majesté [ maʒɛste ] n. f.
• fin XIVe; lat. majestas
I ♦
1 ♦ Caractère de grandeur qui fait révérer les puissances souveraines. ⇒ gloire, grandeur. La majesté divine. — Majesté impériale, princière. Atteinte à la majesté du souverain. ⇒ lèse-majesté. — Iconogr. Christ, Vierge de (en) majesté, représentés de face dans une attitude hiératique, généralement assis sur un trône.
2 ♦ (XIVe) Dignité souveraine; pouvoir royal.
3 ♦ (1575) Titre donné aux souverains héréditaires. ⇒ altesse. Votre Majesté, Vos Majestés (par abrév. V. M., VV. MM.),se dit en parlant aux souverains. ⇒ sire. Sire, Votre Majesté est trop bonne (plais. « Majesté, votre sire est trop bonne », « François Ier », film). Sa Majesté, Leurs Majestés (abrév. S. M., LL. MM.),se dit en parlant d'eux. Sa Gracieuse Majesté la reine d'Angleterre. Leurs Majestés ont décidé... « Sa Majesté le roi viendra-t-il ? » (A. Hermant).
II ♦ (v. 1220) Caractère de grandeur, de noblesse dans l'apparence, l'allure, les attitudes. Un air de majesté. ⇒ majestueux. Majesté grave, solennelle. — (Choses) ⇒ beauté, grandeur. « Cette admirable ruine avait toute la majesté des grandes choses détruites » (Balzac). « J'aime la majesté des souffrances humaines » (Vigny). — Gramm. Pluriel de majesté.
⊗ CONTR. Vulgarité.
● majesté nom féminin (latin majestas, -atis) Caractère de grandeur qui impose le respect : La majesté des lois. Littéraire. Air extérieur de grandeur, de noblesse : Allure pleine de majesté. Titre que l'on donne aux souverains héréditaires : Sa Majesté le roi. (On écrit en abrégé S. M., Sa Majesté ; V. M., Votre Majesté ; VV. MM., Vos Majestés ; LL. MM., Leurs Majestés.) ● majesté (citations) nom féminin (latin majestas, -atis) Charles Maurras Martigues 1868-Saint-Symphorien 1952 Académie française, 1938 Il n'y a point de majesté qui tienne devant les certitudes de la raison comme devant les règles du goût. De Démos à César Le Capitole Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 J'aime la majesté des souffrances humaines […]. Les Destinées, la Maison du berger ● majesté (difficultés) nom féminin (latin majestas, -atis) → excellence ● majesté (expressions) nom féminin (latin majestas, -atis) En majesté, se dit d'une figure du Christ, de la Vierge, d'un saint assise sur un trône dans une attitude hiératique. Pluriel de majesté, le nous utilisé à la place de je dans le style officiel par des personnes revêtues d'une haute autorité. (Par exemple Nous, président de la République, décidons…) Sa Majesté Catholique, le roi d'Espagne. Sa Majesté Très Chrétienne, le roi de France. Sceau de majesté, sceau représentant la personne royale assise sur un trône et avec les insignes de la monarchie. ● majesté (synonymes) nom féminin (latin majestas, -atis) Littéraire. Air extérieur de grandeur, de noblesse
Synonymes :
- grandeur
majesté
n. f.
d1./d Grandeur suprême; caractère auguste qui inspire le respect. La majesté divine.
|| Par ext. Qualité de ce qui, par sa grandeur, sa noblesse, inspire admiration et respect. La majesté d'un palais.
d2./d Titre donné aux souverains. Sa Majesté.
⇒MAJESTÉ, subst. fém.
