épuiser [ epɥize ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Vieilli Mettre à sec à force de puiser. ⇒ assécher, dessécher, sécher, tarir, vider. Épuiser une citerne, un bassin. Source qu'on ne peut épuiser (⇒ inépuisable) .
♢ Par anal. (1765) Épuiser une mine, un filon, en extraire tout le minerai. Épuiser une carrière longtemps exploitée. — (1671) Épuiser un sol, le rendre stérile, infécond en voulant le faire trop produire. ⇒ amaigrir, appauvrir. P. p. adj. Terre épuisée qui a besoin d'engrais.
2 ♦ (XIIe) Utiliser (qqch.) jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. ⇒ absorber, consommer, dépenser, user. Épuiser les réserves, les munitions. « Le courrier qui nous précédait, usant de son droit de premier occupant [...] avait épuisé toutes les provisions » (Gautier ). Épuiser ses ressources. — Pronom. « le froid mord, la provision de bois s'épuise » (Alain).
♢ Spécialt Épuiser un stock (en le vendant). ⇒ écouler, vendre.
♢ (Abstrait) Épuiser tous les moyens, les essayer tous jusqu'au dernier. Tant que l'homme « n'a pas épuisé toutes les chances de bonheur » (Musset).
3 ♦ User jusqu'au bout. Épuiser la patience de qqn. ⇒ lasser. « Bientôt il eut épuisé tout le savoir de son maître » (Fontenelle). Ce travail a épuisé toute son énergie.
♢ Épuiser un sujet, le traiter à fond, sans rien omettre (⇒ exhaustif) . « ils avaient épuisé le sujet [...] examiné toutes les faces et prévu toutes les conséquences de cet irrémédiable malheur » (Loti).
4 ♦ (XVIe) Réduire à un affaiblissement complet (les forces, la santé de qqn; qqn). ⇒ abattre, accabler , affaiblir, anémier, exténuer, fatiguer, harasser, user; fam. crever, vider . Cette maladie l'épuise. — Fam. ⇒ excéder, fatiguer, lasser. Son bavardage, sa volubilité m'épuise. Il m'épuise avec ses récriminations continuelles.
♢ S'ÉPUISER v. pron. S'affaiblir complètement. « Sais-tu ce que c'est ? Le surmenage. Tu t'épuises » (Camus). Ses forces s'épuisent lentement. S'épuiser à la tâche. S'épuiser à faire qqch. ⇒ s'échiner, s'éreinter , s'esquinter, se fatiguer. S'épuiser à force de crier, à crier. ⇒ s'époumoner. S'épuiser en efforts inutiles. Vous vous épuisez en vain. — Par ext. Je m'épuise à vous le répéter. ⇒ s'évertuer, se tuer.
⊗ CONTR. Remplir. Approvisionner, enrichir. Fortifier.
● épuiser verbe transitif (de puiser) Mettre quelque chose à sec, le vider complètement de son contenu : Épuiser une citerne. Employer quelque chose en totalité de telle sorte qu'il n'en reste plus : Épuiser ses munitions. Vendre des marchandises en totalité au point qu'il n'en reste plus : Épuiser les stocks. Enlever à quelqu'un, à un groupe toute force, les mettre dans un état d'affaiblissement extrême : La crise a épuisé le pays. Causer une grande lassitude à quelqu'un ; fatiguer, excéder : Cet enfant m'épuise avec ses questions. User jusqu'à l'extrême limite : Épuiser la patience de quelqu'un. Rendre un sol, un terrain stériles faute d'en renouveler les éléments fertilisants. Traiter à fond, de manière exhaustive un sujet, une question. ● épuiser (synonymes) verbe transitif (de puiser) Mettre quelque chose à sec, le vider complètement de son contenu
Synonymes :
- assécher
- tarir
- vider
Vendre des marchandises en totalité au point qu'il n'en reste...
Synonymes :
- écouler
- liquider
Enlever à quelqu'un, à un groupe toute force, les mettre...
