gratter [ grate ] v. <conjug. : 1>
• 1155; frq.°krattôn
I ♦ V. tr.
1 ♦ Frotter avec qqch. de dur en entamant très légèrement. ⇒ racler. Gratter une surface métallique à décaper. Gratter un mur. ⇒ ravaler. Gratter légèrement la terre pour y semer des graines. Gratter une allumette, l'enflammer. ⇒ craquer. — Absolt Plume qui gratte (le papier),qui ne court pas aisément. ⇒ accrocher. « Une plume qui gratte, et mon style est embarrassé » (A. Gide). — Loc. Gratter le papier. ⇒ gratte-papier. Gratter la terre : labourer superficiellement. Par ext. Faire de la culture.
2 ♦ Racler (en employant les ongles, les griffes). Gratter sa manche avec son ongle, pour enlever une tache. Se gratter la tête, le front, par énervement, par ennui, pour se donner une contenance. — Chien qui gratte le sol. ⇒ fouiller, remuer.
♢ Se gratter une partie du corps qui démange. Se gratter les jambes, les mains. Gratte-moi le dos. Envenimer une plaie en la grattant. — PROV. Trop parler nuit, trop gratter cuit. — Fig. Gratter une vieille plaie, une vieille blessure d'amour-propre. ⇒ entretenir, ranimer .
♢ Par ext. Fam. Faire éprouver une démangeaison à, irriter la peau de. Ça me gratte terriblement (⇒ démanger) , légèrement (⇒ gratouiller) . — Absolt Pull qui gratte. Poil à gratter.
3 ♦ Faire disparaître en raclant (ce qui est sur la surface ainsi frottée). ⇒ enlever ; effacer. Gratter un mot, une inscription. Elle « gratte les gouttes de cire sur les bobèches » (Chardonne). Gratter un vernis qui s'écaille. — Fig. Gratter (le vernis), afin de faire apparaître la réalité profonde. Il semble cultivé, mais il ne faut pas trop gratter.
4 ♦ Fig. et fam. Recueillir tout ce qui peut être utilisé. Gratter les fonds de tiroir. ⇒ racler.
♢ Prélever à son profit, mettre de côté par de petits moyens (⇒ gratte). C'est une affaire où il n'y a pas grand-chose à gratter. ⇒ grappiller. Absolt Gratter sur tout, sur la dépense.
5 ♦ (1894 arg. cycliste) Fam. et vieilli Dépasser (un concurrent). ⇒ devancer, 1. griller. Coureur cycliste qui gratte ses concurrents dans une côte. Il ne songe qu'à gratter les autres voitures sur la route. ⇒ 1. doubler. Se faire gratter.
II ♦ V. intr.
1 ♦ Faire entendre un grattement. Gratter à la porte, au lieu de frapper (par discrétion, timidité). Gratter au carreau. Gratter du violon, de la guitare, en jouer médiocrement.
2 ♦ (1889) Fam. Travailler. ⇒ 2. bosser. Il a dû gratter tout le week-end pour terminer son projet.
III ♦ SE GRATTER v. pron. réfl.
1 ♦ Gratter son corps; une partie du corps lorsqu'on a des démangeaisons. Se gratter jusqu'au sang.
2 ♦ Fam. Tu peux toujours te gratter : tu n'obtiendras rien. ⇒ se fouiller.
● Gratter écrire ; produire des œuvres littéraires le plus souvent médiocres.
gratter
v.
rI./r v. tr.
d1./d Racler de manière à entamer la surface de. Gratter un meuble.
— (Belgique) égratigner.
d2./d Faire disparaître en raclant. Gratter un mot, une inscription.
d3./d (Québec) Débarrasser (une route, un trottoir, etc.) de la neige qui l'encombre. Gratter son entrée de maison.
d4./d Frotter (une partie du corps) avec les ongles pour calmer une démangeaison. Gratter le dos de qqn.
|| v. Pron. Se gratter le bras.
|| Par ext., Fam. Causer des démangeaisons. Un vêtement qui gratte. ça me gratte.
d5./d Fam. Distancer à la course, dépasser.
d6./d Fig., Fam. Faire de menus profits, souvent illicites. Gratter quelques sous.
rII./r v. intr.
d1./d Gratter à une porte, pour qu'on l'ouvre.
d2./d Gratter de la guitare, en jouer de temps en temps, en amateur, ou en jouer mal.
