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beauté

beauté [ bote ] n. f.
beltet 1080; de beau
I
1Caractère de ce qui est beau (I); manifestation du beau. harmonie, joliesse, majesté, splendeur. L'étude de la beauté. esthétique. Le sentiment de la beauté. goût. La beauté d'un paysage, d'un tableau, d'un poème, d'une symphonie. « La mode même et les pays règlent ce que l'on appelle beauté » (Pascal).
De toute beauté : très beau. ⇒ splendide, 2. superbe. Un diamant de toute beauté. En beauté : magnifiquement. Terminer une épreuve, une course en beauté.
2Spécialt Qualité d'une personne belle. 2. charme, grâce, vénusté. Beauté d'une femme. Beauté classique, régulière; naturelle, sophistiquée. Être dans tout l'éclat de sa beauté. Être d'une grande beauté. Institut de beauté. Produits, crème de beauté. cosmétique. La beauté du diable : la beauté que confère la jeunesse à qui n'a pas d'autres agréments. — Être en beauté : paraître plus beau, plus belle que d'habitude. — Fam. Se faire, se refaire une beauté : se coiffer, se farder. — Grain de beauté.
3Une beauté : une femme très belle. ⇒ vénus. Une beauté célèbre. Ce n'est pas une beauté.
4Au plur. LES BEAUTÉS : les belles choses, les beaux détails d'un lieu, d'un objet, d'une personne, d'une œuvre. Les beautés artistiques de l'Italie. Les beautés du style de Racine.
IICaractère de ce qui est moralement admirable. La beauté d'un sacrifice. Pour la beauté du geste : dans un esprit désintéressé (cf. Pour le sport). ⊗ CONTR. Laideur.

beauté nom féminin (latin populaire bellitas, du latin classique bellus, beau) Qualité de quelqu'un, de quelque chose qui est beau, conforme à un idéal esthétique : La beauté d'une femme, d'une œuvre musicale. Caractère de ce qui est digne d'admiration par ses qualités intellectuelles ou morales : La beauté d'un acte désintéressé. Femme très belle, séduisante : Une beauté brune.beauté (citations) nom féminin (latin populaire bellitas, du latin classique bellus, beau) Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 Mon Dieu, comme le monde est encore jeune et beau ! Préface à la traduction française de « Michael Kolhaas » Éditeurs français réunis Jean-Louis Guez de Balzac Angoulême 1595-Angoulême 1654 Académie française, 1634 La beauté me plaît en quelque lieu que je la rencontre. Lettres, 7 mars 1634 Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Beauté forte à genoux devant la beauté frêle ! Les Fleurs du Mal, Femmes damnées Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Les Fleurs du Mal, l'Invitation au voyage Simone de Beauvoir Paris 1908-Paris 1986 La beauté se raconte encore moins que le bonheur. La Force de l'âge Gallimard Robert Brasillach Perpignan 1909-Montrouge 1945 Chaque âge a sa beauté, et cette beauté doit toujours être une liberté. Les Sept Couleurs Plon André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 La beauté sera convulsive ou ne sera pas. Nadja Gallimard Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 C'est une chose plus enivrante que le vin d'être une belle jeune femme ! L'Otage, I, 1, Sygne Gallimard Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 [La beauté] agit même sur ceux qui ne la constatent pas. Les Enfants terribles Grasset Claude Debussy Saint-Germain-en-Laye 1862-Paris 1918 De tout temps la beauté a été ressentie par certains comme une secrète insulte. Monsieur Croche, antidilettante Gallimard Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 La Critique est la dixième Muse et la Beauté la quatrième Grâce. Carnets André Frénaud Montceau-les-Mines 1907-Paris 1993 Beauté pour nous donner des yeux semblables aux siens, sans regard. Il n'y a pas de paradis Gallimard Théophile Gautier Tarbes 1811-Neuilly 1872 Une femme qui est belle a toujours de l'esprit ; elle a l'esprit d'être belle, et je ne sais pas lequel vaut celui-là. Mademoiselle de Maupin Théophile Gautier Tarbes 1811-Neuilly 1872 En général dès qu'une chose devient utile, elle cesse d'être belle. Poésies complètes, Préface Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 […] Ni la grâce, plus belle encor que la beauté. Adonis François de Malherbe Caen 1555-Paris 1628 Beauté mon beau souci, de qui l'âme incertaine A comme l'Océan son flux et son reflux : Pensez de vous résoudre à soulager ma peine, Ou je me vois résoudre à ne la souffrir plus. Stances Robert Mallet 1915 Rien de plus émouvant que la beauté qui s'ignore, sinon la laideur qui se sait. Apostilles Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 La sagesse est plus vulnérable que la beauté ; car la sagesse est un art impur. L'Espoir Gallimard Charles Maurras Martigues 1868-Saint-Symphorien 1952 Académie française, 1938 Aucune origine n'est belle. La beauté véritable est au terme des choses. Anthinéa Flammarion Nicolas Poussin Villers, près des Andelys, 1594-Rome 1665 La beauté est en tout éloignée de la