appétit [ apeti ] n. m.
• apetit 1180; lat. appetitus « désir »
1 ♦ Un, des appétits. Mouvement qui porte à rechercher ce qui peut satisfaire un besoin organique, un instinct. ⇒ appétence, besoin, désir, inclination, instinct, tendance. Appétits naturels. Appétit sexuel. ⇒ concupiscence, désir. « Une tendresse avide de câlineries, sans aucun des appétits de brute » (Courteline).
2 ♦ (XIIIe) L'appétit. Désir de nourriture, plaisir que l'on trouve à manger. Avoir de l'appétit, beaucoup, peu d'appétit. Un bon, gros, robuste, solide appétit (cf. Avoir un bon coup de fourchette). Un appétit d'ogre. ⇒ gloutonnerie, voracité. Un appétit d'oiseau. Un appétit maladif. ⇒ boulimie. Manger avec appétit, d'un bon appétit. Manger sans appétit, du bout des dents. ⇒ chipoter. Donner de l'appétit. ⇒ faim ; apéritif; fam. creuser (cf. Ouvrir l'estomac). Mettre en appétit. ⇒ affriander, affrioler, allécher (cf. Faire venir l'eau à la bouche). Perdre l'appétit (⇒ anorexie) . L'émotion lui a coupé l'appétit. — Bon appétit, souhait qu'on adresse à qqn qui mange ou va manger. Abrév. fam. Bon app [ bɔnap ]. — PROV. L'appétit vient en mangeant; fig. plus on a, plus on veut avoir.
3 ♦ Par ext. Appétit de : désir pressant de (qqch.). ⇒ aspiration, curiosité, désir, goût, passion, soif. « un appétit de bonheur insatiable [...] et un besoin d'aimer dévorant » (Maupassant). « L'appétit de savoir naît du doute » (A. Gide).
⊗ CONTR. Anorexie, dégoût, dysorexie, inappétence, répugnance, répulsion, satiété.
● appétit nom masculin (latin appetitus, désir) Littéraire. Inclination par laquelle on est porté à désirer quelque chose ; désir : Appétit de possession, de bonheur. Désir de manger, sensation de faim : Ce récit m'a coupé l'appétit. ● appétit (citations) nom masculin (latin appetitus, désir) Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 La société est composée de deux grandes classes : ceux qui ont plus de dîners que d'appétit et ceux qui ont plus d'appétit que de dîners. Maximes et pensées François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 L'appétit vient en mangeant, […] la soif s'en va en buvant. Gargantua, 5 ● appétit (expressions) nom masculin (latin appetitus, désir) Appétit de loup, d'ogre, violent appétit. Appétit d'oiseau, très petit appétit. Appétit sexuel, manifestation du désir sexuel, de la sexualité. Avoir bon appétit, manger beaucoup. Bon appétit !, souhait adressé à quelqu'un avant le repas. Mettre quelqu'un en appétit, lui donner le désir de manger ; lui donner l'envie de faire quelque chose, de poursuivre une action, de connaître la suite de quelque chose. Rester sur son appétit, rester sur sa faim, n'être pas satisfait dans ses désirs. ● appétit (synonymes) nom masculin (latin appetitus, désir) Littéraire. Inclination par laquelle on est porté à désirer quelque chose ; désir
Synonymes :
- faim
- passion
- soif
Contraires :
- dégoût
- horreur
- répugnance
- répulsion
Désir de manger, sensation de faim
Synonymes :
- appétence
- appétition
Contraires :
- anorexie
- inappétence
- satiété
appétit
n. m.
d1./d Besoin, plaisir de manger. Manger de bon appétit. Avoir un gros appétit.
— (Prov.) L'appétit vient en mangeant: plus on a de biens, plus on en désire.
|| (Plur.) Inclination qui a pour objet la satisfaction d'un besoin organique. Appétits sexuels. Syn. besoin, désir.
d2./d Par ext. Désir impérieux de qqch. Appétit d'honneurs.
⇒APPÉTIT, subst. masc.
I.— Inclination liée à une fonction naturelle, ayant pour objet le bien-être de l'organisme :
• 1. L'appétit se distingue particulièrement du désir en ce qu'il n'est pas constant, mais périodique, et qu'apaisé pour un temps il renaît après des intervalles déterminés.