⇒GRATTER, verbe
I. — Emploi trans.
A. — Trans. dir.
1. Frotter (avec quelque chose de dur, un instrument anguleux, aigu ou râpeux) en entamant légèrement (un objet, une surface) pour nettoyer, polir, etc. Synon. racler.
a) Qqn gratte qqc. Gratter une façade, une muraille, un métal; gratter des carottes; gratter le plancher avec une paille de fer, une casserole avec une cuiller; gratter doucement, furieusement, légèrement, proprement. Émilie (...) grattait les légumes avec le plus coquet couteau à manche d'écaille que l'on puisse voir (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 213). Le vieux vida sa pipe sur le gravier, gratta la terre du talon pour ensevelir la cendre (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 45) :
• 1. « Seigneur, Seigneur! — cria tout à coup l'Archange, — voici les Juifs et les Persans, que nous avions oubliés! » Allah, pris de court, retourna la marmite; mais, même en grattant le fond et en récurant les bords, il ne put emplir qu'une seule et dernière cuillerée.
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 174.
— Emploi abs. J'en aurai pour plus de quinze jours à laver le plancher. Il faudra gratter, ce sera terrible (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 354).
— Gratter une allumette. Frotter une allumette pour l'enflammer. Synon. (faire) craquer. Les allumettes! Il en gratta une, qui ne prit pas, en compta cinq autres dans la boîte, gratta la seconde avec une émotion infinie. La flamme jaillit (MONTHERL., Songe, 1922, p. 115).
— Gratter le sol, la terre. Labourer superficiellement. Ah! les plaines au pied du Taurus, (...) quel paradis délicieux! On n'a qu'à gratter la terre, les moissons poussent, débordantes (ZOLA, Argent, 1891, p. 64). Emploi abs. Les cultures ont vite cessé. Ils grattent un peu autour des villages. Mais qui récolte? (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1914, p. 364).
♦ P. ext. Cultiver. Ça n'aurait pas empêché l'ouvrier de gratter la terre, le savant de piocher sa table de logarithmes ou même l'ingénieur de construire ses joujoux pour grandes personnes (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1045). Ces demi-privilégiés des campagnes, dont la tâche quotidienne est de gratter le sol, dix, douze, quatorze heures par jour, selon les saisons (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 369).
♦ Loc. fig., fam. Plutôt gratter la terre avec mes ongles que de... Plutôt m'abaisser à n'importe quelle extrémité que de... J'aimerais mieux gratter la terre avec mes ongles que de me séparer de cela (BALZAC, Goriot, 1835, p. 27).
— Au fig., fam. Gratter du papier, le parchemin. Gagner sa vie en faisant des écritures (notamment dans les carrières juridiques et administratives); [en parlant d'un écrivain] produire des écrits médiocres (cf. gratte-papier, gratteur de papier). Peut-être irais-je en Italie (...). Puis Paris — chercher un trou où gratter un papier officiel (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1892, p. 163).
b) Qqc. gratte qqc. [Le suj. désigne un instrument] Des maçons s'appelaient du haut des échelles, au milieu d'un bruit de truelles grattant les murs (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 977).
— Emploi abs. Plume qui gratte. Plume qui accroche, qui ne court pas facilement sur le papier. L'engourdissement de mes doigts entraîne l'engourdissement de ma cervelle. Une plume qui gratte, et mon style est embarrassé (GIDE, Journal, 1916, p. 565).
2. Racler (avec les ongles ou les griffes) dans un mouvement de va-et-vient.
a) [L'obj. désigne une surface extérieure à la personne] Gratter un vêtement, gratter sa manche pour enlever une tache. Bruit de crabes grattant les bordages de leurs griffes crochues (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Épave, 1886, p. 720). On entendit le mourant pousser un souffle embarrassé, et ses mains qui grattaient le drap (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 198).
— P. ext. [L'obj. désigne une surface meuble; le suj. désigne gén. un animal] Remuer (avec les ongles, les griffes, les ergots, les sabots). Synon. farfouiller (fam.), fouiller (fam.), fourrager. Gratter le sol. Les poules grattaient avec frénésie le fumier d'or (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 612). Des alezans qui arquent le col et grattent la terre d'un sabot aristocratique (GREEN, Journal, 1938, p. 150).
♦ Emploi abs. Les petits sillons de sable où les lapins ont gratté fraîchement (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 279). La terre fraîche attire les bêtes : celles qui grattent et fouissent, les rats, les taupes, les renards avides de vers blancs (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 32).
b) [L'obj. désigne le corps ou une partie du corps, notamment une partie du corps qui démange] Gratter une croûte, une plaie. Lucien (...) gratta, à la pointe d'un ongle tout luisant de vernis, deux ou trois boutons qui rosissaient sur sa joue (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 45). Alors les voilà, ces petits mignons! s'écria Lulu en grattant de son index courbe la joue des jumeaux (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 161).
