cité [ site ] n. f.
1 ♦ (fin XVIIe) Antiq. Fédération autonome de tribus groupées sous des institutions religieuses et politiques communes. « La Cité antique », œuvre de Fustel de Coulanges. Les rivalités des cités grecques. Les dieux de la cité. — DROIT DE CITÉ : droit d'accomplir les actes, de jouir des privilèges réservés aux membres de la cité. Loc. (1829) Avoir droit de cité : avoir un titre à être admis, à figurer. « tout a droit de cité en poésie » (Hugo).
♢ Littér. La cité : l'État, considéré sous son aspect juridique, la communauté politique. Les lois de la cité. ⇒ état, nation, patrie, république.
2 ♦ Cour. Ville importante considérée spécialement sous son aspect de personne morale. ⇒ ville. Une cité commerçante. La vie dans les grandes cités (⇒ mégalopole; urbain) . — Archéol. Cité lacustre.
3 ♦ (XIVe) Partie la plus ancienne d'une ville. Lutèce naquit dans l'île de la Cité. La cité de Londres, de Carcassonne.
4 ♦ Loc. (1848) CITÉ OUVRIÈRE : ensemble de logements économiques destinés aux familles ouvrières. Cité minière. ⇒ coron. — CITÉ-JARDIN,pourvue d'espaces verts. Des cités-jardins. — CITÉ UNIVERSITAIRE, pour loger les étudiants à proximité d'une faculté. — CITÉ-DORTOIR. ⇒ dortoir. — Cité de transit, d'urgence : ensemble de logements provisoires pour les sans-abri. — À Québec, Cité parlementaire, abritant le Parlement.
♢ Groupe d'immeubles, de tours, muni d'équipements (parkings, aires de jeux, commerces). « C'est une véritable cité en elle-même, avec des dizaines d'immeubles, grandes falaises de béton gris debout sur les esplanades de goudron » (Le Clézio). Les cités de banlieue. La cité des 4 000, à La Courneuve. Les jeunes des cités.
5 ♦ Agglomération de pavillons et de jardins en retrait d'une grande artère. ⇒ villa. La cité des Fleurs, à Paris.
⊗ HOM. Citer.
● cité nom féminin (latin civitas, -atis) Dans l'Antiquité, communauté politique dont les membres (les citoyens) s'administraient eux-mêmes. Agglomération formant un ensemble homogène, une unité historique, architecturale, etc. : Paris est une magnifique cité. Quartier le plus ancien de quelques villes (avec une majuscule) : Notre-Dame de Paris est dans la Cité. Nom donné à des ensembles d'immeubles, de maisons formant un tout homogène ou ayant une même destination : La cité fleurie. ● cité (citations) nom féminin (latin civitas, -atis) Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 Cités ivres de sang, et encore altérées, Qui avez soif de sang, et de sang enivrées, Vous sentirez de Dieu l'épouvantable main : Vos terres seront feu, et votre ciel d'airain. Les Tragiques Théophile Gautier Tarbes 1811-Neuilly 1872 Tout passe. — L'art robuste Seul a l'éternité, Le buste Survit à la cité. Émaux et camées Isocrate Athènes 436-Athènes 338 avant J.-C. L'âme de la cité n'est rien d'autre que la constitution, qui a le même pouvoir que dans le corps la pensée. Aréopagitique, 14 (traduction G. Mathieu) Pindare Cynoscéphales, près de Thèbes, 518 avant J.-C.-Argos ? 438 avant J.-C. Il est aisé d'ébranler une cité ; les plus vils manants en sont capables. Mais la rétablir en son état, voilà qui est difficile, si la divinité ne vient, comme un bon pilote, diriger les rois. Quatrième Pythique, 272-274 Abraham Cowley Londres 1618-Chertsey 1667 Dieu fit le premier jardin et Caïn la première cité. God the first garden made, and the first city Cain. The Garden ● cité (difficultés) nom féminin (latin civitas, -atis) Orthographe Mots composés avec cité. On écrit avec un trait d'union cité-dortoir, cité-jardin, mais sans trait d'union : cité ouvrière, cité universitaire, cité d'accueil, cité d'urgence. - Plur. : des cités-dortoirs, des cités-jardins ; des cités ouvrières, des cités universitaires, des cités d'accueil, des cités d'urgence. ● cité (expressions) nom féminin (latin civitas, -atis) Avoir droit de cité, pouvoir être admis