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déchirer

déchirer [ deʃire ] v. tr. <conjug. : 1>
XII e; frq. °skerjan « gratter »
I V. tr.
1Séparer brusquement en plusieurs morceaux (un tissu, un papier, etc.) par des tractions opposées, sans instrument tranchant. Ouvrir un colis en déchirant l'emballage. Déchirer un chèque et jeter les morceaux. Déchirer une lettre, une photo. Déchirer en deux, en mille morceaux. déchiqueter. Déchirer un tissu dans le droit fil. Loc. fig. Déchirer le voile : découvrir la vérité. Déchirer une affiche, en arracher des lambeaux pour la rendre illisible. ⇒ lacérer.
Se déchirer un muscle : se rompre les fibres musculaires au cours d'un effort trop brutal. ⇒fam. claquer; déchirure. Par ext. Elle a été déchirée par un accouchement difficile. (Sujet chose) La balle a déchiré le poumon. Les barbelés lui ont déchiré le bras. écorcher, égratigner , griffer, labourer, ouvrir .
2Arracher une partie de, par accident. Déchirer ses vêtements ( accroc) . Tu vas déchirer le canapé ! Robe froissée et déchirée au coude. Fam. Vous êtes tout déchiré ! votre vêtement est déchiré.
3Rompre violemment par un son éclatant. Sirène qui déchire l'air. fendre, percer, rompre, trouer. « Un coq ridicule déchira le silence [...] Il avait un cri furieux » (Jammes). briser.
4Causer une vive douleur physique à. arracher, casser. Toux qui déchire la poitrine. « Un miaulement de cor lui déchire le tympan » (Martin du Gard).
5Fig. Causer un déchirement moral à (qqn). affliger, meurtrir, tourmenter (cf. Arracher, fendre le cœur). « celle que le remords déchire et que la honte écrase » (Rousseau). « On rêve peu à ceux qu'on a perdus, tant que leur perte nous déchire » (R. Rolland). déchirant.
6Troubler par de tragiques divisions. désunir, diviser, scinder. La guerre civile a déchiré le pays. Un pays déchiré par les passions politiques. L'Église est déchirée par le schisme. (Personnes) Être déchiré : être douloureusement partagé entre deux sentiments contraires. ⇒ écartelé.
7Critiquer, attaquer férocement pour détruire. calomnier, diffamer, insulter, outrager. « Au dehors de l'assemblée, la presse le déchirait [Mirabeau] avec une étrange fureur » (Hugo).
Fam. (langage des jeunes) Réprimander avec force. Se faire déchirer. engueuler.
IISE DÉCHIRERv. pron.
1Devenir déchiré, se fendre. Sa robe s'est déchirée en s'accrochant ( déchirure) . Le sac, l'emballage s'est déchiré. crever.
Par ext. « La nue se déchire et l'éclair trace un rapide losange de feu » (Chateaubriand).
Fig. Sentir son cœur se déchirer.
2Se faire réciproquement du mal, de la peine avec violence et cruauté. Des amants qui se déchirent. s'entre-déchirer.
⊗ CONTR. Consoler, pacifier, réconcilier.

déchirer verbe transitif (ancien français escirer ; du francique skerjan, partager) Diviser du papier, du tissu, etc., en morceaux, les mettre en pièces, en lambeaux, en tirant dessus : Déchirer une vieille facture. Faire un accroc à un vêtement, une pièce de tissu. Blesser superficiellement une partie du corps en arrachant un peu de peau ; écorcher : Les épines lui ont déchiré les jambes. En parlant d'un bruit, briser brusquement le silence, ou, en parlant d'une lumière, apparaître brusquement dans un endroit sombre : Un cri déchira la nuit. Causer une grande peine ou un grave problème de conscience ; meurtrir, tourmenter : Ça le déchire, d'avoir à renoncer à elle. Diviser tragiquement un groupe, en troubler douloureusement l'unité : Guerre civile qui déchire le pays. Littéraire. Dire du mal de quelqu'un, le critiquer férocement : Il s'est fait déchirer par tous les critiques.déchirer (expressions) verbe transitif (ancien français escirer ; du francique skerjan, partager) Déchirer la poitrine, le tympan, l'estomac, etc., leur causer une vive douleur. ● déchirer (synonymes) verbe transitif (ancien français escirer ; du francique skerjan, partager) Diviser du papier, du tissu, etc., en morceaux, les mettre...