A. — Caractère de grandeur qui impose le respect, la vénération. Synon. gloire, grandeur.
1. [À propos d'une puissance divine] Insulte à la majesté de Dieu; majesté céleste, divine, suprême. Les dieux, dit le Centaure, ont habité parfois Les bruyantes cités et les monts et les bois, Alors que de l'Olympe abandonnant l'enceinte, Ils dérobaient l'éclat de leur majesté sainte (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p. 248). L'appétit du divin se jette en pâture même les pierres; il agrée ce qui paraît le plus éloigné de la majesté infinie (BLONDEL, Action, 1893, p. 308):
• 1. L'«idée» que Dieu connaît et pénètre toutes choses, jusqu'aux replis les plus secrets de notre coeur, a été regardée par les saints comme tout (...) autrement efficace pour contenir les hommes dans le respect et dans la crainte de la majesté de Dieu.
BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 563.
ICONOGR. [En parlant du Christ ou d'un saint] En majesté, loc. adj. Assis sur un trône dans une attitude hiératique. La chasuble de Naintré (...), où l'on voit Marie, assise en majesté, les pieds chaussés, tenant l'enfant nu sur ses genoux (ZOLA, Rêve, 1888, p. 96). Un Christ en majesté, sur un vitrail latéral, rappela à Lewis son premier conseil d'administration (MORAND, Lewis, 1924, p. 6).
2. [À propos d'un souverain] Majesté de l'empereur; majesté impériale, princière. Il fut un temps où le nom seul d'Agamemnon ouvrait en moi de secrètes écluses, tant me pénétrait de respect et d'appréhension mythologique la majesté du roi des rois (GIDE, Si le grain, 1924, p. 611). Corneille et Louis XIV sont d'accord sur ce point, comme ils le sont sur l'importance de la majesté royale, sur la dictature royale, sur l'absolutisme royal, sur l'exaltation du nationalisme français contre les entreprises de l'empire (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 297).
♦[P. méton. du compl.] Majesté de l'empire. Commencez par réformer ce faste, cette vaine pompe qui n'ajoutent rien à la majesté du trône, à la dignité du monarque (MARAT, Pamphlets, Suppl. Offrande à la Patrie, 1789, p. 51).
— P. méton.
♦Dignité, pouvoir (royal ou impérial). Respect de la majesté et des lois. Le trône avoit été à demi renversé, la majesté royale avilie; la puissance souveraine avait cédé à la violence populaire (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1588). Le peuple sans frein, foulant aux pieds les lois, Se plaît à mépriser la majesté des rois (CONSTANT, Wallstein, 1809, III, 3, p. 92).
HIST. ROMAINE. Loi de majesté. ,,Loi punissant tout attentat contre le peuple romain et appliquée par les empereurs à tout délit contre le prince`` (LITTRÉ; dict. XIXe et XXe s.).
♦Personne du souverain. Majesté déchue. Au cours de ma carrière, plus diplomatique, hélas, que soldatesque, pas mal de majestés m'ont déjà accueilli (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. I).
♦Lèse-majesté.
3. [Titre donné aux souverains héréditaires lorsqu'on parle d'eux ou que l'on s'adresse à eux]
a) Sa Majesté (S.M.); Votre Majesté (V.M.), Vos Majestés (VV.MM.), Leurs Majestés (LL. MM.). Hommage, offense, outrage à Sa Majesté; demander, présenter qqc. à Sa Majesté; supplier Sa Majesté; audience, lettre de Sa Majesté; au nom, aux ordres, au service de Sa Majesté; ambassadeur, gouvernement de Sa Majesté; Sa Majesté britannique. Nous n'osons pas supposer, pour l'honneur de M. Henri Scheffer, que le portrait de Sa Majesté ait été fait d'après nature. — Il y a dans l'histoire contemporaine peu de têtes aussi accentuées que celle de Louis-Philippe (BAUDEL., Salon, 1845, p. 46). Le mouvement de la France libre, à présent prépondérant en France même, était, plus que jamais, un élément capital de la politique britannique et (...) le gouvernement de Sa Majesté était décidé à le soutenir au maximum (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 556):
• 2. ... mille nobles et domestiques couvraient de leurs corps les pavés, les escaliers, les planchers du château, ou brûlaient sous les décombres de la caserne, et Sa Majesté Louis XVI, au lieu d'aller soutenir ses défenseurs, restait dans sa cachette à l'Assemblée nationale.
ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 11.
— Sa Majesté Très Chrétienne. [Titre du souverain de France] Voici (...) la capitulation de Paris entre les mains de Sa Majesté Très Chrétienne (CLAUDEL, Otage, 1911, III, 2, p. 280).
— Sa Majesté Catholique. [Titre du souverain d'Espagne] Les Espagnols prirent possession du pays au nom de Sa Majesté Catholique (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 136).
— Sa (Très) Gracieuse Majesté. [Titre du souverain d'Angleterre] Cette Institution des Arts et des Sciences réunis (...) est placée sous le patronage direct de Sa Gracieuse Majesté (VERNE, Tour monde, 1873, p. 2).
Rem. 1. Majesté exige l'accord au fém. de l'adj., du part., du pron., sauf lorsque ce titre est suivi d'un nom (Sa Majesté le roi, la reine), auquel cas l'accord se fait avec le nom. 2. Le nom en appos. ou attribut prend le genre de la pers. désignée (Votre Majesté est le maître).
b) [Avec personnification] Frédéric II déclarait que la seule divinité qu'il reconnût était Sa sacrée Majesté le Hasard (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913, p. 15). Sa Majesté l'Orgueil, Sa Majesté la Bêtise, Sa Majesté l'Avarice, Sa Majesté la Luxure, ces Majestés ne changent pas de place, elles restent toujours avec nous (CLAUDEL, J. d'Arc, 1939, 6, p. 1211).
4. [À propos d'un inanimé] Majesté des lois. La majesté et les droits des nations doivent être immolés à la satisfaction et à l'orgueil des princes (ROBESP., Discours, Contre veto, t. 6, 1789, P. 91). Ils plantèrent contre la porte leurs douze faisceaux, des baguettes reliées par une courroie avec une hache dans le milieu. Alors, tous frémirent devant la majesté du peuple romain (FLAUB., Hérodias, 1877, p. 158).
5. GRAMM. Pluriel de majesté. ,,Pluriel du pronom de la première personne utilisé à la place de je dans le style officiel par les personnes revêtues d'un caractère d'autorité`` (Ling. 1972). Avec l'avènement de ce pape polonais, le pluriel de majesté a sombré en même temps que la «Sedia Gestatoria» (L'Est Républicain, 14 mai 1981, p.15, col.7).
B. — Caractère de grandeur, de noblesse dans l'apparence, les manières, qui suscite une admiration mêlée de respect. Majesté sereine, sombre, tranquille; avec, sans majesté; plein de majesté.
1. [À propos d'une pers. ou d'un trait extérieur de cette pers.] Majesté d'un geste, d'un mouvement, d'un regard. C'étoit un air de majesté répandu sur sa figure, dans ses traits, et qui indiquoit un homme né pour le commandement, et qui a en effet commandé (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 103). La raideur de ses jambes nuisait à la rapidité de son allure mais ajoutait à la majesté de sa démarche. Comme il ne pliait les genoux ni le cou, son approche évoquait: «Messieurs, le Roy» (HAMP, Marée, 1908, p. 62):
• 3. Des voix d'une majesté infinie, en même temps mouvementées, sûres d'elles, criant au ciel, s'élevèrent en un choeur d'une incroyable force.
G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 118.
2. [À propos d'inanimés concr., notamment d'une oeuvre d'art, d'un spectacle] Majesté d'un cloître, d'un monument, d'un paysage:
• 4. Piero Della Francesca, Uccello eussent-ils, sans leur amour passionné pour la géométrie, découvert dans la structure humaine, l'un ces formes monumentales, ces crânes sphériques, ces visages purs et solides, ces torses, ces membres pareils à des colonnes, toute cette majesté formidable qui fait songer à un peuple de dieux descendus dans la prière et la lutte...
FAURE, Espr. formes, 1927, p. 157.
