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ville

ville [ vil ] n. f.
• 1080; 980 vile « agglomération formée autour d'une ancienne cité, sur le terrain d'anciens domaines ruraux (villæ) »; lat. villa « ferme, maison de campagne » villa
1Milieu géographique et social formé par une réunion organique et relativement considérable de constructions et dont les habitants travaillent, pour la plupart, à l'intérieur de l'agglomération, au commerce, à l'industrie, à l'administration. agglomération, cité ; capitale, métropole; -pole; urbain. « Ce polypier humain que l'on appelle une ville » (Gautier). Les cités ouvrières « ne deviendront jamais de vraies villes » (Sartre). Bâtir une ville. Fondation d'une ville. Ville qui s'étend. Ville champignon. Villes réunies. conurbation; mégalopole. « Les Villes tentaculaires », poésies de Verhaeren. Ville satellite. Ville-dortoir. cité, dortoir. Petites et grandes villes. « Dans cette ville de province qu'on appelle Paris » (Barbey). La ville de Paris. La Ville lumière : Paris. La Ville rose : Toulouse. La Ville éternelle : Rome. Villes saintes (Jérusalem, Rome, La Mecque, Bénarès). Ville industrielle, commerçante, administrative; universitaire; résidentielle. Ville d'eaux : station thermale. Ville fortifiée. citadelle. Ville ouverte. Ville nouvelle. Opération ville morte. Villes jumelées. Ville de cent mille âmes. Centre, cœur, faubourgs d'une ville. Banlieue d'une grande ville. Hôtel de ville. mairie. Sergent de ville. Dans la ville (intra-muros); hors (de) la ville (extra-muros). « Le soir, je me promenais par la ville » (Mérimée). — EN VILLE; À LA VILLE : dans la ville (et spécialt dans le centre). Aller en ville. Porter une lettre en ville (sans la poster, abrév. E. V.). Spécialt En ville : hors de chez soi, en étant invité. « En allant dîner tous les jours en ville » (Balzac).
Par ext. L'administration, la personne morale de la ville. municipalité. Emprunt de la ville. Travaux entrepris, financés par la ville. Gaz de ville.
Spécialt Partie importante d'une ville. Ville haute, basse : les quartiers hauts, bas, d'une même ville, qui possèdent une individualité. Ville arabe et ville européenne. « La ville indigène, qui fait suite à la “ville blanche” » (Loti). La vieille ville.
2La vie, les habitudes sociales dans une grande ville (opposé à la campagne, la terre). Les amusements, les lumières, le bruit de la ville. « la vie de la grande ville (frivolité, vulgarité, fausse gaieté, etc.) » (Michelet). « Les paysans ont l'esprit généralement plus juste que les gens de la ville » (Rousseau). citadin. Habits, chaussures de ville, que l'on porte à la ville (vx) , que l'on porte dans la journée (opposé à de soirée) et qui sont « habillés » (opposé à de sport, de travail) . Tenue, toilette, robe de ville. Imprim. Ouvrages, travaux de ville, destinés aux particuliers (opposé à labeur) .
Spécialt (au XVIIe) Paris et la vie mondaine, intellectuelle (par opposition à Versailles). La Ville et la Cour.
3Par méton. Les habitants de la ville. La maladie « risque de tuer la moitié de la ville » (Camus). Toute la ville en parle. « Est-ce que tu crois qu'une ville tout entière peut se tromper ? » (Sartre). Ville martyre.
⊗ CONTR. Campagne, village. ⊗ HOM. Vil.

ville nom féminin (latin villa, maison de campagne) Agglomération relativement importante et dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées. (Sur le plan statistique, une ville compte au moins 2 000 habitants agglomérés.) Ensemble des habitants de cette agglomération : Toute la ville est en émoi. Les habitants des villes, par opposition aux gens de la campagne ou, jadis, de la Cour. Vie que l'on mène en ville : Préférer la ville à la campagne. Administration de la ville : Être chauffé par la ville. Partie d'une agglomération constituant une entité particulière : La vieille ville.ville (citations) nom féminin (latin villa, maison de campagne) André Chamson Nîmes 1900-Paris 1983 Académie française, 1956 Ce n'est pas au moment de la prise de la ville que se montrent les hommes les plus hideux, c'est le lendemain. Écrit en 1940 Gallimard René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 Si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Correspondance, à Élisabeth, 15 septembre 1645 Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 « Assommer, Monsieur, assommer ! On n'assomme personne dans une ville bien policée ! » Le Neveu de Rameau Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 L'égout c'est la conscience de la ville. Tout y converge et s'y confronte. Dans ce lieu livide, il y a les ténèbres, mais il n'y a plus de secrets. Chaque chose a sa forme vraie, ou du moins sa forme définitive. Le tas d'ordures a cela pour lui qu'il n'est pas menteur. Les Misérables Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 J'ai des souvenirs de villes comme on a des souvenirs d'amours. A. O. Barnabooth, les Poésies de A. O. Barnabooth Gallimard Claude Lévi-Strauss Bruxelles 1908 Villes du Nouveau Monde : elles vont de la fraîcheur à la décrépitude sans s'arrêter à l'ancienneté. Tristes Tropiques Plon Germain Nouveau Pourrières 1851-Pourrières 1920 Ne pas oublier que les villes sont dans la campagne ! Album Richepin Cailler Commentaire L'Album Richepin a été écrit en collaboration avec Jean Richepin et ses amis du groupe des Vivants : Ponchon, Bourget et Mercier. William Cowper Great Berkhampstead, Hertfordshire, 1731-East Dereham, Norfolk, 1800 Dieu fit la campagne et l'homme fit la ville. God made the country, and man made the town. The Task, Iville (expressions) nom féminin (latin villa, maison de campagne) À la ville, dans la vie quotidienne, dans la vie privée, en particulier par opposition à l'écran, à la scène. De ville, se dit des vêtements mis habituellement pour la vie ou les sorties courantes, sans spécificité (par opposition à de sport, de soirée, à uniforme, etc.). Dîner en ville, réunion mondaine rassemblant des personnalités, en particulier du monde politique. En ville, dans la ville, par opposition à la banlieue, au village, aux alentours ou à la campagne : Aller en ville ; dans la partie la plus commerçante de l'agglomération : Faire ses courses en ville ; hors de chez soi, dans un restaurant, un théâtre, ou chez des amis ; mention portée sur l'enveloppe d'une lettre quand celle-ci n'est pas adressée par la voie postale, mais directement déposée par quelqu'un. (Abréviation : E.V.) Travaux ou ouvrages de ville, synonyme de bilboquet. Ville nouvelle, ville créée à proximité d'une agglomération urbaine importante et où est prévu le développement simultané des fonctions économiques et résidentielles. Ville franche, ville qui avait reçu une charte de franchises. Ville libre, ville qui était devenue vassale au lieu d'être sujette. Ville neuve, ville fondée par une autorité seigneuriale pour être un centre de peuplement, et dotée en même temps de franchises. (Dans le Midi, elles étaient appelées bastides.) Ville ouverte, ville qui n'est pas défendue en temps de guerre. ● ville (homonymes) nom féminin (latin villa, maison de campagne) vil adjectifville (synonymes) nom féminin (latin villa, maison de campagne) Travaux ou ouvrages de ville
Synonymes :
- bilboquet

ville
n. f.
