malgré [ malgre ] prép. I ♦
1 ♦ Contre le gré de (qqn), en dépit de son opposition, de sa résistance. Il a fait cela malgré son père. MALGRÉ SOI : de mauvais gré, contre son gré. ⇒ 1. contrecœur (à). Je dus le suivre malgré moi. — Involontairement. « Je peins malgré moi les choses derrière les choses » (Prévert, « Quai des brumes », film).
2 ♦ En dépit de (qqch.). ⇒ nonobstant. Malgré cela. ⇒ cependant. Malgré les ordres reçus (cf. Au mépris de). « Malgré la guerre et tous ses maux Nous aurons de belles surprises » (Apollinaire).
♢ MALGRÉ TOUT : Vieilli en dépit de tous les obstacles; quoi qu'il arrive ou puisse arriver (cf. Envers et contre tous; à toute force). — Par ext. Mod. Quand même; pourtant. C'était un grand homme, malgré tout, quoi qu'on en dise ou pense. Très habile et malgré tout naïf.
3 ♦ N. m. pl. Les malgré-nous : surnom des Alsaciens et des Lorrains enrôlés de force dans l'armée allemande lors de la Seconde Guerre mondiale. — Par ext. Conscrits de force. « des “malgré nous” afghans » (Le Point, 1988).
II ♦ Loc. conj. MALGRÉ QUE
1 ♦ Littér. Malgré que j'en aie, qu'il en ait : malgré mes (ses) réticences, mes hésitations. « J'étais, malgré que j'en eusse, obligé de passer dans des endroits très agités » (Duhamel).
2 ♦ (Avec le subj.) Bien que, encore que, quoique (emploi critiqué). « Malgré que rien ne puisse servir à rien, nous faisons sauter les ponts quand même » (Saint-Exupéry).
⊗ CONTR. Grâce (à).
● malgré préposition (de mal et gré) En agissant outre la volonté, l'opposition de quelqu'un, en dépit d'un ordre, d'un règlement : Il est parti malgré son père. En ne se laissant pas arrêter par tel obstacle : Sortir malgré la pluie. ● malgré (difficultés) préposition (de mal et gré) Emploi et registre 1. Malgré = contre le gré, la volonté de ; en dépit de. Il a fait valoir son point de vue, malgré des opposants obstinés ; il est sorti malgré la pluie. Emploi courant et correct. 2. Malgré que j'en aie, que tu en aies, etc. = bien que cela me (te, etc.) contrarie, bien que cela soit à contrecœur. Registre soutenu. 3. Malgré que (+ subjonctif) : il sort en veste malgré qu'il fasse froid. Cette construction est aujourd'hui courante, mais elle reste critiquée, quoiqu'elle ait été employée par de grands auteurs : « Malgré que j'aie toujours étouffé dans mon cœur le patriotisme exagéré »(Ch. Baudelaire). « Mes enfants la revoient toujours avec plaisir, malgré que leurs goÛts et les siens diffèrent de plus en plus »(A. Gide). Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer bien que ou quoique, ou tourner la phrase autrement : bien qu'il fasse froid, il sort en veste ; il sort en veste malgré le froid. ● malgré (expressions) préposition (de mal et gré) Malgré que + subjonctif, marque une opposition ; quoique, bien que (critiqué par les puristes) : On s'entend bien malgré que nos caractères soient différents. Littéraire. Malgré que j'en aie, que tu en aies, etc., bien que cela me (te) contrarie, bien que ce soit à contrecœur. Malgré soi, contre sa propre volonté ou involontairement : J'ai entendu votre conversation malgré moi. Malgré tout, en dépit de tout ce qui pourrait aller à l'encontre : Malgré tout, c'est un brave homme. ● malgré (synonymes) préposition (de mal et gré) En agissant outre la volonté, l'opposition de quelqu'un, en dépit...
Synonymes :
- n'en déplaise à
Contraires :
- grâce à
En ne se laissant pas arrêter par tel obstacle
Synonymes :
- au mépris de
malgré
Prép. Contre la volonté, le désir, la résistance de (qqn); en dépit de (qqch). Il a fait cela malgré moi. Il est sorti malgré la pluie. Syn. litt. en dépit de.
|| Malgré tout: quoi qu'il arrive. Malgré tout, je tente l'expérience.
⇒MALGRÉ, prép.
