user [ yze ] v. tr. <conjug. : 1>
• user son temps, sa vie « consommer, achever » 1080; lat. pop. °usare, de usus, p. p. de uti « se servir de »
I ♦ V. tr. ind. (1267) USER DE.
1 ♦ Vx ou didact. Faire en sorte qu'une chose produise un effet souhaitable, soit en exerçant sur elle une action destructrice (⇒ consommer, épuiser), soit en la faisant fonctionner, agir (⇒ employer, se servir, utiliser). « dans un grand nombre de cas, posséder un objet, c'est pouvoir en user » (Sartre). — User de son bien, en faire usage. — Mod. User et abuser de qqch.
2 ♦ Cour. (compl. chose abstraite) Avoir recours à, mettre en œuvre. ⇒ se servir. User d'un droit, d'un privilège. User de son influence. « je n'userai point en lâche ennemi de l'avantage des circonstances » (Beaumarchais). User d'un stratagème. « Avez-vous remarqué s'ils usent de certaines précautions ? » (Romains).
3 ♦ (1611; user de qqn « se conduire de telle ou telle façon avec lui » v. 1360) Vx ou littér. EN USER... AVEC qqn. Agir, se conduire d'une certaine manière. ⇒ se comporter, traiter. « De quelle manière en useriez-vous avec un jeune cavalier ? » (Lesage).
II ♦ V. tr. dir. (user son temps « l'épuiser » 1080; « se servir de » 1131)
1 ♦ Détruire par la consommation; utiliser (qqch.) jusqu'à l'épuiser. Ce poêle use beaucoup de charbon; cette voiture use trop d'essence. ⇒ consommer, dépenser, 1. manger.
2 ♦ (1530) Modifier (qqch.) progressivement en enlevant certaines de ses parties, en altérant son aspect, par l'usage prolongé qu'on en fait. ⇒ abîmer, élimer, entamer, râper, roder, ronger. User une pointe (⇒ émousser, épointer) . User ses vêtements, les user jusqu'à la corde. Une veste qu'il achevait d'user. Loc. User ses fonds de culottes sur les bancs (de l'école) : aller à l'école. — Absolt « Dame ! les draps ne sont pas neufs. [...] à la longue, le frottement du corps, ça use... » (Zola). — Par anal. Altérer ou entamer (qqch.). Courant rapide qui use la roche. Terrains usés par l'érosion.
3 ♦ Diminuer, affaiblir (une sensation, la force de qqn...) par une action lente, progressive. « La jouissance use les plaisirs » (Rousseau). ⇒ amoindrir. « Elle avait combattu pouce à pouce, usant la patience des uns, désarmant la brusquerie des autres » (Duhamel). User ses forces, sa santé à... ⇒ miner. « Ces vains efforts usent la vie et nous empêchent d'en user » (Rousseau). « La carte d'état-major sur laquelle il s'est tant usé les yeux depuis quatre jours » (Martin du Gard). ⇒ abîmer.
4 ♦ Diminuer ou supprimer les forces de (qqn). ⇒ épuiser. Les excès l'ont usé. ⇒ consumer. Absolt « Une volupté intérieure qui use et tue » (Renan).
5 ♦ Passer. « Ces réunions où l'on use le temps » (Alain).
III ♦ S'USER v. pron. (1530) .
1 ♦ Se détériorer à l'usage; perdre de son effet, de son utilité. Tissu fragile qui s'use vite. « il n'est pas d'outil qui ne s'use et qui ne s'encrasse » (Caillois).
2 ♦ (Abstrait) S'affaiblir, être diminué avec le temps. Les gens « blasés n'ont jamais rien éprouvé : la sensibilité ne s'use pas » (Renard). ⇒ s'émousser.
3 ♦ (Réfl.) Perdre sa force, sa santé. « Léontine s'était usée et dépensée à lui donner, par sa présence, un réconfort qu'il ne soupçonnait pas » (Carco). ⇒ se fatiguer, s'épuiser. — Perdre sa puissance, son influence. Régime où les ministères s'usent vite.
● user verbe transitif indirect (bas latin usare, du latin classique usum, de uti, utiliser) Se servir de quelque chose, l'utiliser : Il usait parfois de tranquillisants. User de son influence. ● user (expressions) verbe transitif indirect (bas latin usare, du latin classique usum, de uti, utiliser) Littéraire. En user avec quelqu'un, se comporter d'une certaine façon à son égard : En user trop familièrement avec ses supérieurs. ● user (synonymes) verbe transitif indirect (bas latin usare, du latin classique usum, de uti, utiliser) Se servir de quelque chose, l'utiliser
Synonymes :
- employer
- prendre
- recourir à
- utiliser
● user
verbe transitif
Faire perdre de sa substance à quelque chose, par le frottement, par une érosion lente : Les vagues usent la base de la falaise.
