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coquille

coquille [ kɔkij ] n. f.
• 1262; lat. conchylium, gr. konkhulion, croisé avec lat. coccum « coque »
I
1Enveloppe calcaire qui recouvre le corps de la plupart des mollusques. coque, coquillage, vx écaille, 1. test; exosquelette. Mollusques à coquille. amphineures, céphalopodes, gastéropodes, lamellibranches. Coquille des testacés, des crustacés. carapace, cuticule. La coquille spiralée des gastéropodes. Charnière, opercule des coquilles bivalves des lamellibranches. La limace est dépourvue de coquille. Fig. Rentrer dans sa coquille (comme l'escargot) :se replier sur soi. Sortir de sa coquille.
♢ COQUILLE S AINT- J ACQUES (appelée ainsi parce que les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle en fixaient une valve à leur manteau et à leur chapeau) :mollusque bivalve du genre peigne, comestible, très recherché, dont la coquille en forme d'éventail est cannelée de côtes rayonnantes très marquées, de section arrondie. — Le mollusque lui-même. Coquilles Saint-Jacques à la provençale. La noix et le corail d'une coquille Saint-Jacques. Ellipt Des Saint-Jacques.
2Motif ornemental représentant une coquille. Coquille de bénitier, de fontaine : vasque en forme de coquille. Petit ornement en quart-de-rond. Stèle, fronton orné d'une coquille. « des volutes rococo, des fioritures, des coquilles » ( Vialatte).
3Objet creux évoquant une coquille, un coquillage.
Coquille d'épée : collerette concave qui protège la main, près de la garde.
Coquille d'escalier : le dessous, en forme d'hélice ( colimaçon) .
Récipient creux. Coquille à hors-d'œuvre. Par méton. Plat servi dans une coquille Saint-Jacques, un ramequin. Des coquilles de poisson. Coquille de beurre : noix de beurre moulée en forme de coquille.
Méd. Plâtre amovible moulant le torse.
Sports de combat Appareil de protection du bas ventre (hommes).
Format coquille (à cause du filigrane) :format 44 × 56.
IIPar anal.
1Enveloppe calcaire des œufs d'oiseaux et de reptiles (tend à remplacer coque). Poussin qui brise sa coquille. La coquille de cet œuf est fêlée. Jeter les coquilles vides. Adj. inv. COQUILLE D'ŒUF : d'un blanc à peine teinté. Des murs coquille d'œuf.
2Enveloppe dure (des noix, noisettes...). coque(plus cour.).Fig. COQUILLE DE NOIX : petit bateau, barque. Il « s'embarque sur la même coquille de noix » (Balzac).
III(1723) Faute typographique, lettre substituée à une autre. Épreuve pleine de coquilles. Corriger une coquille.

