franchise [ frɑ̃ʃiz ] n. f.
1 ♦ Vx Liberté, indépendance.
♢ Anciennt Droit (privilège, immunité, etc.) limitant l'autorité souveraine au profit d'une ville, d'un corps, d'un individu. Charte, lettre de franchise (cf. Ville franche). « Qu'elles s'appelassent villes privilégiées ou communes, qu'elles eussent obtenu ou arraché leurs franchises » (Michelet).
♢ Mod. Exemption, exonération (de certaines taxes, de certains droits). Franchise douanière : exonération (temporaire ou définitive, partielle ou totale) des droits de douane sur certaines marchandises. Admission, importation en franchise. — Dr. fisc. Exemption légale de taxe ou d'impôts. — Franchise postale : exemption de la taxe sur la correspondance (militaires, etc.) (cf. Dispense d'affranchissement). Franchise de bagages : poids de bagages admis sans paiement de supplément. — Comm. ⇒ franchisage. Fédération française de la franchise. — Assurances Part d'un dommage que l'assuré conserve à sa charge. Contrat d'assurance avec, sans franchise.
2 ♦ (XVe) Qualité d'une personne franche. ⇒ droiture, franc-parler, loyauté, sincérité, spontanéité. Parler avec une franchise brutale (cf. Ne pas mâcher ses mots). J'apprécie sa franchise. « Tout son visage largement ouvert respirait la franchise » (France). — Ellipt En toute franchise : bien franchement. ⇒ sincèrement. En toute franchise, je préfère y aller seul.
3 ♦ (XVIIe) Rare Qualité de ce qui est net dans l'exécution, bien tranché. « Un tapis de fleurs, d'une franchise de couleurs incomparable » (Renan).
⊗ CONTR. Dissimulation, fausseté, hypocrisie, sournoiserie.
● franchise nom féminin (de franc) Qualité de quelqu'un, des propos de quelqu'un, qui ne dissimule pas sa pensée, qui parle ouvertement : Répondre avec franchise. Qualité de quelqu'un, du comportement de quelqu'un qui agit avec loyauté : Attitude qui manque de franchise. ● franchise (citations) nom féminin (de franc) Abel Hermant Paris 1862-Chantilly 1950 Le mensonge tue l'amour, a-t-on dit. Eh bien, et la franchise, donc ! Éloge du mensonge Hachette Jean d'Auton Authon, Charente-Maritime, 1466 ?-1528 Et au surplus, pour garder ma franchise, Toujours me tiens avecque les plus forts. Chroniques liberté Prosper Mérimée Paris 1803-Cannes 1870 Académie française, 1844 La franchise et la vérité sont rarement bonnes auprès des femmes. Lettres, à Jenny Dacquin, 1843 Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 […] La flatterie n'est parfois que l'épanchement de la tendresse et la franchise la bave de la mauvaise humeur. Les Plaisirs et les Jours Gallimard Jacques Rivière Bordeaux 1886-Paris 1925 La franchise est le vice méridional. C'est une inconscience de la mesure. Correspondance, à Alain-Fournier, 20 avril 1908 Gallimard Charles Augustin Sainte-Beuve Boulogne-sur-Mer 1804-Paris 1869 Dans un monde faux, les femmes franches sont ce qu'il y a de plus trompeur. Mes poisons Térence, en latin Publius Terentius Afer Carthage vers 185-159 avant J.-C. La complaisance fait les amis, la franchise engendre la haine. Obsequium amicos, veritas odium parit. L'Andrienne, I, 1 ● franchise (expressions) nom féminin (de franc) En toute franchise, à vous parler franchement, sans détour. ● franchise (synonymes) nom féminin (de franc) Qualité de quelqu'un, des propos de quelqu'un, qui ne dissimule...
Synonymes :
- cordialité
- sincérité
- spontanéité
Contraires :
- déloyauté
- fausseté
- mensonge
- ruse
Qualité de quelqu'un, du comportement de quelqu'un qui agit avec...
