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faim

faim [ fɛ̃ ] n. f.
XIe; lat. fames
1Sensation qui, normalement, traduit le besoin de manger. Manger sans faim ni appétit. Avoir faim, très faim (fam.), grand-faim (littér.). Je n'ai plus faim. « Avoir faim [...] c'est avoir conscience d'avoir faim; c'est être jeté dans le monde de la faim, c'est voir les pains, les viandes briller d'un éclat douloureux aux devantures des boutiques » (Sartre). La faim règne dans le pays. disette, famine. Lutter contre la faim dans le monde. malnutrition, sous-alimentation. Mourir de faim : mourir d'épuisement par manque de nourriture. ⇒ inanition. Fig. Avoir une faim extrême. C'est un meurt-de-faim, un crève-la-faim. famélique. Faim maladive, insatiable. boulimie. Faim pressante. fam. fringale. Faim canine, faim dévorante. Avoir une faim de loup. Fam. J'ai une de ces faims ! (cf. Avoir l'estomac creux, vide, l'estomac dans les talons; avoir le ventre creux; fam. claquer du bec; avoir les crocs, la dalle, la dent; la crever, la sauter). Calmer, tromper sa faim. Médicament qui supprime la faim. anorexigène, coupe-faim. Loc. DONNER FAIM : causer la sensation de faim. Cette marche leur a donné faim. affamer, creuser. RESTER SUR SA FAIM : ne pas manger à satiété; fig. demeurer insatisfait. MANGER À SA FAIM, suffisamment. Ne pas manger à sa faim : manquer du nécessaire. PROV. La faim fait sortir le loup du bois : la nécessité d'assurer son existence, sa subsistance force à certains actes. La faim est mauvaise conseillère, conduit à des actes répréhensibles. — Grève de la faim.
2Fig. Appétit, besoin éprouvé. Avoir faim de tendresse, de liberté. désir, envie, soif. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! » ( BIBLE ).
⊗ CONTR. Anorexie, satiété. ⊗ HOM. Feint, fin.

faim nom féminin (latin fames) Ensemble des sensations provoquées par la privation de nourriture, qui incitent l'homme ou l'animal à rechercher des aliments, et que l'ingestion de nourriture fait disparaître (définition de l'O.M.S.) ; vif besoin de manger : Avoir une faim insatiable. Littéraire. Désir ardent de quelque chose : Avoir une faim dévorante de richesses. Situation de disette, de famine dans un pays, une région : Campagne contre la faim dans le monde.faim (citations) nom féminin (latin fames) Jacques Ancelot Le Havre 1794-Paris 1854 Académie française, 1841 Oui, mieux que la raison l'estomac nous dirige. L'Important Nicolas Joseph Florent Gilbert Fontenoy-le-Château, Vosges, 1750-Paris 1780 La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré ; S'il n'eût été qu'un sot, il aurait prospéré. Le XVIIIe Siècle Marcel, dit Jean Guéhenno Fougères 1890-Paris 1978 Académie française, 1962 L'histoire des hommes n'a jamais été que l'histoire de leur faim. La Foi difficile Grasset Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense, Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Fables, les Animaux malades de la peste Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé Prévost Hesdin 1697-Courteuil, près de Chantilly, 1763 Crois-tu qu'on puisse être bien tendre lorsqu'on manque de pain ? Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. La faim, mauvaise conseillère. Malesuada fames. L'Énéide, VI, 276 Bible Malheur à vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Évangile selon saint Luc, VI, 25 Robert Louis Balfour Stevenson Édimbourg 1850-Vailima, près d'Apia, îles Samoa, 1894 Un homme qui a faim n'est pas un homme libre. A hungry man is not a free man. Discours, 6 septembre 1952 bienheureux Jan Van Ruusbroec, dit l'Admirable Ruusbroec, près de Bruxelles, 1293-Groenendaal, près de Bruxelles, 1381 L'âme humaine est capable d'une faim sans assouvissement. De l'ornement des noces spirituelles, le quiétisme faim (difficultés) nom féminin (latin fames) Emploi Avoir faim. L'emploi de avoir faim avec un adverbe est aujourd'hui admis : avoir très faim, avoir si faim que..., avoir tellement faim que... → enviefaim (expressions) nom féminin (latin fames) Avoir faim, ressentir le besoin de manger. Avoir faim de quelque chose, avoir un vif besoin, une grande envie de quelque chose : Avoir faim de tendresse. Calmer, tromper sa faim, manger un peu pour diminuer un vif besoin de manger. Donner faim, ouvrir l'appétit, donner l'envie de manger. Faim de loup, faim dévorante, très grande faim. Faim douloureuse, douleur épigastrique, ressentie au cours de certaines affections du tube digestif (ulcère gastro-duodénal) ou au cours d'un accès d'hypoglycémie. Manger à sa faim, de telle sorte que ce besoin soit satisfait ; avoir le nécessaire pour vivre. Mourir, crever de faim, crever la faim, avoir très faim ; être dans un état de misère extrême. Rester sur sa faim, manger insuffisamment ou pas du tout ; demeurer insatisfait. ● faim (homonymes) nom féminin (latin fames) feins forme conjuguée du verbe feindre feint forme conjuguée du verbe feindre fin adjectif fin nom fémininfaim (synonymes) nom féminin (latin fames) Ensemble des sensations provoquées par la privation de nourriture, qui...