matière du corps, dont elle ne s'approche que si elle y est disposée par des préparations incorporelles. Observations sur la peinture Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 […] La vraie beauté est si particulière, si nouvelle, qu'on ne la reconnaît pas pour la beauté. À la recherche du temps perdu, le Côté de Guermantes Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Les femmes réalisent la beauté sans la comprendre. Les Plaisirs et les Jours Gallimard Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Belle, sans ornements, dans le simple appareil D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil. Britannicus, II, 2, Néron Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 Je sais aujourd'hui saluer la beauté. Une saison en enfer, Délires II Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l'ai trouvée amère. — Et je l'ai injuriée. Une saison en enfer, Jadis, si je me souviens bien… Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 La beauté, en art, n'est souvent que de la laideur matée. Pensées d'un biologiste Stock Charles Augustin Sainte-Beuve Boulogne-sur-Mer 1804-Paris 1869 Jeune, on se passe très aisément d'esprit dans la beauté qu'on aime et de bon sens dans les talents qu'on admire. Mes poisons Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 La beauté est une contradiction voilée. Situations I Gallimard Maurice Scève Lyon vers 1501-Lyon vers 1560 En sa beauté gît ma mort et ma vie. Délie Henri Beyle, dit Stendhal Grenoble 1783-Paris 1842 La beauté n'est que la promesse du bonheur. De l'amour Simone Weil Paris 1909-Londres 1943 La beauté, c'est l'harmonie du hasard et du bien. La Pesanteur et la Grâce Plon Friedrich Hölderlin Lauffen, Wurtemberg, 1770-Tübingen 1843 La beauté est le propre des enfants. Die Schönheit ist den Kindern eigen. Sur la mort d'un enfant Kawabata Yasunari Osaka 1899-Zushi, près de Yokosuka, 1972 Je suis attiré par la beauté malpropre. Autobiographie littéraire John Keats Londres 1795-Rome 1821 Toute beauté est joie qui demeure. A thing of beauty is a joy for ever. Endymion John Keats Londres 1795-Rome 1821 La Beauté est Vérité, la Vérité Beauté. C'est tout ce que l'on sait sur terre, Et c'est tout ce qu'il faut savoir. Beauty is Truth, Truth Beauty. That is all ye know on earth And all ye need to know. Ode sur une urne grecque William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Le chagrin, ce ver rongeur de la beauté. Grief — that's beauty's canker. La Tempête, I, 2, Prospero Percy Bysshe Shelley Field Place, Horsham, Sussex, 1792-en mer, La Spezia, 1822 Pour l'amour et la beauté et le bonheur Il n'y a ni mort ni changement. For love and beauty and delight There is no death, nor change. La Sensitive Anton Pavlovitch Tchekhov Taganrog 1860-Badenweiler, Allemagne, 1904 Ne peut être beau que ce qui est grave. La Mouette, I, Dorn beauté (expressions) nom féminin (latin populaire bellitas, du latin classique bellus, beau) De toute beauté, très beau. En beauté, de façon magistrale, avec éclat. Être en beauté, paraître plus beau, plus belle que d'habitude. La beauté du diable, fraîcheur, éclat éphémère de la jeunesse. Pour la beauté du geste, de la chose, pour sa rareté, sa singularité. Se faire, se refaire une beauté, se coiffer ou se farder avec soin ; rectifier sa coiffure, son maquillage. Soins de beauté, ensemble des pratiques d'hygiène et des techniques esthétiques pour conserver à la personne un aspect jeune. ● beauté (synonymes) nom féminin (latin populaire bellitas, du latin classique bellus, beau) Qualité de quelqu'un, de quelque chose qui est beau, conforme à...
Synonymes :
- charme
- éclat
- grâce
- harmonie
- joliesse
- magnificence
- séduction
- splendeur
Contraires :
- difformité
- disgrâce
- hideur
- laideur
- mocheté (populaire)
- monstruosité
Caractère de ce qui est digne d'admiration par ses qualités...
Synonymes :
- beau (nom masculin)
- élévation
- générosité
- grandeur
- magnanimité
- noblesse
Contraires :
- bassesse
- ignominie
- turpitude
- vilenie
- vulgarité
Femme très belle , séduisante
Synonymes :
- belle
Contraires :
- guenon
- laideron

beauté
n. f.
d1./d Qualité de ce qui suscite un sentiment d'admiration, un plaisir esthétique. La beauté d'un visage, d'une fleur. Le culte de la beauté.
|| Loc. De toute beauté: très beau.
En beauté: avec noblesse, avec grande allure. Finir en beauté.
d2./d Qualité d'une personne qui est belle. La beauté d'un enfant.
Produits de beauté: produits destinés à embellir le visage et la peau.
|| Loc. La beauté du diable: l'éclat de la jeunesse.
|| Absol. Une beauté: une femme très belle.
|| Fam. Se (re)faire une beauté: se faire beau (belle), spécial. en se maquillant.
|| être en beauté: être plus beau (belle) qu'à l'accoutumée.
d3./d (Plur.) éléments de la beauté, parties belles d'une chose. Les beautés d'une pièce de théâtre.

⇒BEAUTÉ, subst. fém.
