déranger [ derɑ̃ʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1596; desrengier 1080; de dé- et rang
1 ♦ Déplacer de son emplacement assigné; mettre en désordre (ce qui était rangé). ⇒ bouleverser, déplacer, désorganiser; fam. chambarder. Déranger des papiers, les livres d'une bibliothèque. ⇒ déclasser. Tout déranger en fouillant. Ne dérangez pas mes affaires. ⇒ bouger, 1. toucher (à).
2 ♦ Changer de manière à troubler le fonctionnement, l'action de (qqch.). L'orage a dérangé le temps (rare). ⇒ détraquer. — Cour. « Son chagrin lui dérange quelquefois l'esprit » (Voltaire). Il a le cerveau, l'esprit un peu dérangé. ⇒ troublé. — Ce repas lui a dérangé l'estomac. Avoir l'estomac dérangé.
3 ♦ Vx Détourner (qqn) du droit chemin; faire cesser d'être rangé. ⇒ dévoyer, pervertir. « Cette jeune fille qui vous dérange, qui fait que vous manquez à votre parole » (Marivaux). — Pronom. « Un jeune gars qui peut se déranger, [...] devenir un mauvais garnement » (Sand).
4 ♦ (1740) Cour. Gêner (qqn) dans son travail, ses occupations. ⇒ distraire, ennuyer, gêner, importuner, troubler (cf. Arriver comme un chien dans un jeu de quilles, comme un cheveu sur la soupe). Excusez-moi de vous déranger, si je vous dérange. Vous ne me dérangez jamais. Vous pouvez fumer; ça ne me dérange pas. « Jamais nous n'aurions eu le “culot” de déranger nos aînés pour leur faire lire de maladroits essais et solliciter d'eux des conseils » (A. Gide). — Pronom. (fin XVIIe) SE DÉRANGER : quitter sa place; modifier ou interrompre ses occupations, son travail. « Je ne me suis pas dérangée pour de l'argent, et si j'ai pris la peine de venir vous soigner, ce n'est pas pour être mal reçue » (Sand). Ne vous dérangez pas pour moi.
⊗ CONTR. Arranger, classer, ordonner, organiser, 1. ranger; ajuster, régler.
● déranger verbe transitif Changer quelque chose de place, en embrouiller l'ordre ; bouleverser : Ne dérangez pas mes papiers. Mettre un lieu en désordre, faire en sorte que les objets qui s'y trouvent ne soient plus à leur place : Il a encore dérangé sa chambre. Troubler la santé mentale : Le chagrin lui a un peu dérangé l'esprit. Gêner le cours normal de quelque chose, contrecarrer un ordre établi : Cet événement dérange nos plans. Ne pas être conforme aux idées courantes, bouleverser les idées reçues : Le théâtre de Molière dérangeait les dévots. Obliger quelqu'un à se déplacer, à interrompre ses occupations, son travail ou son repos ; importuner, gêner, ennuyer : L'arrivée du gardien a dérangé les cambrioleurs. ● déranger (difficultés) verbe transitif Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je dérange, nous dérangeons ; il dérangeait. ● déranger (synonymes) verbe transitif Changer quelque chose de place, en embrouiller l'ordre ; bouleverser
Synonymes :
- chambarder (familier)
- chambouler (familier)
- déclasser
- déplacer
Contraires :
- arranger
- classer
- disposer
- ordonner
- ranger
Gêner le cours normal de quelque chose, contrecarrer un ordre établi
Synonymes :
- détraquer
- gâter
Obliger quelqu'un à se déplacer, à interrompre ses occupations, son...
Synonymes :
- gêner
- troubler
déranger
v. tr.
d1./d ôter (une chose) de sa place habituelle. Déranger des livres.
— Par ext. Mettre du désordre dans. Déranger une chambre.
d2./d Obliger (qqn) à quitter sa place. Il a dérangé dix personnes pour accéder à son fauteuil.
|| v. Pron. Ne vous dérangez pas, je vous l'apporte.
d3./d Interrompre, troubler (qqn) dans ses occupations. Prière de ne pas déranger.
|| v. Pron. Ne vous dérangez pas pour moi.
— Contrarier, gêner. Cela vous dérange-t-il de reporter notre rendez-vous?
d4./d Provoquer des troubles physiologiques. Mets indigestes qui dérangent le foie.
|| Pp. adj. Avoir le cerveau dérangé: déraisonner, divaguer.