Synonymes :
- déchiqueter
- dilacérer
- lacérer
Faire un accroc à un vêtement, une pièce de tissu.
Synonymes :
- accrocher
Contraires :
- coudre
- raccommoder
- recoudre
Blesser superficiellement une partie du corps en arrachant un peu...
Synonymes :
- écorcher
- égratigner
- érafler
- griffer
- labourer
Causer une grande peine ou un grave problème de conscience ;...
Synonymes :
- arracher
- briser
- fendre
- meurtrir
- percer
- torturer
- tourmenter
Contraires :
- réjouir
Diviser tragiquement un groupe, en troubler douloureusement l'unité
Synonymes :
- désunir
Littéraire. Dire du mal de quelqu'un, le critiquer férocement
Synonymes :
- dénigrer
- dépecer
- éreinter (familier)
- esquinter (familier)

déchirer
v. tr.
d1./d Mettre en pièces, en morceaux, sans se servir d'un instrument tranchant. Déchirer du tissu.
|| v. Pron. Le papier se déchire facilement.
MED Se déchirer un muscle: se rompre des fibres musculaires.
d2./d Fig. Produire une sensation douloureuse ou désagréable sur. Cette musique déchire les oreilles.
Litt. Ce spectacle déchirait mon âme.
d3./d Fig. Troubler par des dissensions violentes; diviser. Les luttes tribales déchirent certains pays.
|| v. Pron. (récipr.) S'outrager; s'injurier. Des politiciens qui se déchirent.

⇒DÉCHIRER, verbe trans.
Mettre en pièces, en morceaux, en lambeaux, sans se servir d'un instrument tranchant. Le lion déchire sa proie.
A.— 1. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Déchirer sa chemise, sa robe; déchirer une affiche, une lettre, la page d'un livre. Je déchirais l'ananas suivant les règles, en l'inondant de kirsch, de sucre (L. DAUDET, Salons, 1917, p. 19).
Spéc. Déchirer un bateau. [Le bachoteur :] J'ai justement un vieux bateau à moitié pourri; je voulais le déchirer (SUE, Myst. de Paris, t. 6, 1842-43, p. 55).
Expr. Déchirer ses vêtements (en signe de deuil, d'affliction). Déchirer le voile (de l'hypocrisie, du mensonge). Rétablir la vérité.
Arg. milit. Déchirer de la toile. ,,Faire un feu de peloton`` (FRANCE 1907). L'on entendait des fusillades lointaines. Les groupes disaient : — Voilà qu'on commence à déchirer de la toile (HUGO, Hist. crime, 1877, p. 227).
2. Blesser, écorcher, lacérer. L'épervier déchire le moineau; être déchiré par les aigles, les loups, les ronces. Les griffes des panthères déchirent les membres nus (FAURE, Hist. art, 1921, p. 14).
[Avec un pron. réfl. indir. lorsque le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Se déchirer les mains; [avec ell. du compl. d'obj.] se déchirer aux arbustes, aux épines.
Expr. Se déchirer le visage avec les ongles (en signe de désespoir).
3. Ouvrir.
Emploi pronom. à sens passif. La nuée se déchire. L'eau se déchirait doucement sous la quille (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 166).
Expr. Déchirer une enveloppe. L'ouvrir. Le laboureur déchire le sol. Ouvre la terre avec la charrue.
B.— Au fig.
1. [L'obj. désigne une chose, une partie de l'être humain]
a) Causer une douleur physique plus ou moins vive. Déchirer l'estomac, le tympan. La toux opiniâtre qui lui déchire la poitrine (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Première neige, 1883, p. 420).
P. ext. [L'obj. désigne une pers.; le verbe est gén. au passif] Être déchiré de doutes, de jalousie; être déchiré par l'angoisse, par le désespoir.
b) Causer une douleur morale, affective; toucher le cœur, émouvoir profondément. Déchirer le cœur de qqn. J'étais déchiré de regret et de passion insatisfaite (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 152).