Synonymes :
- anémier
- miner
- ronger
Causer une grande lassitude à quelqu'un ; fatiguer, excéder
Synonymes :
- anéantir
- claquer (populaire)
- crever (populaire)
- éreinter (familier)
- esquinter (familier)
- exténuer
- harasser
- tuer
- vanner (populaire)
- vider (populaire)
● épuiser ou épuiseter
verbe transitif
(de épuisette)
Sortir un poisson de l'eau avec une épuisette.
épuiser
v. tr.
d1./d Tarir, mettre à sec. épuiser une source.
|| épuiser un sol, par la culture répétée d'un même végétal, qui en absorbe les éléments nutritifs et le rend improductif.
d2./d Utiliser complètement (qqch), consommer entièrement. épuiser ses provisions.
d3./d User complètement. épuiser la patience de qqn. Il a épuisé tous les plaisirs.
|| épuiser un sujet, le traiter complètement, à fond.
d4./d Affaiblir à l'extrême. La maladie l'épuise.
— Par exag. Fatiguer. Ses plaintes m'épuisent.
d5./d v. Pron. Se tarir (choses); s'affaiblir à l'extrême (personnes). Nos ressources s'épuisent. Il s'épuise en efforts exténuants.
⇒ÉPUISER, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose considérée comme une réserve]
1. Vx. [Le compl. désigne une réserve de liquide] Mettre à sec (à force de puiser). Épuiser une fontaine, un ruisseau, un lac. Synon. tarir :
• 1. — Prenez-moi des sacs à terre et collez-moi un barrage tous les vingt-cinq mètres. Quand ce sera fait, épuisez-moi ça [une tranchée inondée] avec des bouteillons et des seaux de toile.
VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 234.
— En partic. Vider en buvant :
• 2. Nous n'avions pas d'autre raison (...) que de nous être arrêtés trop longtemps à Collioure pour épuiser quelques bouteilles de rancio...
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 29.
♦ P. métaph. Mais Stéphane (...) après avoir épuisé à longues gorgées la citerne de ses souvenirs poursuivait sa narration (ARNOUX, Gentilh. ceinture, 1928, p. 100).
— P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne une réserve solide] Vider (quelque chose) de son contenu ou de sa substance. Épuiser un filon, une mine; épuiser le trésor public. Sire, je dis encor Que c'est mal calculer qu'épuiser un trésor Dont la sueur du peuple a trempé chaque pièce (DUMAS père, Charles VII, 1831, III, 4, p. 280).
♦ Emploi pronom. passif. Des crieurs parcourent les rues en courant et l'épais paquet de papiers qu'ils ont sous le bras s'épuise vite (GIDE, Journal, 1914, p. 475). Les gîtes aurifères s'épuisent (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 136).
— Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne un domaine] Traiter quelque chose dans toute son extension. Épuiser un sujet. Rimbaud a épuisé jusqu'à la dernière goutte le thème de la malédiction lisible (COCTEAU, Diff. être, 1947, p. 249). Ainsi, la phonétique n'épuise pas l'étude du langage, que seule la sémantique entreprend (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 100).
2. [Le compl. désigne la terre considérée comme une source de richesse] Rendre stérile. Ces céréales épuisent la terre. Synon. appauvrir. La betterave riche épuise moins le sol que la demi-sucrière (SAILLARD, Betterave, 1923, p. 154).
— P. anal. Épuiser un état, un pays. Synon. ruiner.
♦ Emploi pronom. passif. La race et la terre germaniques ont un moment semblé s'épuiser (LALO, Mus., 1899, p. 356).
B.— [Le compl. désigne le contenu d'une réserve]
1. [Le compl. est un plur. ou un collectif] Consommer complètement. Épuiser ses munitions, ses vivres; les soldats ont épuisé leurs cartouches. Ç'avait commencé par (...) l'ordre (...) d'épuiser les stocks (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 130) :
• 3. ... l'enrichissement de Londres a été si facile et si prodigieux que la guerre n'a pu épuiser tout cet or.
MORAND, Londres, 1933, p. 42.
— Emploi pronom. passif. La pluie entre dans les petits sabots, le froid mord, la provision de bois s'épuise (ALAIN, Propos, 1931, p. 1048).
