compagnie [ kɔ̃paɲi ] n. f.
• 1080; lat. pop. °compania
1 ♦ Présence auprès de qqn, fait d'être avec qqn. Apprécier, rechercher la compagnie de qqn. ⇒ présence, société. Aimer la compagnie des animaux.
♢ Loc. Aller de compagnie avec. ⇒ accompagner. Voyager de compagnie, ensemble (cf. De conserve). EN... COMPAGNIE. Se plaire en la compagnie de qqn. Elle était en compagnie de son frère, avec son frère. Être en galante compagnie. « Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie » (Valéry). Fausser compagnie à. ⇒ quitter. Tenir compagnie à qqn : rester auprès d'une personne, meubler sa solitude. Fam. Ça lui fait une compagnie.
♢ DE COMPAGNIE. Être de bonne (mauvaise) compagnie : être bien (mal) élevé; distingué (grossier). — Dame, demoiselle de compagnie : personne appointée pour tenir compagnie à une autre. — Animal de compagnie : animal domestique familier qui vit auprès de l'homme pour lui tenir compagnie.
2 ♦ (XVIe) Vx Réunion de personnes qui ont quelque motif de se trouver ensemble. ⇒ assemblée, réunion, société. Une nombreuse compagnie. — Pop. Bonsoir, salut la compagnie !
3 ♦ (1636) Association de personnes que rassemblent des statuts communs. ⇒ société. Compagnie commerciale, financière, coloniale. La Compagnie des Indes. Compagnie de chemins de fer, d'assurances. Compagnie aérienne : entreprise de transport aérien. Compagnie maritime. ⇒ armateur. — Abrév. Cie [ kɔ̃paɲi ]. ... et Cie, à la fin d'une raison sociale, désigne les associés qui n'ont pas été nommés. Établissements Dupont et Cie. Fam. et dans un contexte péj. « Meussieur Marcel et son copain, [...] c'est voleur et compagnie » (Queneau). « les enfants, c'est déception et compagnie » (R. Forlani).
♢ Compagnie savante. ⇒ collège, société. L'illustre compagnie : l'Académie française.
♢ (1600) Troupe théâtrale permanente. ⇒ théâtre. Les jeunes compagnies. — Compagnie de ballet.
4 ♦ (XIVe) Vx Réunion de gens armés. ⇒ troupe. Les Grandes Compagnies emmenées en Espagne par Du Guesclin. — Par anal. Mod. La Compagnie de Jésus. ⇒ jésuite.
♢ Spécialt Unité de formation d'infanterie placée sous les ordres d'un capitaine. Les compagnies d'un bataillon. Sections d'une compagnie. — En France, Compagnies républicaines de sécurité (C. R. S.).
5 ♦ (1559) Groupe d'animaux de même espèce, vivant en colonie. « Il débucha une compagnie de pintades » ( J. Roumain).
⊗ CONTR. Absence, isolement, solitude.
