indigne [ ɛ̃diɲ ] adj.
• fin XIIe; lat. indignus
I ♦ INDIGNE DE.
1 ♦ Qui n'est pas digne de (qqch.), qui ne mérite pas. Elle est indigne de notre confiance. Il s'est rendu indigne d'un tel poste. ⇒ démériter, se disqualifier.
♢ Dr. Être indigne de succéder : être exclu des successions pour cause d'indignité. — Subst. Un, une indigne.
2 ♦ Qui n'est pas dans un rapport de convenance, de conformité avec (qqn), qui n'est pas à sa hauteur. « Tout autre qu'un monarque est indigne de moi » (P. Corneille). — Ce travail lui paraissait indigne de lui.
II ♦ Absolt
1 ♦ Vx (dans des formules de politesse) Humble. Votre indigne serviteur.
2 ♦ Qui n'est pas digne de sa fonction, de son rôle, qui ne mérite que le mépris pour la façon dont il s'en acquitte. ⇒ abject, coupable, cruel, méchant, méprisable, vil. Mère indigne. ⇒ dénaturé. Parents indignes. ⇒ maltraitant.
3 ♦ (Choses) Tout à fait inconvenant, condamnable. ⇒ avilissant, 1. bas, déshonorant, inqualifiable, odieux, révoltant, scandaleux. Une action, une conduite indigne. Je n'étais pas là « pour lui reprocher son indigne trahison » (Laclos).
⊗ CONTR. Digne.
● indigne adjectif (latin indignus) Qui n'est pas digne de quelque chose, qui ne le mérite pas ; qui ne mérite pas la confiance, l'amitié de quelqu'un d'autre : Ces gens sont indignes de votre confiance. Qui n'a pas la valeur d'un autre ou d'un groupe, qui est très au-dessous de lui par ses qualités, ses actes : Être indigne de ses ancêtres. Se dit d'une action, d'un comportement qui n'est pas en rapport avec la valeur de quelqu'un : C'est indigne de vous d'avoir menti. Se dit d'une conduite avilissante, honteuse, déshonorante, méprisable : Une action indigne. Qui n'est pas digne de sa fonction, de son rôle, en raison de la façon dont il s'en acquitte : Un père indigne. ● indigne (difficultés) adjectif (latin indignus) Emploi Indigne de (+ nom ou infinitif de sens positif ou favorable) : il est indigne de votre sollicitude, de retenir votre attention. Remarque Indigne de suivi d'un mot de sens négatif ou défavorable, courant naguère, est rare aujourd'hui : il est indigne de ces reproches, de cette punition (= il ne les mérite pas). ● indigne (synonymes) adjectif (latin indignus) Qui n'est pas digne de quelque chose, qui ne le mérite...
Synonymes :
- abject
- coupable
- infâme
- vil
Qui n'a pas la valeur d'un autre ou d'un groupe...
Contraires :
- digne
Se dit d'une conduite avilissante, honteuse, déshonorante, méprisable
Synonymes :
- dégradant
- déshonorant
- ignoble
- infamant
- révoltant
Contraires :
● indigne
adjectif et nom
Se dit de quelqu'un frappé d'indignité successorale.
indigne
adj.
rI./r Indigne de.
d1./d Qui n'est pas digne de. Il est indigne de votre estime.
d2./d Qui ne sied pas à (qqn) en raison de sa mesquinerie, de sa petitesse, etc. Cette conduite est indigne de vous.
rII./r
d1./d Qui n'est pas digne de sa charge, de sa fonction. Mère indigne.
d2./d Odieux. Traitement indigne.
⇒INDIGNE, adj.
A. — [Sans compl. prép. de]
1. [En parlant d'une pers.] Qui ne mérite pas ce que confèrent un nom, un titre, un rôle, un pouvoir, des fonctions. Enfant, époux, père indigne. Oh! je voudrais écraser ce vieux corps idiot. Et je suis entrée dans le lit de cet homme indigne, et alors Émile se tuait... C'est là ma fidélité! (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 347) :
• 1. N'êtes-vous pas frappé, comme moi, M. l'Hermite, de tout ce qu'il y a d'absurde et d'inconvenant dans cette double prétention d'argent et de gloire qu'affichent les indignes successeurs de Molière et de Racine?
JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 239.
♦ Emploi subst. Ah! ton père est un beau salaud. Avoir installé cette femme à mon foyer, et ensuite m'avoir jetée dehors comme une indigne (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 93).