— P. métaph. ou au fig. Ce qu'il lui faudrait, ce serait épuiser d'un coup la somme de toutes les voluptés possibles (GILSON, Esprit philos. médiév., 1932, p. 67).
2. Au fig.
a) Épuiser tous les moyens. Les essayer tous. Tant la Justice tenait à épuiser tous les moyens humains pour arriver à connaître le complice de Jean-François Tascheron (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 113).
b) User jusqu'au bout. Épuiser la patience de qqn, son crédit auprès de qqn. Mais ceci est bien loin d'épuiser le contenu de l'idée d'expérience (MARCEL, Journal, 1919, p. 176).
— Emploi pronom. passif. Le peu qui nous restait de forces s'épuisait à conjurer cette (...) atmosphère de veulerie (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 72).
♦ [Avec un compl. introduit par en indiquant la manière] Mais, abandonnée à elle-même, ne s'épuise-t-elle pas en une démarche stérile (MARCEL, Journal, 1914, p. 72). Une agitation stupide, qu'il tâchait d'épuiser en paroles (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1532).
C.— [Le compl. se rapporte à un animé] Réduire à un affaiblissement complet. Épuiser les forces de qqn. Synon. exténuer, user, crever (pop.), vider (pop.); anton. fortifier, revigorer. Une quinte de toux lui vint qui l'épuisa (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 65). Cet exercice n'est plus de mon âge. Il m'épuise et surtout il m'ennuie (CHARDONNE, Dest. sent., III, 1936, p. 241) :
• 4. La peste, la chaleur, les visites aux hospices, toutes ces choses m'épuisent, je l'avoue.
COCTEAU, Machine infern., 1934, IV, p. 124.
— Emploi pronom. passif. L'âme de l'ouvrier s'éteint en même temps que son corps s'épuise (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 130). On se dépêche, on s'essouffle, on halète, les jambes s'épuisent à l'escalade (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 179) :
• 5. Sais-tu ce que c'est? Le surmenage. Tu t'épuises. Et alors les nerfs ne résistent plus.
CAMUS, Cas intéress., 1955, 1er temps, 2e tabl., p. 625.
♦ [Avec un compl. indiquant la manière] Ma mère s'épuisait à mille besognes obscures (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 135). Il (...) s'épuise en tentatives absurdes, effrayantes, pour refaire, en sens contraire, tout l'effort de la création (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1087). Pourquoi Grey s'épuise-t-il, depuis dix jours, à vouloir replâtrer les choses par des trucs diplomatiques (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 515). L'oisiveté totale les [les hypotendus] épuise en agitations mentales (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 273) :
• 6. On m'a dit que l'écrivain Carolus Desbœuf s'épuise chaque jour à dicter quinze ou vingt pages d'aveux impitoyables...
DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 25.
Prononc. et Orth. :[], (j')épuise []. Enq. : // (il) épuise. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 espuchier trans. « puiser (de l'eau) » (G. GAIMAR, Histoire des Anglais, éd. A. Bell, 5861); 2. 1re moitié du XIIe s. expuiser « vider complètement » (Psautier d'Oxford, 74, 8 ds T.-L.); 3. 1515 espuiser « réduire à un affaiblissement complet (les forces, la santé de quelqu'un) » (BOCCACE, Nobles malheureux, VII, I, f° 165 v° ds GDF. Compl.); 4. 1552 epuyser « user jusqu'au bout », en parlant d'un sujet « traiter à fond » (J. DU BELLAY, Les Deux Marguerites, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. II, p. 44). Dér. de puiser « prendre de l'eau »; préf. é-1. Fréq. abs. littér. : 1 656. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 167, b) 1 714; XXe s. : a) 2 664, b) 2 671.
1. épuiser [epɥize] v. tr.
ÉTYM. V. 1120, espuiser; de é, puits, et suff. verbal. → Puiser.
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A Compl. n. de chose.