— En partic. [À propos du style, d'une oeuvre littér.] Majesté des hymnes liturgiques. On sait avec quel génie dans l'oraison funèbre de la princesse Palatine, il [Bossuet] est descendu, sans blesser la majesté de l'art oratoire, jusqu'à l'interprétation naïve d'un songe, en même temps qu'il a déployé dans ce même discours, sa haute capacité pour les abstractions philosophiques (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 127). La poésie peut s'exprimer en prose, elle est seulement plus parfaite sous la grâce et la majesté du vers (HUGO, Lettres fiancée, 1821, p. 90). Il [Voltaire] avouait que «la majesté des écritures l'étonnait», que «la sainteté de l'Évangile parlait à son coeur» (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 41).
3. [À propos d'inanimés abstr.] La majesté des souffrances humaines est un témoignage rendu à ce que souffre l'impatiente famille des hommes (VIGNY, Journal poète, 1845, p. 1231). [Les frivoles] échappent à la tendre majesté de l'agonie, réussissent à faire de leur propre mort une chose impure (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 903).
Prononc. et Orth. []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 majested «caractère de grandeur qui imprime le respect» (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 542); ca 1120 reis de majestet désigne ici Jésus-Christ (ibid., 1245); spéc. ca 1140 «représentation de saints» (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 125), sens mentionné par Trév. 1771 et subsistant comme terme d'iconogr.; 2. ca 1180 sa majete «dénomination de souverain» (JEAN LE NEVELON, Vengeance Alexandre, éd. E. Billings Ham, 118); 3. 1365 royalle majesté «dignité souveraine» (ORESME, Traictié des monnoies, éd. L. Wolowski, p.74); 4. 1547 majesté «ce qui a de la grandeur, attire l'admiration» (J.MARTIN, Architecture, trad. de Vitruve, p. 80 v°). Empr. au lat. majestas «grandeur, dignité» et au fig. «dignité, noblesse (d'une personne, d'un style, d'un lieu)», «souveraineté de l'État, du peuple romain» d'où le sens gén. de «souveraineté» en lat. médiév. (996 ds NIERM.). Le mot est également attesté comme titre honorifique d'un empereur, roi, pape en b. lat. (506-538, ibid.) et au sens de «image du Christ en trône» (ca 1031, ibid.), le lat. majestas est dér. de major, compar. de magnus «grand», v. majeur. Fréq. abs. littér.:2929. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 6941, b) 3627; XXe s.: a) 2791, b) 2909. Bbg. DUCH. Beauté. 1960, pp.123-124.
majesté [maʒɛste] n. f.
ÉTYM. V. 1120; lat. majestas.
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1 « Caractère de grandeur qui fait révérer les puissances souveraines » (Furetière). ⇒ Gloire, grandeur; → Appartenir, cit. 20, Bossuet. || Dieu (cit. 38) de majesté. || Insulter (cit. 4) à la majesté de Dieu, de Jésus-Christ. — Majesté impériale, princière, royale, souveraine (→ 1. Faste, cit. 6; hautain, cit. 4). || Atteinte à la majesté du souverain. ⇒ Lèse-majesté.
1 Or, quand le Fils de l'homme viendra dans sa majesté, accompagné de tous ses anges, il sera assis sur le trône de sa gloire (…)
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, XXV, 31.
2 La majesté est l'image de la grandeur de Dieu dans le prince.
Bossuet, Politique tirée… de l'Écriture sainte, V, IV, I.
3 La majesté des rois inspire plus de respect que de tendresse; c'est une espèce de religion civile et de culte politique, qui nous fait révérer ces traits que la main de Dieu a gravés sur le front de ceux à qui il daigne communiquer sa puissance.
Fléchier, Oraison funèbre de la duchesse de Montausier.
4 Si la souffrance et la prière
N'atteignent pas ta majesté
Garde ta grandeur solitaire,
Ferme à jamais l'immensité.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « L'espoir en Dieu ».
♦ Par ext. || La majesté du trône, de l'empire; de l'autel.