coquille nom féminin (latin populaire conchilia, du grec kogkhulion) Synonyme de coque. Plus spécialement, enveloppe protectrice dure et calcaire de la plupart des mollusques et des brachiopodes. Enveloppe ligneuse de certains fruits : Coquilles de noix. Objet, motif ornemental évoquant la forme d'une coquille, et en particulier d'une coquille de mollusque bivalve. Armement Expansion inférieure de la garde d'une épée, d'un sabre, d'une dague, servant à protéger la main. Bâtiment Voûte en cul-de-four naissant d'un trompillon et le plus souvent appareillée en panache. Bonneterie Dessin de broderie appliqué en bordure de certains articles, (brassières) à l'aide de machines spéciales, dites « machines à point de coquille ». Chirurgie Appareil généralement plâtré, destiné à limiter ou à supprimer les mouvements d'une partie du corps chez un patient alité. Cuisine Préparation culinaire enrobée de sauce, servie dans une coquille ou un ramequin. Lamelle de beurre roulée sur elle-même. Habillement Bonnet en matière rigide doublant le soutien-gorge d'un bustier. Imprimerie Substitution d'une lettre à une autre, par erreur, dans la composition d'un texte. Maroquinerie Synonyme de coque. Métallurgie Chacune des parties séparables d'un outillage de mise en forme, permettant l'évacuation de la pièce finie. Pièce métallique placée dans la masse d'un moule de fonderie en sable et contre laquelle se solidifie le métal. Moule métallique permanent. Industrie du papier Ancien format de dimensions 44 ×56 cm. Sports Ceinture de protection du bas-ventre, dont le port est obligatoire dans certains sports de combat. ● coquille (citations) nom féminin (latin populaire conchilia, du grec kogkhulion) Gaston Bachelard Bar-sur-Aube 1884-Paris 1962 Dès l'époque secondaire, les mollusques construisaient leur coquille en suivant les leçons de la géométrie transcendante. La Poétique de l'espace P.U.F.coquille (difficultés) nom féminin (latin populaire conchilia, du grec kogkhulion) Emploi Coquille d'huître est aujourd'hui admis. Remarque 1. Écaille d'huître, seul admis naguère, est aujourd'hui vieilli. 2. Écaille s'est conservé dans le dérivé écailler, ère (= personne dont le métier est d'ouvrir les huîtres, dans un restaurant). ● coquille (expressions) nom féminin (latin populaire conchilia, du grec kogkhulion) Familier. Coquille de noix, petite embarcation fragile. Familier. Rentrer dans sa coquille, se retirer prudemment après s'être un peu trop avancé ; se renfermer en soi-même. Familier. Rester dans sa coquille, rester chez soi, fuir la société ; se replier sur soi-même. Coquille d'œuf, catégorie de porcelaine chinoise et japonaise à pâte très fine, légère et translucide. Papier coquille, papier d'un format de 44×56 cm. Coquille Saint-Jacques, grand mollusque bivalve comestible, dont la valve creuse a servi d'écuelle et de symbole aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. ● coquille (synonymes) nom féminin (latin populaire conchilia, du grec kogkhulion)
Synonymes :
- Maroquinerie. coque

coquille
n. f.
rI./r
d1./d Enveloppe dure, calcaire, univalve ou bivalve, sécrétée par le tégument de certains mollusques (lamellibranches, gastéropodes, etc.). Coquille d'huître, d'escargot.
|| Coquille Saint-Jacques: lamellibranche comestible du genre Pecten.
|| Loc. fig. Rentrer dans sa coquille: refuser la communication, l'échange avec autrui.
d2./d TECH élément ayant pour section une demi-couronne circulaire.
d3./d SPORT Appareil de protection des parties génitales (utilisé dans les sports de combat notam.).
d4./d TYPO Faute de composition.
rII./r
d1./d Matière calcaire qui recouvre l'oeuf.
|| (En appos.) Un chemisier coquille d'oeuf, beige pâle.
d2./d Enveloppe ligneuse d'une amande, d'une noisette, etc.
|| Fig., Fam. Coquille de noix: embarcation très légère.

⇒COQUILLE, subst. fém.
A.— Enveloppe.
1. Enveloppe calcaire de mollusque.
a) Enveloppe dure des mollusques testacés (escargots, etc.), des brachiopodes et de quelques vers :
1. ... il est assez probable que dans le progrès de l'accroissement du mollusque et de sa coquille, selon le thème inéluctable de l'hélice spiralée, se composent indistinctement et indivisiblement tous les constituants que la forme non moins inéluctable de l'acte humain nous a appris à considérer et à définir distinctement : ...
VALÉRY, Variété V, 1944, p. 32.
Rem. 1. Pour parler d'huîtres, écaille s'employait autrefois de préférence à coquille. 2. Dans l'Antiquité, on inscrivait sur une coquille ou un tesson de poterie semblable à une coquille le nom de celui que l'on voulait bannir. Là, le grand homme injustement condamné écrivoit son nom sur la coquille ou buvoit la ciguë (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 177).