1 Vieilli. Mettre à sec à force de puiser; enlever tout le liquide de. ⇒ Assécher, dessécher, sécher, tarir, vider. || Épuiser un étang; une citerne, un bassin. || Torrent que l'été a épuisé jusqu'à la dernière goutte (→ Encaisser, cit. 5). || Épuiser une galerie de mine, la cale d'un navire après une voie d'eau.
1 Il n'y avait rocher qui ne me fût ouvert,
Ni antre qui ne fût à mon œil découvert,
Ni source que des mains boivant (buvant) je n'épuisasse (…)
Ronsard, Second livre des poèmes, « Disc. contre Fortune ».
♦ (1765). || Épuiser une mine, un filon, en extraire tout le minerai. || Épuiser une carrière longtemps exploitée. — (1671). || Épuiser un sol, le rendre stérile, infécond en voulant le faire trop produire. ⇒ Amaigrir, appauvrir, effriter (vx), stériliser. || La succession des récoltes épuiserait le sol si on ne lui restituait les éléments nutritifs qu'elles lui enlèvent chaque année (→ Assolement, jachère; engrais). || Certaines cultures épuisent un sol. ⇒ Épuisant, 2.
2 Le blé, riche présent de la blonde Cérès, Trop touffu, bien souvent épuise les guérets (…)
La Fontaine, Fables, IX, 11.
3 (…) nous épuiserions la nature, si elle n'était inépuisable, si par une fécondité aussi grande que notre déprédation, elle ne savait se réparer elle-même et se renouveler.
Buffon, Hist. nat. des animaux, in Œ., t. II, p. 552.
♦ (V. 1355). Par ext. || Épuiser un pays, un État. ⇒ Appauvrir, ruiner. || Épuiser les finances publiques. — Compl. n. de personne (collectif). || Épuiser le contribuable à force de le pressurer.
4 Ce sont les grandes villes qui épuisent un État et font sa faiblesse : la richesse qu'elles produisent est une richesse apparente et illusoire; c'est beaucoup d'argent et peu d'effet.
Rousseau, Émile, V.
2 (V. 1175). Utiliser (qqch.) jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. ⇒ Absorber, anéantir, consommer, dépenser, détruire, dévorer, user; bout (venir à). || Épuiser les vivres, les provisions, les réserves, les munitions (→ Dévorant, cit. 4). || Chose qu'on ne peut épuiser. ⇒ Inépuisable. || Épuiser ses flèches, ses traits, son carquois (cit. 3). ⇒ Vider. || Épuiser son bien, son patrimoine, ses ressources. || Épuiser les richesses d'un pays.
5 De Claude en même temps épuisant les richesses (…)
Racine, Britannicus, IV, 2.
6 Nous arrivâmes à Manzanarès au milieu de la nuit, mourant de faim. Le courrier qui nous précédait, usant de son droit de premier occupant et de ses intelligences dans l'hôtellerie, avait épuisé toutes les provisions (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 138.
♦ Spécialt. || Épuiser un stock de marchandises, une édition, en vendre la totalité. ⇒ Écouler. || Le stock est épuisé (→ ci-dessous Épuisé, p. p.).
3 (XVIe). Abstrait. User jusqu'au bout. || Épuiser la patience de qqn. ⇒ Lasser. || Épuiser le crédit (cit. 9) qu'on a auprès de qqn. || Épuiser sa curiosité. || Épuiser la science de quelqu'un.
7 J'ai épuisé tout mon esprit à écrire à la Maison et à Boucart : vous n'aurez que le reste.
Mme de Sévigné, 688, 28 avr. 1678.
8 Bientôt il eut épuisé tout le savoir de son maître, et il fallut qu'il allât herboriser lui-même (…) et chercher des plantes nouvelles.
9 Les forces mises en œuvre, les masses soulevées seront d'un tel ordre de grandeur qu'il faudra peut-être des années pour que la tempête se résorbe, pour que la catastrophe épuise son énergie (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXIII, p. 256.
♦ Épuiser un sujet, le traiter à fond, sans rien omettre. || Étude exhaustive qui épuise la question, la matière.
10 Ne crois-tu pas que ton Molière est épuisé maintenant, et qu'il ne trouvera plus de matière pour ? — Crois-tu qu'il ait épuisé dans ses comédies tout le ridicule des hommes ?
