haie [ 'ɛ ] n. f.
• XIIe; frq. °hagja
I ♦
1 ♦ Clôture faite d'arbres, d'arbustes, d'épines ou de branchages, et servant à limiter ou à protéger un champ, un jardin. ⇒ bordure. Prairie bordée de haies. Haies de fusains, d'aubépines. « Une haie touffue où se mêlaient des mûriers, des noisetiers, de jeunes acacias » (P. Benoit). Échalier pour franchir une haie. Tailler une haie (⇒ taille-haie) . Haie servant d'abri contre le vent. ⇒ brise-vent. Haie vive, formée d'arbustes en pleine végétation. Haie morte ou sèche, faite de branches sèches, de bois mort. — Des haies, se dit de végétaux qui poussent dans les haies. Prunellier des haies.
♢ Hippol. Course de haies, où les chevaux ont à franchir des haies (naturelles ou factices). ⇒ obstacle, steeple-chase. Dresser un cheval sur les haies. — Athlét. Course de haies, où le coureur doit franchir un certain nombre de haies factices. Courir le 110 mètres haies.
2 ♦ Obstacle constitué par une file (de choses) qui interdit le passage. Haie de rochers, d'écueils. — Fig. Une haie de préjugés.
3 ♦ (XIVe) File (de personnes) bordant une voie pour laisser passage à qqn, à un cortège. ⇒ file, rang. Une haie d'agents de police. ⇒ cordon. Cortège qui défile entre deux haies de spectateurs. Haie d'honneur. Former, faire la haie : être rangé, se disposer en haie. « Toute la paroisse rangée en deux haies » (Balzac). — Par ext. (Choses) Une haie de drapeaux.
II ♦ Techn. La haie d'une charrue. ⇒ age.
⊗ HOM. Ais.
haie
n. f.
d1./d Clôture faite d'arbustes, d'épines ou de branchages entrelacés. Syn. (France rég.) baragne.
|| SPORT Course de haies, où les concurrents (chevaux ou athlètes) doivent franchir un certain nombre de haies artificielles. Le 110 mètres haies.
d2./d Suite d'obstacles disposés en ligne. Haie de pieux, de rochers.
d3./d Série de personnes disposées selon une ligne droite. Faire la haie, une haie d'honneur.
I.
⇒HAIE1, subst. fém.
A. — Clôture végétale entourant ou limitant un domaine, une propriété, un champ, faite d'arbres ou d'arbustes généralement taillés ou de branchages entrelacés. Il retrouvait le pays de ses souvenirs d'enfance, les petits prés enclos de haies, où paissaient les jeunes taureaux (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 67). Un jardinier taille la haie d'un jardin, et le bruit de ses grandes cisailles arrive jusqu'à moi (GREEN, Journal, 1941, p. 128) :
• 1. Nous usions nos splendides jeunesses, attendant le bel avenir, et la route y menant ne paraissait jamais assez interminable, où nous marchions à grands pas, mordant les fleurs des haies qui remplissent la bouche d'un goût de miel et d'exquise amertume.
GIDE, Nourr. terr., 1897, p. 187.
♦ Haie vive. Haie composée d'arbres (généralement des conifères), d'arbustes (épineux, feuillus) bien enracinés. Une courte haie, vive, verte, épaisse, taillée en un long bloc cubique, délimitait le cimetière (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 217) :
• 2. Ils en arrivèrent à parler des grands herbages entourés de haies vives, des sentiers couverts qui se perdent sous les ormes, des routes gazonnées comme des allées de parc.
ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 530.
♦ Haie sèche (vieilli). Haie faite de branches de bois mort entrelacées. Une belle aubépine fleurie, qui apparaît seule dans une haie sèche (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 84).
SYNT. Haie d'aubépines, d'ormeaux, de peupliers, de ronces, de roseaux, de rosiers, de saules, de thuyas, de troènes; haie compacte, épaisse, fleurie, mitoyenne, touffue; double, triple haie; franchir, longer, sauter, traverser la (les, une) haie(s).
— P. métaph. La générosité (qui est la plus épaisse des barrières, la plus épineuse de toutes les haies (...)) (GIONO, Chron., Noé, 1947, p. 128).
— SPORTS. Course de haies
1. HIPPISME. Course d'obstacles consistant à franchir des haies naturelles ou artificielles. Négligente indifférence des jeunes gens à la mode pour tout ce qui n'est point chevaux de race ou courses de haies (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 466).
2. ATHLÉTISME. Épreuve de vitesse de longueur variée consistant à franchir des obstacles plus ou moins hauts (généralement des barrières de hauteur réglable). (Courir le) 80, 100, 110, 400 mètres haie(s). La petite infante de Castille inscrite à Fémina-sports et courant le 83 mètres haies (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 604) :
• 3. Les courses de haies — 110 m et 400 m haies — sont des courses de vitesse pure compliquées par le franchissement de 10 haies de 1,06 m dans le premier cas, de 0,914 m dans le second. Ces haies doivent être « absorbées » par le coureur dans sa foulée sans qu'il y ait saut, à proprement parler, et sans qu'il en résulte un ralentissement sensible!
