infernal, ale, aux [ ɛ̃fɛrnal, o ] adj.
• 1160; bas lat. infernalis → enfer
1 ♦ Qui appartient aux enfers, à l'enfer. Puissances infernales. ⇒ démon, diable. « un essaim de divinités infernales » (Chateaubriand). ⇒ chtonien.
2 ♦ Qui évoque l'enfer par référence à certains traits horrifiants de la représentation chrétienne (chaleur, lueur des brasiers, souffrances, cris des damnés, méchanceté des démons). Chaleur infernale. Bruit, tapage infernal. — Pierre infernale.
♢ Difficilement supportable, terrible. Allure, rythme infernal. ⇒ endiablé. Cadences infernales. — Ce gosse est infernal. ⇒ insupportable.
♢ Qui dénote la malveillance, la méchanceté, qui est inspiré par le mal. Malice, noirceur, machination infernale. ⇒ démoniaque, diabolique, satanique. Machine infernale.
⊗ CONTR. 1. Angélique, céleste, divin.
● infernal, infernale, infernaux adjectif (bas latin infernalis, du latin classique infernus) Littéraire. Qui appartient à l'enfer ou aux enfers : Les puissances infernales. Qui inspire l'horreur : Une cruauté infernale. Qu'il est très difficile de supporter : Cet enfant est infernal ! Vacarme infernal. ● infernal, infernale, infernaux (expressions) adjectif (bas latin infernalis, du latin classique infernus) Cycle infernal, qu'on ne peut interrompre. ● infernal, infernale, infernaux (synonymes) adjectif (bas latin infernalis, du latin classique infernus) Littéraire. Qui appartient à l' enfer ou aux enfers
Synonymes :
- démoniaque
- méphistophélique
Contraires :
- céleste
Qui inspire l'horreur
Synonymes :
- démentiel
Qu'il est très difficile de supporter
Synonymes :
- terrible
infernal, ale, aux
adj.
d1./d Litt. De l'enfer, des Enfers. Dieux infernaux.
d2./d Digne de l'enfer. Chaleur infernale, vacarme infernal.
|| Loc. Machine infernale: engin destiné à produire une explosion meurtrière.
d3./d Fam. Très turbulent. Une gamine infernale.
⇒INFERNAL, -ALE, -AUX, adj.
A. — Qui appartient ou est relatif à l'enfer ou aux enfers, aux puissances de l'enfer ou aux damnés. Synon. chthonien. Satan, accoutumé aux clameurs infernales, distingue à chaque cri et la faute punie et la douleur éprouvée (CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 41). En l'espèce, il s'agissait d'une créature évidemment surnaturelle, peut-être infernale (AYMÉ, Vouivre, 1943, p. 86) :
• 1. Il [Dieu] veut bien accepter nos souffrances d'ici-bas pour sauver les âmes en danger. Mais il n'a pas voulu que la souffrance infernale servît à sauver les âmes...
PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 68.
SYNT. Royaume, gouffre infernal; cercles, fleuves infernaux; prisons, zones infernales; supplices infernaux; tortures infernales; soupirs infernaux; assemblée, ronde infernale, conseil infernal; divinités, furies, ombres, puissances infernales; dieux, juges infernaux; le serpent infernal (Satan); sacrifier aux dieux infernaux; vouer qqn aux dieux infernaux.
— En partic.
1. Qui est l'œuvre des démons; qui relève de leur pouvoir. Miracle, prodige infernal. Ces démons qui, par leurs maléfices, Dressent dans une nuit d'infernaux édifices (HUGO, Cromwell, 1827, p. 315). Mon père s'est évanoui (...) et, quand il reviendra à lui, il prendra tout cela (...) pour quelque vision infernale! (...) Merci Satan! (DUMAS père, Don Juan, 1836, I, 5, p. 12). Les dieux ont voulu, pour le fonctionnement de leur machine infernale, que toutes les malchances surgissent sous le déguisement de la chance (COCTEAU, Machine infern., 1934, IV, p. 123) :
• 2. ... Mr Vachelin (...) fut tenté par le diable d'une manière habile, et son sens aiguisé de la dialectique le sauva du piège infernal.