Molière, l'Impromptu de Versailles, IV.
11 Les longs ouvrages me font peur Loin d'épuiser une matière, On n'en doit prendre que la fleur.
La Fontaine, Fables, VI, Épilogue.
12 Tout est mystère dans l'amour (…) Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour Que d'épuiser cette science.
La Fontaine, Fables, XII, 14.
13 Un prédicateur devrait faire choix dans chaque discours d'une vérité unique (…) la manier à fond et l'épuiser (…)
La Bruyère, les Caractères, XV, 28.
14 (…) pendant ces jours d'attente, ils avaient épuisé le sujet, dans leurs causeries inquiètes, examiné toutes les faces et prévu toutes les conséquences de cet irrémédiable malheur.
Loti, Matelot, IV, p. 16.
♦ Épuiser tous les moyens, les essayer tous jusqu'au dernier. || Il a vainement épuisé tous les moyens de conciliation. || Épuiser toutes les ressources de son art (→ Après, cit. 56), toutes les combinaisons possibles. || C'est un blasé qui s'imagine avoir épuisé la vie, les plaisirs de la vie.
15 Il se prépare contre le prince quelque chose de plus formidable qu'à Rocroy; et, pour éprouver sa vertu, la guerre va épuiser toutes ses inventions et tous ses efforts (…)
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
16 Comment l'homme est-il assez insensé pour quitter cette vie tant qu'il n'a pas épuisé toutes ses chances de bonheur ?
A. de Musset, la Nuit vénitienne, I, 1.
17 Du premier coup, l'admiration avait donné à Lamartine tout ce qu'elle peut accorder à un homme; elle avait épuisé pour lui ses fleurs et ses encensoirs.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 175.
18 Il (Mirabeau) aimait passionnément la vie, dont il avait épuisé toutes les jouissances (…)
Louis Barthou, Mirabeau, p. 315.
B Compl. n. de personne.
1 (XVIe). Réduire à un affaiblissement complet (les forces, la santé de qqn; qqn). ⇒ Abattre, accabler, affaiblir, anémier, consumer, crever (fam.), démolir, diminuer, exténuer, fatiguer, harasser, user, vider (fam.). || Épuiser les forces, l'énergie, la santé. || Cette maladie l'épuise.
19 Une passion qui épuise votre santé.
Massillon, Carême, Temps.
20 (…) quand le vieillard cherche à dissiper les froides terreurs qui l'assiègent, quand la maladie a épuisé la force généreuse qui fait penser hardiment, alors il n'est pas de si ferme rationaliste qui ne se tourne vers le Dieu des femmes et des enfants et ne demande au prêtre de le rassurer (…)
Renan, l'Avenir de la science, in Œ. compl., t. III, p. 1116.
21 Il veut d'abord une maîtresse sensuelle, infatigable, savante, qui l'assouvisse, et même au delà, qui le surmène, l'épuise (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 163.
♦ Littér. || Épuiser l'âme.
22 Les maux du corps épuisent l'âme : à force de souffrir, elle perd son ressort.
Rousseau, Lettre à d'Alembert, Préface.
2 Fam. ⇒ Excéder, fatiguer, lasser, obséder; bout (mettre à bout). || Son bavardage, sa volubilité m'épuise. || Elle m'épuise avec ses récriminations continuelles.
——————
s'épuiser v. pron.
1 (V. 1587). || Cette source est en train de s'épuiser. Par anal. || Terre qui s'épuise. || On n'imagine pas qu'une terre si féconde puisse jamais s'épuiser (→ Cultiver, cit. 2).
23 (…) le champ de la nature ne peut s'épuiser, et l'on y trouve toujours des moissons nouvelles.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, I, V, 4.
♦ Les ressources, les crédits s'épuisent.
24 (…) l'or et l'argent s'épuisent; mais la vertu, la constance, la force et la pauvreté ne s'épuisent jamais.
Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, IV.
⇒ Écouler (s'), enlever (s'), vendre (se). || Articles très demandés qui s'épuisent aussitôt fabriqués. || Édition qui s'épuise rapidement.