Synonymes :
- netteté
- vigueur
Contraires :
● franchise
nom féminin
(de franc)
Clause d'une assurance qui fixe un montant restant à la charge de l'assuré en cas de dommage ; ce montant lui-même.
Savoir-faire, marque, etc., cédés par un commerçant à un autre dans le cadre d'un contrat de franchisage.
Période durant laquelle le bénéficiaire d'un crédit n'a rien à rembourser ou ne paie que les intérêts liés au crédit, sans avoir à procéder à l'amortissement du capital.
Exemption en matière de taxes, d'impôts ou de droits de douane.
● franchise (expressions)
nom féminin
(de franc)
Charte de franchise, charte énonçant les privilèges accordés par un seigneur à une communauté d'habitants pour attirer ou retenir ces derniers sur son domaine. (La multiplication des chartes de franchise à partir du XIIe s. est liée au réveil urbain et aux grands défrichements.)
Franchise postale, exemption de taxe d'affranchissement pour les correspondances expédiées ou reçues par certains services de l'État et certains services publics.
● franchise (synonymes)
nom féminin
(de franc)
Période durant laquelle le bénéficiaire d'un crédit n'a rien à...
Synonymes :
- différé de remboursement
franchise
n. f.
rI./r
d1./d DR Anc. Immunité, privilège, exemption accordés autrefois à certaines personnes, à certaines collectivités. Franchises d'une ville.
— Mod. Franchises universitaires.
|| Mod. Exemption légale ou réglementaire de taxes, d'impositions. Franchise douanière, postale. Admission en franchise: franchise, lors de l'entrée dans un pays, pour des marchandises contenues dans les bagages personnels, sous certaines conditions.
d2./d Somme laissée à la charge d'un assuré en cas de dommages.
rII./r Qualité d'une personne qui parle ou agit ouvertement, sincèrement.
⇒FRANCHISE, subst. fém.
A.— Liberté, indépendance.
1. Vx. État de celui qui est de condition libre, qui n'est assujetti à aucun maître; anton. servitude. Droit de posséder des fiefs en franchise (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 151) :
• 1. — Je vous ai vu passer, lors d'autres chasses, et aussi Monseigneur de Valois votre frère, quand il est venu affranchir les serfs du comté. — Tu es homme libre? — Grâce à vous, mon Sire, et point serf comme je suis né. Je sais mes chiffres, et tenir le stylet pour compter s'il le faut. — Es-tu content d'être libre? — Content... sûr qu'on l'est. C'est-à-dire qu'on se sent autrement, on cesse d'être comme des morts en notre vivant. Et nous savons bien, nous autres, que c'est à vous qu'on doit les ordonnances. On se les répète souvent, comme notre prière sur la terre : « Attendu que toute créature humaine qui est formée à l'image de Notre-Seigneur doit généralement être franche par droit naturel... » C'est bon d'entendre ça, quand on se croyait pour toujours ni plus ni moins que les bêtes. — Combien as-tu payé ta franchise?
DRUON, Roi de fer, 1955, p. 311.
2. Au plur. Droits, privilèges, libertés que possédaient par charte ou concession, des villes, des pays et leurs habitants, des corps constitués, limitant ainsi le pouvoir de l'autorité souveraine. On promit de conserver les privilèges et franchises qu'elle [la commune] tenait des ducs de Normandie, des rois d'Angleterre et de France (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 214) :
• 2. ... la Révolution ayant fait table rase des franchises et libertés d'autrefois, ainsi que des Parlements qui en étaient les gardiens, les nouveaux intendants [les préfets et sous-préfets de Bonaparte] administraient sans obstacle au nom du pouvoir central.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 102.