AYMÉ, Nain, 1934, p. 75.
2. Qui est la manifestation du Mal, le signe du péché. Il répugne même à ceux qui le ménagent, au curé qui accepte (...) ses munificences redoutables (...), qui y flaire une odeur infernale (ARNOUX, Solde, 1958, p. 133) :
• 3. On diroit que le souffle infernal dont on la croit environnée [Jeanne d'Arc] peut souiller tout ce qu'elle touche, et précipiter dans l'abîme éternel quiconque oseroit la secourir.
STAËL, Allemagne, t. 2, 1810, p. 367.
B. — Au fig. Qui évoque l'enfer, qui est digne de lui (par certains traits, par un caractère excessif).
1. [P. réf. à certains caractères spécifiques de l'enfer ou à certains traits physiques des démons que leur prête la tradition]
a) [P. réf. aux brasiers de l'enfer] Qui est excessif, violent. Il faisait une chaleur infernale, et c'était un tapage, un désordre à faire peur (BARRÈS, Cahiers, t. 14, 1923, p. 268). L'infernal chauffage de New-York (MORAND, New-York, 1930, p. 246).
♦ [En parlant de la couleur rouge] La dentelure [des roches] demeurera longtemps encore éclairée (...) et d'un rouge presque infernal sur le bleu cru du ciel (LOTI, Désert, 1895, p. 61). Cette loge [du concierge] sombre et rougeâtre, effet dû à des tentures magenta, a quelque chose d'infernal (GREEN, Journal, 1928-50, p. 216). Très dangereuse [Zaza]. Sa pâleur de vampire, sa crinière d'un roux infernal (COLETTE, Apprent., 1936, p. 15).
— Spécialement
♦ HIST. (Révolution fr.). Les colonnes infernales. Troupes républicaines chargées de réprimer le soulèvement des Vendéens. La Convention ordonne la destruction entière de la Vendée. Alors commence le système des incendies qu'exécutoient des colonnes justement appelées infernales (CHATEAUBR., Mél. hist., 1827, p. 323).
♦ CHIM., vx. Pierre infernale. Nitrate d'argent (qui brûle les chairs sur lesquelles on l'applique). Peut-être que, si elle eût employé la pierre infernale plus tôt, la guérison serait plus avancée? (FLAUB., Corresp., 1865, p. 129).
P. métaph. Quelle pierre infernale que le mépris! Il cicatrise tout ce qui saigne (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1837, p. 102). Sans cesse encore, je porte sur cette plaie vive le fer rouge de mon mépris-de-moi-même et la pierre infernale de mon introspection inflexible (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 144).
b) [P. réf. aux clameurs de l'enfer] Synon. diabolique. Bruit, fracas, tapage, charivari infernal; musique infernale. Pendant quelques minutes, c'est un tumulte infernal de tambours déchaînés et de trompettes (...). Tout ce furieux tapage est fait pour réveiller les dormeurs (THARAUD, Rabat, 1918, p. 27). Le trottoir était étroit, encombré de gens pressés. Sur la chaussée, c'était un défilé de voitures, de camions : le vacarme infernal des rues populeuses (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 568).
♦ Arg. théâtre. Loge infernale. Loge de théâtre au rez-de-chaussée, proche de l'avant-scène, dont les occupants voient mal mais rugissent (d'apr. ESN. 1966).