— Emploi abs. Tu as tort de gratter comme ça! lui dit-elle le lendemain matin. Tu irrites. Oh! ce qu'il est enflammé, celui-ci! et elle touchait le bouton du menton (GIDE, Caves, 1914, p. 794).
— [P. méton. de l'obj.] Vois-tu la paresseuse Hursida, grattant au soleil les poux de sa tête (FLAUB., Tentation, 1849, p. 472). Sa spatule en bois d'aloès qui lui sert à gratter sa lèpre (GREEN, Journal, 1948, p. 216).
— Locutions
♦ Loc. proverbiales, au fig., fam. Gratter qqn où ça lui démange. Parler à quelqu'un de ce qui lui plaît et à quoi il est sensible, caresser ses faiblesses. Synon. chatouiller. Il y a toujours en lui un certain endroit chatouilleux d'amour-propre où vous n'avez qu'à le gratter pour le faire sourire (SAINTE-BEUVE, Pensées, 1846, p. 31). Trop parler nuit, trop gratter cuit (cf. cuire II C 2).
♦ Loc. fig., fam., vx. Gratter l'épaule de qqn. Chercher à se le rendre favorable. Synon. flatter. (Ds Ac. 1798-1878).
3. P. ext., fam. [Le suj. désigne un inanimé; l'obj. désigne une partie du corps ou p. méton. une pers.] Provoquer une sensation désagréable de démangeaison ou d'irritation. Synon. chatouiller, démanger, grat(t)ouiller (fam.), irriter, picoter, râper. Col qui gratte; ça me gratte (à la jambe, etc.). Ces bonnes petites faînes huileuses qui grattent la gorge et font tousser (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 10). Et un autre trouvera qu'il y a quelque chose qui le gratte dans la bouche. Et il s'approchera d'une glace, ouvrira la bouche (SARTRE, Nausée, 1938, p. 200).
— En partic.
♦ [Le suj. désigne un liquide ou une émanation] Synon. picoter, piquer, racler, râper. Vin qui gratte le gosier. L'odeur du vinaigre la grattait délicieusement à la gorge (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 778).
♦ [Le suj. désigne un son] Des romances qui grattaient l'oreille, dont les notes fausses troublaient l'air tranquille et agaçaient les nerfs des dents ainsi que des gouttes de vinaigre (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1033). Les notes, les sons, ses doigts qui couraient sur les touches, les vibrations des cordes qui lui grattaient les nerfs (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 733).
— Emploi abs. :
• 2. ... le sommeil qui avait failli venir s'en fut. Le lit lui fit mal. Le creux central, hostile, grattait. La fraîcheur des bordures latérales ne durait pas. Il se retourna, regonfla l'oreiller, retrouva un peu de confort et de douceur.
MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 247.
♦ Poil à gratter. Bourre piquante du fruit de l'églantier qui se vend en poudre dans les magasins de farces et attrapes. Je (...) crus d'abord qu'un mauvais farceur avait couvert mes draps de poil à gratter. Quelque temps il y eut une lutte entre la démangeaison et le sommeil (GIDE, Si le grain, 1924, p. 557). Tu te rappelles quand on lui a mis du poil à gratter dans le dos et qu'on a soufflé de la poudre à éternuer dans le nez des voyageurs (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 178). Poudre à gratter, synon. vieilli. Les deux fils de madame de Lespoisse mettaient dans son lit de la poudre à gratter (A. FRANCE, Barbe-Bleue, 1909, p. 35). P. métaph. Et la critique, Vif-Argent, qu'est-ce que c'est, s'il vous plaît? — La poudre à gratter de l'opinion publique (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 61).
4. Effacer (ce qui est sur une surface) en raclant (avec l'ongle ou un instrument aigu). Synon. enlever, ôter. Gratter un chiffre, une inscription; gratter des gouttes de cire, une tache; gratter la boue, la terre de ses chaussures; gratter une étiquette, un prix, un vernis. Ce mot a été gratté (Ac.). Mme Jacquemart l'entendit déplacer une casserole, puis gratter sur le fourneau, avec un couteau, les traces du lait brûlé (ARLAND, Ordre, 1929, p. 353). Ces gelées de groseilles qui se laissent odieusement gratter sur les tartines (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 10) :
• 3. L'accusation repose sur ce fait que l'adresse du « petit bleu » est grattée et que le nom du destinataire a été effacé pour y inscrire celui d'Esterhazy. Le colonel Picquart est accusé d'avoir fait ce faux pour détourner sur Esterhazy des soupçons qui se sont trouvés vrais.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 484.