dans un domaine déterminé. Cité céleste, cité sainte, cité de Dieu, séjour des bienheureux. Cité lacustre, synonyme de palafitte. Cité linéaire, ville qui se développe en longueur, parallèlement à une route. (La cité linéaire a été théorisée à la fin du XIXe s. par l'urbaniste espagnol Arturo Soria y Mata.) Cité ouvrière, agglomération de logements économiques pour les ouvriers. Cité sainte, ville honorée par les fidèles d'une religion (Rome et Jérusalem pour les chrétiens, La Mecque pour les musulmans). Cité de transit, ensemble d'habitations affectées au logement provisoire de certaines familles, en attendant des mesures d'insertion sociale à leur égard. Cité universitaire, organisme rassemblant pavillons d'habitation, restaurants, terrains de sport, bibliothèques et destiné à assurer aux étudiants des conditions matérielles confortables ainsi qu'à favoriser la compréhension mutuelle des cultures. Droit de cité, ensemble des privilèges qui étaient attachés à la qualité de citoyen d'une cité antique. ● cité (homonymes) nom féminin (latin civitas, -atis) citer verbe ● cité (synonymes) nom féminin (latin civitas, -atis) Agglomération formant un ensemble homogène, une unité historique, architecturale, etc.
Synonymes :
- ville
Cité lacustre
Synonymes :
Cité
n. f.
d1./d Centre urbain, ville.
|| Cité de Dieu, cité céleste: séjour des bienheureux.
d2./d Partie la plus anc. d'une ville.
d3./d Groupe de logements. Cité ouvrière. Cité universitaire.
— Cité-dortoir: V. dortoir.
d4./d ANTIQ Communauté politique souveraine et indépendante. Les cités grecques.
— Mod. Avoir droit de cité quelque part, y être admis.
————————
Cité
(île de la) île de la Seine, à Paris, la plus ancienne de Paris.
⇒CITÉ, subst. fém.
I.— Communauté politique indépendante.
A.— [Dans l'Antiq. et au Moy. Âge] Groupe d'hommes libres constituant une société politique indépendante, ayant son gouvernement, ses lois, sa religion et ses mœurs propres. La cité antique; les cités grecques; les dieux protecteurs de la cité. Il faut bannir de notre République les souvenirs des cités républicaines de la Grèce ou de l'Italie du Moyen Âge (Les Fondateurs de la 3e République, Ferry, 1885, p. 244) :
• 1. Un certain nombre de familles, indépendantes et sans lien entre elles, se partageaient le pays; chacune d'elles formait une petite société que gouvernait un chef héréditaire. Puis ces familles se groupèrent et de leur association naquit la cité athénienne.
FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, p. 309.
— Droit de cité. Jouissance de tous les droits de citoyen, de membre d'une cité, avec les privilèges qui en découlent :
• 2. Dans les républiques de l'Antiquité, la petitesse du territoire faisait que chaque citoyen avait politiquement une grande importance personnelle. L'exercice des droits de cité constituait l'occupation et pour ainsi dire l'amusement de tous. Le peuple entier concourait à la confection des lois, prononçait les jugements, décidait de la guerre et de la paix.
CONSTANT, De l'Esprit de conquête, 1813, p. 204.
♦ Ell. La cité. En accordant la cité à la plupart des Italiens, Rome ne terminait pas la guerre; elle l'introduisait dans ses murs (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 173).
— P. ext. Jouissance des droits politiques suivant les lois du pays (cf. G. LEFEBVRE, La Révolution fr., 1963, p. 499).
— Au fig. Droit d'admission dans un domaine :
• 3. ... avoir donné droit de cité si égal à chacun de tous mes désirs, les avoir si semblablement accueillis, que tous à présent, à la même heure, prétendent à la première place.
GIDE, Feuillets, 1893, p. 47.
B.— P. anal., mod. [Dans la terminol. jur.] Ensemble des citoyens constituant un corps indépendant soumis à des lois propres. Synon. État, nation, république. Directions démocratiques de la Cité du Vatican (L. DAUDET, Bréviaire du journ., 1936, p. 106).
