarder qqn dans le blanc des yeux, bien en face. ☑ Se manger le blanc des yeux : se quereller. ☑ (1745, in D. D. L.). Rougir jusqu'au blanc des yeux.
22 Le duc de Chevreuse rougit jusqu'au blanc des yeux, il s'embarrassa, il balbutia (…)
Saint-Simon, Mémoires, 192, 64.
23 On se mange dans Paris le blanc des yeux fort mal à propos.
Voltaire, Lettre à Mme du Deffand, 24 oct. 1772.
24 (…) alors quoi ? dit-elle en le regardant tout à coup dans le blanc des yeux (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, IV, 5, p. 236.
25 Dès qu'il s'animait (…) le blanc de son grand œil chevalin s'injectait d'un peu de sang.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 128.
25.1 Je lui ai dit qu'à douze dollars la tonne, il me prenait pour un couillon et, quand il a compris que je ne rigolais pas, il m'a regardé dans le blanc des yeux comme ceci (…)
G. Simenon, Feux rouges, p. 40 (1953).
♦ Blanc de baleine (vx : ambre blanc). ⇒ Spermaceti.
2 (1306, « marge »). Intervalle, espace libre qu'on laisse dans un écrit. ⇒ Interligne. || Laisser des blancs, de grands blancs dans un manuscrit. — Blanc : surface du papier encore non écrit. || En blanc. || Une procuration en blanc. ⇒ Blanc-seing.
26 Peu de gens sont disposés à signer une confession de foi en blanc (…)
Pascal, les Provinciales, 17.
27 Il n'en sait rien encore, répliqua le diable; il a laissé le nom en blanc.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, I, 38.
28 Les actes seront inscrits sur les registres, de suite, sans aucun blanc.
Code civil, anc. art. 42 (abrogé).
29 Je laissais aux endroits qu'ils (les bibliothécaires) n'avaient pu lire des espaces en blanc (…)
P.-L. Courier, I, 76.
♦ Fig. Espace vide, temps mort.
30 Je voudrais, au cours de la journée, des blancs, des pauses (…)
Gide, Journal, 16 mai 1905.
30.1 Puis il y a eu un blanc, un espace vide, un temps mort de longueur indéterminée pendant lequel il ne se passe rien, pas même l'attente de ce qui viendrait ensuite.
A. Robbe-Grillet, Projet pour une révolution à New York, p. 7.
♦ Bref silence dans une conversation.
30.2 Bonjour. Je reviens.
— Ah, vous êtes au courant ? lui dis-je.
— De quoi ?
— Je vais vous raconter.
— Non. J'arrive.
Un temps. Un blanc. Je demandai, au hasard :
— Pourquoi ? Pierre est en voyage ?
Maurice Clavel, le Tiers des étoiles, p. 126.
♦ Techn. Interruption momentanée d'un programme sonore (bande magnétique, radio) ou visuel (télévision). || « Imaginons qu'il y ait un défaut sur la bande magnétique, une petite zone démagnétisée, un blanc de quelques microns de large, une poussière. Dans les enregistrements normaux, c'est-à-dire analogiques, ce blanc, qu'on appelle aussi “drop-out”, se traduit par un petit bruit parasite désagréable » (Sciences et Avenir, no 373, mars 1978). — Par anal. Support d'informations disponible. ⇒ Vide.
3 (1507). Partie centrale d'une cible. ⇒ Mille (dans le). — Par ext. Vx. La cible elle-même. || Tirer au blanc. || Donner, mettre dans le blanc (Académie).
31 On le voit (…) tirer de l'arc et disputer avec son valet lequel des deux donnera mieux dans un blanc avec des flèches.
La Bruyère, Caractères de Théophraste, « D'une tardive instruction ».
♦ ☑ (1690; de butte en blanc). Loc. fig. Mod. De but en blanc : directement, brusquement, sans préparation. || Aborder qqn, qqch. de but en blanc. ⇒ But (cit. 3).
32 (…) de but en blanc leur parler d'une affaire (…)
Ce serait être maladroit (…)
La Fontaine, Contes, « Joconde ».
33 (…) s'aller marier de but en blanc avec une inconnue (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 6.
4 (Nom de diverses choses caractérisées par la couleur blanche).
♦ Vx. Petite monnaie d'argent.
