horrible [ ɔribl ] adj.
• 1175; lat. horribilis
1 ♦ Qui fait horreur, remplit d'horreur ou de dégoût. ⇒ abominable, affreux, atroce, effrayant, effroyable, épouvantable, hideux, horrifiant. Blessure horrible. Pousser des cris horribles. « L'horrible silence qui y régnait me glaçait le cœur » (France). Une mort horrible. Horrible vision, crime horrible. ⇒ exécrable, infâme, monstrueux, révoltant. Horrible à voir, à dire. — Subst. « La soif de l'inconnu et le goût de l'horrible » (Baudelaire).
2 ♦ (XVIIe) Très laid, très mauvais. ⇒ détestable, exécrable. Un temps horrible. ⇒ infect; fam. dégueulasse. Un horrible petit chapeau. « De grandes feuilles d'un horrible papier quadrillé » (Romains).
3 ♦ Qui passe les bornes (d'une chose désagréable ou dangereuse); excessif. ⇒ abominable, effroyable, terrible. Il fait une chaleur horrible. « Une soif horrible le fait geindre » (Dorgelès). ⇒ intolérable.
⊗ CONTR. 1. Beau.
● horrible adjectif (latin horribilis) Qui remplit d'horreur, cause de l'effroi, de l'épouvante : Un horrible cauchemar. Qui suscite la répulsion, le dégoût, la réprobation morale : Quelle horrible perfidie ! Qui n'inspire que de l'antipathie par son caractère dur, méchant, etc. : Il a été horrible avec moi. Qui est extrêmement laid : Un mobilier horrible. Qui est extrêmement mauvais, infect : Nourriture horrible, immangeable. Qui atteint un degré anormal, excessif dans le désagréable, le déplaisant : Un horrible vacarme. ● horrible (citations) adjectif (latin horribilis) Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Ne pas croire qu'une chose existe parce qu'il serait trop horrible qu'elle n'existât pas. Il n'y a pas de preuve par l'horrible. Pensées d'un biologiste Stock William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Horrible ! Horrible ! Oh, très horrible ! O, horrible ! O, horrible ! most horrible ! Hamlet, I, 5, le spectre ● horrible (synonymes) adjectif (latin horribilis) Qui remplit d' horreur , cause de l'effroi, de l'épouvante
Synonymes :
- épouvantable
- hideux
Qui suscite la répulsion, le dégoÛt, la réprobation morale
Synonymes :
- abject
- atroce
- ignoble
- infâme
- odieux
- révoltant
Qui n'inspire que de l'antipathie par son caractère dur, méchant...
Synonymes :
- infect
Contraires :
- agréable
- charmant
- gentil
Qui est extrêmement laid
Synonymes :
- affreux
- misérable
- moche (familier)
- vilain
Contraires :
- beau
Qui est extrêmement mauvais, infect
Synonymes :
- déplorable
- exécrable
- infect
- mauvais
horrible
adj.
d1./d Qui inspire de l'horreur. Supplice horrible.
d2./d Par exag. Qui est difficile à supporter, qui déplaît vivement. Un temps horrible. Une robe horrible.
⇒HORRIBLE, adj.
A. — 1. Qui provoque ou qui est de nature à provoquer une sensation d'horreur (v. ce mot I A 1) accompagné d'un recul. Synon. affreux (v. ce mot A), effroyable (v. ce mot A), épouvantable (v. ce mot A), terrifiant; anton. rassurant. L'ombre épaisse que projette l'horrible chevelure des géans, formée de noirs serpens (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 156). Il passa la corde autour du cou adorable de la jeune fille. La malheureuse enfant sentit l'horrible attouchement du chanvre (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 556). Un coup de tonnerre venait de foudroyer quelque arbre du voisinage, avec un horrible craquement (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 114) :
• 1. — Mourir! (...) la nuit si humide, si obscure, si redoutable partout; effrayante, horrible sous le dôme de nos basiliques où est promis le jour éternel!...
