1. rose [ roz ] n. f.
• v. 1140; lat. rosa
A ♦
1 ♦ Fleur du rosier, d'une odeur suave, ornementale, dont le type primitif est d'un rouge très pâle. Roses rouges, blanches, jaunes; roses(-)thé, d'un jaune pâle rosé. Roses de Provins, de Bulgarie. Roses anciennes, anglaises. Rose pompon. Rose sauvage. ⇒ églantine. Bouton, pétale de rose. — Offrir des roses, une gerbe de roses à qqn.
♢ Essence (⇒ nizeré) , huile de roses (⇒ rosat) . Eau de rose : essence de roses diluée dans l'eau. Fig. Un roman, un film... à l'eau de rose, conventionnel, sentimental et mièvre. Ratafia de roses (⇒ 2. rossolis) . Confiture de roses.
♢ Loc. Être frais, fraîche comme une rose : avoir un teint éblouissant, l'air reposé. Ne pas sentir la rose : sentir mauvais. — Fam. Envoyer qqn sur les roses. — Découvrir le pot aux roses. PROV. Pas de roses sans épines.
♢ DE ROSE. ⇒ 2. rose. « L'aurore aux doigts de rose » (trad. d'Homère). — Bois de rose : bois de placage de couleur rosée utilisé en ébénisterie et en marqueterie, provenant surtout d'un arbre du genre Dalbergia (palissandres). « Un bonheur du jour en bois de rose » (Gautier). Adj. Un pull bois de rose.
2 ♦ Nom courant de quelques fleurs. Rose trémière. Laurier rose. Rose de Noël. ⇒ ellébore (noir). Rose de Jéricho. — Rose d'Inde : variété d'œillet d'Inde, de grande taille. ⇒ tagète.
B ♦ (Par anal. de forme)
1 ♦ Grand vitrail circulaire. ⇒ rosace. « La grande rose de la façade répercutait à l'autre bout de la nef son spectre éblouissant » (Hugo).
2 ♦ (1678) ROSE DES VENTS : étoile à 32 divisions (aires du vent), donnant les points cardinaux et collatéraux, représentée sur le cadran d'une boussole, sur les cartes marines, etc. — Spécialt Diagramme étoilé indiquant la fréquence et la direction des vents.
3 ♦ (1690) Diamant en rose ou rose : diamant taillé en facettes par-dessus et plat au-dessous.
4 ♦ Rose de sable, des sables : cristallisation de gypse, en forme de rose, dans le Sahara.
rose 2. rose [ roz ] adj. et n. m.
• v. 1165; de 1. rose
1 ♦ Qui est d'un rouge très pâle, comme la rose. ⇒ rhod(o)-. Joues roses. Flamant rose. Crevette rose. Radis rose. — Couleur rose. « Le blanc rose, à peine teinté » (Zola). ⇒ rosé. Devenir, rendre rose. ⇒ roser, rosir. Son visage devenait rose, tout rose. ⇒ roseur, rosissement.
♢ Loc. Ce n'est pas rose, pas tout rose : ce n'est pas gai, pas agréable (difficultés, corvées).
2 ♦ Qui a rapport au commerce sexuel tarifé, à la pornographie. Messageries roses du minitel, où s'échangent des messages érotiques. Téléphone rose.
3 ♦ (par allus. à la rose, emblème du parti socialiste) Socialiste. La vague rose.
4 ♦ N. m. Couleur rose (formée de rouge et de blanc). Rose vif; rose pâle, passé, fané, rose tendre. Vieux rose. Rose mauve (⇒ lilas) ; rose orangé, saumoné (⇒ saumon) . — Rose bonbon, rose indien, vif. Être habillé de rose.
● rose nom féminin (latin rosa) Fleur du rosier, caractérisée par ses nombreux pétales parfumés. Architecture Grande baie circulaire, ou partie circulaire d'une grande baie, subdivisée par un remplage décoratif et le plus souvent munie de vitraux. (C'est une amplification de l'oculus, surtout développée par l'architecture religieuse gothique.) Bijouterie Diamant dont le dessus est taillé à facettes et le dessous plat. (On dit aussi diamant en rose.) Héraldique Fleur stylisée à cinq pétales, ornée d'un bouton central. Musique Synonyme de rosace. ● rose (citations) nom féminin (latin rosa) Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 La rose naît du mal qu'a le rosier. Mais elle est la rose. Le Roman inachevé Gallimard Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise. Les Tragiques Théodore de Banville Moulins 1823-Paris 1891 « Cherchez les effets et les causes », Nous disent les rêveurs moroses. Des mots ! des mots ! cueillons les roses ! Les Cariatides Malcolm de Chazal Vacoas 1902-Port-Louis 1981 La rose, c'est les dents de lait du soleil. Sens plastique Gallimard André de Chénier Constantinople 1762-Paris 1794 À peine ouverte au jour, ma rose s'est fanée. Élégies Émile Michel Cioran Răşinari, près de Sibiu, 1911-Paris 1995 Shakespeare : rendez-vous d'une rose et d'une hache […]. Syllogismes de l'amertume Gallimard Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Pour connaître la rose, quelqu'un emploie la géométrie et un autre emploie le papillon. L'Oiseau noir dans le soleil levant Gallimard Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Poésies diverses, LVIII, Stances à Marquise Du Parc Charles Cros Fabrezan, Aude, 1842-Paris 1888 Je suis un homme mort depuis plusieurs années ; Mes os sont recouverts par les roses fanées. Le Collier de griffes, Fantaisies tragiques abbé Jacques Delille Clermont-Ferrand 1738-Paris 1813 Académie française, 1774 Le pré qui donne aux bœufs sa riante verdure, D'une grasse litière attend la fange impure, Et des sels du fumier se forment en secret Le parfum de la rose et le teint de l'œillet. Poème des Trois Règnes Marceline Desbordes-Valmore Douai 1786-Paris 1859 J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir […] Respires-en sur moi l'odorant souvenir. Poésies posthumes Henri Duvernois 1875-1937 Les roses […] ne savent pas, elles, qu'elles se faneront. Beauté Flammarion Bernard Le Bovier de Fontenelle Rouen 1657-Paris 1757 Si les roses, qui ne durent qu'un jour, faisaient des histoires […], elles diraient : « Nous avons toujours vu le même jardinier ; de mémoire de rose on n'a vu que lui […], assurément il ne meurt point comme nous, il ne change seulement pas. » Entretiens sur la pluralité des mondes écrivaient l'histoire Jean Froissart Valenciennes 1333 ou 1337-Chimay après 1404 Mon cœur s'ébat en odorant la rose Et s'éjouit en regardant ma dame. Trop mieux me vaut l'une que l'autre chose. Mon cœur s'ébat en odorant la rose. Poésies Jean Giono Manosque 1895-Manosque 1970 La notion de péché est en complet désaccord avec la rose des vents. Ennemonde Gallimard Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le cèdre ne sent pas une rose à sa base, Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds. La Légende des siècles, Booz endormi François de Malherbe Caen 1555-Paris 1628 Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin. Stances Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz, dit O. V. de L. Milosz Tchereïa, Lituanie, 1877-Fontainebleau 1939 Une rose pour l'amante, un sonnet pour l'ami […]. Les Sept Solitudes, Une rose pour… Jouve Alfred de Musset Paris 1810-Paris 1857 Vous êtes comme les roses du Bengale, Marianne, sans épines et sans parfum. Les Caprices de Marianne, II, 1, Octave Honorat de Bueil, seigneur de Racan Aubigné, aujourd'hui Aubigné-Racan, 1589-Paris 1670 Académie française, 1634 Les destins sont jaloux de nos prospérités, Et laissent plus durer les chardons que les roses. Sonnet, À Mgr le duc de Guise Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil, A point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Odes, À Cassandre, I, 17 Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Sur tout parfum j'aime la Rose. Odes, V, 12 Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain. Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie. Sonnets pour Hélène Paul Verlaine Metz 1844-Paris 1896 Ah, quand refleuriront les roses de septembre ! Sagesse, III, 3 Messein Lucien de Samosate Samosate, Syrie, vers 125-vers 192 Ils ne voient pas la rose, mais ils scrutent attentivement les épines de la tige. Comment il faut écrire l'histoire, 28 Théocrite Syracuse vers 300-vers 250 avant J.-C. La rose est belle, et le temps la flétrit. Idylles, XXIII, 28 (traduction Legrand) Henry Louis Mencken Baltimore, Maryland, 1880-Baltimore, Maryland, 1956 Un idéaliste est quelqu'un qui, remarquant qu'une rose sent meilleur qu'un chou, conclut qu'elle fera une meilleure soupe. An idealist is one who, on noticing that a rose smells better than a cabbage, concludes that it will also make better soup. Chrestomathy, 617 William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Qu'y a-t-il en un nom ? Ce que nous nommons rose, sous un autre nom, sentirait aussi bon. What's in a name ? that which we call a rose By any other name would smell as sweet. Roméo et Juliette, II, 2, Juliette ● rose (difficultés) nom féminin (latin rosa) Orthographe On écrit de l'huile de roses, de l'essence de roses, de la confiture de roses, avec rose au pluriel, mais de l'eau de rose, avec rose au singulier. ● rose (expressions) nom féminin (latin rosa) À l'eau de rose, fade, mièvre : Roman à l'eau de rose. Être frais comme une rose, avoir l'air reposé. Familier. Ne pas sentir la rose, sentir mauvais. Rose de compartiment, compartiment décoratif circulaire dans un pavement ou un parquet. Rose de Jéricho, petite plante des régions sèches d'Afrique du Nord et du Proche-Orient, à racine pivotante portant des rameaux étalés. (Ces rameaux, à la fin de la période de végétation, se replient sur eux-mêmes, en boule, sous l'effet de la sécheresse. Quand arrivent les pluies, ils s'étalent à nouveau comme s'ils étaient en vie et projettent les graines aux alentours.) [Nom scientifique anastatique.] Rose de Noël, rose d'hiver, noms usuels de l'hellébore noir. Rose trémière, malvacée commune dans les jardins, pouvant dépasser 2 m de haut et porteuse de très grandes fleurs de couleurs diverses. Rose d'or, bouquet de roses en or, béni par le pape le quatrième dimanche de carême avant d'être offert à des souverains ou à des églises. Rose des vents, représentation graphique des trente-deux aires de vent, montée sur l'équipage magnétique d'un compas de marine. Rose des sables, concrétion de gypse, de couleur jaune ou rose, qui se forme par évaporation dans les régions désertiques. Eau de rose, eau de toilette préparée au cours de la distillation de l'huile essentielle de rose. Bois de rose femelle, bois jaune verdâtre très odorant, dont la distillation donne l'essence de rose. Bois de rose mâle, palissandre à bois veiné jaune et rose, à grain fin, dur et lourd, employé en ébénisterie, tabletterie et placage. ● rose (synonymes) nom féminin (latin rosa)
Synonymes :
- Musique. rosace
● rose
adjectif
(de rose)
Qui a une couleur rouge clair, semblable à celle de la rose commune : Des étoffes roses.
Avec un adjectif ou un nom qui en précise la nuance, rose forme des adjectifs composés invariables : Des tons rose clair.
Dont les idées politiques sont socialistes ou progressistes, sans être révolutionnaires (par opposition à rouge).
Qui a rapport au sexe, au commerce charnel (et, le cas échéant, au commerce charnel tarifé, vénal) : Messageries roses.
● rose
nom masculin
Couleur rose.
● rose (difficultés)
adjectif
(de rose)
Accord
1. Rose, adjectif de couleur, s'accorde : des maillots roses. Il reste invariable en composition avec un autre adjectif ou avec un nom qui précise la nuance : des écharpes rose clair, vieux rose ; des foulards rose bonbon.
2. Comme nom de couleur, rose s'accorde : des roses de plusieurs nuances. Voir grammaire : adjectifs de couleur.
● rose (expressions)
adjectif
(de rose)
Ne pas être rose, se dit de ce qui n'est pas agréable.
Rose de l'arête, se dit d'un poisson cuit de telle façon que la chair près de l'arête reste rosée.
Rose bonbon, d'une couleur rose vif.
Rose thé, d'une couleur jaune rosé.
Vieux rose, d'une couleur d'un rose atténué.
● rose (expressions)
nom masculin
Voir tout en rose, voir la vie en rose, voir tout en beau, voir le bon côté des choses.
(mont) massif des Alpes, à la frontière de la Suisse (Valais) et de l'Italie (Piémont); il culmine au pic Dufour (4 634 m), le deuxième sommet des Alpes.
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adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d De la couleur, entre rouge et blanc, de la rose commune. Des robes roses.
d2./d Loc. fig. Ce n'est pas rose: ce n'est pas réjouissant.
rII./r n. m.
d1./d Le rose: la couleur rose.
d2./d Fig. Voir la vie en rose, voir tout en rose: être très optimiste.
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n. f.
rI./r
d1./d Fleur du rosier. Rose thé, d'un ocre pâle.
|| Eau de rose: essence de rose étendue d'eau.
— Fig. à l'eau de rose: d'une sentimentalité mièvre et convenue.
|| Loc. être frais comme une rose: avoir le teint frais et vermeil.
d2./d Nom de diverses fleurs.
— Rose d'Inde: tagète.
— Rose trémière: plante ornementale (Althaea rosea, Fam. malvacées), à haute tige et aux grandes fleurs colorées souvent panachées. Syn. primerose.
|| (Afr. subsah.) Rose de porcelaine: fleur cultivée des régions tropicales aux pétales rouges ou roses très épais.
— Rose de bois: fruit d'une liane tropicale ressemblant à une rose en bois.
rII./r Par anal.
d1./d Grande baie circulaire, ornée de vitraux, des églises et des cathédrales gothiques. Syn. rosace.
d2./d Diamant taillé en facettes, à culasse plane.
d3./d Rose des sables: concrétion siliceuse évoquant les pétales d'une rose, que l'on trouve dans les déserts sableux.
d4./d Rose des vents: étoile représentée sur les compas, les cartes marines, etc., dont les trente-deux branches (dites aires de vent) donnent les points cardinaux et intermédiaires, divisant la circonférence en trente-deux rhumbs de 110 15' chacun.
d5./d Bois de rose: bois précieux de plusieurs arbres d'Amérique du Sud utilisé en ébénisterie et en marqueterie.
I.
⇒ROSE1, subst. fém.
I. — BOTANIQUE
A. — Fleur du rosier, de la famille des Rosacées, généralement odoriférante, dont l'espèce type comporte un calice ovale ou arrondi, une corolle de cinq pétales d'un rouge très pâle à l'origine, de nombreuses étamines, et dont on a tiré d'innombrables variétés quant aux formes et aux coloris. Rose en bouton, fanée, flétrie; rose cultivée, sauvage; rose simple, double; roses grimpantes, en buisson; épine(s), feuille(s), pétale(s) de rose; bouquet, couronne, guirlande de roses; odeur, parfum de roses; porter une rose à la boutonnière, à la main. Il pétrit la fleur dans ses puissantes petites mains, lui arracha des pétales, rebordés et sanguins (...) [ma mère] applaudissait, des yeux et de la voix, au massacre de la rose (COLETTE, Sido, 1929, p. 46):
• 1. C'est fini des belles grosses roses bourgeoises, bien portantes, à la façon de la baronne Prévost. Aujourd'hui, l'horticulture cherche la rose alanguie, aux feuilles floches et tombantes. Dans ce genre est exposée une merveille: la rose appelée Madame Cornelissen, une rose à l'enroulement lâche, au tuyautage desserré, au contournement mourant, une rose où il y a dans le dessin comme l'évanouissement d'une syncope, une rose névrosée, la rose décadente des vieux siècles.