P. anal. Nous avions suivi les ballets russes à l'Opéra. M. Rouché nous y retint : sa baignoire, ses coulisses furent notre loge infernale, un cercle magique, un club enchanté, pendant vingt années (MORAND, Eau sous ponts, 1954, p. 24).
c) [P. réf. à l'aspect des démons : hideux, noirs] Sa tête, pendante, hoche sans cesse d'une épaule à l'autre (...), toute sa mimique est infernale et farouche (BOREL, Champavert, 1833, p. 182). Deux femmes âgées font cuire du poisson. Une jeune fille de quinze à seize ans paraît de temps en temps parmi ces mégères : figure céleste, apparition angélique au milieu de ces figures infernales (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 101). Des chevaux noirs tout à fait infernaux frappaient le pavé du sabot (NIZAN, Conspir., 1938, p. 217).
2. [P. réf. aux souffrances des damnés] Douleur infernale. Depuis bientôt quatre mois (que nous sommes dans des angoisses infernales), j'ai écrit, en tout, quatorze pages, et mauvaises! (FLAUB., Corresp., 1875, p. 255). Ça lui faisait un mal atroce! Une crampe infernale! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 334).
— P. ext.
a) [En parlant d'une chose] Qui est la cause d'un tourment insupportable ou de sensations très désagréables.
) [En parlant d'un lieu] Où l'on souffre comme en enfer. La conjonction de ces bonnes volontés aboutit à ce monde infernal où des hommes sont encore tués, menacés, déportés, où la guerre se prépare (CAMUS, Actuelles I, 1948, p. 148). V. ascalin ex.
) [En parlant d'événements, de conditions de vie] Qui fait souffrir physiquement ou moralement. Climat infernal, travail infernal; vie infernale; chanter d'une manière infernale. Mais que tout cela est exquis au sortir de cet infernal hiver de Paris! (VERLAINE, Corresp., t. 1, 1871, p. 276). J'ignore quand je serai quitte de cet infernal bouquin. Par moments, je t'assure que je suis tenté d'en pleurer (sic), quel livre! quel livre! (FLAUB., Corresp., 1879, p. 283). Un infernal séjour de quatre ans dans une petite ville sotte et crapuleuse (BLOY, Journal, 1905, p. 260) :
• 4. C'est une situation véritablement infernale que celle où je suis depuis cinq semaines : ne l'aimant pas assez pour sauter le pas, l'aimant assez pour souffrir de ne pas le sauter.
MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1277.
♦ En partic.
[En parlant d'un phénomène] Dont l'intensité est éprouvante. Bombardement infernal. Les appréhensions terribles lorsqu'on partait pour le lycée sans savoir ses leçons, l'infernale pluie des retenues et des consignes (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 49). Les coups se suivaient, par salves infernales, et tombaient si près qu'à chaque obus ils sentaient la terre lutter sous eux (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 289).
Cercle infernal. Situation dont on ne peut espérer sortir. Manquer la guerre! Être là, parmi les vieillards, les femmes et les culs-de-jatte, sans pouvoir rompre ce cercle infernal de la solitude (MONTHERL., Exil, 1929, II, 8, p. 68). Il [le capitalisme] opprime par ce qu'il est, il accumule pour accroître ce qu'il est, exploite d'autant plus et, à mesure, accumule encore. Marc n'imaginait pas de fin à ce cercle infernal, que la révolution (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 271).
) [En parlant d'une denrée] Qui est très mauvais, qui provoque des sensations désagréables. Il y a entre un cigare espagnol et l'infernal brûle-gueule chargé du tabac de la régie la différence qui existe entre la Taglioni et les danseuses des Funambules (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1830, p. 45). Ingurgiter, en le savourant, l'infernal bordeaux de du Bled (L. DAUDET, Entre-deux-guerres, 1915, p. 210). Et alors ils mordaient dans ce fruit infernal [le piment rouge] (...). Une flamme leur montait à la face (...). Le supplice de la damnation semblait les embraser (JAMMES, Mém., t. 1, 1921, p. 90).
b) [En parlant d'une pers. ou d'un attribut de la pers.] Insupportable. La pauvre femme aurait eu presque le bonheur (...) sans les coups terribles que lui portait innocemment Lisbeth, dont le caractère infernal se donnait pleine carrière (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 331). Les affreux bleus que les coups de poing inconsidérés de l'infernal gosse lui faisaient aux épaules et sur les bras (VERLAINE, Œuvres posth., t. 1, Histoires comme ça, 1896, p. 330). À tout moment il se levait, avec l'espoir de mettre fin à cet insipide bavardage (...). « Elle est infernale, pensait-il. Elle aussi, je vais la prendre en grippe » (THARAUD, Bien-aimées, 1932, p. 183).
c) Expr. C'est infernal. Toujours des tours de force!... à boucher des trous partout! C'est infernal à la fin! Nous y laisserons toute notre peau (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 362).