NODIER, Trilby, 1822, p. 151.
SYNT. Accidents, calamités, cataclysmes, catastrophes, chaos, chutes, ténèbres horribles; clameurs, cris, hurlements horribles; frayeur, frousse, panique, peur, terreur horrible; agonies, souffrances, tourments horribles; figure, forme, gueule horrible; horribles apparitions, cauchemars, évocations, histoires, scènes, songes, spectacles, tableaux, visions.
— Littér. Qui inspire une horreur (v. ce mot I A 2) sacrée. Éclairée par les lueurs douces du couchant, elle resplendissait d'une horrible beauté (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 260). Le grand Margaritone mourut suffoqué par ce pressentiment horrible de la renaissance et de l'école de Bologne (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 153). D'un timbre de voix qui sonnait dans son cœur avec un horrible bonheur déchirant (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 399) :
• 2. LE CHŒUR :
D'où vient ce débordement et ce transport sacré
D'angoisse vaine?
À voix horrible et funeste,
Tu chantes sur une note aiguë ton lai...
CLAUDEL, Agamemnon, 1896, p. 895.
2. [Avec l'idée de vive réprobation morale] Qui suscite la répulsion, l'aversion, l'horreur (v. ce mot I B 1). Synon. abominable (v. ce mot I A), affreux (v. ce mot A 2), atroce (v. ce mot A), épouvantable (v. ce mot A), monstrueux. Aux clameurs des mourants, on voit courir le peuple ivre d'horrible joie (LAMART., Chute, 1838, p. 1062). On me parle d'un horrible accouplement de Monselet et d'une carmélite (GONCOURT, Journal, 1854, p. 126) :
• 3. 18 février. ... La voix suprême de notre temps, celle qui fait taire tout amour, tout génie, toute conscience, c'est l'horrible aboiement du canon.
GREEN, Journal, 1931, p. 42.
SYNT. Esprits, physionomies horribles; actes, actions, desseins, mensonges horribles; atrocités, carnages, combats, crimes, cruautés, dépravations, forfaits, massacres, supplices horribles; horribles assassinats, meurtres; dévastations, fléaux, guerres, hordes horribles; détails, drames, événements, histoires, scènes horribles; horrible dégoût, douleur, haine, lâcheté; horribles assassins, canailles, gredins.
— Horrible à + inf. Synon. affreux (à) (v. ce mot A 2). Chose horrible à dire, à penser, à voir. Cette maigre carcasse, qui vous montre les dents et vous fait la grimace horrible à regarder (GAUTIER, Comédie mort, 1838, p. 23).
— Horrible à + subst. (désignant une pers. ou ses attributs), rare. Horrible pour (quelqu'un). Plus un travail est horrible à l'âme, plus le salaire est fort; plus un travail est horrible au corps, plus le salaire est faible (BLOY, Journal, 1907, p. 352).
B. — P. ext.
1. Souvent p. hyperb. [Pour exprimer un jugement de valeur] Très mauvais, très désagréable, inquiétant. Synon. abominable (v. ce mot II), affreux (v. ce mot A 3 a), détestable, épouvantable (v. ce mot B 1), exécrable. Il eut alors un horrible accès de toux, de ces toux graves et sonores qui semblent sortir d'un cercueil (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 252). Ces petites sectes abritent aussi d'horribles charlatans et d'affreux hâbleurs (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 214). Cette horrible bière pâle qu'on fabrique à Saint-Étienne (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 229).
SYNT. Chemin, journée, sécheresse, solitude, soif horrible; horrible(s) façons, manières, voix; désarroi, doute, idée, pensée, secret, soupçon horrible; horrible esclandre, scandale; être dans une situation horrible; avoir une existence, une vie horrible; avoir une mine, un teint horrible; horrible odeur, puanteur.