GONCOURT, Journal, 1887, p. 679.
— [Variétés de roses] Rose blanche, jaune, rouge; rose de(s) chien(s) (synon. églantine); rose à cent feuilles; rose de Damas, de Provins, de Syrie. Il y avait deux espèces de roses fourmillantes et odorantes; les roses rouges débordant le mur de la terrasse (...); les autres blanches minuscules poussaient sur un petit arbre (JOUVE, Paulina, 1925, p. 214). Ses mains étaient encombrées de roses de Bengale, que nous lui avions offertes une par une, selon l'usage de la famille (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 177).
♦ En compos. Rose-mousse. Synon. de rose mousseuse (v. mousseux1 A en partic.). Elle voudrait voir partir son mari sous les fleurs (...)! Vous qui avez de si belles roses-mousse, Madame Colette... — Mes roses-mousse! Quelle horreur! Sur un mort! (COLETTE, Sido, 1929, p. 45). Rose-thé. Rose d'un ocre pâle. Les lierres, les clématites et les roses-thé qui s'enchevêtraient sur les murs (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 289).
♦ Rose pompon.
— P. métaph. À chaque battement de ton cœur, le mien te verse ses trésors, j'effeuille sur toi toutes les roses de mon âme comme les enfants les sèment devant l'autel au jour de la fête de Dieu (BALZAC, Contrat mar., 1835, p. 330). Les roses heureuses de l'adolescence (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 182).
B. — [Utilisations de la rose]
1. ALIM. Confiture, conserves de roses, ratafia de roses. Les confitures, qui étaient du sorbet à la rose, n'obtinrent qu'un succès d'estime (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 86).
2. PARFUMERIE, PHARM. Distillation de pétales de roses; pommade à la rose; huile de rose(s); sirop de roses pâles. Bien des cavaliers vendent leur manteau pour en jouer le prix, moi, je troquerais le mien contre un flacon d'essence de roses (BOREL, Champavert, 1833, p. 238).
— Eau de rose. Loc. fig. À l'eau de rose.
— Pot aux roses. Récipient contenant de l'essence de roses. (Ds LITTRÉ). Loc. fig. Découvrir le pot aux roses.
C. — [Représentations de la rose]
1. DÉCOR., PEINT. Roses en papier, en satin, en soie. Des roses peintes par Elstir, Proust disait déjà qu'elles étaient une « variété nouvelle dont ce peintre, comme un ingénieux horticulteur, avait enrichi la famille des roses » (BACHELARD, Poét. espace, 1957, pp. 15-16).
2. RELIG. Rose d'or. Bijou en or représentant une rose, béni par le pape le 4e dimanche de carême et envoyée, en certaines circonstances, à un souverain ou une souveraine catholique. Vous lui avez donné la rose d'or, suprême honneur que le Saint-Siège n'accorde qu'à ses enfants insignes (MONTHERL., Malatesta, 1946, II, 4, p. 471).
D. — [Symbolisme de la rose] ,,Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident (...). Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut (...). Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l'amour (...) la renaissance mystique`` (Symboles 1969). L'éternelle aventure de l'Adonis universel, de cette rose du monde qui se flétrit et refleurit sans cesse (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p. 312):
• 2. La rose est comme le plaisir, son charme est le délire d'un moment (...). La rose commande le plaisir, elle convient à la joie, elle peut fleurir dans nos jardins. (...). La rose est connue des voluptueux...
SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 101.
1. Spécialement
a) HISTOIRE
) La guerre des Deux-Roses, la guerre de la Rose rouge et de la Rose blanche. Au XVe s., guerre civile entre la maison de Lancastre (symbolisée par une rose rouge) et la maison d'York (symbolisée par une rose blanche), qui se disputaient la possession de la couronne d'Angleterre. J'ai analysé (...), sur le tableau de l'Angleterre, la fameuse guerre de la Rose rouge et de la Rose blanche (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 371). « ... Qu'est-ce que c'était que la guerre des Deux-Roses! » Pan! collée du premier coup! Je ne sais pas quinze mots sur la guerre des Deux-Roses (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 221).
) HIST. CONTEMP., POL. La rose (au poing). Emblème, symbole du parti socialiste français. Le bonheur et l'orgueil naturels qui éclatent, depuis dimanche, dans le parti de la rose ne masqueront pas longtemps que cette élection fut, si l'on peut dire, plus perdue par les uns que gagnée par les autres (Le Point, 11 mai 1981, p. 59, col. 1-2).
b) LITT. MÉDIÉV. Le Roman de la Rose. Poème allégorique du XIIIe s., en deux parties, dont la première fut composée par Guillaume de Lorris, et la seconde par Jean de Meung. [Le] roman philosophique, satirique ou allégorique comme le Roman de la Rose ou le Roman de Renart (Civilis. écr., 1939, p. 30-3).
c) MUS. Le Chevalier à la Rose. Œuvre lyrique, en trois actes de Richard Strauss. Le succès du Chevalier à la Rose (der Rosenkavalier) créé à Dresde le 26 janvier 1911 devait dépasser encore celui des deux ouvrages précédents (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 170).
2. [P. réf. à certaines qualités propres à la rose]
a) [P. réf. à la couleur de la rose, traditionnellement d'un rouge pâle et délicat] Les roses du teint; lèvres, visage de rose; bois de rose (ébénist.). Luce, légère comme un angora blanc, gentille avec ses boucles molles et mobiles, son teint de rose fraîche (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 286).
— Loc. métaph.
♦ Teint de lis et de roses. V. lis A 2 en fonction de déterm.
♦ Être frais comme une rose. Avoir une mine reposée, resplendissante. Le jeune seigneur est aussi vivant (...) que vous et moi. Il est frais comme une rose (A. FRANCE, Balth., Abeille, 1889, p. 269).
♦ Voir (la vie, les choses...) couleur de rose(s). Voir tout sous un aspect agréable, gai. Vous ne connaissez pas ces pénibles incertitudes, Monsieur. La vie est couleur de rose pour vous (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 72).
b) [P. réf. à l'odeur suave de la rose] Ne pas sentir la rose. Sentir (très) mauvais. Ah! triste chose que l'humanité. Incarcérée, elle ne sent pas la rose. Dehors, libérée, elle emboucane, elle fouette à vomir (ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 221).
c) [P. réf. à l'agrément, au plaisir que procure la rose] Avec la chère certitude que me donne votre lettre, tous les malheurs de ma vie me semblent des roses, et je puis sourire à bien des martyres (BALZAC, Lettres Étr., t. 2, 1842, p. 30).
— Loc. métaph. Être (couché) sur des roses, sur un lit de roses. Être dans une situation confortable, agréable. [Les contemporains de Schiller] ne manquent pas de lui dire à leurs manières, sous toutes les formes:Et moi donc, suis-je sur des roses? (QUINET, All. et Ital., 1836, p. 33).
♦ P. antiphr. Vieilli. Être sur les roses. Être dans une situation inconfortable, déplaisante. (Ds REY-CHANTR. Expr. 1979). Fam. Envoyer (qqn) sur les roses. Envoyer promener, se débarrasser de (quelqu'un). Mon excuse est de n'avoir pas fait de philo, alors ces choses m'amusent, mais je n'ai personne avec qui en parler, on m'envoie vite fait sur les roses (CAVANNA, Les Yeux plus grands que le ventre, Paris, P. Belfond, 1983, p. 228).