Synonymes :
- appétit
- fringale (familier)
Littéraire. Désir ardent de quelque chose
Synonymes :
- envie
- soif
Situation de disette, de famine dans un pays, une région
Synonymes :
- disette
- famine

faim
n. f.
d1./d Besoin, désir de manger. Avoir faim. Mourir, crever de faim. Ne pas manger à sa faim.
|| Rester sur sa faim: ne pas être rassasié; fig. être insatisfait.
|| Un crève-la-faim: V. ce mot.
d2./d Par ext. Malnutrition, sous-alimentation. Problèmes de la faim dans le monde.
d3./d Fig. Besoin, désir. Avoir faim de richesses. Syn. soif.

⇒FAIM, subst. fém.
A.— Sensation que fait éprouver le besoin ou l'envie de manger. Avoir faim; faim dévorante; une impression de faim. L'appétit est accompagné d'une sensation agréable, tant qu'il ne va pas jusqu'à la faim; la soif n'a point de crépuscule (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 128). Comme si le trouble qui me dominait avait laissé persister la sensation de l'inappétence ou de la faim (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 506) :
1. La faim s'était réveillée, intolérable, atroce. Ses membres dormaient; il ne sentait en lui que son estomac, tordu, tenaillé comme par un fer rouge.
ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 607.
2. — Pas faim! s'écria M. Henriot. À présent voilà qu'elle n'a pas faim! Est-ce qu'on est à table pour manger, oui ou non? Pas faim! C'est encore l'autre qui lui a coupé l'appétit.
ARLAND, Ordre, 1929, p. 246.
SYNT. Grande, grosse faim; faim excessive, insatiable, satisfaite; l'aiguillon, l'instinct de la faim; les affres, les tortures de la faim; dévoré, enragé de faim; poussé, pressé, tenaillé, torturé par la faim; aiguiser la faim, donner faim; apaiser, assouvir, calmer, couper, rassasier la faim; éprouver, sentir la faim; crier de faim, crier la faim, (vx) à la faim; manger sans faim, à sa faim; (pop.) avoir la faim aux dents, au ventre; il fait faim.
Expr. et loc.
Faim canine (vx). Maladie caractérisée par une faim excessive et insatiable. J'ai su plus tard que la pauvre femme était sujette à une maladie assez rare que le vulgaire appelle faim canine, et que nous autres savants nous baptisons du nom de « boulimie » (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 64).
Fam. Faim de loup, faim du diable. Très grande faim. Christiane (...) murmura (...) — J'ai une faim de loup. Je serai très honteuse de manger tant que ça devant ton ami (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 25).
Rem. On rencontre chez Nodier l'expr. synon. vieillie male-faim. Elle est en danger de mourir de male-faim, si vous ne lui portez aide, la malheureuse biquette! (NODIER, Trésor Fèves, 1833, p. 39).