— P. ext. [En parlant de groupes, de catégories d'individus] Synon. de libertés. L'aristocratie féodale (...) dut entrer en lutte ou en négociations avec la royauté, (...) avec le clergé et le peuple, qui réclamaient énergiquement leurs franchises (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 27) :
• 3. Au nom de la noblesse, Balian de Sidon refusa : les droits de la couronne de Jérusalem, dont se réclamait Frédéric II, restaient limités par les droits, franchises et privilèges des barons, et la Syrie franque n'avait pas à supporter le bon plaisir d'un podestat impérial qui se permettrait, comme à Beyrouth, d'attaquer les liges sans jugement préalable de leurs pairs.
GROUSSET, Croisades, 1939, p. 341.
3. DR. ANC.
a) Privilège accordé à certains ouvriers qui n'étaient pas passés maîtres, de gagner leur maîtrise en travaillant dans certains quartiers ou endroits déterminés :
• 4. On connaît la prodigieuse activité des manufactures de quelques faubourgs de Paris, et principalement du faubourg Saint-Antoine, où l'industrie jouissait de plusieurs franchises (...). Comment arrivait-il donc qu'on y fût plus habile sans apprentissage, sans compagnonnage forcé, que dans le reste de la ville, où l'on était assujetti à ces règles qu'on cherche à faire envisager comme si essentielles?
SAY, Écon. pol., 1832, p. 195.
— ,,Il a gagné sa franchise, se disait De celui qui ayant terminé son apprentissage, pouvait s'établir comme ouvrier dans un lieu de franchise`` (Ac. 1835, 1878).
b) Lieu déterminé auquel est attaché le droit d'asile. Synon. asile. On ne saurait le prendre en ce lieu-là, c'est une franchise (Ac. 1835, 1878). Les franchises des églises (Ac. 1798-1878).
— P. ext. Droit d'asile attaché à un lieu déterminé. Les hôtels des ambassadeurs sont lieux de franchise (Ac. 1932).
Au fig. Rome déchue offre un asile aux puissances tombées; ses ruines sont un lieu de franchise pour la gloire persécutée et les talents malheureux (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 423).
♦ Franchises universitaires. Les franchises universitaires parmi lesquelles figurait l'interdiction aux forces de police de forcer l'enceinte des facultés (Étiemble ds Le Monde, 21 mai 1980, p. 1, col. 4).
B.— Exemption de paiement d'impôts, de taxes. Je reconnais que la franchise du port de Livourne ayant toujours été regardée comme la cause première de sa prospérité, la Toscane peut avoir un intérêt direct à la maintenir (ID., Corresp., t. 4, 1789-1824, p. 147). Cf. port franc.
♦ Franchise de bagages. Poids de bagages inférieur à une limite fixée, qu'un voyageur peut emporter avec soi sans payer aucune taxe. (Ds Lar. Lang. fr., Pt ROB., Lar. encyclop.).
♦ Franchise douanière. Exonération des droits de douane appliquée aux marchandises admises sur le territoire national (en entrepôt, en transit, en admission temporaire) ou en zone franche (d'apr. CAP. 1936; ROB., Nouv. Lar. ill. — Lar. Lang. fr., Pt ROB.).
♦ Franchise postale. Exemption du paiement des droits de poste accordée à certaines personnes, à certains organismes. Franchise militaire (Ac. 1932). Franchise de poste, franchise de lettre (Ac. 1878-1932). On ôtera le contreseing aux membres du parlement (...). On leur conservera pourtant la franchise de leurs ports de lettres (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 371). La franchise postale dont jouissent les bibliothèques universitaires facilitant singulièrement ce genre de prêt (Civilis. écr., 1939, p. 48-7).
C.— Caractère de celui qui est franc; qualité de ce qui est franc.
1. [En parlant d'une pers.] Qui parle et agit ouvertement, sans dissimulation, comme elle pense. Entière franchise; air de franchise; parler avec franchise. La véritable franchise existe parmi les jeunes sous-officiers de cavalerie, braves comme leur épée et se moquant de tout ce qui peut arriver (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 419).
a) [En parlant de son aspect, de son attitude] Il a cependant sur nos gouvernants un remarquable avantage : celui d'une franchise à toute épreuve. Ce qu'il pense, il le dit (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 330). Là [en Afrique] il faut un regard ferme sur la vie, un regard pur, allant droit devant soi, un regard de toute franchise, de toute clarté (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 23) :
• 5. ... cette sincérité courageuse que les conquérants de la Gaule regardaient comme la vertu de leur race, opinion qui, devenue populaire, donna naissance par la suite à un mot nouveau, celui de franchise [it. ds le texte].
THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 181.
b) [En parlant du comportement, des sentiments] Nous autres (...) savons combien est rare cette noble franchise du cœur qui se sépare des choses convenues (BALZAC, Corresp., 1839, p. 649). L'émotivité, chez les caractères de haute trempe, peut aussi favoriser la franchise, qui est la forme affective de la véracité (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 237) :
• 6. Il y a une sorte de netteté et de franchise de style qui tient à l'humeur et au tempérament, comme la franchise du caractère. On peut l'aimer, mais on ne doit pas l'exiger. Voltaire l'avait; les Anciens ne l'avaient pas. Ces Grecs inimitables avaient toujours un style vrai, convenable, aimable; mais ils n'avaient pas un style franc. Cette qualité est d'ailleurs incompatible avec d'autres qui sont essentielles à la beauté. Elle peut s'allier avec la grandeur, mais non avec la dignité. Il y a en elle quelque chose de courageux et de hardi, mais aussi quelque chose d'un peu brusque et d'un peu pétulant.
JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 66.
— Franchise de + subst. D'une franchise d'allures qui touchait à la violence (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Épreuve, 1889, p. 1117). Sa franchise d'accueil, le naturel de ses paroles et leur sérieux charmant (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 134).
SYNT. Franchise absolue, brutale; grande, noble franchise; accès de franchise; accent, caractère de franchise; manque de franchise. PARAD. Franchise/bonté, franchise/générosité, franchise/ loyauté.
2. [En parlant de qqc.] Qualité de ce qui est franc, net. Ces cruelles influences furent épargnées à Tourguéniev, grâce à la franchise de ses impressions premières (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 238) :
• 7. ... quelques humains se courbaient sur un champ, près d'une charrette attelée d'un cheval rouan (...). Et les essieux claquaient, un instant; le son traversait l'air, pur, dépouillé, sans avoir perdu sa franchise première.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 286.
— PEINT., SCULPT. [En parlant d'une œuvre ou de la manière de l'exécuter] Qualité de ce qui est franc, hardi, net. La franchise du crayon, du pinceau, du ciseau. La franchise du dessin, du coloris (Ac. 1878-1932). Les natures mortes [de Cézanne] surtout sont intéressantes par l'éclat de leurs couleurs, par la franchise des tonalités, par l'originalité de certaines nuances analogues à celles de la faïence ancienne (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 152). L'ampleur et la franchise des formes sculptées remplacent ici [la Vierge de pitié, du XVe siècle, autrefois à Villeneuve-d'Avignon] la gentillesse menue des figures d'enlumineurs (HOURTICQ, Hist. Art, Fr., 1914, p. 121).
REM. Francheté, subst. fém., région. (Canada). Synon. de franchise C. Vous êtes tous là à me demander mon idée : je vous la donne de francheté (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 238).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1130 « liberté » (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, 39, 1); b) 1215-20 « privilège, immunité limitant l'autorité souveraine au profit d'une ville, d'un corps, d'un individu » (HUGUES DE BERZÉ, Bible, éd. F. Lecoy, 271); 2. ca 1150 « noblesse de cœur, de caractère (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 6939); 3. 1559 « qualité de celui qui dit librement ce qu'il pense » (AMYOT, Cor. 26 ds LITTRÉ). Dér. de franc3, franche; suff. -ise. Fréq. abs. littér. :1 394. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 691, b) 1 643; XXe s. : a) 1 781, b) 1 680. Bbg. BRESLIN (M.-S.). The Old French abstract suffix -ise. Rom. Philol. 1969, t. 22, p. 419. — BURGESS (G. S.). Contribution à l'ét. du vocab. pré-courtois. Genève, 1970, pp. 56-67. — CHAURAND (J.). Introd. à l'hist. du vocab. fr. Paris, 1977, pp. 53-66. — GOHIN 1903, p. 307. — PAYEN (J.-C.). A Semiological study of Guillaume de Lorris. Yale fr. St. 1974, n° 51, p. 175. — STIMM (H.). Die Romanischen Wörter für frei. Saarbrücken, 1967, p. 30. — VENCK. 1975, pp. 249-261.
franchise [fʀɑ̃ʃiz] n. f.