⇒DÉRANGER, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. désigne un inanimé]
1. [Le compl. d'obj. désigne un obj.] Déplacer ce qui était rangé. Sur les tables, les papiers et les livres s'entassaient, sans qu'on les dérangeât de place (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 176) :
• 1. — Voulez-vous me donner la bouteille de cognac et deux verres, dis-je à la bonne. (...)
La bouteille était au fond d'un placard, il fallut déranger tout un rideau de flacons, de carafes vides.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 139.
— [Le compl. d'obj. désigne un lieu relativement aux obj. qu'il contient] Vous avez dérangé toute ma chambre (Ac. 1835, 1878) :
• 2. ... sa bibliothèque a été dérangée par son domestique. Elle se précipite. (...) Ah! Ils vont voir, les livres qui se sauvent, les livres qui se couchent!
RENARD, Journal, 1908, p. 1212.
— Emploi pronom. passif. Rien de ce qui était dans la malle ne s'est dérangé pendant le voyage (Ac.).
2. P. ext. [Le compl. d'obj. désigne un ensemble organisé, un état, un développement temp.] Troubler le bon fonctionnement, l'état ou le déroulement normal. Cet orage va déranger le temps (Ac.). L'amour (...) dérange la vie, ôte le repos, compromet la réputation (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 57). Quand un fait impertinent dérange une théorie, rien n'est plus simple que de le nier (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 687) :
• 3. ... j'avais fait pis encore : j'avais dérangé le chignon de Justine. Or, Justine tenait pour intangible l'ordre de sa coiffure.
A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 222.
• 4. ... j'ai eu l'estomac dérangé cette nuit par des conserves qui ne devaient pas être fraîches, du cassoulet. Ça m'a donné la migraine, sans compter la colique...
QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 136.
SYNT. Déranger le cerveau, les habitudes, les projets, les plans de qqn; déranger le cours, l'équilibre, l'ordre de qqc.
— Emploi pronom. passif. On ne joue plus tant à la Cour; la santé du roi se dérange plus souvent (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 11, 1851-62, p. 531). Il la pria de lui ajuster quelque pli qui s'était dérangé (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 163) :
• 5. Bréguet fait une montre qui pendant vingt ans ne se dérange pas, et la misérable machine, à travers laquelle nous vivons, se dérange et produit la douleur au moins une fois par semaine.
STENDHAL, Rome, Naples et Florence, t. 1, 1817, p. 163.
B.— [Le compl. d'obj. désigne un animé]
1. [Le compl. d'obj. désigne un animé hum. ou animal] Faire lever, déplacer en causant quelque gêne. Lulu Maublanc arriva en retard et dérangea tout le monde pour aller prendre sa place (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 102) :
• 6. Je suis si bon que je ne dérange jamais le chat qui dort à la place où j'écris : je vais faire un petit tour de promenade.
RENARD, Journal, 1902, p. 773.
— Emploi pronom. réfl. « Good night », Madame, bonne nuit. Ne vous dérangez pas. Restez assise (CLAUDEL, Échange, 1894, III, p. 712) :
• 7. On lui adressait [à Maigret] le plus souvent un bonjour de la main. Seul le commissaire de police, M. Mansuy, qui l'avait présenté à ces messieurs, se dérangeait pour lui serrer la main.
SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 23.
2. P. ext.
a) [Le compl. d'obj. désigne un animé hum. ou animal] Troubler dans ses occupations, gêner. Déranger qqn dans son travail. Il était désemparé dans cet appartement vide, (...) on ne venait pas à tout instant le déranger, le consulter, l'appeler ailleurs (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 318) :
• 8. ... je montais dans les tours, faisant lever des vols de pigeons, ou bien dérangeant de leur sommeil des chauves-souris et des chouettes.
LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 191.
• 9. J'ai répondu un peu brutalement hier, à Em. qui me dérangeait de ma lecture; j'en suis resté attristé tout le soir.
GIDE, Journal, 1914, p. 450.
♦ Fam. [À la forme interr., pour marquer l'impatience, la mauvaise humeur] Alors vous voilà, garçon? Est-ce que çà vous dérangerait de me servir un café-crème? (SARTRE, Mur, 1939, p. 110).
— Emploi abs. Il avait peur (...) de déranger, d'introduire sa crasse et ses poux dans cet intérieur tout propre (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 327) :
• 10. — Ce n'était pas vous que j'attendais.
— Si je dérange, je puis très bien revenir à un autre moment, quand vous voudrez.
ESTAUNIÉ, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 67.