COUSIN, Hist. de la philos. mod., 1847, p. 583.
A.— Plus spéc.
1. Désir sexuel. Appétit sensuel, sexuel :
• 2. L'amour, pour le monde, n'est qu'un appétit charnel, ou un penchant vague que la jouissance éteint et que l'absence détruit. Voilà pourquoi tu as entendu dire, par un étrange abus de mots, que les passions ne duraient pas.
HUGO, Lettres à la fiancée, 1821, p. 54.
2. Désir de manger. Grand appétit, perdre l'appétit, satisfaire l'appétit :
• 3. ... le corps humain, cette machine si compliquée, serait bientôt hors de service, si la providence n'y avait placé un ressort qui l'avertit du moment où ses forces ne sont plus en équilibre avec ses besoins. Ce moniteur est l'appétit. On entend par ce mot la première impression du besoin de manger.
BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 59.
• 4. Capevirade avait faim mais pas d'appétit, pas d'amitié pour les aliments.
A. ARNOUX, Double chance, 1958.
♦ Appétit de loup. Grand, violent appétit. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle).
♦ Appétit d'oiseau. Très petit appétit (cf. Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.).
♦ Bon appétit. Souhait que l'on adresse à quelqu'un qui mange ou va manger :
• 5. — Bon appétit, dit Mathieu. Ils rirent : tout le monde savait qu'il n'y avait plus rien à manger dans le village;...
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 137.
— Au fig., p. iron. (cf. HUGO, Ruy Blas, 1838, III, 2).
♦ Couper l'appétit. Ôter l'appétit, l'envie de manger, la faim (cf. Lar. 19e, GUÉRIN 1892).
SYNT. Appétit formidable, furieux, féroce, vorace; robuste appétit; aiguiser, exciter, assouvir, réveiller l'appétit.
3. [S'applique également aux animaux en parlant de leurs inclinations] :
• 6. « (...) Il faut les voir [les bestiaux] libres dans nos champs, plus libres encore dans nos forêts, où ils passent une partie de leur vie; c'est là que l'expérience développe leurs facultés, et que, dans plusieurs circonstances, l'instinct m'a paru s'élever au niveau de la raison ». « Ainsi que nous, les êtres doués de cette première faculté ont des passions, c'est-à-dire, des appétits qui les excitent, des desirs, des rapports entr'eux, sur-tout dans un grand troupeau; conséquemment, des nuances dans leurs caractères; ... »
CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 2, 1801, p. 256.
B.— P. ext. Désir vif, goût prononcé et presque sensuel pour un objet autre que la satisfaction d'un besoin naturel de l'organisme. Appétit d'argent, de gloire :
• 7. J'ai dit que les esprits les plus romanesques étaient les plus positifs, et, quoique cela ressemble à un paradoxe, je le maintiens. Le penchant romanesque est un appétit du beau idéal. Tout ce qui, dans la réalité vulgaire, gêne cet élan est facilement mis de côté et compté pour rien par ces esprits logiciens à leur point de vue.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 15.
• 8. Je ne donne pas, cependant, Maurice de Saxe en tout comme un sage; il avait aussi ses exigences à lui, ses appétits de cupidité, ses bouffées d'ambition.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 11, 1863-69, p. 103.
• 9. Nous aurons à montrer plus loin pourquoi la langue courante parle du besoin en un sens plus large : besoin de lumière, de musique, d'amitié, etc.; il semble dès le début que cette extension de sens tient à deux raisons : les besoins au sens large ont une ressemblance matérielle avec les appétits par la note de manque qu'elles comportent et la révélation affective généralisée d'une lacune au cœur de l'existence; ...
RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949, p. 85.
SYNT. Appétit d'autorité, de domination, de gain; — de bonheur, d'héroïsme, d'indépendance; — de malheur, de vengeance.
C.— Loc. et proverbes (attestés ds la docum. et/ou ds les dict. généraux)
♦ À l'appétit de, loc. prép. ,,Faute de vouloir dépenser, ou par envie d'épargner. Il a laissé tomber sa maison, à l'appétit d'une centaine de pistoles qu'il fallait dépenser pour la réparer. À l'appétit d'un écu, il a laissé mourir un cheval de cinquante louis.`` (Ac. 1835).