I.— [La beauté comme valeur universelle] Caractère de ce qui est beau, de ce qui plaît universellement. La beauté n'est jamais, ce me semble, qu'une promesse de bonheur (STENDHAL, Rome, Naples et Florence, t. 1, 1817, p. 46) :
1. La métaphysique idéaliste, chez les Allemands comme chez les Grecs, a pour origine le culte de la beauté par excellence, que notre âme seule peut concevoir et reconnoître; c'est un souvenir du ciel, notre ancienne patrie, que cette beauté merveilleuse; ...
Mme DE STAËL, De l'Allemagne, t. 2, 1810, p. 74.
2. Par une audacieuse intuition, il [Tintoret] a fait de Satan un être d'une beauté surhumaine, une sorte d'athlète au visage rêveur, aux bras cerclés de métal et de pierres précieuses.
GREEN, Journal, 1935-39, p. 203.
II.— [La beauté comme valeur esthétique]
A.— Caractère de ce qui est physiquement beau, manifestation typique du beau. L'étude, le sentiment de la beauté. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté (BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, 1857-61, p. 86) :
3. L'amour de la beauté nous est trop naturel pour passer tout à coup à aimer la laideur, à moins d'un miracle de conversion, comme on l'a vu dans des saints.
E. DE GUÉRIN, Lettres, 1838, p. 172.
4. La beauté se contemple : mais elle n'opère que si elle dégage en plus une certaine radio-activité pneumatique qui nous permet de sympathiser avec elle; faute de ce rayonnement, elle nous méduse sans nous « plaire ». Le charme est la ceinture de Vénus qui fait de la beauté une vénusté, le talisman qui la rend séduisante.
JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 92.
5. La beauté déteste les idées. Elle se suffit à elle-même. Une œuvre est belle comme quelqu'un est beau. Cette beauté dont je parle ... provoque une érection de l'âme. Une érection ne se discute pas ... Notre époque se dessèche à force de parlotes et d'idées.
COCTEAU, Poésie critique 1, 1959, p. 244.
La beauté grecque, romaine. Le type de beauté propre aux hommes et aux femmes de la Grèce ou de la Rome antiques. La Vénus était l'idéal de la beauté antique (T. GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 33) :
6. Quant à la beauté de ce visage, c'était la beauté grecque dans toute la perfection de son type, avec ses grands yeux noirs veloutés, son nez droit, ses lèvres de corail et ses dents de perles.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 719.
Loc. De toute beauté. Extrêmement beau :
7. ... je pourrai vous montrer de fort belles momies du Caire, plusieurs poteries incrustées, quelques ébènes sculptées, vraie Renaissance, récemment arrivées, et qui sont de toute beauté.
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 17.
8. Le silence était de toute beauté. Le velours du vent lui donnait une profondeur vertigineuse.
GIONO, Bonheur fou, 1957, p. 315.
1. [En parlant d'un animé]
a) Qualité ou marque d'une personne estimée naturellement belle. Une mâle beauté :
9. Ce qui nous captive dans un être, ce n'est pas ce degré suprême de la beauté, ni des grâces si générales : c'est toujours quelque trait particulier.
VALÉRY, Variété 1, 1924, p. 78.
Loc. verbale. Être en beauté. Paraître plus beau, plus belle qu'à l'ordinaire :
10. ... à ce moment, Irma Bécot parut et s'arrêta devant le buffet. Elle était en beauté, les cheveux dorés à neuf, dans son éclat truqué de courtisane fauve, descendue d'un vieux cadre de la Renaissance; ...
ZOLA, L'œuvre, 1886, p. 331.
Spéc. Grain de beauté. Petite marque qui fait ressortir la blancheur de la peau considérée comme l'attribut type de la beauté :
11. Et Vallombreuse, plongeant un doigt dans la boîte à mouches posée sur la toilette, en retira une petite étoile de taffetas noir.
« Souffrez, continua-t-il, que je vous la pose; ici, tout près du sein; elle en relèvera la blancheur et paraîtra comme un grain de beauté naturel ».
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 208.
b) En partic. [En parlant de la beauté féminine] Rendre hommage à la beauté (Ac. 1835-1932). De la beauté et de l'amour naquit la jalousie (LACLOS, De l'Éducation des femmes, 1803, p. 460) :
12. ... la femme, d'une adorable beauté, venait parfois excuser son mari auprès de ses chefs, lorsqu'il s'absentait pour cause d'indisposition.
ZOLA, La Curée, 1872, p. 393.
SYNT. a) Une beauté apaisante, céleste, divine, sereine; une beauté altière, farouche, cruelle, sauvage; une beauté éblouissante, fatale, ravissante; une beauté fanée. b) Une parfaite, pure, sublime beauté.
Iron. ou péj. La beauté du diable. La beauté que donne la jeunesse à une femme qui n'est ni belle ni laide :
13. Elle [mademoiselle Cormon] n'avait d'autre beauté que celle-ci improprement nommée la beauté du diable, et qui consiste dans une grosse fraîcheur de jeunesse que, théologalement parlant, le diable ne saurait avoir...
BALZAC, La Vieille fille, 1836, p. 311.
[La beauté publiquement constatée] Concours, prix de beauté :
14. JOACHIM. — (...) La prophétie a dit : la plus belle et la plus pure. Elle ne dit pas la plus modeste.
JUDITH. — Dit-elle la plus frivole, la plus coquette, la plus changeante? Je suis tout cela aussi. Croyez-moi. Mes chevaux et mes robes abusent la foule. Il ne s'agit pas aujourd'hui de prix de beauté.