P. métaph.
♦ Maison, intérieur. J'ai remarqué une logique énorme, une corrélation intime, presque chez tous, entre l'habitant et la coquille, l'homme et le milieu (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1174).
♦ Enveloppe extérieure protégeant la personnalité. Ah! pourquoi ne peut-on pas briser cette transparente et dure coquille qui nous enferme chacun seul avec soi? (BEAUVOIR, Tous hommes, 1946, p. 57).
Expr. fig. Se renfermer, se retirer dans sa coquille. On sent, lorsqu'il en laisse échapper quelque chose, avec quelle joie il se renfermait dans sa coquille, comme ces insectes qui se cachent à l'approche de l'homme (MUSSET, Le Temps, 1831, p. 143).
b) Spécialement
ARCHÉOL. Enveloppe de ces mollusques à l'état fossile ou son empreinte. Coquille fossile. Les fossiles mêmes (...) que l'on trouve par couches au dessous de la terre végétale, tels que (...) les bancs de coquilles (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 237).
BLAS. Figure d'armoiries représentant une coquille.
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e-Lar. encyclop., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, QUILLET 1965 et ds ADELINE, Lex. termes art, 1884.
GASTR. Coquille St-Jacques (p. réf. aux coquillages portés par les Pèlerins de St-Jacques-de-Compostelle). Coquillage du genre peigne consommé dans sa coquille; la coquille elle-même. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés petites madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques (PROUST, Swann, 1913, p. 45).
P. méton. Mets (composé de viandes blanches, poisson, champignons, etc. liés par une sauce béchamel) consommé dans une coquille (généralement une coquille St-Jacques). Les « coquilles aux champignons » du café de « Chartres » (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 236).
PAPETERIE
♦ Papier portant (à l'origine) la marque d'une coquille. La fabrication d'Angoulême s'occupait alors presque uniquement des papiers à écrire dits écu, poulet, écolier, coquille, qui, naturellement, sont tous collés (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 744).
♦ Format de ce papier, 44 cm X 56 cm (d'apr. Lar. 20e). Le format « coquille » des pierres lithographiques employées dans le commerce est de : 49 X 59 centimètres (CHELET, Manuel lithogr., 1933, p. 25).
2. Enveloppe calcaire rigide de l'œuf, en particulier lorsqu'elle est vide. (Quasi-)synon. coque. Voir (...) un petit monstre sortir d'une coquille comme un poussin (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 203). Cinq ou six petites maximes qui (...) tiendraient ensemble dans une coquille d'œuf (QUINET, Ahasverus, 1833, 3e journée, p. 227).
Coquille d'œuf. P. méton. (adj. inv.). Couleur d'une coquille d'œuf, jaune très pâle. (Attesté ds Pt ROB., Lar. Lang. fr.).
Expr. fig., p. iron., fam. [À propos d'un adolescent, p. réf. au poussin sortant de l'œuf couvé] Sortir de sa coquille. Sortir de l'enfance, être très jeune, sans expérience. Un lycéen, qui sort de sa coquille, Tout triomphant, Dans ses bras m'étouffant, De me faire un enfant Me proteste qu'il grille (BÉRANGER, Chans., t. 1, Bonne fille ou Mœurs du temps, 1829, p. 41).
3. P. ext. Enveloppe ligneuse, dure, de certains fruits ou semences :
2. Quant aux fruits qui viennent au sommet des grands arbres, ils sont, pour l'ordinaire, revêtus de coques dures et d'enveloppes molles ou élastiques, dont l'épaisseur est proportionnée à leur volume. Ainsi, la noix est revêtue de ses coquilles et de son brou; ...
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 95.
Au fig. Coquille (de noix). Petite embarcation. Napoléon met le pied sur une coquille de noix, un petit navire de rien du tout qui s'appelait La fortune (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 175).
B.— [P. anal.]