ÉTYM. Déb. XIIe; de 2. franc, franche.
❖
♦ État, qualité de ce qui est franc (2. Franc).
———
I État de liberté.
1 Cesse de soupirer, Rome, pour ta franchise :
Si je t'ai mise aux fers, moi-même je les brise (…)
Corneille, Cinna, IV, 3.
REM. Cet archaïsme se rencontre encore chez quelques écrivains contemporains.
2 (1215). Anciennt. Droit (privilège, immunité) limitant l'autorité souveraine au profit d'une ville, d'un corps, d'un individu. ⇒ Dispense, exemption, immunité. || Franchise obtenue par une province, une ville, une corporation. || Franchise accordée, octroyée par concession, par charte, par lettre.
2 Franchise. Mot qui donne toujours une idée de liberté dans quelque sens qu'on le prenne; mot venu des Francs, qui étaient libres; il est si ancien, que lorsque le Cid assiégea et prit Tolède, dans l'onzième siècle, on donna des franchis ou franchises aux Français qui étaient venus à cette expédition (…) Toutes les villes murées avaient des franchises, des libertés, des privilèges (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Franchise.
3 C'était surtout dans les bourgs populeux, qui s'étaient formés au pied des châteaux, que fermentaient les idées d'affranchissement (…) C'était donc par les villes que devait commencer la liberté (…) qu'elles s'appelassent villes privilégiées ou communes, qu'elles eussent obtenu ou arraché leurs franchises (…) Ils (les hommes des communes) voulurent tous quelques franchises, quelques privilèges; ils offrirent de l'argent; ils surent en trouver, indigents et misérables qu'ils étaient (…) tels ont été les fondateurs de nos libertés (…) Les seigneurs, le roi, vendirent à l'envi ces diplômes si bien payés.
Michelet, Hist. de France, IV, IV.
3 Dr. mod. || Franchise d'assurance : partie des pertes et dommages non garantie par l'assureur; exonération de la garantie pour certains risques.
♦ Franchise de pilotage : droit, pour certains petits bâtiments, de ne pas recourir au pilote en zone de pilotage obligatoire — Franchise de l'hôtel diplomatique. ⇒ Exterritorialité. — (1878). || Franchise douanière : exonération (temporaire ou définitive) des droits de douane sur certaines marchandises. ⇒ Douane; admission (temporaire), entrepôt, transit, zone (franche). || Admission en franchise. — Franchise de bagages : poids de bagages qu'un voyageur peut emporter sans payer de supplément.
♦ Dr. fisc. Exemption légale de taxes ou d'impôts. — (Déb. XXe). || Franchise postale : exemption de la taxe sur la correspondance (militaires, Sécurité sociale, etc.). || Franchise (postale) militaire.
4 La correspondance ainsi échangée était gratuite, par franchise militaire.
A. Thérive, les Voix du sang, p. 183.
♦ Fin. Temps pendant lequel on est dispensé de rembourser le principal ou les intérêts (on dit aussi différé d'amortissement).
♦ Comm. (angl. franchise, 1959 dans ce sens, de to franchise, comme franchising, → Franchisage). ⇒ Franchisage. — REM. Bien que le terme franchisage soit recommandé, franchise est couramment employé, notamment dans l'expression prendre un magasin en franchise.
