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CULTE
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CULTE

Une consigne de Calvin, directement inspirée de saint Paul, suggère ce que peut être le culte comme éthos , comme comportement global: il faut, dit Calvin, que l’existence entière soit un hommage à la gloire de Dieu. Le culte est dans la vie autant que la vie dans le culte: il l’est même davantage, quand la consigne est donnée par la forme la moins cérémonielle du christianisme, c’est-à-dire par le calvinisme. En simplifiant la liturgie, en la rendant plus sobre, Calvin n’a pas songé qu’il risquait d’appauvrir le culte chrétien. Au contraire, il a voulu atténuer le contraste entre comportement profane et comportement sacré, afin que l’attitude cultuelle s’étendît à toute la conduite, à toutes les démarches du chrétien.

Abolissant la religion comme activité spécialisée, il faisait retour à la plus ancienne et à la plus prégnante des mentalités religieuses: c’est l’existence elle-même, et non l’un ou l’autre de ses moments, qui vit le drame du salut et qui est d’essence cultuelle, pénétrée de l’esprit de service. Il faut définir le culte comme office (comme tâche, ou comme ministère), c’est-à-dire comme fonction. Mais cet office ne se réduit pas aux offices, c’est-à-dire aux cérémonies, ni ce ministère aux ministères, c’est-à-dire à l’administration des rites ou des sacrements. C’est l’Église comme édifice et surtout la division entre clercs et laïcs qui ramènent le culte à la simple activité rituelle. Mais l’adoration en esprit et en vérité dont parle Jean (IV, 23) paraît beaucoup plus extensive.

Cependant l’éthos cultuel du chrétien, même revenu à ses origines, ne récupère sans doute pas la richesse de la source archaïque. Pour le «primitif», l’éthos cultuel avait un sens plein: tous ses actes s’inscrivaient dans une sphère surnaturelle; rien n’était profane, pas même l’utile, le quotidien. Au contraire, pour le moderne, la vie entière peut s’imprégner de religion, mais seulement par le biais d’une moralité d’intention. Dans le premier cas, l’éthos cultuel était foncièrement symbolique et mystique. Dans le second, il n’est qu’éthique.

Si l’on prenait la notion d’éthos au sens de Max Scheler, il faudrait rapprocher culte et culture, et montrer que la religion vécue renvoie toujours à des formes typiques qui varient suivant les peuples et les époques (dans ce sens il y a un éthos, c’est-à-dire un style objectif d’appréhension des valeurs religieuses, qui diffère de l’Inde à la Grèce, des Romains aux Germains, des païens aux juifs et même des juifs aux chrétiens).

De toute façon, l’éthos cultuel se caractérise par les notes suivantes, si du moins il reste fidèle à ses sources: a ) l’existence n’est jamais un simple donné; elle est vécue comme valeur morale et religieuse; b ) l’existence n’est pas un fait, mais un comportement, une pratique réglée et orientée; c ) l’existence n’est pas un ensemble de réflexes ou de conduites mécaniques: les gestes de l’homme sont tenus pour signifiants, et le sens ultime de toutes les significations est d’instituer un rapport vécu au numineux, aux puissances, aux dieux, à Dieu; d ) l’existence n’est pas une dispersion de démarches, même signifiantes, même finalisées par une intention religieuse: elle tend à concentrer son effort de piété, sa ferveur, dans des lieux et des moments privilégiés, d’où les cérémonies et les fêtes, le culte proprement dit, avec ses objets, ses ministres, ses emplacements, ses prescriptions, ses formules; e ) l’existence n’est pas divisée entre le profane et le sacré, même dans les sociétés où cette distinction existe (ce qui n’est pas le cas de toutes les sociétés); elle puise son énergie dans l’expérience du sacré et elle la ravive constamment à son contact, mais pour l’infuser dans la totalité de la vie; f ) l’existence n’est pas gênée, ni tourmentée, par la pluralité des valeurs: spontanément, elle les hiérarchise, et sa hiérarchie subordonne d’emblée les valeurs techniques, éthiques, esthétiques, à la valeur mystique; g ) l’existence ne théorise pas dans l’abstrait (elle ne le fait que tardivement, là où l’évolution autorise un savoir désintéressé; elle a sa manière à elle, tout entière de mythe et de rite, d’exprimer sa visée globale; c’est le primat du geste et du symbole, de la posture et de la parole (en toute religion, la part du signe moteur ou oral reste considérable), qui entretient et maintient l’éthos cultuel. La conception hindoue permet, aujourd’hui encore, d’observer sur le terrain un éthos cultuel en action, sans qu’on ait affaire à une mythique fruste, non élaborée. L’existence entière s’y trouve ritualisée: bains, repas, allumage du feu, manières de se vêtir, d’étudier, de respirer, d’aimer, de procréer, de sanctifier les heures de la journée (matin, midi, soir), d’accueillir les saisons, les années, les âges successifs, les événements personnels, familiaux, sociaux, de célébrer les états de transition, de crise, d’exultation, de maîtriser les changements et les imprévus. Toute action est rituelle, toute la vie est un culte, un sacerdoce, et l’univers lui-même est une harmonie divine qui exige que chacun vibre à l’unisson (le sanscrit désigne du même mot l’action humaine et le rite: il les confond; il rend inconcevable qu’on les dissocie).

