excès [ ɛksɛ ] n. m.
• 1287; bas lat. excessus, de excedere → excéder
1 ♦ Didact. Différence en plus (d'une grandeur par rapport à une autre); ce qui dépasse une quantité. L'excès d'une longueur sur une largeur. Cette combinaison chimique laisse un excès d'oxygène. ⇒ excédent, reste, surplus. L'excès de l'offre sur la demande, des dépenses sur les recettes.
♢ Math. Approximation par excès. Total approché par excès, arrondi au chiffre supérieur (opposé à par défaut).
2 ♦ Trop grande quantité; dépassement de la mesure moyenne, des limites ordinaires. ⇒ disproportion, pléthore, profusion; hyper-, super-, sur-, ultra-; 2. outre, trop. Contravention pour excès de vitesse. Excès de poids, de sucre dans le sang. Excès de zèle. Excès de précautions, de scrupules. « L'excès de la douleur, comme l'excès de la joie, est une chose violente qui dure peu » (Hugo). « Ne péchons ni par précipitation, ni par excès de ménagements » (Romains). Tomber dans l'excès. Tomber dans l'excès inverse. Excès dans les opinions, les idées (⇒ extrémisme, fanatisme) . L'excès de ses prétentions. ⇒ énormité, exagération, outrance. — PROV. L'excès en tout est un défaut. — AVEC EXCÈS : sans mesure. Manger, dépenser avec excès. ⇒ démesure, frénésie. — SANS EXCÈS : modérément. Vous pouvez pratiquer ce sport, mais sans excès.
♢ Loc. adv. À L'EXCÈS; JUSQU'À L'EXCÈS.⇒ excessivement, immodérément, très, trop (cf. Outre mesure). « Mme de Guise, bossue et contrefaite à l'excès » (Saint-Simon). Scrupuleux, consciencieux à l'excès. Indulgence portée à l'excès, poussée trop loin.
♢ Dr. EXCÈS DE POUVOIR : action dépassant le pouvoir légal; décision d'un juge qui dépasse sa compétence. Recours pour excès de pouvoir, devant le Conseil d'État à fin d'annulation d'un acte administratif contraire à la loi ou au droit objectif. Révoquer qqn pour excès de pouvoir.
3 ♦ UN, DES EXCÈS. Chose, action qui dépasse la mesure ordinaire ou permise. ⇒ abus, licence. Excès de langage : paroles peu respectueuses, peu courtoises. ⇒ 1. écart. — Des excès de table : abus de nourriture et de boisson. ⇒ intempérance. Absolt Vivre sans faire d'excès. Se laisser aller à des excès. — Excès de conduite. ⇒ débauche, débordement, dérèglement. Absolt Usé par les excès.
♢ Abus de la force. ⇒ violence. Les excès d'un tyran. ⇒ cruauté, exaction.
⊗ CONTR. Défaut, déficit, insuffisance, 2. manque, modération.
● excès nom masculin (latin excessus, de excedere, excéder) Ce qui dépasse la quantité considérée : L'excès de l'offre sur la demande. Ce qui dépasse la mesure moyenne ou jugée normale : Excès de rigueur. Ce qui dépasse les limites permises, convenables : Les excès de vitesse sont sévèrement punis. ● excès (citations) nom masculin (latin excessus, de excedere, excéder) Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 L'excès est une preuve d'idéalité : aller au-delà du besoin. Carnets Jules Huot de Goncourt Paris 1830-Paris 1870 et Edmond Huot de Goncourt Nancy 1822-Champrosay, Essonne, 1896 L'excès en tout est la vertu de la femme. Journal Fasquelle Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 Tout est bon quand il est excessif. La Nouvelle Justine Marie-René Alexis Saint-Leger Leger, dit, en diplomatie, Alexis Leger, et, en littérature Saint-John Perse Pointe-à-Pitre 1887-Giens, Var, 1975 Malheur aux incertains et aux parcimonieux ! On périt par défaut bien plus que par excès. Sur l'optimisme en politique Gallimard François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Il a porté toutes les vertus des héros à un excès où elles sont aussi dangereuses que les vices opposés. Histoire de Charles XII Charles XII William Blake Londres 1757-Londres 1827 La route de l'excès mène au palais de la sagesse. The road of excess leads to the palace of wisdom. The Marriage of Heaven and Hell ● excès (expressions) nom masculin (latin excessus, de excedere, excéder) À l'excès, outre mesure, à l'extrême. Avec excès, de manière excessive, sans mesure. Excès de langage, injure, grossièreté. Excès de table, abus de nourriture et de boisson au cours des repas. Sans excès, modérément. Excès de pouvoir, acte qui est en dehors ou au-delà des attributions de celui qui l'accomplit. Excès sphérique, quantité dont la somme des angles intérieurs d'un triangle sphérique dépasse 180°. Valeur approchée par excès d'un réel x, valeur strictement supérieure à x. ● excès (synonymes) nom masculin (latin excessus, de excedere, excéder) Ce qui dépasse la quantité considérée