● compagnie nom féminin (ancien français compaignie, du latin populaire compania, classique panis, pain) Présence d'une personne, d'un animal auprès de quelqu'un ; cette personne, cet animal : Fuir la compagnie des pédants. Réunion de personnes : Les éclats de rire d'une joyeuse compagnie. Association de personnes régie par des statuts et ayant un but culturel, commercial, etc. : Compagnie théâtrale, aérienne. Chasse Bande d'animaux, à poils ou à plumes, de même espèce. Marine Fraction de l'équipage. Militaire Autrefois, réunion de compagnons autour d'un chef. Unité administrative et tactique de l'infanterie, des armes anciennement à pied et de certains services. (Elle est commandée par un capitaine.) Unité territoriale de la gendarmerie correspondant généralement à un arrondissement. Religion Institut religieux. ● compagnie (expressions) nom féminin (ancien français compaignie, du latin populaire compania, classique panis, pain) Animal de compagnie, animal domestique (chien, chat) qui vit auprès de quelqu'un. Dame, demoiselle de compagnie, personne dont la fonction est spécialement de tenir compagnie à quelqu'un. De bonne (de mauvaise) compagnie, dont la présence est agréable (ou désagréable), qui est bien (ou mal) élevé. En compagnie de, en même temps que, avec. Et compagnie, expression (souvent abrégée et Cie) ajoutée à la raison sociale d'une entreprise, lorsque les noms de tous les associés n'y figurent pas ; (familier) et autres choses du même genre, tous autant qu'ils sont. Fausser compagnie, quitter brusquement quelqu'un et le plus souvent sans prévenir. Tenir compagnie, rester auprès de quelqu'un, en lui parlant. Bêtes de compagnie, jeunes sangliers d'un an à deux ans, et qui vont en troupe. Compagnies républicaines de sécurité (C.R.S.), forces mobiles de police, créées en 1945, destinées à renforcer les corps de police. (Elles sont placées, au sein de la police nationale, en réserve, sous l'autorité du ministre de l'Intérieur.) Compagnie financière, établissement financier qui a pour filiales un ou plusieurs établissements de crédit dont l'activité principale est de prendre et gérer des participations dans des sociétés. Compagnies de commerce et de navigation, nom donné à des organismes permanents, qui étaient liés aux États européens par une charte, et qui recevaient des privilèges pour réaliser un programme de mise en valeur, de commerce ou de peuplement des colonies. Compagnie de navigation, entreprise commerciale et maritime dont l'activité consiste à assurer le transport de marchandises ou de passagers. ● compagnie (synonymes) nom féminin (ancien français compaignie, du latin populaire compania, classique panis, pain) Présence d'une personne, d'un animal auprès de quelqu'un ; cette personne...
Synonymes :
- compagne
- fréquentation
- milieu
- société
Réunion de personnes
Synonymes :
- assemblée
- cercle
- réunion
Association de personnes régie par des statuts et ayant un...
Synonymes :
- communauté
- société
Chasse. Bande d'animaux, à poils ou à plumes, de même espèce.
Synonymes :
- colonie
- harde
compagnie
n. f.
d1./d Fait d'être présent auprès de qqn. Sa compagnie est très appréciée.
|| En compagnie de qqn: avec qqn.
|| Fausser compagnie à qqn, le quitter sans prévenir.
d2./d Assemblée de personnes réunies par des activités communes, des intérêts communs. Une nombreuse compagnie l'a salué.
|| Fam.... et compagnie: et tous les autres; et tout ce qui s'ensuit.
|| Compagnie de Jésus: les jésuites, leur organisation. (V. Jésus.)
d3./d Association commerciale. Compagnie d'assurances.
— HIST Du XVIIe s. au XIXe s., société financière et de négoce habilitée à pratiquer le commerce (y compris la traite des esclaves) dans un secteur déterminé d'un territoire colonial. La Compagnie des Indes.
— Compagnie à charte (angl. chartered company): dans les colonies brit., au XIXe siècle et au début du XXe siècle, société privée habilitée (par une charte) à exploiter un territoire.
|| Association de personnes ayant mêmes statut ou fonctions. Compagnie des agents de change.
|| Et compagnie (abrév.: et Cie): désigne les associés non nommés dans une raison sociale.
d4./d Compagnie théâtrale: troupe permanente.
d5./d MILIT Dans l'infanterie, troupe commandée par un capitaine.
d6./d Bande d'animaux de même espèce vivant en colonie. Une compagnie de perdrix.
⇒COMPAGNIE, subst. fém.
I.— Fait d'être d'une manière habituelle ou occasionnelle auprès d'une personne.
A.— Présence (d'une ou plusieurs personnes, et p. métaph. d'un animal ou d'une chose) auprès d'une personne. Rechercher, aimer la compagnie; la compagnie des dames :
• 1. Je vois ma mère et ma nièce les dimanches, et puis c'est tout. Ma seule compagnie consiste en une bande de rats qui font dans le grenier, au-dessus de ma tête, un tapage infernal, ...
FLAUBERT, Correspondance, 1867, p. 267.
— Absol. Aimer la compagnie. Aimer être avec une ou plusieurs personnes :
• 2. Genevet a beau les mal nourrir, pour les rendre un peu féroces, ses chiens restent tout juste bons à aboyer faiblement à la lune, quand ils s'ennuient de se trouver seuls dans l'obscurité, tellement ils aiment la compagnie.
BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 56.
B.— Vx [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'un lieu] Être (paraître) bonne ou mauvaise compagnie. Être (pour quelqu'un) une présence agréable ou désagréable. Avec les animaux je veux passer ma vie; ils sont si bonne compagnie! (FLORIAN, Fables, Le Savant et le fermier, 1792, p. 132). Il [Véron] était tout à fait bonne compagnie dans le sens de bon compagnon (SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 9, 1851-62, p. 531).
C.— Expr. et loc. diverses
1. En bonne compagnie. Avec une ou plusieurs personnes agréables. Comtesse, permettez que je vous présente le chevalier de Valelos, ... Comtesse, je vous laisse en bonne compagnie (A. DUMAS Père, Un Mariage sous Louis XV, 1841, II, 3, p. 131). En galante compagnie. Avec une femme (cf. MORAND, New York, 1930, p. 143).
2. Loc. verbales [Le suj. est un animé ou un inanimé] Tenir compagnie à qqn; faire compagnie à qqn (vieilli). Être auprès d'une personne (pour la distraire dans sa solitude); empêcher une personne de se sentir seule. Le feu lui tient compagnie. Les livres lui tiennent compagnie (Ac.). Fausser compagnie à qqn. Quitter (assez brusquement) la personne auprès de laquelle on se trouvait. Elle [madame de Rias] faussa tout à coup compagnie au vicomte Roger pour joindre M. de Kévern (O. FEUILLET, Un Mariage dans le monde, 1875, p. 20) :
• 3. Ce bruit familier [les moulins de Leysieu], dès l'instant qu'elle l'eut identifié, lui tint compagnie. C'était une présence humaine.
DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 43.
3. Dame ou demoiselle de compagnie. Personne dont la fonction consiste à tenir compagnie (à une femme ou à une jeune fille) :
• 4. Mlle Andriot : cheveux presque blancs; le visage est disgracié. Bien habillée, quoique sans élégance. Un rien « dame de compagnie », mais un rien seulement.
MONTHERLANT, Celles qu'on prend dans ses bras, 1950, p. 767.
4. Loc. adv. ou prép.
a) [Détermine un verbe dont le suj. est une pers. ou une chose abstr.] De compagnie. Ensemble. Un homme riche, sot et vain, Qualités qui par fois marchent en compagnie (FLORIAN, Fables, Le Sanglier et les rossignols, 1792, p. 115). Vers le milieu de l'été, toute la famille se prit à rêver de compagnie (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 102). Par compagnie. Comme les chances humaines vont toujours par compagnie, le petit Jean fit son apparition sous les myrtes du domaine (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 94).
b) [Peut être suivi d'un nom désignant un animé ou un inanimé] En compagnie (cf. BALZAC, Gobseck, 1830, p. 390). Avec une (ou plusieurs) personne(s). En (dans la) compagnie de. Avec. Hélas! je suis revenu depuis sur la terre, j'ai cheminé en compagnie de la réalité, sous la férule du jugement et de la raison (TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 173). Rien de neuf dans ma vie, mon cher vieux. Je la passe uniformément au milieu de mes livres et dans la compagnie de mon chien (FLAUBERT, Correspondance, 1872, p. 460).De compagnie avec (Mme DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847, p. 4). En même temps que, avec.
SYNT. Dîner en compagnie de, se plaire ou s'ennuyer en/dans la compagnie de.
II.— P. méton. Groupe de plusieurs personnes.
A.— 1. Vx. Ensemble de personnes qui se trouvent habituellement auprès de quelqu'un :
• 5. Alors le père Maurice prononça son compliment. Il invitait le maître de la maison et toute sa compagnie, c'est-à-dire tous ses enfants, tous ses parents...
G. SAND, La Mare au diable, 1846, p. 165.
2. Groupe de personnes réunies le plus souvent dans un but distractif. Une nombreuse compagnie; une compagnie choisie :
• 6. À cette heure même, dans une chambre voisine de la sienne, une compagnie de jeunes gens et de jeunes femmes, buvant à plein verre le vin, qui est le jus du plaisir, chantaient ce refrain connu : « dans un grenier qu'on est bien à vingt ans ».