1. [P. anal. de forme] Chose ayant ou rappelant la forme d'une coquille, le plus souvent de mollusque. Mains en coquille. Et c'était à qui le mangerait de baisers, cet agnelet, bavant comme un limaçon, sur ses molles coquilles de coton et de laine (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 133). Une feuille séchée, qui tombait, coquille d'or rouge où restait une goutte de pluie (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 329) :
3. ... l'ovale du visage, bien éclairé par la lumière crème qui filtrait à travers la porcelaine du globe, s'encadrait à la perfection dans la chevelure noire, dont les tresses étaient roulées en coquilles sur les oreilles.
DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 23.
Spécialement
a) ARCHIT. Voûte formée par l'assemblage des marches d'un escalier en colimaçon. Il le prit par le bras et l'entraîna dans la coquille de l'escalier (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 304).
b) ARTS DÉCORATIFS et ARTS MÉN.
♦ Récipient ayant la forme d'une coquille. Coquille de peintre. Une salière à deux coquilles que domine une figure de naïade assise (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s. en Eur., 1962, p. 52).
En partic. Coquille d'œuf. Porcelaine japonaise ou chinoise de très faible épaisseur. Une fine porcelaine coquille d'œuf de la Chine (GONCOURT, Journal, 1889, p. 1026).
♦ Partie creuse d'une fontaine, d'un bénitier. Plus bas un bénitier dans sa coquille ronde Garde un peu de cette eau que fuit l'esprit immonde (M. DE GUÉRIN, Poésies, 1839, p. 89).
♦ Ornement (en particulier d'une stèle ou d'une niche) taillé sur le contour d'un quart-de-rond et caractéristique du style Louis XV. Sur la façade, les fenêtres étaient surmontées de la coquille de Louis XV (A. FRANCE, Jocaste, 1879, p. 15).
c) COUT. Dessin de broderie ornant certains articles. (Attesté ds Lar. encyclop.).
P. métaph. Si un merle avait gratté mon autel, (...) si quelque coquille s'était détachée du feston ou quelque fleur de la couronne (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 27).
d) ART CULIN.
♦ Petite quantité de beurre roulée en spirale. Aligner des coquilles de beurre dans le ravier (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 572).
♦ Boursouflure de la croûte du pain.
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e-20e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, ROB., QUILLET 1965.
e) MUS. Partie supérieure du violon enroulée en spirale. Le ménétrier allait en avant avec son violon empanaché de rubans à la coquille (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 30).
f) TYPOGR. Faute résultant de la substitution d'une lettre à une autre :
4. ... une revue parisienne venait de publier un de ses poèmes avec des fautes d'impression, coquilles aussi larges que des bénitiers, vastes comme la conque d'Aphrodite.
A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 125.
Rem. Cet emploi anal. se rattache peut-être à l'accept. A 1 b spéc., gastr. coquille St Jacques (certains imposteurs faisaient le commerce de fausses coquilles, les coquilles St Jacques marquant l'accomplissement d'un pèlerinage à St Jacques-de-Compostelle); ou plus simplement à la forme que prend p. ex. une lettre renversée et comme retournée sur elle-même.
2. [P. anal. de forme et de fonction (de protection, de garantie, de bonne activation, etc.)]
a) ARM. Partie d'une arme blanche qui protège la main. Et ces épées dont la coquille est fouillée à jour comme une dentelle (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 64).
Arg. Cuirasse :
5. ... le sourd lui détachait (...) toutes les pièces de son armure, (...) la cuirasse, les brassards. On eût dit un singe qui épluche une noix. Quasimodo jetait à ses pieds, morceau à morceau, la coquille de fer de l'écolier.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 482.
P. ext., SP. Appareil de protection du bas-ventre porté par les boxeurs. Le footballeur prête sa culotte, le boxeur sa coquille, aussi simplement que le coureur prête ses souliers (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 313).
b) CHIR. Plâtre amovible maintenant la colonne vertébrale.