d1./d Agglomération importante (à la différence du village, du hameau, du bourg) dont les habitants exercent en majorité des activités non agricoles (commerce, industrie, administration). Ville ouverte, fortifiée. Bâtir, fonder une ville.
|| Ville-dortoir.
Ville nouvelle: ville créée près d'un centre urbain important, offrant à ses habitants une structure d'accueil complète (emplois, services, loisirs) permettant la décentralisation; (Maghreb) ville édifiée par les colons français, à l'aspect européen (par oppos. à médina).
|| La Ville éternelle: Rome.
La Ville Lumière (c.-à-d. au grand rayonnement culturel): Paris.
|| Hôtel de ville: siège des autorités municipales.
|| (Louisiane) La Nouvelle-Orléans (par oppos. aux villages ). Aller en ville, à La Nouvelle-Orléans.
d2./d Loc. à la ville, en ville: au-dehors, dans la ville (par oppos. à chez soi). Dîner en ville.
|| En ville (abrév.: E.V.), dans la suscription d'une lettre que l'on n'adresse pas par la poste. Monsieur Untel, E.V.
d3./d Population de la ville. Toute la ville est en fête.
d4./d Loc. Tenue, vêtements de ville, que l'on porte ordinairement pour sortir dans la journée (par oppos. à de sport, de travail, de soirée).

⇒VILLE, subst. fém.
A. — 1. Agglomération relativement importante dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées, notamment dans le secteur tertiaire. Synon. agglomération urbaine, cité. Belle, nouvelle ville; ville maritime, industrielle, portuaire, touristique; ville de province; centre, cœur, faubourg, quartier de la ville; habiter la ville; habiter, travailler, vivre à la/en ville. Il lui apportait comme un présent magnifique un monde éblouissant, la magie des villes; il la délivrerait de l'accablement de la campagne glacée et des bois sombres (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 197). V. agglomération ex. 20, 21, 22, 23, 27, banlieue ex. 4, campagne ex. 1, 3.
Par personnification. Poumons de la ville. Entendre la voix naturelle de la ville lointaine et bavarde, (...) comprendre le sens mystérieux de sa voix sans mots (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 56).
2. Spécialement
a) HIST. (en partic. au Moy. Âge)
— [En parlant d'une agglomération gén. fortifiée] Synon. cité. Enceinte, murs, portes, remparts de la ville; armoiries, blason d'une ville. Klotz avait défendu au peuple de Paris de chanter l'Internationale au Père-Lachaise, puis, pris de peur, avait permis cette démonstration dans les fossés de la ville, hors de la ville, comme si son pouvoir se fût arrêté aux murs (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 336). V. clef I B 1 ex. de Lorrain, fossé A 1 ex. de Du Camp, rempart A 1 ex. de Pourrat.
Ville forte, fortifiée. Ville entourée d'une enceinte, de remparts. Anton. ville ouverte. La partie de la vallée du Gave où réapparaissent les roches calcaires, propres à édifier châteaux et villes fortes (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 361). Le décret du 27 germinal expulsa les nobles et les étrangers de Paris et des villes fortifiées (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 420).
Tour de ville. Boulevard circulaire autour d'une ville. À Goettingen, les remparts constituent une promenade, un « tour de ville » célèbre (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 104). SPECTACLES. Défilé, cavalcade, parade. La « parade » et le « tour de ville », si spectaculaires, ont pour objet principal de recruter des spectateurs (Hist. spect., 1965, p. 1528).
DROIT
Ville franche. V. franc3 I B. Ville affranchie. La moralité finaliste s'affirme (...) dans les villes affranchies tout particulièrement (elles sont très agitées par les luttes entre les groupes qui les constituent) (Traité sociol., 1968, p. 165).
Bonne ville. Ville fortifiée, importante; en partic., ville privilégiée ayant des magistrats jurés et tenant du roi le droit de bourgeoisie avec affranchissement de la taille. Il était aussi réglé que tous les seigneurs du sang royal, les gens d'église, les nobles et les gens des bonnes villes se soumettraient, et jureraient aussi bienveillance, union et concorde (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 242).
Ville consulaire. ,,Commune du Midi de la France qui était administrée par un corps de consuls`` (GDEL). Ville impériale. V. impérial I A 1. Ville libre. Ville royale. ,,Ville dont la seigneurie et la justice appartenaient au roi`` (GDEL). Ville seigneuriale. ,,Ville où le seigneur avait un droit de justice`` (GDEL). Ville hanséatique.
b) ADMIN. RELIG. Ville métropolitaine. Ville qui est une métropole, qui est le siège d'un archevêché, capitale d'une province ecclésiastique. V. métropolitain1 A 1 ex. de Chateaubriand.
c) ART MILIT. Ville bombardée, détruite, envahie, investie, occupée, rasée, saccagée; ville martyre; assiéger, prendre une ville; possession, siège d'une ville. Ils prêtèrent serment de (...) s'entendre avec lui pour la garde, la conservation et la défense de la ville (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24p. 278).