Rem. Enregistré ds la plupart des dict. gén. du XIXe s.; n'est plus attesté ds ceux du XXe siècle.
♦ L'appétit vient en mangeant. Au fig., plus on a de biens ou d'honneurs, plus on désire en acquérir.
♦ Avec appétit, de tout son appétit, loc. adv. Avec entrain, de tout cœur (cf. Lar. 19e-Lar. 20e).
♦ Avoir l'appétit ouvert de bon matin. Au fig., ,,rechercher prématurément quelque chose d'utile et d'agréable`` (Ac. 1798-1932).
♦ C'est un homme de bon, de grand, de haut appétit, qui a bon appétit. Se dit de quelqu'un qui recherche avec avidité fortune, honneurs, qui veut ajouter à ce qu'il possède et à qui tout semble bon.
♦ Vieilli. Chercher, prendre ses appétits. Choisir les mets pour lesquels on a le plus d'appétit ou de goût.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. seulement.
♦ Demeurer, rester sur son appétit. Au fig., ne pas être entièrement satisfait dans ses désirs, ses goûts, ses prétentions.
♦ Il n'est chère (sauce) que d'appétit. ,,La faim assaisonne tous les mets.`` (Ac. 1798-1932).
II.— Emplois spéc.
A.— PHILOS. SCOLAST. Tendance qui porte l'âme à désirer le bien connu, qu'il soit sensible (appétit sensible, synon. de désir : concupiscible quand il recherche le bien, irascible quand il évite le mal), spirituel ou rationnel (appétit raisonnable ou rationnel, synon. de volonté) :
• 10. Dans l'ordre moral, les premiers faits qui se rencontrent sont encore du nombre de ceux où l'âme se montre passive : c'est pourquoi on les nomme excellemment passions. Il serait long de les énumérer. Mais toutes se ramènent à des dispositions antérieures, qu'on appelle appétits. Il y a trois sortes d'appétits : le premier, naturel, qui n'a point conscience de soi, et qui est la tendance irrésistible de tous les êtres physiques à la satisfaction de leurs besoins; le second, sensitif, qui a son mobile externe dans les choses sensibles, et qui est concupiscible, ou irascible, tour à tour; le troisième, intellectuel, dont l'objet n'est appréciable qu'à la pensée.
OZANAM, Essai sur la philos. de Dante, 1838, p. 139.
• 11. Dans le domaine des faits, Platon avait ébauché une classification des opérations mentales, qui distinguait l'intelligence, les émotions nobles et les appétits inférieurs; la classification d'Aristote, sans se libérer des préoccupations ontologiques, apparaît plus méthodique en définissant quatre fonctions de l'âme : nutritive, sensitive, motrice, intellectuelle.
Hist. de la science, 1957, p. 1630.
B.— ART CULIN., surtout au plur. Hors-d'œuvre ou assaisonnements excitant l'appétit.
1. Nom donné à certaines herbes apéritives (ciboule, ciboulette, etc.) utilisées dans les salades ou dans les sauces pour en relever le goût :
• 12. Nous avons l'honneur d'habiter le même hôtel que cette jeune et illustre personne, affublée d'une tendre mère de Bordeaux qui à table d'hôte réclame des « appétits » dans la salade...
