1. farder [ farde ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Mettre du fard à (qqn), sur son visage, sa peau. ⇒ maquiller. Farder un acteur. ⇒ grimer. Se farder les yeux. ⇒ se faire. « Quand elle avait fini de se parfumer, de se farder les yeux, les lèvres, les joues » (Giono).
♢ SE FARDER v. pron. ⇒ se maquiller (cf. Se faire une beauté). Se farder outrageusement, discrètement. « Se mettre du rouge ou se farder est, je l'avoue, un moindre crime que parler contre sa pensée » (La Bruyère). « Elle s'habillait gentiment, se fardait pour autant qu'on le pût dans le patelin sans passer pour une pute » (Queneau).
2 ♦ Fig. et littér. Déguiser la véritable nature de (qqch.) sous un revêtement trompeur. ⇒ dissimuler, embellir, envelopper, masquer, 1. voiler. Farder sa pensée. ⇒ travestir. « Je répondrai, Madame, avec la liberté D'un soldat qui sait mal farder la vérité » (Racine). — (XVIe) Comm. Farder sa marchandise : dissimuler les produits médiocres (le fond du panier) sous de bons produits (le dessus du panier) pour flatter l'œil de l'acheteur.
farder 2. farder [ farde ] v. intr. <conjug. : 1>
♦ Mar. Voile qui farde, qui se gonfle convenablement sous l'effet du vent.
● farder verbe intransitif (de farde) Voile qui farde bien, voile bien coupée et correctement orientée, qui se gonfle convenablement sous l'effet du vent. ● farder (expressions) verbe intransitif (de farde) Voile qui farde bien, voile bien coupée et correctement orientée, qui se gonfle convenablement sous l'effet du vent. ● farder (homonymes) verbe intransitif (de farde) ● farder verbe transitif (francique farwidon, teindre) Mettre du fard sur le visage, les yeux de quelqu'un ; maquiller : Farder un acteur. Littéraire. Déguiser la véritable nature de quelque chose sous une apparence trompeuse : Farder la vérité. Procéder au fardage de la marchandise. ● farder (citations) verbe transitif (francique farwidon, teindre) Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Je répondrai, Madame, avec la liberté D'un soldat qui sait mal farder la vérité. Britannicus, I, 2, Burrhus ● farder (homonymes) verbe transitif (francique farwidon, teindre) ● farder (synonymes) verbe transitif (francique farwidon, teindre) Mettre du fard sur le visage, les yeux de quelqu'un ;...
Synonymes :
- grimer
Littéraire. Déguiser la véritable nature de quelque chose sous une apparence trompeuse
Synonymes :
- colorer
- déguiser
- masquer
farder
v. tr.
d1./d Mettre du fard à. Farder son visage.
— Pp. adj. Une femme trop fardée.
|| v. Pron. Se farder outrageusement.
d2./d Fig. Déguiser, dissimuler pour embellir. Farder la vérité.
|| COMM Dissimuler des produits défectueux sous des produits de bonne qualité pour tromper l'acheteur.
I.
⇒FARDER1, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. dir. s'applique à une pers.] Mettre du fard à. Farder un acteur. Thérèse (...) farda ses joues et ses lèvres, avec minutie (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 284).
— Emploi pronom. réfl. indir. Se farder le visage, les paupières. Elle se secoua sur la tête une houppe à poudre, s'enfarina le nez, prit un crayon de pastel et se farda de rouge (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 260).
♦ Emploi abs. Avec cette façon universelle de se farder, toutes les femmes qui ne sont pas trop laides se ressemblent (ANOUILH, Répét., 1950, III, p. 80).
— P. anal. :
• 1. ... les petites débutantes viennent chanter chacune son couplet. La rampe n'est même pas allumée; mais le soleil, par une fenêtre haute, descend leur farder le visage.
MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 602.
B.— Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Déguiser sous une apparence trompeuse ce qui pourrait choquer ou nuire. Farder sa pensée, la vérité. Philippine (...) s'anima et farda sa tristesse d'une gaîté criarde (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 521) :
• 2. Pour se faire jeunes comme ceux qu'ils croyaient jeunes, ils mentaient, ils fardaient toutes leurs idées, ils niaient tous leurs sentiments...
SAND, Lélia, 1833, p. 135.
— Emploi abs. Sire, je parle franc et je ne farde guère (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 188).