Synonymes :
- excédent
- surcroît
- surplus
Contraires :
- défaut
- manque
Ce qui dépasse la mesure moyenne ou jugée normale
Synonymes :
- démesure
- outrance
Contraires :
- défaillance
- modération
- réserve
- retenue
Ce qui dépasse les limites permises, convenables
Synonymes :
- abus
- dépassement
- exagération
Contraires :
- absence
- carence
- pénurie
● excès
nom masculin pluriel
Actes de violence ; abus de la force : Les excès de soudards avinés.
Abus de nourriture, de boisson, etc. : Évitez les excès.
● excès (citations)
nom masculin pluriel
René Descartes
La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650
Je mettais entre les excès toutes les promesses par lesquelles on retranche quelque chose de sa liberté.
Discours de la méthode
Jean de La Fontaine
Château-Thierry 1621-Paris 1695
[…] Rien de trop est un point
Dont on parle sans cesse et qu'on n'observe point.
Fables, Rien de trop
Louis XIV, roi de France
Saint-Germain-en-Laye 1638-Versailles 1715
Il est très malaisé de parler beaucoup sans dire quelque chose de trop.
Mémoires
● excès (synonymes)
nom masculin pluriel
Actes de violence ; abus de la force
Synonymes :
- exaction
- sévices
Abus de nourriture, de boisson, etc.
Synonymes :
- débordement
- déportement
- dévergondage
Contraires :
- ascétisme
- frugalité
- jeûne
- tempérance
excès
n. m.
d1./d Ce qui dépasse la mesure. Un excès de zèle. Ant. manque, défaut.
|| DR Excès de pouvoir: dépassement de ses attributions légales par un tribunal.
d2./d Acte dénotant la démesure, l'outrance, le dérèglement. Faire des excès.
d3./d Loc. adv. à l'excès: excessivement. être économe à l'excès.
⇒EXCÈS, subst. masc.
A.— Usuel
1. [Suivi d'un compl. prép. de formé d'un subst. non précédé de l'article; gén. avec une idée de jugement défavorable] Fait, acte d'aller au-delà de ce qui est permis, convenable dans le cadre d'une réglementation ou au regard des normes de la morale, de l'esthétique ou des convenances sociales. Excès de vitesse, de travail, de zèle. Chacun s'affairait au delà même des bornes de ses attributions avec un excès débordant de zèle et de bonne volonté où entrait une part de jeu et l'enivrement de l'activité pure (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 134) :
• 1. J'admirais, en théorie du moins, les grands dérèglements, les vies dangereuses, les hommes perdus, les excès d'alcool, de drogue, de passion.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 340.
2. Spécialement
a) Excès de langage (gén. au plur.). Propos discourtois ou injurieux. Poutillard se laisse aller à des excès de langage, peut-être même à des sévices (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 99).
b) Excès de pouvoir. Acte ou décision d'une administration, d'un magistrat qui outrepasse ses pouvoirs légaux ou réglementaires. Recours pour excès de pouvoir; annulation d'un acte pour excès de pouvoir. Le ministre ne peut pas, sans commettre un excès de pouvoir, substituer son action à celle du préfet (BARADAT, Organ. préfect., 1907, p. 86).
c) Faire un/des excès de table. Manger ou boire (un peu) trop.
d) [Le compl. désigne un sentiment] Manifestation violente d'un sentiment intense. (Quasi-)synon. accès, débordement. Il le bourrait de coups, comme emporté par un excès de tendresse (ZOLA, Nana, 1880, p. 1199). Des excès de fureur voluptueuse qui ne pouvaient épuiser ni détruire leurs substances incorruptibles (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 188). Je me laissai aller à un excès de bonne humeur qui la déconcerta (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 287).