MURGER, Scènes de la vie de jeunesse, 1851, p. 173.
— Expr. fam. [S'adressant à une ou plusieurs pers., en guise de salut, ou à la vie, en guise d'adieu] Bonsoir la compagnie. Il saluait le bibliothécaire par ces mots : — Bonsoir, la compagnie! (A. FRANCE., La Révolte des anges, 1914, p. 174) :
• 7. Je peux encore être d'une petite utilité à la cause de la vérité; mais, si je te perdais [Maurice Sand], bonsoir la compagnie!
G. SAND, Correspondance, t. 3, 1812-76, p. 138.
— Proverbe. Il n'y a si bonne compagnie qui ne se sépare ou ne se quitte (Ac.). ,,Les choses même les plus agréables ont une fin`` (Lar. 19e).
3. Spéc. La bonne compagnie. Personnes appartenant à la classe aisée, se fréquentant exclusivement. La haute ou la grande compagnie. L'aristocratie. La mauvaise compagnie. Personnes d'un bas niveau social, personnes qui, d'après les règles morales et les valeurs admises par d'autres, sont grossières et vulgaires. La bonne compagnie, en Allemagne, c'est la cour; en France c'étoient tous ceux qui pouvoient se mettre sur un pied d'égalité avec elle (Mme DE STAËL, De l'Allemagne, t. 1, 1810, p. 170). Si violente que soit leur passion, Hermione, Andromaque, Roxane, Bérénice, gardent le ton de la meilleure compagnie (TAINE, Philos. de l'art, t. 1, 1865, p. 93) :
• 8. À Paris, dans la « Société » l'argent ne joue qu'un rôle occulte. On est censé en avoir... Manquer à cette convention, ce serait s'éliminer soi-même de la bonne compagnie.
A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 119.
— [En parlant d'une pers.] De bonne ou de mauvaise compagnie. Qui appartient à la bonne ou à la mauvaise compagnie et en a les manières; qui a de bonnes manières, qui est bien élevé, ou le contraire. Il faut laver son linge sale en famille, disait Napoléon, dans un langage bien digne d'un empereur de mauvaise compagnie (FONGERAY, Les Soirées de Neuilly, t. 1, 1827, p. 15) :
• 9. M. Care est un philosophe bien pensant et de bonne compagnie, la petite monnaie de Cousin, un écrivain fade et sucré, dont la tenue correcte a fait le triomphe.
ZOLA, Doc. littér., Chateaubriand, 1881, p. 12.
♦ Plais. J'aurai l'honneur de vous donner un soufflet (...) de bonne compagnie... avec le gant! (LABICHE, J'ai compromis ma femme, 1861, 10, p. 159).
♦ P. méton. :
• 10. Il y a des rues de mauvaise compagnie où vous ne voudriez pas demeurer... Quelques rues... ont une belle tête et finissent en queue de poisson...
BALZAC, Ferragus, 1833, p. 13.
B.— Groupe organisé, institué pour un but précis.
1. Corps constitué, association de personnes (magistrats, religieux, savants, gens de lettres ou artistes) réunies pour une œuvre commune. Une compagnie de ballets, une compagnie de musique. La plupart des riches paysans romains, alors comme aujourd'hui, faisaient partie de quelque compagnie de pénitents (STENDHAL, L'Abbesse de Castro, 1839, p. 172). Les avoués de Paris, compagnie assez calomniée, entreprennent gratuitement la poursuite des procès des indigents (BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 402).
