insupportable [ ɛ̃sypɔrtabl ] adj.
• 1312; bas lat. insupportabilis
1 ♦ Qu'on ne peut supporter, endurer. ⇒ atroce, intolérable. Douleur insupportable. ⇒ intenable.
♢ Par ext. Extrêmement désagréable. Bruit insupportable. ⇒ infernal. Spectacle insupportable. ⇒ insoutenable. Trouver la vie insupportable. ⇒ haïssable, odieux. « l'atmosphère de la maison lui était devenue insupportable » (Cl. Roy). C'est insupportable !
2 ♦ (1680) (Personnes) Il « montra de l'humeur et fut insupportable » (Duhamel). ⇒ agaçant, désagréable; fam. imbuvable, pénible. Enfant insupportable. ⇒ turbulent (cf. Affreux jojo). Être insupportable avec qqn. — Un caractère insupportable. ⇒ épouvantable, impossible.
⊗ CONTR. Supportable, tolérable; agréable, aimable.
● insupportable adjectif (bas latin insupportabilis) Qu'on ne peut supporter : Douleur insupportable. Qui importune les autres par son caractère difficile : Enfant insupportable. ● insupportable (synonymes) adjectif (bas latin insupportabilis) Qu'on ne peut supporter
Synonymes :
- atroce
- cruel
- intolérable
- pénible
Contraires :
- tolérable
Qui importune les autres par son caractère difficile
Synonymes :
- épouvantable
- infernal (familier)
- terrible (familier)
Contraires :
- agréable
insupportable
adj.
d1./d Qu'on ne peut supporter. Souffrance insupportable.
d2./d Qui a un caractère, un comportement très désagréable. Une insupportable gamine.
|| Spécial. Très turbulent. Un enfant insupportable.
⇒INSUPPORTABLE, adj.
A. — [En parlant d'une chose] Qu'il est presque impossible ou très difficile de supporter, d'endurer, au physique ou au moral. Synon. atroce, cruel, intenable, intolérable; anton. agréable, supportable, tolérable. Cette chemise de bure, insupportable dans les chaleurs de l'été, produisait des fièvres et des spasmes nerveux (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 578). Étienne, qui avait refusé de manger sa part, au coron, éprouvait dans la poitrine une sensation insupportable d'arrachement (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1417). Une croisière en Baltique. Elle y subit, solitaire, une insupportable torture morale (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 244) :
• 1. Le renard (...) choisit son gîte et... s'oublie abondamment. La puanteur est insupportable. Le blaireau revient, l'odeur nauséabonde le saisit, il recule et il fuit.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 92.
SYNT. Chaleur, démangeaison, douleur, odeur insupportable; bruit, fardeau, malaise, poids insupportable; éclat insupportable; élancements, maux insupportables; peine, souffrance, tension insupportable; joug, supplice, tourment insupportable.
— Insupportable à + subst. déterminé. Dans la réverbération du gaz (...) on distinguait un feu sans relief, insupportable aux yeux : le soleil à midi (HAMP, Champagne, 1909, p. 98).
B. — P. ext. Qui est extrêmement désagréable, qu'on ne peut souffrir. Synon. exaspérant, imbuvable (fam.), insoutenable, infernal.
1. [En parlant de choses] Spectacle insupportable; absence, attente insupportable; incertitude, doute insupportable; trouver la vie insupportable (synon. détestable, haïssable, odieuse); ennui, insupportable; d'une lenteur, d'une longueur insupportable. Rien d'insupportable comme un public qui arrive au milieu du concert (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 569). Geneviève se tait. La pendule fait un tic tac insupportable (SAINT-EXUP., Courr. Sud, 1928, p. 30) :
• 2. ... la compagnie du seul Cabillaud le soumettait à un supplice de silence insupportable. Aucune conversation n'était possible avec ce niais. Il n'était même pas décent de parler tout seul devant lui.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 77.
— Insupportable à + inf. Le système de conventions dont je parlais tout à l'heure se fait comique, sinistre, insupportable à considérer, presque incroyable! (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 66).
— (Être, paraître, devenir) insupportable à (qqn). [Le compl. est gén. un pron. pers., très souvent de la 1re pers. du sing.] Cette idée m'est insupportable; la vie m'est (devenue) insupportable. Les lenteurs du café et du pousse-café si douces aux campagnards m'étaient insupportables (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 406). Tout à coup, l'atmosphère de la maison lui était devenue insupportable. « Je vais aller faire un tour dehors... » (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 180) :
• 3. Le christianisme sans la croix n'est qu'une rêverie de philosophe, mais personne ne veut de la croix. Même la représentation du Christ en croix est insupportable à certains. Beaucoup d'orthodoxes et de protestants n'en veulent pas.