3. [P. ell. du compl. prép. introd. par de]
a) Vieilli. Acte de débauche, dérèglement de conduite. Vous serez coupable des excès où vous me porterez (STAËL, Lettres de L. Narbonne, 1794, p. 236). J'ai vu cette maladie survenir après des excès immodérés auprès des femmes (GEOFFROY, Méd. pratique, 1800, p. 364). On a souvent remarqué que les fêtes populaires entraînent aux excès, font perdre de vue la limite qui sépare le licite et l'illicite (DURKHEIM, Formes élém. vie relig., 1912, p. 547).
P. anal., dans le domaine artistique. Les excès des Picasso, des Matisse (...) ne sont pas imputables à Cézanne (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1904, p. 232).
b) Acte de violence, de cruauté. Se livrer, se porter à des excès. Les conséquences des excès révolutionnaires sont incalculables (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 59). Les marins génois se livrèrent au pillage et au massacre. Malgré ces excès, (...) ils reçurent de Bertrand des privilèges commerciaux étendus (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 86).
Rem. La docum. atteste la constr. excès de + subst. abstr. précédé de l'article défini désignant la cause de l'excès. [Le] même drame romantique (...) a (...) ouvert la voie aux excès de l'individualisme, en créant le héros anti-social (Arts et litt., 1936, p. 3002). Le gouvernement de Sa Majesté craignait les excès du totalitarisme (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 172).
4. [Au sing. et sans compl.]
a) Type de comportement caractérisé par le dépassement de la mesure. En tout l'excès nuit. (Quasi-)synon. démesure; anton. mesure. Ils [les Grecs] veulent contempler l'homme proportionné à ses organes et à sa condition (...) le reste leur eût semblé excès, difformité ou maladie (TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p. 166). La plus grande épreuve pour l'homme, est d'être toujours ramené à sa mesure. L'excès lui est fatal (CHARDONNE, Dest. sent., III, 1936, p. 251) :
• 2. L'excès caractérise et nos douleurs et nos joies; il produit et nos vertus et nos forfaits. Nous portons en tout une sorte d'enthousiasme, un certain besoin de nous livrer à toute la fougue du penchant, dans la colère comme dans la joie, dans la bienveillance, l'amour, les vengeances. Nos vertus sont extrêmes comme nos erreurs; car il n'est point de détermination sans passion, de passion sans excès, ni d'homme sans passion.
SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 84.
— Locutions
♦ Homme d'excès. Homme excessif. Je n'ai jamais pu emboîter Vénus avec Apollon. C'est l'un ou l'autre, étant un homme d'excès, un monsieur tout entier à ce qu'il pratique (FLAUB., Corresp., 1870, p. 116).
♦ Loc. adv., par excès. En en faisant trop. Ah! ces convertis! Ils exagèrent, ils pèchent toujours par excès (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 31).
— Proverbe. L'excès en tout est un défaut (PROUST, Sodome, 1922, p. 641).
b) [Précédé de l'article indéf. ou déf. non générique] Comportement dépassant la mesure. Tomber, verser dans l'excès contraire, opposé. Il en est des révolutions dans les mœurs comme de celles des états : le mouvement se fait le plus souvent d'un excès à l'autre (MARMONTEL, Essais sur rom., 1799, p. 309). Aussitôt cette exagération de pureté le lança dans un excès opposé; en vertu de la loi des contrastes, il sauta d'un extrême à l'autre (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 135).
B.— Littér. [Suivi d'un compl. prép. de formé d'un subst. gén. précédé de l'article déf.]