— Au fig., fam., souvent iron. Gratter la croûte, le décor, le vernis. Révéler la véritable nature de quelqu'un en dépassant l'aspect superficiel et vain de son être. Ses mauvaises manières [d'une faubourienne] semblent empruntées : grattez la croûte de sauvagerie et vous trouverez la civilisée (LARBAUD, Jaune, 1927, p. 279). P. méton. Gratter qqn. Dépasser l'aspect extérieur de. Eh bien! grattez l'ironiste, vous trouvez l'élégiaque (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 192) :
• 4. ... je connais mon monde. En France, il ne faut pas gratter beaucoup de l'ongle une fille de grande seigneurerie pour retrouver la paysanne, et la plus mijaurée des duchesses a la même santé de corps ou d'âme que sa fermière...
BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 3, p. 1618.
5. Au fig., fam. ou pop.
a) Recueillir péniblement et peu à peu (tout ce qui peut être utilisé, une somme d'argent). Synon. racler, fouiller. Elle les avait ramassés [les 2 300 F], grattés ici et là, sur les uns, sur les autres, par emprunts de deux cents, de cent francs (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 146). Les caisses de l'Universelle étaient vides, il en avait gratté jusqu'aux centimes (ZOLA, Argent, 1891, p. 347).
b) Gagner (de petits profits), souvent de manière illicite. Synon. grappiller (fam.), grignoter. Gratter les fonds de tiroir. Gratter un peu d'argent, quelques francs; une affaire où il y a peu à gratter. Y a rien à gratter (...). Hier soir, elle m'a jeté mes vingt sous à la figure! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 25).
♦ [P. méton. de l'obj.] Anciens domestiques devenus capitalistes à force de gratter leurs maîtres (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 242).
— Emploi abs. Gratter sur tout, sur la dépense. En vain est-ce de vos bons deniers que vous courez les chemins, la duchesse croit toujours que vous êtes en mission, tous frais payés, et que vous grattez encore (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 588). Aux yeux de tous, nous étions des salariés qui, de plus, grattions aux dépens d'eux sur les subsides (GIDE, Journal, 1932, p. 1101) :
• 5. Je ne sais trop où je trouvais de l'argent, cette année-là, car je ne faisais plus de cours. Sans doute économisais-je sur les cinq francs que ma mère me donnait chaque jour pour déjeuner, et je grattais un peu, de-ci, de-là. En tout cas j'organisais mon budget en fonction de ces orgies.
BEAUVOIR, Mém. J. fille, 1958, p. 292.
6. Arg., pop., SPORTS. Dépasser, surclasser (un concurrent, un véhicule) en le gagnant de vitesse. Synon. devancer, distancer, doubler, griller (fam.). Gratter un adversaire, un concurrent dans une côte. L'ingénieur de papa, qui m'emmenait le dimanche et grattait toutes les voitures (ARNOUX, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 194). Tu as eu le temps de courir à Mauriac, dans le tacot du garage à Piarasse, loué par toi d'avance (...). Ma voiture était au même garage. Elle t'aurait gratté en cinq minutes (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 230).
B. — Pronominal [Correspond à A 2 b]
1. Réfléchi
a) Dir. et indir. Frotter le corps ou une partie du corps qui démange ou qui irrite. Chat, singe qui se gratte; se gratter sans arrêt, jusqu'au sang; envie, manie de se gratter; se gratter le dos, les jambes, les mains, les boutons. Ils se grattent soudain l'annulaire de l'ongle de leur pouce (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 262). Il joue avec un coupe-papier de fer qu'il coule sous sa manchette pour se gratter l'avant-bras (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 164).
— En partic. Se gratter la tête, le front, l'oreille. Passer la main, les doigts, les ongles ou un objet faisant le même office dans ses cheveux, sa tête, sur son front, etc., en un geste instinctif de perplexité, d'énervement, d'embarras ou d'ennui, pour se donner une contenance. Il se grattait la tête : — À mon avis, l'opération doit être douloureuse (CAMUS, Peste, 1947, p. 1229). Baissant la tête, le professeur se gratta l'oreille et parut réfléchir (GREEN, Moïra, 1950, p. 93).
♦ Arg. Se gratter. Hésiter, être dans l'indécision (d'apr. ESN. 1966). Cf. SIMONIN, Du mouron pour les petits oiseaux, Paris, Gallimard, 1973 [1960], p. 129.
— Loc. proverbiale. Qui se sent galeux, (qu'il) se gratte (Ac.).