A. DAUDET, Numa Roumestan, 1881, p. 187.
2. Harengs n'ayant reçu qu'un demi-apprêt, peu salés et peu fumés.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.
PRONONC. ET ORTH. :[apeti]. LITTRÉ indique que le t ne se lie pas, contrairement au s de plur. Enq. :/apeti/. FÉR. Crit. t. 1 1787 admet une var. graph. apétit.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1180 « vif désir de qqc. » (Vie de St Evroult, 2237 d'apr. BARB. Misc. t. 2 1925, p. 94 : Donner don grant ou petit Par amour o grant apetit); 1370-72 philos. appetit sensitif « faculté de désirer » (ORESME, Ethiques, 54 ds LITTRÉ : Encore appert il que l'appetit sensitif obeist aucunement à raison), repris dep. RICH. 1680; ca 1398 loc. adv. à l'appétit de « à cause du désir de » (E. DESCHAMPS, Poesies, Richel. 840, f° 55a ds GDF. : A apetit d'aucuns fault estre duit, Et que francs cuers au felon s'umilie), qualifié de ,,vieilli``, par Ac. 1835; av. 1695 « désir amoureux » (LA FONTAINE, Serv. ds LITTRÉ : Fille pleine de suc et donnant appétit); 2. ca 1256 appetit « désir [de nourriture] » (ALEBRANT, f° 16 ds LITTRÉ : Il ara petit appetit de mengier et grant talent de boire); 1534 absol. (RABELAIS, Gargantua, ch. 23, ligne 54, éd. Lefranc, 1913, p. 219); 1534 proverbe l'appétit vient en mangeant (ID., Ibid., ch. 5, ligne 108, ibid., p. 62); 1573 id. fig. (DU VERDIER, Prosopographie ds Dict. Hist. Ac. fr. t. 3, p. 421); 1546 loc. ouvrir l'appétit (RABELAIS, Tiers livre, ch. 2, ligne 114, éd. Screech, 1964, p. 34); av. 1695 bon appétit (LA FONTAINE, Fables, I, 18 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 420).
Empr. au lat. appetitus « vif désir » (CICÉRON, Fin., 2, 32 ds TLL s.v., 282, 4; spéc. en parlant de nourriture (Ve s., CAELIUS AURELIANUS, Chron., 2, 14, 198, ibid., 282, 53).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 059. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 192, b) 3 866; XXe s. : a) 3 442, b) 2 744.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — BACH.-DEZ. 1882. — BAUDR. Pêches 1827. — BOUILLET 1859. — BRUANT 1901. — Canada 1930. — DARM. Vie 1932, p. 66. — DUB. Pol. 1962, p. 72, 187. — DUMAS 1965 [1873]. — Foi t. 1 1968. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — FRANCK 1875. — GOBLOT 1920. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 50, 159. — LACR. 1963. — LAF. 1878. — LAFON 1969. — LAL. 1968. — Lar. méd. 1970. — Lar. mén. 1926. — LE ROUX 1752. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — Méd. Biol. t. 1 1970. — MONT. 1967. — NYSTEN 1824. — PIERREH. 1926. — PIERREH. Suppl. 1926. — PIÉRON 1963. — PIGUET 1960. — POMM. 1969. — PRIVAT-FOC. 1870. — REMIG. 1963.
appétit [apeti] n. m.
ÉTYM. V. 1180, apétit; du lat. appetitus « désir », de appetere. → Appéter.
❖
1 (Un, des appétits). Mouvement qui porte à rechercher ce qui peut satisfaire un besoin organique, un instinct. ⇒ Appétence, appétition, besoin, inclination, instinct, tendance. || Appétits naturels. || Appétit sexuel. ⇒ Concupiscence, désir. || Appétits brutaux. || Assouvir de bas appétits. || Réduire l'homme aux appétits les plus grossiers (⇒ Animaliser, animalité). — Hist. philos. (scolast.). || Appétit naturel, appétit sensitif (concupiscif ou irascible), appétit intellectuel.
REM. Cet emploi est en général vieilli, sauf en termes de religion (appétit concupiscible, → cit. 2). L'emploi absolu (« instinct ») appartient seulement à la langue classique :
1 La liberté, les bois, suivre leur appétit,
C'était leurs délices suprêmes (…)
La Fontaine, Fables, XII, 1.
2 Les philosophes appellent appétit concupiscible celui où domine le désir.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu…, I, 6.
3 (…) la partie animale
Dont l'appétit grossier aux bêtes nous ravale.
Molière, les Femmes savantes, I, 1.
4 Ses traits mâles et bouleversés (…) annonçaient les ressources inépuisables de sens fougueux et les appétits de l'instinct (…)
Balzac, Séraphîta, III, Pl., t. X, p. 522.
♦ Spécialt. || Les appétits (érotiques, sexuels). → ci-dessous 3.
5 Saint Augustin enseigne que, quand l'Écriture nous exhorte à résister aux démons, elle entend que nous devons résister à nos passions et à nos appétits déréglés.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, p. 213.