— Emploi pronom. réfl. Se déplacer en abandonnant ses occupations. Un de ces enterrements comme celui de la vieille dame Cotin (...) pour laquelle un évêque s'était dérangé (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 12) :
• 11. De fin août aux vendanges (...), les fabricants de politique vérifièrent l'esprit du vigneron. M. Blondel, cafetier de Reims, décoré des palmes académiques, se dérangea pour connaître si le pays malheureux gardait néanmoins sa foi au député.
HAMP, Vin de Champagne, 1909, p. 123.
♦ Spéc. Se mettre de côté pour laisser passer quelqu'un ou quelque chose :
• 12. ... elle marchait prestement, sur le milieu du pavé. (...) Derrière elle, (...) une malle-poste au grand galop se précipitait comme une trombe. En voyant cette femme qui ne se dérangeait pas, le conducteur se dressa par-dessus la capote, et le postillon criait aussi...
FLAUBERT, Trois contes, Un Cœur simple, 1877, p. 59.
Se déranger de sa route. Quitter une trajectoire prévue. Il [Duroy] avançait brutalement dans la rue pleine de monde (...) poussant les gens pour ne point se déranger de sa route (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 4).
♦ Au fig. [Le suj. désigne un animé hum.] Se démener pour rendre service à quelqu'un :
• 13. La mère (...) ne pouvait pas dire combien elle était reconnaissante « au bon monsieur d'avant monsieur ». (...) Ce bon monsieur s'était tellement « dérangé » pour eux. Jamais il ne les eût laissés dans l'ennui pour leur loyer ou pour le reste.
MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 254.
b) [Le compl. d'obj. désigne un animé hum.] Troubler la santé de quelqu'un. J'ai mangé hier un peu plus qu'à l'ordinaire, et cela m'a dérangé (Ac. 1835, 1878).
— Spéc., fam., emploi pronom. passif. Perdre la santé mentale. C'est plus un homme, c'est un vrai tambour de sottises! (...) Plus il vieillit plus il se dérange! Plus il se fêle! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 551).
c) [Le compl. d'obj. désigne un animé hum.] Troubler dans sa façon d'être, de penser. Pourquoi Dieu ne reste-t-il pas chez lui et vient-il nous déranger? Notre malheureuse vie est si courte! Qu'il nous y laisse du moins en paix! (CLAUDEL, Violaine, 1901, IV, p. 641) :
• 14. Le prêtre (...) qui est un homme instruit et naïf, ne revient pas de cette théorie. (...) Que l'infini tienne dans le fini, est une proposition qui le dérange. Il fait observer que le contenu ne peut être plus grand que le contenant...
VEUILLOT, Les Odeurs de Paris, 1866, p. 213.
Rem. Cet emploi est fam. pour Ac.
— Emploi abs. Les femmes ne comprennent pas qu'elles dérangent, ne comprennent pas cette impatience qu'elles créent dans un homme jeune (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1516).
— Spéc., vx. Détourner de sa vie rangée. Les mauvaises compagnies l'ont dérangé (Ac.).
♦ Emploi pronom. réfl. Abandonner sa vie rangée. Francueil se refroidit, ou plutôt il se dérange; il court les soupers, il s'enivre tout de bon, il n'est plus aussi exact ni attentif auprès de son amie (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 2, 1851-62, p. 200) :
• 15. Et quand la servante vient raconter à demi-voix qu'une telle s'est fait avorter, qu'on dit, ou que la fille d'étable se dérange avec un vieux, qu'est-ce que ça peut lui faire?
CLAUDEL, La Jeune fille Violaine, 1892, III, p. 530.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Qq. ex. du part. prés. adj. dérangeant, ante. Qui dérange. ) [Correspond à B 2 a] D'autres lettres accompagnent des manuscrits : l'auteur a besoin de savoir ce que je pense de ses poèmes (...) À quel point peuvent être dérangeants ces appels! (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1194). ) [Correspond à B 2 c] La forteresse poussait maintenant au milieu de nous, lancinante en effet comme une dent neuve, et c'en était fini du repos, elle était là, l'image même de la gêne, — installée, régnante, dérangeante, incompréhensible, — la morsure légère et continue d'une pointe fine, élançant jusqu'aux extrêmes terminaisons nerveuses l'inquiétude d'un subtil aiguillon (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 136). b) Le déverbal dérange, subst. fém. [correspond à B 2 a] Fait de se déranger. J'aurais ben v'nu à la préfecture, mais pisque j'peux vous voir ici, m'sieu l'Préfet, autant éviter une dérange (GYP, Gde vie!!! 1891, p. 64).
