impassible [ ɛ̃pasibl ] adj.
• v. 1361; impesible v. 1300; lat. ecclés. impassibilis, du rad. de pati « souffrir »
1 ♦ Vx Qui n'est pas susceptible de souffrance.
2 ♦ (1764) Mod. Qui n'éprouve ou ne trahit aucune émotion, aucun sentiment, aucun trouble. ⇒ 2. calme, imperturbable, indifférent. Juge, examinateur impassible. « L'impassible nature a déjà tout repris » (Hugo). Rester impassible devant la mort. ⇒ impavide, stoïque. — Air, visage impassible. ⇒ fermé, impénétrable. — Adv. IMPASSIBLEMENT , 1842.
⊗ CONTR. Agité, ému, énervé, impressionnable, troublé.
● impassible adjectif (latin ecclésiastique impassibilis, sans passions) Qui ne laisse pas voir son émotion, ses sentiments, qui montre un calme imperturbable : Rester impassible devant le danger. Qui ne se laisse émouvoir par aucune considération étrangère au devoir : Juge impassible. En théologie, qui ne peut pas souffrir. ● impassible (citations) adjectif (latin ecclésiastique impassibilis, sans passions) Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 Elle me dit : Je suis l'impassible théâtre Que ne peut remuer le pied de ses acteurs […] Je sens passer sur moi la comédie humaine Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs. Les Destinées, la Maison du berger la nature ● impassible (difficultés) adjectif (latin ecclésiastique impassibilis, sans passions) Sens 1. Impassible = qui ne manifeste aucune émotion. 2. Impavide = qui n'éprouve ou ne manifeste aucune peur. Registre Impassible se dit dans tous les registres, impavide est littéraire et rare. ● impassible (synonymes) adjectif (latin ecclésiastique impassibilis, sans passions) Qui ne laisse pas voir son émotion, ses sentiments, qui...
Synonymes :
- calme
- figé
- froid
- immobile
- immuable
- impavide
- placide
- résigné
- stoïque
Qui ne se laisse émouvoir par aucune considération étrangère au...
Synonymes :
- équitable
- juste
impassible
adj. Qui ne laisse paraître aucune émotion, aucun trouble. Impassible devant le danger.
⇒IMPASSIBLE, adj.
A. — THÉOL. Qui n'est pas susceptible de souffrance. Si nous étions impassibles dans la vie, l'idée de la mort serait intolérable; mais les douleurs nous aliènent (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 170) :
• 1. ... Malebranche a l'air de dire quelque part que le Verbe se serait incarné, même quand le péché n'aurait pas eu lieu. Mais alors on ne voit pas pour quelle fin. Ce Christ non souffrant et impassible n'eût été qu'une sorte de luxe de la nature humaine et un ornement.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 264.
B. — P. ext.
1. [En parlant d'une pers.]
a) Qui ne laisse paraître aucune émotion, qui reste indifférent. Mademoiselle Sophy qui, froide et impassible, contemploit avec joie la belle et touchante Annette à ses pieds (BALZAC, Annette, 1824, p. 203). Roland, mon ami, il faut que vous soyez fort, muet, impassible, comme si vous ne m'aviez jamais vue (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 20) :
• 2. Je me sentais ému, mais sans tendresse, retenu par la crainte de n'être pas assez impassible, de manifester ce bonheur ou cette inquiétude que les femmes ne savent pas distinguer l'un de l'autre...
ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 186.
— P. anal. Les dromadaires impassibles marchent lentement, comme en cadence (DU CAMP, Nil, 1854, p. 55).
b) Qui ne se laisse émouvoir par aucune considération extérieure. Le tribunal, impassible, rapide et indifférent, rendait la justice en série (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 60).
2. [En parlant d'un trait de caractère, d'un élément de la personnalité] Qui n'exprime aucune émotion, aucun trouble. Style, visage impassible. Le docteur Sivermarus, dont vous connaissez l'impassible gravité, avait sans cesse son mouchoir à la main (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1910). Tel était le sens de son impassible sourire (BERNANOS, Joie, 1929, p. 577) :
• 3. ... elle s'attendrit, et quand il fallut se quitter, ce fut en pleurant qu'elle baisa son pauvre Henry sur les deux joues. Henry alluma de suite un cigare et prit une tenue impassible; mais à peine la voiture s'était-elle ébranlée que le cigare l'étouffait...
FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 17.
3. Au fig. Que rien ne peut affecter. Comme je descendais des fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 128). Les incendies de Bazeilles, les massacres d'Illy, les angoisses de Sedan n'empêchaient pas l'impassible nature d'être belle (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 354). Les façades de maisons demeuraient impassibles (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 3).