GIRAUDOUX, Judith, I, 4, 1931, p. 32.
Reine de beauté :
15. ... on annonça les fiançailles d'Heinrich avec Annette Blensen, fille du romancier, reine de beauté du Schleswig, et la meilleure nageuse du continent, ou plutôt des mers environnantes.
GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin, 1922, pp. 101-102.
[La beauté comme objet de soins particuliers] Se faire, se refaire une beauté. Pour une femme, utiliser les artifices qui la rendent plus belle.
Institut, produit, soins de beauté.
c) [En parlant d'un animal, d'une race d'animaux] :
16. Ta grandeur morale, image de l'infini, est immense comme la réflexion du philosophe, comme l'amour de la femme, comme la beauté divine de l'oiseau, comme les méditations du poète.
LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, p. 141.
17. N'y a-t-il pas dans notre cœur un désir d'amour et de beauté? Ne désirons-nous pas le chant des rossignols et la beauté des oiseaux-mouches?
BARRÈS, Mes cahiers, t. 13, 1920-21, p. 81.
2. [En parlant d'un inanimé]
a) [En parlant de la nature ou d'un produit de la nature] J'ai aimé la beauté du ciel, j'ai aimé la beauté des choses (RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, p. 279) :
18. Saint François, louant la beauté de la création, peut être un optimiste plus lyrique que M. Duhamel, car il exalte le créateur; ...
MASSIS, Jugements, 1924, p. 204.
SYNT. La beauté de la campagne, du climat; la beauté d'une fleur, d'une rose; la beauté des étoiles.
b) [En parlant d'une création de l'homme]
[En parlant d'une chose concr.] Elle était extrêmement belle d'une beauté de statue (JOUVE, La Scène capitale, 1935, p. 173). Des monuments d'une beauté grandiose ont transformé l'aspect des villes (CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 180).
[En parlant d'une chose abstr.] :
19. Confondre la beauté d'une langue avec sa correction, c'est-à-dire avec la conformité à des règles en usage et des conventions, c'est l'éternelle erreur des académismes.
HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 101.
c) Spéc. Singularité, rareté étonnante de quelque chose. Pour la beauté du fait; pour la beauté de la chose.
B.— P. méton. Personne ou chose belle.
1. [En parlant d'une femme] Une beauté. Une femme très belle. Une jeune beauté. C'était une beauté élancée et blonde comme les jeunes Vénitiennes de Paul Véronèse (STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 387) :
20. Cette reine des beautés bourgeoises daigna écouter quelques mots polis que lui adressa Lucien. « Elle est belle, à la vérité, se dit-il, mais pas pour moi. »
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 1, 1836, p. 103.
21. Sa femme, une beauté remarquable, singulière, inoubliable; une beauté intelligente, profonde, magnétique; une beauté d'âme et de pensée, semblable à ces créations de l'extra-monde de Poe. Elle a l'air d'une statue et d'une conscience.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, oct. 1867, p. 386.
En apostrophe. Ma beauté (cf. ma belle).
2. Au plur. Les beautés.
a) Les belles choses, les choses remarquables, admirables.
[En parlant d'attributs de la nature]. La nature déploie sans réserve ses beautés et ses trésors (CRÉVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, 1801, p. 245). J'ai vu des portions de forêts de la Finlande et de l'Île-De-France avec toutes leurs beautés virginales (BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 77). Les ineffables beautés du soir (BARBEY D'AUREVILLY, 2e Memorandum, 1839, p. 330). Ce n'était que de jour que mon âme pouvait être sensible aux beautés tranquilles de ce paysage (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 24) :
22. ... vous n'étiez sensible qu'aux insaisissables beautés de la nature, au son, à la couleur, jamais à la forme distincte et palpable.
G. SAND, Lélia, 1833, p. 155.
[En parlant d'attributs d'une chose concr.] J'ai vu seul toutes les beautés de ce tableau (JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, 1813, p. 328) :
23. Chaque vague de la mer ajoute un voile blanchâtre aux beautés d'une perle, chaque flot travaille lentement à la rendre plus parfaite, ...
VIGNY, Servitude et grandeur militaires, 1835, p. 202.
[En parlant d'attributs d'une chose abstr.] Les plus rares beautés de la musique instrumentale (ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, p. 121) :
24. Dans ces derniers temps, j'ai beaucoup fréquenté la bonne ville de Rouen ... Chaque fois, j'en suis revenu en déliquescence, résultat de la vue de mes compatriotes! Tant de laideur physique recouvrant si peu de beautés morales est un spectacle trop pénible, ...
FLAUBERT, Correspondance, 1877, p. 24.
b) [En parlant d'attributs d'une pers.] Les attraits, les charmes. C'était partout formes de rose, seins d'albâtre, beautés sans nombre, ivresses infinies (FLAUBERT, Smarh, 1839, p. 95) :
25. Viens, couronnant mon cœur de tes chastes beautés, me payer ma grandeur par mes félicités!
LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 1055.