Faim douloureuse (méd.). ,,Douleur épigastrique apparaissant lorsque l'estomac est vide chez les malades atteints d'un ulcère duodénal`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Il arrive qu'elles [des crampes] réveillent le malade la nuit et s'accompagnent d'une sensation de faim douloureuse (QUILLET Méd. 1965, p. 131).
Laisser qqn sur sa faim. Ne pas assouvir sa faim. Au fig. Ne pas répondre à l'attente, aux aspirations de quelqu'un. Tout te fait du mal. Tout te laisse sur ta faim (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 16).
Rester sur sa faim. Ne pas manger à satiété. Au fig. Être déçu dans son attente, ses espoirs. Si ému que je sois, et en totale union, bien sûr, avec cette immense foule de jeunes êtres priant et souffrant, cette année, je reste pourtant sur ma faim (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 87).
Tromper la/sa faim. Atténuer ou faire disparaître la sensation de faim de façon provisoire ou artificielle. Moi, je suçais des écorces d'orange pour tromper la faim (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 58). Au fig. Les pièces tristes nous font un bien semblable; aussi faut-il les tenir pour bien supérieures aux gaies, qui trompent notre faim au lieu de l'assouvir (PROUST, Plais. et jours, 1896, p. 200).
Proverbe. La faim chasse le loup hors du bois, fait sortir le loup du bois. La faim, la nécessité amène à faire ce qui est contraire à son tempérament, à ses goûts, à sa volonté. Cherche du pain de porte en porte. Dans ces jours-là on achète à bon marché les misérables. La faim fait sortir le loup du bois (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 63).
Rem. La Grammaire de l'Ac. et certains puristes condamnent la constr. avoir très faim et préconisent l'expr. avoir grand-faim. ,,Avant qu'il ne me l'ait fait remarquer je disais couramment :« j'ai très faim », ou « j'ai très sommeil », ou « j'ai très peur ». — Pourquoi pas tout de suite :« j'ai très courage », ou :« j'ai très migraine »? — m'a-t-il dit. Je crois comprendre la nuance, à laquelle j'avoue que je n'avais jamais songé; mais maintenant, par crainte de me tromper, je n'ose presque plus employer le mot « très ». On n'a pas toujours le temps de réfléchir si le mot qui va suivre est un substantif, un adjectif ou un adverbe... et du reste, je trouve que Robert va un peu loin`` (GIDE, École femmes, 1929, p. 1273). Cependant les expr. avoir assez faim, si faim, très faim, etc. sont aujourd'hui admises par l'usage et se rencontrent aussi bien dans la lang. littér. Dix milliers d'hommes, de femmes et d'enfants affamés, à qui l'honneur imposait de répondre qu'ils n'avaient pas encore assez faim (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 114).
B.— P. ext. Besoin de manger non satisfait; manque, privation de la nourriture nécessaire. La faim dans le monde; les camps de la faim; réduire, faire périr par la faim. Le paupérisme, le luxe, l'oppression, le vice, le crime, avec la faim, disparaîtront du milieu de nous (PROUDHON, Propriété? 1840, p. 346). Nos enfants, nos femmes, nos hommes subissent le régime de la faim et de la terreur (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 514) :
3. ... il faut que des mères épuisées par les privations n'offrent qu'une mamelle à moitié vide à leur nourrisson débile et pleurant; il faut, en un mot, que tout un peuple souffre de la faim.
COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 47.
Expr. et loc.
Faire la grève de la faim. S'abstenir de manger par mesure de protestation. Gandhi choisit de ne pas manger pour fléchir son adversaire. La grève de la faim est sans doute l'expérience rare qui révèle la nature vraiment humaine de nos besoins (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 90).
Mourir de faim. Mourir par manque de nourriture. Riche, jeune, belle, et mourir maigrie, vieillie par la faim, car elle mourra de faim! (BALZAC, Lys, 1836, p. 288). P. hyperb. Mourir de faim ou pop. crever de faim. Avoir une très grande faim. Je vous avouerai franchement que moi je meurs de faim. J'ai très mal déjeuné ce matin (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 597).
Au fig. Mourir de faim, crever de faim, crever la faim ou traîner la faim. Manquer des ressources matérielles nécessaires à la vie; être dans la pauvreté ou dans la misère. Une de ces familles qui crèvent de faim dans leurs demeures ancestrales (GREEN, Moïra, 1950, p. 21).