♦ Jeter des roses sur (qqc.); joncher, semer (qqc.) de roses. Rendre (quelque chose) plus facile, plus supportable. Tous deux ils s'endormirent dans le même rêve, et Charles commença dès lors à jeter quelques roses sur son deuil (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 163). L'existence des musiciens d'orchestre est donc semée d'à peu près autant de roses que celle des artistes des chœurs (BERLIOZ, Grotesques mus., 1869, p. 12).
♦ Tout n'est pas roses (vieilli). Tout n'est pas plaisant, séduisant. Nous régnerons, va, mon mignon! Mais tout ne sera pas roses pour nous jusqu'au moment où nous ferons nos volontés! il n'y a rien de si difficile pour un roi que de régner! (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 131).
— Loc. proverbiales
♦ Il n'est point de (si belle) rose qui ne devienne gratte-cul (vieilli).
♦ Il n'y a pas de roses sans épines. V. épine C 1 b.
♦ Le chardon gagne à fréquenter la rose. Un caractère désagréable s'améliore au contact d'une personne aimable. Nous causerons, nous rirons, et ensuite nous irons goûter la bière de mars; cela te convient-il? — Soit, fit David, j'y consens, le chardon gagne toujours à fréquenter la rose (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 141).
d) [P. réf. à la floraison, à l'épanouissement, puis à la flétrissure de la rose]
) [P. allus. au poème de Ronsard: « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie »] Dans un cont. métaph. Agréments, plaisirs (éphémères) qu'offre la vie. Le temps fane en vain les roses sur nos têtes; Le temps éteint toutes les fêtes (DESB.-VALM., Élégies, 1833, p. 164).
) [P. allus. au poème de Malherbe: « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses... »] La femme dans l'éclat de sa jeunesse, de sa beauté. Couché entre ces jeunes filles, la plénitude de ce que j'éprouvais (...) débordait de mon immobilité et de mon silence, en flots de bonheur dont le clapotis venait mourir aux pieds de ces jeunes roses (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 910).
e) [La rose (partic. la rose blanche), symbole de pureté]
) Fam. Virginité. Cueillir la rose d'une jeune fille; perdre sa rose. On avait surpris dans son pupitre, entre les feuilles de l'atlas, Julie ou comment j'ai sauvé ma rose, le livre licencieux prêté par Édouard (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 200). Voir FRANCE 1907.
) RELIG. CATH. Rose mystique. ,,Un des titres donnés à la Vierge Marie par ses Litanies`` (Foi t. 1 1968). [Raphaël] l'a revêtue [la Madone] de toutes les délicieuses perfections que lui prêtent les litanies: Étoile du matin, Rose mystique, Porte d'ivoire (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 33).
II. — P. anal. (d'aspect)
A. — BOT. [Sert à désigner diverses fleurs évoquant plus ou moins la rose] Laurier-rose. Passe-rose. Rose trémière ou primerose.
1. [Rose + subst. indiquant l'aspect, la couleur] Rose rubis. Variété de renonculacée. (Ds LITTRÉ). Rose pivoine. Pivoine. (Ds QUILLET 1965).
♦ Rose des Alpes. Variété de rhododendron. (Ds LITTRÉ).
♦ Rose de Cayenne. Variété d'hibiscus. Synon. ketmie changeante. (Ds QUILLET 1965).
♦ Rose de Chine. Variété d'hibiscus. Pécuchet se procura le lilas des Indes, la rose de Chine et l'eucalyptus (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 33).
♦ Rose de Gueldre. Viorne ou boule de neige. (Ds BAILLON t. 3 1891, LITTRÉ, QUILLET 1965).
♦ Rose d'Inde. Tagète ou œillet d'Inde (d'apr. GRESSENT, Créat. parcs et jardins, 1891, p. 949).
♦ Rose du Japon. Camélia. Nous avons vu, en simple couronne fixée au bas de la forme d'un chapeau de paille à bords entiers, une mosaïque de roses. On y avait mêlé la rose du Japon, la rose mousse, la rose à cent feuilles (Obs. modes, t. 9, 15 sept. 1823, p. 408).
♦ Rose de Jéricho (ou des sables). Genre de Cruciféracée. Synon. anastatique1. C'est là que des moines (...) apportent — pour le commerce des reliques — les morceaux de la vraie croix (...) les roses de Jéricho, arides et ligneuses (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 71).
♦ Rose de Sibérie. Variété de rhododendron. (Ds BAILLON t. 3 1891, QUILLET 1965).
3. [Rose + de + subst. indiquant une période de l'année] Rose de Noël, rose d'hiver. Ellébore noir. Avançons lentement dans ce sombre mois de décembre. Il pleut. J'attends les roses de Noël (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1935, p. 19).
B. — Spéc. [Sert à désigner divers objets, produits de la nature ou réalisations humaines, dont l'aspect rappelle plus ou moins celui de la rose]
1. ARTS et INDUSTR.
a) ARCHIT., DÉCOR.
) Petit ornement circulaire placé sous les plafonds des corniches ou sur le tailloir des chapiteaux corinthiens (d'apr. JOSSIER 1881, HAVARD 1890).
) Grand vitrail, ensemble de vitraux de forme circulaire décorant le portail ou le transept d'une église. Synon. usuel rosace. Ces belles roses (fenêtres rondes garnies de brillants vitraux cramoisis, verts, bleus) (...) n'étaient encore, lorsqu'on bâtit Saint-Étienne de Nevers, qu'un petit œil-de-bœuf fort étroit (STENDHAL, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 38). C'est dans les provinces de l'Île-de-France et de la Champagne que les roses ont le plus d'étendue et sont composées avec le plus de savoir et de goût. Cependant on ne saurait passer sous silence les belles roses de la cathédrale de Chartres, qui datent de la première moitié du XIIIe siècle, et qui sont si remarquables par leur style et leur exécution (VIOLLET 1875).
) Rose de compartiment. ,,Ornement formé au milieu d'un pavé de marbre ou d'un parquet de menuiserie, et entouré d'une figure circulaire`` (Ac. 1835-1935).
b) INDUSTR. TEXT.
) Grande rose. Linge damassé fabriqué en Flandre et en Basse-Normandie (d'apr. Mots rares 1965; ds Lar. 19e et dict. XXe s.).
) Marque ronde qui était laissée par le teinturier à l'extrémité de l'étoffe, pour indiquer les couleurs ayant servi de fond. (Dict. XIXe et XXe s.).
c) JOAILL. En rose. Dont la taille présente une partie supérieure facettée et une partie inférieure plate. P. méton. Le diamant ainsi taillé. Voir Catal. jouets (Louvre), 1936.
d) MARINE
♦ Rose du gouvernail. Partie des ferrures du gouvernail. (Ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
♦ Rose des vents. Étoile placée sur le compas, sur le cadran d'une boussole, sur une carte marine, et représentant les trente-deux divisions de la circonférence correspondant aux trente-deux aires de vent. La boussole devenait pratiquement utilisable et, équipée d'une rose des vents divisée en 32 rumbs, était transformée en un compas qui allait changer du tout au tout les conditions de la navigation (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 139).
e) MUS. Ouverture circulaire située au centre de la table d'harmonie de certains instruments à cordes (guitare, luth, mandoline, etc.). Une de ses particularités [d'une viole] était la perce d'une rose dans la table, au centre, entre les deux ouïes (BRENET Mus. 1926, p. 475). Voir SCHAEFFNER, Orig. instrum. mus., 1936, p. 7.