— Absol. La compagnie ou la Compagnie. Peut désigner, selon le contexte : la compagnie des Jésuites ou compagnie de Jésus, l'Académie française, la Comédie-Française; [souvent suivi d'un nom propre, nom du fondateur] la compagnie de théâtre X... ou Y... Il ressemblait, tout de noir vêtu, énergique et onctueux en même temps, à quelque membre de la Compagnie (F. JAMMES, Mémoires, 1922, p. 207). J'ai entendu la compagnie Stanislavsky jouer les Trois sœurs de Tchekhov (DU BOS, Journal, 1926, p. 32) :
• 11. « Messieurs de la Comédie-Française! ... » Rasés de près, solennels, saluant ainsi qu'au grand siècle, ils se campaient en nobles attitudes autour de leur doyen qui, d'une voix caverneuse, présentait la Compagnie, parlait des efforts, des vœux de la Compagnie, la Compagnie sans épithète, sans qualificatif, comme on dit Dieu...
A. DAUDET, Numa Roumestan, 1881, p. 297.
2. a) Société commerciale (spécialisée dans certaines opérations ou assurant un service public), ou société industrielle. Compagnie d'assurances. Le gouvernement de la République demeura soumis au contrôle des grandes compagnies financières (A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 322).
SYNT. Compagnie de chemin de fer, de gaz, de navigation, d'omnibus; compagnie aérienne; compagnie pétrolière.
b) Loc. Et compagnie (abrév. et Cie). [Loc. que l'on ajoute après l'énumération des associés désignant la raison sociale de la société, pour indiquer qu'il en existe d'autres qui ne sont pas nommés] Et ses associés :
• 12. [Le maître drapier :]. — ... Joseph, l'inventaire est fini... Madame Guillaume m'a donné l'idée de vous offrir un intérêt. Hein! Guillaume et Lebas, ces mots ne feraient-ils pas une belle raison sociale? On pourrait mettre et compagnie pour arrondir la signature.
BALZAC, La Maison du chat-qui-pelote, 1830, p. 31.
— Familier
♦ [Après un adj. de sens péj. : laisse sous-entendre tous les synon. possibles] Tous les curés, ça se vaut, c'est hypocrite et compagnie (ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, p. 1187).
♦ [Après un nom propre de pers.] Plais. ou péj. Et tous les autres. À ton âge, je savais Virgile et compagnie par cœur (J. DE MAISTRE, Correspondance, t. 3, 1808-10, p. 142). Les larves sinistres comme Painlevé, Poincaré, Briand et compagnie l'avaient [Mangin] en suspicion et en haine (L. DAUDET, La Recherche du beau, 1932, p. 197).
c) ARITHM. Règle de compagnie. Synon. règle de société.
3. Spéc. Groupe, troupe de gens armés. Le reste du royaume était dévasté par les compagnies d'aventuriers et de brigands qui n'obéissaient à aucun souverain (BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 1, 1821-24, p. 58).
a) Bande d'aventuriers. Réunis en bandes très-nombreuses, ou plutôt une grande armée qu'on appelait la compagnie blanche, ils [les aventuriers] pillaient les campagnes (MÉRIMÉE, Hist. de Don Pèdre Ier, roi de Castille, 1848, pp. 334-335). Plur. Les grandes compagnies. Bandes qui s'étaient formées pendant la guerre de Cent ans et qui par la suite ravagèrent le pays (cf. ZOLA, La Terre, 1887, p. 79).
b) TECHN. MILIT. Unité d'infanterie et d'autres armes anciennement à pied, commandée généralement par un capitaine. Compagnie de grenadiers, de parachutistes. Mon fils m'annonce le départ de la compagnie des gardes à pied où il est enrôlé (MAINE DE BIRAN, Journal, 1815, p. 45). Les voitures de la compagnie de mitrailleuses annoncèrent la fin du bataillon (MONTHERLANT, Le Songe, 1922, 2e part., p. 131).
— Vx. Compagnies franches. Détachements spéciaux ne faisant pas partie d'un régiment :
• 13. Elle [la République] avait d'abord pourvu à la défense des départements attaqués, en en remettant le soin aux habitants patriotes par un des articles de cette loi de messidor... Cet article... était ainsi conçu : Il sera organisé des compagnies franches dans les départements de l'Ouest.
BALZAC, Les Chouans, 1829, p. 8.