Ville ouverte. Anton. ville forte, fortifiée (supra).
Loc. fig., vieilli. Loc. verb., fam. Avoir ville gagnée. Avoir surmonté les difficultés, être maître de la situation. V. gagner II B 3ex. de Fabre. Loc. proverbiales. Ville qui parlemente est à demi/à moitié rendue. V. parlementer. ,,Villes et filles qui parlementent sont à moitié rendues; ville prise, château rendu``. (Ds REY-CHANTR. Expr. 1979).
d) JEU (de dames). Un jeu qui était (...) très anciennement en usage chez les Romains était le jeu de la ville, ainsi nommé parce que toutes les combinaisons rappelaient les péripéties d'un siège et la lutte établie entre les assiégeants et les assiégés (D'ALLEMAGNE, Récr. et passe-temps, 1904, p. 51).
3. Le plus souvent dans le domaine de l'admin., de l'urban.
) Ville + adj.
Ville artificielle, créée. Anton. ville naturelle, spontanée (infra). Les villes spontanées seront pour nous celles qui ne se sont pas développées suivant un plan arrêté d'avance. Nous réserverons aux autres le nom de villes créées (P. LAVEDAN, Urban., 1926, p. 22).
Grande ville. Agglomération urbaine importante. Au Moyen-Âge, la « grande ville » avait 10 000 habitants. Aujourd'hui, il lui faut dix fois plus pour mériter ce titre (Univers écon. et soc., 1960, p. 6-15):
1. Un centre urbain voisin de Paris ou de Londres aura des chances de rester stationnaire, à moins qu'il ne soit très voisin (...) de l'agglomération centrale, à moins qu'il ne soit précisément situé dans sa zone d'extension. La grande ville se vide même en son centre, fait qui se vérifie à Paris comme à Londres.
BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 222.
Villes jumelles, jumelées. ,,Deux villes contiguës associées par leur économie, tout en étant distinctes. Cas des villes séparées par un fleuve`` (GEORGE 1984).
Ville morte. Ville sans présence ou activité humaine. Même dans les villes mortes, la place vaste et irrégulière, faite pour les rassemblements populaires, évoque le souvenir des foules d'autrefois (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 82). En partic., mod. Ville dont toute activité commerciale, industrielle est arrêtée en signe de protestation et comme moyen de revendication. Journée ville morte. À Longwy, elle aussi « ville morte », autre climat. Il est 9 heures vendredi matin, sur la grand-place. Dans le jour gris et froid, une trentaine de jeunes militants (...), le visage dissimulé par un passe-montagne, s'attaquent à la grande porte aux barreaux de fer de l'immeuble de l'Union patronale (Le Point, 19 févr. 1979, p. 32, col. 3).
Ville moyenne. Les divers auteurs, du moins en Europe occidentale, parlent de ville moyenne pour une agglomération de 20 000 à 200 000 habitants, ayant des fonctions diversifiées et exerçant un certain rayonnement (CABANNE Géogr. 1984).
Ville naturelle, spontanée. Anton. ville artificielle, créée (supra). Pour l'organisation des espaces libres, en particulier l'aménagement artistique ou utilitaire de la place publique, il n'y a plus de différence entre villes spontanées et villes artificielles (P. LAVEDAN, Urban., 1926 p. 6).
Ville neuve, nouvelle. Ensemble urbain ne résultant pas de l'extension d'une agglomération existante mais d'une création autonome dans laquelle est prévu le développement simultané des fonctions économiques et de résidence. Ville nouvelle de Cergy-Pontoise, de Marne-La-Vallée. En 1960-1961 (...), le loyer annuel d'un HLM de 3 pièces dans une ville neuve de 10 000 habitants, devrait s'établir à 500 000 anciens francs pour équilibrer l'ensemble des dépenses (Gds ensembles habit., 1963, p. 23). Jean-Pierre Fourcade veut faire dans les villes nouvelles un test de grande dimension (15 000 maisons) pour réconcilier la ville et la maison (Le Point, 11 juill. 1977, p. 58, col. 1).
Ville sainte. Synon. de cité sainte. La ville sainte de Jérusalem, de Rome. La Mecque est la ville sainte des musulmans (QUILLET 1965).
Ville tentaculaire.
Ville universitaire. Ville possédant une université. Les autres villes universitaires britanniques, Cambridge, Oxford, Édimbourg, constituèrent aussi progressivement de riches collections [de météorites] (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 369).
Ville verte. Ville pourvue de nombreux espaces verts. Synon. ville-jardin, ville verdure (infra). Les agglomérations tendront à devenir des villes vertes (LE CORBUSIER, Chartes Ath., 1957, p. 45).
La Ville éternelle.
En partic. Partie d'une agglomération constituant une entité particulière. Synon. quartier.
Ville basse. V. bas1 I A 2 a. Basse(-)ville. Quartier bas d'une ville qui possède une individualité. Anton. ville haute (infra). Enragé libéral (...), Petit-Claud fut le promoteur, l'âme et le conseil secret de l'opposition de la basse-ville, opprimée par l'aristocratie de la ville haute (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 682). V. bas1 ex. 15 et cité ex. 14.
Ville haute. V. haut1 I A 7 b. Anton. ville basse, basse(-)ville (supra).
Vieille(-)ville, ville(-)vieille. Quartier le plus ancien de la ville, généralement central. Habiter, visiter la vieille ville; rénovation de la vieille ville. Statuts déposés, bureau désigné, la très officielle « Vivre en vieille ville » est née, association créée par une poignée d'habitants « constatant le besoin d'amélioration de la qualité de la vie en ville vieille » (L'Est Républicain, 25 févr. 1991, p. 605, col. 5).
) Ville + subst. [Ville, 1er élém. de compos.entrantdans la formation de subst. comp. dont le 2e élém., le plus souvent relié par un trait d'union, indique une fonction, une caractéristique de la ville ou du type d'agglomération considéré]
Ville(-)capitale. Capitale. Accroître l'emprise de Chirac sur la ville-capitale n'aurait certes pas d'incidence politique sur le présent (Le Nouvel Observateur, 25 févr. 1983, p. 24, col. 1). V. capitale1 ex. 1.