culte [ kylt ] n. m.
• 1570 var. cult; lat. cultus, p. p. de colere « adorer »
1 Hommage religieux rendu à une divinité, un saint personnage, ou un objet déifié. Culte de Dieu, des saints (culte de latrie et de dulie, relig. cathol. ). Rendre un culte à la divinité. « Le culte que Dieu demande est celui du cœur » (Rousseau). Le culte de la cité, dans l'Antiquité; le culte du feu, des morts. « Le culte du Démon n'est pas plus insane que celui de Dieu » (Huysmans). Culte de la Raison, de l'Être suprême.
2Ensemble des pratiques réglées par une religion, pour rendre hommage à la divinité. liturgie, office, 1. pratique, rite, service. Ministre du culte. clergé; curé, évêque, prêtre. Édifice consacré au culte. chapelle, église, mosquée, 1. oratoire, sanctuaire, synagogue, temple. Instruments, cérémonies du culte. Le denier du culte. Culte catholique, protestant, musulman, etc. La liberté des cultes.
3Spécialt et absolt Service religieux protestant. Assister au culte. Présider le culte.
4Par ext. Religion. confession. Changer de culte.
5Fig. Admiration mêlée de vénération, que l'on voue à qqn ou à qqch. adoration, amour, attachement, dévouement, vénération. Rendre, vouer un culte à qqn. honorer, vénérer. Proudhon « eut de tout temps pour sa mère un dévouement, un culte dont il ne trahissait que l'essentiel » (Sainte-Beuve). Le culte de la personnalité. Avoir le culte de la patrie, de la justice, du passé, de la famille. « Elle m'initia au culte de la grâce et de la vénusté » (France). Avoir le culte de l'argent (cf. Adorer le veau d'or). (Apposé ou en composition) Qui fait l'objet d'un culte, d'une admiration fanatique de la part d'une catégorie de la population. Livre-culte, acteur-culte.
⊗ CONTR. Indifférence. Haine.

culte nom masculin (latin cultus, de colere, honorer) Hommage, honneur rendu à Dieu, à des êtres divins ou jugés tels ou à certaines créatures particulièrement proches de Dieu. Ensemble des cérémonies par lesquelles on rend cet hommage. Religion considérée dans ses manifestations extérieures, dans sa pratique : Culte catholique, protestant. Chez les protestants, office religieux. Vénération, adoration pour quelqu'un, quelque chose : Avoir le culte de la justice. (en apposition, avec ou sans trait d'union). Qualifie quelqu'un ou quelque chose qui suscite l'enthousiasme d'un public, généralement restreint : Film-culte. Auteur-culte.culte (citations) nom masculin (latin cultus, de colere, honorer) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Glorifier le culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion). Mon cœur mis à nu Samuel Beckett Foxrock, près de Dublin, 1906-Paris 1989 Il est plus facile d'élever un temple que d'y faire descendre l'objet du culte. L'Innommable Éditions de Minuit William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 C'est insane idolâtrie qu'un culte l'emporte en grandeur sur le dieu. 'Tis mad idolatry To make the service greater than the god. Troïlus and Cressida, II, 2, Hectorculte (expressions) nom masculin (latin cultus, de colere, honorer) Culte de la personnalité, attitude systématique d'admiration, souvent provoquée, à l'égard d'un dirigeant ou d'une personnalité charismatique. Culte impérial, à Rome, culte des empereurs défunts ou des membres de la famille impériale. (Le culte impérial naquit sous Auguste. Il fut particulièrement important sous les Antonins, les Sévères et au IIIe s. Le souverain, considéré comme un être divin, pouvait recevoir un culte public.) ● culte (synonymes) nom masculin (latin cultus, de colere, honorer) Religion considérée dans ses manifestations extérieures, dans sa pratique
Synonymes :
- Église
- confession
Vénération, adoration pour quelqu'un, quelque chose
Synonymes :
- piété
- révérence
Contraires :
- indifférence
- mépris