♦ Vx. || Les appétits (alimentaires) : la faim, l'appétit (2.).
5.1 Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
La Fontaine, Fables, VII, 2.
2 L'appétit. a (1256). Cour. Désir de nourriture, plaisir que l'on trouve à manger. || Avoir de l'appétit, beaucoup, peu d'appétit. || Un bon, grand, gros, robuste, solide appétit. || Il a (un) gros appétit. || Un appétit pantagruélique. || Un appétit d'enfer, de loup, d'ogre, d'ogresse (→ Ogre, cit. 2), violent, vorace. || Un appétit d'oiseau, très léger. || Un petit appétit. || Un appétit glouton. ⇒ Gloutonnerie, voracité. || Un appétit excessif, immodéré, insatiable, maladif. ⇒ Boulimie. || Dépravation de l'appétit. ⇒ Malacie, pica. || Manger avec appétit, d'un bon appétit. || Manger sans appétit, du bout des dents. ⇒ Chipoter. || Avoir de l'appétit, bon appétit, beaucoup d'appétit. || Elle n'a aucun appétit. || Avoir moins d'appétit qu'on ne croyait (→ Avoir les yeux plus grands que la panse, que le ventre). ⇒ Gourmandise. || Donner de l'appétit à qqn, creuser (fam.). || Aiguiser, éveiller, exciter l'appétit de qqn. ⇒ Affriander, affrioler, allécher (→ Faire venir l'eau à la bouche). || Qui augmente, provoque, stimule, ouvre l'appétit. ⇒ Apéritif. || Reprendre de l'appétit. || L'appétit vient, revient. || Un mets de haut goût, qui réveille l'appétit. || Assouvir, contenter, rassasier, satisfaire son appétit. || Manger à son appétit. || Couper, émousser, gâter, faire passer l'appétit. || Perdre l'appétit. || Il en perd l'appétit. — En appétit. || Mettre, remettre qqn en appétit.
6 La faim est essentiellement l'expression d'un besoin, elle ne peut être ni provoquée ni excitée, comme l'appétit. Celui-ci se prononce pour tel aliment de préférence à un autre; la faim appelle également toute espèce d'aliment pour lequel on n'a pas de répugnance. En mangeant on apaise toujours la faim, tandis qu'on donne quelquefois lieu à l'appétit de se développer.
Littré, Dict., art. Appétit.
7 Se dit plus particulièrement de la faim, du désir de manger. Ce malade a perdu l'appetit, il a un appetit desréglé; les salives excitent l'appetit.
Furetière, Dict., art. Appétit.
8 Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit.
La Fontaine, Fables, VII, 5.
9 Après quelques moments l'appétit vint (…)
La Fontaine, Fables, VII, 5.
10 Jupiter, s'il était malade,
Reprendrait l'appétit en tâtant d'un tel mets.
La Fontaine, Fables, XI, 6.
11 Leur effet naturel (des eaux) est d'ouvrir l'appétit.
Racine, Lettres.
12 Le gourmand trouve des bornes dans son appétit, quelque déréglé qu'il soit (…)
Bossuet, Traité de la concupiscence, 9.
13 Il n'y a point naturellement pour l'homme de médecin plus sûr que son propre appétit (…)
Rousseau, Émile, L, II.
13.1 Comprenant qu'elle avait trop maigri (…) elle cherchait de l'appétit sur les routes et dans les bois voisins, et bien qu'elle rentrât fatiguée et sans faim, elle s'efforçait de manger beaucoup.
Maupassant, Fort comme la mort, II, II, éd. 1889, p. 184.
14 (…) l'idée de manger des calories me gâte l'appétit.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, II, p. 38.
♦ Fig. || Un homme de bon, de grand, de haut appétit, qui recherche avidement argent, faveurs, places.
♦ ☑ (XVIIe). Bon appétit !, souhait adressé à une personne qui va manger, commence de manger (Abrév. très fam. en bon app' ! [bɔnap]). — Allus. littéraire :
15 Bon appétit, messieurs ! ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison.
Hugo, Ruy Blas, III, 2.
♦ ☑ Prov. (vx). Il n'est chère (ou sauce) que d'appétit : la faim est le meilleur assaisonnement. ☑ L'appétit assaisonne tout.