— [Souvent empl. avec l'art. déf., au sens gén.] Les lois de la cité; la famille et la cité. Synon. patrie. L'homme, élément politique, membre de la cité (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 248) :
• 4. Cher concitoyen — car il n'y a qu'une cité, et en attendant la République universelle, l'exil est une patrie commune — vous avez une grande pensée. J'y adhère avec empressement et joie.
HUGO, Correspondance, 1855, p. 218.
• 5. Elles ne se désintéresseront plus des questions vivantes du monde : ce qui était monstrueux, car il n'est pas tolérable qu'une femme, même la plus soucieuse de ses devoirs domestiques, se croie dispensée de songer à ses devoirs dans la cité moderne.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, p. 1477.
C.— Au fig., style noble
1. Société politique, religieuse idéale (à venir, à laquelle on aspire) ou mystique. Lorsque la cité sans classe sera édifiée, lorsque la cité socialiste sera construite il n'y aura plus aucune opposition entre les hommes (J. LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, p. 33).
♦ Cité idéale :
• 6. Ils revoyaient, là-bas, quand leurs yeux se troublaient de faiblesse, la cité idéale de leur rêve, mais prochaine à cette heure et comme réelle, avec son peuple de frères, son âge d'or de travail et de repas en commun.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1328.
♦ Cité future. ... ce sculpteur ingénu qui, dans la cité future, fait des pipes d'une beauté non pareille parce qu'il les fait avec amour, et qu'il les donne et ne les vend pas (A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 59).
2. P. anal., RELIG. CATH. L'Église du Christ, l'assemblée du peuple de Dieu dont les membres sont citoyens du ciel, le Royaume de Dieu :
• 7. ... comme chacun de nous est citoyen de deux cités, la cité terrestre et la cité de Dieu, de même chacun de nos actes est un point où viennent interférer une relation au moins possible au bien commun de la cité terrestre, et une relation au bien commun spirituel de la cité des saints, suprême et souveraine gardienne des valeurs morales.
MARITAIN, Primauté du spirituel, 1927, p. 41.
— En partic.
a) Cité de Dieu
♦ [Sur la terre] Le Royaume de Dieu qui se construit, le peuple de Dieu en marche, l'Église visible. Synon. cité militante, Église militante :
• 8. L'idéal d'une autre société, l'amour d'une autre cité, leur manquaient [aux Pharisiens]. Loin de chercher, comme dit S. Paul, la cité future, ou, comme dit S. Augustin, la cité de Dieu, ils ne cherchaient que la conservation de la grossière cité juive...
P. LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 681.
♦ [Au ciel] L'assemblée des saints, des bienheureux, le Paradis. Synon. cité triomphante, Église triomphante, cité céleste, ciel :
• 9. Les concerts de la Jérusalem céleste retentissent surtout au Tabernacle très-pur qu'habite dans la Cité de Dieu l'adorable Mère du Sauveur. Environnée du chœur des veuves, des femmes fortes et des vierges sans tache, Marie est assise sur un trône de candeur.
CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 1, 1810, p. 190.
b) Cité céleste. Assemblée des saints avec Dieu au ciel après leur vie terrestre. Synon. cité de Dieu :
• 10. ... la Cité de Dieu se construit progressivement à mesure que le monde dure, et le monde n'a même d'autre raison de durer que l'attente de son achèvement. De cette cité céleste, c'est-à-dire invisible et mystique, les hommes sont les pierres et Dieu est l'architecte.
GILSON, L'Esprit de la philos, médiév., t. 2, 1932, p. 185.
c) Cité sainte. L'Église sur terre. Nous ne voulons pas nous séparer du corps de l'Église et perdre nos droits de citoyens dans les assemblées de la cité sainte (G. SAND, Lélia, 1839, p. 474).
D.— P. ext. Ville en tant que corps politique et/ou administratif; communauté politique, administrative que constituent les habitants, les citoyens d'une ville. Une grande cité :
• 11. ... toute la distance qui sépare les civilisations rudimentaires d'une civilisation avancée, comme entre la petite ville d'autrefois et les immenses cités que notre époque voit grandir.
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 170.
• 12. Il s'agissait seulement de donner pendant quelque temps les preuves de sa compétence dans les questions délicates que posait l'administration de notre cité.
CAMUS, La Peste, 1947, p. 1251.
II.— P. méton.