culte
n. m.
d1./d Hommage religieux que l'on rend à un dieu ou à un saint personnage. Le culte des saints.
Culte des ancêtres.
d2./d Ensemble des cérémonies par lesquelles on rend cet hommage. Ministre du culte. Syn. rite.
d3./d Par ext. Religion. Culte protestant, israélite.
d4./d Absol. Office religieux, chez les protestants. Aller au culte.
d5./d Fig. Admiration passionnée mêlée de vénération. Vouer un culte à la mémoire de sa mère.
(En appos.) Livre culte. Film culte.

⇒CULTE, subst. masc.
A.— Hommage religieux rendu à Dieu, à quelque divinité, à un saint; p. ext., vénération de caractère religieux accordée à un être, à un objet privilégié :
1. C'est toujours, si l'on veut, l'âge du Fils de l'homme : mais où l'homme passe du culte de l'homme-Dieu, du Verbe fait homme, au culte de l'Humanité, du pur Homme.
MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 23.
2. ... comme organe national le Shintoïsme comprenait le culte de l'Empereur (Tennoïsme), le culte de la famille impériale, le culte des temples. Le culte de l'Empereur repose sur la croyance que l'Empereur est l'incarnation de la Déesse du soleil.
Philos., Relig., 1957, p. 5413.
Culte domestique ou privé (p. oppos. au culte public). Lectures pieuses, prières faites en commun à l'intérieur d'une même famille.
THÉOL. CATH. Culte de latrie. Culte dû à Dieu seul. Culte de dulie. Culte rendu aux saints. Culte d'hyperdulie. Culte rendu à la Sainte Vierge. Cf. auxiliateur, ex. 1 :
3. Le majestueux Mahométan, si noblement hospitalier, trouve naturel de punir de mort ce qu'il nomme idolâtrie, et notamment la Trinité de nos théologiens, le culte de la Vierge, les autels dressés à tel saint ou à tel autre.
ALAIN, Propos, 1931, p. 1041.
Au fig. Vénération très profonde portée à une personne, à une chose. Vouer un culte à qqn. Le culte d'adoration que Racine voue à Louis XIV n'est limité par rien, sauf par Port-Royal (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 148) :
4. Le besoin de se soustraire à la tyrannie du temps et de se dissoudre dans l'extase répond chez lui [Baudelaire] à ce goût de l'infini et à ce culte de la beauté qu'il n'a cessé d'associer jusqu'au moment de ses dernières tortures spirituelles et morales.
BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 380.
Culte de la personnalité. Vénération excessive manifestée par une collectivité à l'image d'un chef politique, au détriment des intérêts de cette collectivité.
Poét. Se vouer au culte des Muses. S'adonner aux belles-lettres, à la poésie :
5. L'auteur d'Épicharis, d'Abel, du Mérite des femmes, enlevé avant le tems au culte des Muses, emporte leurs regrets et vivra dans leur souvenir.
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 392.
SYNT. a) Le culte des ancêtres, des héros, des morts; le culte de la cité, de la famille, de la patrie, de la tribu; le culte de la terre (cf. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 156); le culte de l'amitié, de l'art, de la force, de l'honneur, de la raison. b) Le culte de l'argent (ROB.), des idoles.
B.— P. méton.
1. Ensemble des formes extérieures, des manifestations collectives par lesquelles l'homme honore Dieu et, éventuellement, les saints. Cf. affectation3, ex. 3.
Ministre du culte. Personne officiellement assignée aux célébrations liturgiques :