— [Dans une formule de politesse en signe d'humilité] Si cela affligeait en rien la noble dame, son indigne serviteur serait au désespoir (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 82).
2. [En parlant d'une chose] Qui manque de dignité et ne répond donc pas aux principes de justice, de morale, de bienséance qu'on est en droit d'attendre. Action, attitude, cause, conduite, tenue, traitement indigne :
• 2. J'ai été témoin de trois aventures qui lui ont fait le plus grand tort, et j'ai vu de mes propres yeux son innocence; j'étais absent au moment où le bruit de l'indigne commerce qu'on lui a imputé a éclaté, et je suis autorisé à croire qu'il n'avait pas plus de fondement que les autres.
SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1788.
B. — [Avec compl. prép. de]
1. [Le compl. prép. est un subst.]
a) Qui n'a pas assez de dignité pour rivaliser avec quelqu'un ou pour provenir de quelqu'un ou de quelque chose. Moi si indigne de lui; un ciel indigne de la providence. Elle se résout à parler à don Juan. Elle lui dit qu'elle l'aime, mais qu'elle est indigne de lui, qu'elle est venue pour le vendre et le vendre à des assassins (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 154).
b) Qui ne mérite pas ce qui est accordé à quelqu'un ou à quelque chose. Individu indigne de pardon; pays indigne de liberté. Les carrioles auxquelles il travaillait chez Vian, ces carrioles qu'il avait soignées amoureusement, lui semblaient maintenant indignes de ses tendresses (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 138).
2. [Le compl. prép. est un inf.]
a) Qui ne mérite pas de. Indigne de vivre. Il existe à la base de la vie humaine, un principe d'insuffisance. Isolément, chaque homme imagine les autres incapables ou indignes d'« être » (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 128).
— DR. Être indigne de succéder. Être exclu des successions pour cause d'indignité. Sont indignes de succéder, et comme tels exclus des successions, 1. Celui qui serait condamné pour avoir donné ou tenté de donner la mort au défunt; 2. Celui qui a porté contre le défunt une accusation capitale jugée calomnieuse; 3. L'héritier majeur qui, instruit du meurtre du défunt, ne l'aura pas dénoncé à la justice (Code civil, 1804, art. 727, p. 133).
♦ Emploi subst. Les enfans de l'indigne, venant à la succession de leur chef, et sans le secours de la représentation, ne sont pas exclus pour la faute de leur père (Code civil, 1804art. 730, p. 133).
b) [Avec un suj. neutre ou impers.] Il est indigne de, c'est indigne de (sens affaibli). Il n'est pas convenable de :
• 3. —Eh bien, et moi? dit Prullière très pincé, je n'ai pas deux cents lignes. Je voulais rendre le rôle... C'est indigne de me faire jouer ce Saint-Firmin, une vraie veste. Et quel style, mes enfants! Vous savez que ça va tomber à plat.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1329.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « (d'une chose bonne) qu'on ne mérite pas » (Dialogues Gregoire, 141, 20 ds T.-L. : parole ke nos est endigne [locutionem quae nobis indigna est]); 2. « qui n'est pas digne, ne mérite pas » a) indigne pour (d'une pers.) une chose bonne 1458 (A. GRÉBAN, Passion, éd. O. Jodogne, 3942); av. 1558 indigne de (M. DE SAINT-GELAYS, Graces à Dieu II, 289 ds HUG.); 1578 id. une chose mauvaise (RONSARD, Epitaphe d'Anne L'Esrat, éd. P. Laumonier, t. 7, p. 386); b) 1569 (d'une chose) (ID., 6e livre des Poèmes, éd. citée, t. 15, p. 87, 49); 3. « qui n'est pas en rapport de convenance avec » a) 1588 (MONTAIGNE, Essais, III, 3, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 797 : bestises indignes d'un enfant); b) 1636 (CORNEILLE, Cid, II, 5 : Mais enfin ce Rodrigue est indigne de vous); 4. emploi abs. a) av. 1589 « (d'une chose) déshonorant, infamant » (BAÏF, Poèmes, L. V, II, 258 ds HUG. : une mort tant indine); b) 1665 « (d'une personne) méprisable » (MOLIÈRE, Don Juan, IV, 4 : fils indigne); 1688 emploi subst. (BOSSUET, Var., XI, § 185 ds LITTRÉ); spéc. 1732 dr. (Trév. : Le bâtard obtient les aliments, l'indigne en est privé); cf. 1804 id. les enfants de l'indigne (Code civil, art. 730). Empr. au lat. indignus « qui ne mérite pas; qu'on ne mérite pas; qui ne convient pas; honteux ». Fréq. abs. littér. : 1 582. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 875, b) 2 294; XXe s. : a) 2 155, b) 1 744.