Rem. Attesté ds Lar. encyclop., QUILLET 1965, Pt ROB., ROB. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr.
c) ART CULIN. Ustensile ouvert d'un côté et dans lequel on rôtit la viande. Je leur fis voir mon pot-au-feu économique, ma coquille à rôtir, mon tournebroche à pendule (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 180).
d) MÉCAN. Pièce recouverte de métal, servant à guider et à supporter des organes tournants (d'apr. Alpha, Auto, t. 4, 1975). Une mince coquille d'acier se plaçant dans la tête de bielle (CHAPELAIN, Cours mod. techn. automob., 1956, p. 48).
e) MÉTALL. Moule solide autour duquel on fait passer l'eau pour refroidir subitement le métal; chaque moitié d'un moule formé de deux parties. Le moule [d'un obus de rupture en acier coulé] se compose de trois parties : une coquille métallique pour l'ogive, une autre coquille de même nature pour le corps de l'obus, et enfin un moule en sable pour la masselotte (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. naval, 1890, p. 81).
Coulage en coquille. Procédé de coulage utilisant ces moules. Le coulage en coquille donne au métal [bronze] plus d'homogénéité (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. naval, 1890, p. 81).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 au fig. corquille « chose de peu de valeur » (Richeut, 1125 ds MEON, Nouveau Rec., t. I, p. 73); d'où 1350 vendre ses coquilles à qqn (G. LE MUISIT, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 260 : Vos cokilles trop bien saviés à quy vendiés); 2. 1262-68 coquille « mollusque (l'animal et sa coquille) » (BRUNET LATIN, Trésor, I, 333, éd. F. J. Carmody, p. 130); d'où 1362 lat. médiév. coquilhia « objet en forme de coquille » (texte lat. ds DU CANGE : coquilhia argenti); 1376 « id. » (Inventaire, ibid. : Coquille d'argent); 3. 1393 « enveloppe dure d'un animal » (Ménagier de Paris, éd. Soc. des Bibliophiles fr., t. 2, p. 152 : coquilles des escrevisses); 1393 « coquille d'œuf » ibid., t. 2, p. 68; 4. 1723 « faute typographique » (M. D. FERTEL, La Science pratique de l'imprimerie, p. 194 ds IGLF). Du lat. vulg. conchilia (neutre plur. pris comme fém. du lat. class. conchylium, lui-même empr. au gr. ) croisé avec coccum (v. coque et cagouille); le sens 4 s'explique peut-être par vendre ses coquilles « tromper » d'où coquille « erreur ». Fréq. abs. littér. : 1 099. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 953, b) 1 389; XXe s. : a) 1 095, b) 1 603.
DÉR. 1. Coquilleux, euse, adj. [En parlant d'un terrain, d'une roche] Qui contient des coquilles. Il [Pitault] nous enseignait comment on déjoue les ruses et la malveillance de la pierre, la fière et la franche, la rousse ou la coquilleuse (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 154). P. métaph. Difficultueux. Esprit coquilleux (cf. Nouv. Lar. ill., Lar. 20e; attesté aussi ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, QUILLET 1965). [], fém. [-jø:z]. 1res attest. a) av. 1607 « qui contient des coquilles » (VAUQUELIN, Past. s. le tomb. de Rouxel ds GDF. Compl.) b) 1609 esprit coquilleux (FRANÇOIS DE SALES, Vie dévote, II, 20, ibid.); de coquille, suff. -eux. 2. Coquillettes, subst. fém. plur. Pâtes alimentaires en forme de coquilles. Un paquet de coquillettes; rôti de veau aux coquillettes (ROB. Suppl. 1970; attesté aussi ds Lar. Lang. fr. avec le même sens et ds GUÉRIN 1892 avec le sens anc. de « petite coquille »). []. 1res attest. a) fin XIIIe s. « petite coquille » ici, hérald. (J. BRETEL, Tournois Chauvency, 662 ds T.-L.), b) alim. début XXe s.