2. SCIENCES
a) ASTRON., GÉOGR. Rose des vents. ,,À une station et pour une période données, diagramme étoilé indiquant les fréquences relatives des diverses directions du vent, en tenant compte, éventuellement, de groupes de vitesses du vent`` (Hydrol. 1978).
b) HÉRALD. Fleur stylisée de l'écu, comportant cinq pétales arrondis et un bouton central, et dont l'émail est généralement de gueules. Dès que Morel eut ouvert le cachet:Atavis et armis, chargé d'un léopard accompagné de deux roses de gueules, il se mit à lire (PROUST, Sodome, 1922, p. 1066).
c) MINÉRALOGIE
♦ Rose de pierres. ,,Concentration superficielle de pierres de quelques décimètres de diamètre, formées de fragments aplatis redressés et disposés concentriquement autour d'un caillou (...) ou d'un petit bloc`` (Géomorphol. 1979).
♦ Rose des sables, du désert. ,,Association de cristaux de gypse lenticulaires disposés comme les pétales d'une rose [qui] se forment par remontée et évaporation d'eaux minéralisées, surtout en Afrique du Nord`` (DE MICH. 1972). Le gypse se présente aussi en masses fibreuses, saccharoïdes et concrétionnées (roses des sables) (J. AUBOUIN, R. BROUSSE, J.-P. LEHMAN, Précis de géol., 1 Pétrol., 1975, p. 105).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1140 « fleur du rosier » (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 266); 2. 1360 rose d'outremer (Invent. d'Anjou, n ° 515 ds GAY t. 2); XIVe s. roses sauvages « églantines » (Moamin, éd. H. Tjerneld, IV, 33, 4); 1562 rose de Jericho (A. DU PINET, Hist. du monde, t. 2, p. 334); 1660 rose d'Inde (OUDIN Fr.-Esp.); 1803 rose de Noël (BOISTE); 1823 rose du Japon « camélia » (ibid.); 1842 rose d'hiver (Ac. Compl.); 3. 1552 fig. un front de rose (RONSARD, Amours, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 21); 1557 teint de rose (O. DE MAGNY, Souspirs, éd. Courbet, p. 24); 1685 l'Aurore aux doigts de rose, cf. le gr. homérique ' (LA FONTAINE, Le Remède ds Contes, éd. G. Couton, p. 368); 4. 1228 eve rose (JEAN RENART, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 4265); ca 1393 eaue rose (Ménagier, II, 252 ds T.-L.); ca 1480 eau de rose (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 40012); 1739 fig. (VOLTAIRE, Lettre au pr. roy. de Pr., 1er juin ds LITTRÉ: c'est une pièce toute d'amour, toute distillée à l'eau rose des dames françaises); 5. 1694 bois de rose (CORNEILLE); 1909 id. adj. « couleur » (La Mode illustrée, 28 nov., p. 576a ds QUEM. DDL t. 16). B. 1. 1461 se baigner en roses « éprouver un vif plaisir » (GEORGES CHASTELLAIN, Chroniques ducs de Bourgogne, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 154); 2. 1578 les roses de la vie « ses plaisirs, ses charmes » (RONSARD, Second livre des Sonnets pour Hélène, éd. M. Smith, p. 148); 3. 1626 cueillir la rose « prendre la virginité d'une fille » (SOREL, Francion, éd. E. Roy, t. 3, p. 179); 4. 1611 nulle rose sans épine (COTGR.); 1651 il n'est point roze sans epine (SCARRON, Virgile travesty, l. VI, p. 122); 5. 1640 c'est la plus belle rose de son chapeau « le plus grand honneur, le plus grand avantage » (OUDIN Curiositez); 6. 1666 être sur un lit de roses (LA FONTAINE, Oraison de St Julien ds Contes, p. 82); 1844 être sur des roses (BALZAC, Paysans, p. 98); 1961 envoyer qqn sur les roses « éconduire » (J. CAU, Pitié de Dieu, Paris, Gallimard, p. 28); 7. 1801 voir tout couleur de rose « tout considérer avec optimisme » (E. DESPRÉAUX, in Les Dîners du Vaudeville, n ° 47, thermidor an 9, p. 24 ds QUEM. DDL t. 19). C. 1. 1380 « ornement en forme de la fleur » (Invent. de Charles V ds HAVARD 1890); id. rose d'or (ibid. ds LABORDE); 2. 1634 rose « étoile à 32 divisions représentée sur une boussole, des cartes marines » (E. CLEIRAC, Explic. des termes de marine ds JAL); 1678 rose des vents (GUILLET, 3e part.); 3. 1689 « marque ronde que le teinturier laisse au bout de l'étoffe » (Règlem. sur les manuf., Teinturiers en laine, art. 34 ds LITTRÉ); 4. 1690 « baie circulaire garnie de vitraux dans une église » (FUR.); 5. 1723 grande rose « linge damassé fabriqué en Flandre et en Normandie » (SAVARY t. 1, p. 546); 6. id. diamant en rose (ibid., p. 1694); 1740 diamant rose (Ac.); 1752 « diamant taillé par dessus en facettes et plat en dessous » (Trév. Suppl.); 7. 1736 rose du gouvernail « femelot des ferrures du gouvernail » (AUBIN); 8. 1923 rose des sables (Lar. univ.). Empr. au lat. rosa « rose (fleur), rosier ». Bbg. Archit. 1972, p. 78. — LOMMATZSCH (E.). Blumen und Früchte im altfranzösischen Wörterbuch. In: [Mél. Wilhelm (J.)]. Z. fr. Spr. Lit. 1966, t. 76, pp. 314-320. — QUEM. DDL t. 19. — SPITZER (L.). Fleur et rose, synon. par position hiérarchique. In: [Mél. Menendez Pidal]. Madrid, 1950, pp. 135-155.
II.
⇒ROSE2, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif
A. — Qui présente une teinte d'un rouge très pâle (comme la rose commune). Étoffe, mousseline, satin, soie rose; papier, peinture rose; chemisier, jupe, robe, ruban rose; chaussons (de danse) roses; brume, ciel, nuage rose; couleur, reflet rose. Tout le ciel fut une grande voûte rose. Un nuage de flamants passa, tirant vers les étangs impériaux (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 568). Elle lui a prêté un couvre-lit brodé qu'elle avait autrefois dans sa chambre, deux coussins, des rideaux roses assortis à la couleur du papier dont Adrien vient de tapisser les murs (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 219).
♦ Eau rose. Synon. vieilli de eau de rose. [Les femmes] firent grand usage des épices que les Vénitiens commencèrent à tirer de l'Orient, ainsi que des eaux parfumées qui étaient fournies par les Arabes, de sorte que le poisson fut quelquefois cuit à l'eau rose (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 273).
Loc. fig. À l'eau rose. Sans énergie, mièvre. Synon. à l'eau de rose. Morbleu! nous sommes des conspirateurs à l'eau rose (...). Nous perdons le temps en fadaises politiques (DUMAS père, Henri III, 1829, I, 7, p. 137).
1. [P. méton.], [pour indiquer la prédominance de cette teinte dans la décor., l'habill.] Ce qui redoubla ma peur, ce fut de voir la dame rose faire signe à Pierrette, qui devint toute rouge et n'osa pas bouger (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 92). Elle aura la chambre rose, je dirai à Marthe de lui donner la chambre rose (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 93).
2. En partic.
a) [Pour qualifier la couleur de l'épiderme d'une pers., gén. avec une connotation de jeunesse, de bonne santé] Bras, mains, ongles roses; bouche, joues, lèvres roses; peau, teint rose. Elle était très jolie, rose et blonde, avec de magnifiques yeux bleus (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 74):
• 1. ... Césarine, fraîche et rose comme une jeune fille est rose et fraîche à dix-huit ans, blonde et mince, les yeux bleus, offrait au regard de l'artiste cette élasticité, si rare à Paris, qui fait rebondir les chairs les plus délicates, et nuance d'une couleur adorée par les peintres le bleu des veines dont le réseau palpite dans les clairs du teint.
BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 102.
b) [Pour qualifier une espèce, une variété partic. d'animaux, de plantes, d'objets, etc., désignée par le subst.] Bruyère rose; flamant rose; granit, quartz rose. Du persil, du cerfeuil, de la petite chicorée, des petits radis roses (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 231). Les crevettes roses, les crevettes grises, dans des bourriches, mettaient, au milieu de la douceur effacée de leurs tas, les imperceptibles boutons de jais de leurs milliers d'yeux (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 698).
— Loc. prép. et méton.
) [Qualifie une chose ou un ensemble de choses]
♦ Bibliothèque rose. V. bibliothèque B spéc.
♦ Pages roses [P. allus. au Petit Larousse] Pages (centrales ou finales) de couleur rose, renfermant les locutions latines et étrangères les plus usuelles. Consulter les pages roses. Le fameux « rien » reçoit une consécration internationale. Les académies et les faiseurs de dictionnaires lui feront place dans les dictons des pages roses (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 133).
♦ Période, époque rose (d'un peintre). Période où la couleur dominante de ses toiles est le rose. Aux murs, des Picasso de la période rose, et une esquisse érotique de Fragonard (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 257). L'œuvre sculpté de Picasso est un équivalent de son œuvre peint. On y trouve des répliques de ses tableaux des époques rose, nègre, etc. (Arts et litt., 1936, p. 18-5).
) [Qualifie un ensemble de pers.] Ballets roses. V. ballet.
B. — Au fig.
1. [Gén. opposé à noir (v. ce mot I B)] Agréable, gai; qui considère ou évoque certains événements avec un parti-pris d'optimisme. Tout n'est pas rose; conte, roman rose. Chaque fois qu'il se donnait quelque part une pièce bien noire avec un dénouement tout rose (HALÉVY, Mariage amour, 1881, p. 75):
• 2. Le hasard est aussi (...) le maître de l'humour et par conséquent, dans une époque qui n'est pas rose, dans l'époque où nous vivons, où une belle action consiste à se faire enlever les deux bras dans un combat, le maître de l'humour-qui-n'est-pas-rose, de l'humour noir...
ÉLUARD, Donner, 1939, p. 137.
2. HIST. CONTEMP., POL. [P. anal. avec la couleur rouge, symb. du communisme, et p. allus. à une atténuation de cette doctrine, symbolisée par la couleur rose] Qui a trait au socialisme, au parti socialiste. Sur les 266 élus du P. S. de la marée rose du 21 juin, seuls un peu plus d'un tiers ont déjà une expérience parlementaire (Le Nouvel Observateur, 22 juin 1981, p. 25, col. 2).
II. — Subst. masc. La couleur rose. Le rose d'une étoffe, d'une robe, du teint. Sa tête pure, mais froide, semblait une copie en cire de la tête du Méléagre ou de l'Antinoüs. Le rose de ses lèvres et de ses joues avait l'air d'être produit par du carmin et du fard (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 152). Trois teintes du ciel: gris, rose, bleu. (...) Le rose s'éteint, se confond avec le gris. Le bleu étend son empire (RENARD, Journal, 1901, p. 680).
A. — P. méton. Étoffe rose. Porter du rose, s'habiller de/en rose. Deux jours après, Musette se réveillait dans un boudoir tendu de rose (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 175). Au sommet d'une échelle double, se posait (...) une svelte femme vêtue de rose vif (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 160).
B. — [Rose est accompagné d'un adj. ou d'un subst. qui en précise la nuance] Rose clair, cru, éteint, fané, pâle, passé, tendre, vif; rose bleuté, orangé; vieux rose; rose indien; rose bonbon, cerise, fuchsia, saumon; rose-thé (v. rose1). La tenture de soie rose pâle, un rose turc fané, broché de fils d'or (ZOLA, Nana, 1880, p. 1348). Des reflets dansaient sur les murs laqués, rose brique, nus jusqu'à la frise de liserons chocolat (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 770).
— CHIM. Rose Bengale. Colorant, utilisé notamment en peinture, en pharmacie (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972, Méd. Flamm. 1975). Pour obtenir une laque rose, on emploie un mélange d'éosine bleuâtre et de rose bengale (COFFIGNIER, Manuel peintre, 1925, p. 38).
C. — Au fig. Voir l'avenir, l'existence, la vie... (tout) en rose. Considérer l'avenir, l'existence, la vie... d'une manière (excessivement) optimiste. N'imagine pas que ce soit là un tableau de fantaisie que j'invoque exprès pour t'épouvanter. Je ne vois pas systématiquement l'avenir en noir, mais je ne le vois pas en rose non plus; je vois juste (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 287). Une femme très-bonne et parfaitement dévouée, qui me remercie chaque jour de l'avoir épousée, qui voit, grâce à moi, l'avenir tout en rose (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 216).
REM. 1. Roselle, subst. fém. Grive rouge. Les roselles d'Asie aux plumages de saphir (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 375). 2. Rosement, adv., hapax. (En) tirant légèrement sur le rose. La jolie face si mignonne, si rosement blanche (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 143). 3. Rosin, -ine, adj., hapax. Synon. de rosé. Il lui faudrait Ismène dont la joue Passe la neige et la couleur rosine Que le matin laisse sur la colline (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 128).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « qui a la couleur rouge clair » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 5531); 1852 rose thé (GAUTIER, Émaux, p. 53); 1909 rose saumon (La Mode illustrée, 3 oct., p. 457 ds QUEM. DDL t. 16); 2. 1809 tout n'est pas rose (Les Méditations d'un hussard, xj-xij, ibid., t. 19); id. voir tout en rose (BRAZIER, in Le Chansonnier du vaudeville, V, p. 8, ibid.). Empl. adj. de rose1.
STAT. — Rose1 et 2. Fréq. abs. littér.:9 415. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8 317, b) 18 520; XXe s.: a) 17 719, b) 12 363.
BBG. — GALL. 1955, p. 95, 437 (s.v. rose rose). — QUEM. DDL t. 5 (s.v. voir la vie en rose), 15 (s.v. rose-lèpre; rose-vineux), 19, 20 (s.v. rose shocking), 21 (s.v. rose-fané), 30 (s.v. rose mauve).
1. rose [ʀoz] n. f.
ÉTYM. 1155; lat. rosa.
❖
1 Fleur du rosier, d'une odeur suave, ornementale, dont le type primitif est d'un rouge très pâle (⇒ Rosier). — Spécialt. La fleur du rosier horticole, provenant de la transformation des étamines en pétales. || Roses rouges, vermeilles (→ Fleurir, cit. 2), roses, blanches, jaunes (→ Bassin, cit. 6). || Roses-thé, d'un jaune pâle rosé (→ Carmin, cit.). || Rose mousseuse ou rose à cent feuilles; rose de Provins, de Bulgarie. || Roses anciennes. || Roses anglaises. || Rose pompon. || Rose sauvage. ⇒ Églantine. || Pétales de roses. || Les épines (cit. 11) de la rose. || Rose en bouton, bouton (cit. 3) de rose (→ Neigeux, cit. 1). || Rose fraîche (1. Frais, cit. 16) éclose. || Rose épanouie (cit. 23); flétrie, fanée, défeuillée (cit. 2). || La rose blanche, symbole de la virginité de Marie. || Mai, le mois des roses. || « Une rose d'automne (cit. 1) est plus qu'une autre exquise » (d'Aubigné). || La culture des roses dans un rosarium. || Jardin rempli de roses. ⇒ Roseraie, et aussi rosarium. || Étude des roses. ⇒ Rhodographie. — Bouquet (→ Fleuriste, cit. 1), gerbe (cit. 4) de roses. || Offrir des roses. || Porter une rose à la boutonnière, au corsage, dans les cheveux, au chapeau. || Couronne de roses. — Odeur de roses (→ Humer, cit. 7). || Une rose qu'on respire et qu'on jette (→ 1. Livre, cit. 33, Musset). — Allus. littér. || Mignonne, allons voir si la rose… (→ Déclore, cit., Ronsard). || Le Roman de la Rose. || La rose de l'Infante, poème de Hugo (la Légende des siècles). || Le Chevalier à la rose (Der Rosenkavalier), œuvre lyrique de Richard Strauss. || La guerre des Deux-Roses, guerre civile pour la possession de la couronne d'Angleterre (1454-1485). — La rose, emblème du parti socialiste, en France (→ aussi 2. Rose, I., 3.).