6. Tout ce qu'on demande aux ministres du culte, c'est de remplir, à cet égard comme à tous les autres, les intentions de Jésus-Christ.
STAËL, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr., t. 2, 1817, p. 443.
Objets du culte. Objets destinés aux célébrations liturgiques.
En partic.
a) CATHOLICISME
Congrégation pour le culte divin. Congrégation fondée par Paul VI le 8 mai 1969 pour l'aménagement des nouveaux rites liturgiques.
Denier du culte. Contribution volontaire des fidèles à l'entretien de leurs prêtres, instaurée en France en 1905.
b) PROTESTANTISME. Office religieux protestant. Le pasteur, souffrant, n'a pu présider le culte (DAVAU-COHEN 1972) :
7. Il tenait l'harmonium, le dimanche matin, au culte de la rue Madame où prêchaient tour à tour M. Hollard et M. de Pressensé, un vieux pasteur sénateur...
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 495.
2. P. ext.
a) Religion en tant qu'exprimée, manifestée, confession religieuse; cérémonial pratiqué dans telle ou telle confession religieuse. Temple protestant du culte évangélique anglican (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 177). Obsèques célébrées selon le culte catholique (DAVAU-COHEN 1972) :
8. Il y a là tout un ensemble de prescriptions légales qui font ressembler le culte musulman à celui du catholicisme, ou du judaïsme talmudique, et l'éloignent radicalement du culte protestant, dont la valeur est purement intérieure et ne peut jamais se mesurer par des éléments extérieurs.
G.-H. BOUSQUET, Les Grandes pratiques rituelles de l'Islam, 1949, p. 112.
DR. La liberté des cultes. La liberté des cultes n'est pas illimitée. Elle est restreinte, dans l'intérêt de l'ordre public (RÉAU-ROND. 1951). Le ministre des cultes (avant 1905, date de la séparation des Églises et de l'État).
b) Religion en général. Renoncer, revenir, retourner au culte de ses pères (Ac. 1835-1932). Il ne pratique, il ne suit aucun culte (Ac. 1835-1932). Cf. abhorrer, ex. 9 :
9. L'Islamisme est le culte le plus immobile et le plus obstiné : il faut bien que les peuples qui le professent périssent, s'ils ne changent de culte.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1840, p. 1141.
Prononc. et Orth. :[kylt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [1532 d'apr. BL.-W3-5]; 1570 culte « hommage religieux rendu à une divinité ou à un saint » (GENTIAN HERVET, Cité de Dieu, I, 276 ds HUG.); 1592 cult « ensemble des pratiques par lesquelles l'homme honore Dieu » (DU VAIR, Actions et traictez oratoires, Exhort. à la Paix, p. 66 ds HUG.); 1835 liberté des cultes (Ac.); 2. av. 1690 fig. « vénération vouée à quelqu'un (ou quelque chose) » (Boursaut ds FUR.); 1812 culte des Muses, supra ex. 5; 3. 1835 « religion, confession » (Ac.); 4. 1897 fr. région. de Suisse romande « office protestant » (W. Pludhun ds Pat. Suisse rom.); 1924, supra ex. 7. Empr. au lat. class. cultus proprement « action de cultiver, de soigner » spéc. « action d'honorer [dieux, parents] ». Fréq. abs. littér. :3 653. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 607, b) 7 517; XXe s. : a) 4 459, b) 3 186. Bbg. GIRAUD (J.), PAMART (P.), RIVERAIN (J.). Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, p. 49. — GOHIN 1903, p. 259.