En partic. Troubler par des disputes, des querelles, des divisions. Un pays déchiré par la guerre civile :
... l'état de folie, de folie agressive, complète, d'un monde laissé entre les mains des bandits qui déchirent et détruisent les siècles.
TZARA, Manifeste Dada, 1918, p. 32.
2. [L'obj. désigne une pers.] Dire du mal de quelqu'un, le mettre en pièces. « J'apprends de source sûre (...) que vous me déchirez, en mon absence, auprès de tous nos amis communs » (L. DAUDET, Médée, 1935, p. 274).
Rem. On rencontre ds la docum. déchirage, subst. masc. Action de défaire un train de bois flotté, de dépecer le bois d'un bateau hors d'usage. On m'a dit que je pourrais être employé sur le port au déchirage des bateaux (VIDOCQ, Mém., t. 4, 1828-29, p. 225).
Prononc. et Orth. :[], (je) déchire []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début XIIe s. « diviser, scinder, mettre en morceaux en tirant » (Canticum Habaccuc, 15 ds Ps Oxford, éd. F. Michel, p. 240 : les fluez de terre tu descireras [fluvios scindes terrae]); 1155 (WACE, Brut, éd. Andresen : sun qunfanun deschire); 2. mil. XIIe s. fig. « détruire, anéantir » (Ps. Cambridge, 59, 1 ds T.-L.); ca 1280 « attaquer par des paroles blessantes » (G. D'AMIENS, Escanor, 3933, ibid.); 3. 3e tiers XIIIe s. fig. li cuers me descire (A. LE ROY, Berte, éd. A. Henry, 2114). Issu, avec substitution du préf. dé- à es-, de l'a. fr. escirer « déchirer » (B. DE STE-MAURE, Ducs, éd. C. Fahlin, 33674; demeuré dans les dial. de l'est), lui-même issu de l'a. b. frq. skerian « séparer, diviser » que l'on peut déduire de l'a. h. all. biskerian « privare, frustrare, separare », simple skerian (GRAFF t. VI, col. 532-533). L'étymon a. b. frq. skîran (EWFS2) « râcler, gratter » se rattachant à un groupe de mots germ. reposant sur la notion de « uni, lisse » fait difficulté du point de vue sém. (FEW t. 17, pp. 107-108). Fréq. abs. littér. :2 570. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 066, b) 3 659; XXe s. : a) 3 618, b) 3 322. Bbg. GOTTSCH. Redens, 1930. p. 29, 204, 205. — WALT. 1885, p. 75.

déchirer [deʃiʀe] v. tr.
ÉTYM. Déb. XIIe; de l'anc. franç. escirer, avec substitution de 2. dé- à es-; du francique skerian « séparer, partager ».
1 a Mettre en pièces ou faire une ouverture à, dans (qqch.) en tirant des deux côtés opposés, sans se servir d'un instrument tranchant. Déchiqueter, délabrer, dilacérer, diviser, lacérer. || Déchirer une étoffe, de la toile, ses habits.Pron. Devenir déchiré. || La robe s'est déchirée. Déchirure; découdre.
1 Arrachons, déchirons tous ces vains ornements (…)
Racine, Esther, I, 5.
2 (…) la maudite jument a tout emporté, même mon manteau, qu'elle va perdre et déchirer à toutes les branches.
G. Sand, la Mare au diable, VIII, p. 65.
3 (…) si une ronce déchirait son bas, si une goutte tombait sur le foulard, elle ne s'en souciait pas plus que si le temps allait tout recoudre ou détacher.
Giraudoux, Bella, III, p. 75.
4 Il déchira seulement son faux col qui l'étranglait.
P. Mac Orlan, la Bandera, III, p. 29.
Loc. fig. Déchirer le voile : découvrir la vérité ( Dévoiler).
Déchirer une feuille de papier en deux. || Déchirer une affiche. Lacérer. || Déchirer une lettre (→ Chiffonner, cit. 1).