Prononc. et Orth. :[], (je) dérange []. Conjug. : intercale un e devant a et o pour conserver à [] le son doux je dérangeais, nous dérangeons. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1100 « sortir des rangs » (Roland, éd. J. Bédier, 809) — XVe s. ds GDF.; 2. 1er quart XIIIe s. « mettre (les rangs) en désordre » (RECLUS, Carité, 68, 11 ds T.-L.); 1596 « déplacer de son emplacement assigné » (HULSIUS); 3. fin XVIIe s. fig. « changer de manière à troubler le fonctionnement, l'action » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, 69 ds LITTRÉ : On croit qu'en dérangeant les desseins qu'on avait pour l'automne, on dérangera aussi la fièvre de M. Le Dauphin); spéc. 1713 (DESTOUCHES, L'Irresolu, 518, éd. Le Dentu : Avez-vous, dites-moi, le cerveau dérangé?); 4. av. 1693 « obliger (quelqu'un) à se déplacer » (La Bruyère ds BESCH.); 1752 fig. « importuner, troubler, incommoder (quelqu'un) » (Trév.); 5. 1694 id. homme [...] dérangé dans sa conduite « détourné de bonne voie » (Ac.); 1704 pronom. « tomber dans la dissipation » (BOURDALOUE, Exhort. sur l'Observation des règles, t. 1, p. 231 ds LITTRÉ). Dér. de ranger; préf. dé(s)-, (lat. dis-); formé comme anton. de arranger. Fréq. abs. littér. :2 100. (dérangeant : 56) Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 908, b) 4 310; XXe s. : a) 3 371, b) 2 965.
ÉTYM. 1100, « sortir des rangs »; de 1. dé-, et ranger.
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1 (1596). Déplacer (qqch., un ensemble de choses) de son emplacement assigné; mettre en désordre (ce qui était rangé). ⇒ Bouleverser, bousculer, chambarder (fam.), défaire, déplacer, désorganiser, intervertir, perturber. || Déranger des papiers; les livres d'une bibliothèque. ⇒ Déclasser. || Tout déranger en fouillant, en farfouillant. || Déranger les meubles d'un appartement, et, par ext., Déranger une chambre, un appartement. ⇒ Déménager. || Déranger ce qui était classé, assorti, ordonné. ⇒ Désassembler, désassortir… || Ne dérangez pas mes affaires. ⇒ Bouger, toucher (à).
1 (Il) dérange les fauteuils, dépend lustre et tableaux, (…)
Collin d'Harleville, Malice pour malice, I, 8.
♦ (Le compl. désigne les éléments de la toilette). || Déranger sa coiffure. ⇒ Décoiffer, dépeigner. || La bousculade a dérangé ses vêtements. ⇒ Défaire, désajuster.
2 Changer de manière à troubler le fonctionnement, l'action de (qqch.). || Déranger un mécanisme. ⇒ Dérégler, détraquer, troubler. || Déranger un assemblage délicat. ⇒ Démolir, disloquer.
♦ (En parlant des intempéries). || Cet orage a dérangé le temps. Au p. p. || Le temps est dérangé. ⇒ Brouiller, bouleverser, changer, détraquer, gâter, troubler.
♦ Cour. (En parlant de l'équilibre des facultés mentales). || Cet accident lui a dérangé le cerveau. ⇒ Aliéner, déséquilibrer, détraquer, troubler. || La violence de sa passion lui a dérangé l'esprit. ⇒ Affoler.
2 C'est bien dommage que son chagrin lui dérange quelquefois l'esprit.
Voltaire, la Princesse de Babylone, V.
♦ (Compl. n. de personne). Troubler l'esprit de (quelqu'un).
2.1 La vieille dame que la mort violente de ses garçons avait quelque peu « dérangée », ne m'intéressait guère.
Francis Carco, Ombres vivantes, p. 195.
♦ (Le compl. désigne la santé, un élément de l'équilibre physiologique, un organe). || Ce repas lui a dérangé l'estomac. || Les abus lui ont dérangé la santé. ⇒ Altérer, détraquer.
3 (Av. 1693). Obliger (qqn) à modifier son état, sa situation, ses activités normales. || Déranger quelqu'un, l'obliger à quitter sa place, son siège. ⇒ Déplacer. || Ne la dérangez pas, je vous en prie. ⇒ Bouger. — (1752). Fig., cour. Gêner (qqn) dans son travail, ses occupations. ⇒ Distraire, embarrasser, ennuyer, gêner, importuner, troubler. || Excusez-moi de vous déranger; si je vous dérange. ⇒ Couper, interrompre. || Ne les dérangez pas, je reviendrai tantôt. || Vous pouvez fumer; ça ne me dérange pas. || Si cela ne vous dérange pas trop. — Ce contretemps a dérangé ses plans, ses habitudes. ⇒ Bouleverser, contrarier, contrecarrer, perturber (→ Arranger, cit. 15). || La fumée de cigarette, la conversation des voisins me dérangent.