3. [P. réf. à la perversité, la méchanceté des démons, au Mal] Synon. diabolique, démoniaque, satanique.
a) [En parlant d'une chose] Qui dénote la méchanceté, la perversité; qui semble inspiré par le démon. Complot, dessein infernal; entreprise, machination infernale. Ce projet infernal d'affamer et d'empoisonner le peuple pour remplir les coffres ministériels (MARAT, Pamphlets, Nouv. dénonc. Necker, 1790, p. 186). C'était donc un brûlot. — Hélas! oui, que cet infâme négrier avait laissé là, espérant qu'à l'aide de cette horrible, infernale invention, il aurait le temps de disparaître (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 27) :
• 5. Il n'y a qu'une pauvre maladie, que vous avez surprise un jour par hasard, et que vous épiez depuis sans cesse, avec une infernale malice, oui!... ou du moins une curiosité bien cruelle.
BERNANOS, Joie, 1929, p. 547.
— En partic.
♦ Pacte infernal. Qui vise à la perte de l'un des contractants. Il lui avait proposé l'un de ces pactes infernaux qui ne se voient que dans les romans (...). En prodiguant à Lucien toutes les joies de la vie parisienne (...) il en avait fait sa chose (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 100).
♦ [En parlant d'une chose concr.] Qui est destiné à tuer ou à provoquer la déchéance physique ou morale. Un esprit qui s'est lâchement livré à la merci d'une drogue infernale, et qui sourit à la dilapidation de ses propres facultés (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 379). Notre corps est soumis à une trépidation perpétuelle; il a besoin, désormais, d'excitants brutaux, de boissons infernales, d'émotions brèves et grossières, pour ressentir et pour agir (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 268).
Machine infernale. Engin explosif. Il rapporta une toute mignonne théière de Chine famille rose qu'il emplit de poudre à canon, et, par le bec, il introduisit délicatement un long morceau d'amadou, l'alluma, et courut reporter cette machine infernale dans l'appartement voisin (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mlle Fifi, 1881, p. 158). En décembre 1800, il [Bonaparte] avait échappé à l'explosion d'une machine infernale, rue Saint-Nicaise (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 107).
b) [En parlant d'une pers. ou d'un attribut de la pers.] Méchant, mauvais; qui dénote la méchanceté. Tu mens, réplique Outougamiz (...) je t'arracherai ta langue infernale; je ferai de toi un mémorable exemple (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 385). Il y avait dans cette voix caressante et fascinatrice un timbre railleur, un accent sardonique et infernal (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 723) :
• 6. ... il ne semble pas que cette pauvre personne qu'on a vue d'abord une simple paysanne des Vosges (...) un peu envieuse, mais non pas méchante, ni scélérate, soit la même qui se transforme à un certain moment en personne du monde presque belle, et de plus si perverse et si infernale, un vrai Iago ou un Richard III femelle!
SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 2, 1851-62, p. 459.
4. [P. réf. aux pouvoirs des démons]
a) [En parlant de certaines facultés] Qui a quelque chose de surnaturel, qui n'est pas à la mesure humaine. Synon. diabolique. Adresse, habileté, rouerie infernale; talent infernal. Par quel moyen surnaturel briser l'effort de l'Europe conjurée? Le génie infernal de Robespierre pouvait seul opérer ce prodige (J. DE MAISTRE, Consid. sur Fr., 1796, p. 18). Le bon évêque employa mille moyens pour développer cette intelligence infernale (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 102).