GREEN, Journal, 1948, p. 177.
— Insupportable de + subst. non déterminé (indiquant la nature du désagrément). Ma vie est insupportable de douleurs et d'ennuis; partant ni vers, ni verve (LAMART., Corresp., 1836, p. 227). À la Chambre des Députés, (...) des discours secrètement insupportables de convention et d'artifice (BARRÈS, Greco, 1911, p. 122).
— En tournure impers.
♦ C'est insupportable! Et ne dis pas toujours : « Oui, papa!... » C'est insupportable (DUMAS fils, Ami femmes, 1864, II, 2, p. 109). Mon Dieu! mademoiselle, vous faites un bruit avec vos chaussures! répétait souvent Mme Aurélie, d'un air agacé. C'est insupportable... (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 518). — Demain, tu auras l'argent. (...) — Tu me dis ça tous les jours. C'est insupportable; je n'en peux plus (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 94).
♦ Il m'est insupportable de + inf. Je lui mis ma main sur la bouche. Il m'eût été insupportable de l'entendre charger sa mère (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 228). Il m'était insupportable de voir l'ennemi du lendemain se doter des moyens de vaincre, tandis que la France en restait privée (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 12) :
• 4. Quand il soupait après le théâtre, il lui était insupportable de penser que le cocher restait, dehors, à la pluie, au froid, à minuit et plus. Ça lui gâtait tout. Alors, il lui faisait porter un grog et dire de rentrer, que, lui, prendrait un fiacre.
RENARD, Journal, 1905, p. 949.
♦ Il m'est insupportable que + subj. (plus rare). Il lui était insupportable qu'on pût mêler à l'idée de son amour un soupçon d'intérêt (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1125). Je trouve insupportable que, sous prétexte qu'elles sont bien pensantes, qu'elles n'achètent rien aux marchands juifs (...), une quantité de dames Durand ou Dubois, que nous n'aurions jamais connues, nous soient imposées par Marie-Aymard ou par Victurnienne (PROUST, Guermantes, 1920, p. 238).
2. [En parlant d'une pers.] Qui est de caractère difficile; que son comportement habituel ou occasionnel rend extrêmement désagréable à son entourage. Synon. agaçant, désagréable, ennuyeux, difficile, épouvantable, exécrable, exaspérant, turbulent; anton. agréable, aimable, gentil, charmant. Individu insupportable; se rendre, se montrer insupportable. J'eus la surprise de causer avec des hommes et des femmes jadis insupportables, et qui avaient perdu à peu près tous leurs défauts (PROUST, Temps retr., 1922, p. 936). — Il est insupportable, gronda Philippe. Il parle, il parle et il n'y a plus moyen de l'arrêter (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 53) :
• 5. La conduite aux cabinets, d'une heure à une heure un quart, a eu lieu sous une averse torrentielle et, tout l'après-midi, les enfants ont été insupportables. On ne se doute pas combien la discipline scolaire est influencée par les variations du baromètre.
FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 58.
Rem. On rencontre souvent un compl. de phrase introduit par avec, indiquant la nature du désagrément. Il se rendait insupportable en société, avec ses éclats de voix et ses bêtises (ZOLA, Nana, 1880, p. 1173). Tu es insupportable avec ta distraction. Je parle de la fête que je donne dans quelques jours (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 108).
♦ (Être) insupportable à qqn. Insupportable aux autres, à tout le monde, à soi-même. Les hommes de talent s'attaquent entre eux : chacun cherche à se rendre insupportable à ses confrères (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1190). En ne s'acceptant pas soi-même tel qu'on est, on se rend insupportable à autrui; on est chagrin, vétilleux, irascible (GREEN, Journal, 1955-58, p. 221) :
• 6. Il était si ennuyé d'Yonville et des Yonvillais, que la vue de certaines gens, de certaines maisons l'irritait à n'y pouvoir tenir; et le pharmacien, tout bonhomme qu'il était, lui devenait insupportable.
FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 134.
♦ (Être) insupportable avec qqn. Vous me fuyez? Vous avez raison! (...) J'ai été insupportable avec vous (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 55). Cet enfant si désobéissant, si insupportable avec ses parents, est ici la sagesse même (GIDE, Journal, 1914, p. 432).
— [P. méton., en parlant du comportement, d'un aspect de la pers.] Caractère insupportable; être d'une humeur insupportable (synon. mauvaise, massacrante); défauts, manières insupportables. Tu te crois une bonne tête, tu es rempli d'un orgueil insupportable à cause de tes succès dans les écoles mathématiques (STENDHAL, Souv. égotisme, 1832, p. 128). Pascal, si gai, si bon, devint alors d'une humeur noire et d'une dureté insupportable. Il se fâchait au moindre mot, bousculait Martine étonnée (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 129).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1312 (ISAMBERT, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 3, p. 27). Empr. au b. lat. insupportabilis de même sens, dér. de supportare, v. supporter. Fréq. abs. littér. : 1 764. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 948, b) 2 627; XXe s. : a) 2 919, b) 2 675.