culte [kylt] n. m.
ÉTYM. 1570, var. cult; lat. cultus, p. p. de colere « honorer, adorer », par métaphore du sens propre « cultiver, soigner ». → Cultiver.
1 Hommage religieux rendu à la divinité ou à un saint personnage ( Adoration). || Culte de Dieu, des saints (culte de latrie et de dulie, dans le catholicisme). || Culte d'hyperdulie, adressé à la Sainte Vierge. || Culte marial. Marianisme. || Servir Dieu par un culte fervent ( Déicole). || Culte divin. || Le vrai culte. || Culte du vrai Dieu. || Culte des dieux. || Culte extérieur, public. || Culte intérieur, ou culte du cœur, qu'un croyant rend à Dieu au-dedans de lui-même (par la charité, la prière). || Culte de Jéhova. Jéhovisme. || Culte du bouddha Amida. Amidisme. || Culte romanisant. || Le culte de l'Être suprême, institué par Robespierre.
1 Quel est cet aveuglement dans une âme chrétienne, et qui le pourrait comprendre, d'être incapable de manquer aux hommes et de ne craindre pas de manquer à Dieu; comme si le culte de Dieu ne tenait aucun rang parmi les devoirs.
Bossuet, Oraison funèbre d'Anne de Gonzague.
2 Le culte que Dieu demande est celui du cœur; et celui-là, quand il est sincère, est toujours uniforme.
Rousseau, Émile, IV.
3 Dans ses premiers rêves mystiques de petite fille, — inspirés surtout par les rites pompeux du culte, par la voix des orgues, les bouquets blancs, les mille flammes des cierges, — c'étaient des images seulement qui lui apparaissaient (…)
Loti, Ramuntcho, I, XIX, p. 165.
4 Aline restait assise auprès de son amie, imitant sa tenue sans se mêler au culte, mais peu à peu elle avait éprouvé sa ferveur, sa soumission aux développements majestueux et invariables de la liturgie.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, III, 5, p. 470.
4.1 (…) les règles du culte apaisent toutes les passions et toutes les émotions en disciplinant les mouvements.
Alain, 81 chapitres, in les Passions et la Sagesse, Pl., p. 1247.
4.2 Le travail est ainsi une sorte de prière, dont on espère beaucoup, dont on n'est pas assuré. Culte et culture sont le même mot que coultre, qui est soc.
Alain, Propos, Pl., p. 731 (1927).
REM. En fait, le lat. culter (d'où vient coutre) semble sans rapport avec les dérivés en cult- du verbe colere (voir Ernoult et Meillet); en revanche, culte et culture, cultiver ont bien la même origine.
2 Pratiques réglées par une religion pour rendre hommage à la divinité. Liturgie; mystère, office, pratique, prière, rite, service. || Cultes antiques, grecs, romains. || Culte catholique, protestant, chrétien, juif, musulman, bouddhique.Ministre du culte. Clergé; pasteur, prêtre, rabbin. || Édifice consacré au culte d'une divinité, de la divinité. Chapelle, église, mosquée, temple (→ Asile, cit. 12), synagogue. || Terrain sur lequel on célébrait le culte. Fanum.Absolt (le plus souvent en parlant du culte chrétien). Messe, office (→ ci-dessous Culte, 3.). || Les instruments, les objets du culte. Chandelier, clergé; autel; ornement; vase (sacré). || Ablutions prescrites pour rendre le culte. || Les pratiques extérieures du culte. Rite (→ Bigot, cit. 6). || Les rites pompeux (cit. 2) du culte. || L'entretien du culte. || Faire des quêtes pour les besoins du culte.Denier du culte.L'exercice, l'organisation du culte. || Les cérémonies du culte. Cérémonial, cérémonie.
4.3 (…) la scandaleuse impertinence de se planter devant un objet du culte, un objet sacré que tous vénèrent pieusement (…)
N. Sarraute, Vous les entendez ?, p. 47.
Dr. || La liberté des cultes. || Administration des cultes. || Police des cultes. || Ministre des cultes, chargé (avant la loi de 1905) de l'administration des cultes. || Abolir, interdire, rétablir un culte. || La loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l'État garantit le libre exercice des cultes.
5 La République (…) garantit le libre exercice des cultes (elle) ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.
L'État, les départements et les communes pourront engager les dépenses nécessaires pour l'entretien et la conservation des édifices du culte dont la propriété leur est reconnue par la présente loi.
Loi du 9 déc. 1905, art. I, 2, 13.