III.— [La beauté comme valeur autre qu'esthétique] Qualité de ce qui suscite l'admiration en raison de sa valeur intellectuelle ou morale. La beauté de l'âme :
26. La grâce est dans les vêtements, les mouvements ou les manières; la beauté, dans le nu et dans les formes. Cela est vrai quand il s'agit des corps; mais s'il s'agit des sentiments, la beauté est dans leur spiritualité, et la grâce dans leur modération.
JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 183.
27. Le mépris pour la beauté est le mépris du renard pour les raisins qu'il ne peut atteindre. Nous ne voyons pas de cause à la préférence que l'on accorde à la beauté morale sur la beauté physique, en admettant que le mépris pour la dernière soit véritable.
KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 260.
Loc. adv. En beauté. D'une manière qui suscite ou veut susciter l'admiration. Mourir, finir en beauté :
28. Vieux, fou, ivre, on ne sait. Sa fin sera une digne fin, sanglotante, admirable. Il mourra en beauté, je veux dire en souffrant. Ça lui fera une consolation.
CAMUS, L'Envers et l'endroit, 1937, p. 48.
PRONONC. :[bote]. FÉR. Crit. t. 1 1787 note que la 1re syll. est brève dans le cours de la phrase et qu'elle est longue lorsque le mot est à la fin de la phrase. Enq. :/bote/.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1100 beltet « caractère de ce qui est beau, spécialement qualité d'une personne belle » (Roland, éd. Bédier, 957); 1160 beautez « id. » (WACE, Rou, éd. Andresen, 550); 2e moitié XIIIe s. « personne belle » (Chansons attribuées au chastellain de Couci, éd. A. Lerond, XVII, 5 : c'une biautez m'est venue devant).
Dér. de bel, beau; suff. -té (é, -ité).
STAT. — Fréq. abs. littér. :10 896. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 19 519, b) 13 471; XXe s. : a) 15 000, b) 13 141.
BBG. — BEHRENS Engl. 1927, p. 59. — BURGESS (G. S.). Contribution à l'ét. du vocab. pré-courtois. Genève, 1970, pp. 114-133. — DUCHÁ (O.). La Beauté, le beau. La joliesse, le joli. Philol. prag. 1959, t. 2, pp. 45-49. — DUCHÁ (O.). Le Centre du ch. conceptuel de la beauté en lat. Sborník Prací filosofické Faculty University. 1963, t. 12, pp. 103-114. — DUCHÁ (O.). Ch. conceptuel de la beauté en fr. mod. Vox rom. 1959, t. 18, pp. 297-323. — DUCHÁ (O.). Les Expr. de la beauté provenant de la sphère du surnaturel. St. neophilol. 1961, t. 33, pp. 30-38. — DUCH. Beauté 1960, pp. 45-50.

beauté [bote] n. f.
ÉTYM. 1160; 1080, beltet; de beau, ou du lat. pop. bellitas, accusatif bellitatem, de bellus. → Beau.
1 Caractère de ce qui est beau. (synonymes partiels) Agrément, charme, délicatesse, distinction, éclat, élégance, faste, féerie, finesse, force, fraîcheur, grâce, grandeur, harmonie, joliesse, lustre, magie, magnificence, majesté, noblesse, parfum, piquant, poésie, pureté, richesse, séduction, symétrie, somptuosité, splendeur, sublimité. || La beauté idéale, parfaite ( Perfection). || « La beauté correspond à certaines normes d'équilibre, de plastique, de proportions harmoniques, de perfection en son genre… » (in Lalande). || L'étude de la beauté. Esthétique. || Le sentiment de la beauté. Émotion (esthétique), goût. || Formes de beauté; beautés selon les époques (ci-dessous cit. 11.1). || Beauté et société. || Le sentiment de la beauté.(Suivi d'un compl. de nom).Les différents emplois de beau, adj. || La beauté de la nature, d'un spectacle, d'un paysage, du ciel, des arbres… || La beauté d'un ouvrage de l'esprit, d'une pensée, d'un style. Brillant, élévation, grandeur, profondeur… || Discuter de la beauté d'un objet, d'une usine.Cette chose a de la beauté, est d'une grande beauté, est sans beauté aucune. || La beauté d'une œuvre d'art, d'un tableau, d'une musique, d'un monument, d'un poème, d'une pièce de théâtre, d'un film. || La beauté d'une sensation, d'une émotion. || La beauté d'un silence. || La beauté d'une disposition, d'un arrangement. || La beauté d'une passion, d'un amour. || La beauté d'un mouvement, d'une attitude.
1 Il est vraisemblable que nous ne savons guère (ce) que c'est (que la) beauté en nature et en général, puisqu'à l'humaine et notre beauté nous donnons tant de formes diverses.
Montaigne, Essais, II, 12.
2 La mode même et les pays règlent ce que l'on appelle beauté (…)
Pascal, les Passions de l'amour.
3 Il y a un certain modèle d'agrément et de beauté qui consiste en un certain rapport entre notre nature, faible ou forte, telle qu'elle est, et la chose qui nous plaît; tout ce qui est formé sur ce modèle nous agrée (…) tout ce qui n'est point fait sur ce modèle déplaît à ceux qui ont le bon goût (…)
Pascal, Pensées, VII, 24.