16 Tout ce qu'on boit est bon, tout ce qu'on mange est sain (…)
Et mieux que Bergerat (célèbre traiteur) l'appétit l'assaisonne.
Boileau, Épîtres, VI.
♦ ☑ (1534). Mod. et cour. L'appétit vient en mangeant : plus on mange, plus on a faim. Fig. Plus on a, plus on veut avoir.
17 L'appétit vient en mangeant, disait Angest (…) la soif s'en va en buvant.
Rabelais, Gargantua, I, 5.
♦ Avoir l'appétit ouvert : avoir faim. — Au fig. (vx). || Avoir l'appétit ouvert de bon matin : désirer.
18 Vous avez l'appétit ouvert de bon matin :
D'hier au soir seulement vous êtes dans la ville (…)
Et déjà vous cherchez à pratiquer l'amour !
Corneille, le Menteur, I, 1.
♦ ☑ Demeurer, rester sur son appétit, se dit, au fig., pour : n'être point satisfait dans son désir, dans ses prétentions.
b Par métonymie. (XVIIe). Cuis. || Les appétits : herbes aromatiques et apéritives. || La ciboule, la ciboulette, la civette, l'oignon sont des appétits.
18.1 Au XVIIe siècle, on entendait dans les rues de Paris le refrain du marchand d'herbes : Je vends oignons et échalotes / Que l'on crie bons appétits.
Dict. de l'Académie des gastronomes, p. 70.
19 C'est un abatis de poulet que je vous fais réchauffer. J'y mets quelques oignons pour allonger la sauce, avec quelques appétits.
J.-R. Bloch, Sybilla, V.
3 (XVIIe). Vieilli. || Appétit charnel, sensuel, sexuel, vénérien. ⇒ Concupiscence, convoitise, désir.
♦ Absolt, vx. || Leur beauté aiguisait (cit. 8) l'appétit. || Agacer l'appétit (de qqn), exciter; → Accort, cit. 3.
20 Elle était fille à bien armer un lit,
Pleine de suc, et donnant appétit (…)
La Fontaine, Contes, II, 6.
20.1 Une pareille bonne fortune à son âge était inespérée. Elle se jeta dessus avec un appétit d'ogresse.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, IV.
4 Mod. || Appétit de : désir pressant de (qqch.). ⇒ Aspiration, attrait, curiosité, désir, faim (fig.), goût, passion, soif. || Appétit d'argent, de culture, de gloire.
21 Le penchant romanesque est un appétit du beau idéal.
G. Sand, Histoire de ma vie, t. III, p. 15.
22 L'amour, après tout, n'est qu'une curiosité supérieure, un appétit de l'inconnu (…)
Flaubert, Correspondance, t. I, p. 156.
23 Elle se sentait une âme vivace et fraîche, un cœur toujours jeune, l'ardeur d'un être qui commence à vivre, un appétit de bonheur insatiable, plus vorace même qu'autrefois, et un besoin d'aimer dévorant.
Maupassant, Fort comme la mort, p. 311.
24 Croyez-vous que cette soif de bien-être soit un signe des temps ? Les hommes n'ont eu à aucune époque l'appétit du malaise. Ils ont toujours cherché à améliorer leur état.
France, le Crime de S. Bonnard, p. 427. → Améliorer, cit. 2.
25 Même chez un condamné, un mort en sursis, il y a un tel appétit de projets, d'espérances !
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 15.
26 Jacques, sans bien entendre, se serrait contre Antoine, avec un appétit soudain de tendresse.
Martin du Gard, les Thibault, II, 3.
27 L'appétit de savoir naît du doute.
Gide, les Nouvelles Nourritures, p. 149.
28 L'appétit de souffrir est, lui aussi, une concupiscence.
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 71.
29 Le besoin de survivance est si vif chez nous, femmes, et si féminin l'appétit de victoire physique !
Colette, l'Étoile Vesper, p. 74.
❖
CONTR. Anorexie, dégoût, dysorexie, inappétence, répugnance, répulsion, satiété.
DÉR. Appétissant, appétitif, appétition.
Encyclopédie Universelle. 2012.