Détériorer quelque chose progressivement par l'usage qui en est fait : User ses chaussures au talon.
Consommer, dépenser une matière, un produit : Ce radiateur use trop d'électricité.
Affaiblir, épuiser quelqu'un : User sa santé par des excès de table.
● user (difficultés)
verbe transitif
Sens
1. User = détériorer par l'usage. Il use vite ses chaussures. L'adjectif correspondant est usé, e : des semelles usées.
2. User de = se servir de. Il a usé de ses relations pour obtenir le marché. L'adjectif correspondant est usité, e : une tournure usitée.
user
v.
rI./r v. tr. indir. User de: se servir de, avoir recours à. User de persuasion. Il use de termes savants.
rII./r v. tr.
d1./d Utiliser, consommer. Cet appareil use peu d'électricité.
d2./d Détériorer (un objet) à force de s'en servir. Syn. abîmer, altérer, élimer. Il use trois paires de chaussures par an.
d3./d Diminuer, affaiblir dans son fonctionnement. User sa santé. La maladie l'a usé prématurément.
rIII/r v. Pron.
d1./d Se détériorer à force d'usage. Un tissu qui s'use vite.
d2./d (Abstrait) Devenir plus faible, s'amoindrir. Sa résistance a fini par s'user.
d3./d (Personnes) S'affaiblir. Il s'est usé à trop travailler.
⇒USER, verbe
I. — Empl. trans. indir.
A. — User de qqc.
1. a) [Le compl. désigne qqc. de concr.] Utiliser quelque chose de façon à obtenir un effet déterminé, la satisfaction d'un besoin. Synon. employer, avoir recours à, se servir de. User de remèdes, de stimulants, de somnifères, d'un véhicule, d'un vêtement. Ce ne fut pas pour la recherche d'une volupté coupable et paresseuse qu'il commença à user de l'opium, mais simplement pour adoucir les tortures d'estomac nées d'une habitude cruelle de la faim (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 391).
♦ Vx. User de son reste. Tirer parti, profiter d'une situation avantageuse qui touche à son terme. Synon. jouir de son reste. Une fois marié (...) je souffrirai les maux de la condition, et quelle condition plus commune? (...) en attendant, j'use de mon reste, comme on dit, pour vous conter les caprices rarement piquants mais toujours douloureux de mon imagination (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1838, p. 362).
— Absol. User et abuser. — En vérité, s'écria le gouverneur resté seul, Ordener use et abuse (...) Me faire passer une nuit d'insomnie et d'impatience! (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 127).
b) [Le compl. désigne qqc. d'abstr.]
) Faire preuve de. User d'autorité, de dissimulation, d'indulgence, de tolérance. J'ai été touché plus d'une fois en le voyant auprès de cet enfant user d'une patience qui prouve toute sa tendresse pour le père (COTTIN, Cl. d'Albe, 1799, p. 179). Il avait l'accueil ouvert, le geste large. Il usait envers les paysans d'une familiarité protectrice (ARLAND, Ordre, 1929, p. 36).
) Se servir de, employer, avoir recours à. J'ai vu (...) des petites filles, à qui leurs treize ans font déjà du mollet et de la hanche, user indignement de ce qu'on appelle les privilèges de l'enfance (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 123).
SYNT. User d'artifices, de la colère, d'un droit, de son bon droit, du droit de réponse, de la force, de faux-fuyants, de son influence, de menaces, de ruses, de séduction, d'un stratagème, de subterfuges, de violence.
2. Employer certains éléments du langage, certaines caractéristiques langagières. User de patois; user de circonlocutions, de formules; user de mots bêtes, crus; user de paroles apaisantes. L'argot vit sur la langue. Il en use à sa fantaisie, il y puise au hasard, et il se borne souvent, quand le besoin surgit, à la dénaturer sommairement et grossièrement (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 198). Tu ne m'en voudras pas de rappeler que sa conversation était plate, qu'elle habitait un univers si borné et usait d'un vocabulaire si réduit qu'au bout de trois minutes je désespérais de soutenir la conversation (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 44).
3. Faire usage de quelque chose avec modération. Nous devons reconnaître, pour maîtres des mots, ceux qui savent en abuser, et ceux qui savent en user; mais ceux-ci sont les rois des langues, et ceux-là en sont les tyrans (JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 50). À l'en croire, à Paris, tout le monde était libre; et comme tout le monde, à Paris, était intelligent, chacun usait de sa liberté, personne n'en abusait (ROLLAND, J. Chr., Révolte, 1907, p. 476).
B. — 1. Vx ou littér. User de qqn. Se conduire d'une certaine façon avec quelqu'un. Attendez, dit Mme Ligneul, usant de lui sans façon. D'abord, vous allez me dire pourquoi vous étiez venu. Pour nous demander de l'argent, naturellement? (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 235).