1. [Gén. avec une idée de jugement défavorable; le compl. désigne un phénomène de la nature, une situation sociale, politique, un sentiment] Fait que quelque chose est excessif; caractère excessif de (v. excessif A 1). Le faste des monuments et des fêtes, l'excès des impôts, l'injustice des guerres (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 226). Ils l'égalaient en effet par le courage, dans l'excès constant des souffrances, du dénuement et de la misère (FRANCE, Clio, 1900, p. 90) :
• 3. L'excès du désespoir ajoute encore aux causes du désespoir pour mener la révolte à cet état de haineuse atonie, qui suit la longue épreuve de l'injustice, et où disparaît définitivement la distinction du bien et du mal.
CAMUS, Homme rév., 1951, p. 69.
Rem. Le syntagme l'excès de + subst. est gén. équivalent au syntagme subst. + excessif.
2. Vieilli, p. hyperb. [Sans idée de jugement défavorable]
a) Haut degré de. Enfin, monsieur, jugez de l'excès de mon avilissement : pour vivre, je suis espion de police (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 101). Puisse l'excès de mon repentir et de ma douleur émouvoir ta pitié (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 61).
b) Le dernier excès. Le plus haut degré de. La passion patriotique poussée au dernier excès (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 4). La pauvreté est si infâme que c'est le dernier excès du cynisme ou le cri suprême d'une conscience au désespoir d'en faire l'aveu (BLOY, Lieux communs, 1902, p. 19).
3. Locutions
a) verbale. Porter à l'excès. Rendre excessif. Condillac (...) enchérit sur la doctrine de son maître, porta à l'excès la manière aride et glacée qui caractérise l'école de métaphysique « matérialiste » (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 63). Il était réservé à un architecte français, André Le Nôtre, de montrer dans tout leur éclat les beautés du style classique, mais en les portant à l'excès (BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 311).
b) prép. Par excès de. À cause d'un excès de, en faisant preuve d'un excès de. Ils attendirent sur des chaises, (...) reculant leurs sièges par excès de politesse, chaque fois qu'un garçon de bureau passait (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 435). Elle devenait romantique par excès d'infortune (FRANCE, Mannequin, 1897, p. 347).
c) adverbiales
— À cet excès, à quel excès (vieilli). Tellement, combien. Cela me confond de voir craindre à cet excès la fin de la vie (STAËL, Lettres jeun., 1790, p. 414). Je lui cachois à quel excès elle me rendoit malheureux (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 89).
— À l'excès
♦ D'une manière exagérée, trop. Je consens que ce souci constant de tenue puisse à la longue devenir irritant. Il tient compte à l'excès de l'opinion d'autrui (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1239).
♦ Très, beaucoup. Je suis grossie à l'excès, mais je cours cependant tout le jour avec mon père (STAËL, Lettres jeun.,1787, p. 172). Ignoble autant que possible et lugubre à l'excès, ce souillon à nul autre pareil (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 264).
— Avec excès. D'une manière exagérée, outre-mesure. Tu sais qu'il avait l'habitude déplorable d'aimer le thé froid avec excès (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 233). Il me fallait le dérégler un peu, le mettre en colère, faire l'imbécile avec excès (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 322).
— Jusqu'à l'excès. Synon. un peu trop. Constants et invincibles dans l'adversité, nés pour tous les arts, civilisés jusqu'à l'excès durant le calme de l'état (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 111). Esprit délicieux et délié jusqu'à l'excès, amant passionné de ce qui fut de plus beau (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 47).
— Sans excès. Point trop. Elle est rieuse, mais sans excès, point évaporée ni précoce (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 152). Grande, bien en chair, sans excès (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 25).
C.— [L'idée principale est celle d'une mise en rapport de deux données considérées sous l'angle quantitatif]
1. Excès de qqc. sur qqc. Fait qu'une quantité en dépasse une autre; différence en plus. Synon. excédent; anton. défaut, déficit. Les accidents de chaudières sont toujours dus à l'excès de pression interne sur la résistance des enveloppes (CHAMPLY, Nouv. encyclop. prat., t. 1, 1927, p. 262). La devise prêtée ne devient produit utilisable que par un excès d'importations de l'emprunteur sur ses exportations (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 381).
— [P. ell. du compl. prép. sur] Les statistiques indiquent un léger excès de garçons à la naissance (CUÉNOT, ROSTAND, Introd. génét., 1936, p. 37).
