dessécher [ deseʃe ] v. tr. <conjug. : 6>
• desechier v. intr. 1170; de des- et sécher
1 ♦ Rendre sec (ce qui contient naturellement de l'eau). ⇒ sécher. Chaleur, vent qui dessèche la végétation. ⇒ brûler, calciner, 1. griller. Dessécher des plantes, des fruits. ⇒ déshydrater; dessiccation. « le froid desséchait la peau des visages et gerçait les lèvres » (Mac Orlan). — P. p. adj. Lèvres desséchées. — Pronom. La peau se dessèche au soleil.
2 ♦ Rendre maigre. « le vent de feu du désert l'avait desséché depuis longtemps » (Gautier). — Un vieillard desséché. ⇒ décharné, étique, squelettique.
♢ Pronom. Maigrir. Fig. et fam. « Elle n'était pas fille à se dessécher de chagrin » (Sand). ⇒ languir.
3 ♦ Rendre insensible, faire perdre à (qqn) la fraîcheur, la faculté de s'émouvoir. ⇒ endurcir , racornir. « Pas d'ironie ! Elle vous dessèche et dessèche la victime » (M. Jacob).
♢ Pronom. « J'ai peur de me dessécher à force de science » (Flaubert).
⊗ CONTR. Humidifier, hydrater, mouiller. Attendrir, émouvoir.
● dessécher verbe transitif Priver quelque chose de toute humidité : La colère me dessèche la gorge. Faire perdre de son eau organique à la peau ; déshydrater : Vent et soleil qui dessèchent la peau. Rendre quelqu'un maigre ou l'épuiser physiquement. Rendre quelqu'un sec, froid, insensible, lui faire perdre toute faculté de s'émouvoir, de s'attendrir : L'amertume avait fini par le dessécher. Cuisine Travailler vivement à la spatule une pâte sur feu vif jusqu'à ce qu'elle se détache des parois du récipient. ● dessécher (difficultés) verbe transitif Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : je dessèche (j'assèche), nous desséchons (nous asséchons) ; je desséchais (j'asséchais). Sens Ne pas confondre ces deux verbes. 1. Dessécher = rendre sec, ôter son humidité naturelle à. Savon qui dessèche la peau. 2. Assécher = ôter l'eau de ; mettre à sec. Assécher une mare. ● dessécher (synonymes) verbe transitif Priver quelque chose de toute humidité
Contraires :
- imbiber
Faire perdre de son eau organique à la peau ; déshydrater
Synonymes :
- déshydrater
- racornir
Contraires :
- hydrater
- imbiber
- mouiller
- tremper
Rendre quelqu'un maigre ou l'épuiser physiquement.
Contraires :
- empâter
Rendre quelqu'un sec, froid, insensible, lui faire perdre toute faculté...
Synonymes :
- endurcir
- scléroser
dessécher
v.
rI./r v. tr.
d1./d Rendre sec. La canicule a desséché les prairies.
d2./d Amaigrir. La vieillesse a desséché son corps.
d3./d Fig. Faire perdre la vivacité des sentiments, la spontanéité, la sensibilité à. Ses études l'ont complètement desséché.
rII./r v. Pron.
d1./d Devenir sec.
d2./d Fig. Perdre sa sensibilité, sa spontanéité, ses qualités de coeur.
⇒DESSÉCHER, verbe trans.
A.— 1. Supprimer l'humidité contenue dans un corps.
a) Rendre sec. Dessécher des plantes. Le soleil desséchera votre peau (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 243). La colère lui desséchait la gorge (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 264).
♦ Emploi pronom. à sens passif. Devenir sec. Les bougies blêmirent et s'éteignirent, (...) les fleurs se fanèrent et se desséchèrent (...) (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 33).
b) Mettre à sec. Dessécher les fossés d'une ville; dessécher un étang (Ac. 1932). Dessécher les marais (THARAUD, An prochain, 1924, p. 148).
— Emploi pronom. à sens passif. Ces marais se dessèchent en partie durant l'été (Ac. 1932).
2. P. ext. [L'obj. désigne une pers.] Rendre très maigre (cf. décharner) :
• 1. Le Saint Jean Baptiste de Donatello, desséché par le jeûne, est un squelette.
TAINE, Voyage en Italie, t. 2, 1866, p. 164.
♦ Emploi pronom. à sens passif. Devenir très maigre. Le corps se dessèche (Ac. 1932).