Ville(-)carrefour. Ville qui, grâce à sa situation géographique et/ou à la diversité de sa population est le point de rencontre d'éléments divers ou opposés. Jane Jacobs (...) défend (...) la ville odorante, diverse, grouillante, multiraciale, la ville carrefour (La Nef, juin 1970, p. 43 ds QUEM. DDL t. 24). Paris, pour moi, c'est encore et toujours le pays des libertés, de pensée, de circulation. Plus qu'un simple lieu, qu'un point sur une carte, cette ville-carrefour ouvre sur l'univers (Le Nouvel Observateur, 19 juill. 1980, p. 62, col. 2).
Ville carrefour de qqc. Ville point central de quelque chose. Car Marseille est aujourd'hui la ville-carrefour du trafic de la drogue. C'est un Chicago, dans un autre genre (Le Nouvel Observateur, 11 juin 1966, p. 18 ds QUEM. DDL t. 24).
Ville(-)centre. Anton. de ville de banlieue (infra). Nos villes-centres et leurs banlieues tendent à se développer en différenciant de plus en plus leurs deux organismes (M. SIMART, in Mercure de France, 16 mars 1917, pp. 203-204 ds QUEM. DDL t. 15).
Ville(-)champignon. V. champignon B 4. Sydney a été bâtie sans nul souci d'harmonie géométrique. La conception des villes-champignons était en effet ignorée à l'époque de sir Phillip (COTTREAU, LE CHARTIER, Indes, Extrême-Orient, Océanie, 1911, p. 160, ibid.).
Ville-dortoir. Synon. de cité-dortoir (v. cité II B 2 b). Une nouvelle fois, Soweto, la ville-dortoir qui abrite un million de Noirs, s'est soulevée (Le Nouvel Observateur, 27 sept. 1976, p. 38, col. 4).
Ville-jardin, ville-verdure. Synon. de ville verte (supra), cité-jardin. La ville-jardin de Roissy, un ensemble de 1 500 pavillons, un des plus importants réalisés en Île-de-France (L'Express, 9 mai 1977, p. 174, col. 2).
Ville-musée. Ville possédant de nombreux monuments historiques ou musées. Ni ville-musée ni cité-dortoir, elle [Dijon] a réussi, mieux peut-être qu'aucune ville de France, à faire coexister les vieilles pierres et l'eau chaude aux étages (L'Express, 6 sept. 1980, p. 182, col. 1).
Ville-phare. Ville importante au point de vue économique, etc. dans une région. La ville, c'est Lens: 40 000 habitants, la ville-phare du bassin minier, ceinturée de ses tristes cités minières en brique rouge (Le Point, 31 janv. 1977, p. 40, col. 1).
Ville-satellite. V. satellite II A.
La Ville Lumière. Paris. C'est grâce à mes pareils que cette ville [Paris] mérite de s'appeler la ville lumière (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 156).
) Ville de + subst.
Ville de banlieue. Agglomération urbaine périphérique à une ville-centre plus importante. Anton. ville-centre (supra). Jusqu'en 1914, le port de Paris desservait non seulement les besoins de la ville, mais aussi ceux des villes de banlieue (Nav. intér. Fr., 1952, p. 54).
Ville d'eaux. Station thermale. M. d'Orsel se rendait à une ville d'eaux, sous prétexte de promenade et de santé (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 85).
) [Ville, 2e élém. de compos. entrant dans la formation de subst. comp. dont le 1er élém. indique une fonction, une caractéristique de la ville ou du type d'agglomération considérée] Centre-ville. Partie centrale d'une ville. Habiter le centre-ville; travailler, vivre au centre-ville. Au beau milieu de ces constellations formées de dizaines de cités satellites, les centres-villes sont obligés de financer des équipements (...) qui servent à tous. Et notamment à ces cités suburbaines qui (...) ,,profitent de la « ville centre » un peu comme le gui sur la branche`` (Le Point, 11 oct. 1976, p. 96, col. 3).
B. — P. méton.
1. Ensemble des habitants d'une ville. Dires, racontars de la ville; toute la ville en parle, est en émoi, en fête. Il disait comment la foudre, une seconde fois, venait d'éclater sur Paris, le 3 septembre: les espérances broyées, la ville ignorante, confiante, abattue sous cet écrasement du destin (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 497):
2. ... les poèmes [de Boris et d'Oleg] paraissaient le lendemain matin dans les deux journaux rivaux de la ville et toute la ville s'en gaussait car les deux poèmes étaient adressés à la même femme (...), et comme pour la politique la ville se scindait en deux, et il y avait les partisans de Boris et il y avait les partisans d'Oleg...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 223.
En partic., vx. [P. oppos. à la Cour, à Versailles ou à la province] Paris et la vie mondaine, sociale, intellectuelle qu'on y mène; la bourgeoisie parisienne. Quelle gloire pour une compagnie, que de donner ainsi le ton et de régner sur l'uniforme! La faveur de la ville et de la Cour, les applaudissements de la foule (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 175).
2. [P. oppos. à la campagne] Manière de vivre des habitants des villes; séjour que l'on fait en ville. Préférer la ville à la campagne; la ville énerve, fatigue. Changeant toujours de dégoûts et d'asile, Il accuse les champs, il accuse la ville; Tous deux sont innocents (DELILLE, Homme des champs, 1800,p. 35).
C. — Locutions
1. À la ville, en ville, loc. adv.
a) [P. oppos. à la campagne, aux champs, au village]
) Dans la ville, dans une ville; à l'intérieur de l'agglomération où l'on est; dans le centre, dans la partie la plus commerçante. Aller; habiter, vivre en ville; article que l'on trouve en ville; faire un tour en ville. Elle me rejoindra dans la tombe... piètre rendez-vous! J'aimerais mieux une chambre en ville (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 88).
Loc. proverbiales fig., vieilli. Être aux champs et à la ville (v. champ1 I A). Avoir un œil aux champs et l'autre à la ville (v. champ1 I A).
En partic. En ville
[Gén. sous la forme de l'abrév. E.V.] Mention portée sur l'enveloppe d'une lettre quand celle-ci n'est pas adressée par la voie postale mais directement déposée par quelqu'un dans la boîte du destinataire. (Dict. XXe s.).