DÉR. Indignement, adv. D'une façon indigne. Ces godelureaux, indignes de porter l'uniforme, étaient venus en bandes jeter des pierres dans les fenêtres du Constant, et compisser indignement les bornes de l'hôtel où se préparait le banquet (ADAM, Enfant Aust., 1902, p. 304). — [()]. MARTINET-WALTER 1973 séparent les prononc. avec et sans [] en [-] et [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1re attest. ca 1200 (Dialogues Gregoire, 118, 8 : indignement [indigne] Deu volsis resembleir); de indigne, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 122.
indigne [ɛ̃diɲ] adj.
ÉTYM. Fin XIIe, endigne « qu'on ne mérite pas (à propos d'une chose bonne) »; lat. indignus « qui ne mérite pas; qu'on ne mérite pas; qui ne convient pas; honteux, révoltant », de in- (→ 1. In-), et dignus. → Digne.
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I Indigne de… : qui n'est pas digne de (qqch., qqn), qui ne mérite pas (qqch.).
1 (Mil. XVIe; indigne pour, mil. XVe). Personnes. Qui n'est pas digne de (qqch.). || Cet ingrat s'est rendu indigne de vos bienfaits (→ Aveugle, cit. 21). || Les honneurs dont il se croit indigne (→ Ambition, cit. 8). || Il est indigne de notre confiance; indigne de louange, de foi, d'intérêt (→ Blâme, cit. 6). || Il s'est rendu indigne d'un tel poste. ⇒ Démériter, disqualifier (se). || Se croire indigne de pardon (→ Humble, cit. 26). || Indignes du nom de chrétiens (→ Fulminer, cit. 5). || Ils sont indignes du salut (→ Endurcissement, cit. 3).
1 Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour.
Corneille, le Cid, I, 5.
2 J'ai préféré le malheur de perdre votre estime, par ma franchise, à celui de m'en rendre indigne par l'avilissement du mensonge.
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXXVIII.
3 — Vous n'observez pas les femmes ? Vous les trouvez indignes de votre étude ?
G. Duhamel, Salavin, V, IX.
♦ Indigne de, suivi de l'inf. (→ Approcher, cit. 18). || Il est indigne de vivre ! (→ Dénaturer, cit. 10). — Indigne que, suivi du subj. || « Il est indigne qu'on lui témoigne le moindre intérêt » (Académie).
4 (…) il ne s'est pas découvert aux sages superbes, indignes de connaître un Dieu si saint.
Pascal, Pensées, IV, 288.
5 Si ta chétive créature
Est indigne de t'approcher,
Il fallait laisser la nature
T'envelopper et te cacher.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « L'espoir en Dieu ».
♦ Dr. || Être indigne de succéder : être exclu des successions pour cause d'indignité. — N. || Un, une indigne : une personne indigne de succéder. || Les enfants de l'indigne.
6 Sont indignes de succéder, et, comme tels, exclus des successions : 1o Celui qui sera condamné pour avoir donné ou tenté de donner la mort au défunt; 2o Celui qui a porté contre le défunt une accusation capitale jugée calomnieuse; 3o L'héritier majeur qui, instruit du meurtre du défunt, ne l'aura pas dénoncé à la justice.
Code civil, art. 727.
REM. Indigne pouvait (XIIe s.-XVIIe s.) se prendre en bonne comme en mauvaise part et l'Académie dans sa quatrième édition (1762) donnait cet exemple disparu des éditions postérieures : Il est indigne qu'on lui fasse des reproches. Littré admettait encore un tel emploi « en quelques cas bien choisis », mais, dès 1689, A. de Boisregard le trouvait « blâmable et à éviter » (cf. Cayrou, le Français classique, p. 487, et Brunot, Hist. de la langue franç., t. IV).
2 Mil. XVIe. (Choses). || « Un crime, une faute indigne de pardon » (Académie). || Des facéties indignes d'une attention (cit. 13) sérieuse.
7 (…) et votre crime est indigne de grâce.
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
8 Cela la choquait comme une espèce de sacrilège, comme si la maison eût été par trop indigne de cette visite, de cette faveur.
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 151.