— P. anal. Épuiser la santé, les forces physiques ou morales de quelqu'un (cf. consumer, exténuer, affaiblir). Il [le général] devina que les larmes, la prière, la passion, la vie solitaire l'avaient desséchée [la religieuse] (BALZAC, Langeais, 1834, p. 209) :
• 2. Il n'y a rien à mon avis qui dessèche une femme plus vite. Rien qui use une femme plus vite que le mépris.
GRACQ, Un beau ténébreux, 1945, p. 27.
♦ Emploi pronom. réfl. Perdre sa santé ou ses forces. Faut-il ajouter qu'Esther Barbentane avait vieilli, (...) elle se desséchait avant l'âge (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 66).
Spéc., fam. Souffrir d'une peine ou d'une attente qui épuise (cf. languir). Se dessécher d'ennui, de chagrin (cf. SAND, F. le Champi, 1850, p. 207) :
• 3. On m'avait dit que vous voyagiez, avec un harem. J'avais trouvé cela très bien, pour un homme riche : il y en a tant qui ne pensent qu'aux chevaux et au jeu, et les pauvres filles se dessèchent devant les bijoux des devantures.
LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 167.
B.— Au fig. Priver d'agrément, de sensibilité, de richesse intérieure (cf. appauvrir, racornir, tarir). Dessécher l'âme, le cœur, l'esprit, la sensibilité. Cette tristesse passe dans le style et le dessèche (ALAIN, Propos, 1928, p. 776) :
• 4. Eh! Bien, il entrera dans quelques-uns de ces mauvais lieux de la pensée appelés journaux, il y jettera ses plus belles idées, il y desséchera son cerveau, il y corrompra son âme, ...
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 359.
• 5. Au cours de Philo, il n'y en a guère plus de la moitié [des étudiantes] qui soient parfaitement desséchées, incapables d'aimer...
G. MAGNANE, La Bête à concours, 1941, p. 36.
♦ Emploi pronom. réfl. Devenir insensible. L'âme qui ne communie pas meurt de faim; le cœur se dessèche (GREEN, Journal, 1940-43, p. 87).
Prononc. et Orth. :[], (je) dessèche []. Conjug. Fait partie des verbes qui changent [e] fermé du rad. en [] ouvert devant syll. muette, sauf au fut. et au cond. je dessécherai(s). Enq. :// (il) dessèche. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1) a) Ca 1170 intrans. « devenir à sec, s'évaporer » (Rois, éd. R. E. Curtius, livre III, XVIII, 38); b) XIIIe s. trans. « rendre sec » (A. DE SIENNE, Régime du corps, L. Landouzy et R. Pépin, 67, 1); 1240-80 intrans. et trans. « devenir » et « faire devenir sec, maigre » (B. et J. DE CONDÉ, Dits et Contes, 360, 2643 et 329, 1792 ds T.-L.); 2. 1553 « rendre froid, insensible (le cœur) » (Bible, Eccl., XIV B, impr. J. Gérard). Dér. de sécher; préf. dé- exprimant l'intensité. Fréq. abs. littér. :396. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 832, b) 508; XXe s. : a) 466, b) 421. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 22.
dessécher [deseʃe] v. tr. [CONJUG. sécher. → Céder.]
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1 Rendre sec, plus sec (ce qui contient naturellement de l'eau). ⇒ Sécher. || Chaleur, vent qui dessèche la végétation. ⇒ Brouir, brûler, calciner, détruire, griller, hâler, rôtir. || Cet arbre se dessèche. ⇒ Couronner (se). || Dessécher des plantes médicinales, des champignons, des châtaignes. ⇒ Déshydrater; dessiccation. || Le soleil a desséché cette barrique. ⇒ Ébarouir. || Dessécher du bois à l'étuve. || Le cuir se dessèche et se racornit. || La plaie se dessèche et se ferme. ⇒ Cicatriser (se). || Le froid dessèche la peau.
1 La neige ne tombait plus; mais le froid desséchait la peau des visages et gerçait les lèvres.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVIII, p. 215.
♦ Pron. || La peau se dessèche au soleil. || Sa bouche se desséchait d'émotion.
2 Rendre maigre, sec. ⇒ Amaigrir, consumer, décharner, exténuer. || Veille, jeûne, maladie qui dessèche le corps. — Pron. Maigrir. || Le corps se dessèche (Académie). Fig. et fam. || Se dessécher de chagrin, d'ennui, de langueur.