♦ Hors de chez soi; dans un restaurant, un théâtre, chez des amis. Faire des visites en ville. Excepté quand il déjeunait en ville, il ne quittait donc jamais son lit avant onze heures (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908 p. 96). Le soir, ils sortent, ils sont en ville (GDEL).
Dîner en ville. Dîner mondain rassemblant des personnalités littéraires ou politiques, des notables de la ville, etc. L'ambassadeur avait été habitué autrefois dans la diplomatie à considérer les dîners en ville comme faisant partie de ses fonctions, et à y déployer une grâce invétérée (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 438). Dîner en ville. Participer à un dîner mondain. Je dîne tous les soirs en ville avec des dames décolletées (...) et avec des messieurs qui rient tout le temps par politesse (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 42).
Dîneur en ville. Personnage mondain qui participe à ce genre de dîner. Cet artiste rare [Henry James] fut avant tout un homme de salon, comme Marcel Proust, un « dîneur en ville » (BLANCHE, Modèles, 1928 p. 149).
) Dans la ville voisine, dans celle dont on parle. Aller à la ville, en ville; vendre ses bêtes à la ville, en ville. Dans ses voyages à la ville, elle brocanterait des babioles, que M. Lheureux, à défaut d'autres, lui prendrait certainement (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 139).
b) [P. oppos. à l'écran, à la scène; à propos d'un comédien] À la ville. Dans la vie quotidienne ou dans la vie privée. Mme X à la ville. Vedette habillée à la ville par un petit couturier de quartier (GDEL).
2. De la ville, des villes, loc. adj. [Gén. avec valeur caractérisante; en parlant d'une pers. ou de son comportement; p. oppos. à campagnard, rural, villageois] Synon. citadin. Fille, homme, personne de la ville, des villes. Je te dis que cette petite doit être flattée, qu'elle doit s'estimer heureuse de penser qu'un monsieur de la ville a jeté les yeux sur elle (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 215). Les jeunes filles des villes l'eussent trouvée niaise; mais elle n'était que simple et sincère, et proche de la nature, qui ignore les mots (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 192).
3. De ville, loc. adj.
a) Gaz de ville.
b) [En parlant d'une chose concr.]
) Vieilli. Pour la vie en ville. Anton. de campagne. J'ai à Milan une voiture à la fois de ville et de campagne (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 52). La maison de ville, comme la maison de campagne, n'avaient à se prémunir que contre le dehors (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 272).
) [En parlant d'un élément vestimentaire; p. oppos. à de cérémonie, de soirée, d'intérieur, de sport, de travail] Costume, habit, tenue, toilette de ville. Après avoir parcouru en chaussures de ville les allées cirées du dortoir (BILLY, Introïbo, 1939, p. 24).
En appos. avec valeur d'adj. inv. [Le plus souvent relié au 1er élém. par un trait d'union] Complet(-)ville. Étéla liberté, dont le premier signe est pour nous d'abandonner tous les vêtements-carcans, les vêtements-bureau, vêtements-ville qui nous briment toujours un peu (Elle, 30 juill. 1979, p. 2, col. 1). Nos produits, chaussures de sport et chaussures « hommes ville » sont principalement distribués auprès des détaillants et succursalistes (Le Point, 29 oct. 1984, p. 157).
c) Spécialement
) IMPR., TYPOGR. Ouvrage, travail de ville. Synon. de bibelot (v. ce mot C 2), bilboquet (v. ce mot B 1). Anton. labeur (v. ce mot B 1).
) MÉD. Médecine de ville. ,,Médecine exercée par les praticiens libéraux par opposition à la médecine hospitalière ou de dispensaire`` (GDEL). Honoraire de ville. Anton. de honoraire hospitalier, d'hôpital. L'arrêté interministériel du 5 janvier 1948 (...) a posé comme principe que les honoraires médicaux à l'hôpital seraient établis sur la base des honoraires dits de ville (Organ. hospit. Fr., 1957, p. 16).
D. — Administration municipale; personne morale que constitue la municipalité. La ville et l'État; budget, emprunt de la ville; projets, travaux de la ville. Je viens du bureau des échevins, autrement dit bureau de la ville. La municipalité vous refuse votre alignement (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 250). Être chauffé par la ville; personnel de la ville (GDEL).
Vx. Corps de ville. Ensemble des magistrats municipaux. Le corps de ville fut présenté au roi (Ac. 1835).
De ville, loc. adj. Hôtel de ville ou maison de ville (vieilli). Sergent de ville. Tambour de ville (vieilli).
REM. 1. Villasse, subst. fém., fam., péj., rare. Ville désagréable, mal bâtie ou peu peuplée. Crémone est une grande villasse où l'on meurt d'ennui et de chaleur (STENDHAL, Journal, t. 1, 1801-02, p. 21). 2. Baise-en-ville, subst. masc., arg., fam. ,,Petit nécessaire de voyage (sac, petite valise) qui contient ce qu'il faut pour passer la nuit hors de chez soi`` (CELLARD-REY 1980). — Avec salle de bains? me demande la dame de la réception. Il n'y a plus qu'en France qu'une telle alternative est offerte! (...) Elle me file le 12. Un groom me monte mon petit baise-en-ville avec une mine dégoûtée (SAN ANTONIO, Passez-moi la Joconde, 1954, p. 130, ds CELLARD-REY 1980).
Prononc. et Orth.:[vil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. vile « réunion de maisons habitées, disposées par rues » ici, désigne une petite agglomération (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 18: vil' es [Betfage] desoz mont Olivet; cf. Hjerusalem qualifié de ciptad, ibid., 49 et passim); v. H. BAADER ds Mél. Gamillscheg (E.) 1968, pp. 35-48; ca 1100 désigne une agglomération importante, ici Saragosse (Roland, éd. J. Bédier, 3660); spéc. 1549 habit d'homme de ville (EST., s.v. habit); 2. fin XIIe s. vile « propriété rurale » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 2777) seulement a. et m. fr., v. FEW t. 14, p. 449b. Du lat. villa « maison de campagne, propriété rurale » qui prit dès les Ve-VIe s. le sens de « groupe de maisons adossées à la villa », c'est-à-dire à peu près « village » (ST AUGUSTIN et ST JÉRÔME ds BLAISE Lat. chrét.; v. FEW t. 14, pp. 451b-452a). Fréq. abs. littér.:24 328. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 41 132, b) 41 510; XXe s.: a) 29 360, b) 28 465.