Rem. On rencontre les subst. composés masc. inv. un meurt-de-faim et un crève-la-faim désignant dans la lang. fam. « une personne misérable ». Les meurt-de-faim et de froid déshérités même du banc de pierre sous les ponts (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 260).
Loc. fam. Marier la faim et la soif. Marier deux personnes également dépourvues de fortune. Il l'a demandée en mariage; on l'a refusé, parce que c'était marier la soif et la faim (GONCOURT, Journal, 1856, p. 281).
C.— Au fig. Désir ardent, aspiration passionnée (à une chose d'ordre matériel ou moral). Faim intellectuelle, religieuse, sensuelle; la faim du cœur; avoir faim de bonheur, de liberté, de justice. La faim insatiable des richesses, des honneurs (Ac. 1798-1878). Une faim dévorante l'entraîne; elle est pressée par la faim de la vérité et par l'indigence de l'esprit (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 256). Une sorte de frénésie me possédait. J'avais faim de honte et de danger (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 292) :
4. Il n'est qu'une faim, vous entendez, rien qu'une, qui permette à l'homme de trouver sa sincérité au fond de son appétit... Je l'appelle la faim de connaissance, ou de vérité, ou encore la troisième faim, pour la distinguer des deux autres, vulgaires, qu'on satisfait avec des femmes ou avec le pouvoir...
ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 59.
[Avec un inf. compl.] Si pressante que fût la fringale des estomacs, on avait encore plus faim de parler (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 216) :
5. Tu me rends la caresse d'être
Tu me rends la soif et la faim
De vivre encore et de connaître
Notre histoire jusqu'à la fin
(...).
ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 171.
Rem. gén. La plupart des dict. ne relèvent pas l'emploi du mot au plur. Il est cependant bien attesté ds la docum. Il n'y avait là que des faims nerveuses, des caprices d'estomacs détraqués (ZOLA, Nana, 1880, p. 1177). Les faims d'argent et de bien-être et tous les durs intérêts des hommes (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 175).
Prononc. et Orth. :[]. MART. Comment prononce 1913, p. 130 : ,,À la fin des mots, s'il n'y a pas de consonne à la suite, la finale nasale est toujours écrite avec un n (...) Il faut excepter dam (...), daim, faim, essaim, étaim (...) thym, nom (...), parfum. `` Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. XIe s. « besoin de manger » (St Alexis, éd. Chr. Storey, 398); 2. ca 1200 « envie de, désir » (1e Continuation de Perceval, éd. W. Roach, Ms E, 143 : Tuït dïent qu'il n'ont si grant fain De riens con de veoir Gauvain). Du lat. fames de mêmes sens. Fréq. abs. littér. :4 100. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 126, b) 6 525; XXe s. : a) 7 732, b) 5 768. Bbg. MARTIN (E.). Si l'expr. il fait faim est fr. Le Courrier de Vaugelas. 1874/75, t. 5, pp. 124-125. — THOMASSON (De). Semantica francese : faim et soif. Lingue (Le) del Mondo. 1961, t. 26, p. 179, 192.

faim [fɛ̃] (l'm ne se lie jamais) n. f.
ÉTYM. XIe; du lat. fames, famis, même sens.
1 Sensation qui, normalement, accompagne le besoin de manger. || Manger sans faim ni appétit (cit. 6).Loc. Faim « d'inanition » (pathol.), causée par le jeûne, la sous-alimentation, les privations (→ Avoir, cit. 16).Être miné, rongé, dévoré par la faim. || Les affres (cit. 2) de la faim. || Être torturé par la faim. || Mourir de faim : mourir d'inanition. → ci-dessous le sens « avoir faim ». || La faim règne dans le pays. Famine.Faim maladive, insatiable. Boulimie, polyphagie. || Sentir la faim. || Faim pressante. Fringale. || Faim vorace, dévorante, canine (→ Canin, cit. 2).Avoir une faim de loup, du diable (fam.). Affamé; vx alouvi; estomac (avoir un creux dans l'estomac, l'estomac creux, vide, l'estomac dans les talons, des crampes d'estomac; son estomac crie famine), ventre (avoir le ventre creux); fam. bec (claquer du), crever (la), croc, crochet, dalle, dent (avoir les crocs, les crochets, la dalle, la dent), lanterne (vx : avoir la lanterne, se taper sur la lanterne), long (les avoir longues), sauter (la). || Apaiser (→ Effacer, cit. 10), calmer, assouvir, rassasier, satisfaire, tromper sa faim. || Mets qui coupe la faim. Abat-faim, coupe-faim; matefaim. || Médicament qui supprime la faim. Anorexigène.