I. A.— Malgré + subst. ou pron. (désignant une pers.)
1. Malgré + subst. Contre la volonté, le gré de quelqu'un. Synon. n'en déplaise à. Elle exigea même que l'on partit, malgré Alexis qui ne voulait pas bouger de là où il était (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 209) :
• 1. J'ai passé une partie de mon enfance, malgré ma pauvre maman, à pêcher des épingles rouillées et des boutons de bottines dans les ruisseaux de la rue Tournefort.
DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 86.
2. Malgré + pron. (représentant un compl. du verbe). Sans qu'il y consente. L'équité naturelle, qui ne permet pas que l'on dépouille quelqu'un de son bien malgré lui et à son insu (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 201).
3. Malgré + pron. (représentant le suj.). Involontairement. Plus loin encore elle grondait en déferlant sur la côte sablonneuse, et malgré moi, j'écoutais avec une involontaire anxiété (A. CONTI, L'Océan, p. 259 ds M.-A. MOREL infra bbg., p. 758).
— Bien (presque, tout à fait) malgré + pron. Synon. à contre-cœur, à son corps défendant. Teresa avait cédé bien malgré elle (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 451). Si je m'emporte, c'est bien malgré moi (BECQUE, Corbeaux, 1882, III, 3, p. 166). L'élan de curiosité qui l'avait poussé presque malgré lui vers le jeune prêtre inconnu (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1470).
— HIST., emploi subst. plur. Les malgré nous. Nom donné aux incorporés de force alsaciens et lorrains dans les camps de travail de l'armée allemande pendant la Deuxième Guerre mondiale. Les enrôlés de force (les « malgré nous ») furent environ cent trente mille. La moitié d'entre eux sont toujours vivants (Le Monde, 3 avr. 1981, p. 38, col. 6).
B.— Malgré + subst. ou pron. (désignant une chose, un fait, un événement; marque la concession). Synon. de en dépit de, nonobstant (vieilli). Savez-vous pourquoi on l'aime, mademoiselle? C'est que, malgré une indépendance d'allures, (...) elle est réservée, sérieuse, instruite (PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, II, 7, p. 119). Qui louera ce soleil (...) qui luit, nuit et jour, en dépit de la pluie, malgré le vent? (MARAN, Batouala, 1921, p. 169) :
• 2. ... je ne la reverrai pas, quelque tentation que j'en puisse avoir; je ne la reverrai pas, malgré la régularité et la noblesse de son visage, malgré la souplesse de sa taille, malgré ses beaux cheveux : je ne la reverrai pas, malgré le feu de ses regards, malgré son amour.
KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 227.
— Malgré + subst. (non précédé d'un art.). Malgré goût et logique, Coulez, vers longs, moyens et courts (BÉRANGER, Chans., t. 3, 1829, p. 136). Malgré vents et marées. V. marée ex. de Cladel.
— Malgré (cela/ça). En dépit de (cela/ça). [Cela reprend la prop. précédente et malgré lui confère une valeur concessive]. J'aime à sentir que je suis antipathique à tous les professeurs, et que, malgré cela, ils sont bien obligés de me donner les meilleures notes (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 159).
♦ Malgré quoi. En dépit de quoi. Ils étaient de naturel ouvert, franc, un peu taquin (...) malgré quoi je n'éprouvais qu'un médiocre plaisir à me trouver avec eux (GIDE, Si le grain, 1924, p. 421). Le lendemain il me retrouvait aussi intraitable, et toute sa politique était à recommencer. Malgré quoi notre position devenait chaque jour plus délicate (AMBRIÈRE. Gdes vac., 1946, p. 341).
— Malgré tout. Quoi qu'il en soit, de toutes façons. Malgré tout et en dépit de ses efforts mêmes, il était triste, et je ne pouvais vaincre d'étranges pensées qui me saisissaient (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 305). « Je lui mets des compresses très chaudes... des sinapismes... » (...) « Ça le soulage un peu, malgré tout » (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1271). Il fallait espérer, espérer quand même et malgré tout, avoir confiance (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 215).
Rem. Le sens concessif de malgré n'est pas incompatible avec un pron. désignant des pers. Les pers. dont il s'agit sont alors considérées comme les « forces » qui auraient pu entraver la réalisation du fait évoqué. Elle [la ville de Paris] a su garder malgré eux [les urbanistes], à travers les siècles, la digne sérénité qui inspire les peintres et les poètes (O. PERRIN, Paris/Seine, p. 76 ds M.-A. MOREL, infra bbg., p. 759).
II.— Malgré que, loc.