2. Se servir de quelqu'un pour arriver à ses fins, dans un but bien déterminé. L'Académie française usa beaucoup de M. Daru pendant les années de la Restauration (SAINTE-BEUVE, Caus. lundis, t. 9, 1854, p. 468).
3. En user. Se conduire, se comporter d'une certaine manière. En user avec qqn; en user bien/mal à l'égard, envers qqn. Il en usait galamment avec toutes les femmes, même avec celles dont une longue habitude avait émoussé pour lui l'attrait (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 141). Je ne comprends rien à la conduite de mon mari ! (...) Il en use vis-à-vis de moi avec désinvolture! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, III, 1, p. 56).
II. — Empl. trans. dir.
A. — 1. [Le compl. désigne un produit alimentaire, une source d'énergie, un objet d'utilisation courante]
a) Utiliser, consommer. User de l'eau, de l'électricité, de l'essence, du gaz, du savon.
b) Utiliser un bien de consommation en le réduisant à néant; utiliser jusqu'au bout. J'ai usé le peu d'argent disponible (...) pour offrir du rôti à des gens qui n'aiment que le bouilli (STENDHAL, Corresp., t. 2, 1816, p. 18). Pour ne pas même user un bout de chandelle, elle venait passer chez son frère l'heure de nuit, avant d'aller se coucher à tâtons (ZOLA, Terre, 1887, p. 211).
2. [Le compl. désigne qqc. de concr.]
a) [Le suj. désigne qqn] Détériorer progressivement (quelque chose) par l'usage qui en est fait et le rendre impropre à sa destination, en altérer l'aspect. User ses habits, ses vêtements; user la semelle de ses chaussures. [Madeleine] usait encore, au moment dont je vous parle, une série de robes tristes, étroites (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 70). Elle (...) marchait dans la vaste pièce (...) en s'attardant devant (...) la table qu'elle avait usée de ses coudes (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1039).
♦ User un vêtement à la corde (vieilli ou région.); user jusqu'à la corde. Porter un vêtement jusqu'à ce qu'il soit inutilisable, jusqu'à ce qu'il faille en changer. Vigilante et économe, elle usait son linge à la corde et n'employait jamais un sou à des frivolités (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 27).
♦ User ses (fonds) de culottes sur les bancs. Aller à l'école. Nous étions trois amis, trois galopins qui usaient encore leurs culottes sur les bancs du collège (ZOLA, Doc. littér., Musset, 1881, p. 73).
♦ Arg. User le soleil avec une pierre ponce. Être condamné à perpétuité. Quelques-uns (...) condamnés pour assassinat et graciés de la peine de mort, usent le soleil avec une pierre ponce (A. HUMBERT, Mon bagne, 1880, p. 25).
— Absol. Comme on dit que j'use beaucoup, on m'a acheté, dans la campagne, une étoffe jaune et velue, dont je suis enveloppé (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 42). Avec des boulots semblables, on lui a vite vu la trame à mon beau veston. « Tu vas user plus que tu ne gagnes! » que s'inquiétait déjà maman (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 164).
b) [Le suj. désigne un agent naturel] Fréq. au passif. Altérer, détériorer quelque chose en entamant sa substance par frottement, par érosion. Les fenêtres vermoulues étaient usées par la pluie, creusées par le temps (BALZAC, Adieu, 1830, p. 9). [Le charbon de saule] a la propriété d'user uniformément le métal (M. LALANNE, Grav. eau forte, 1866, p. 51).
— P. métaph. L'amour (...) passe: la mort le brise ou le temps l'use (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 1, 1830, p. 324).
3. Passer, épuiser une durée, une période de temps. Rien n'use le temps comme les niaiseries (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, 1834, p. 202). C'est vraiment singulier, cette solitude où nous sommes laissés par tout le monde (...) — si abandonnés de tous que pour tuer le temps en société, nous avons été réduits aujourd'hui à aller user deux heures dans la boutique du libraire France, avec lui et sa femme (GONCOURT, Journal, 1865, p. 124).
B. — 1. Affaiblir, diminuer les forces de quelqu'un. Synon. miner. Il n'y a rien à mon avis qui dessèche une femme plus vite. Rien qui use une femme plus vite que le mépris (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 27):
• ... ils lui demandaient des petits plats, elle devait saler et ne pas saler, dire blanc et dire noir, les dorloter (...) Au bout de la semaine, elle avait la tête et les membres cassés, elle restait hébétée, avec des yeux de folle. Ça use une femme, un métier pareil. Oui, Coupeau et Lantier l'usaient, c'était le mot; ils la brûlaient par les deux bouts, comme on dit de la chandelle.
ZOLA, Assommoir, 1877, p. 648.