1 Certain renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des raisins mûrs apparemment (…)
La Fontaine, Fables, III, 11.
2 La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense,
Quelque diable aussi me poussant (…)
La Fontaine, Fables, VII, 1.
3 (…) cette diète rigoureuse (…) échauffait ma poitrine malade; je commençais à avoir de la peine à marcher (…) Cinq jours s'écoulèrent de la sorte. La faim me dévorait; j'étais brûlant; le sommeil m'avait fui; je suçais des morceaux de linge que je trempais dans l'eau; je mâchais de l'herbe et du papier. Quand je passais devant des boutiques de boulangers, mon tourment était horrible. Par une rude soirée d'hiver, je restai deux heures planté devant un magasin de fruits secs et de viandes fumées, avalant des yeux tout ce que je voyais : j'aurais mangé, non seulement les comestibles, mais leurs boîtes, paniers et corbeilles.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 84.
4 Deux jours après, le temps redevint pur et la faim les reprit. Il leur semblait parfois qu'on leur arrachait l'estomac avec des tenailles. Alors, ils se roulaient saisis de convulsions, jetaient dans leur bouche des poignées de terre, se mordaient les bras et éclataient en rires frénétiques.
Flaubert, Salammbô, XIV, p. 310.
5 (…) on ne pouvait continuer ainsi à vivre sans manger ! Elle ne sentait plus sa faim; seulement, elle avait un plomb dans l'estomac, tandis que son crâne lui semblait vide.
Zola, l'Assommoir, t. II, p. 212.
6 (…) la vie a deux pôles, la faim et l'amour.
France, la Rôtisserie de la Reine Pédauque, Œ., t. VIII, p. 239.
Avoir faim : ressentir la faim. || Maman, j'ai faim. || Je n'ai plus faim, j'ai assez mangé. || Elle n'a jamais faim. || Tu n'as pas faim, toi ?Fam. || Avoir très faim (cour., critiqué; → ci-dessous, cit. 17 et supra).Littér. || Avoir grande faim.Littér. || Avoir faim de qqch. — ☑ Fam. J'ai une de ces faims !
7 Tu as faim, tu as faim ? Le beau malheur. Tu n'es pas le seul, tu sais, en ce bas monde. Il y en a d'autres. Et qui te valent bien ! D'ailleurs, ce n'est pas une mauvaise chose que tu restes sur ta faim, un soir. Probable, au foin que tu en fais, que c'est la première fois que ça t'arrive. On ne crève pas de se coucher le ventre creux (…) Ça t'apprendra la vie (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 371.
8 J'ai connu une jeune femme qui souffrait d'un ulcère à l'estomac. Lorsqu'elle était restée longtemps sans prendre de nourriture, elle ressentait une vive douleur et comprenait alors qu'il fallait manger. Seulement cette jeune femme ne disait pas qu'elle avait faim. Elle ne le pensait pas non plus : elle supposait que les douleurs dont elle souffrait disparaîtraient si elle s'alimentait. Avoir faim, au contraire, c'est avoir conscience d'avoir faim; c'est être jeté dans le monde de la faim, c'est voir les pains, les viandes briller d'un éclat douloureux aux devantures des boutiques, c'est se surprendre à rêver d'un poulet.
Sartre, Situations I, p. 239.
Donner faim : causer la sensation de faim. || L'odeur nous donne faim. || La marche leur a donné faim. Appétit; affamer, creuser.
Manger à sa faim, suffisamment. || Ne pas manger à sa faim : manquer du nécessaire (→ Cela, cit. 6; déjeuner, n., cit. 4).