4 Quoique cette idée générale de la beauté soit gravée dans le fond de nos âmes avec des caractères ineffaçables, elle ne laisse pas que de recevoir de très grandes différences dans l'application particulière (…)
Pascal, les Passions de l'amour.
5 Il appartient à l'esprit, c'est-à-dire à l'entendement, de juger de la beauté, parce que juger de la beauté, c'est juger de l'ordre, de la proportion et de la justesse (…)
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu…, I, 8.
6 Élevez, ô Seigneur, et mes pensées et ma voix; que je puisse représenter à cette auguste audience l'incomparable beauté d'une âme que vous avez toujours habitée (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
7 Je ne prétends pas dans une traduction si littérale avoir fait sentir toute la force de l'original, dont la beauté consiste principalement dans le nombre, l'arrangement et la magnificence des paroles (…)
Boileau, Longin, Subl. réflex., VIII.
8 La beauté du jour est comme une beauté blonde qui a plus de brillant; mais la beauté de la nuit est une beauté brune qui est plus touchante (…)
Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes, Premier soir.
9 Pour donner à quelque chose le nom de beauté, il faut qu'elle vous donne de l'admiration et du plaisir.
Voltaire, Dict. philosophique, Beau.
10 La beauté n'est que la promesse du bonheur.
Stendhal, De l'amour, XVII.
11 Or la beauté, c'est tout. Platon l'a dit lui-même :
La beauté, sur la terre, est la chose suprême.
A. de Musset, Après une lecture, 195.
11.1 Pour moi, le romantisme est l'expression la plus récente, la plus actuelle du beau.
Il y a autant de beautés qu'il y a de manières habituelles de chercher le bonheur.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1846.
12 Aucune grâce extérieure n'est complète si la beauté intérieure ne la vivifie. La beauté de l'âme se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté du corps.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, VI.
13 Bien que la beauté relève de la géométrie, c'est par le sentiment seul qu'il est possible d'en saisir les formes délicates.
France, le Jardin d'Épicure, p. 59.
14 On a dit que la beauté est une promesse de bonheur. Inversement la possibilité du plaisir peut être un commencement de beauté.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 173.
15 Il est donc raisonnable de penser que les créations de l'homme sont faites, ou bien en vue de son corps, et c'est là le principe que l'on nomme utilité, ou bien en vue de son âme, et c'est là ce qu'il recherche sous le nom de beauté.
Valéry, Eupalinos, p. 184.
15.1 Il y a beauté quand la vue de l'objet excite à le voir. Il contient de quoi se répéter « indéfiniment ». Mais comme l'excitation est dans une grande mesure individuelle, la beauté de l'un n'est pas celle de l'autre.
Valéry, Cahiers, t. II, Pl., p. 935.
15.2 Une certaine attitude en découle nécessairement à l'égard de la beauté, dont il est trop clair qu'elle n'a jamais été envisagée ici qu'à des fins passionnelles. Nullement statique, c'est-à-dire enfermée dans son « rêve de pierre », perdue pour l'homme dans l'ombre de ces Odalisques, au fond de ces tragédies qui ne prétendent cerner qu'un seul jour, à peine moins dynamique, c'est-à-dire soumise à ce galop effréné après lequel n'a plus qu'à commencer effréné un autre galop, c'est-à-dire plus étourdie qu'un flocon dans la neige, c'est-à-dire résolue, de peur d'être mal étreinte, à ne se laisser jamais embrasser : ni dynamique ni statique, la beauté je la vois comme je t'ai vue.
A. Breton, Nadja, p. 185-186.
15.3 Le mot convulsive, que j'ai employé pour qualifier la beauté1 qui seule, selon moi, doive être servie, perdrait à mes yeux tout son sens s'il était conçu dans le mouvement et non à l'expiration exacte de ce mouvement même. Il ne peut, selon moi, y avoir beauté — beauté convulsive — qu'au prix de l'affirmation du rapport réciproque qui lie l'objet considéré dans son mouvement et dans son repos. Je regrette de n'avoir pu fournir, comme complément à l'illustration de ce texte, la photographie d'une locomotive de grande allure qui eût été abandonnée durant des années au délire de la forêt vierge.
A. Breton, l'Amour fou, p. 15.
1. La beauté sera c o n v u l s i v e ou ne sera pas (Id., fin de Nadja).
15.4 Car cette beauté, si elle n'est plus la prise de l'artiste sur le divin, n'est pas davantage la beauté du modèle, ni même un embellissement de celui-ci dans le monde de l'apparence : c'est ce par quoi il devient statue, suscite une admiration qui ne s'adresse ni à lui, ni au divin, mais à une transfiguration irréductible à toute autre.
Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 52.
Loc. De toute beauté : très beau. — ☑ (XVIIe). Vx. De la dernière beauté.
16 (…) Il est (le pont de Saint-Esprit, sur le Rhône) de toute beauté pour la hauteur, la longueur, l'évasement des arches et la tournure légère des piles (…)
Ch. de Brosses, Lettre sur l'Italie, I, 1.
Caractère de ce qui est moralement admirable. || La beauté d'un sacrifice, d'un geste généreux. || La beauté d'une âme, d'un sentiment. Élévation, générosité, noblesse.Faire qqch. pour la beauté du fait, du geste, dans un esprit désintéressé.