1 Beaux enfants, vous perdrez la plus
Belle rose de vos (votre) chapeau (…)
Villon, le Testament, « Belle leçon aux enfants perdus ».
2 Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose;
La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur;
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.
Ronsard, Second livre des Amours, II, IV.
3 (…) ces dernières roses de l'arrière-saison, dont la vue fait plaisir, mais dont les pétales ont je ne sais quelle froideur, et dont le parfum s'affaiblit.
Balzac, Eugénie Grandet, Pl., t. III, p. 502.
4 — (…) Vous êtes comme les roses du Bengale, Marianne, sans épine et sans parfum.
A. de Musset, les Caprices de Marianne, II, 4.
5 La rose y abonde (…) Je m'intéresse à son prodigieux, son inépuisable don de métamorphose, qui suit la mode horticole. Dans les jardins de mon enfance on la prisait énorme, et franchement rose. Portant sa tête raide, elle écoutait sans faiblir les longs cantiques du mois de Marie (…)
Colette, Prisons et Paradis, p. 121.
6 (…) la rose est, par excellence, la fleur de la volupté, l'emblème cher à Vénus. Ce mois de mai qui lui est consacré est aussi le mois des roses.
Louis Bertrand, le Livre de la Méditerranée, L'Afrique latine, II.
♦ Par ext. Rosier portant des fleurs. || Champ, broussailles (→ Fourré, cit. 1), espalier de roses (→ Parallèlement, cit. 1). || Greffer (cit. 2) une rose sur un églantier.
♦ La rose, aromate utilisé dans diverses préparations. — … de rose(s). || Essence de roses (⇒ Nizeré). || Huile de roses (⇒ Rosat). || Eau de rose : essence de roses diluée dans l'eau (→ Parfum, cit. 2). || Ratafia de roses (⇒ 2. Rossolis). || Confiture de roses.
➪ tableau Noms de remèdes.
♦ ☑ Loc. Être frais, fraîche comme une rose : avoir un teint éblouissant.
7 (…) elle n'était plus d'âge à sortir de son lit fraîche comme une rose et elle avait besoin tous les matins d'être longtemps enfermée en particulier devant que d'être en état de paraître en public.
Scarron, le Roman comique, II, XVIII.
♦ ☑ Loc. prov. Pas de roses sans épines : toute joie comporte une peine, toute entreprise présente des difficultés.
♦ ☑ Ne pas sentir la rose : sentir mauvais. ☑ Être couché sur un lit de roses : vivre dans la mollesse. ☑ Le pli d'une rose. — ☑ Fam. (et par antiphrase). Envoyer qqn sur les roses : envoyer au diable, rembarrer quelqu'un.
8 Tu iras l'inviter à danser ? Oui. Probable qu'elle m'enverra sur les roses.
J. Cau, la Pitié de Dieu, p. 28.
9 — Vous savez, ne croyez pas que je me jette à la tête de n'importe qui, comme ça… Il y a des tas de types qui me font des propositions. La plupart, je les envoie sur les roses. Vous me croyez ? — Oui.
J.-L. Curtis, le Roseau pensant, p. 201.
♦ ☑ Découvrir le pot aux roses. ⇒ Pot. — ☑ Un roman, un film à l'eau de rose, conventionnel, sentimental et mièvre. ⇒ Eau.
2 Par métaphore. a Littér. (En parlant d'une jolie jeune fille). || « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin » (→ Destin, cit. 13, Malherbe). — REM. Selon certains, le manuscrit porterait : « Et Rosette a vécu ce que vivent les roses ». — « La rose à la parfin devient un gratecu » (→ Gratte-cul, cit. 1, Ronsard). || « Rose ce soir, demain flétrie » (1. Flétrir, cit. 21, Musset). — (V. 1460; en parlant des plaisirs, et, spécialt, de ceux de l'amour). || « Cueillez dès aujourd'hui (cit. 1) les roses de la vie » (Ronsard). — || « Elle allait moissonnant (cit. 3) les roses de la vie » (Hugo). — (En attribut). || Tout n'est pas rose, tout n'est pas roses (→ 2. Rose, I., 2.). — (1607; en parlant de la jeunesse). || « À peine ouverte au jour, ma rose s'est fanée » (cit. 9, Chénier). || L'holocauste (cit. 6) de ses premières roses (Baudelaire).
c ☑ Poét., vieilli. Un teint de lis et de roses. || Les roses et les lis (1. Lis, cit. 7 et 8) d'une belle.
d Couleur de rose : rose (adj.). — ☑ (1801). Loc. Voir tout couleur de rose : voir tout en rose. ⇒ 2. Rose (supra cit. 6.1).
10 Que m'importent à moi ces grâces fugitives de la vie que l'âge décolore et détruit, et qui effeuillent leurs roses passagères au courant de toutes les brises, et au midi de tous les soleils ? (…)
Charles Nodier, Contes, « Fée aux miettes », XIV.
11 Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront,
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Corneille, Poésies diverses, 7.
♦ Bois de rose : bois de placage de couleur rosée utilisé en ébénisterie et en marqueterie, provenant surtout d'un arbre du genre Dalbergia (palissandre). || Un bonheur-du-jour en bois de rose (→ Merveille, cit. 3). Adj. (pour désigner une couleur). || Ensemble bois de rose.
11.1 (…) les jeunes paysans endimanchés, sans pardessus, le col de leurs vestons bleu roi ou bois de rose relevé (…)
Claude Simon, le Vent, p. 42.
3 Imitation, image d'une rose (en décoration). || Rose en papier (→ Frisotter, cit. 1), artificielle. || Rose en soie, en velours. || Jarretières (cit. 3) ornées de roses. || Mobilier décoré de petites roses (→ Fourre-tout, cit. 1). — (XIVe). || Rose d'or : bijou béni par le pape au dimanche de Lætare (Dominica rosarum), et offert à un souverain, un prince.
➪ tableau Termes de blason.
4 (Qualifié; nom courant de quelques autres fleurs). || Rose trémière (althæa). || Laurier-rose. ⇒ Laurier. || Rose de Noël. ⇒ Ellébore (noir). || Rose d'Inde : variété d'œillet d'Inde, de grande taille. ⇒ Tagète. || Rose de Jéricho : anastatique. || Rose de serpent : ellébore fétide. || Rose de Chine : hibiscus. || Rose de Gueldre : viorne.
B (Par anal. de forme).
1 (1690). Grand vitrail circulaire. ⇒ Rosace. || La grande rose de la façade de Notre-Dame (→ Reluire, cit. 1).