R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941, p. 136.
B. — P. anal. et au fig. [Constr. usuelle une haie de + subst. plur.]
1. File, rangée, alignement (de choses ou de personnes).
a) [Le compl. désigne des choses] Une haie de chaises (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 175). Deux haies de drapeaux claquant au vent (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 302).
b) [Le compl. (lorsqu'il est exprimé) désigne des pers.] Je suis passé entre une double haie de visages éclatants (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 202). Les Alsaciens défilent entre deux haies de curieux (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 260) :
• 4. Nous avions assisté, ma femme et moi, à l'arrivée à Paris du jeune roi d'Espagne. Tout le long du trajet de sa voiture, une haie s'était formée; nous étions dans les premiers rangs, de sorte que l'on ne peut arguer que peut-être nous ne l'avons pas bien vu.
GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1207.
— Locutions
♦ Faire, former (la) haie; se mettre, se ranger en haie. [Le suj. désigne des pers.] Se disposer sur une ou plusieurs files au passage d'une personne, d'un cortège, d'un défilé. Une place sur laquelle les Indiens des deux sexes étaient rangés en haie (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 261). La foule des spectateurs me fit haie (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 68) :
• 5. Les assistants formaient la haie, se pressant pour voir défiler, derrière le fils Thibault, le sous-préfet, le maire de Compiègne, le général commandant la place, le directeur des haras, tout le conseil municipal de Crouy en redingote...
MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1356.
♦ Au fig. Ce tribunal qui fait une haie à la loi (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 862).
♦ Faire une haie d'honneur (à qqn). Se ranger en file pour rendre hommage à un personnage important. La foule lui faisait une haie d'honneur (RADIGUET, Bal, 1923, p. 35).
Au fig. Des femmes fugaces dont les yeux me faisaient une haie d'honneur (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 200).
2. Domaine moral. Barrière, obstacle entravant une action ou empêchant une réussite. Une triple haie de préjugés religieux, moraux, sociaux, éloignait Israël de tout ce que les autres peuples regardaient comme le progrès (RENAN, Hist. peuple Isr., t. 2, 1889, p. 267).
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694; haye ds Ac. 1694, haie ds Ac. dep. 1740. Homon. : formes du verbe haïr. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1re moitié du XIIe s. « clôture faite d'arbres, d'arbustes, servant à limiter ou à protéger un champ ou un jardin » (Psautier Cambridge, 61, 3 ds T.-L. : maceria); b) 1859 sports course de haies (PONSON DU TERR., loc. cit.); 2. a) 1306 p. anal. (JOINVILLE, Saint Louis, éd. N. L. Corbett, § 208 : comme une grant haye [de flèches]); b) fin du XIVe s. « file de personnes » (FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, t. 3, p. 177, 180). B. Ca 1280 « age d'une charrue » (G. DE BIBBESWORTH, Traité, éd. A. Owen, 919). De l'a. b. frq. hagja « haie (d'arbres, etc.) », cf. l'a. h. all. hegga « pieu, palissade » (GRAFF t. 4, col. 762), m. néerl. hegge « haie; clôture ». Au sens de « palissade », haja est attesté en lat. médiév. dès le IXe s. (NIERM.). Pour l'évolution sém. de B, v. age. Fréq. abs. littér. : 1 546. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 554, b) 2 540; XXe s. : a) 3 116, b) 2 012.
II.
⇒HAIE2, subst. fém.
TECHNOL. Synon. vieilli de age et de flèche. « L'age ou la haie », longue pièce de bois sur laquelle s'assemblent les divers accessoires, en est l'élément principal [de la charrue] (MENON-LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p. 48).
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1835. Homon. : formes du verbe haïr. Étymol. et Hist. V. haie1.
haie ['ɛ] n. f.
ÉTYM. V. 1155; hoie, 1080; francique hagja.
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1 Clôture faite d'arbres, d'arbustes, d'épines ou de branchages et servant à limiter ou à protéger un champ, un jardin. ⇒ Baragne (régional). || Domaine, verger clos de haies. || Prairie bordée de haies. || Haie de cyprès. || Haie de charmes. ⇒ Charmille. || Haie de troènes, de fusains, d'aubépines, d'arbustes (→ Brousse, cit. 1). ⇒ Bordure. || Des haies épaisses (→ Clore, cit. 7; épine-vinette, cit. 2). || Haie servant de brise-vent. || Haie séparant des propriétés mitoyennes. || Chemin entre des haies (→ Faufiler, cit. 8; flanc, cit. 11). || Le long d'une haie (→ Froid, cit. 10). || Brèche, trouée dans une haie. || Échalier pour franchir une haie. || Bois taillis fermé de haies (⇒ Breuil). || Tailler une haie.