— [En parlant d'une pers.] Qui a des facultés peu communes. Le plus habile, le plus infernal des juges d'instruction ne trouverait pas un indice de culpabilité, une amorce de piste dans mon cas (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 269).
b) P. ext.
) Qui a quelque chose de démesuré, d'excessif. Entêtement, orgueil, culot, sans gêne, rythme infernal; curiosité, complexité infernale. — Ah! monsieur le Professeur, me répondit-il en allemand, ce fut un infernal plaisir! Je reconnus à ces paroles qu'il était arrivé à l'extrême limite de l'enthousiasme (THARAUD, Bar Cochebas, 1907, p. 17). Il fallait être un saint ou une brute pour vivre en paix dans ce décor d'une banalité infernale (GREEN, Malfaiteur, 1955, p. 232) :
• 7. Les aurais-tu constatés par centaines [des miracles], va, ta rage infernale de tout expliquer ne se serait pas déconcertée pour si peu!...
CUREL, Nouv. idole, 1899, I, 6, p. 183.
) Dans le domaine du langage. Compliqué, incompréhensible. Patois infernal. En Transylvanie, je sais bien qu'on y parle allemand, tandis que tout autour on parle un baragouin infernal (MÉRIMÉE, Chron. règne Charles IX, 1829, p. 28). J'aurais pu comme un autre étudier le code, Et me mettre en l'esprit ces termes infernaux De régime dotal, de biens paraphernaux (POMMIER, Crâneries, 1842, p. 123).
Rem. On relève qq. emplois subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est digne de l'enfer. Le guignon (passez-moi ce terme légèrement teinté d'infernal) (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1866, p. 93). Le banquet atteignit la perfection du genre, supposé que la banalité, la médiocrité puissent prétendre à la perfection. Et elles le peuvent, aussi bien que le sublime ou l'infernal (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 129).
REM. Infernalement, adv. D'une manière infernale, cruellement, avec perversité, d'une manière démesurée. Champavert, tu blasphèmes en parlant ainsi de néant, tu me fais mal infernalement! (BOREL, Champavert, 1833, p. 239). Il était infernalement brave dans le combat, ensuite atroce (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 38). Les entraînements de sa chair, les avait-il assez infernalement expiés? (BLOY, Désesp., 1886, p. 62).
Prononc. et Orth. : [], masc. plur. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 enfernal « qui appartient à l'enfer » (PHILIPPE DE THAON, Comput, 1581 ds T.-L.); 2. a) 1667 « digne de l'enfer » (BOILEAU, Satire VIII, 299, éd. A. Cahen, p. 116); b) av. 1799 « terrible, trop intense » (MARMONTEL, Mémoires, X ds LITTRÉ : bruit infernal); 3. 1680 « difficile à supporter » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre du 15 juin ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 974). Empr. au b. lat. infernalis « de l'enfer, infernal » (cf. BLAISE Lat. chrét.). Fréq. abs. littér. : 876. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 559, b) 1 373; XXe s. : a) 961, b) 1 080. Bbg. QUEM. DDL t. 5.
infernal, ale, aux [ɛ̃fɛʀnal, o] adj.
ÉTYM. V. 1130; enfernal, 1119; bas lat. infernalis « infernal », de infernus « enfer ». → Enfer.
❖
1 Didact. ou littér. Qui appartient aux enfers, à l'enfer. || Dieux, esprits infernaux. ⇒ Chtonien. || Puissances infernales. ⇒ Démon, diable. || Monstres infernaux. || L'infernale foudre (1. Foudre, cit. 1, Villon). || Personnages, décors infernaux de certains contes fantastiques (cit. 5). || Inspiration infernale et satanique (→ Frauduleusement, cit.; enrager, cit. 9).
1 Dame du ciel, régente terrienne,
Emperière (impératrice) des infernaux palus (…)
Villon, Ballade pour prier Notre Dame.