5 Te rappelles-tu les légionnaires Lucas et Gilieth, le grand Gilieth qui était fort et mince et qui déchirait un jeu de cartes avec ses mains ?
P. Mac Orlan, la Bandera, XIX, p. 231.
Fig. || Déchirer un contrat, un traité, n'en tenir aucun compte.
b Érafler, écorcher (la peau, notamment la peau humaine). Balafrer, écarteler, égratigner, érafler, érailler, griffer, labourer, ouvrir. || La balle a déchiré les chairs. || Les épines lui ont déchiré le bras.P. p. adj. → ci-dessous, cit. 7. || Se déchirer la peau du genou en tombant. Entamer (la peau).
6 Le malheureux lion se déchire lui-même (…)
La Fontaine, Fables, II, 9.
7 Et de son corps hideux les membres déchirés (…)
Racine, Athalie, I, 1.
8 Il me semblait que deux mains puissantes me déchiraient le cœur en deux.
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, XXV.
Loc. Déchirer la main qui protège, nourrit. Mordre (la même idée est exprimée par le sens fig. ci-dessous, cit. 31).
c Littér. || Déchirer la terre (par le labour).
9 Soulever, pénétrer, déchirer la terre est un labeur, — un plaisir — qui ne va pas sans une exaltation que nulle stérile gymnastique ne peut connaître.
Colette, la Naissance du jour, p. 133.
d Pron. et fig. (littér.). || Se déchirer : se séparer, se disjoindre brutalement.
10 La nue se déchire, et l'éclair trace un rapide losange de feu.
Chateaubriand, Atala, « les Chasseurs ».
11 (…) les nuées se déchirèrent sous l'effort du vent (…)
Balzac, Jésus-Christ en Flandre, Pl., t. IX, p. 255.
12 Le voile de tristesse qui couvrait la figure de Sigognac se déchira comme un nuage traversé d'un rayon de soleil (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, p. 70.
e Régional. Démonter (un vieux véhicule) pour en utiliser les pièces. Déchireur.
2 Rompre violemment par un son éclatant (le compl. désigne le silence, l'atmosphère, etc.). → Boîte, cit. 6. || Un cri perçant déchira le silence. || Sirène qui déchire l'air.(Le sujet désignant la cause du bruit, la personne, l'animal qui émet un son).
13 Un coq ridicule déchira le silence, perché sur le poulailler. Il avait un cri furieux. Il s'applaudissait avec ses moignons d'ailes.
Francis Jammes, le Roman du lièvre, I, p. 12.
3 Causer une vive douleur physique à. Arracher. || Toux qui déchire la poitrine. || Cri perçant qui déchire l'oreille ( Blesser, casser).
14 Un miaulement de cor lui déchire le tympan.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 152.
4 Fig. Causer un déchirement, une vive douleur morale, une grande émotion ou une profonde affliction à (qqn, un organe). Affliger, arracher, émouvoir, fendre (le cœur), meurtrir, tourmenter. || Déchirer le cœur, la conscience de qqn (→ Adieu, cit. 17; agiter, cit. 9).
Pron. || Sentir son cœur se déchirer.Ellipt. || Cris à déchirer l'âme. || Leurs plaintes me déchirent.Absolt. || Un spectacle qui déchire. Attrister, désoler, navrer.Au p. p. → ci-dessous, cit. 19.
15 Un trouble assez cruel m'agite et me dévore,
Sans que des pleurs si chers me déchirent encore (…)
Racine, Bérénice, IV, 5.
16 Mille soupçons affreux viennent me déchirer.
Racine, Mithridate, IV, 1.
17 (…) celle que le remords déchire et que la honte écrase (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, Lettre LXIII.
18 Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous,
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches (…)
Verlaine, Romances sans paroles, « Aquarelles, Green » (→ Cœur, cit. 74).
19 (…) elle me les reprochait (mes torts) avec un accent si douloureux que j'en avais le cœur déchiré.
France, le Petit Pierre, I.
20 La sainteté du matin, quand la douceur et la lumière luisent sur l'eau et les feuillages, le déchirait.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 117.