♦ Absol. La colère use. Les temps sont difficiles, les femmes souvent sottes (...) Tout cela use et fatigue (JAMMES, Corresp., [avec Gide] 1895, p. 55). Si l'on n'y prenait garde, les mufles nous tueraient vite (RENARD, Journal , 1907, p. 1146).
2. P. anal. ou au fig. [Le compl. désigne une qualité morale, un affect] Affaiblir, diminuer progressivement par une action lente et répétée ou continue. Synon. miner. User l'énergie, la patience, la résistance, la volonté de qqn; user ses forces, sa santé. Le monde qu'il rêvait, le trouva-t-il? — J'en doute. En cherchant il avait usé les passions, levé le coin du voile et regardé derrière (GAUTIER, Albertus, 1833, p. 158). La vie à deux use le cœur d'un homme. Pierre ne lui parlait plus jamais d'amour (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 67).
♦ User la vue, les yeux; s'user les yeux. (S')affaiblir la vue par un travail prolongé. Il a fait à côté de ses poèmes un dictionnaire où il a failli s'user les yeux, compromettre sa fortune (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1899, p. 135). Quelques forts en thèmes méprisés qui usaient leurs yeux en scandant des vers grecs à la chandelle (MAUROIS, Byron, t. 1, 1930, p. 108).
♦ Fam. User ses dents, s'user les dents sur/contre qqc. S'épuiser en lutte inutile. En Russie, il semble que l'Allemagne use ses dents sur l'armée des Soviets qu'elle avait si souvent portée en terre dans ses communiqués (GREEN, Journal, 1942, p. 188).
♦ Fam. User sa salive. Parler en pure perte, sans réussir à convaincre. Lorsque la loi sera à peu près sur pied, nous la culbuterons à un tournant. Use ta salive, mon bonhomme! (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 126). Les boniments, moi, t'uses ta salive pour de rien (CARCO, Équipe, 1919, p. 49).
♦ S'user le tempérament. Pardonner quoi? (...) Pardonner l'enfant que la garce s'est fait faire. La garce aurait le plaisir, tandis que, moi, ici, je m'userais le tempérament! (ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 33).
3. P. anal. Affaiblir, réduire, amoindrir la popularité de quelqu'un. Napoléon avait employé ce grand citoyen [Carnot] pour l'user, id est: rendre impopulaire et ridicule, s'il se pouvait (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 469). Deux ministres avaient été usés en deux ans (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 19).
III. — Empl. pronom.
A. — 1. Se détériorer, s'abîmer; perdre de son efficacité, de son utilité. Instrument, machine, tapis, tissu, vêtement qui s'use. Il le vit (...) avec une redingote dont les manches s'étaient usées sur les tables des cafés (ZOLA, Argent, 1891, p. 124).
— En partic. Devenir improductif, stérile à force d'utilisation. Terre qui s'use. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Devenir lisse, être altéré sous l'effet du frottement, d'une action physique. Le temps passe. Tout meurt. Le marbre même s'use (HEREDIA, Trophées, 1893, p. 133). Elle aimait surtout les pierres, ces pierres dont la matière s'use et se polit si doucement avec le temps (LACRETELLE, Hts ponts, t. 4, 1935, p. 43).
B. — Au fig. [Le suj. désigne qqc. d'abstr.] S'affaiblir, disparaître petit à petit. L'amour s'use par la jouissance comme les forces par un repos prolongé; il n'y a que la lutte pour les entretenir (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 122). L'amoureux tout le temps anxieux, sans cesse à l'affût d'une lettre, d'un regard, a cessé de penser à la possession physique dont le désir l'avait tourmenté d'abord, mais qui s'est usé dans l'attente et a fait place à des besoins d'un autre ordre (PROUST, Temps retr., 1922, p. 819).
C. — Empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne qqn] Perdre ses forces, sa santé; s'épuiser moralement et physiquement. Tu fais le bonheur d'une famille composée d'un grand-père qui trotte, d'une mère qui s'use à travailler (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 324). La ménagère s'use à piétiner sur place; elle ne fait rien, elle perpétue seulement le présent (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 2, 1949, p. 235).
— Au fig. Perdre son autorité, sa crédibilité, son influence. Ministre, homme politique qui s'use. Gouvernement (...) qui achevait de se décomposer et de s'user, — de pourrir (c'est le mot) (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 15, 1861, p. 177). Cet obstacle algérien contre lequel il s'use [le général de Gaulle] n'est visiblement pas à la mesure de son génie politique (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1960, p. 326).