A.— 1. [Dans l'Antiq.]
a) Territoire d'une cité. Je passai chez les Treveri, dont la cité est la plus belle et la plus grande des trois Gaules (CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 1, 1810 p. 273).
b) Capitale d'une cité. Une cité grecque. Avenches, Aventicum, cité des Helvètes (P. LAVEDAN, Qu'est-ce que l'urban.? 1926, p. 120). L'antique cité phocéenne (A. ALBITRECCIA, Ce qu'il faut connaître des grands moyens de transp., 1931, p. 121).
2. Mod. [Souvent désigne une ville importante, cité étant alors simple synon. de ville dans le lang. littér., poét.] Ensemble d'édifices. Les cités industrielles, au lieu d'être concentriques, deviendront donc linéaires (LE CORBUSIER, La Charte d'Athènes, 1957, p. 59) :
• 13. Et le recueillement était profond, comme si toute la vieille cité devenait un prolongement de la cathédrale. Seuls, des bruits de voitures montaient de Beaumont-la-Ville, la cité nouvelle...
ZOLA, Le Rêve, 1888, p. 116.
— [En parlant d'une ville anc., souvent fortifiée] Un « quartier de la gare », aux activités nouvelles, a doublé souvent l'ancienne cité (J.-A. LESOURD, C. GÉRARD, Hist. écon., XIXe et XXe s., t. 1, 1968, p. 268) :
• 14. ... ils traversèrent tout d'une traite la ville basse, s'élancèrent, ceci fait, à l'assaut de la ville haute, vieille cité Renaissance bâtie en flanc de butte, dominant de haut sa cadette, restée intacte...
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, II, 5, p. 145.
— Cité sainte. Centre religieux capital, lieu de pèlerinage, lieu d'origine d'une religion. En partic. Jérusalem :
• 15. Ah! oui, dans l'imagination d'un Juif de l'Europe orientale, cela existe l'amour de Sion! Jamais le cœur du peuple dispersé n'a cessé de soupirer vers la sainte cité de David. L'an prochain, à Jérusalem!
J. et J. THARAUD, L'An prochain à Jérusalem! 1924, p. 54.
— P. métaph. [En parlant de la Jérusalem nouvelle de l'Apocalypse] Le Paradis, lieu de l'assemblée des bienheureux. Et moi, Jean, je vis la Cité sainte, la Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel à côté de Dieu, comme une épouse qui s'est parée pour son époux! (CLAUDEL, Poésies diverses, Les 2 cités, 1952, p. 845).
♦ Les Chevaliers bienfaisants de la Cité sainte. Les Templiers (cf. P. NAUDON, La Franc-maçonnerie, 1963, p. 103).
B.— Spécialement
1. [Dans certaines villes comme Paris, Londres, Carcassonne] Le quartier le plus ancien de la ville, le centre primitif de la ville. Synon. cité-mère (cf. BERNANOS, L'Imposture, 1927, p. 506). Un office de commerce dans la Cité de Londres (J. et J. THARAUD, Dingley, l'illustre écrivain, 1906, p. 11). L'île de la Cité avec le Palais et la Sainte-Chapelle (P. LAVEDAN, Qu'est-ce que l'urb.? 1926, p. 195) :
• 16. Au quinzième siècle, Paris était encore divisé en trois villes tout à fait distinctes et séparées, ayant chacune leur physionomie, leur spécialité, leurs mœurs, leurs coutumes, leurs privilèges, leur histoire : la Cité, l'Université, la Ville. La Cité, qui occupait l'île, était la plus ancienne, la moindre, et la mère des deux autres...
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 138.
— ARCHÉOL. Cités lacustres. Villages sur pilotis au milieu de lacs (cf. M. BOULE, Conf. de géol., 1907, p. 209).
2. P. ext.
a) Agglomération de maisons individuelles formant un ensemble clos.
— [Au centre d'une grande ville, p. ex. à Paris] Cité Bergère (HUGO, Correspondance, 1872, p. 328). Cité Trévise (MALLARMÉ, Vers de circonstance, Les Loisirs de la poste, 1898, p. 94).
