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compenser

compenser [ kɔ̃pɑ̃se ] v. tr. <conjug. : 1>
XVIe; « solder une dette » 1277; lat. compensare, de pensare « peser »
(Sujet personne) Équilibrer (un effet, généralement négatif, par un autre). balancer, contrebalancer, corriger, équilibrer, neutraliser, racheter, réparer. Compenser une perte par un gain; un ennui par une satisfaction. Compenser un préjudice. indemniser. Sans compl. Pour compenser, je t'emmènerai au théâtre (cf. Pour la peine, en récompense). (Sujet chose) Le gain ne compense pas le déficit.
SE COMPENSERv. pron. S'équilibrer. Leurs caractères se compensent. « Les deux inégalités, bien loin de s'opposer et de se compenser, s'ajoutent au contraire » (Péguy).
⊗ CONTR. Accentuer, aggraver, ajouter (s'), déséquilibrer.

compenser verbe transitif (latin compensare) Contrebalancer, équilibrer un effet par un autre, neutraliser un inconvénient, un préjudice par un avantage, un dédommagement ; dédommager : L'accroissement des impôts compense les dépenses nouvelles. Satisfaire plus que nécessaire un besoin pour remplacer l'inassouvissement d'un autre besoin : Elle compense, en mangeant, le manque d'affection qu'elle ressent. En droit, effectuer une compensation. ● compenser (synonymes) verbe transitif (latin compensare) Contrebalancer, équilibrer un effet par un autre, neutraliser un inconvénient...
Synonymes :
- balancer
- corriger
- équilibrer
- neutraliser
- pondérer

compenser
v. tr.
d1./d Rétablir un équilibre entre (deux ou plusieurs éléments, choses). Compenser un dommage par un avantage. Sa gentillesse compense tous ses défauts.
d2./d DR Compenser les dépens, une dette: V. compensation (sens 3).
d3./d MAR, AVIAT Compenser un compas: V. compensation (sens 6).
d4./d v. Pron. Gains et pertes se compensent, s'équilibrent.

