démonter [ demɔ̃te ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Jeter (qqn) à bas de sa monture. ⇒ désarçonner. Le cheval a démonté son cavalier.
2 ♦ Fig. Étonner au point de faire perdre l'assurance. ⇒ déconcerter, décontenancer, interloquer, renverser. « L'aplomb de ce petit me démontait » (A. Gide). Pronom. Elle ne s'est pas démontée pour si peu. Une attitude qui démonte (démontant, ante adj. , 1893 ).
3 ♦ Défaire (un tout, un assemblage) en séparant les éléments. ⇒ désassembler. Démonter un échafaudage, une machine, une pendule. Démonter un pneu (⇒ démonte-pneu) . Fig. « Douter, c'est démonter et remonter les idées comme des rouages » (Alain).
● démonter verbe transitif Jeter un cavalier à bas de sa monture ; désarçonner. Priver quelqu'un de sa monture ; mettre à pied : Démonter un escadron. Défaire une à une les pièces d'un appareil : Démonter un fusil. Enlever un élément d'un ensemble, retirer un objet de l'endroit où il est fixé ; le défaire : Démonter une roue de la voiture. Jeter quelqu'un dans l'embarras, la confusion ; déconcerter, troubler ; interloquer, désorienter : Ses objections ont démonté l'orateur. Découdre une ou plusieurs pièces d'un vêtement. ● démonter (synonymes) verbe transitif Jeter un cavalier à bas de sa monture ; désarçonner.
Synonymes :
- désarçonner
Défaire une à une les pièces d'un appareil
Contraires :
- agencer
- monter
Enlever un élément d'un ensemble, retirer un objet de l'endroit...
Contraires :
- remettre
- remonter
Jeter quelqu'un dans l'embarras, la confusion ; déconcerter, troubler ; interloquer, désorienter
Synonymes :
- décontenancer
- dérouter
- désorienter
- méduser (familier)
- troubler
Contraires :
- enhardir
- rassurer
démonter
v. tr.
d1./d Séparer, désassembler (des pièces assemblées). Démonter un mécanisme. Démonter une roue. Syn. (Québec) démancher.
|| (Faux Pron.) Se démonter la mâchoire.
d2./d Jeter (qqn) à bas de sa monture. Cheval qui démonte son cavalier.
d3./d Fig. Causer du trouble à, déconcerter. Cette objection le démonta.
|| v. Pron. Perdre contenance. Se démonter devant un contradicteur.
⇒DÉMONTER, verbe trans.
I.— [Avec l'idée d'une chute, d'une diminution, d'une perte]
A.— [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un animal]
1. Renverser de sa monture, jeter à terre (un cavalier). Synon. désarçonner :
• 1. « ... Après la cavalerie turque venaient les nègres et les bédouins, fantassins agiles et prompts derrière leurs légers boucliers. Tous visaient aux chevaux, pour démonter nos chevaliers ».
GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 272.
2. P. ext.
a) Faire servir à pied (un cavalier). Richard ne disposait à Jaffa que de 2 000 hommes dont seulement une cinquantaine de chevaliers, d'ailleurs démontés (GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939 p. 279).
b) MAR. Démonter un capitaine de vaisseau. Lui retirer son commandement pour cause de mécontentement.
c) CHASSE Démonter un oiseau. Lui casser une aile/ les ailes par un coup de fusil. Synon. désailer. M. le préfet se plaisait beaucoup [à chasser] à Valcombe (...) il prenait un intime plaisir à démonter des faisans (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 197).
3. Au fig. Jeter dans la confusion, priver de ses moyens. Cette objection le démonta tout à fait (Ac. 1835-1932). Synon. déconcerter, troubler; anton. encourager, stimuler :
• 2. Il ne s'agit pas de se laisser démonter par les irréflexions d'en bas ni par les mauvaises réflexions d'en haut, mais continuellement de reconstruire le bel édifice d'amitié.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 11, 1914-17, p. 89.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Démontant, ante, part. prés.-adj. de démonter. Qui démonte, déconcerte, surprend. Doué d'un de ces toupets démontants que rien ne saurait désarmer (...) Chavarax m'extirpa un jour la promesse d'une place de sous-chef pour une époque indéterminée (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 114). b) Le subst. masc. démonte-chrétien. Individu qui, par son comportement violent, fait perdre les moyens à autrui. Tu es un démonte-chrétien, voilà ce que tu es, toi, dit Firmin. On peut pas parler avec toi. De suite les grands airs, de suite la grosse voix à faire sonner les murs (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 117).
— Emploi pronom. Se décontenancer, perdre son assurance :
• 3. ... je ne me démonte pas, je continue, et après avoir convenablement montré la facilité de mon élocution, je m'enquiers du portrait historique, à la grande satisfaction du duc de Dunières...
SAND, Le Marquis de Villemer, 1861, p. 146.
B.— [Le compl. désigne un mécanisme dont le mouvement est produit par un poids, un ressort] Démonter une horloge, une montre, un tourne-broche. En détendre le(s) ressort(s), en descendre le(s) poids pour arrêter leur fonctionnement.