— [À la périphérie, dans la banlieue] Cités résidentielles (Les Gds ensembles d'habitation, 1963, p. 35). Une petite maison de la cité des Jasmins, à Auteuil (A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 88) :
• 17. Jaurès assassiné. Je suis allé dès le matin chez lui, porter une lettre à sa fille. Une cité de villas à Passy, quelques agents à la grille de cette cité. Je vais à la maison, une petite maison, un jardinet de deux mètres devant où se tiennent deux militants.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 11, 1914-18, p. 86.
b) Agglomération de pavillons ou d'immeubles à destination particulière.
— Cité + adj.
♦ Cité administrative (G. BELORGEY, Le Gouvernement et l'admin. de la France, 1967, p. 229).
♦ Cité ouvrière (pour loger les familles d'ouvriers à proximité d'une usine). Il est capable de fonder une usine, un entrepôt et une cité ouvrière tout autour (MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau, 1908, p. 195). Les petits jardins qui entourent les maisons de brique des cités ouvrières (BERNANOS, La Joie, 1929, p. 654).
♦ Cité universitaire (pour loger les étudiants à proximité d'une faculté). Un air léger de printemps, tout parfumé de l'arome des premiers arbustes en fleurs, enveloppait la tranquille cité universitaire (P. BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 163).
— Cité + subst.
♦ Cité-dortoir (pour loger des pers. à proximité de leur ville de travail). Les inconvénients des cités dortoirs (Les Gds ensembles d'habitation, 1963, p. 22). P. anal. Cité d'abeilles. Ruche. Atfeh est une simple ville arabe (...) avec de petites cours intérieures abritées par des paillassons déchiquetés, ce qui leur donne de loin l'apparence d'une grande cité d'abeilles (DU CAMP, Le Nil, 1854, p. 25).
— Cité + compl. déterminatif
♦ Cité de transit, d'urgence (pour loger provisoirement des pers. qui attendent un logement neuf en cours de constr.). Cf. Admin. 1972.
Prononc. et Orth. :[site]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. citer. Enq. :/site/. Étymol. et Hist. I. 1. 950-1000 ciutat « ville » (St Léger, éd. J. Linskill, 141); milieu XIe s. Rome la ciptet (Alexis, éd. Ch. Storey, 42); ca 1100 cité (Roland, éd. Bédier, 238); 2. 4e quart XIVe s. « partie la plus ancienne d'une ville » ici l'île de la Cité à Paris (J. FROISSART, Chron. [année 1382], éd. S. Luce et G. Raynaud, t. 10, p. 152); 3. 1829 « groupe de maisons formant un ensemble clos à l'intérieur d'une ville » (BOISTE); 1876 « ou ayant la même destination » (ZOLA, Son Excellence E. Rougon, p. 171 : M. Bejuin parlait de créer une cité autour de sa cristallerie); cf. 1878 cité ouvrière (Ac.). II. 1. 1440-75 « territoire dont les habitants se gouvernaient par leurs propres lois, corps des citoyens » (G. CHASTELLAIN, Chron., V, 327, II ds HEILEMANN Chastellain, pp. 142-143); 1753 polit. droit de cité (Encyclop. t. 3); 1829 fig. (HUGO, Les Orientales, p. 4 : tout a droit de cité en poésie); 2. av. 1630 « société idéale » (D'AUBIGNÉ, Tragiques, livre 7 ds Œuvres, éd. Reaume et de Caussade, t. 4, p. 301 : la cité de vie); 1690 cité céleste (FUR.). Du lat. class. « ensemble des citoyens qui constituent une ville; cité, état ». Fréq. abs. littér. :4 170. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 686, b) 8 541; XXe s. : a) 5 392, b) 5 066. Cité-mère : 6. Bbg. BAADER (H.). Einige Bemerkungen zur Geschichte der Wörter cité. In : [Mél. Gamillscheg (E.).]. München, 1968, pp. 36-48. — BRUPPACHER (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1962, t. 21, p. 26. — CHAURAND (J.). Notes à propos de qq. distinctions médiév. : cité... R. intern. Onom. 1963, t. 15, pp. 169-172; 1964, t. 16, n° 4, pp. 241-243. — GOUG. Mots. t. 1. 1962, p. 154, 182-183. — GOUGENHEIM (G.). Notes sur le vocab. de Robert de Clari et de Villehardouin. Romania. 1944-1945, t. 68, pp. 401-421. — WHITTON (D. F.). Cities and Citizens in English and French usage. In : [Mél. Ewert (A.)]. Oxford, 1961, p. 232.
cité [site] n. f.