Rester sur sa faim : continuer à avoir faim après avoir mangé. Fig. Ne pas obtenir autant qu'on attendait (d'un spectacle, d'une lecture, etc.).
Mourir (supra cit. 40), crever (cit. 25) de faim (→ ci-dessous, cit. 10, 11.1, 12) : fig. avoir une faim extrême.Dans des comp. || C'est un crève-la-faim (→ Crever, cit. 1), un meurt-de-faim. Famélique, meurt-de-faim. — ☑ Crier la faim : être pressé du besoin de manger. — ☑ Prendre qqn par la faim, le faire céder en lui coupant les vivres.Prov. La faim chasse le loup hors du bois, fait sortir le loup du bois (cit. 20) : la nécessité d'assurer son existence, sa subsistance force à certains actes. — ☑ La faim est mauvaise conseillère, elle conduit à des actes répréhensibles. — ☑ C'est la faim et la soif (vx), deux besoins, deux manques.
9 Nécessité fait gens méprendre (mal agir)
Et faim saillir le loup du bois.
Villon, le Testament, XXI.
10 Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
La Fontaine, Fables, I, 5.
11 Bussy (…) veut toujours marier sa fille, avec le comte de Limoges : c'est la faim et la soif ensemble (…)
Mme de Sévigné, 357, 15 déc. 1673.
11.1 (…) puisque tu ne veux pas profiter des secours que je t'offre, arrange-toi comme il te plaira; tu me dois, demain de l'argent, ou la prison. — Madame ayez pitié… — Oui, oui, pitié; on meurt de faim avec la pitié.
Sade, Justine…, t. I, p. 24-25.
12 Les soyeux de Lyon qui, sous la monarchie de Louis-Philippe, laissaient crever de faim leurs ouvriers, ne se mettaient pas à la place de ces frères inférieurs, non plus que M. Cavaignac dont on connaît la parole fameuse devant la Chambre, après l'insurrection de Lyon : « Il faut que les ouvriers sachent bien qu'il n'y a pas de remèdes pour eux que la patience et la résignation. »
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 297.
13 N'aie pas peur, ma chérie, il te reviendra, la faim chasse le loup du bois. Quand il aura assez mangé de vache enragée (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, XIX.
2 Fig. Appétit, besoin éprouvé. || Faim intellectuelle. Appétit, besoin, désir, envie, soif. || Faim de gloire, d'honneurs ( Ambition, cit. 1), de richesses ( Avidité, cupidité).
Avoir faim de… (qqch.).
14 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
Bible (Crampon), Évangile selon saint Matthieu, V, 6.
15 C'est une faim insatiable d'avoir et de posséder.
La Bruyère, les Caractères, VI, 28.
16 Nathanaël, que toute émotion sache te devenir une ivresse. Si ce que tu manges ne te grise pas, c'est que tu n'avais pas assez faim.
Gide, les Nourritures terrestres, livre II.
16.1 Personne n'avait oublié la faim qui ronge, non seulement la faim des aliments, mais toute la faim, la faim d'espoir et de libération, la faim de tout ce qui manque et creuse le vertige sur le sol, la faim qui pousse en avant dans le nuage de poussière au milieu des troupeaux hébétés, la faim qui fait gravir la pente des collines jusqu'au point où il faut redescendre avec, devant soi, des dizaines, des centaines d'autres collines identiques.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 52.
REM. Les expressions avoir très faim, si faim pour « avoir grand-faim, si grand-faim, tellement faim » sont réprouvées par la Grammaire de l'Académie, mais l'usage les admet de plus en plus et on les trouve dans les meilleurs auteurs.
17 Je t'en prie, n'arrive pas après huit heures et quart parce que j'ai très faim.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 241.
18 (…) comme il lui en voulait de ne pas penser à eux, de ne même pas se douter qu'il leur mangeait leur part ! Il avait si faim qu'il le haïssait et qu'il aurait voulu le lui dire (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, II.
CONTR. Écœurement, inappétence, satiété. — Dégoût.
COMP. Abat-faim, coupe-faim, malefaim, matefaim. — Crève-la-faim, faim-calle ou faim-valle, meurt-de-faim. — V. Affamer.
HOM. Feint (p. p. de feindre), fin.

Encyclopédie Universelle. 2012.