— Vx, littér. Parer de faux ornements. Farder un discours, son style. La sophistique littéraire est l'art de farder les pensées par des mots (JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 216).
Rem. 1. Lar. 20e-Lar. encyclop. et QUILLET 1965 enregistrent fardage, subst. masc., comm. Opération frauduleuse consistant à couvrir des marchandises avariées ou de second choix par des marchandises de bonne qualité. 2. On rencontre ds la docum. fardeur, euse, adj. Qui farde (cf. farder1 A). Filles de la terre ivre et du soleil fardeur (RÉGNIER, Poèmes anc., 1890, p. 34).
Prononc. et Orth. :[], (je) farde []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « mettre du fard » (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 636); 2. a) début XIVe s. « déguiser par un artifice de paroles ce qui peut déplaire à celui à qui l'on parle » (JEHAN BRAS-DE-FER, Pamphile et Galatée, 1765 ds T.-L.); b) XIVe s. [ms.] « déguiser la véritable nature de quelque chose sous un revêtement trompeur » (JEAN DE MEUN, Testament, ms. Corsini, f° 164e ds GDF. Compl.). Prob. de l'a. b. frq. farwidon « teindre, colorer », cf. a. h. all. farwjan « id. » (GRAFF t. 3, col. 704); all. färben. Fréq. abs. littér. :90. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925] p. 156.
II.
⇒FARDER2, verbe intrans.
Vx. [En parlant d'une lourde charge] Peser de tout son poids. Une charge qui farde (DG).
— P. anal. Se tasser, s'affaisser sous son propre poids. Ce mur farde (LITTRÉ).
Prononc. et Orth. : Cf. farder1. Étymol. et Hist. 1. Ca 1350 trans. « charger » (G. LE MUISIT, Poésies, II, 79 ds T.-L.); 2. a) 1704 intrans. « se tasser, s'affaisser » (Trév.); b) 1771 mar. « (d'un bateau) s'approcher trop d'un autre bateau » (ibid.); c) 1834 mar. « (d'une voile) se gonfler » (LANDAIS); d) 1890 « peser sur » (DG). Dér. de farde; dés. -er.
DÉR. Fardage, subst. masc., mar. a) Assemblage de planches ou de madriers posés sur le fond de la cale d'un bateau pour isoler les marchandises. La cale (...) est réservée pour les marchandises qui y sont garanties de l'eau par un fardage et un entourage de nattes (DUMONT D'URVILLE, Voy. Pôle Sud, t. 7, 1844, p. 247). b) Ensemble des superstructures d'un navire qui offrent une prise au vent (cf. CHARCOT, Mer Groënland, 1929, p. 161.) — []. — 1res attest. 1. 1392 fardaige « bagage, fardeau » (Arch. JJ 143, pièce 185 ds GDF.). 2. a) 1736 mar. « lit de fagots » (AUBIN, Dict. de mar. ds FEW t. 19, p. 44b s.v. farda). b) 1848 mar. « objets embarqués sur un navire » (JAL1); du rad. de farder2, suff. -age. Au sens 2b en port. fardagem dès le 15e s. (JAL1 s.v. arrife; MACH. t. 3 1977).
1. farder [faʀde] v. tr.
ÉTYM. V. 1175; probablt du francique farwidhon « teindre », attesté par l'anc. haut all. farwjan.
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1 Mettre du fard à (qqn), sur son visage, sa peau. ⇒ Maquiller. || La télévision durcit les traits du visage si on ne le farde pas. || Farder un acteur. ⇒ Grimer. || Se faire farder dans un institut de beauté. — Par ext. || Farder le visage, les joues. || Farder ses yeux (→ ci-dessous, Se farder).
2 (1398). Fig. et littér. Déguiser la véritable nature de (qqch.) sous une apparence, un revêtement trompeur. ⇒ Déguiser, dissimuler, embellir, envelopper, masquer, voiler. || Farder sa pensée. ⇒ Travestir. || L'hypocrite farde ses mobiles. || Farder la vérité (→ Artifice, cit. 11). ⇒ Altérer, fausser.
1 Je répondrai, Madame, avec la liberté
D'un soldat qui sait mal farder la vérité.
Racine, Britannicus, I, 2.
2 Un air réformé, une modestie outrée (…) n'ajoutent rien à la probité, ne relèvent pas le mérite; ils le fardent (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 29.