♦ Abstrait. Trouver une fin. || Ma patience commence à s'épuiser. → Ma patience a des limites.
2 (1640). S'affaiblir peu à peu (choses). || Ses forces s'épuisent lentement. → La lampe s'éteint (Littéraire).
3 (Personnes). Perdre ses forces (suivi d'un compl. en à ou en en). || S'épuiser à des travaux, à des tâches pénibles. || S'épuiser au travail, à force de travail. — S'épuiser à (et inf.). || S'épuiser à faire qqch. ⇒ Échiner (s'), éreinter (s'), fatiguer (se); → Antée, cit. 2; blaser, cit. 10; chrétien, cit. 11. || S'épuiser à force de crier, à crier. — S'épuiser en efforts inutiles, à des besognes stériles (→ Arrière-neveu, cit. 4).
25 Il se hâte et s'épuise en efforts superflus (…)
Corneille, Horace, IV, 2.
26 Il sortait brisé comme une jeune fille qui s'est épuisée à suivre la course d'un géant.
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 486.
♦ S'épuiser sur un travail, sur la tâche.
♦ Par exagér. || Je m'épuise à vous le répéter. ⇒ Évertuer (s'). — S'épuiser en conjectures (→ Deviner, cit. 3).
♦ Par analogie :
27 L'imagination des hommes oisifs, qui s'épuise en fictions romanesques (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, LX.
♦ Le sujet désigne un groupe, une collectivité :
28 (…) silencieux, attendant son heure, il (Robespierre) laissait la Gironde s'épuiser et s'abaisser par ses fureurs.
Jaurès, Hist. socialiste…, VI, p. 206.
——————
épuisé, ée p. p. adj.
1 Source épuisée. || Filon épuisé. || Sol épuisé. — Par anal. Qui ne peut plus produire. || Arbre (cit. 20) épuisé. || Souche épuisée.
♦ Par ext. || Race épuisée. || Imagination épuisée. || Esprit épuisé.
29 Après six mille ans d'observations, l'esprit humain n'est pas épuisé (…) il cherche, et il trouve encore, afin qu'il connaisse qu'il peut trouver jusqu'à l'infini.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu, V, 8.
30 Pourquoi faut-il qu'ayant trouvé tant de bonnes gens dans ma jeunesse, j'en trouve si peu dans un âge avancé ? Leur race est-elle épuisée ?
Rousseau, Confessions, IV.
♦ Livre épuisé, édition épuisée, dont le stock est entièrement écoulé.
31 Cette dernière partie de l'ouvrage, tirée seulement à cent cinquante ou deux cents exemplaires, a été très recherchée et est dès longtemps épuisée, à ce point que les deux derniers exemplaires qui ont passé en vente publique ont été adjugés, l'un à 48 francs et l'autre à 52.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1er juil. 1850, t. II, p. 247.
2 Personnes, êtres animés. À bout de forces. ⇒ Brisé (de fatigue), échiné, éreinté, exténué, harassé, rendu. || Épuisé par un long effort, par la maladie, par les privations, le jeûne (→ Aiguillon, cit. 6). || Nageur épuisé (→ Bouée, cit. 2). || Troupes épuisées. || Chanceler, tomber épuisé (→ Couler, cit. 13).
32 Si Jean Valjean eût remonté la galerie, il fût arrivé, après mille efforts, épuisé de fatigue, expirant, dans les ténèbres, à une muraille.
Hugo, les Misérables, V, III, IV.
❖
CONTR. Emplir, remplir. — Approvisionner. — Enrichir, fertiliser. — Fortifier, revigorer. — (Du p. p.). Inépuisé.
DÉR. Épuisable, épuisant, épuisement, épuisette.
HOM. 2. Épuiser.
————————
2. épuiser [epɥize] v. tr.
ÉTYM. XXe; dér. régressif de épuisette.
❖
♦ Pêche. Tirer (un poisson) de l'eau avec une épuisette.
❖
HOM. 1. Épuiser.
Encyclopédie Universelle. 2012.