21 On rêve peu à ceux qu'on a perdus, tant que leur perte nous déchire. Ils reparaissent plus tard, quand l'oubli vient.
R. Rolland, Jean-Christophe, IX, p. 172.
P. p. adj. :
22 Une voix déchirée, naïve, chancelante, une voix d'enfant malheureux répondit, un petit moment plus tard (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, « Suzanne et les jeunes hommes », XXI, p. 259.
5 Séparer par de tragiques divisions. Diviser, scinder. || La guerre civile a déchiré le pays.
23 L'Église a trois sortes d'ennemis : les Juifs, qui n'ont jamais été de son corps; les hérétiques, qui s'en sont retirés; et les mauvais Chrétiens, qui la déchirent au dedans.
Pascal, Pensées, XIII, 840.
24 (…) le désordre et le péché qui partout ternissent, avilissent, tachent et déchirent ce monde (…)
Gide, la Symphonie pastorale, p. 38.
P. p. adj. :
25 (…) la division était partout. Le pays était littéralement déchiré : luttes politiques, luttes sociales, luttes religieuses ont, après dix ans d'horrible virulence, laissé mille plaies saignantes.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, III, p. 38.
Être déchiré entre deux sentiments contraires (→ Être écartelé, être partagé). || Se sentir déchiré.
26 (…) notre cœur se sent déchiré entre des efforts contraires (…)
Pascal, Pensées, VII, 498.
27 J'avais imaginé que je serais déchirée entre le déplaisir de quitter ma tante et les craintes de la guerre pour mon fils.
Mme de Sévigné, 290, 27 juin 1672.
6 (Compl. n. de personne ou nom abstrait : réputation, etc.). Critiquer, attaquer férocement pour détruire. Calomnier, dépecer, diffamer, médire, offenser, outrager. || Déchirer son prochain. || Déchirer une réputation. — ☑ Loc. (1626, in D. D. L.). Déchirer qqn à belles dents, médire cruellement de lui.
28 (…) je vais composer contre eux une satire du style de Juvénal, qui les déchirera de la belle façon.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
29 (…) par quelles injures et par combien de titres infâmes on déchire parmi vous l'Église romaine.
Bossuet, Réfutation du catéchisme…, Conclusion, in Littré.
30 Au dehors de l'assemblée, la presse le déchirait (Mirabeau) avec une étrange fureur. C'était une pluie battante de pamphlets sur cet homme.
Hugo, Littérature et philosophie mêlées, « Sur Mirabeau », II.
31 (…) le monde n'a jamais d'estime pour ceux qui déchirent les personnes à qui ils ont de l'obligation.
F. Mauriac, la Vie de Jean Racine, IV.
Pron. Se faire réciproquement du mal, de la peine avec violence et cruauté. || Des amants qui se déchirent. || Ces anciens alliés se déchirent entre eux. Entre-déchirer (s').
——————
déchiré, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1185).
1 Qu'on a déchiré, qui s'est déchiré. || Chemise déchirée. || Porter des vêtements (tout) déchirés.
Spécialt. Éraflé, écorché. || Main déchirée par un coup de griffe (→ Déchirer, supra cit. 6).
Prov. Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée.
2 Qui souffre moralement, éprouve un déchirement (2.). || Il est déchiré. || Avoir le cœur déchiré (→ supra Déchirer, 4., fig., cit. 19).Par ext. || Voix déchirée, coupée par l'émotion. Étranglé (→ supra cit. 22).
3 Qui est tragiquement divisé, scindé. || Église déchirée par un schisme. || Un pays déchiré par les passions politiques.
(Personnes). Partagé entre deux sentiments contraires. Écartelé.
32 Tel est le fond du débat racinien : le conflit tragique a pour théâtre une âme jalouse déchirée entre l'amour et la haine, incapable jusqu'au dernier moment de voir clair en elle-même.
Lagarde et Michard, le XVIIe Siècle, p. 303.
CONTR. Raccommoder, recoudre, stopper. — Cicatriser, coller, guérir. — Consoler. — Apaiser, pacifier, réconcilier, unir.
DÉR. Déchirage, déchirant, déchirement, déchireur, déchirure.

Encyclopédie Universelle. 2012.