1 (…) il me fallut rejoindre en courant mon père et mon grand-père qui m'appelaient, étonnés que je ne les eusse pas suivis dans le petit chemin (…) Je le trouvai tout bourdonnant de l'odeur des aubépines. La haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoir (…) au-dessous d'elles, le soleil posait à terre un quadrillage de clarté (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 188.
2 Anne se trouva alors devant une haie touffue où se mêlaient des mûriers, des noisetiers, de jeunes acacias.
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, I, p. 72.
3 Il y a, pour abriter la maison du mistral, cette haie de cyprès.
M. Constantin-Weyer, Source de joie, IX.
3.1 Tant qu'il faisait très chaud, on ne marchait pas autant que possible en plein champ, mais on prenait les petits chemins bordés de haies qui les longent, surélevées de la hauteur de leur talus. Les haies, maintenant toutes vertes, ne brillaient plus des tendres couleurs des fleurs d'aubépines.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 301.
3.2 Je hais les haies
Qui sont des murs (…)
Je hais les haies
Qui nous emmurent.
Raymond Devos, Sens dessus dessous, p. 193.
♦ (1600). || Haie vive, formée d'arbustes en pleine végétation. ⇒ Bouchure (→ Échapper, cit. 41; fruitier, cit. 2). — (1600). || Haie morte ou sèche, faite de branches sèches, de bois mort.
♦ Des haies, qui pousse dans les haies. || Prunellier des haies.
2 (1853). Obstacle (fragment de haie) dans une course. || Course de haies, où les chevaux ont à franchir des haies (naturelles ou factices), à l'exclusion de gros obstacles (réservés au steeple-chase). || Dresser un cheval sur les haies. || Cheval qui se dérobe à une haie. (1884, in Petiot). Athlétisme. || Course de haies, où le coureur doit franchir un certain nombre de haies factices (sorte de cadres en bois ou en métal renforcés de barres transversales). || Coureur de haies. ⇒ Jumper. — Par appos. || Les courses de haies classiques sont le 110 mètres haies et le 400 mètres haies.
4 Ils abordent la haie à toute allure,
ils la franchissent dans la foulée.
Montherlant, les Olympiques, Les sauteurs de haies.
4.1 Sempé prit la tête et domina toutes les haies avec exubérance. Son galop triomphal avait le rythme et la violence d'un éclat de rire. Mais André, sa grande jambe mal reployée sous lui, fauchait les haies l'une après l'autre.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 192.
3 (Fin XIIIe). Obstacle constitué par une file (de choses) interdisant l'accès, le passage. || Une haie de rochers, d'écueils. || Haie de baïonnettes.
5 Les frontières ne furent qu'une haie de places fortes.
4 (V. 1360). File de personnes (soldats, gardes, curieux…) bordant une voie pour laisser passage à qqn, à un cortège. ⇒ File, rang. || Une haie d'agents de police rangés le long d'un trottoir. ⇒ Cordon. || Une double haie. || Forçats avançant entre deux haies de gardes-chiourme (→ Bagne, cit. 1). || Cortège qui défile entre deux haies de spectateurs. || Haie d'honneur.
6 Une commotion pareille à celle que produit la foudre ébranla tous les spectateurs, quand on vit Laurence que le frôlement de son amazone avait annoncée (…) ses gens s'étaient vivement mis en haie pour la laisser passer.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 525.
7 Aussi quand Véronique sortit de l'église, trouva-t-elle presque toute la paroisse rangée en deux haies. Chacun, à son passage, la salue respectueusement dans un profond silence.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 679.
♦ ☑ Loc. Border la haie (vieilli). ☑ Former, faire la haie : être rangé, se disposer en haie. || Garçons d'honneur faisant la haie à la sortie de l'église. || Rompre la haie.
8 (…) l'infanterie forma la haie sur les bords de la Saône, depuis la porte du fort jusqu'à la place des Terreaux.
A. de Vigny, Cinq-Mars, XXV, t. II, p. 432.
9 Les gardes suisses d'un côté, les gardes françaises de l'autre font la haie aussi loin qu'elle peut s'étendre.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, I, p. 143.
10 Puis, tout autour de la salle, par-delà les rangées d'officiers formant la haie le long du passage réservé au cortège présidentiel, et refluant très loin dans le vestibule d'entrée, la jeune foule enthousiaste des étudiants.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 487.
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II Techn. Age d'une charrue. ⇒ Flèche.
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HOM. Ais; forme des v. être, haïr.
COMP. Taille-haie.
Encyclopédie Universelle. 2012.