BBG. — Dat. Amis Lex. fr. Lex. dern. 1975, n° 1, p. 2. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 85; pp. 125-127. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 85. — ROG. 1965, p. 42, 201. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 7, 65, 191, 273. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 107, 146; t. 2 1972 [1925], p. 95, 98. — VINCENT (A.). Les N. d'objets creux comme n. de lieux. Mél. Dauzat (A.). Paris, 1951, pp. 385-396.

coquille [kɔkij] n. f.
ÉTYM. 1262; corquille, v. 1170; croisement de coccum « coque » avec le lat. conchylium, grec kogkhulion.
———
I
1 (V. 1265). Enveloppe calcaire qui recouvre le corps de la plupart des mollusques, des brachiopodes, des foraminifères, de quelques crustacés (anatife). Coque, coquillage, écaille, test. || Mollusques à coquille. Ostracé, testacé. || Étude des coquilles. Conchyliologie. || Coquilles fossiles. Conchylien (terrain); ammonite, nummulite; coquillart, falun, lumachelle. || Coquille univalve des mollusques gastéropodes et céphalopodes. || Coquille bivalve des mollusques lamellibranches et des brachiopodes. || Coquille en forme de camée, de conque, de toupie ( Turbiné), de tour ( Turriculé). || Coquille enroulée du limaçon, de l'escargot. || Coquille spiralée du strombe. || Spires en cône d'une coquille. Volute. || Coquille à charnière. || La coquille des mollusques est sécrétée par le manteau. || Description d'une coquille de mollusque. Acétabule, charnière, cuticule, lèvre, nacre, opercule, spire, valve. || La coquille du tridacne sert de bénitier. || Le cauri, les petites porcelaines…, coquilles servant de monnaie d'échange. || Vote à l'aide de coquilles chez les Athéniens. Ostracisme (rac. ostrakon « coquille »). || Les pagures ( Bernard-l'hermite) se logent dans les coquilles vides. || Marne qui se pétrifie dans les coquilles vides. Conchite. || Coquilles ornant une grotte, un bassin. Rocaille.
1 Comme on trouve ces coquilles incorporées et pétrifiées dans les marbres des plus hautes montagnes (…)
Buffon, Hist. nat., 2e disc., in Littré.
2 En fouillant à fond de cuve les terrasses de ce jardin, il trouva des coquillages fossiles, et il en trouva en si grande quantité, que son imagination exaltée ne vit plus que coquilles dans la nature, et qu'il crut enfin tout de bon que l'univers n'était que coquilles, débris de coquilles (…)
Rousseau, les Confessions, VIII.
3 (…) ces grosses coquilles à lèvres roses où l'on entend ronfler la mer.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, 16 (→ Bourdonnement, cit. 8).
4 Mais cette simplicité n'est que de principe. Si je visite toute une galerie de coquilles, j'observe une merveilleuse variété. Le cône s'allonge ou s'aplatit, se resserre ou s'évase; les spirales s'accusent, ou se fondent; la surface se hérisse de saillies ou de pointes, parfois fort longues, qui rayonnent; elle se renfle quelquefois, se gonfle de bulbes successifs que séparent des étranglements ou des gorges concaves sur lesquelles les tracés de courbes se rapprochent. Gravés dans la matière dure, sillons, rides ou stries se poursuivent et se soulignent, cependant qu'alignées sur les génératrices, les saillies, les épines, les bossettes s'étagent, se correspondent de tour en tour, divisant les rampes à intervalles réguliers.
Valéry, Variété V, L'homme et la coquille, p. 13.
Fig. Rentrer dans sa coquille (comme fait l'escargot) : se replier sur soi, se retirer prudemment d'une discussion, se taire. (→ Se limaçonner, fig.).Rester dans sa coquille : ne pas sortir de chez soi, vivre sédentaire. || Sortir de sa coquille.
