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monstrueux

monstrueux, euse [ mɔ̃stryø, øz ] adj.
• 1330; lat. monstruosus
1Qui a la conformation d'un monstre (1o, 2o). Corps monstrueux. difforme. Qui est propre à un monstre, qui rappelle un monstre. Laideur monstrueuse. Qui ressemble à un monstre. Bête monstrueuse.
2Qui est d'une taille, d'une intensité prodigieuse et insolite. colossal , énorme. « Elle vit la machine du rapide s'arrêter, monstrueuse et docile » (France). Des prix monstrueux. excessif.
3Qui choque extrêmement la raison, la morale. abominable, affreux, effrayant, effroyable, épouvantable, horrible. « Cette chose monstrueuse que le sacrifice d'un être vivant à l'égoïsme d'un autre » (Renan). Idée monstrueuse. Qui excède en perversion et en cruauté tout ce qu'on peut imaginer. Attentat, crime monstrueux. C'est monstrueux !
⊗ CONTR. 1. Beau, normal.

monstrueux, monstrueuse adjectif (latin monstruosus) Qui est atteint de graves malformations : Enfant monstrueux. Qui est excessivement laid : Une figure monstrueuse. Qui est d'une intensité extraordinaire ; excessif, gigantesque : Prix monstrueux. Une erreur monstrueuse. Qui atteint un degré extrême dans le mal : Crime monstrueux.monstrueux, monstrueuse (synonymes) adjectif (latin monstruosus) Qui est atteint de graves malformations
Synonymes :
- anormal
- tératologique
Qui est d'une intensité extraordinaire ; excessif, gigantesque
Synonymes :
- colossal
- cyclopéen
- éléphantesque
- énorme
- gigantesque
- pharamineux
- phénoménal
Qui atteint un degré extrême dans le mal
Synonymes :
- abominable
- affreux
- effroyable
- épouvantable
- horrible
- horrifiant
- terrible
- terrifiant

monstrueux, euse
adj.
d1./d Qui a la conformation d'un monstre.
d2./d Gigantesque, colossal.
d3./d Horrible, effroyable.