DÉR. 1. Villette, subst. fém., fam., vieilli. Petite ville. Après un grand nombre de zigzags dans l'Apennin, de Narni à Terni, je suis arrivé dans cette villette par un clair de lune à neuf heures du soir (STENDHAL, Corresp., t. 2, 1825, p. 409). En partic. ,,Commune suburbaine possédant de 10 à 20 000 habitants vivant en majorité en maisons individuelles (opposé à grand ensemble)`` (ROB. 1985). ,,Ce mot, conservé dans certains noms de lieu, est remplacé dans la langue courante par petite ville`` (Lar. Lang. fr.). []. Att. ds Ac. 1762-1878. 1re attest. fin XIIe s. vilete « petite ville » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 54, 24); de ville, suff. -ette (-et). 2. Villotte, subst. fém. a) Fam. Synon. de villette (supra). Malgré le mauvais an, le grand marché d'été a rempli la villotte. Il y a des hommes et des chars sur toutes les routes, des femmes avec des paquets, des enfants habillés de dimanche (GIONO, Regain, 1930, p. 184). P. méton. Ensemble des habitants d'une villotte. Toute la villotte attendait donc le fonctionnaire qui devait l'éblouir de son éloquence (LA VARENDE, Trois. jour, 1947, p. 201). b) Vx, fam. ou région. (Normandie), agric. Synon. de moyette. (Dict. XIXe s.; ds Lar. encyclop., QUILLET 1965, Lar. Lang. fr.). []. 1re attest. 1561 (DU PINET, Dioscoride, V, 73, éd. 1605 ds GDF.); de ville, suff. -otte (-ot). 3. Vil(l)otier, -ière, (Vilotier, Villotier)subst., vx, littér., péj. [La ville étant parfois considérée comme un lieu de débauche et de perdition; le plus souvent à propos d'une femme] Personne débauchée, libertine. Vous avez un rendez-vous ce soir. Oui, répondit Phœbus (...). Chez la Falourdel (...). La vilotière du Pont Saint-Michel (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 335). [], fém. [-]. ROB. 1985: villotier. 1resattest. a) au fém. ca 1260 « (femme) de mauvaise vie, de mœurs légères » (Les Quatre âges de l'homme, éd. M. de Fréville, 21, p. 14), 1462 subst. villotiere (Fr. VILLON, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1511), b) au masc. ) fin XIIIe s. agn. adj. vilotir « qui s'enfuit (d'un oiseau de chasse) » (Le medicinal des oiseus, fol. 50 ds TILANDER Glanures), ) ca 1470 subst. « homme simple, naturel » (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 179), ) [1539 id. « coureur, débauché » sens incertain (EST.)], 1571 adj. « id. » (LA PORTE, Epithètes, 172, r° ds HUG.), 1589 subst. (MATTHIEU, Aman, III, p. 72, ibid.); de ville, suff. -(ot)ier. On ignore quel sens, de a ou de b , est le plus anc. Le sens originel est prob. « celui qui ne reste pas sur le domaine rural auquel il appartient mais va d'un domaine à l'autre », mais c'est ensuite ville « agglomération » considérée comme lieu de vices qui a influencé le sens a. Voir FEW t. 14, p. 449b et 452 note 1.
BBG. — BRUPPACHER (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1961, t. 20, pp. 105-160. — CHAURAND (J.). Notes à propos de qq. distinctions médiév.: cité, ville et château. R. intern. Onom. 1963, t. 15, pp. 169-172; 1964, t. 16, pp. 241-243. — QUEM. DDL t. 19, 24, 36, 37.

ville [vil] n. f.
ÉTYM. 980, vile « agglomération formée autour d'une ancienne cité, sur le terrain d'anciens domaines ruraux » (villæ); aussi « ferme » (XIIIe-XIVe), « village » (XIIIe-XVIe); du lat. villa « ferme, maison de campagne ». → Villa.
1 Milieu géographique et social formé par une réunion organique et relativement considérable de constructions (notamment d'habitations), et dont les habitants travaillent pour la plupart à l'intérieur de l'agglomération, au commerce, à l'industrie, à l'administration. Agglomération, cité, concentration (urbaine); urbain; -pole. REM. Dans la langue classique et encore dans les dictionnaires du XIXe s., ville est généralement défini comme « agglomération limitée et protégée par une enceinte »; ce caractère, qui n'est pas essentiel dans la formation du concept, a cessé d'être pertinent (→ ci-dessous, hist.). — Ce polypier (cit.) humain qu'on appelle une ville.Les villes et les villages, et les campagnes (→ Agreste, cit. 2; machinisme, cit. 1). || « Les villes sont le gouffre de l'espèce humaine » (→ Renouveler, cit. 3, Rousseau). || Gros village, bourg qui s'agrandit, s'organise, devient une ville. || Les cités ouvrières (cit. 14) ne deviendront jamais des villes.Bâtir (cit. 5), fonder (cit. 4 et 5) une ville. || Fondation (cit. 3) d'une ville. || Ville qui s'agrandit, change (→ Survivre, cit. 8), se développe, prospère (cit. 4), s'étend, dévore la campagne. || Les villes tentaculaires (cit. 2).(1911). || Ville champignon (cit. 2 et supra). || Villes réunies. Conurbation.Petites villes (→ Occupation, cit. 5; république, cit. 4), villes moyennes, grandes villes (→ Hameau, cit. 3; microbe, cit. 3).Ville de province (→ Bazar, cit. 1 et 3; désert, cit. 18). || « Cette ville de province qu'on appelle Paris » (→ Intimité, cit. 7).Vx. || Ville de banlieue. Banlieue (→ Racontar, cit.).Ville capitale Capitale (cit. 3), métropole (→ 1. Peuple, cit. 35). || Ville très peuplée. Mégalopole. || Villes-satellites, autour d'une très grande ville et dépendant d'elle (→ Satellite, cit. 4). || Les villes nouvelles de la région parisienne.La ville de… (suivi du nom). || La ville de New York, de Québec, de Lyon.