A.— Vx et littér. Malgré que + pron. pers. suj. + avoir (au subj.). Contre (mon/ton. etc.) gré; à contre-cœur. Une verve et une causticité qui faisaient rire ma grand'mère elle-même, malgré qu'elle en eût (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 254). Laudon devinait, malgré qu'il en eût, une nature efficace s'agitant dans ce personnage si différent de lui (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 126) :
• 3. Il faut bien que je vous aime, malgré que j'en aie, car, depuis que vous m'avez quittée, je ne sais ce que j'ai.
MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 48.
B.— Malgré que, loc. conj. [Marque la concession; loc. considérée comme incertaine par les puristes, même suivie du subj.; se rencontre except. avec l'ind. dans l'usage oral] Synon. de bien que, encore que, quoique.
1. [Avec le subj.] Tu m'as fait sentir que, malgré que l'homme n'ait pas conservé dans son cœur la pureté et le courage, les anges eux-mêmes recherchent encore son alliance (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 114). Et je pense à la ville (...) Malgré que la bêtise et l'intrigue hâtive N'y souffrent pas non plus qu'on rêve et qu'on Écrive (CROS, Coffret santal, 1873, p. 73) :
• 4. Il a fait beau et clair, même il faisait déjà presque chaud, malgré qu'à ces hauteurs les matinées ordinairement soient assez fraîches.
RAMUZ, Gde peur, 1926, p. 49.
2. [Avec l'ind.] Parler des jeunes gens qui t'ont suivi en 1830 et porté en triomphe, malgré que tu répondais à leurs cris de « Vive la Charte » par ceux de « Vive le Roi » (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p. 186). Quand j'les ai vus attigés, je me suis levé — malgré qu'on m'gueulait : « Couche-toi! » (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 38) :
• 5. ... quand elle était partie, malgré que je lui promettais toujours d'être raisonnable, je tombais dans un si morne désespoir que, chaque fois, on craignait pour ma santé.
G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 16.
Rem. 1. Ac. 1835-1935, LITTRÉ et les grammairiens puristes n'acceptent malgré que que dans l'emploi II A, qui n'est pas un emploi conj. mais où malgré est un subst. compl. de j'en aie et que le pron. rel. La graphie correspondant à cet emploi serait d'ailleurs plutôt mal gré. Cf. sur ce point la rem. de LE GAL 1932 : ,,Certains font remarquer qu'on devrait écrire mal gré que et non malgré que, puisque malgré est composé de l'ancien adjectif mal, mauvais, et de gré. Cette graphie retiendrait dans la bonne voie beaucoup de personnes qui, à cause de la soudure, prennent malgré que pour synonyme de quoique. Entendu! Haro sur la soudure!`` 2. La confusion entre cette loc. où que est le pron. rel. ayant pour antécédent malgré et la loc. conj. est parfois telle que l'on rencontre, forgées sur le même modèle, les loc. bien que j'en aie, en dépit que j'en aie, quoique j'en aie, et aussi quoi que j'en aie. Cf. p. ex. GREV. 1969 § 978 N.B. 2 : Bien qu'il en eût. Quoi qu'elle en ait, elle grommelle mais s'incline (Le Monde, 18 oct. 1977, p. 12). 3. La confusion graphique observée entre malgré et mal gré que en emploi non conj. s'observe également au niveau de la loc. adv. bon gré mal gré parfois orthographiée bon gré malgré. À Chatelleraud le voyageur est contraint, bon gré malgré, de payer son tribut aux ardents couteliers dont cette ville est remplie (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 31). Pour détruire la contemplation, il faut, bon gré malgré, s'en prendre à la vertu de religion elle-même (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 548).