5 Quoi ? vous pourriez, Seigneur, par cette indignité
De l'Empire à vos pieds fouler la majesté ?
Racine, Bérénice, IV, 8.
6 Le trône vaut par lui-même et il impose la dignité, c'est-à-dire une autorité plus obéie, la majesté, et tout ce qui sert la majesté : l'éclat, la pompe, la magnificence.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, « Avènement de l'Empire », VIII.
♦ Icon. || Christ, Vierge de majesté, représentés de face, dans une attitude hiératique, généralement assis sur un trône. || Christ en majesté.
2 (V. 1360). Dignité souveraine; pouvoir royal. || Le respect de la majesté et des lois (→ Factieux, cit. 1). || L'appareil (cit. 5) de la majesté.
7 (…) la majesté des rois d'Angleterre serait demeurée plus inviolable, si, contente de ses droits sacrés, elle n'avait point voulu attirer à soi les droits et l'autorité de l'Église.
Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Marie de France.
♦ Antiq. rom. || Loi de majesté : loi qui punissait les attentats contre le souverain (contre le peuple, sous la République; contre l'empereur, sous l'Empire).
8 Il y avait une loi de majesté contre ceux qui commettaient quelque attentat contre le peuple romain. Tibère (…) l'appliqua (…) à tout ce qui put servir sa haine ou ses défiances.
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, XIV.
9 Louis-Philippe était un homme rare (…) très premier prince du sang tant qu'il n'avait été qu'altesse sérénissime, mais franc bourgeois le jour où il fut majesté (…)
Hugo, les Misérables, IV, I, III.
3 (1375). Titre qu'on donne aux souverains héréditaires. ⇒ Empereur, prince, roi; → Excellence, cit. 5.
10 (…) il n'y avait alors (au XIe siècle) aucune formule de titres usitée en Europe; on disait aux rois votre excellence, votre sérénité, votre grandeur, votre grâce, indifféremment. Le titre de majesté était rarement donné aux empereurs; et c'était plutôt une épithète qu'un nom d'honneur affecté à la dignité impériale.
Voltaire, les Annales de l'Empire, « Henri IV », p. 1077.
11 Louis XI fut le premier roi de France à qui on donna quelquefois le titre de majesté, que jusque-là l'empereur seul avait porté (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, XCIV.
♦ Votre Majesté, Vos Majestés (par abrév. : V. M., VV. MM.), se dit en parlant aux souverains ⇒ Sire (→ Appartenir, cit. 1; emploi, cit. 11); Sa Majesté, Leurs Majestés (abrév. : S. M., LL. MM.), en leur parlant (Que Sa Majesté daigne me permettre…) ou en parlant d'eux (Leurs Majestés ont décidé…). → Exercer, cit. 23; 2. garde, cit. 6; justifier, cit. 19.
➪ tableau Abréviations les plus usitées.
♦ Sa Majesté très chrétienne (le roi de France), Sa Majesté catholique (le roi d'Espagne), très fidèle (le roi du Portugal). || Sa Majesté britannique, suédoise, danoise; Sa Majesté le roi d'Angleterre, le roi des Belges. || Sa Gracieuse Majesté la reine d'Angleterre.
♦ Figuré :
12 (…) je m'en remets, sur tous les futurs contingents, aux ordres de sa sacrée majesté le Hasard, ou plutôt aux ordres plus réels de sa divine majesté la Destinée.
Voltaire, Lettre au roi de Prusse, 302, 19 mars 1773.
REM. 1. Avec Votre Majesté, on peut employer la troisième personne : || « Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère » (La Fontaine, Fables, I, 10); || « Assez d'autres sans moi soutiendront vos lauriers; Que Votre Majesté désormais m'en dispense » (Corneille, Horace, V, 2) ou la deuxième :
13 (…) je supplie votre majesté de daigner lire avec attention cet ouvrage, qui est en partie l'exposition de vos idées, et en partie celle des exemples que vous donnez au monde.
Voltaire, Lettre au roi de Prusse, 176, 5 sept. 1752.