REM. User, subst. masc. a) Vx ou littér. Action de se servir, d'utiliser quelque chose; p. ext., usage prolongé. Ces trois presses te feront un bon user, l'ouvrage sera proprement tirée (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 14). Nous compterons en diminution de la somme primitive le terme que j'ai payé et qui ira pour l'user des meubles (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 571). b) À l'user. Après usage. Au fig. [En parlant de qqn] Par la fréquentation habituelle, les relations courantes. Les femmes mariées, c'est amusant de loin; mais à l'user, c'est la scie des scies (LABICHE, Prix Martin, 1876, I, 1, p. 8). [Les juifs] avaient beaucoup d'esprit, de cœur et étaient, à l'user, des gens qu'on pouvait profondément aimer (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 408).
Prononc. et Orth.:[yze], (il) use [y:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 trans. (Roland, éd. J. Bédier, 523: Il est mult vielz, si ad sun tens uset); 2. ca 1135 « se servir de » (Couronnement Louis, éd. Y. Lepage, C, 2128: Nule viande que frans hom doit user); 3. ca 1155 fig. (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 14600: L'un fel vers l'autre ust sa malice); 4. ca 1165 estorie usee « histoire rebattue » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 129); 5. 1160-74 « exercer, pratiquer (ici, un métier) » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3225); 6. 1re moit. XIIIe s. (Lancelot, éd. A. Micha, t. 8, p. 71: je vous donrai chevax tant com vous en porés huimais user); 7. 1260 inf. subst. « usage, besoin » (ÉTIENNE BOILEAU, Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 54). B. 1. 1160-74 empl. abs. « se détériorer » (WACE, Rou, III, 135: huem moert, fer use); 2. 1re moit. XIIIe s. trans. « détériorer (quelque chose) » (Lancelot, p. 22: comme l'iaue use la roe du molin); 3. 1530 pronom. (PALSGR., p. 780); 4. 1583 au fig. (GARNIER, Les Juifves, 666 ds Tragédies, éd. W. Foerster, t. 3, p. 122: mes tremblotantes mains et mon visage usé); 5. 1601 (CHARRON, De la sagesse, p. 172: en vieillissant [...] avec le corps l'esprit s'use et s'empire). C. 1. 1260 « agir d'une certaine façon, selon l'habitude, la coutume » (ÉTIENNE BOILEAU, op. cit., p. 143 et p. 230); 2. fin XIVe s. (FROISSART, Chron., éd. G. Raynaud, t. 8, p. 201: comment a leur honneur il en useroient; t. 9, p. 167: demandèrent conseil de ceste cose et comment on en pooit user). D. 1. a) Ca 1220 user de (GAUTIER DE COINCI, Mir., éd. V.-F. Kœnig, II Mir 18, 216: Cielz qui volra de son savoir D'or en avant a droit user); b) fin XIVe s. user de poissance, user de rebellion (FROISSART, op. cit., t. 9, p. 144 et t. 10, p. 244); 2. 1464 user de beau langaige (Pathelin, éd. R. T. Holbzook, p. 24, 457); 3. 1480 user de menaces, user de grant rhetorique (G. COQUILLART, Droits nouveaux ds Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 192, 212); 4. ca 1485 (Mystère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 5, p. 74: c'est tres mal usé de justice). Du lat. pop. usare (att. au VIIIe s., v. NIERM.), dér. de , part. passé de , uti « faire usage de, se servir, employer », « être en relations (avec des personnes), fréquenter, traiter (d'une certaine manière, des personnes) », « pratiquer (quelque chose), s'exercer (à quelque chose) » et « profiter de, jouir de ». Fréq. abs. littér.:3 234. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4 529, b) 3 818; XXe s.: a) 3 972, b) 5 454.
DÉR. 1. Usable, adj. Qui s'use, qui peut s'user. C'est le malheur des êtres de n'être pour nous que des planches de collections fort usables dans notre pensée (PROUST, Fugit., 1922, p. 558). Empl. subst. masc. De l'usable. (Dict. XXe s.). — []. — 1res attest. a) 1254 « qu'on peut utiliser » (Chartes et doc. poitevins, 188, 9 ds Z. fr. Spr. Lit. t. 84, p. 346) — 1507 (GACE DE LA BUIGNE, Roman des deduis, var. de l'éd. A. Vérard, 1710, cf. éd. A. , p. 151), encore att. une fois dans un doc. poit. au XVIIIe s. (v. Z. fr. Spr. Lit., loc. cit.), b) 1858 « qui peut se détériorer » (LEGOAR.); de user, suff. -able. 2. Useur, -euse, subst. a) Personne qui use en frottant. (Dict. XXe s.). En partic. Ouvrier qui fait disparaître les grains de la porcelaine; ouvrier qui use le verre à l'émeri. Useur sur porcelaine, sur verre. Le batteur de pâte, l'useur de grain, l'émailleur, le manœuvre, tous (...) participaient à une grande aventure (CHARDONNE, Dest. sent., I, 1934, p. 131). b) Littér. Personne qui épuise, use les forces, la vitalité de quelqu'un. Elle était la dévorante, la ravageuse, la tempête, l'useuse d'hommes et la mangeuse de pucelages (AYMÉ, Vouivre, 1943, p. 95). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. av. 1757 useurs de parquets (D'ARGENSON, Mém., t. 1, p. 113 ds LITTRÉ); de user, suff. -eur2. Cf. ant. 2 attest. isolées du sens de « celui qui use, qui se sert d'une chose » (XIIIe et XVIe s., v. GDF.) et une attest. en 1489 avec un sens peu clair ds GAY (Oribolum. Useuse glosé « chaufferette en terre? »).