(Dans des noms géographiques). || Berzé-la-Ville. || Cernay-la-Ville. || Ville d'Avray.La grand' ville (→ Grand, cit. 74), la Ville (→ Logement, cit. 2) : une grande ville (selon le contexte).Vieille ville (→ Écraser, cit. 13), ville ancienne, gothique (cit. 12).(1920). || Ville-musée (cit. 7). || Ville moderne, rebâtie (cit. 1), neuve. || La Ville éternelle : Rome. || La Ville Lumière : Paris. || La Ville rose : Toulouse. || Villes saintes (Jérusalem, Rome, La Mecque, Varanasi [Bénarès]).Ville qui s'étale (cit. 37). || Une grande ville plate, éparpillée (cit. 19).Importance démographique d'une ville. || Ville qui compte cent mille habitants, ville de cent mille âmes. || Dénombrer, recenser la population (cit. 1 et 8) d'une ville. Habitant. || Densité de population d'une ville. || Ville trop peuplée. Fourmilière.Le centre (centre-ville), le cœur, les faubourgs, les quartiers d'une ville. Faubourg, quartier. || Construction, édifices; voies ( Avenue, boulevard, rue), espaces (cit. 16) libres, verts ( Place, square; jardin) d'une ville. || La banlieue, la périphérie, la ceinture d'une grande ville. Banlieue; suburbain.Agglomération de baraques, à la périphérie d'une grande ville. Bidonville, et aussi favela (Brésil), zone. || Limites d'une ville (souvent sur l'emplacement d'anciennes murailles). Boulevard, tour (de ville). || Les portes, les barrières d'octroi d'une ville (anciennt). || Dans la ville ( Intra-muros); hors (cit. 4 et 7) la ville, hors (cit. 22 et 24) de la ville ( Extra-muros). || Errer, se promener par (cit. 7 et 9) la ville.Aller de ville en ville (→ Baladin, cit. 4). || Communication entre deux villes. Interurbain.
Ville administrative. Centre, chef-lieu, capitale. || Ville commerçante, marchande, ville de marché. Marché; place (I., 4.). || Ville industrielle. || Ville résidentielle. || Ville-dortoir. Dortoir. || Ville de garnison. Garnison (infra cit. 4). || Ville universitaire.Villes maritimes. 1. Port (I., 3.). || Ville saisonnière.Ville d'eaux : ville où se trouve une station thermale, où l'on prend les eaux. || Casino, établissement thermal, hôtels d'une ville d'eaux.Vx. || Ville de bains (même sens).Administration d'une ville. Municipalité; maire; bourgmestre, échevin.Anciennt. || Le corps de ville (→ Personnage, cit. 2) : les magistrats municipaux. Édile.Hôtel (cit. 17) de ville : mairie d'une grande ville (vx : maison de ville). Mairie. || Les services de la ville : voirie, hygiène, eau, gaz et électricité, égouts, transports en commun, etc. (→ ci-dessous, par ext., le sens « administration urbaine »).L'eau de la ville. || Gaz de ville. — ☑ Loc. Sergent (cit. 2) de ville.Ville forte, fortifiée, protégée par une forteresse ( Citadelle, cit. 1), entourée de murs, de murailles. Bastide, oppidum (Antiq.). || « Cette ville si superbe en remparts » (→ Destin, cit. 19, Racine). || L'enceinte d'une ville.
1 Ce n'était pas la campagne, il y avait des maisons et des rues; ce n'était pas une ville, les rues avaient des ornières comme les grandes routes et l'herbe y poussait; ce n'était pas un village, les maisons étaient trop hautes. Qu'était-ce donc ?
Hugo, les Misérables, II, IV, I.
1.1 — La vie n'est pas trop monotone dans cette petite ville ?
— Non, mon cher, quand on sait s'occuper. Une petite ville, en somme, c'est comme une grande. Les événements et les plaisirs y sont moins variés, mais on leur prête plus d'importance; les relations y sont moins nombreuses, mais on se rencontre plus souvent.
Maupassant, le Rosier de Mme Husson, Pl., t. II, p. 952.
2 (…) une ville américaine était, à l'origine, un campement dans le désert. Des gens qui venaient de loin, attirés par une mine, un gisement de pétrole, un terrain fertile, arrivaient un beau jour et s'installaient au plus vite, dans une clairière, au bord d'un fleuve. On construisait les organes essentiels, banque, mairie, église et puis, par centaines, des maisons de bois à un étage. La route, s'il y en avait une, servait d'épine dorsale et puis, perpendiculairement à la route, on traçait des rues, comme des vertèbres.
Sartre, Situations III, p. 94.
2.1 On peut concevoir une transposition qui insère le naturel dans le construit, comme une cité-jardin, mais on ne peut pas considérer comme autre chose que l'effet d'un déséquilibre pathologique la ville sans forme, incohérente dans sa ceinture d'usines et son réseau de voies utilitaires, sous un ciel de crasse toxique. Instrument efficace du rendement de l'organisme social, la ville du XIXe siècle, encore vivante un peu partout, marque un écart inquiétant par rapport à des lois d'accord biologique sur lesquelles semble bien reposer la qualité humaine.
A. Leroi-Gourhan, le Geste et la Parole, t. II, p. 182.
2.2 En intervenant dans la question du logement, l'État a modifié la pratique mais non le code. Il a réalisé des « villes nouvelles » dont les caractères principaux ont été aussitôt manifestes : cités dortoirs, lieux de récupération — à tous points de vue — pour les travailleurs et employés éjectés des centres urbains.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 282.
2.3 Ce sont peut-être les visages de tous ces hommes qui vivent dans les villes, dans les villes si grandes qu'on ne peut jamais les quitter, là où il y a tant d'autos, tant d'hommes, et où on ne peut jamais voir deux fois le même visage.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 76-77.