Prononc. et Orth. : []. [-] ds PASSY 1914. V. impasse. [-a-], en dehors de l'accent, dans tous les autres dict. V. aussi MARTINET-WALTER 1973. Le mot est att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début XIVe s. « qui n'est pas susceptible de souffrance » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, livre IV, 6376 : Diex immortelz, Diex impassibles); 2. a) av. 1778 « qui, par la force de son caractère, s'est bien mis au-dessus des douleurs et des émotions » (VOLT., Dict. philos., Bien ds ROB.) b) 1797 « qui exprime ou reflète l'impassibilité » (SÉNAC DE MEILHAN, loc. cit.); 3. 1791 « qui ne se laisse pas détourner de son devoir, de son but » (VOLNEY, Ruines, p. 158 : Il croit au destin aveugle et à l'impassible fatalité). Empr. au b. lat. impassibilis (composé de in- privatif et du b. lat. passibilis « susceptible de souffrance », dér. de passum supin du lat. class. pati « souffrir »), employé par les aut. chrét. au sens de « qui ne sent pas, qui ne souffre pas (en parlant de Dieu qui n'est pas soumis à la souffrance); sans passions »; les autres sens du fr. découlant d'une infl. de passion (v. FEW t. 4, p. 557b). Fréq. abs. littér. : 863. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 936, b) 1 730; XXe s. : a) 1 378, b) 1 114.
DÉR. Impassiblement, adv. De manière impassible. Allé chez la marchesa (...). A cherché à m'impressionner avec une coquetterie bien tendre ou bien sournoise, mais je suis resté impassiblement doux, avec des prunelles de marbre fixées sur la flamme noire des siennes (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p. 255). — []. — 1res attest. a) 1551 « sans souffrir, sans être soumis aux passions » (LEON HEBRIEU, trad. P. de Tyard, II, 89 ds Z. rom. Philol. t. 28, p. 726 : Dieu, qui eternellement et impassiblement ayme), b) 1838 « de façon impassible » (BARB. D'AUREV., loc. cit.); de impassible, suff. -ment2.
impassible [ɛ̃pɑsibl] adj.
ÉTYM. V. 1361; impesible, déb. XIVe; bas lat. ecclés. impassibilis, de im- (→ 1. In-), et du rad. de pati « souffrir ».
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1 Vx. Qui n'est pas susceptible de souffrance. || Les corps glorieux sont impassibles (opposé à passible).
1 L'homme né pour mourir ne pouvait pas plus être soustrait aux douleurs qu'à la mort. Pour qu'une substance organisée et douée de sentiment n'éprouvât jamais de douleur, il faudrait que toutes les lois de la nature changeassent (…) L'homme impassible est donc aussi contradictoire que l'homme immortel.
Voltaire, Dict. philosophique, art. Bien.
2 (1764, Voltaire). Mod. Qui n'éprouve ou ne trahit aucune émotion, aucun sentiment, aucun trouble. ⇒ Calme, dur, ferme, flegmatique, froid, imperturbable, indifférent, inébranlable; impassibilité (→ Apaiser, cit. 29; effaroucher, cit. 5). || Une infanterie impassible (→ 1. Froid, cit. 14). || Juge impassible. ⇒ Impartial. || Examinateur (cit. 1) impassible qui intimide le candidat. || Être impassible devant le danger. ⇒ Impavide. || Inquiet, mais impassible (→ Héroïque, cit. 27). || Le sage est impassible devant la mort; elle ne le surprend pas. ⇒ Stoïque. || Rester impassible à l'annonce d'une bonne nouvelle.
♦ (1797; choses). Qui exprime l'impassibilité. || Visage impassible. ⇒ Fermé, immobile, impénétrable (→ Emmêler, cit. 2; exprimer, cit. 15). || Coup d'œil impassible (→ Horloge, cit. 5). || Un air impassible. ⇒ Apathique, insensible.
2 Le sang pétille dans mes vieilles veines, en vous parlant de lui (Letourneur, traducteur de Shakespeare). S'il ne vous a pas mis en colère, je vous tiens pour un homme impassible (…)
Voltaire, Lettre à d'Argental, 4343, 19 juil. 1776.
3 (…) son front resta blanc et impassible comme celui d'une statue de marbre (…)
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 467.
4 (…) on ne pouvait la remarquer que pour l'air qu'elle avait et qui était singulier dans une jeune fille aussi jeune qu'elle, car c'était une espèce d'air impassible, très difficile à caractériser (…) cet air (…) qui la séparait, non pas seulement de ses parents, mais de tous les autres, dont elle semblait n'avoir ni les passions ni les sentiments, vous clouait (…) de surprise, sur place (…) L'Infante à l'épagneul, de Velasquez, pourrait, si vous la connaissez, vous donner une idée de cet air-là, qui n'était ni fier, ni méprisant, ni dédaigneux, non ! mais tout simplement impassible.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Rideau cramoisi ».
5 Encore qu'il parût complètement impassible et détendu, Aufrère, comme un homme livré aux rêveries, tenait sa main gauche devant sa bouche; et Salavin vit avec étonnement qu'il se mordait la peau des doigts tout autour des ongles.
G. Duhamel, Salavin, V, XIV.
♦ (1791, Volney; en parlant de choses auxquelles on prête une personnalité humaine). Indifférent, insensible. || La nature impassible (→ Acteur, cit. 6, Vigny). || Des fleuves impassibles… (→ Haleur, cit. 1, Rimbaud).
6 Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aimâmes !Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris (…)Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes !L'impassible nature a déjà tout repris.
Hugo, les Rayons et les Ombres, « Tristesse d'Olympio ».
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CONTR. Agité, colère, emporté, ému, énervé, éperdu, exalté, excité, fiévreux, fougueux, impatient, impressionnable, troublé.
DÉR. Impassiblement.
Encyclopédie Universelle. 2012.