— Compagnies de discipline. Unités, remplacées aujourd'hui par les sections spéciales, où étaient envoyés les soldats qui avaient encouru une condamnation (cf. DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 242).
c) Compagnie républicaine de sécurité (C.R.S.). Unité mobile de police chargée du maintien de l'ordre. Un C.R.S. Policier appartenant à cette unité. À Saint-Nazaire, l'intervention des compagnies républicaines de sécurité pour dégager l'usine occupée fait de nombreux blessés (J.-D. REYNAUD, Les Syndicats en France, 1963, p. 140).
C.— P. anal., VÉN. Bande d'animaux de même espèce qui vivent en groupe. Une compagnie de perdreaux ou de perdrix. Bêtes de compagnie. ,,Jeunes sangliers qui vont encore par troupes`` (Ac.).
— Rare [En parlant d'animaux domestiques] Les carreaux blanchirent, un fiacre passa, puis une compagnie d'ânesses qui trottinaient sur le pavé (FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 226).
— Vieilli, fig. et fam. Être bête de compagnie. ,,Aimer la société et se laisser facilement mener où les autres veulent`` (Ac.).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 cumpainie « réunion de personnes » (St Alexis, éd. Ch. Storey, 604); 2. ca 1175 tenir conpaignie (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, éd. M. Roques, vers 5728); 1540 faulcer compaignie (Amadis, p. 9 ds IGLF); 3. a) ca 1100 cumpagnie « troupe de gens armés » (Roland, éd. J. Bédier, vers 1471); b) 1585 « unité militaire sous les ordres d'un capitaine » (N. DU FAIL, Contes et Discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 307); 4. a) 1283 compaignie « association de débiteurs » (Charte de Lille ds Roisin, éd. Brun-Lavainne, p. 47); [1560 Compagnie d'Afrique nom de la 1re compagnie commerciale, fondée en 1560 d'apr. GUÉRIN 1892, sans réf.] 1635 compagnie (commerciale) (MONET Abrégé); b) av. 1655 Compagnie de Jésus (CYRANO DE BERGERAC, Lettres satiriques, p. 121 ds IGLF); 5. 1559 « groupe d'animaux » (AMYOT, Cicéron, 59 ds LITTRÉ). Dér. en -ie soit de l'a. fr. compain (compagnon, copain), soit de l'a. fr. compaign(i)e « compagnie » (Alexis, éd. Ch. Storey, 607) issu d'un lat. pop. compania, dér. de companio (compagnon). Fréq. abs. littér. :5 441. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 061, b) 8 359; XXe s. : a) 9 244, b) 7 074. Bbg. GOHIN 1903, p. 334. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 27, 374. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 21.
compagnie [kɔ̃paɲi] n. f.
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1 Présence auprès de qqn, fait d'être avec qqn (dans quelques expressions). ⇒ Société. ☑ Aller de compagnie avec… ⇒ Accompagner. || Voyager de compagnie, ensemble. ⇒ Conserve (de). || Sans compagnie : seul. || En compagnie, avec la seule compagnie de… || Se plaire en la compagnie de, apprécier la compagnie de, rechercher la compagnie de. ⇒ Présence. || Être l'un pour l'autre une compagnie. ☑ Fausser compagnie à qqn. ⇒ Quitter. ☑ Tenir compagnie à qqn : rester auprès d'une personne, et, fig. (en parlant des choses), se trouver auprès, aller de pair avec…
1 La vertu n'irait pas si loin si la vanité ne lui tenait compagnie.
La Rochefoucauld, Maximes, 200.
2 Capitaine renard allait de compagnie
Avec son ami bouc des plus haut encornés.
La Fontaine, Fables, III, 5.
3 (…) mon âme et mon corps marchent de compagnie.
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
4 Mlle Planude s'agenouillait à la Table sainte, avec un petit sac de titres ou d'obligations ficelé sur sa chaste peau, en compagnie des médailles et scapulaires.
Léon Bloy, la Femme pauvre, II, XVIII, p. 263.
5 Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie.
Valéry, l'Idée fixe, p. 163.
6 (…) il faussait poliment compagnie au Patron et se hâtait de courir à ses affaires (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 129.
♦ ☑ Loc. … de compagnie. || Dame, demoiselle de compagnie : personne appointée pour tenir compagnie à une autre. — Anciennt. || La dame de compagnie d'une jeune fille. ⇒ Chaperon, porte-respect.