REM. Maugré, prép., vx et région. (nord de la France). a) Var. de mal gré. Je ferais le petit Jupiter et de bon ou de maugré je forcerais la belle Europe à me suivre (BOREL, Champavert, 1833, p. 14). Faut que j'tienne bongré maugré ma carcasse ed'bout (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, I, 2, p. 1179). b) Var. de malgré. Queuqu'un qui lui dirait qu'son Thomas n'est pas le meilleur homme du monde, j'crois ben qu'elle lui arracherait les yeux, maugré que ce soit un petit mouton (LECLERCQ. Prov. dram., Savet. et financ., 1835, p. 228).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. V. mal2. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 mal gré « contre le gré de quelqu'un, en dépit de sa volonté » (B. DE STE-MAURE, Troie, 352 ds T.-L., s.v. gré); ca 1225 malgré ds l'expr. malgré lor denz « en dépit de leurs efforts » (Hist. G. le Maréchal, 433, ibid.); 2. 1650 « en dépit de quelque chose » (CORNEILLE, Andromède, V. 2). B. Loc. conj. 1. ca 1250 malgré que j'en aie, que tu en aies, etc. « en dépit de moi, de toi... » (Doon de Mayence, éd. A. Pey, 161 : Mau gré que il en ait); 2. 1787 malgré que « bien que, quoique » (FÉR. Crit. t. 2 qui précise ,,l'on ne doit pas dire, malgré que vous m'en ayiez prié, pour, quoique vous m'en ayiez prié``). Comp. de mal1 et de gré; a supplanté la forme régulière maugré, 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 6172) bien att. en a. et m. fr., vieillie à partir du XVIIe s. Fréq. abs. littér. :15 039. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 20 018, b) 21 314; XXe s. : a) 22 172, b) 22 122. Bbg. DE GOROG (R. P.). The Medieval Fr. prepositions and the question of synonymy. Philol. Quart. 1972, t. 51, pp. 358-359. — LEW. 1968, p. 90. — MOREL (M.-A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. ... Thèse, Paris III, 1980, pp. 738-791. — ÖRTENBLAD (O.). Mél. gramm. Studier i modern Språkvetenskap, Uppsala, 1898, n° 1, pp. 61-69.
malgré [malgʀe] prép.
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1 Contre le gré de (qqn), en dépit de son opposition, de sa résistance. ⇒ Contre (→ Illégitime, cit. 2). || Il a fait cela malgré son père, malgré ses parents.
1 (…) presque tous ceux qui se sont fait un nom dans les beaux-arts les ont cultivés malgré leurs parents (…)
Voltaire, la Vie de Molière.
♦ (Suivi d'un pron. pers.). || Malgré soi : de mauvais gré, contre son gré, sans y consentir, et, par ext., involontairement (sans idée d'opposition). ⇒ Contrecœur (à), corps (à son corps défendant), insu (à son insu). || Phèdre « malgré soi perfide, incestueuse » (cit. 1). || Presque malgré moi (→ Hésitant, cit. 7); bien malgré lui (→ Irrécusable, cit. 2). || Cela s'est fait malgré nous. → ci-dessous I., 3., Les malgré-nous.
2 Titus, qui aimait passionnément Bérénice, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle (…)
Racine, Bérénice, Préface.
3 Madame, j'ai entendu malgré moi ce que vous venez de dire.
France, le Crime de S. Bonnard, t. II, I, II, p. 305.
4 Oui, pendant une semaine nous avons été amants; nous ne l'avions pas été avant, et nous ne l'avons jamais été depuis; c'était comme si, malgré nous-mêmes, en dehors de nous-mêmes, sa vie et la mienne s'aimaient.
Valery Larbaud, Amants, heureux amants, p. 145.
2 (1650). En dépit de (qqch.). ⇒ Contre; dépit (en dépit); nonobstant… (→ Au préjudice de…). || Malgré cela… ⇒ Cependant. || Malgré les efforts, la volonté de qqn (→ Arrêter, cit. 60). || Malgré son mérite. ⇒ Avec (→ Bal, cit. 4)… || Malgré ma timidité, je n'hésitai pas… (→ Attirant, cit. 5). || Malgré vos prétentions, vos allégations… (→ Ne vous en déplaise). || Malgré les critiques, les ragots (→ Quoi qu'on dise). || Malgré les ordres reçus. ⇒ Mépris (au mépris de). || Malgré l'apparence (cit. 28), les apparences. || Malgré les années (→ Âge, cit. 20), le faix (cit. 4) des ans. — Malgré les obstacles, les barrières (cit. 13)… || Malgré le mauvais temps, la chaleur, le soleil…; malgré l'hiver (→ Février, cit.), les averses (cit. 2). — (En parlant d'objets concrets). || Il roulait vite, malgré les pavés.
5 Les deux amants, malgré leurs pères, malgré le sort, malgré tout, excepté leurs cœurs, s'aiment, se cherchent et se retrouvent dans la vie et dans la mort.
Mme de Staël, De l'Allemagne, II, XVIII.
6 Malgré la chaîne et les boucles d'oreilles, sa toilette était presque simple (…)
A. de Musset, Nouvelles, « Deux maîtresses », IV.
7 Malgré la guerre et tous ses maux
Nous aurons de belles surprises.
Apollinaire, Ombre de mon amour, XVI.
8 (…) malgré le pressant besoin de mon âme, je sentais bien que mon livre n'était pas mûr (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX, p. 243.