Rem. À la constr. se gratter les bras correspond la constr. trans. gratter ses bras, moins cour. Elle le voit, debout, grattant d'une main sa tignasse, avec sa chemise déboutonnée sur sa chair de poulet (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1017). Gavoille, avec simplicité, continuait de gratter sa cuisse (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 354).
b) Dir., au fig., pop. et arg. Ne pas obtenir ce que l'on désire ou espère. Synon. se fouiller (fam.). Tu peux toujours te gratter. D'ailleurs tu seras pas reconnu [malade]. Fricot : Pour ça, mon vieux plein de vent, tu peux te gratter (COURTELINE, Gaîtés Esc., 1886, VII, 1, p. 91). Qu'est-ce que vous avez?... Bande de paumés! Bande de saindoux! (...) Allez vous-en vous gratter! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 530).
2. Réciproque. Loc. proverbiale, au fig., vieilli, iron. ou péj. Ce sont deux ânes qui se grattent. ,,Ce sont deux personnes qui se flattent l'une l'autre`` (Ac. 1798-1932).
C. — Trans. indir.
1. Vieilli. Gratter (à la porte, à la vitre, au carreau, au volet). Frotter discrètement, faire un léger bruit avec les ongles pour demander à entrer ou avertir d'une présence. Synon. toquer (région. ou fam.). Au premier coup de minuit, je viens t'appeler. Marius : Tu gratteras doucement au rideau de fer (PAGNOL, Marius, 1931, II, 5, p. 133).
— Emploi abs. Nos mains touchent une porte; ne trouvant pas de sonnette, je gratte doucement. Fontanet frappe plus fort (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 300).
2. Fam. Gratter de [Le compl. désigne un instrument de mus. à cordes] Jouer un peu, ou plus ou moins bien, de (cet instrument). Synon. fam. racler. Gratter de la guitare, du violon, de la mandoline. Et Boris avait gratté de la guzla en chantant des chansons d'Orel pour me faire plaisir, car c'est un brave garçon sympathique (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 18).
Rem. On rencontre en ce sens, des emplois trans. dir. Gratter sa guitare, son violon, son banjo. Pozzo se remit à gratter sa guitare (...). C'était un murmure passionné, accompagné de petites notes légères (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 310).
II. — Emploi intrans., arg., très fam. ou pop. Travailler, avoir un emploi rétribué. Synon. bosser (très fam., pop.), peiner, trimer (pop.). Gratter dur pour gagner sa vie; chercher, trouver à gratter. Je suis courageuse, Marcel. Mon homme, dis! Je gratterai (CARCO, Équipe, 1919, p. 200). « Mais qu'est-ce que vous entendez par vivre? » Pour lui, vivre, c'était travailler, gratter (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1003).
REM. 1. Gratterie, subst. fém. Synon. rare de grattage et grattement. Mon oncle, qu'agaçait l'éternelle gratterie du balai sur le carreau (FABRE, J. Savignac, 1863, p. 130). 2. Grat(t)on, (Graton, Gratton)subst. masc., alpinisme. Petite aspérité du roc, servant de prise. Sur un gratton minuscule, tout l'art du grimpeur consiste à trouver la position du pied la plus efficace, puis à la maintenir sans le moindre mouvement (Grande encyclop. de La Montagne, Paris, Atlas, 1978, p. 1998). 3. Grattures, subst. fém. plur. Débris provenant d'un grattage. Grattures de cuivre. (Dict. XIXe et XXe s., sauf Ac.).