7 (…) Camille a une dame de compagnie, Mme veuve Tribou, qui ne la quitte jamais (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, VI, p. 233.
♦ ☑ Être de bonne, de mauvaise compagnie : être d'une société agréable, déplaisante; aussi (→ ci-dessous, 2.) : être bien, mal élevé.
♦ Animal de compagnie : animal domestique élevé pour vivre dans la familiarité des personnes, pour leur faire une compagnie, par opposition aux animaux élevés à des fins purement utilitaires — pour leur viande, leur lait, leur fourrure, etc. (→ aussi ci-dessous, 5., bête de compagnie, dans un autre sens). || Les chiens et les chats sont les animaux de compagnie les plus répandus.
2 (XVIe). Vx. Réunion volontaire, souvent organisée, de personnes. ⇒ Assemblée, réunion, société (→ aussi Arriver, cit. 55; boire, cit. 21; caleter, cit. 1; chacun, cit. 1). || Une joyeuse compagnie. || Être en nombreuse compagnie. ☑ La bonne compagnie : la haute société (→ Bain, cit. 9). — ☑ Prov. Il n'est si bonne compagnie qu'on ne quitte : les choses les plus agréables ont une fin.
8 (…) — à préparer ma maison pour la compagnie qui doit venir tantôt (…) — et toutes vos compagnies font tant de désordre céans, que ce mot est assez pour me mettre en mauvaise humeur.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 2.
9 (…) la bonne compagnie est de fort bonne compagnie.
Mme de Sévigné, 659, 4 oct. 1677.
10 (…) que je fusse peuple à la guinguette et bonne compagnie au Palais Royal.
Rousseau, Émile, IV.
♦ Mod. || Une bonne compagnie : un groupe de personnes choisies. ⇒ Communauté.
10.1 Ce qui restreint beaucoup notre recrutement tient en outre à ce que notre Compagnie est (…) une bonne compagnie (…)
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes, 1958-1960, p. 204.
♦ ☑ Loc. De bonne compagnie : empreint de courtoisie, d'urbanité, d'affabilité. || Avoir, garder un ton, des manières de bonne compagnie.
10.2 Dans la salle du petit théâtre, quelques commentaires s'échangent alors, assez bas, sur un ton de bonne compagnie.
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 45.
3 (1636). Association de personnes que rassemblent des statuts communs. ⇒ Société. || Compagnie industrielle, commerciale, financière, coloniale (→ Chocolat, cit. 3). || La Compagnie des Indes. || Compagnie de transports en commun (→ Autobus, cit. 1), de chemins de fer, d'assurances… || La Compagnie financière de Suez. || Compagnie aérienne : entreprise de transport aérien.
♦ Histoire :
10.3 Ils concluaient avec les travailleurs des villages des compagnies, des societates, de même allure que les associations de commerce : ils fournissaient le capital, le paysan son travail et ses soins; le bénéfice était partagé.
Georges Duby, Guerriers et Paysans, p. 292.
♦ Et Cie (et compagnie), à la fin d'une raison sociale, désigne les associés qui n'ont pas été nommés.
10.4 (…) le sujet de ce roman (… et Cie) consiste dans l'étude — je préfère dire : le récit de l'ascension d'une famille de petits fabricants juifs d'Alsace qui optent pour la France en 71, triomphent de la concurrence, arrivent à la fortune, à la puissance, et se trouvent finalement, en l'espace de deux générations, victimes de cette puissance qu'ils ont ainsi créée, victimes avant tout de l'argent. Ce que je désigne sous cette dénomination mystérieuse de … et Cie, c'est cette vague force anonyme qui détruit le premier terme positif et nominal de toute construction industrielle.
J.-R. Bloch, Deux hommes se rencontrent, p. 128.
♦ Fam. (après un n. pr.). Et tous les autres.
10.5 À ton âge, je savais Virgile et compagnie par cœur.