2. [Construit avec un compl. prép. introduit par dans, par rapport, pour, etc., ou sans compl. avec une idée de mise en rapport avec une quantité considérée comme optimale] Volume ou quantité de quelque chose se trouvant en surplus. Synon. excédent.
— Dans le domaine sc. et techn. L'action du gypse [sur le ciment] serait (...) nulle ou peu marquée sur un ciment mal dosé, c'est-à-dire renfermant un excès d'alumine par rapport à la silice (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p. 190). L'accumulation d'un excès d'énergie sexuelle insatisfaite par suite d'une répression violente? (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 234). L'excès de neutrons disponibles dans une pile peut entraîner la formation de plus de matières fissiles qu'il n'en est consumé pour produire ces neutrons (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 206) :
• 4. ... l'acier est une combinaison de fer et de charbon que l'on tire, soit de la fonte, en enlevant à celle-ci l'excès de charbon, soit du fer, en ajoutant à celui-ci le charbon qui lui manque.
VERNE, Île myst., 1874, p. 141.
— Littér. [Avec une idée de mise en rapport avec une quantité considérée comme optimale en se référant à une norme morale, soc. ou esthétique] Quantité anormale ou excessive de quelque chose. Dîner chez M. de Noailles. Excès de paroles inutiles. Quelle perte de temps que ces dîners! (DUPANLOUP, Journal, 1863, p. 236). Vos sociétés folles meurent presque toujours par un excès d'idoles chargeant l'esprit humain (HUGO, Légende, t. 4, 1877, p. 559). L'excès de poudre noiera (...) la courbe de son nez (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 79).
3. Locutions
a) adj. Subst. + en excès. L'excès de + subst. La chaux en excès peut se fixer, par adsorption, sur le silicate (CLÉRET DE LANGAVANT, Ciments et bétons, 1953, p. 39).
b) Locutions adverbiales
) En excès. En trop grande quantité, en trop grand nombre. Une tumeur (...) sécrétant en excès l'hormone de croissance (QUILLET Méd. 1965, p. 488).
) Par excès (math.). En arrondissant l'expression d'une mesure à un nombre supérieur. Des valeurs approchées (...) par excès et par défaut (LEBESGUE, Intégration et rech. fonctions primit., 1904, p. 37).
— P. métaph. En faisant une approximation large. Même les plus heureuses de nos intuitions sont en quelque sorte des résultats inexacts par excès, à l'égard de notre clarté ordinaire (VALÉRY, Variété I, 1924, p. 189). En deçà et au delà nous n'avons qu'une perception confuse par excès ou par défaut, nous tendons alors vers le maximum de visibilité (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 348).
D.— PHILOS., PSYCHANAL. Excès de qqc. sur qqc. Fait de dépasser, déborder par sa complexité, son intensité ou son dynamisme interne (v. excéder A 2). Excès du signifié sur le signifiant (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945 p. 447). La parole est l'excès de notre existence sur l'être naturel (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945p. 229).
Prononc. et Orth. :[]. [e] initial uniquement ds PASSY 1914 et DUB., l'influence de la syll. finale ouverte étant très forte sur l'initiale. Cf. ex-. Enq. : /ekse, (D)/. Ds Ac. 1694-1932. Les éd. de 1694 et 1718 écrivent excés. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. « acte qui dépasse la mesure, dérèglement », le plus souvent au plur. (NICOLE, Règle de S. Benoît, 466, Héron ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 145 : Por lor pechié, por lor excès Emporterent si grief colee Qu'andous furent ocis d'espée); 2. 1370 « ce qui dépasse une quantité, surplus » exces ou sourmont (N. ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre 8, 96c, p. 288). Empr. au lat. excessus, subst. formé sur le supin excessum de excedere (excéder), en lat. class. « sortie »; en lat. chrét. surtout au plur. « écarts; fautes, péchés ». Fréq. abs. littér. :3 050. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 705, b) 3 699; XXe s. : a) 2 926, b) 4 360.
excès [ɛksɛ] n. m.
ÉTYM. 1287; bas lat. excessus « excès », de excedere. → Excéder.