3 (Déb. XVIIe). Qui n'est pas dans un rapport de convenances, de conformité avec quelqu'un, qui n'est pas à sa hauteur. ⇒ Digne (I., 2.). || Un fils indigne de son père. || « Tout autre qu'un monarque est indigne de moi » (→ Fille, cit. 1, Corneille).
9 Mais enfin ce Rodrigue est indigne de vous.
Corneille, le Cid, II, 5.
10 Peut-être est-ce moi qui suis indigne d'elle : pas assez plébéien; trop éloigné, par mon éducation, de ses origines populaires; incapable de la comprendre, pour tout dire.
Valery Larbaud, Barnabooth, III, Journal, I, 10 mai.
♦ (1588, Montaigne). || Action indigne d'un homme d'honneur (→ Autoriser, cit. 11; imposture, cit. 5). || Cette besogne (cit. 7) lui paraissait indigne de lui. || Des faiblesses (cit. 39) indignes d'un philosophe. || Cela est indigne de votre rang. || Une politique indigne de nos traditions nationales. — Impers. || Il me paraît indigne de l'Assemblée de biaiser (cit. 7) sur cette question. || Il est indigne du prêtre qu'il passe sa vie à arrondir (cit. 4, Fénelon) des périodes.
11 Il est indigne de Dieu de se joindre à l'homme misérable; mais il n'est pas indigne de Dieu de le tirer de sa misère.
Pascal, Pensées, VII, 510.
12 Par des vœux importuns nous fatiguons les dieux,
Souvent pour des sujets même indignes des hommes.
La Fontaine, Fables, VIII, 5.
13 Il avait donné sa vie tacitement, et eût jugé indigne de tous deux de faire signe de la vouloir reprendre.
A. de Vigny, Cinq-Mars, XXIV.
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II Absolt.
1 Vx. (Dans des formules de politesse). Humble. || « Signé : Un tel, prêtre indigne » (Littré). || Seigneur, je ne puis, moi indigne ministre… (→ Arrêter, cit. 51, Bossuet). || Votre indigne serviteur.
14 Que si vous contemplez d'une âme un peu bénigne
Les tribulations de votre esclave indigne (…)
Molière, Tartuffe, III, 3.
15 (…) et si j'allais, moi indigne, vous dégoûter de la vertu, voyez quel scandale !
Laclos, les Liaisons dangereuses, XX.
2 Qui n'est pas digne de sa fonction, de son rôle, qui ne mérite que le mépris pour la façon dont il s'en acquitte. ⇒ Abject, coupable, cruel, méchant, méprisable, vil. || Père, épouse indigne. || D'indignes apologistes (cit. 3) du vice. || Mes indignes soldats (→ Glacer, cit. 28). || Père, mère indigne; parents indignes. ⇒ Dénaturé. — La Vieille Dame indigne, film de René Allio.
16 (…) sache, fils indigne, que la tendresse paternelle est poussée à bout par tes actions (…)
Molière, Dom Juan, IV, 4.
17 (…) ces bébés vertueux et précoces demandaient à ne pas être élevés par un père indigne, mais plutôt par telles personnes de haute moralité que pourrait désigner la Cour (…)
A. Maurois, Ariel…, II, VII.
3 (Fin XVIe). Littér. (Choses). Immoral et condamnable. ⇒ Avilissant, bas, déshonorant, immoral, impur, inqualifiable, odieux, révoltant, scandaleux. || C'est une chose, une action, une conduite indigne. — Antéposé en épithète. (Vieilli ou stylistique). || Un indigne aveu (cit. 24). || Subir d'indignes traitements. || Un indigne attachement. — Tenue, attitude indigne. || Ruses, artifices indignes (→ Autant, cit. 23). || Un libelle indigne. || C'est indigne, scandaleux !
18 Vous voyez ce que peut une indigne tendresse,
Et je vous fais tous deux témoins de ma faiblesse.
Molière, le Misanthrope, V, 4.
19 Elle est partie, et je ne l'ai pas su ! et je n'étais pas là pour m'opposer à son départ, pour lui reprocher son indigne trahison !
Laclos, les Liaisons dangereuses, C.
♦ Fam. et vx. Qui déshonore celui qui le subit.
20 Gavroche ajouta :— Je vous autorise à leur flanquer une pile indigne.
Hugo, les Misérables, Pl., p. 1247.
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CONTR. Digne. — Admirable, convenable, séant.
DÉR. Indignement. — (Du lat.) V. Indignation, indigner, indignité.
Encyclopédie Universelle. 2012.