34 Il me jette sa bourse, il n'y avait que trois ou quatre pièces de six blancs (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XII.
♦ Bot. Maladie des plantes caractérisée par des efflorescences blanches qui recouvrent les organes aériens, les racines. || Blanc des céréales, de la vigne, du rosier. ⇒ Oïdium. — Blanc de champignon : mycélium de l'agaric champêtre, utilisé pour propager les champignons de couche. || Blanc de Hollande : variété de peuplier blanc. — Blanc d'eau : nénuphar blanc.
♦ Pêche. Hareng de conserve. — Petits poissons servant d'appât (syn. : poissons blancs). ⇒ Blanchaille.
♦ ☑ Fig. (Hippol.). Cheval qui boit dans le blanc, qui boit son blanc, qui a le tour de la bouche blanc.
5 (V. 1340, blanc d'Espaigne). a Matière colorante, qui sert à peindre. || Une porte passée au blanc. || Badigeonner de blanc un mur. || Un blanc laqué. || Blanc de calamine. || Blanc de zinc : oxyde de zinc. || Blanc d'albâtre : chaux réduite en poudre. || Blanc de chaux. || Blanc de Senlis, de Carmes, de Meudon, d'Espagne. ⇒ Calcédoine, craie, mastic. || Mettre du blanc à une queue de billard. || Blanc d'argent, de plomb : sous-carbonate de plomb. ⇒ Céruse.
35 Il m'a donné sa recette pour imprimer les panneaux, cartons ou toiles : colle de peau et blanc d'Espagne, appliqués à la brosse et unis au papier de verre.
E. Delacroix, Journal 1823-1850, 7 févr. 1847, t. I, p. 261.
b Vx. || Blanc de fard : poudre blanche pour se farder.
36 Ces eaux, ces blancs, ces pommades,
Et mille ingrédients qui font des teints fleuris.
Molière, l'École des femmes, III, 2.
37 Sa toilette devint une grande affaire; tout le monde sut qu'il mettait du blanc (…)
Rousseau, les Confessions, IX.
c Techn. || Blanc optique : matière colorante bleutée utilisée pour donner l'impression de la blancheur, dans la fabrication du papier, du tissu, etc. ⇒ Azurant. || En l'absence de coloration au blanc optique, les surfaces blanches paraissent jaunâtres.
C N. (1678, La Fontaine). || Blanc, blanche : personne de race blanche (→ ci-dessus, cit. 8.3). || « La plus belle blanche » (→ Large, cit. 3). || Les Blancs du sud des États-Unis.
38 (…) il y a sept lunes que les blancs de la Virginie se sont emparés de nos terres.
Chateaubriand, Atala, Épilogue.
39 Moins le blanc est intelligent, plus le noir lui paraît bête.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 692.
♦ Les pauvres Blancs (calque de l'angl. des États-Unis poor white), les petits Blancs : dans les pays dont la population est majoritairement non blanche, les Blancs dont le niveau de vie est bas, comparable à celui des autochtones (en français d'Afrique noire, des Antilles, etc., ou en parlant de divers pays d'Afrique et d'Amérique).
40 Les affranchis, en butte aux vexations des petits blancs, appelèrent, en 1793, Port-au-Prince Port-aux-Crimes.
♦ La traite des Blanches, trafic de femmes blanches destinées à la prostitution.
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III n. f. || Blanche.
1 Boule blanche (au billard).
41 Ça n'sert à rien d'être aux as, ta blanche, c'est comme si t'avais peau d'balle dans ton morlingue, pisqu'y a pas d'marchands.
H. Barbusse, le Feu, t. II, II, XV, p. 5.
42 L'héro, la M, la blanche et le H, toutes ces cames me devinrent familières.
Martin Rolland, la Rouquine, p. 100.
3 Régional. Eau-de-vie blanche, marc.
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CONTR. Noir. — Écrit, foncé, malpropre, obscur, sale, sombre.
DÉR. Blanchaille, blanchâtre, blanche, n., blanchement, 1. blanchet, 2. blanchet; blancheur, blanchir, blanchoyer. — V. Blanquette.
COMP. Blanc-bec, blanc-étoc, blanchecaille, blanc-manger, blanc-manteau, blanc-nez, blanc-seing. Fer-blanc.
Encyclopédie Universelle. 2012.