1. user [yze] v.
ÉTYM. 1080, user son temps, sa vie « consommer, achever », d'un lat. pop. usare, du lat. class. usum, supin de uti « se servir de ».
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1 Vx ou didact. (le mot cour. est se servir de…). Faire en sorte que (qqch.) produise un effet souhaitable, profitable, soit en exerçant une action destructrice, en épuisant (⇒ Absorber, consommer, détruire, dévorer, épuiser), soit en faisant fonctionner, agir (⇒ Disposer, employer [cit. 1], servir [se], utiliser). || Les métaux (cit. 1), tels que nous en usons. || User de vin (⇒ Boire; → Boisson, cit. 2). || User de petits remèdes anodins (cit. 2). — User d'une pièce fausse (1. Faux, cit. 56). || User d'un vêtement, d'un véhicule. ⇒ Prendre, porter. — User de son bien, en faire usage. ⇒ Jouir (de); → Ne pas se faire faute de.
1 — (Mon bien) est entièrement à vous, aussi bien que mon cœur, et vous en userez de la façon qu'il vous plaira. — J'userai bien de tous les deux.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, V, 2.
2 (…) elle se moque de se piquer de jeunesse, et de vouloir user d'ajustements qui ne conviennent plus à une femme de quarante ans.
La Bruyère, les Caractères, III, 8.
3 (…) dans un grand nombre de cas, posséder un objet, c'est pouvoir en user.
Sartre, l'Être et le Néant, p. 675.
♦ Absolt. ☑ Le goût de posséder, d'user et d'abuser (→ Esclave, cit. 6). Spécialt. User avec modération (par oppos. à abuser). || Il use, mais n'abuse pas.
2 (V. 1400). Cour. (avec un compl. désignant une chose abstraite). Avoir recours à, mettre en œuvre. ⇒ Servir (se servir de).
♦ User d'un droit (→ Particulier, cit. 19), d'un privilège (→ Permettre, cit. 4). || User d'une possibilité, d'une permission avec modération. — User du temps, l'employer de telle ou telle façon (cf. La Fontaine, Fables, VIII, 11).
4 Mon frère, vos conseils sont les meilleurs du monde (…)
Mais vous trouverez bon que je n'en use pas.
Molière, Tartuffe, IV, 3.
5 Vous pouvez l'assurer que je n'userai point en lâche ennemi de l'avantage des circonstances pour lui causer un désagrément public (…)
Beaumarchais, Mémoires… Goëzman, p. 25.
♦ User d'un moyen (2. Moyen, cit. 5). || La méthode dont use le détective (cit. 2). || User d'un artifice (→ Gagner, cit. 36), de longs détours (cit. 10), d'un ressort (→ Agent, cit. 3), d'un stratagème (→ Éluder, cit. 2). || User d'adresse, d'industrie (cit. 5). || User de certaines précautions (→ Filtrage, cit. 1). — La discrétion (cit. 8) dont les amis usent entre eux. || User de clémence, de courage… ⇒ Déployer. || User de beaucoup de soin. ⇒ Mettre (mettre du soin à…).
6 Je déplore que sa longue pièce sur Romain Rolland use d'arguments souvent douteux.
Gide, Journal, 27 déc. 1915.
♦ User de ses forces (→ Danseur, cit. 3), de sa force (cit. 13), du libre arbitre (→ Généreux, cit. 5), de sa puissance (→ Main-forte, cit. 5).
7 Le sophisme qui me perdit est celui de la plupart des hommes, qui se plaignent de manquer de force quand il est déjà trop tard pour en user.
Rousseau, les Confessions, II.
♦ (Fin XVe, Commynes). Employer, se servir de (un élément du langage). ⇒ Usage. || C'est un mot dont tout le monde use. ⇒ Usité. || User d'un mot (→ Fixer, cit. 9; et aussi mesquinerie, cit. 1; mission, cit. 10; romancer, cit.). || User de termes ambigus (cit. 2). — User d'un jargon dévot (cit. 11), d'un vocabulaire réduit (cit. 18)… || User savamment des ressources d'une langue. ⇒ Manier. — Par anal. || User de tel ou tel élément (dans la création littéraire, artistique). → Paysage, cit. 9; rencontre, cit. 7.