⇒COMPENSER, verbe trans.
Faire équilibre à un fait ou un effet, généralement négatif ou défavorable, par un effet opposé.
A.— [Le sujet désigne la chose qui constitue une compensation] Fréq. au passif. Compenser qqc. ou être compensé par qqc. Ce fermier a eu de bonnes et de mauvaises années, les unes compensent les autres. Le gain de cette année compense la perte de la précédente (Ac. 1835-1932). Le désavantage d'être au-dessous des princes est richement compensé par l'avantage d'en être loin (CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, p. 148). La pauvre grand'mère ne croit pas à Dieu, ni que rien, au delà de la mort, compensera sa triste vie (GIDE, Journal, 1926, p. 821). Il en faudra, des semaines de pluie, pour compenser cette journée claire (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, p. 134) :
1. Les gémissements des personnes aisées sont-ils autre chose qu'un gaspillage du temps social compensé par le travail des classes laborieuses qui, moins favorisées de dame fortune, renforcent les leurs?
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, p. 241.
Emploi abs. En avril, Jersey est un paradis. L'hiver y est triste et noir, mais l'été compense (HUGO, Correspondance, 1853, p. 139). Et puis j'ai la satisfaction d'être dans un milieu d'artistes, ça compense (COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, p. 150).
Emploi pronom. Les biens et les maux se compensent (Ac. 1835-1932). Cette ardeur pour les hardies délices de l'existence militaire se compensait par de dures rancœurs (P. BOURGET, Essais de psychol. contemp., 1883, p. 217). Mouvements de gyration se compensant réciproquement (H. POINCARÉ, Leçons sur les hyp. cosmogoniques, 1911, p. 69) :
2. Ah! La vie n'est pas faite pour rire! C'est une chose bien triste (...) surtout quand la pensée de Dieu n'y est pas; mais avec la pensée de Dieu, tout se compense, tout se rétablit. Les maux sont pris en patience, les chagrins s'adoucissent.
CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1832, p. 141.
B.— [Le suj. désigne une pers.] Compenser qqc. (par qqc.). Compenser un préjudice; compenser un inconvénient par un avantage, un mal par un bien. Il a compensé ce que je lui devais avec ce qu'il me doit (Ac. 1835-1932) :
3. L'ignorance en matière de diététique est encore très étendue dans les pays les plus évolués, mais leurs habitants compensent les déséquilibres de ration par la quantité et la variété, ce que ne peuvent faire d'autres populations.
Le Tiers monde, 1956, p. 142.
Emploi abs. — Quand on a vécu comme moi, comment pourrait-on faire ce... chose... métier, si on ne... compensait pas quelquefois? (MALRAUX, La Condition humaine, 1933, p. 299).
En partic.
DR. Compenser les dépens. Répartir les dépens entre les plaideurs.
MÉD. Réagir de façon à rétablir un équilibre physiologique en contrebalançant ou neutralisant les effets pathologiques d'une maladie. Compenser une lésion cardiaque.
PSYCHANAL. Réagir à une infériorité réelle ou imaginaire par la recherche de satisfactions dans un comportement secondaire. L'autoritaire souffre d'un sentiment permanent d'incomplétude qu'il a besoin de compenser sans cesse (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 511). Compenser une infériorité, n'est-ce pas après tout satisfaire un désir secret? (M. CHOISY, Qu'est-ce que la psychanalyse? 1950, p. 154).
TECHNOL. Contenir, en leur opposant des effets contraires, les variations de certains appareils ou mécanismes. Lorsque le gouvernail [d'un navire] est compensé, l'étambot arrière (...) devient superflu et est supprimé (A. CRONEAU, Construction pratique des navires, t. 1, 1892, p. 292). Pour compenser un compas [à bord d'un aéronef], on devra (...) ramener à une valeur minime (...) le champ horizontal permanent causé par des fers durs (A.-B. DUVAL, L. HÉBRARD, Traité pratique de navigation aérienne, 1928, p. 42, 43).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. compensant, ante. Qui compense. Pourrait-on dire qu'il y a une compensation et que chaque individu représente les défauts et les qualités du type exagéré d'une manière compensante; je ne le crois pas (C. BERNARD, Principes de méd. exp., 1878, p. 144).
Prononc. et Orth. :[], (je) compense []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) [Début XIIIe s. a. dauph. compensar « équilibrer » (Trad. du Code de Justinien, fol. 34 ds RAYN. t. 4, p. 498b)]; 1277 compenser a (qqc). « équilibrer, corriger » (Lettre d'Edouard I, Lettres de Rois, etc., I, 192 ds GDF.); b) ca 1395 compenser les dépens (J. BOUTILLIER, Somme rurale, éd. 1505, f° 204 ds FEW t. 2, p. 976b, s.v. compensare); c) 1913 part. passé pathol. (PROUST, Du côté de chez Swann, p. 132); d) 1953 semelles compensées (Lar. 20e Suppl.); 2. fin du XVe s. compencer « dédommager » (L'Amant rendu cordelier, éd. A. de Montaiglon, CXLII, v. 1134, p. 50); 1832 part. prés. adj. (RAYMOND). Empr. au lat. class. compensare « mettre en balance, contre-balancer, compenser ». Fréq. abs. littér. :444. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 657, b) 333; XXe s. : a) 494, b) 850.
DÉR. Compensable, adj. Qui peut être compensé. Dettes compensables dues par la même personne (Code civil, 1804, p. 233). []. 1res attest. a) 1580 « qui peut compenser » (M. DE LA PORTE, Epithètes, 311 v° ds HUG.) — 1611, COTGR. b) 1804 « qui peut être compensé » (Code civil, loc. cit.); de compenser, suff. -able. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — DUB. Dér. 1962, p. 53 (s.v. compensable).