17 Je voudrais, m'en coutât-il grand chose,
Pour la beauté du fait avoir perdu ma cause.
Molière, le Misanthrope, I, 1.
En beauté : magnifiquement. || Terminer une épreuve, une course en beauté.
17.1 (…) un gosse qui nous devina causer de cette mort, murmura, la main devant la bouche : — Mourir en beauté, c'est beau !
Jean Genet, Miracle de la rose, p. 23.
Poét. || La Beauté, personnalisée.
17.2 Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
O Beauté ? ton regard, infernal et divin
Verse confusément le bienfait et le crime (…)
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
O Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu.
Baudelaire, les Fleurs du mal, XXI, « Hymne à la Beauté ». Cf. aussi « La Beauté », Ibid., XVII.
REM. Les physiciens ont arbitrairement qualifié de beauté, après avoir utilisé charme, étrangeté, des propriétés inexplicables de certaines particules élémentaires. || « Un nouveau quark encore plus lourd (…) qu'on supposa porteur d'une propriété entièrement nouvelle : la beauté » (Sciences et Avenir, mars 1978, p. 83).
2 Spécialt. Qualité d'une personne belle. Beau (I., A., 1.). || La beauté physique, strictement physique. Plastique. → 1. Physique, cit. 3. || La beauté des formes. || La beauté du corps, du visage, d'un sourire. || La beauté, le charme de la femme. Vénusté. || Elle prend soin de sa beauté, néglige sa beauté. || Une femme d'une merveilleuse beauté, d'une beauté parfaite, accomplie, angélique, éblouissante, éclatante, enchanteresse, florissante (littér.), incomparable, rare; d'une beauté classique, sévère; animée, naturelle, piquante, ravissante; d'une beauté fade, artificielle, empruntée, factice. || La beauté d'un homme, d'un jeune garçon. || Beauté virile. || Mâle beauté. || Un acteur d'une rare beauté. || Un ange de beauté. || Être dans tout l'éclat de sa beauté. || Éclatant de beauté. || Croître en beauté. Embellir. || Perdre sa beauté : se faner, se flétrir. || Admirer, contempler, célébrer, louer la beauté de quelqu'un.
18 Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Ronsard, Odes, I, XVII.
19 Il y a peu de femmes dont le mérite dure plus que la beauté.
La Rochefoucauld, Réflexions, sentences et maximes morales, 474, 313.
20 (…) on voit néanmoins des femmes d'une beauté éclatante, mais irrégulière, qui en effacent souvent de plus véritablement belles (…)
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, Du vrai, p. 358.
21 Et la dernière main que met à sa beauté
Une femme allant en conquête (…)
La Fontaine, Fables, IV, 3.
22 (…) Ni la grâce, plus belle encor que la beauté.
La Fontaine, Fables, « Adonis ».
23 La beauté passe,
Le temps l'efface
L'âge de glace
Vient à sa place.
Molière, le Malade imaginaire, Intermède, 2.
24 La beauté du visage est un frêle ornement,
Une fleur passagère, un éclat d'un moment (…)
Mais celle de l'esprit est inhérente et ferme.
J'ai donc cherché longtemps un biais de vous donner
La beauté que les ans ne peuvent moissonner.
Molière, les Femmes savantes, III, 4.
25 (…) de plus invincibles charmes que ceux de la beauté (…)
La Bruyère, les Caractères, IV, 36.
26 (…) un trait de beauté (…)
La Bruyère, les Caractères, IV, 3 (→ Amitié, cit. 4).
27 (…) si l'on parvient ainsi à préférer et aimer la laideur, c'est que dans ce cas la laideur est beauté.
Stendhal, De l'amour, XVII, p. 71.
28 On dit que la beauté tourne la tête aux belles, et que la laideur fait la désolation des laides.
G. Sand, la Petite Fadette, XXIII, p. 158.
29 Sa beauté m'enivrait; je n'aimais qu'elle au monde.
A. de Musset, Lucie.
29.1 Colères de boxeur, impudences de faune,
Toi qui sus ramasser la beauté des goujats (…)
Puget, mélancolique empereur des forçats (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, VI, « Les phares ».
30 Elle (Thaïs) était la beauté du monde et tout ce qui l'approchait, s'ornait des reflets de sa grâce.
France, Thaïs, p. 284.
31 Sa taille aussi avait achevé de se former. Vingt-trois ans bientôt; elle était dans tout son épanouissement de beauté.
Loti, Pêcheur d'Islande, III, 16.
32 Certaines femmes n'arrivent pas à comprendre qu'elles doivent entretenir leur beauté, comme les hommes intelligents doivent entretenir leur esprit.
Edmond Jaloux, les Visiteurs, IV, p. 40.
33 La princesse, d'une beauté plantureuse (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, 10.
34 La beauté sans la grâce est un appât sans hameçon.
Louis Madelin, Talleyrand, V, XXXIV, p. 370.
35 C'est ainsi que la beauté et la grâce passent le plus souvent inaperçues, excepté de deux ou trois personnes qui sont les seules dont l'opinion vaille quelque chose, et soit vraie.
Valery Larbaud, Amants, heureux amants…, p. 142.