3 (V. 1360). Vx ou littér. (User de qqn, in Froissart : « se conduire d'une certaine façon avec lui »). || En user… (1611) : agir (cit. 23), se conduire d'une certaine manière. ⇒ Comporter (se). || En user avec qqn (→ Sueur, cit. 4). || En user bien, mal…, honnêtement (cit. 3), librement. || Elle en usait très mal avec le cadet (cit. 2). ⇒ Traiter. || C'est fort mal en user (→ Damner, cit. 1). — Nous en usons ainsi (→ Possible, cit. 3). || Il n'en use pas ainsi par modestie (→ Entresol, cit. 1). — En user avec désinvolture à l'égard de… (qqch.). → Limiter, cit. 1.
8 Vous avez vos raisons pour en user ainsi,
Et pour faire autrement j'ai les miennes aussi.
Molière, Tartuffe, III, 4.
9 — Et vous, Madame, reprit Zanubio, en se tournant vers don Garcie, de quelle manière en useriez-vous avec un jeune cavalier en pareil cas ?
A. R. Lesage, le Diable boiteux, IX.
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II V. tr. dir. (User son temps « l'épuiser », 1080; « se servir de », 1131).
1 Vx. Faire usage de… (→ ci-dessus, I.; et aussi utiliser). Spécialt (encore au XVIIIe). || User une coupe de bois, en avoir l'usage. — Fig. || « … j'ai tout vu, tout fait, tout usé » (Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, 3).
♦ Mod. Détruire par la consommation, utiliser (qqch.) jusqu'à l'épuiser. || Ce poêle use beaucoup de charbon; cette voiture use trop d'essence. ⇒ Consommer, dépenser, manger. || User un paquet de lames de rasoir (→ Entamer, cit. 3).
2 (1530). Modifier (qqch.) progressivement en enlevant certaines de ses parties, en altérant son aspect, par l'usage prolongé qu'on en fait. ⇒ Abîmer, élimer, entamer, mordre, râper, roder, rogner. || User une pointe (⇒ Émousser, épointer), une pièce, une médaille (⇒ 1. Frayer, I., 1.; oblitérer). || User par frottement. ⇒ Abraser. ☑ User ses vêtements, les user jusqu'à la corde (cit. 13), les porter jusqu'à ce qu'ils soient inutilisables. || User un câble. ⇒ Raguer (mar.). || Une veste d'ordonnance (cit. 18) qu'il achevait d'user.
♦ Passif et p. p. || « Ces habits bleus (cit. 13) par la victoire usés ». ⇒ Usé. — ☑ Loc. User ses fonds de culottes sur les bancs (→ Flopée, cit. 1) : aller à l'école. — ☑ User la semelle de ses souliers (→ Granit, cit. 2). || Les presses (cit. 4) en fonte usent les caractères. — Absolt. || Le frottement du corps, ça use (→ 2. Neuf, cit. 4). — ☑ Loc. métaphorique. La lame, l'épée use le fourreau (cit. 4 et 5).
10 (…) si l'éducation d'abord, ensuite le grand usage du monde, ne les usaient comme ces pièces d'argent qui, à force de circuler, perdent leur empreinte.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 663.
11 (…) utiliser, c'est user. En usant de ma bicyclette, je l'use c'est-à-dire que la création (…) appropriative se marque par une destruction partielle. Cette usure peut peiner (…) mais, dans la plupart des cas, elle cause une joie secrète (…) c'est qu'elle vient de nous; nous consommons.
Sartre, l'Être et le Néant, p. 683.
♦ Par anal. (le sujet désigne le temps, un processus naturel ou une action volontaire). Altérer ou entamer (qqch.). || « Les pins que l'âge use et mutile » (→ Reptile, cit. 4). || Les pluies, l'érosion ont usé cette terre. ⇒ Effriter. || Courant rapide qui use la roche. — User une pièce métallique par le frottement. ⇒ Limer, polir, roder; abrasif, 1. meule.
3 Par métaphore. Diminuer, affaiblir (une sensation, la force de qqn) par une action lente, progressive. || La jouissance (cit. 6) use les plaisirs. ⇒ Amoindrir. || User l'énergie (→ Proscrire, cit. 2), la patience de quelqu'un (→ Combattre, cit. 15). || User l'amitié. ⇒ Corroder (fig.). || Le temps use les vieux préjugés (→ Funeste, cit. 11). — User ses forces, son énergie, sa santé. ⇒ Miner. || « Les vains efforts usent la vie et nous empêchent d'en user » (→ Lutter, cit. 5). — User la vue, les yeux. ⇒ Gâter. — ☑ S'user les yeux, la vue, la santé à… (→ Carte, cit. 21).