❖
1 Différence en plus; ce qui dépasse une quantité. || L'excès d'une mesure de capacité. ⇒ Comble, trop-plein. || Cette combinaison chimique laisse un excès d'oxygène. ⇒ Excédent, reste, surplus. — Math. || Total approché par excès, arrondi au chiffre supérieur. — Excès de qqch. sur qqch. || L'excès d'une longueur sur une largeur. || L'excès de l'offre sur la demande, des dépenses sur les recettes. || Excès du papier-monnaie sur l'encaisse-or (→ Inflation).
1 Pour corriger le blé, Dieu permit aux moutons
De retrancher l'excès des prodigues moissons.
La Fontaine, Fables, IX, 11.
2 Vous avez eu besoin d'avoir de la force pour soutenir l'excès de monde que vous avez eu : vingt personnes d'extraordinaire à table font mal à l'imagination.
Mme de Sévigné, 815, 13 mai 1680.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
2 Trop grande quantité; dépassement de la mesure moyenne, des limites ordinaires. ⇒ Disproportion, luxe, plénitude, pléthore, profusion, quantité, surabondance; et aussi les préf. hyper-, outre-, super-, sur-, ultra-. || Avoir un excès de qqch. : être comblé, saturé de qqch. ⇒ Foison, satiété, saturation. || Un excès d'urée dans le sang. || Un excès de lumière éblouit (→ Aveugler, cit. 1). || Excès de dentelles (cit. 2), de bijoux. || Supprimer les branches en excès (→ Élagage, cit. 1). || Contravention pour excès de vitesse. || La quantité des événements, l'excès des découvertes déconcertent (→ Désordre, cit. 11). || Excès de paroles (⇒ Redondance, superfétation). || Un excès de travail, de fatigue (→ Animalité, cit. 4; ardeur, cit. 45). || L'excès de la douleur (→ Anéantissement, cit. 9; avant-goût, cit. 6). || Un excès d'amour (→ Amener, cit. 9; attribuer, cit. 12). || Un excès de zèle (→ Bégayer, cit. 4). || L'excès d'imagination amplifie (cit. 2) tout. || Un excès de confiance, d'orgueil (→ Éducation, cit. 2). || Un excès de précautions, de scrupules, de prudence. || L'excès de ses prétentions. ⇒ Énormité. || Adverbe exprimant l'idée d'excès. ⇒ Trop. — ☑ Par excès : en faisant trop. || Pécher par excès de ménagements (→ Créer, cit. 22). || Si je pèche par excès, ils pèchent par défaut (cit. 8). — Excès dans les opinions, les idées. ⇒ Extrémisme, fanatisme. || Tomber dans l'excès. || Tomber d'un excès dans un autre. ⇒ Extrême, extrémité. || Il ne faut pas tomber dans l'excès contraire. — ☑ Avec excès. || Faire qqch. avec excès, sans mesure. ⇒ Démesure, exagération, frénésie, outrance; → Aller trop loin, dépasser les bornes. || Boire, manger avec excès (→ À crever, à ventre déboutonné). || Dépenser avec excès. ⇒ Prodigalité. — ☑ Sans excès : modérément. || Manger de la viande, mais sans excès. — ☑ Prov. Excès de biens ne nuit pas. ☑ L'excès en tout est un défaut.
3 Vous ne gardez en rien les doux tempéraments;
Et toujours d'un excès vous vous jetez dans l'autre.
Molière, Tartuffe, V, 1.
4 J'ose dire pourtant que je n'ai mérité
Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité.
Racine, Britannicus, II, 3.
5 (…) des gens pécunieux, que l'excès d'argent (…) mène jusqu'à une froide insolence (…)
La Bruyère, Disc. de réception à l'Acad., Préface.
6 (…) pour moi, la poésie est un certain excès dans le sentiment (…)
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 392.
7 L'excès de la douleur, comme l'excès de la joie, est une chose violente qui dure peu.
Hugo, Notre-Dame de Paris, IX, IV.
8 En matière d'art, j'avoue que je ne hais pas l'outrance; la modération ne m'a jamais semblé le signe d'une nature artistique vigoureuse. J'aime ces excès de santé, ces débordements de volonté qui s'inscrivent dans les œuvres comme le bitume enflammé dans le sol d'un volcan (…)
Baudelaire, l'Art romantique, R. Wagner et Tannhäuser, IX.