2 Elle n'était pas fille à se dessécher de chagrin, non plus qu'à se fondre dans les larmes (…)
G. Sand, François le Champi, XXII, p. 158.
3 Quant au Grec, le vent de feu du désert l'avait desséché depuis longtemps, et il ne transpirait non plus qu'une momie.
Th. Gautier, le Roman de la momie, Prologue, p. 20.
3 Mettre à sec, vider de son eau. ⇒ Assécher, sécher. || Dessécher un terrain marécageux. ⇒ Assainir, drainer. || L'été dessèche les étangs, les torrents. || Dessécher une citerne en pompant, en faisant écouler l'eau. ⇒ Épuiser, tarir, vider.
4 Je diminuai le nombre des labours, crainte de trop dessécher la terre.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Introduction, t. VIII, p. 403.
B (Abstrait). Rendre insensible, faire perdre (à qqn) la fraîcheur, la faculté de s'émouvoir. ⇒ Appauvrir, racornir, scléroser. || Dessécher le cœur de qqn. ⇒ Endurcir. || Dessécher l'esprit, l'imagination, en tarir les sources, la fécondité. || Études qui dessèchent l'âme. — Pron. Devenir insensible. || Son cœur se dessèche. || Il s'est desséché.
5 L'égoïsme dessèche le germe de toutes les vertus, l'individualisme ne tarit d'abord que la source des vertus publiques; mais, à la longue, il attaque et détruit toutes les autres, et va enfin s'absorber dans l'égoïsme.
Tocqueville, la Démocratie en Amérique, III, II, II.
6 J'ai peur de me dessécher à force de science et pourtant, d'un autre côté, je suis si ignorant que j'en rougis vis-à-vis de moi-même.
Flaubert, Correspondance, t. I, p. 101.
7 (…) privilège de cœurs restés simples qui ne se retrouve pas quand on s'est desséché l'âme à force de raisonnements, de théories abstraites et de lectures.
Paul Bourget, le Disciple, p. 184.
8 Pas d'ironie ! Elle vous dessèche et dessèche la victime; l'humour est bien différent (…)
Max Jacob, Conseils à un jeune poète, p. 81.
9 (…) cette intelligence a été un des éléments de sa perversion morale; elle a, dès les premières années de sa vie, supprimé l'âme et desséché la conscience; il a été presque trop intelligent en ce sens qu'il n'a conçu la vie que sous l'angle de l'esprit et n'a d'ailleurs jamais jugé le monde qu'au nom de l'intelligence.
Louis Madelin, Talleyrand, V, LX, p. 448.
10 La réussite, loin de dessécher Louis Pasteur, remuait profondément sa sensibilité.
Henri Mondor, Pasteur, II, p. 35.
10.1 (…) j'ai pas un caractère à me dessécher sur place.
R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 22.
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desséché, ée p. p. adj.
1 Dont on a supprimé l'humidité. Très amaigri. || Étang desséché. || Arbre desséché. || Corps desséché. ⇒ Décharné, étique, maigre; momifié.
11 Quand je vous verrai comme vous devez être (…) non pas usée, consumée, dépérie, échauffée, épuisée, desséchée (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 630, 28 juil. 1677.
12 La terre se fendait de toutes parts : l'herbe était brûlée; des exhalaisons chaudes sortaient du flanc des montagnes, et la plupart de leurs ruisseaux étaient desséchés.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 61.
13 Cérizet, petit homme, moins sec que desséché (…)
Balzac, les Petits Bourgeois, t. VII, p. 126.
14 Desséchées par les cigarettes et la fièvre, ses lèvres étaient brûlantes.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 90.
2 Dépourvu de sensibilité. ⇒ Dur, froid, insensible, sec. || Cœur desséché. || Âme desséchée. || Un homme d'affaires insensible et desséché.
15 Sa sensibilité lui échappait. Nouée la plupart du temps, durcie et desséchée elle crevait de loin en loin et l'abandonnait à des émotions dont il n'avait plus la maîtrise.
Camus, la Peste, p. 212.
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CONTR. Verdir, verdoyer. — Mouiller; arroser, humidifier, inonder. — Attendrir, émouvoir. — (Du p. p.) Frais, vert; gras; délicat, sensible, tendre.
DÉR. Desséchant, dessèchement.
Encyclopédie Universelle. 2012.