12 Le bonhomme avait recommencé à faire ce trajet plusieurs fois par semaine; l'accoutumance n'avait pas encore usé sa joie; son éloquence se débridait (…)
J.-R. Bloch, Sur un cargo, III, « Gand ».
4 (Fin XVe). Diminuer ou supprimer les forces de (qqn). || Ils usaient leurs ennemis plutôt qu'ils ne les domptaient (→ Ravage, cit. 3). || Le plaisir nous use. ⇒ Consumer (→ Fortifier, cit. 3). Absolt. || Une volupté qui use et tue (→ Tendre, adj., cit. 11).
12.1 Le temps épuise, exténue. Il est ce qui fait vieillir, ce qui achemine vers la mort, ce qui use : c'est le sens même de la racine d'où sont tirés en grec et en iranien les mots qui le désignent.
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 128, 1939.
♦ Par anal. (Compl. n. de personne). Rare ou stylistique. Diminuer l'importance, la popularité de (quelqu'un).
13 Il arriva bientôt à Milan, aide de camp du ministre de la Guerre Carnot. Napoléon avait employé ce grand citoyen pour l'user (id est : rendre impopulaire et ridicule, s'il se pouvait).
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 43.
♦ Par métaphore (du sens 1). Affaiblir tout en utilisant. || User son talent à… (→ Lubrique, cit. 1). || User tout son crédit.
14 Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use ses esprits à en démêler les vices et le ridicule (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 34.
5 (1080). Passer. || User le temps, les jours (→ Divaguer, cit. 1). || « Ces réunions où l'on use le temps » (Alain, Propos, 29 janv. 1909).
15 On vit, usant ses jours à se remplir d'orgueil (…)
Hugo, les Contemplations, VI, XXII.
16 Comme onze heures sonnaient à peine, il usa encore une demi-heure çà et là (…)
Colette, Chéri, p. 127.
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s'user v. pron.
ÉTYM. (1530; en anc. franç. on employait user, intransitivement).
1 Se détériorer à l'usage; perdre de son effet, de son utilité. || Tissu, instrument, machine qui s'use vite. || S'user par frottement. ⇒ Attrition.
♦ (Sans idée de détérioration). Se modifier, devenir lisse par frottement.
17 (…) ces pierres dont la matière s'use et se polit si doucement avec le temps
J. de Lacretelle, in G. L. L. F.
♦ Disparaître à l'usage; être consommé. || Le flambeau (cit. 2) s'use, il brûle.
18 Je sais bien que je recherchais l'amitié de machines qui tournent trop vite et s'usent dramatiquement.
Cocteau, la Difficulté d'être, p. 86.
♦ Être diminué, altéré par une action physique (notamment un frottement). — Devenir stérile, improductif. || Terres qui s'usent.
2 (XVIIe). Abstrait. S'affaiblir, être diminué avec le temps. ⇒ Aller (II., 5. : s'en aller). || Ce qui s'use le plus vite, c'est la volonté (→ Flottant, cit. 5). || Les grâces (cit. 83) ne s'usent pas comme la beauté. || Dans ce monde où tout s'use, où tout périt (→ 2. Chagrin, cit. 14). || Les natures les plus fortes s'usent à la longue (→ 1. Lime, cit. 2). || Son ascendant s'use. ⇒ Perdre.
19 Mais tout s'use, et les beaux sentiments comme autre chose.
Marivaux, la Vie de Marianne, I.
20 Les gens qui se disent blasés n'ont jamais rien éprouvé : la sensibilité ne s'use pas.
J. Renard, Journal, 28 déc. 1896.
3 (Fin XVIIe, Fénelon). Sens réfléchi. Perdre sa force, sa santé… || S'user à chercher la meilleure solution (→ Obstination, cit. 4). ⇒ Fatiguer (se); épuiser (s'). || « Je me suis usé d'amour » (→ Ferveur, cit. 4).
21 C'était en vain que Léontine s'était usée et dépensée à lui donner, par sa présence, un réconfort qu'il ne soupçonnait pas.
Francis Carco, l'Homme traqué, p.167.
♦ Perdre son ascendant, sa puissance, son influence. || Dans ce régime, les ministères s'usent vite.
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usé, ée p. p. adj. ⇒ Usé, ée adj.
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DÉR. Usable, usance, usant, usé, 2. user, useur, 2. usure.
COMP. Mésuser
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2. user [yze] n. m.
ÉTYM. 1667, La Fontaine; de 1. user.
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♦ Vx ou littér. Usage prolongé.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 472.
♦ (1685). || À l'user : après usage. — Fig. Par la fréquentation habituelle. || On ne connaît les gens qu'à l'user. ⇒ Usage (à l').
Encyclopédie Universelle. 2012.