9 Ils voyaient le danger d'être plus royalistes que le roi et savaient qu'on passe facilement d'un excès à l'autre.
Renan, Souvenirs d'enfance …, IV, I.
10 Excès de conscience, manque de conscience. À force de scrupules, on agit aussi mal que faute de scrupules.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I.
11 C'est cependant une loi de l'histoire que de l'excès du mal naisse toujours un grand bien.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 195.
♦ ☑ Loc. adv. À l'excès, jusqu'à l'excès. ⇒ Excessivement, immodérément, 2. outre (outre mesure), très, trop. || Boire à l'excès. ⇒ Beaucoup. || Être scrupuleux, prudent à l'excès. || Une personne orgueilleuse à l'excès (→ Croire, cit. 71). || Personne contrefaite à l'excès (→ Bossu, cit. 1). || Il est poli jusqu'à l'excès.
12 (Les Scythes) aiment le vin au point que pour dire boire à l'excès, on dit boire comme un Scythe.
13 Sa langue passe pour la plus belle de la littérature scandinave; elle est brève, forte, précise; tendue à l'excès, et d'une trempe métallique; elle abonde en ellipses, en raccourcis rapides (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I.
♦ Spécialt (dr.) || Excès de pouvoir : action dépassant le pouvoir légal (→ Dissolution, cit. 5). — Toute décision d'un juge qui dépasse sa compétence. || L'excès de pouvoir donne ouverture à cassation. — Dr. admin. || Recours pour excès de pouvoir : les recours contentieux devant le Conseil d'État (ou dans certains cas, le conseil de préfecture) à fin d'annulation d'un acte administratif contraire à la loi ou au droit objectif et lésant le requérant (particulier ou groupement) dans ses intérêts.
3 (Un, des excès). Chose, action qui dépasse la mesure ordinaire ou permise. ⇒ Abus, licence. || La passion l'a conduit à des excès. ⇒ Folie. || L'émulation conduit à des excès et à des prodiges (→ Concours, cit. 11). || Excès de langage : paroles peu respectueuses, peu courtoises. ⇒ Écart, incontinence.
14 Cet amour nouveau, la séparation le poussa aux excès de la passion.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., t. II, p. 341.
15 Les excès mêmes de notre civilisation vont donner des anachorètes.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XIV.
♦ Excès de table. ⇒ Bacchanale, gueuleton, orgie, ribote; intempérance. || Excès de conduite. ⇒ Débauche, débordement, dérèglement, noce, prouesse. || Il a fait des excès de conduite avant de se ranger (→ Faire les quatre cents coups). Absolt. || Faire des excès, un petit excès (→ Coffre, cit. 3). || Les excès l'ont usé. || Se garder de tout excès.
16 Ces hommes-là, avec des apparences quelquefois chétives, sont taillés en athlètes, bons pour l'orgie et pour le travail, prompts aux excès et capables d'étonnantes sobriétés.
Baudelaire, E. Poe, sa vie et ses œuvres, III.
17 (…) tous les excès coupables, depuis l'ivresse solitaire et concentrée du littérateur (…) jusqu'à l'ivrognerie la plus répugnante des faubourgs (…)
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Poème du hachisch », I.
♦ Abus de la force. ⇒ Violence; illégalité. || Les excès d'un tyran. ⇒ Cruauté, exaction. || Excès commis par la soldatesque (→ Chevaleresque, cit. 1; dragonnade, cit. 1). || Se livrer, se porter à des excès.
18 Il prévit à quels excès ils se porteraient (…)
♦ Dr. Violences d'un époux contre l'autre. ⇒ Sévices.
19 (…) les juges ne peuvent prononcer le divorce, à la demande de l'un des époux, que pour excès, sévices ou injures de l'un envers l'autre (…)
Code civil, anc. art. 232.
❖
CONTR. Absence, carence, défaut, déficit, économie, faute, indigence, insuffisance, manque, modération, pauvreté. — Abstinence, tempérance.
DÉR. Excessif.
Encyclopédie Universelle. 2012.