Prononc. et Orth. : [], (il) gratte []. Att. ds Ac. dep. 1694. Trait d'union pour les mots constr. avec gratte- : gratte-ciel, gratte-cul, etc. Plur. : base verbale inv., hésitation pour le 2e terme des gratte-ciel ds ROB. et Lar. Lang. fr., mais -ciels ds la docum. (cf. THARAUD, Mille et un jours de l'Islam, II, 1939, p. 159); des gratte-papier ds Lar. Lang. fr. mais -papier(s) ds ROB. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. a) 1160-74 abs. « frotter légèrement la peau avec les ongles ou quelque chose de semblable » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3978); 1180-90 trans. « id. » (Renart, éd. M. Roques, 17405); b) 1723 emploi abs. « provoquer une sensation désagréable d'irritation » (Recueil de chansons sur l'usage du Caffé, du Chocolat et du Ratafiat, p. 17 : un chocolat qui gratte); 2. 1176-81 « fouiller le sol avec la patte, le sabot, etc. » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 5623); 3. a) ca 1223 abs. « labourer superficiellement » (G. DE COINCI, Miracles de la Vierge, éd. Fr. V. Kœnig, II Mir. 20, 468); b) ca 1260 « frotter quelque chose de dur en entamant très légèrement la surface » (E. BOILEAU, Métiers, 158 ds T.-L.); c) 1283 « faire disparaître ce qui est sur la surface ainsi frottée » (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, 1082); d) 1690 gratter le parchemin « gagner sa vie à copier » (FUR.); 4. a) 1847 « recueillir tout ce qui peut être utilisé » (BALZAC, Cous. Pons, p. 96); b) 1841 « voler, piller » (E.M. DE SAINT-HILAIRE, Physiol. du troupier, Paris, Aubert, p. 94); 5. 1853 « jouer médiocrement d'un instrument » (DU CAMP, Mém. suic., p. 3 : grattant des rebecks). B. Intrans. 1. 1663 gratter à la porte (MOLIÈRE, Remerciements au roi); 2. 1900 « travailler » (NOUGUIER, Notes manuscr. Dict. Delesalle, p. 143). C. Réfl. 1. 1160-74 « se frotter légèrement la peau avec les ongles » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 645); 2. 1886 « se fouiller, se brosser » (COURTELINE, Gaîtés esc., Bleus arrivent, p. 91). Gratter, qui se rattache à la racine germ. gradi-, remonte soit à l'a. b. frq. krattôn « frotter en raclant » (cf. EWFS1-2); soit plus vraisemblablement au germ. occ. krattôn de même sens (cf. BRÜCH; REW1-3); cf. a. h. all. krazian, krazôn « déchirer, gratter, graver »; m. h. all. kratzen, kretzen « gratter »; all. kratzen « id. ». Le germ. a pénétré en lat. vulg. où l'on a grattare « gratter » (1023 ds NIERM.) qui a lui-même de nombreux représentants romans. Fréq. abs. littér. : 1 058. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 506, b) 1 578; XXe s. : a) 2 006, b) 2 010. Bbg. QUEM. DDL t. 17. - WALT. 1885, p. 67.
gratter [gʀate] v.
ÉTYM. 1155; francique ou germanique krattôn (cf. all. kratzen). P. Guiraud suggère un gallo-roman cratitare, du lat. cratire « herser », de cratis « claie, treillis ».
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I V. tr.
1 Frotter avec quelque chose de dur en entamant très légèrement la surface. || Gratter qqch. pour égaliser, nettoyer. || Gratter un mur, la façade d'une maison. ⇒ Ravaler. || Gratter un plancher sale (→ Échauder, cit. 1), le carrelage d'une cuisine. || Gratter au couteau (cit. 2) un fruit pourri. || Gratter la semelle d'une chaussure boueuse. ⇒ Racler. || Gratter une surface métallique à décaper. || Gratter la peau d'un poisson qu'on écaille. || Gratter le fond d'une marmite couvert de gratin (I., 1.). || Ripe servant à gratter la pierre, le marbre. || Gratter une feuille de papier, de parchemin tachée. || Gratter légèrement la terre pour y semer des graines (→ Germe, cit. 8).
1 Il gratta même par places l'étoffe avec un couteau à désosser qu'il retira des basques de son vêtement de cérémonie.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, VII.
♦ Absolt. || Plume qui gratte (le papier), qui ne court pas aisément, qui accroche.
2 L'engourdissement de mes doigts entraîne l'engourdissement de ma cervelle. Une plume qui gratte, et mon style est embarrassé.
Gide, Journal, 3 oct. 1916.
♦ ☑ Loc. Gratter le papier. ⇒ Gratte-papier. — ☑ Gratter la terre : labourer superficiellement; (par ext.) faire de la culture.
3 Il n'a eu, pour ainsi dire, qu'à gratter la terre sous un ciel plus fortuné, et cet avantage l'a plongé dans la misère et l'indolence.
♦ Gratter une guitare, en jouer (en général maladroitement). → ci-dessous, II., 2.
♦ Par métaphore (littér.). Considérer avec une attention critique, de manière à faire apparaître la réalité profonde. — REM. Le sens est le même que dans les expressions gratter le vernis, le décor, etc. → ci-dessous, cit. 14.
4 Se battre pour des idées, se battre pour de la beauté, est peut-être se battre pour rien mais pas tout à fait puisque l'idée de beauté — voir, comprendre, aimer — subsiste. Fallait-il aller gratter son enfance au point où je l'ai fait, fallait-il livrer sa mère, son père, cesser de leur demander la perfection ou de les investir, pour arriver à un optimisme si relatif ?
Michèle Perrein, Entre chienne et louve, p. 173.
♦ ☑ Loc. fig. Gratter les fonds de tiroir, y prélever tout ce qui peut être utilisé. → ci-dessous, B., 2.