3 Spécialt. || Le culte : service religieux protestant où l'on récite des prières ( Liturgie) et où l'on commente la parole de Dieu. Office, service. || Commémorer la cène à l'issue du culte. || Faire le culte. || Assister au culte. || Présider le culte.(Qualifié). || Culte réformé ou calviniste. || Culte luthérien de la confession d'Augsbourg.
4 Par anal. Hommage rendu à des objets ou des valeurs déifiés (aussi les suff. -lâtre, -lâtrie). || Culte rendu aux images pieuses. Iconolâtrie.Culte des idoles. Idolâtrie; fétichisme.Culte domestique (→ Chef, cit. 14). || Le culte de la cité (→ Citoyen, cit. 1). || Culte du feu. || Culte aphrodisiaque. || Culte phallique.Culte des astres. Astrolâtrie.Culte des serpents. Ophiolâtrie.Culte de l'homme. Androlâtrie.Culte que l'on rend au démon, à Satan. Messe (noire).
6 Ce feu était quelque chose de divin; on l'adorait, on lui rendait un véritable culte.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 22.
7 Le culte du Démon n'est pas plus insane que celui de Dieu; l'un purule et l'autre resplendit, voilà tout (…)
Huysmans, Là-bas, XVII, p. 251.
8 Longtemps, l'homme a été distrait de la vie par des esprits malins, le culte des morts et des divinités, le souci de sa tombe et de sa survie.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, VI, p. 157.
8.1 Héroïsées, divinisées, les stars sont plus qu'objet d'admiration, elles sont aussi sujet de culte. Un embryon de religion se constitue autour d'elles.
E. Morin, les Stars, p. 65.
Spécialt. || Culte de la Raison, sous la Convention. || Culte décadaire, sous le Directoire.
5 Religion. Confession. || Abandonner son culte, changer de culte ( Apostat, relaps, renégat). || Abandonner le culte, renoncer, revenir, retourner au culte de ses pères. || Ne suivre aucun culte, n'être attaché à aucun culte.
6 (XVIIe). Fig. Admiration mêlée de vénération, parfois d'adoration, que l'on voue à qqn ou à qqch. Admiration, adoration, amour, attachement, dévouement, respect, vénération. || Rendre un culte à qqn. Honorer. || Culte de la personnalité (cit. 7.1). || Avoir un culte pour ses parents. || Culte rendu à une femme ( Amour; adulation). || Ferveur d'un culte. || Vouer un culte à la mémoire de qqn. || Il voue à son père un véritable culte. || Le culte des morts (→ Ancien, cit. 6). || Le culte du passé, des ancêtres, de la tradition.
9 Si l'illustre auteur des Maximes eût été tel qu'il a tâché de peindre tous les hommes, mériterait-il nos hommages et le culte idolâtre de ses prosélytes ?
Vauvenargues, Maximes, 299.
10 Il (Proudhon) eut de tout temps pour sa mère un dévouement, un culte dont il ne trahissait que l'essentiel, mais qui, comme tous les cultes, avait ses délicatesses et ses pudeurs.
Sainte-Beuve, Proudhon, p. 16.
Polit. Culte de la personnalité (trad. du russe) : excès dans la célébration d'un dirigeant politique (appliqué à Staline, lors de la déstalinisation).
10.1 Le culte de la personnalité, en voilà un crime ! Ce n'est pas le vôtre, camarades staliniens.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 253.
Avoir le culte de la nation, de la patrie. || Culte du drapeau. || Culte de l'humanité. || Culte de la justice. || Culte des muses ( Poésie). || Culte des livres. || Culte de la beauté, de la force, de la nature, de l'amour.
11 L'amour est un temple que bâtit celui qui aime à un objet plus ou moins digne de son culte, et ce qu'il y a de plus beau dans cela, ce n'est pas tant le dieu que l'autel.
G. Sand, Lettres à Alfred de Musset, p. 58.
12 Ce n'est pas un esprit belliqueux qui anime et dicte ce culte, c'est la nécessité, quand on a vu la France tomber si bas, de la relever afin qu'elle reprenne sa place dans le monde.
Gambetta, Discours prononcé aux Fêtes de Cherbourg, août 1880.
13 (…) elle m'initia au culte de la grâce et de la vénusté; elle m'enseigna, par son indifférence, à goûter la beauté (…)
France, le Petit Pierre, XXIX, p. 209.
14 (…) mon culte, c'est celui de la justice et de l'humanité.
Robespierre, cité par Jaurès, Hist. socialiste…, t. IV, p. 37.
Avoir le culte de l'argent (→ Adorer le veau d'or).
CONTR. Indifférence, haine.
DÉR. Cultuel.

Encyclopédie Universelle. 2012.