8.1 Elle a prononcé cette dernière phrase avec une telle véhémence qu'il se sent obligé de la renseigner, dans la mesure de ses moyens, malgré la fatigue que lui procure cette conversation, malgré le peu d'intérêt qu'il porte lui-même à ce point particulier, malgré la peur qu'il a de décevoir par l'insignifiance de la réponse.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 207.
♦ ☑ (1867). Malgré tout : malgré tous les obstacles; quoi qu'il arrive ou qu'il puisse arriver (→ Quand le diable y serait; envers et contre tous; à toute force). || « Malgré tout, vous réussirez » (Académie). On dit aussi malgré vents et marées. ⇒ Contre. — Par ext. Quand même; de toute façon (→ Chair, cit. 13; champion, cit. 5). || C'était quelqu'un, malgré tout (→ Anoblir, cit. 6), quoi qu'on en dise ou pense. || Très habile (cit. 11) et malgré tout prodigieusement naïf.
9 Eh bien, malgré tout, il m'est arrivé une fois de me laisser prendre à vos simagrées (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, IX.
3 N. m. pl. || Les malgré-nous : les Alsaciens et les Lorrains enrôlés de force dans l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. || « (…) le phénomène des “malgré-nous” enrôlés de force par les nazis dans la Wehrmacht » (le Monde, 3 nov. 1998, p. 13).
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II ☑ Loc. conj. Malgré que.
1 (Fin XIIIe). Littér. Suivi du verbe avoir au subj. dans la loc. malgré que j'en aie, qu'il en ait : malgré mes (ses) réticences, mes (ses) hésitations. ⇒ Avoir; dépit (en dépit que…).
10 On n'a besoin d'élever que les hommes vulgaires (…) Les autres s'élèvent malgré qu'on en ait.
Rousseau, Émile, I.
11 La combinaison mal gré (= mauvais gré) se prêtait à former avec le verbe avoir un tour de valeur adversative. Il apparaît dès le XIIe siècle. Que ne tarda pas à s'y joindre : « Maugré qu'il en ait… » Doon de May. 5332; il fait désormais partie intégrante de la locution : « Il faut être de son sentiment, malgré qu'on en ait » Mol., Crit. Éc. femmes, III; « Voilà un garçon qui me surprend, malgré que j'en aie » Mariv., Jeu de l'am., I, 7; « J'étais, malgré que j'en eusse, obligé de passer… dans des endroits très agités » Duhamel, Conf. minuit, 59… — Comme on le voit, le tour est à peu près figé, et nécessite l'emploi de en et du verbe avoir au subjonctif.
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1557.
2 (Fin XVIIIe). || Malgré que… : bien que…, encore que…, quoique…, tout… que.
REM. Ce tour, condamné par Littré et l'Académie (8e éd.), « rencontre des adversaires irréductibles » (Brunot, la Pensée et la Langue, p. 860). De très nombreux exemples littéraires (Sand, Daudet, France, Barrès, Claudel, Gide, Proust, Colette, Mauriac, Romains, Aragon, Céline, Cocteau, etc.) en sont donnés par Le Bidois, Grevisse et Georgin (qui note : « Ce qui est plus grave, c'est de construire ce malgré que avec un indicatif », Prose d'aujourd'hui, p. 103). Claudel (→ Gripper, cit. 4) et Gide (ci-dessous, cit. 13) ont pris la défense de cette construction.
12 (…) je puis vous y signaler plusieurs fautes de français. Vous avez mis observer pour faire observer, et malgré que. Malgré veut un régime direct.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 644.
12.1 Mais comme on déjeunait tard, malgré que les promeneurs commençassent à passer dans la rue, on apportait seulement la grande tarte aux pommes (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 343.
13 J'ai écrit avec Proust et Barrès, et ne rougirai pas d'écrire encore : malgré que, estimant que, si l'expression était fautive hier, elle a cessé de l'être. Elle ne se confond pas avec bien que, qui n'indique qu'une résistance passive; elle indique une opposition.
Gide, Incidences, Lettre à P. Souday, 13 oct. 1923.
14 Mon cousin (…) — pour qui je ressentais déjà une sympathie des plus vives, malgré qu'il eût vingt ans de plus que moi — (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, III, p. 79.
15 Malgré que rien ne puisse servir à rien, nous faisons sauter les ponts quand même, pour jouer le jeu.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XIII.
16 Malgré que le soir fût d'une tiédeur extrême, Liette voulut pour le retour une voiture fermée.
F. Mauriac, la Robe prétexte, XXVII.
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CONTR. Grâce (à). — Gré (au gré de…).
DÉR. Maugréer.
Encyclopédie Universelle. 2012.