REM. Dans certains emplois, on a employé coque, aujourd'hui vieilli dans ce sens, pour coquille.
2 Par ext. Valve d'une coquille. || Boire dans une coquille. || La coquille de Diogène. || Coquille de pèlerin (→ ci-dessous, Coquille Saint-Jacques).
5 À Notre-Dame de Lorette
J'ai promis, dans mon noir chagrin,
D'attacher sur ma gorgerette (…)
Les coquilles du pèlerin.
Hugo, Ballade, VI, la Fiancée du timbalier.
tableau Noms de récipients.
3 Coquille Saint-Jacques (appelée ainsi parce que les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle en fixaient une valve à leur manteau et à leur chapeau, usage qui fut imité par ceux du Mont-Saint-Michel; → aussi Coquillard) : mollusque bivalve du genre Pecten ( Peigne), appelé aussi grand peigne, comestible, très recherché, dont la coquille est cannelée de côtes rayonnantes très marquées, de section arrondie. || La coquille Saint-Jacques vit sur le sable et le gravier, en eau profonde; la valve supérieure de sa coquille est plate. || On élève des coquilles Saint-Jacques en rade de Brest, dans la baie de Saint-Brieuc. || La « noix » et le corail d'une coquille Saint-Jacques.La valve inférieure (bombée) de ce mollusque. || Se servir d'une coquille Saint-Jacques comme cendrier.
5.1 Ouvrez les coquilles Saint-Jacques (…) jetez les barbes, ne gardez que la noix et le corail de chaque coquille (…) décorez avec les corails des coquilles cuits trois minutes.
M. de Toulouse-Lautrec, la Cuisine de Mapie, p. 149.
Ce mollusque, accommodé et servi comme mets. || Coquilles Saint-Jacques à la provençale, à la bretonne, à la nage, à la Newbourg, au champagne, grillées, en brochettes.Ellipt. || Des Saint-Jacques.
4 Arts. Motif ornemental représentant une coquille. Petit ornement en quart-de-rond. || Coquille de bénitier, de fontaine : vasque en forme de coquille. || Stèle, fronton orné d'une coquille. || Coquille d'une commode Louis XV. Coquille de triton. Conque.
6 (…) la nudité de Rachel, glorieusement étalée, semblait reposer comme une figure allégorique, au creux d'une coquille transparente.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 10.
5 En coquille, en forme de coquille, se dit spécialement d'objets circulaires, en hélice ou en spirale (comme le sont de nombreuses coquilles).Coquille : objet en forme de coquille.
6.1 Je vous assure que Napoléon ou Attila vous sont de peu d'assistance devant un regard de onze ans, ou un petit corps rachitique, ou une coquille d'oreille déviée par les coups.
Giraudoux, les Aventures de Jérôme Bardini, p. 177.
Archit. || Coquille d'escalier, le dessous de l'escalier en forme d'hélice. Limaçon.
Coquille à rôtir : récipient de fonte dans lequel on met la braise et qu'on place sous la broche.
Coquille à hors-d'œuvre : récipient creux, ravier ou assiette.
Par métonymie. Mets (viande blanche, poisson, etc.) servi dans une coquille (→ ci-dessus, Coquille Saint-Jacques). || Coquille de champignons, de volaille, de viande, de poisson.
Coquille de beurre : noix de beurre moulée (ou levée au couteau) en forme de coquille.
Bouch. Aloyau détaché du filet.
Coquille d'épée : collerette concave, en métal, fixée à la garde d'une épée, pour protéger la main.
7 Les coquilles tintent, ding-don !
Ma pointe voltige : une mouche !
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 4.
Coquille de peintre : récipient dans lequel on vend de l'or et de l'argent pour enluminer. || Or de coquille.