ÉTYM. XIe, citet; du lat. civitas, -atis.
❖
1 Didact. (hist. antique). Fédération autonome de tribus groupées sous des institutions religieuses et politiques communes. || Athènes, cité démocratique. || Sparte, cité aristocratique. || Les rivalités des cités grecques (→ Assujettir, cit. 2). || La religion de la cité (→ Attribut, cit. 4; autorité, cit. 16). || Les dieux, le culte, la constitution, les magistrats, les colonies de la cité. || Héros fondateur de cité. ⇒ Éponyme (héros). — La Cité antique, ouvrage de Fustel de Coulanges.
1 A l'instant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte d'association produit un corps moral et collectif, composé d'autant de membres que l'assemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte son unité, son moi commun, sa vie et sa volonté. Cette personne publique, qui se forme ainsi par l'union de toutes les autres, prenait autrefois le nom de cité (…)
Rousseau, Du contrat social, I, VI, p. 244.
2 (…) la cité a été une confédération de groupes constitués avant elle (…)
Cité et ville n'étaient pas des mots synonymes chez les anciens. La cité était l'association religieuse et politique des familles et des tribus; la ville était le lieu de réunion, le domicile et surtout le sanctuaire de cette association (…) Le don du droit de cité à un étranger était une véritable violation des principes fondamentaux du culte national, et c'est pour cela que la cité, à l'origine, en était si avare.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 148-151 et 229.
♦ Droit de cité : droit d'accomplir les actes, de jouir des privilèges réservés aux membres de la cité. — Ellipt. || La cité. || Accorder la cité à un groupe d'hommes. — Privation du droit de cité (atimie).
♦ ☑ Loc. (1829). Avoir droit de cité : avoir un titre à être admis, à figurer.
2.1 (…) tout relève de l'art; tout a droit de cité en poésie.
Hugo, les Orientales, Préface.
2.2 (…) il y a beau temps que le roman a mis en scène des personnages d'homosexuels, et si l'homosexuel n'a pas encore droit de cité dans la société civile, dans la société romanesque c'est chose faite.
M. Tournier, le Vent Paraclet, p. 256.
2 Par métonymie. Territoire, capitale de la cité. || Cité de peu d'étendue. || L'acropole, l'enceinte sacrée, le prytanée, les temples, les théâtres d'une cité grecque.
3 Quelquefois ils (les Romains) abusaient de la subtilité des termes de leur langage. Ils détruisirent Carthage, disant qu'ils avaient promis de conserver la cité et non pas la ville.
Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, VI, p. 139.
3 Mod. (Didact. ou littér.; du sens 1). || La cité : l'État considéré sous son aspect juridique, la communauté politique. ⇒ État, nation, république. || Les lois de la cité, le dévouement, l'obéissance à la cité. || La famille et la cité. ⇒ Patrie.
4 Cour. (du sens 2). Ville importante considérée spécialement sous son aspect de personne morale, mais parfois sous son aspect concret. || Les échevins, les institutions, les annales de la cité. || Une cité intellectuelle, commerçante. || « Une cité plus grosse que Paris » (La Fontaine, Fables, V, 10). || Les carrefours, artères, faubourgs, monuments de la cité. || Bourdonnement de la cité (→ Bourdonner, cit. 2). — Cité maritime, lacustre, sur pilotis. || Les cités mortes. ⇒ Ville (ville morte).
4 Pleure, Jérusalem, pleure, cité perfide (…)
Le Seigneur a détruit la reine des cités.
Racine, Athalie, III, 7.
5 (…) aucun Moscovite ne se présente; aucune fumée du moindre foyer ne s'élève; on n'entend pas le plus léger bruit sortir de cette immense et populeuse cité.
6 Loin de moi les cités et leur vaine opulence !
Je suis né parmi les pasteurs.
Lamartine, Nouvelles méditations, Préludes.
7 Que la vieille cité, devant moi, sur sa couche
S'étende; qu'un soupir s'échappe de sa bouche,
Comme si de fatigue on l'entendait gémir !
Hugo, les Feuilles d'automne, XXXV, II.