— Emploi pronom., au fig. et fam. [En partic. en parlant d'une pers.] La machine commence à se démonter. Cela commence à ne plus aller aussi bien qu'auparavant, la bonne santé faisant place aux indispositions.
II.— [Avec l'idée d'une séparation; le compl. d'obj. désigne un inanimé]
A.— Désassembler les pièces, les différents éléments dont un mécanisme, un objet sont composés. Démonter une machine. Anton. assembler, remonter. Il a fallu le démonter [l'avion] et le descendre en pièces détachées et à dos de mulets (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 380).
— Emploi pronom. à sens passif. Cela se démonte. Cela est susceptible d'être démonté. Une tente-abri d'un nouveau modèle, se montant et se démontant à la minute (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 44).
— P. ext. Mettre hors de service. Démonter une batterie, des canons :
• 4. ... le tir ennemi continuait, tellement meurtrier, que la batterie entière allait être démontée, si l'on s'entêtait sur la même position.
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 312.
♦ Au fig. Démonter les batteries de qqn. Rendre vains ses projets.
— Emplois fig.;
• 5. ... l'esprit [de Valéry] a toujours eu, beaucoup plus que le mien, souci d'analyser et de démonter toute œuvre d'art — à la manière dont Poe décompose, après l'avoir composé, son poème, et beaucoup plus subtilement encore que Poe.
GIDE, Journal, 1935, p. 1230.
♦ Pronom. L'illusion de croire que l'homme est un mécanisme qui se monte et se démonte et qu'il aurait le pouvoir divin de recomposer (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 70).
♦ Emploi réfl. à constr. pronom. indir., fam. Se démonter le visage. Donner à son visage l'expression que l'on souhaite. [Le jongleur] se frappe les cuisses, se démonte le visage, hurle et prononce des mots inconnus. (CHATEAUBR., Voy. Amér., 1827, p. 13).
B.— Enlever (un objet) de son, de ses points d'attache. Démonter une porte, les roues d'un véhicule :
• 6. JEAN, à l'oreille du docteur Parpalaid. — Monsieur, monsieur... il y a quelque chose qui ne marche pas. Il faut que je démonte le tuyau d'essence.
ROMAINS, Knock, 1923, I, p. 3.
♦ Démonter un canon. Le séparer de son affût. Démonter un diamant, des pierreries. Les décrocher de la garniture où ils sont sertis.
— P. anal., emploi réfl. à constr. pronom. indir. Se démonter l'épaule en tombant. Le sergent avait lâché un nom de Dieu! l'épaule gauche à moitié démontée, la chair meurtrie par un choc sourd, pareil à un coup de battoir dans du linge (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1509).
— Fam. et p. exagér. Bâiller à se démonter la mâchoire. Synon. plus fréq. bâiller à se décrocher la mâchoire. À quoi s'occupent donc tous ces fainéants de valets que je vois bâiller à se démonter la mâchoire (DUMAS père, Laird de Dumbiky, 1844, I, 3, p. 11).
Rem. On relève dans la docum. le subst. apposé démonte-roue. Outil servant à démonter une roue d'automobile, fixée à son moyeu. Se souvenir si le cric et le vilebrequin démonte-roue sont en place dans le coffre (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 324). À rapprocher de démonte-pneu, subst. masc., de formation identique : « Levier destiné à retirer un pneumatique de sa jante » (ROB.).
Prononc. et Orth. :[], (je) démonte []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Fin XIIe s. desmonter « faire descendre (quelqu'un) de cheval » (Moniage Guillaume, 1326 ds T.-L.); 1er quart XIIIe s. au fig. « abattre » (RECLUS DE MOLLIENS, Carité, ibid.); 1501-04 « déconcerter » (DESTREES, Frère chartreux et poète du temps de Marguerite d'Autriche d'apr. FEW t. 6, p. 116a). B. 1575 [Figure de la Trespare] desmontée « défaite pièce par pièce » (A. PARÉ, Œuvres, éd. A. Malgaigne, t. VIII, chap. 20). Dér. de monter; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :196.
DÉR. Démonteur, euse, subst. Ouvrier, ouvrière qui, dans un atelier de laminage ou une tréfilerie, est chargé(e) de démonter et de remonter les cylindres, les filières et leur outillage. P. ext. Personne qui démonte (un objet). À cet âge (12 ou 13 ans) j'étais grand démonteur de pendules, et (...) n'avais de cesse que je n'eusse nettoyé tous les rouages et remis en branle tous les balanciers de la maison (GIDE, Journal, 1912, p. 362). — []. — 1res attest. 1877 démonteuse « ouvrière employée dans les machines qui tirent le fil à la filière » (LITTRÉ Suppl.); 1907 démonteur (Lar. pour tous); du rad. de démonter, suff. -eur, -euse. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 317. — QUEM. Fichier.
démonter [demɔ̃te] v. tr.
ÉTYM. Fin XIIe, desmonter; de 1. dé-, et monter.
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1 Équit. Jeter (qqn) à bas de sa monture. ⇒ Désarçonner, renverser, vider (les étriers). || Le cheval démonta son cavalier.