Techn. Plaque de métal sortant d'un bain galvanoplastique.Pièce contre laquelle le métal se solidifie, dans un moule en sable.Moule métallique (en fonderie).
7.1 Chaque coussinet arrivait en deux coquilles. C'était de la précision claire, mesurable, contrôlable.
Georges Navel, Travaux, p. 220.
Méd. Plâtre amovible pour maintenir le dos (affections de la colonne vertébrale).
(1927, in Petiot). Sports de combat. Appareil de protection du bas-ventre.
tableau Noms d'appareils.
Mus. Partie supérieure du violon, enroulée en spirale.Syn. : volute.
6 Image d'une coquille.
Papet. Papier à écrire qui portait autrefois une coquille dans le filigrane. || Format coquille : format de papier, de dimensions 44×56 cm.
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II Par anal.
1 Enveloppe calcaire des œufs d'oiseaux (tend à remplacer coque). || Coquille d'œuf. || La coquille de cet œuf est fêlée. || Jeter les coquilles vides.Appos. || Une peinture coquille d'œuf, d'un blanc à peine teinté d'ocre clair.
tableau Désignations de couleurs.
Par métonymie. || Coquille d'œuf : porcelaine japonaise, chinoise, extrêmement fine.
Loc. fig. Sortir de sa coquille : sortir de l'enfance, se manifester.
2 Enveloppe dure (des noix, noisettes…). || Sortir une noix, les cerneaux d'une noix de la coquille. Coque (plus cour.).
Fig. Coquille de noix : petit bateau, barque. Coque (de noix).
8 Alors, (il) s'embarque sur la même coquille de noix d'Égypte, passe à la barbe des vaisseaux anglais, met le pied sur la France.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 468.
9 De tous ces navires se détachaient des barques, en coquilles de noix (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, I, V, p. 65.
3 Boursouflure du pain qui évoque par sa forme une noisette ou une amande. Coquiller.
4 Parcelle de la coque d'un œuf. || Avaler une coquille.
5 Phys. || Coquille magnétique : surface « sur laquelle s'appuient les lignes de force situées à une même distance géocentrique » (la Recherche, nov. 1973, p. 961).
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III (1723; p.-ê. par une allusion aux fausses coquilles de pèlerins prétendus — ou par la forme de certaines lettres retournées). Faute typographique, lettre substituée à une autre. || Épreuve pleine de coquilles. || Corriger une coquille. || On trouve beaucoup de coquilles dans ce journal. || Coquilles et mastics.
10 (…) une revue parisienne venait de publier un de ses poèmes avec des fautes d'impression, coquilles aussi larges que des bénitiers, vastes comme la conque d'Aphrodite.
France, le Lys rouge, IX, p. 91.
11 Avant d'avoir dirigé, moi-même, une encyclopédie, je ne me doutais pas que l'erreur fût aussi sournoise et multiforme, je faisais tout de même assez confiance aux ouvrages dits « de référence ». Je n'y avais jamais remarqué de coquilles, par exemple. Depuis que j'ai dû lire ligne par ligne une collection qui a, sans doute à titre apotropaïque, pris comme signe et label une coquille — celle du nautile —, j'en découvre maintenant chez les autres ! partout ! Dans les dictionnaires les plus chevronnés ! Même une chez Bourbaki, pourtant fort attentif. Comme je la lui avais signalée, il me répondit que c'était par humour qu'il l'avait laissée, pour distraire un peu le lecteur au passage. Au lieu « d'ensemble filtrant à gauche et à droite », il y a « ensemble flirtant à droite et à gauche ».
R. Queneau, Bourbaki et les mathématiques de demain (in Critique, no 176, janv. 1962), repris dans Bords, 1963.
DÉR. et COMP. Coquillage, 1. et 2. coquillard, coquillart, coquillé, coquiller, coquillettes, coquilleux, coquillier. Décoquiller, recoquiller.

Encyclopédie Universelle. 2012.