Concours, prix de beauté. || Institut de beauté. || Produits de beauté.
35.1 Je n'ai pas inventé l'attitude, il l'avait telle. J'ajouterai enfin que sa taille était élancée, ses épaules larges et sa voix forte d'une assurance que lui donnait la conscience de son invincible beauté.
Jean Genet, Miracle de la rose, p. 31.
La beauté du diable : la beauté que donne la jeunesse à une personne qui n'a pas d'agréments réels. || La Beauté du diable, titre d'un film de René Clair.
En beauté.Être en beauté : paraître plus beau, plus belle que d'habitude; se rendre beau, belle. || Sa femme est en beauté.Adj. || Des filles très en beauté.
36 Pour moi, je changeai de chemise et d'habit; et, sans vanité, je me fis d'une beauté qui effaça entièrement mes belles-filles (…)
Mme de Sévigné, 6 août 1680.
Fam. Se faire, se refaire une beauté : s'ajuster, se parer, se farder, se pomponner. || Elle est allée se refaire une beauté.Rare. || Faire une beauté à qqn.(Avec un compl. n. de chose). Faire apparaître (qqch.) sous un plus bel aspect.
36.1 Moi la vie je veux pas lui faire une beauté, je l'emmerde.
É. Ajar (R. Gary), la Vie devant soi, p. 104.
Grain de beauté : petite saillie ou tache brune de la peau qui en fait ressortir la blancheur. Grain, mouche (cit. 12). Rare. || Un point (cit. 67) de beauté.
37 (…) des petits détails de son corps, un grain de beauté sur la hanche, un autre au dos, en face du premier.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, « Rencontre », p. 247.
3 Une beauté : une belle femme. || Une jeune, une fière beauté. || Une beauté célèbre. || Une beauté grecque, romaine : une femme dont la beauté rappelle le type illustré par l'art grec, romain. || La beauté du village : la plus belle femme du village. || Ma beauté, terme d'affection. Beau (ma belle).
38 La malpropre sur soi de peu d'attraits chargée,
Est mise sous le nom de beauté négligée (…)
Molière, le Misanthrope, II, 4.
39 Je suis assurée que cette petite personne (Pauline) est jolie (…) et qu'elle soutient et même efface des beautés plus régulières (…)
Mme de Sévigné, 2 mars 1689.
40 (…) dans le simple appareil
D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.
Racine, Britannicus, II, 2.
41 Parmi tant de beautés qui briguent leur tendresse (des sultans),Ils daignent quelquefois choisir une maîtresse (…)
Racine, Bajazet, I, 3.
42 Ciel ! quel nombreux essaim d'innocentes beautés (…)
Racine, Esther, I, 1.
43 Ouvre-moi ton cœur, ô ma beauté ! cela fait tant de bien (…)
Chateaubriand, Atala.
43.1 J'aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissés
D'où semblent couler des ténèbres (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Les épaves », XI.
44 Il (Salomon) collectionne les beautés exotiques (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, II, p. 207.
44.1 (…) le genre de beautés du second Empire dont le prototype fut incarné par notre Impératrice Eugénie (…) Ce genre de beautés aujourd'hui semble totalement supplanté par celui, industrialisé, de la pin-up, de la vamp-vedette.
Pierre Klossowski, la Révocation de l'Édit de Nantes, p. 10.
Littér. || La beauté : les belles femmes. || Rendre hommage à la beauté (Académie).
4 (Souvent au pluriel). Belle chose, beau détail (d'un lieu, d'un objet, d'une personne, d'une œuvre).Vieilli. Les attraits (d'une personne, d'une femme; → ci-dessous cit. 45, 46 et 50). || Les beautés de cette femme lui ont tourné la tête. Appas (cit. 13), charme, trésor.Mod. || Les beautés d'une œuvre, d'un texte. || Les beautés artistiques de l'Italie sont innombrables. || Les beautés du style de Racine.
45 (Elle) Étale ses beautés, fait montre de ses charmes (…)
Malherbe, V, 23.
46 (…) L'empire inhumain qu'exercent vos beautés
Force jusqu'aux esprits et jusqu'aux volontés.
Corneille, Cinna, III, 4.
47 L'amour qui nous attache aux beautés éternelles
N'étouffe pas en nous l'amour des temporelles.
Molière, Tartuffe, III, 3.
48 Ses ouvrages (de Juvénal), tout pleins d'affreuses vérités,
Étincellent pourtant de sublimes beautés (…)
Boileau, l'Art poétique, II.
49 Les beautés de ces lieux, les mœurs des habitants,
Et le gouvernement de la chose publique
Aquatique.
La Fontaine, Fables, IV, II.
50 Chaque belle a diverses beautés et chaque beauté fait naître des désirs.
Helvétius, Notes et maximes, p. 271.
51 (…) chaque nouvelle beauté de son œuvre était la petite quantité de Bergotte enfouie dans une chose et qu'il en avait tirée. Mais si par là chacune de ces beautés était apparentée avec les autres et reconnaissable, elle restait cependant particulière (…)
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Folio, p. 152.
CONTR. Hideur, horreur, laideur, monstruosité, vulgarité, vilenie. — Défaut.

Encyclopédie Universelle. 2012.