2. L'adjectif, le participe, le pronom s'accordent en principe avec le titre (au féminin). Quand le titre est suivi d'un nom (Sa Majesté le roi, Sa Majesté Louis XIV, Sa Majesté la reine Élisabeth), c'est avec le nom que se fait l'accord.
14 (…) Votre Majesté se donnant à Dieu, se rendra plus que jamais attentive à l'obligation (…) qu'il vous impose (…)
Bossuet, Lettre à Louis XIV, 42, 10 juil. 1675.
15 (…) Votre Majesté partira quand elle voudra (…)
Voltaire, Candide, XXVI.
16 Sa Majesté le roi viendra-t-il ?
3. Le nom attribut ou apposition se rapportant à Majesté se met au genre de la personne désignée. Sa Majesté, Votre Majesté est le maître, le père de son peuple, le protecteur des arts, etc.
N. B. Les remarques sur Majesté s'appliquent également à d'autres titres (Altesse, Éminence, Grâce, etc.).
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II (V. 1220). Caractère de grandeur, de noblesse dans l'apparence, l'allure, les attitudes. || Un air de majesté. ⇒ Majestueux (→ Aisance, cit. 3; empreindre, cit. 2). || Force et majesté de l'homme (cit. 92). || Majesté naturelle, native (→ Casque, cit. 3). || Paraître avec majesté (→ Autorité, cit. 43). || Plein de majesté. || Majesté grave (⇒ Gravité), solennelle. || La majesté d'un visage (→ Inaccoutumé, cit. 1).
17 Il est nécessaire que vous ayez une certaine majesté dans votre extérieur (…)
Fénelon, Télémaque, X.
18 On ne saurait imaginer l'élégance et la majesté de ces Effendis aux caftans de soie, aux ceintures de cachemire hérissées de poignards qui, avec le flegme le plus dédaigneux, trônent sur leurs divans au milieu d'un déballage de brocarts, de velours, de soieries (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, II.
18.1 — Vraiment, dit M. Santeuil avec indifférence, et laissant retomber ses bras sur son gilet blanc il se remit à regarder l'appui de la fenêtre avec une majesté qu'il avait contractée au cours de sa vie publique (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 212.
♦ (Déb. XVIIe). Choses. ⇒ Beauté, grandeur. || La majesté d'une scène (→ Gisant, cit. 4), d'un monument (→ Gothique, cit. 3), d'un cloître (→ Égaler, cit. 5). || La majesté de la nature (→ Contempler, cit. 1), d'un paysage (→ Estomper, cit. 6), des forêts (→ Évoquer, cit. 25), d'une ville (→ Barbare, cit. 4).
19 Cette admirable ruine avait toute la majesté des grandes choses détruites.
Balzac, le Cabinet des Antiques, Pl., t. IV, p. 343.
20 On éprouve, en entrant dans nos cathédrales gothiques, une sensation sévère, presque triste. Leur grandeur est imposante, leur majesté frappe, mais ne séduit pas.
Maupassant, la Vie errante, « La Sicile ».
21 (…) Meknès, avec ses portes géantes, divinement ornées, qui s'ouvrent sur le souvenir d'une majesté défunte et les vestiges mélancoliques d'une puissance abolie (…)
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, I.
♦ La majesté d'une vertu, d'une qualité (→ Grand, cit. 70, Hugo).
22 J'aime la majesté des souffrances humaines (…)
A. de Vigny, la Maison du berger, III.
23 (…) chez ces simples, il y a le sentiment, le respect inné de la majesté de l'épouse; un abîme la sépare de l'amante, chose de plaisir (…)
Loti, Pêcheur d'Islande, IV, VIII.
♦ Gramm. || Pluriel de majesté : emploi de la 1re pers. du plur. au lieu du sing. (ex. : le Roi dit : Nous voulons…).
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CONTR. Vulgarité.
DÉR. Majestueux.
COMP. Lèse-majesté.
Encyclopédie Universelle. 2012.