⇒MONSTRUEUX, -EUSE, adj.
A. — [En parlant d'un être vivant] Dont la conformation est contre nature. Dans les baraques foraines, on exhibe parfois des animaux monstrueux (DAVAU-COHEN 1972):
1. X. (...) me parle des confidences qu'un (...) gynécologue anglais lui a faites, (...) sur la manière dont on se débarrasse des enfants monstrueux (...). L'accoucheur (...) s'il voit que l'enfant n'a pas de jambes, ou trois yeux, ou deviendra idiot (...) applique la main sur le visage de l'enfant qui, au bout de dix secondes, a cessé de vivre.
GREEN, Journal, 1936, p.72.
[P. méton.] Corps, visage monstrueux. Le prisonnier (un petit) était maintenu par quatre élèves (...). Un grand accroupi entre ses jambes, lui tirait les oreilles et l'obligeait à regarder d'atroces grimaces. Le silence de ce visage monstrueux qui changeait de forme terrifiait la victime (COCTEAU, Enfants, 1929, p.13). Le cadet était bossu d'une manière complexe et, si j'ose dire, selon tous les méridiens. Son torse, monstrueux, en forme de barrique, semblait posé de guingois sur les jambes, et la tête elle-même s'implantait de guingois sur le torse (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p.98).
Qui est caractéristique du monstre. Conformation, difformité, laideur monstrueuse. La peau, chaude au début, est considérablement épaissie et oedémateuse; (...) les yeux restent clos; les naseaux sont en partie obstrués. L'animal prend un aspect monstrueux, analogue à ce que l'on observe dans certaines formes d'anasarque (NOCARD, LECLAINCHE, Mal. microb. animaux, 1896, p.442).
B. — [En parlant d'une créature légendaire, mythique] Qui est de la nature du monstre (v. monstre II A). Quelque monstrueux serpent de l'air (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.901):
2. Minos (...) avait exigé de nous un tribut annuel: sept jeunes gens et sept jeunes filles devaient être livrés pour satisfaire (...) aux appétits du Minotaure, le monstrueux enfant que Pasiphaë, l'épouse de Minos, avait eu de son commerce avec un taureau.
GIDE, Thésée, 1946, p.1420.
P. anal. [En parlant d'une créature imaginaire] Il entendait distinctement (...) remuer derrière la porte. (...) il imaginait un être monstrueux, des os déchiquetés, des chairs comme des haillons, une tête de cheval, des yeux qui font mourir (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p.48).
C. — [En parlant d'une chose] Qui s'écarte des normes habituelles, qui est contraire à l'ordre naturel des choses.
1. Qui est contraire à l'ordre naturel des choses, à la bienséance ou à la morale. Accouplement monstrueux (Ac. 1835-1935). Des doutes lui revenaient, sa femme ne pouvait être chez cet homme, c'était monstrueux et impossible (ZOLA, Nana, 1880, p.1279). Mais comment ose-t-on présenter de pareilles turpitudes sur la scène?... Et le public applaudissait! Et il y avait des enfants dans la salle; des enfants que les parents avaient amenés là, connaissant la pièce... C'est monstrueux (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1063):
3. Parfois, étreignant Marguerite, dans le demi-sommeil, j'étreins maintes autres femmes, certaines que j'ai vues, d'autres que j'imagine, comme ça, pour la circonstance (...). La femme que je serre dans mes bras, c'est comme un mélange monstrueux de Marguerite et d'une autre, de dix, de cinquante autres.
DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p.98.
2. Qui est excessivement cruel, pervers. Attentat, crime monstrueux. Deux mille Alsaciens sont morts à Madagascar. C'est monstrueux; la fleur d'une génération (BARRÈS, Cahiers, t.1, 1897, p.178). L'affaire Picquart, qui restera dans nos annales comme le plus monstrueux forfait de sociale scélératesse! (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.437):
4. ... je leur devais la vie — mais la vie est-elle un présent? (...) Après leur honteux abandon, je ne leur devais plus que la vengeance. Ils ont accompli contre moi l'acte le plus inhumain, le plus infâme, le plus monstrueux qu'on puisse accomplir contre un être.
MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Parricide, 1884, p.477.
3. Qui est contraire à la raison. Paradoxe monstrueux; erreur, idée monstrueuse. Je découvrais dans l'angoisse des possibilités effroyables, un univers monstrueux qui n'était que l'envers de ma toute-puissance (SARTRE, Mots, 1964, p.123).
4. Qui est excessif par sa taille, ses dimensions, son intensité, sa valeur. Des mains monstrueuses. Immense cheminée devant laquelle, entre de monstrueux chenets, dont chacun supporte une petite marmite, les rôtis pleurent dans les lèchefrites (ROSTAND, Cyrano, 1898, II, p.63). Parfois, le cri monstrueux d'un navire, un mugissement assourdissant et triste (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p.247). J'irai de capitale en capitale en touchant des cachets monstrueux, je pourrai même mettre de l'argent à gauche pour quand je serai vieux (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.110).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. J. SIMON, Relig. natur., 1856, p.178: monstreuses; GIONO, Poids du ciel, 1938, p.89: monstreux. Étymol. et Hist. 1. «Qui a les caractéristiques d'un monstre» ca 1330 [en parlant de Mémoire aux formes de monstre] chose mont hideuse et monstrüeuse (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Vie humaine, 4828 ds T.-L.); 1563 la monstrueuse baleine (PASSERAT, Hymne de la Paix, I, 96 ds HUG.); 1575 enfans monstrueux (PARÉ, XIX, X, ÉD. J.-F. MALGAIGNE, T.3, P.25 B); 2. 1370-80 «(d'un fait, d'une action) contraire au plan de Dieu, aux lois de la nature» (Ovide moralisé, éd. C. De Boer, L. IV, 2385); 3. 1540 «prodigieux, extraordinaire, merveilleux» (LA GRISE, Tr. Guevara, II, 18 ds HUG.). Empr. au lat. monstruosus «monstrueux, bizarre, extraordinaire»; a pratiquement évincé le synon. monstreux (1250-75 [ms.], Gossuin de Metz ds GDF.: beste monstereuse; 1554 cruauté monstreuse, LE CARON ds HUG.; à nouv. au XIXe s.: 1839-42 monstreuse autocratie, COMTE, Philos. posit., t.5, p.230), dér. de monstre, suff. -eux. Fréq. abs. littér.:1973. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1594, b) 4032; XXe s.: a) 3908, b) 2518.