———
II
1 (1559). Qualité de celui, de celle, de ce qui est franc. ⇒ Droiture, loyauté, sincérité (→ 2. Franc, cit. 6). || « La franchise est sans réserve La sincérité ne dit que ce qu'on lui demande, la franchise dit souvent ce qu'on ne lui demande pas » (Suard, in Lafaye, Dict. des synonymes). || Parler avec franchise, une entière franchise, sans rien cacher, sans rien dissimuler. || Franchise qui règne dans un entretien amical. ⇒ Abandon, confiance, cordialité, effusion, expansion; cœur (laisser parler, déborder son cœur). || Je peux lui parler librement sans que ma franchise l'offense. ⇒ Franc-parler. || S'exprimer avec une franchise brutale. ⇒ Mot (ne pas mâcher ses mots, trancher le mot), vérité (dire ses vérités à quelqu'un). || La franchise d'un enfant. ⇒ Candeur, ingénuité, naïveté, simplicité, spontanéité. || Une franchise bon enfant. ⇒ Rondeur. || La prétendue franchise qui se permet des propos blessants (cit. 1). || Une conduite pleine de franchise. || J'apprécie la franchise de ses procédés. || Il est la franchise même.
5 Il est bien des endroits où la pleine franchise
Deviendrait ridicule et serait peu permise (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
6 Mais cette franchise est déplacée avec le public !
Mais toute vérité n'est pas bonne à dire !
Rousseau, Lettre à Mgr de Beaumont.
7 La franchise est une qualité naturelle, et la véracité constante, une vertu.
Joseph Joubert, Pensées, VIII, L.
8 (…) cette franchise provinciale, souvent un peu trop près de l'impolitesse.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 537.
9 La naïveté et la franchise me plaisent chaque jour davantage : je deviens amoureux de La Fontaine.
Stendhal, Journal, p. 53.
10 La franchise fait partie de la loyauté; pourquoi serait-elle moins entière dans le blâme que dans l'éloge ?
Flaubert, Correspondance, t. IV, p. 94.
11 Janin nous disait aujourd'hui dans un accès de franchise : « Savez-vous pourquoi j'ai duré vingt ans ? Parce que j'ai changé tous les quinze jours d'opinion. »
Ed. et J. de Goncourt, Journal, p. 73.
12 La franchise est de se conduire et de s'exprimer comme si les autres n'avaient point de nerfs. Peu de franchise chez les êtres trop sensibles, qui souffrent dans la peau des autres.
Valéry, Suite, p. 58.
13 On peut tout dire avec bonne grâce, et ce serait une étrange confusion que de tenir la brutalité pour la seule forme de franchise.
A. Maurois, Un art de vivre, p. 79.
♦ Une physionomie pleine de franchise, qui respire la franchise. || La franchise du regard. || Il y avait dans sa voix un ton de franchise qui ne pouvait tromper. || La franchise des attitudes (cit. 14).
14 Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, « Parfum exotique ».
15 M. Morin avait la face pleine et de grosses lèvres dont les coins retroussés rejoignaient les favoris poivre et sel (…) tout son visage largement ouvert respirait la franchise.
France, le Petit Pierre, XVI.
♦ Ellipt. ☑ En toute franchise : je vous le dis bien franchement.
2 (1676). Qualité (d'un artiste, d'une œuvre) qui témoigne de hardiesse et de sûreté dans l'exécution. || La franchise de son pinceau, de son coup de crayon. || Une exécution d'une étonnante franchise. || La franchise de l'expression dans les portraits de Saint-Simon.
♦ Franchise d'un coloris, son caractère franc (→ 2. Franc, II., 4.), sans mélange.
16 Pendant les deux mois de mars et d'avril, la campagne est un tapis de fleurs, d'une franchise de couleurs incomparable.
Renan, Vie de Jésus, IV, in Œ. compl., t. IV, p. 125.
❖
CONTR. Asservissement, servitude. — Détour, dissimulation, duplicité, fard, fausseté, hypocrisie, mensonge, sournoiserie.
HOM. Formes du v. franchiser.
Encyclopédie Universelle. 2012.