2 ☑ (1678). Rose des vents : étoile à 32 divisions (aires du vent), donnant les points cardinaux et collatéraux, représentée sur le cadran d'une boussole, sur les cartes marines, etc. || Directions du Nord (N.), du Nord-Ouest (N.-O.), du Nord-Nord-Ouest (N.-N.-O.) et N.-N.-O. 1/4, indiquées par la rose des vents. ⇒ 2. Quart, rhumb (→ aussi Atermoyer, cit. 1; compas, cit. 4).
12 Sur ce mur fait de vieilles planches, s'étalait la grande rose-des-vents qu'il avait peinte (…) Étoilée de trente-deux pointes, celle-ci faisait rayonner trente-deux vents multicolores entre quatre points cardinaux. Vers le Nord filait une flèche qui, de bas en haut, transperçait la rose. L'empennage marquait le Sud et le fer aigu le Septentrion. À l'Est, riait un soleil rond, à l'Ouest pleurait une lune.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 48.
3 (1690). || Diamant en rose ou rose : diamant taillé en facettes par-dessus et plat au-dessous.
4 (1923). || Rose de sable, rose des sables : cristallisation de gypse, en forme de rose, dans le Sahara. — On a désigné ces cristallisations par l'expression rose du Souf.
13 Sur la route d'El Oued, nous avons cueilli de ces étranges fleurs minérales qu'on nomme Roses du Souf et qui sont, grises comme le sable, un peu de sable conglutiné.
Gide, Journal, 11 avr. 1896 (Feuilles de route).
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DÉR. Rosace, rosacé, 1. rosage, 2. rose, roseraie, 1. rosette, 1. rosier, 1. rosière. V. Rosaire.
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2. rose [ʀoz] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1160; de 1. rose.
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I Adj. (placé après le n.).
1 Qui est d'un rouge très pâle, comme la rose. ⇒ Rhodo-. || Joues roses (→ Doré, cit. 2); teint rose (→ Illuminé, cit. 19); mine (1. Mine, cit. 16) fraîche et rose; chair rose (→ Fossette, cit. 2). || Un petit enfant rond et rose comme un radis (→ Emplir, cit. 1). || Ciel rose (→ Frimaire, cit. 2). || Grès rose (→ Glissant, cit. 2; orangerie, cit. 1). || Chanvre rose (→ Miel, cit. 3). || Bruyères roses (→ Lande, cit. 2). || Cochon rose. || Faveur (cit. 21), chemise, culotte, maillot (cit. 7), combinaison rose. — « Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer » (→ Baiser, cit. 24, Rostand). || « Sur trois marches (cit. 1) de marbre (cit. 2) rose », poème de Musset. — Couleur rose. ⇒ 1. Rose (couleur de rose). || Marron (cit. 6) rose. ⇒ Rosé. — Devenir, rendre rose. ⇒ Rosir. || Son visage devenait rose. ⇒ Roseur, rosissement.
1 L'aurore grelottante en robe rose et verte
S'avançait lentement sur la Seine déserte (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », CIII.
➪ tableau Désignations de couleurs.
♦ (Dans des syntagmes figés, classant le nom). || Radis rose (→ 2. Pêcher, cit. 11). || Flamant rose (→ Occasion, cit. 10). || Crevette rose (→ Nouveau-né, cit. 5).
♦ Eau rose : eau de rose (→ Cassolette, cit. 1).
♦ Bibliothèque Rose : collection de livres pour les enfants (reliés en rose). → aussi 2., ci-dessous.
2 (…) à l'âge où l'adolescence méprise les livres de la Bibliothèque Rose, je pris goût à leur charme enfantin, alors qu'à cette époque je ne les aurais voulu lire pour rien au monde.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 13.
♦ Papier rose. || Les pages roses (du Petit Larousse), celles qui contiennent les locutions et citations étrangères, latines, grecques ou modernes.
3 Comme quoi la fréquentation des pages roses est souvent plus utile que celle des commissariats de police.
René Fallet, le Triporteur, p. 437.
2 a (Av. 1835, Académie). Fig. De nature sentimentale, agréable; qui évoque des événements heureux, évite les sujets pénibles (et travestit la réalité). || Un roman rose, une histoire rose. || Pièces roses et pièces noires, de Jean Anouilh.
♦ ☑ Loc. Ce n'est pas rose, ce n'est pas tout rose : ce n'est pas gai, pas agréable. || La vie n'est pas rose pour elle. — (1809). || Tout n'est pas rose. — ☑ Fam. Ne pas l'avoir (tout) rose.
3.1 Lucien commit la faute de se plaindre. — Ah ! tout n'est pas rose, répondit Finot (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 862.
3.2 Elle ne l'avait pas rose non plus : deux filles pas bien fortes, toujours une malade, et le souci de faire avec pas grand'chose.
M. Aymé, le Passe-Muraille, p. 248.
b Érotique (dans quelques syntagmes). || Ballets roses. — Les messageries roses du minitel, le minitel rose, où s'échangent des messages érotiques. || Presse, télévision rose, érotique ou pornographique (« soft »).
3 (Par allus. à la rose, emblème socialiste et à rouge, attaché au communisme, le socialisme étant vu comme un « rouge » atténué; les connotations entraînées par le sens 2, a donnent souvent à cet emploi une valeur ironique). Qui évoque le socialisme. || Le pouvoir rose.
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II N. m. Couleur rose (formée de rouge et de blanc). || Rose indien, rose vif. || Rose pâle, passé, fané, rose tendre. || Vieux rose. || Rose mauve (⇒ Lilas); rose orangé, saumoné (⇒ Saumon). — Rose chair, rose bonbon, rose saumon. || « Ce costume, fait en drap rose saumon, est composé d'une jupe ronde et d'un paletot long » (la Mode illustrée, 3 oct. 1909). — Par plais. || Rose fesse (M. Aymé, le Vin de Paris, p. 165). — (1870). || Être habillé de rose, d'étoffe rose.
4 La vie rieuse du rose s'épanouissait ensuite : le blanc rose, à peine teinté d'une pointe de laque, neige d'un pied de vierge qui tâte l'eau d'une source; le rose pâle, plus discret que la blancheur chaude d'un genou entrevu (…) le rose franc, du sang sous du satin, des épaules nues, des hanches nues, tout le nu de la femme, caressé de lumière; le rose vif, fleurs en boutons de la gorge, fleurs à demi ouvertes des lèvres (…)
Zola, la Faute de l'abbé Mouret, II, VI.
5 Et les manches étaient doublées d'un rose cerise, qui est si particulièrement vénitien qu'on l'appelle rose Tiepolo.
Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. II, p. 395.
6 Est-ce qu'avec cette aubépine et (cette) épine rose s'associa le souvenir de ce fromage à la crème blanc qui, un jour qu'il y avait écrasé des fraises, devint rose, du rose à peu près de l'épine rose, et resta pour lui la chose délicieuse qu'il jouissait le plus à manger (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 331-332.
♦ ☑ (1809, in D. D. L.). Voir la vie en rose, voir tout en rose, du bon côté, avec optimisme (opposé à noir).
6.1 Au milieu, l'Empereur, dans une apothéose
Bleue et jaune, s'en va, raide, sur son dada
Flamboyant; très heureux, — car il voit tout en rose,
Féroce comme Zeus et doux comme un papa (…)
Rimbaud, Poésies, XXI.
7 Tenant à voir la vie en rose dès l'instant de son réveil, Schahnidjar exigeait de Ghîriz une aubade quotidienne destinée à chasser doucement de son cerveau la pâle théorie des beaux songes.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 369.
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DÉR. et COMP. Rosaniline, rosâtre, rosé, roselet, roselle, roséole, 2. rosette, roseur, 2. rosière, rosir. V. Roser.
Encyclopédie Universelle. 2012.