compenser [kɔ̃pɑ̃se] v. tr.
ÉTYM. 1277, « solder une dette »; dans un sens extensif, fin XVe; lat. compensare, de com-(cum), et pensare (→ Penser; peser), littéralt « peser ensemble pour comparer, équilibrer ».
1 Équilibrer (un effet négatif) par une chose considérée comme équivalente et positive. Balancer, contrebalancer, équilibrer.
(Sujet n. de personne). Donner, procurer (qqch.) à qqn, de manière à réparer un effet négatif.Vieilli. (Le compl. désigne un objet matériel ou de l'argent). || Compenser la perte de qqch. par un cadeau. Dédommager.Compenser une perte par un gain, sa perte par un gain, un déficit par un bénéfice…Compenser les services de qqn par une somme d'argent, une rémunération, une récompense. Indemniser, récompenser (qqn); échanger (qqch.). || Compenser les frais de qqn par une indemnité. Couvrir.Vieilli. || Compenser qqn de qqch., lui donner l'équivalent. Dédommager.
1 (…) il lui vint l'idée de faire à chacun des pauvres acquéreurs un petit avantage pour les compenser des intérêts qu'ils avaient déjà payés.
G. Sand, François le Champi, XIX, p. 140.
(Le compl. désigne un avantage moral, intellectuel…). || Compenser un préjudice moral, une peine (par un avantage). Réparer; rendre. || Il essayait vainement de compenser tous les torts qu'il m'avait causés. Expier, racheter (se racheter de). || Pour compenser, je t'emmènerai au cinéma. Peine (pour la), récompense (en).
1.1 C'était le jour (la Toussaint) où l'on essayait de compenser auprès du défunt l'isolement et l'oubli où il avait été tenu pendant de longs mois.
Camus, la Peste, p. 258.
(Le sujet désigne ce qui compense). Plus cour. || Son succès ne compense pas les échecs précédents. Balancer, contrebalancer, corriger, équilibrer, neutraliser, racheter, réparer. || Ceci compense cela. Égaler. || Le gain ne compense pas le déficit. Combler. || Compenser de manière à rétablir l'équilibre, à égaliser… || Aucun plaisir, aucune distraction ne pourra compenser cette peine. || Rien ne pourra compenser l'injure, l'affront. Venger; revanche.
2 (…) il est indispensable que de telles âmes (les convers) existent pour compenser les nôtres; ils sont les oasis divines d'ici-bas (…) où Dieu réside, alors qu'il a vainement parcouru le désert des autres êtres.
Huysmans, En route, Préface, V.
3 Hélas ! Rien de plus mauvais pour un intestin délicat et enclin à la constipation. Est-ce que dix minutes d'exercice supplémentaire peuvent compenser un petit morceau de râble ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 155.
Absolt. || Il est jaloux mais très amoureux, cela compense. Rattraper. || « L'hiver y est (à Jersey) triste et noir; mais l'été compense » (Hugo, in T. L. F.).
2 Rare. Équilibrer (une chose positive) par un équivalent négatif.
4 Il en faudra, des semaines de pluie, pour compenser cette journée claire.
G. Duhamel, les Pasquier, Le désert de Bièvre, p. 134, in T. L. F.
REM. L'emploi neutre (avec l'idée de réciprocité) est, comme pour le pronominal, beaucoup plus normal et usuel : il y a de bonnes et de mauvaises choses là-dedans, les unes compensent les autres. Cet emploi est normal dans les domaines d'où les jugements de valeur sont exclus, sciences, etc. (→ ci-dessous, 3.).
3 Équilibrer (un effet, une force) par son contraire, son équivalent. || Force qui en compense une autre.
Organiser (un système complexe), régler (un instrument) de manière que des effets contraires, des variations, etc., soient compensés. || Compenser un compas, un gouvernail. Compensé.
4 Méd. Rétablir un équilibre physiologique menacé en contrebalançant les effets pathologiques de (une maladie). || Compenser une lésion valvulaire.
(1926, in D. D. L.). Psychol. Chercher à soulager (une souffrance intime : sentiment d'une infériorité, réelle ou imaginaire) par la recherche d'une satisfaction supplétive. || Compenser qqch. par qqch.Absolt (1926, in D. D. L.). || Il cherche à compenser. aussi Surcompenser.
——————
se compenser v. pron.
S'équilibrer. || Leurs caractères se compensent. || Effets réciproques, forces, poussées… qui se compensent.
5 La cause principale et peut-être unique de l'amélioration des terres est le mélange d'une autre terre différente, dont les qualités se compensent et font de deux terres stériles une terre féconde.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, t. I, p. 312.
6 L'inégalité des lots en nature se compense par un retour, soit en rente, soit en argent.
Code civil, art. 833.
7 La matière étendue, envisagée dans son ensemble, est comme une conscience où tout s'équilibre, se compense et se neutralise (…)
H. Bergson, Matière et Mémoire, p. 245.
8 (…) ces deux inégalités, bien loin de s'opposer et de se compenser, s'ajoutent au contraire et s'alourdissent l'une l'autre.
Ch. Péguy, la République, p. 173.
CONTR. Accentuer, aggraver, ajouter (s'), déséquilibrer.
DÉR. et COMP. Compensable, compensateur, compensatif, compensatoire, compensé. Décompenser, surcompenser. V. Compensation.

Encyclopédie Universelle. 2012.