4.1 Sans doute on pourra gratter les recoins du territoire, faire la chasse aux embusqués dans les dépôts et les services de l'intérieur.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XV, p. 51.
2 Racler avec les ongles, les griffes. || Gratter sa manche avec son ongle, pour enlever une tache (→ ci-dessous, B., 1.). || Se gratter la tête, le front, l'oreille, par énervement, par ennui, pour se donner une contenance.
5 Je lui disais donc, en me grattant la tête,
Que je voulais dormir (…)
Racine, les Plaideurs, I, 2.
6 Elle (…) plongea sa main dans ses cheveux et se mit à se gratter lentement la tête, geste propre aux enfants terrifiés et indécis.
Hugo, les Misérables, II, III, V.
7 (…) les mêmes tics : cligner de l'œil de temps en temps, se gratter le nez avec l'index.
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XXVII.
♦ Cheval qui gratte le sol avec ses sabots (→ Fanon, cit. 1). || Poule grattant le fumier pour y trouver des vers. ⇒ Fouiller, remuer.
8 (…) un coq et une poule qui piquèrent du bec, grattèrent la mousse fraîche et l'humus forestier, sans perdre un seul instant.
Colette, Histoires pour Bel-Gazou, Le renard.
9 « Qu'il est beau ! » se dit-elle en contemplant son fils (…) il sait boire à la soucoupe, il sait rugir à l'odeur de la viande crue, il gratte à mon exemple la sciure du plat, d'une manière anxieuse et précipitée (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, Nonoche.
♦ Spécialt. Gratter (une partie du corps qui démange). || Gratter les jambes, les mains de qqn. || Gratter le dos à qqn. || Gratte-moi le dos. — Se gratter la main. || Se gratter la tête. — S'écorcher en grattant un bouton. || Envenimer une plaie en la grattant.
10 Puis elle (l'écureuil) s'essuya le museau sur le velours du fauteuil (…) se gratta l'oreille, disposa sur son dos sa queue en point d'interrogation (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, Ricotte.
♦ ☑ Absolt (prov.). Trop parler nuit, trop gratter cuit.
♦ Par métaphore. || Gratter une vieille plaie, une vieille blessure d'amour-propre. ⇒ Entretenir, ranimer (→ Exagérer, cit. 9). ☑ Gratter quelqu'un où cela lui démange.
3 (Sujet n. de chose). Frotter sur (qqch.) de manière à entamer légèrement la surface. || Truelle grattant un mur. — Accrocher légèrement. || Sa plume gratte le papier, et, absolt, sa plume gratte (→ ci-dessus, cit. 2).
♦ Fam. Faire éprouver une démangeaison à…, irriter la peau. || Pantalon qui gratte. || Son col le gratte. || Ça me gratte terriblement. — ☑ Loc. Poil (cit. 29) à gratter.
♦ Fig. et vx (langue class.). || Gratter qqn, le flatter.
4 (Le sujet désigne souvent un fluide : liquide, gaz). Procurer une sensation râpeuse. || Ce vin gratte le gosier, la gorge.
11 Ces bonnes petites faînes huileuses qui grattent la gorge et font tousser.
Colette, Claudine à l'école, p. 101.
B Enlever en grattant.
1 Faire disparaître (ce qui est sur la surface) en frottant, en grattant (A.). ⇒ Enlever; effacer. || Gratter la boue qui souille des chaussures. || Gratter l'étiquette (cit. 1) collée sur une bouteille. || Gratter un vernis qui s'écaille.
12 Sur l'écu, les armes du préfet impérial avaient été grattées.
P. Nizan, le Cheval de Troie, V.
13 Sa sœur Anna, les mains protégées par des gants défraîchis, garnit les lampes, essuie minutieusement les mèches, gratte les gouttes de cire sur les bobèches (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 39.
♦ ☑ Par métaphore. Gratter le vernis, le décor…, afin de faire apparaître la réalité profonde.
14 (…) c'est ainsi que nous sommes. Dès qu'on gratte un peu le vernis : des petits barbares !
Loti, les Désenchantées, XXIII.
15 Sous l'artiste on veut atteindre l'homme ? Grattons jusqu'à la honte la fresque; nous finirons par trouver le plâtre. Nous aurons perdu la fresque, et oublié le génie en cherchant le secret.
Malraux, les Voix du silence, p. 418.
♦ Spécialt. Effacer, gommer. || Gratter un mot au grattoir.