3 Et notre arrivée semble déranger je ne sais quel conciliabule (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XLVI, p. 237.
4 Nous (Léautaud et Gide) convenons que « de notre temps » (…) jamais nous n'aurions eu le « culot » de déranger nos aînés pour leur faire lire de maladroits essais et solliciter d'eux des conseils (…)
Gide, Journal, 23 août 1928.
5 J'ai chassé ainsi des canards, le soir, dont je me moquais bien (…) Je les tirais en parlant d'autre chose : ça ne les dérangeait guère (…)
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XX, p. 159.
6 Cet appui dérangeait la longue habitude que j'ai prise de ne m'appuyer que sur moi-même.
Cocteau, la Difficulté d'être, p. 42.
4 Vx. Détourner (qqn) de la bonne voie, du droit chemin; faire cesser d'être « rangé ». ⇒ Débaucher, dévoyer, pervertir. || De mauvais camarades l'ont dérangé.
7 (…) et cette jeune fille qui vous dérange, qui fait que vous manquez à votre parole (…) il se trouve que c'est moi (…)
Marivaux, la Vie de Marianne, IV, p. 173.
——————
se déranger v. pron.
8 Le moindre atome qui viendrait à se déranger démonterait toute la nature (…)
Fénelon, Traité de l'existence de Dieu, 18.
9 Il en est du bonheur comme des montres : les moins compliquées sont celles qui se dérangent le moins.
Chamfort, Maximes et Pensées, « Sur la philosophie et la morale », III.
2 (Personnes). Quitter sa place. — Modifier ses occupations, son travail… || Daigner (cit. 9) se déranger. || Ne vous dérangez pas pour moi.
10 (…) je ne me suis pas dérangée pour de l'argent, et si j'ai pris la peine de venir vous soigner, ce n'est pas pour être mal reçue et mal remerciée de vous.
G. Sand, la Petite Fadette, XXXVII, p. 239.
11 De temps à autre, elle se dérangeait pour recevoir celles qui entraient(…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, II.
3 Vieilli. S'altérer (en parlant de la santé). — (Esprit, facultés). Se troubler, perdre son équilibre mental.
12 On prétend que son esprit (de Charles-Quint) se dérangea dans sa solitude de Saint-Just.
Voltaire, Essai sur les mœurs, CXXVI.
4 (1704). Personnes. Vx. Se détourner de la bonne voie, cesser d'être « rangé ». || Sa conduite s'est dérangée. || Il s'est dérangé sous l'influence de mauvaises fréquentations.
13 (…) un jeune gars qui peut se déranger, et, de bon sujet qu'on le croyait, devenir un mauvais garnement.
G. Sand, la Mare au diable, XI, p. 93.
——————
dérangé, ée p. p. adj.
2 Dont le fonctionnement est troublé. || Estomac dérangé. ⇒ Embarrassé, malade. — Spécialt. || Il est dérangé : il a la diarrhée.
♦ (Facultés mentales). || Cerveau dérangé. || Il a l'esprit un peu dérangé. ⇒ Détraqué, déséquilibré, fou (→ Avoir une araignée dans le plafond, au plafond; yoyoter de la touffe). — Fam. || Il est dérangé, un peu fou.
3 (Personnes). || Être dérangé de ses habitudes, dans ses habitudes.
14 Entre les amis, les uns vont attendre le cercueil à l'église, en grommelant d'être désheurés et dérangés de leurs habitudes; les autres poussent le dévouement jusqu'à suivre le convoi au cimetière; la fosse comblée, tout souvenir est effacé.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 133.
4 (1694). Vx. || Conduite dérangée. ⇒ Débauché, dévoyé.
15 Jamais il ne fut une telle dissipation : on est quelquefois dérangé; mais de s'abîmer et de s'enfoncer à perte de vue, c'est ce qui ne devrait point arriver.
Mme de Sévigné, 1260, 1er févr. 1690.
16 (…) comme (…) il devenait dérangé et n'aimait plus le travail (…)
G. Sand, François le Champi, IV, p. 49.
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CONTR. Arranger, classer, disposer, ordonner, organiser, placer, ranger. — Ajuster, assembler, coiffer, peigner, régler. — Aller (aller bien), marcher. — Rangé.
DÉR. Dérangeant, dérangement, dérangeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.