— [En parlant de l'aspect de pers. ou de choses; correspond à horreur II B 2] Très laid. Synon. moche (pop.), vilain. Décoration, façade, mobilier horrible; horrible coiffure. Une espèce d'Astolphe horrible emporté sur un prodigieux hippogriffe de bronze vivant (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 183). Un horrible chapeau de soie à quatorze francs (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 3) :
• 4. Un peu plus tard, elle soupira : — Je suis sûre d'être affreuse. — Horrible! dit Justin, qui se pencha vers elle et voulut l'embrasser. Mais elle se dégagea...
ARLAND, Ordre, 1929, p. 221.
2. [L'idée superl. seule subsiste] Extrême, extraordinaire, excessif (en grandeur, en quantité, en intensité). Synon. effroyable (v. ce mot C), épouvantable (v. ce mot B 2), terrible. Chaleur horrible. La végétation meurt et les bêtes agonisent (BLOY, Journal, 1906, p. 316) :
• 5. Mais, hélas! nous avons peur d'avance du mal de mer, en voyant l'énorme mer et l'horrible mistral qui ne cesse de souffler depuis huit jours. Priez pour nous, vous qui n'entendez le vent que sous vos tilleuls!
LAMART., Corresp., 1832, p. 287.
SYNT. Choc, cohue, désordre horrible; clameurs, fracas, tintamarre, vacarme horrible(s); agitation, confusion, débauche, énergie, excitation, vitesse horrible; horribles difficultés, encombrements; horrible curiosité, envie, tentation.
C. — Emplois affectifs de la lang. surtout parlée
1. Constr. impers. emphatique. C'est horrible, il est horrible de. C'est/il est affreux, épouvantable, terrible de. Il est bien plus horrible encore d'être opprimé par eux (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 322). C'était horrible au bon Dieu (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 446).
2. Emploi subst. à valeur de neutre. L'horrible et l'abject se disputent la préséance (LATOUCHE, L'HÉRITIER, Lettres amans, 1821, p. 98). Car c'est bien là l'horrible de la chose, mon petit Mainville (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 951).
Prononc. et Orth. : []. [-] affectif. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Début XIIe s. « qui provoque un frisson d'horreur » (BENEDEIT, S. Brendan, 1337 ds T.-L.), p. exagér. 1534 « très grand, énorme » (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder et V.L. Screech, XXXVI, 35); 1672 « détestable, mauvais » (MOLIÈRE, Femmes savantes, II, 6). Empr. au lat. horribilis « qui fait horreur, horrible, effrayant; (en bonne part) étonnant, surprenant ». Fréq. abs. littér. : 4 178. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 724, b) 7 446; XXe s. : a) 6 078, b) 3 531. Bbg. DARM. 1877, p. 76.
horrible [ɔʀibl] adj.
ÉTYM. V. 1138; du lat. horribilis, de horrere « trembler ».
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1 Qui fait horreur, cause de l'horreur ou du dégoût. ⇒ Abominable, affreux (cit. 1), atroce, effrayant, effroyable, épouvantable (cit. 1), hideux. || Blessure (cit. 8) horrible. || « Un horrible mélange d'os et de chair (cit. 5) meurtris ». → Carnage, cit. 3, Racine. || Une puanteur horrible. || Des cris si horribles que tout le monde en tremblait (→ Formidable, cit. 3). — Horrible à (et inf.). || Râle horrible à entendre. || Monstre horrible à voir (→ Hammam, cit.). — Horrible maigreur. || L'horrible tourment de la faim (cit. 3). || Épidémie (cit. 6), fièvre (cit. 1), maladie horrible (→ Croup, cit. 1; épilepsie, cit. 2). || Une mort horrible (→ Fiévreux, cit. 1). || Horrible supplice. || Horrible vision. || Une peur horrible l'obsède, l'accable (cit. 16). || La guerre (cit. 3) est une chose si horrible que… — Conduite, crime horrible. ⇒ Dégoûtant, exécrable, infâme, monstrueux, révoltant. || Des préjugés horribles (→ Guerre, cit. 36). || C'est une chose horrible de… (→ Écouler, cit. 7). || Ce qui lui sembla horrible, ce fut… (→ Entrailles, cit. 1). || Il est horrible de…
1 N'est-ce pas une chose horrible, une chose qui crie vengeance au ciel (…)
Molière, le Mariage forcé, 4.