3 Je continuai de trouver leurs chants délicieux, et leurs voix fardaient si bien leurs visages, que tant qu'elles chantaient je m'obstinais, en dépit de mes yeux, à les trouver belles.
Rousseau, les Confessions, VII.
4 (…) je ne vois pas encore le moyen de relever l'idéal champêtre sans le farder ou le noircir.
G. Sand, François le Champi, Avant-propos.
♦ ☑ Loc. (1538). Comm. Farder sa marchandise : dissimuler les produits médiocres (le fond du panier) sous de bons produits (le dessus du panier) pour flatter l'œil de l'acheteur. — Fig. Chercher à en faire accroire.
5 Vous ne fardez point votre marchandise. Vous êtes honnête homme.
Voltaire, Dict. philosophique, Maladie.
3 Littér. et vieilli. Parer d'ornements de mauvais goût. || Farder son style.
6 Les mots fardent les pensées quand ils leur donnent de l'éclat, sans y ajouter de la beauté.
Joseph Joubert, Pensées, XXIV, XXIX.
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se farder v. pron.
♦ Mettre du fard sur son visage. ⇒ Maquiller (se). || Se farder outrageusement, discrètement. || Se farder avant d'entrer en scène. || Se farder pour affronter les sunlights. — Se farder les yeux. ⇒ Faire (se). || Se farder le visage. ⇒ Beauté (se faire, se refaire une beauté et, fam., la façade).
7 Se mettre du rouge ou se farder est, je l'avoue, un moindre crime que parler contre sa pensée; c'est quelque chose aussi de moins innocent que le travestissement et la mascarade, où l'on ne se donne point pour ce que l'on paraît être, mais où l'on pense seulement à se cacher et à se faire ignorer : c'est chercher à imposer aux yeux, et vouloir paraître selon l'extérieur contre la vérité; c'est une espèce de menterie.
La Bruyère, les Caractères, III, 5 (→ Affreux, cit. 9; enluminer, cit. 4).
8 Si les femmes étaient telles naturellement qu'elles le deviennent par artifice, qu'elles perdissent en un moment toute la fraîcheur de leur teint, qu'elles eussent le visage aussi allumé et aussi plombé qu'elles se le font par le rouge et par la peinture dont elles se fardent, elles seraient inconsolables.
La Bruyère, les Caractères, III, 6.
9 Quand elle avait fini de se parfumer, de se farder les yeux, les lèvres et les joues, elle se regardait puis elle effaçait tout et elle recommençait.
J. Giono, Jean le bleu, p. 268.
9.1 Elle s'habillait gentiment, se fardait pour autant qu'on le pût dans le patelin sans passer pour pute (…)
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 105.
♦ Figuré :
10 Oui, son langage, ainsi que son museau, se farde !
Edmond Rostand, l'Aiglon, IV, 11.
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fardé, ée p. p. adj.
1 Qui a mis du fard. || Vieille coquette fardée. ⇒ Tableau (vieux). || Dame trop fardée (→ Peu, cit. 18). || Comédien fardé pour la scène. ⇒ Grimé. ☑ Prov. Ciel pommelé et femme fardée ne sont pas de longue durée (⇒ Ciel, infra cit. 41).
11 (…) tout homme qui vit d'habitude dans la société de femmes fardées perd la notion du teint naturel, de l'aspect normal du visage et le fard lui paraît non seulement un agrément, mais un complément indispensable de l'habillement.
Frédéric Masson, la Journée de l'impératrice Joséphine, p. 31.
2 Fig. et vx. (langue class.). || Un ami fardé, perfide, hypocrite et faux. — Littér. (Choses). Faux, trompeur.
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CONTR. Démaquiller. — Nu, simple, vrai.
DÉR. Fard, 1. fardage.
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2. farder [faʀde] v. intr.
ÉTYM. 1704; « se charger », mil. XIIIe; de 1. farde.
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1 Vx. (Sujet n. de chose). Peser, porter de tout son poids. || Charge qui farde, qui farde sur l'arrière (de son support).
♦ Techn. || Mur qui farde, qui se tasse, s'affaisse sous son propre poids. ⇒ Céder.
2 (1834). Mar. || Voile qui farde, qui se gonfle convenablement sous l'effet du vent.
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DÉR. 2. Fardage.
Encyclopédie Universelle. 2012.