2 Fig. et fam. Prélever à son profit. ⇒ Gratte (I., 3.). || C'est une affaire où il n'y a pas grand-chose à gratter. || J'arriverai bien à gratter quelque chose là-dessus. ⇒ Grappiller. || Il ne peut rien gratter sur un budget aussi modeste. ⇒ Économiser. Absolt. || Gratter sur tout, sur la dépense.
3 (1894, argot cycliste). Dépasser (un concurrent). ⇒ Devancer, griller. || Coureur cycliste qui gratte ses concurrents dans une côte. || Il ne songe qu'à gratter les autres voitures sur la route. ⇒ Doubler. || Élève qui se laisse, qui se fait gratter à une composition.
16 Nos routes sont rendues meurtrières par la hantise stupide du dépassement. Il y a une foule d'hommes qui se laisseraient gifler, et diraient merci, qui avaleraient n'importe quoi, mais qui n'avaleront pas la poussière de la voiture qui les précède. Ils écraseraient l'univers entier parce qu'une femme en carte leur a dit : « Alors, tu vas te laisser gratter par cet abruti ».
Montherlant, Service inutile, La prudence…, p. 118.
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II
1 V. intr. Faire entendre un grattement. || Qui est-ce qui gratte ? || Gratter au carreau. || Gratter à la porte : faire entendre un léger bruit de grattement (au lieu de frapper, par discrétion, timidité…). || « Gratter se dit aussi chez les Princes, de ceux qui font un petit bruit avec les ongles à la porte, afin que l'huissier leur ouvre. Il n'est pas permis de heurter à la porte de la chambre du Roi, on y gratte seulement » (Furetière, Dictionnaire).
17 N… arrive avec grand bruit; il écarte le monde, se fait faire place; il gratte, il heurte presque; il se nomme.
La Bruyère, les Caractères, I, 301.
18 (…) une femme dont la voix est douce et qui est venue gratter mystérieusement à votre huis vers la tombée du jour.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, p. 11.
19 (…) votre peintre d'amant grattera demain à votre porte, peut-être ce soir (…)
Colette, les Vrilles de la vigne, p. 150.
2 Trans. ind. (construit avec de). || Gratter de la guitare, en jouer médiocrement.
3 Intrans. (1889). Fam. Travailler. (Probablt d'expressions telles que gratter la terre, le papier).
20 On va le loger en attendant qu'il trouve à gratter (…)
P. Nizan, le Cheval de Troie, II.
20.1 Oh !… les nuits d'amour, c'est dans les livres…, et puis c'est pour les gros…, pour ceux qui ne foutent rien…, et encore, est-ce qu'on sait ? Moi, je gratte, tu comprends, Clara… Je gratte toute la journée. Quand on gratte…, la nuit c'est pour dormir, tu comprends (…)
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se gratter v. pron.
♦ Réfl. Gratter son corps, une partie du corps lorsqu'on a des démangeaisons. || Se gratter sans arrêt à cause d'un prurit, de piqûres d'ortie. || Animal qui se gratte contre un arbre. || Se gratter jusqu'au sang (→ Bouton, cit. 5). || Avoir la manie de se gratter. ⇒ Titillomanie (méd.).
21 Il ne parlait pas plus qu'un lion; il se grattait comme un lion, bâillait comme un lion, se mettait sur le flanc comme un lion ennuyé, et rêvait apparemment de sang et de forêts.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 121.
22 (…) il y a des malades qui se grattent et qui se donnent ainsi une espèce de plaisir double, mêlé de douleur, qu'ils payent ensuite de douleurs plus cuisantes.
Alain, Propos, Gribouille, p. 120.
23 Il n'arrêtait pas de se gratter tout autour de lui-même, giratoirement pour ainsi dire, de l'extrémité de la colonne vertébrale à la naissance du cou. Il se sillonnait l'épiderme et le derme même de rayures d'ongles sanglantes (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 127. Par métaphore :
24 La littérature est un vésicatoire qui me démange. Je me gratte par là jusqu'au sang.
Flaubert, Correspondance, 427, 21-22 sept. 1853, t. III, p. 345. ☑ Fam. Tu peux toujours te gratter : tu n'obtiendras rien. ⇒ Fouiller (se).
♦ Récipr. || Se gratter mutuellement.
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gratté, ée p. p. adj.
♦ || Mur gratté. || Plaie grattée. || Boue grattée.
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DÉR. Gratin, graton, gratouiller, grattage, grattement, gratteur, grattoir, grattoire, gratton, gratture. V. Gratte, grattons.
COMP. Gratte-ciel, gratte-cul, gratte-dos, gratte-fond, gratte-paille, gratte-papier, gratte-pieds.
Encyclopédie Universelle. 2012.