2 Pour l'horrible combat, ma sœur, l'ordre est donné.
Racine, Athalie, V, 1.
3 La journée de la Saint-Barthélémy fut ce qu'il y a jamais eu de plus horrible.
Voltaire, Hist. du parlement de Paris, XXVIII.
4 Pour moi, je ne connais maintenant rien de plus horrible qu'une pensée de vieillard sur un front d'enfant (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 777.
5 Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature.
Vous, mon ange et ma passion !
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Une charogne ».
6 (…) je sens mes jambes qui tremblent encore de l'horrible vision que je viens d'avoir (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, Le rêve.
7 L'horrible silence qui y régnait me glaçait le cœur.
France, le Petit Pierre, IX.
8 Brûlé par la poudre du crâne aux talons, couvert d'innombrables plaies, l'œil droit tuméfié, énorme, le malheureux Soubrat, monstrueux de misère et même de laideur, faisait bien penser au cyclope horrible, informe, immense et aveuglé dont parle le poète.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, III, XXXVII.
♦ Vx. || Chose horrible à qqn, pour qqn.
♦ Spécialt. Qui inspire une horreur sacrée.
9 Éclairée par les lueurs douces du couchant, elle resplendissait d'une horrible beauté.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 746.
♦ Poétique (dans un sens voisin du spécialt ci-dessus) :
9.1 La campagne que j'aime, il faut les mots les plus ordinaires pour l'évoquer. Hugo le savait (…) Ô souvenir ! Ô forme horrible des collines ! car cette campagne ordinaire doit être horrible, mais comme l'est notre vie.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 257.
10 (…) la soif de l'inconnu, et le goût de l'horrible.
Baudelaire, Essais, notes et fragments, Maximes sur l'amour.
2 (XVIIe). Cour. Très laid, très mauvais. ⇒ Affreux, détestable, exécrable. — REM. La plupart des synonymes cités plus haut (1.) sont susceptibles de cet affaiblissement de sens. || Un temps horrible. ⇒ Dégueulasse (fam.), infect (→ Un temps de chien). || On nous servit une horrible tambouille. || Cocher qui conduit un horrible canasson (cit. 1). || Quelques feuilles (cit. 9) d'un horrible papier à lettres. || Vous avez une écriture horrible. || Elle était coiffée d'un horrible petit chapeau.
11 Quel solécisme horrible !
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
12 (…) j'ai écrit dans les interlignes de si horribles galimatias et des coq-à-l'âne si ridicules, que cela ne ressemble plus à un ouvrage.
Voltaire, Lettre au roi de Prusse, 8, 20 juil. 1740.
3 (1534, Rabelais). Qui est excessif (d'une chose désagréable ou dangereuse). ⇒ Excessif, extrême, terrible. || Il fait une chaleur horrible. || Un horrible mal de tête. ⇒ Intolérable. || Il règne là-bas une horrible confusion (→ Captif, cit. 2). || Horrible chaos. || Faire une horrible dépense (Académie). ⇒ Extraordinaire. — REM. Cet emploi hyperbolique s'est restreint depuis le XVIIe s.; on ne dirait plus une « horrible grandeur » (Vaugelas).
13 (…) elle (la longueur de nos réponses) fait bien comprendre l'horrible distance qu'il y a entre nous (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 484, 29 déc. 1675.
14 (…) les horribles dépenses qu'il allait faire.
Racine, Notes historiques, II.
15 (…) une soif horrible le fait geindre.
R. Dorgelès, les Croix de bois, XII.
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CONTR. Beau, charmant, joli, merveilleux; léger.
DÉR. Horriblement.
Encyclopédie Universelle. 2012.