DÉR. 1. Insupportabilité, subst. fém., rare. Caractère d'une chose ou d'une personne insupportable. C'est pour ne pas vous ennuyer de mes plaintes que je vous écris maintenant si rarement, car personne plus que moi n'a conscience de mon insupportabilité (FLAUB., Corresp., 1875, p. 235). — []. — 1re attest. 1511 (J. LEMAIRE DE BELGES, Traicté de la difference des schismes et des conciles de leglise, éd. J. Stecher, t. 3, p. 300); de insupportable, suff. -(i)té. 2. Insupportablement, adj. D'une manière insupportable. Insupportablement bavard, prétentieux. Cet ouvrage est insupportablement long (Ac. 1835-1935). Les femmes s'entendent à se meurtrir entre elles, et la jalousie les rend insupportablement méchantes (AMIEL, Journal, 1866, p. 368). Mlle Sergent nous contient à peine; nous bavardons insupportablement (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 212). Le vent, du fond du bled saharien, soufflait par bouffées lentes, insupportablement chaudes (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 132). — []. — 1re attest. 1441 insuportablement (ISAMBERT, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 9, p. 107); de insupportable, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 27.
insupportable [ɛ̃sypɔʀtabl] adj.
ÉTYM. 1312; bas lat. insupportabilis, de 1. in-, et supportare. → Supporter.
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1 Qu'on ne peut supporter, endurer. || Une douleur insupportable. || Une lumière insupportable aux yeux. ⇒ Atroce, intolérable (→ Incitation, cit. 1). || Souffrances, supplice, malaise insupportables (→ Ahurir, cit. 1; 1. contrecœur, cit. 1; grotesque, cit. 10).
2 Qu'on ne peut souffrir, qui est extrêmement désagréable. || Bruit insupportable. ⇒ Infernal. || Vision, spectacle insupportable. ⇒ Insoutenable. || Trouver la vie insupportable. ⇒ Haïssable, odieux (→ Faire, cit. 238). || Attente (cit. 21), incertitude, doute insupportable. || Une insupportable hypocrisie (→ Fonction, cit. 6). || Je trouve insupportable de…, que… — Chose insupportable à qqn. || Être, paraître, devenir insupportable pour qqn, à qqn. || Il m'est insupportable de (et inf.). || Il m'est insupportable que (et subj.). || Cela m'est insupportable. — Une vie insupportable d'ennui (par l'ennui).
1 Cependant sa visite, assez insupportable,
Traîne en une longueur encore épouvantable (…)
Molière, le Misanthrope, II, 4.
2 Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c'est qu'elle blesse la nôtre.
La Rochefoucauld, Réflexions morales, 389.
3 En toute chose la gêne et l'assujettissement me sont insupportables; ils me feraient prendre en haine le plaisir même.
Rousseau, les Confessions, V.
3 (1680; personnes). || Un individu insupportable. ⇒ Agaçant, agouant (régional), ennuyeux, imbuvable (fam.), importun, incommode, infumable (fam.), pénible (fam.). → aussi Aversion, cit. 4; criard, cit. 1; estimer, cit. 28; hargne, cit. 4. — Un caractère insupportable. ⇒ Épouvantable, impossible, impraticable (vx), incommode (→ Mauvais, sale, fichu caractère). || Humeur insupportable. ⇒ Massacrant. — Spécialt. || Enfant insupportable. ⇒ Désagréable, diable, turbulent. || Arrête, tu es insupportable !
4 (…) c'est une loi générale (…) que l'être que nous n'aimons pas et qui nous aime nous paraisse insupportable.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 73.
♦ Être insupportable à qqn, à soi-même et aux autres. || Il se rend insupportable à tous ses collègues. — Être insupportable avec qqn, à l'égard de qqn. || Il n'est insupportable que dans sa famille, qu'avec ses parents.
4 Impers. || Il est insupportable de… || C'est absolument insupportable. || Arrête de crier, c'est insupportable !
5 Il est à peu près insupportable de vivre près d'une femme que l'on a aimée.
A. Maurois, la Vie de Byron, I, XII.
6 (…) Maurin, qui d'ordinaire a bon caractère, montra de l'humeur et fut insupportable.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, XVII.
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DÉR. Insupportabilité, insupportablement, insupporter.
Encyclopédie Universelle. 2012.