♦ Absolt ou intrans. Vx :
1 Je ne démonte pas volontiers quand je suis à cheval, car c'est l'assiette en laquelle je me trouve le mieux (…)
Montaigne, Essais, I, 48 (→ 1. Assiette, cit. 2).
♦ Chasse. || Démonter un oiseau, lui casser une aile ou les ailes.
2 (1502). Étonner (qqn) au point de faire perdre l'assurance. ⇒ Déconcerter, décontenancer, démoraliser, interloquer, renverser, troubler. || Cette objection le démonta (⇒ Démontant). || Il ne s'est pas laissé démonter.
2 L'aplomb de ce petit me démontait.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XV, p. 458.
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II
1 Défaire (un tout, un assemblage) en séparant les éléments. ⇒ Débâtir, défaire, désassembler, désunir, disjoindre; démontage. || Démonter un échafaudage, une machine, un mécanisme, un moteur. || Démonter un meuble. || Démonter une pendule, une serrure, la culasse d'une arme à feu. || Démonter une tente, un chapiteau.
♦ Séparer (qqch.) de son point d'attache. || Démonter une porte, la roue d'une voiture. — Techn. Séparer de sa monture. || Démonter la pierre d'une bague.
3 (…) j'ai besoin de quelques petits diamants qui en ornent la boîte; je l'ai prise pour les envoyer démonter à Paris (…)
Marivaux, la Surprise de l'amour, II, 7.
2 Par métaphore ou fig. (abstrait) :
4 Douter, c'est examiner, c'est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sans précipitation (…)
Alain, Propos, p. 21.
5 (…) il avait eu, en route, non pas une panne, mais des « emmerdements de carburation » qui l'avaient amené à démonter plusieurs fois « son gicleur et le reste » (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVII, p. 283.
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se démonter v. pron.
1 (Correspond au sens I, 2 du transitif). Personnes. Être décontenancé, perdre son sang-froid. ⇒ Affoler (s'), perdre (contenance, la tête…). || Il se démonte devant l'examinateur. || Il ne se démonte pas pour si peu.
2 (Sens II). || Cette mécanique se démonte. ⇒ Démontable — Par ext. ⇒ Déranger (se), détraquer (se). — Fig. :
6 (…) les vieilles cervelles se démontent comme les jeunes.
Molière, le Malade imaginaire, 1er intermède.
7 (…) il n'y avait point d'âme plus ferme, plus résolue, point de tête qui se démontât plus difficilement (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, p. 96.
♦ (Faux pron.). || Se démonter l'épaule. || Bâiller à se démonter la mâchoire. ⇒ Décrocher.
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démonté, ée passif et p. p. adj.
1 (Sens I, 1). Passif. || Être démonté. — P. p. adj. || Cavalier démonté : cavalier jeté à bas ou privé de sa monture.
8 (…) les chevaliers bien armés ne couraient guère d'autre risque que d'être démontés (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, LI.
9 (…) la cavalerie du czar, presque toute démontée, ne pouvait plus être d'aucun secours, à moins qu'elle ne combattît à pied.
Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie sous Pierre le Grand, II, 1.
2 (Sens II, 1). Dont on a séparé, démonté les éléments, les pièces. || Machine démontée. || Horloge démontée.
10 (Elle) étale au grand jour, démontés, les rouages les plus intimes de son organisme mental, comme un horloger les pièces de la pendule qu'il nettoie.
Gide, les Faux-monnayeurs, II, V, p. 262.
3 (Sens I, 2). Personnes. ⇒ Déconcerté, décontenancé, troublé. || Candidat démonté.
11 L'imprévoyant, dit Valéry, est moins accablé et démonté par l'événement catastrophique, que le prévoyant.
Gide, Journal, 16 juin 1932.
11.1 (…) il y a les grands hommes alors qu'on en est encore à chercher les enfants grands ou sublimes.
L'enfant toussa. M. Deane fut légèrement démonté. Il savait trop qu'une fluxion de poitrine chez un enfant balance largement le talent à l'aquarelle chez un homme.
Giraudoux, les Aventures de J. Bardini, p. 177.
4 Se dit des flots, de la mer… || Mer démontée, bouleversée par la tempête. ⇒ Agité, houleux.
12 (…) bientôt le vent s'éleva, et une bourrasque survenant força le chalutier à fuir. Il gagna les côtes d'Angleterre; mais la mer démontée battait les falaises, se ruait contre la terre, rendait impossible l'entrée des ports.
Maupassant, les Contes de la bécasse, « En mer ».
13 (…) les chocs rythmés, et de plus en plus durs et violents, de cette mer démontée contre la coque.
Valéry, Autres rhumbs, p. 24 (→ Choc, cit. 5).
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CONTR. Monter; remonter. — Encourager, enhardir, raffermir, rassurer. — (Du p. p. adj.) Calme, impassible.
DÉR. Démontable, démontage, démontant, démonteur.
COMP. Démonte-pneu.
Encyclopédie Universelle. 2012.