2 Il a vu le Cocyte et ses rivages sombres,
Et s'est montré vivant aux infernales ombres (…)
Racine, Phèdre, II, 1.
3 Un autre trait distinctif de nos êtres surnaturels, surtout chez les puissances infernales, c'est l'attribution d'un caractère (…) Le poète, pouvant en outre attacher un ange du mal à chaque vice, dispose ainsi d'un essaim de divinités infernales.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, II, IV, VI.
4 Comme toujours, Augustine avait dit dix Pater et dix Ave, et l'apparition s'était évanouie, ce qui prouvait bien son caractère infernal.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, IV.
♦ Le pacte infernal de Faust.
2 (1667). Cour. Qui évoque l'enfer (par certains traits culturels chrétiens : chaleur et lueur des brasiers, cris des damnés, souffrance, aspect des démons). ⇒ Démoniaque; enfer (d'enfer). || Chaleur infernale. || « L'infernal chauffage de New-York » (P. Morand). || Des rougeoiements infernaux. || Bruit, tapage, tumulte, vacarme infernal. || Une musique infernale. || Des figures infernales. || « Sa mimique est infernale et farouche » (Petrus Borel, in T. L. F.). || Douleurs, souffrances infernales. || « Une crampe infernale ! » (Céline). — (Lieu, milieu). Pénible comme l'enfer. || Un lieu, un monde infernal. || Climat, travail infernal. || Cette boîte est infernale ! || C'est une situation infernale. || Rire infernal. ⇒ Méphistophélique; → Feuilleton, cit. 1; incisif, cit. 3. — Violent, fort intense au point d'être très désagréable, insupportable. ⇒ Terrible. || Allure, rythme, galop infernal. ⇒ Endiablé. — (Abstrait). Dangereux, inspiré par une malveillance terrible. ⇒ Démoniaque. || Ruse, malice, méchanceté, noirceur, machination infernale. ⇒ Démoniaque, diabolique, satanique. — Qui dénote la malveillance, la méchanceté. || Entreprise infernale (→ Bénir, cit. 9). || Complot, piège infernal. || D'infernales machinations. || C'est infernal, absolument infernal !
5 L'adresse infernale de ces deux hommes venait de remporter un horrible avantage dans ce duel en prenant Laurence au piège d'une de leurs ruses habituelles.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 531.
6 Ces détonations me tapaient sur les nerfs, m'étaient odieuses et je ne comprenais pas quelle sorte de plaisir infernal on y pouvait prendre.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IV, p. 110.
♦ (Denrées, boissons). Souvent antéposé. Très mauvais (avec une idée d'intensité). || Un infernal tord-boyaux.
♦ ☑ Loc. (1704). Machine infernale. — (1690). Spécialt. || Pierre infernale (parce qu'elle provoque une sensation de brûlure) : nitrate d'argent employé à la cautérisation.
♦ Argot du théâtre. || La loge infernale : loge proche de l'avant-scène (ses occupants sont bruyants [Esnault] ou encore elle est située en bas).
♦ Hist. || Les colonnes infernales : les troupes républicaines de Vendée, envoyées par la Convention (et qui recouraient souvent à l'incendie).
♦ ☑ Cercle infernal : situation pénible et bloquée. — ☑ Cycle infernal. || Le cycle infernal des salaires et des prix (cycle que l'on ne peut arrêter et qui est comparé à une ronde infernale).
7 (Le comte, à part, avec fureur) C'est encore le page infernal !
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, 6.
3 (1680). Fam. ⇒ Insupportable, terrible. || Nous avons eu pendant toutes nos vacances un temps infernal. || Encore recommencer ! C'est infernal ! || Imbroglio (cit. 2) infernal, inextricable, insoluble.
♦ (Personnes). || Ce gosse est infernal. — Il a un caractère infernal. ⇒ Exécrable.
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CONTR. Angélique, céleste, divin.
DÉR. Infernalement.
Encyclopédie Universelle. 2012.