monstrueux, euse [mɔ̃stʀyø, øz] adj. et n.
ÉTYM. V. 1330; lat. monstruosus.
1 Qui a la conformation d'un monstre (I., 1., 2.). Difforme, laid. || Enfants difformes et monstrueux (→ Exposition, cit. 14).Qui est propre à un monstre, qui rappelle un monstre (→ Énorme, cit. 9). || Laideur monstrueuse. || Croissance monstrueuse. Phénoménal.
2 Qui ressemble à un monstre (I., 3.), qui a rapport aux monstres (→ Formidable, cit. 3). || Bêtes monstrueuses (→ Informe, cit. 2). || Les dieux monstrueux de l'Inde (→ Avatar, cit. 1).
1 (…) c'est Hercule.
Et d'un bout de la salle immense à l'autre bout,
Dompté par l'œil terrible où la colère bout,
Le troupeau monstrueux en renâclant recule.
J. M. de Heredia, les Trophées, « Centaures et Lapithes », Grèce et Sicile.
1.1 Le monstre est en effet symbole de totalisation, de recensement complet des possibilités naturelles, et à ce point de vue tout animal lunaire (dont le Magou est l'archétype fondamental), même le plus humble (ex. : l'escargot), est assemblage monstrueux.
Gilbert Durand, les Structures anthropologiques de l'imaginaire, p. 360.
3 (Déb. XVIe). Qui est d'une taille, d'une grandeur, d'une intensité prodigieuse et insolite. Colossal, éléphantesque, énorme, excessif, extraordinaire, gigantesque, gros (cit. 5); → Géant, cit. 5. || Ville monstrueuse (→ Ingrat, cit. 10). || Bruit monstrueux (→ Avarier, cit. 1). || Une mer monstrueuse et sans bords (→ Gabarre, cit. 1, Baudelaire).
2 Là, les deux ennemis sont en face : la terre et la mer, l'homme et la nature. Il faut voir quand elle s'émeut, la furieuse, quelles monstrueuses vagues elle entasse à la pointe de Saint-Mathieu, à cinquante, à soixante, à quatre-vingts pieds; l'écume vole jusqu'à l'église où les mères et les sœurs sont en prières.
Michelet, Hist. de France, III.
3 (…) elle vit la machine du rapide s'arrêter, monstrueuse et docile, sur le quai de l'arrivée (…)
France, le Lys rouge, XXV.
4 (XIVe). Qui excède en absurdité, en cruauté, en perversion tout ce qu'on peut imaginer; qui choque extrêmement la raison, la morale, la nature. Abominable, affreux, bizarre, cynique, effrayant, effroyable, épouvantable, étonnant, exorbitant, horrible. || Monstrueuse alliance (cit. 12; → Isoler, cit. 3). || Idée monstrueuse (→ Divinité, cit. 2). || Amas (cit. 10) monstrueux de crimes. || Massacre monstrueux (→ Inhumain, cit. 1). || C'est monstrueux !
4 C'est chose monstrueuse que le sacrifice d'un être vivant à l'égoïsme d'un autre (…)
Renan, Dialogues et fragments philosophiques, Œ. compl., t. I, III, p. 623.
5 Vx (langue class.). [Sans idée de laideur, d'horreur]. Extraordinaire, étrange. || L'homme (cit. 19, Bossuet), composé monstrueux de choses incompatibles.
5 C'est une chose monstrueuse que le goût et la facilité qui est en nous de railler (…) les autres; et tout ensemble la colère que nous ressentons contre ceux qui nous raillent (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 78.
6 N. (XIXe; Hugo, Baudelaire). || Le monstrueux : ce qui est monstrueux.
CONTR. Beau, normal.
DÉR. Monstrueusement, monstruosité.

Encyclopédie Universelle. 2012.