J. de Maistre, Correspondance, 1808-1810; t. III, p. 142.
♦ (Après un qualificatif péjoratif, laisse sous-entendre tous les synonymes envisageables) :
10.6 Meussieu Marcel et son copain, i veulent met' la main sur l'argent du père Taupe. C'est voleur et compagnie. Mais on arrivera avant eux.
R. Queneau, le Chiendent, p. 163.
♦ Compagnie savante. ⇒ Collège, société. || L'illustre compagnie : l'Académie française.
11 Une sage Compagnie peut bien, comme une personne, considérer sa vie, interroger ses souvenirs, faire un examen de sa conscience (…)
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 291.
12 Il (le conducteur de train) allait alors rendre visite à deux ou trois collègues de la Compagnie (…) La Compagnie faisait les frais de toutes les conversations. On ne la ménageait pas. C'était quelque chose de grand, de sombre, de despotique, une redoutable divinité. On la traitait donc durement, puisqu'elle était dure, mais presque religieusement aussi, parce qu'elle était devenue pour ces gens simples, une Puissance obscure et sans visage, une abstraction : la Compagnie.
H. Bosco, Antonin, p. 43.
12.1 Gémier m'ayant donc entendu, m'a dit que ce que je faisais pouvait intéresser Dullin et il m'a envoyé de sa part chez lui. Dullin m'a entendu jeudi et tout de suite après, j'étais reçu dans sa compagnie.
A. Artaud, Lettre à Yvonne Gilles, 1921, in Œ. compl., t. III, p. 121.
4 a (XIVe). Vx ou hist. Réunion de gens armés (→ Avec, cit. 33). || Les grandes compagnies emmenées en Europe par Du Guesclin. || Les compagnies d'ordonnance, instituées par Charles VII. Compagnies colonelles. — Les massacreurs des compagnies de Jéhu. ⇒ Troupe.
b (V. 1650). || La Compagnie de Jésus : les Jésuites, leur organisation. ⇒ Jésuite. — Absolt. || Un membre influent de la Compagnie.
c Unité de formation d'infanterie placée sous les ordres d'un capitaine (appelé commandant de compagnie). || Les compagnies d'un bataillon, d'un escadron, d'un régiment. || Compagnie d'accompagnement. || Compagnie hors-rang. || Les sections d'une compagnie. — Anciennt (jusqu'en 1910). || Compagnies de discipline, où étaient incorporés ceux qui, dans leur vie militaire, avaient encouru une condamnation (remplacées en 1910 par des sections spéciales, jusqu'en 1975). ⇒ Bataillon (bataillons d'Afrique; Bat' d'Af); biribi, joyeux.
13 Autrement dit son colonel de ce temps-là déplore de n'avoir pas pu l'envoyer aux compagnies de discipline.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XIV, p. 147.
14 Non (…) mais il y a, en ce moment, deux compagnies de la quatrième qui doivent relever les deux autres compagnies.
P. Mac Orlan, la Bandera, XX, p. 252.
♦ (1945). || Compagnies républicaines de sécurité (C. R. S.) : formations mobiles de police, chargées d'assurer l'ordre public.
5 (1559). Groupe d'animaux de même espèce, qui vivent en colonie. || Compagnie de cerfs, de bêtes fauves. ⇒ Harde. — Bête de compagnie : jeune sanglier qui ne quitte pas encore sa mère (→ aussi ci-dessus, 1., animal de compagnie, dans un autre sens). — Fig. et fam. (vieilli). Se dit plaisamment d'une personne qui n'aime pas à rester ni à agir seule.
15 Le café est tout à fait disgracié; le chevalier croit qu'il l'échauffe (…) et moi en même temps, bête de compagnie, comme vous me connaissez, je n'en prends plus (…)
Mme de Sévigné, 1079, 1er nov. 1688.
16 Vous savez que les perdreaux vont par bandes et nichent ensemble au creux des sillons (…) Notre compagnie à nous (c'est un perdreau qui parle) est gaie et nombreuse, établie en plaine sur la lisière d'un grand bois, ayant du butin et de beaux abris de deux côtés.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, II, « Les émotions d'un perdreau rouge ».
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CONTR. Absence, isolement, solitude.
Encyclopédie Universelle. 2012.