(1567, en ville « qui est sorti de chez lui »). En ville, à la ville : dans la ville (spécialt : dans le centre). || « Perrette prétendait arriver sans encombre à la ville » (→ Coussinet, cit. 1). || Vous trouverez cet article à la ville, en ville.Aller en ville. || Porter une lettre en ville (sans la mettre à la poste; abrév. : E. V.). || Je vais faire un tour en ville.Spécialt. || En ville : hors de chez soi, en étant invité. Sortir; sortie. || Dîner (cit. 3) en ville (→ Gueule, cit. 13). || Faire des visites en ville.
Hist. || Villes de l'antiquité; villes grecques (cit. 1). Cité (cit. 2 et 3); acropole (→ Association, cit. 9; autonomie, cit. 1). || Villes latines (cit. 1). Municipe.Villes du moyen âge (cit. 2). || Ville de commune, ville affranchie. Commune (1.); bourgeois.(XIIe, ville franche). || Franchises (cit. 3) des villes; ville franche. || Ville consulaire. || Armoiries, blason d'une ville.Villes hanséatiques (cit.). || Association de cinq villes. Pentapole.(V. 1283). || Bonne ville : qualification honorable accordée par les rois à certaines grandes villes. — ☑ Loc. fam. Dans la bonne ville de…
Milit. || Assiéger (cit. 1) une ville. Siège (cit. 4). || Ville investie (cit. 7), envahie, occupée, saccagée (→ Invasion, cit. 2). — ☑ Prov. Ville qui parlemente est à demi rendue. — ☑ Loc. fig. (XVe). Avoir ville gagnée : l'emporter, gagner la partie (cf. Balzac, le Cabinet des Antiques, t. IV, p. 359).Ville ouverte, que ne protège aucune fortification permanente et qui, en droit international, devrait être épargnée par les bombardements (sauf si elle sert de base à une armée de défense). || Rome, ville ouverte, film de Rossellini.Ville bombardée, détruite, rasée. || Ville martyre. || Les villes-héros de l'U. R. S. S. (calque du russe).
Dr. internat. || Ville libre, jouissant d'une certaine autonomie, à l'intérieur d'un État.
(Fin XVIe). Par ext. Administration urbaine; personne morale que constitue la municipalité. || Emprunt de la ville. || Travaux entrepris par la ville, financés par la ville. || La ville et l'État.
(Qualifié). Partie importante d'une ville. || Ville haute (cit. 23), basse : quartiers hauts, bas, d'une même ville, qui possèdent une individualité. || Ville basse, moyenne, haute à New York (cf. P. Morand, New York, p. 52 et 121). || Ville arabe (→ Casbah, cit. 1) et ville européenne. || La « ville blanche » et la ville indigène (cit. 1).La vieille ville.
3 Au quinzième siècle, Paris était encore divisé en trois villes tout à fait distinctes et séparées, ayant chacune leur physionomie, leur spécialité, leurs mœurs, leurs coutumes, leurs privilèges, leur histoire : la Cité, l'Université, la Ville (…) chacune de ces trois grandes divisions de Paris était une ville, mais une ville trop spéciale pour être complète, une ville qui ne pouvait se passer des deux autres.
Hugo, Notre-Dame de Paris, III, II.
3.1 C'est de là qu'est partie notre conception initiale. Toucher le moins possible aux villes indigènes. Aménager à leurs abords, sur les vastes espaces encore libres, la ville européenne, suivant un plan réalisant les conditions les plus modernes, larges boulevards, adductions d'eau et d'électricité, squares et jardins, autobus et tramways, et prévoyant aussi les possibilités d'extension future.
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 452.
2 (Mil. XVIIe). Absolt. || La ville : la vie, les habitudes sociales dans une grande ville (opposé à la campagne, la terre, supra cit. 9). → Tentation, cit. 7. || Les amusements (→ Déniaiser, cit. 4), les lumières et le bruit de la ville (→ Angle, cit. 4). || Les Lumières de la ville, titre français d'un film de Chaplin (City lights). || Préférer la ville à la campagne.Paysans et gens de la ville (→ Dictionnaire, cit. 14). || Ceux de la ville. Citadin (→ Ivresse, cit. 7).Le rat de ville (→ Civil, cit. 13).
Spécialt (au XVIIe s.). || Ville, par oppos. à cour (III., 2.) : Paris et la vie mondaine, intellectuelle (par oppos. à Versailles). → Blesser, cit. 4; relever, cit. 8. — Par ext. || « Deux sonnets partagent (cit. 15) la ville (…) »
4 Un homme de la ville est pour une femme de province ce qu'est pour une femme en ville un homme de la cour.
La Bruyère, les Caractères, III, 30.
De ville : pour la vie en ville. || Habits, vêtements de ville, que l'on porte dans la journée (par oppos. à de soirée) et qui sont « habillés » (par oppos. à de sport). || Tenue, toilette, robe (cit. 17) de ville. || Chaussures de ville.Appos. ou adj. || Un costume qui fait ville. || Complet ville.
Imprim. || Ouvrage, travaux de ville (destinés aux « usages bourgeois », Littré) : petits travaux à faible tirage, destinés aux particuliers (et non aux éditeurs, à la presse, etc.). Bibelot, bilboquet (opposé à labeur).
À la ville : dans la vie quotidienne, pour un comédien (opposé à à la scène).
4.1 (…) ayant reçu une loge des enfants de la Berma et ayant pour cela lâché tous ses malades, il l'avait trouvée aussi extraordinaire de vie sur la scène qu'elle semblait moribonde à la ville.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 996.
3 (1636). Les habitants de la ville. || Tuer la moitié de la ville (→ Extension, cit. 5). || Toute la ville en parle; les dires de la ville (→ Lazzi, cit. 2; et aussi informer, cit. 5; nouvelle, cit. 4).
5 — Est-ce que tu crois qu'une ville tout entière peut se tromper ? Une ville tout entière, avec ses pasteurs et ses curés, avec ses médecins, ses avocats et ses artistes, avec son maire et ses adjoints et ses associations de bienfaisance.
Sartre, la P… respectueuse, I, 4.
CONTR. Campagne, village. — Cambrousse, champ.
DÉR. Villette, villotier.
COMP. Baise-en-ville, bidonville.
HOM. Vil.

Encyclopédie Universelle. 2012.