8 Et dans l'énervement des nuits chaudes et calmes,
Berçant ta gloire éteinte, ô Cité, tu t'endors
Sous les palmiers, au long frémissement des palmes.
J. M. de Heredia, les Trophées, « À une ville morte ».
♦ Cité sainte : centre religieux, lieu de pèlerinage important, lieu d'origine d'une religion (notamment : Jérusalem).
5 (XIVe). Partie la plus ancienne d'une ville (correspondant souvent à une forteresse, à une enceinte fortifiée). || L'île de la Cité, berceau de Paris. || Les remparts de la Cité de Carcassonne. || La Cité de Londres, vieux quartier des affaires, qui embrasse sous son vocable le monde de la finance, le haut commerce londoniens.
9 Paris est né, comme on sait, dans cette vieille île de la Cité qui a la forme d'un berceau. La grève de cette île fut sa première enceinte, la Seine son premier fossé.
Hugo, Notre-Dame de Paris, III, II.
10 Au lendemain du traité (d'Amiens), la Cité de Londres, elle-même, restait sur une plus grande réserve; elle avait naguère beaucoup pesé sur Addington en faveur de la paix; elle y avait vu la perspective enchanteresse de milliers de ballots de coton et de milliers de machines s'écoulant au delà de la Manche, sans parler des denrées coloniales (…) mais les lampions s'éteignaient à peine que le monde des affaires lui-même commençait à déchanter.
Louis Madelin, le Consulat, XVII, p. 274.
♦ Archéol. || Cité lacustre : village construit sur pilotis.
6 Agglomération de pavillons et de jardins tirant son unité soit de sa situation à l'abri d'une clôture, en retrait d'une grande artère (cité Bergère, cité Trévise, à Paris…), soit de sa destination en faveur d'un groupe particulier de personnes. — ☑ Loc. (1848). Cité ouvrière (cit. 14) : lot de logements économiques destinés aux familles ouvrières. — Cité agricole. — Cité-jardin : cité renfermant des espaces libres. || Des cités-jardins. — Cité universitaire, pour loger les étudiants à proximité d'une faculté. — || cité-dortoir (ou ville-dortoir), pour loger des personnes à proximité de leur travail. || « l'ennui planant sur les rares rescapés qui, dans la journée, sillonnent la cité-dortoir vide » (l'Express, p. 42, 14 août 1972). — Des cités-dortoirs. || Cité de transit, cité d'urgence : ensemble d'habitations provisoires, de construction légère, servant à l'hébergement de personnes sans abri (personnes réfugiées, déplacées, sinistrées, etc.). — À Québec, Cité parlementaire : ensemble des bâtiments du parlement.
11 J'ai, par suite, applaudi de grand cœur à la construction des cités universitaires où les jeunes gens sont délivrés de mille soucis exhaustifs, où la vie est saine, facile, bien réglée et quand même libre.
G. Duhamel, Biographie de mes fantômes, XI, p. 222.
11.1 Ces cités-jardins, étalées le long de la route, forment un décor sans épaisseur.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 722.
♦ Groupe d'immeubles muni d'équipements collectifs (parkings, commerces, aires de jeux) et habité par des personnes à revenus modestes, souvent des immigrés. || La cité des 4 000, à la Courneuve. || Les cités de la banlieue. — Spécialt. || Les cités : les banlieues difficiles. || Les jeunes des cités. || Le langage des cités.
7 Par anal. || La cité des abeilles (cit. 4) : la ruche. || La cité des fourmis : la fourmilière.
8 (Av. 1630; littér. ou dans des titres). Fig. Se dit de toute construction idéale. || La cité d'Utopie. || Bâtir la cité nouvelle : refaire le monde sur d'autres bases. || La Cité des dames, ouvrage féministe de Christine de Pisan.
♦ Spécialt (relig. cathol.). || La cité future : le paradis. || La cité de Dieu : l'Église (sur terre), l'assemblée des saints, le Paradis (au ciel). || La Cité de Dieu, ouvrage de Saint-Augustin. || La Cité sainte : l'Église.
12 Cité sainte dont toutes les pierres sont vivantes (…) Cité qui se répand par toute la terre et s'élève jusqu'aux cieux pour y placer ses citoyens.
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
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CONTR. Campagne, désert.
DÉR. Citoyen.
HOM. Citer.
Encyclopédie Universelle. 2012.