1. vase [ vaz ] n. m. I ♦
1 ♦ Vx Tout récipient. « Acheter chez une petite marchande pour deux sous de lait dans un vase de fer-blanc » (Renan). Vase de nuit : pot de chambre. — Mod. La goutte d'eau qui fait déborder le vase.
2 ♦ Récipient servant à des usages nobles ou ayant une valeur historique, artistique. « Quatre vases d'albâtre oriental du galbe le plus élégant » (Gautier). Vase égyptien (⇒ canope) . Vases grecs (⇒ amphore, cratère, 1. coupe, lécythe) . Vase de Saxe, de Sèvres, en porcelaine de Saxe, de Sèvres. Clovis « subit l'humiliation de ne pouvoir garder un vase d'or, produit du pillage de Reims » (Nerval). Le vase de Soissons.
3 ♦ Récipient destiné à recevoir des fleurs coupées. ⇒ porte-bouquet. « Elle avait replacé la rose dans un vase à long col » (Maurois). ⇒ soliflore. Un vase de tulipes blanches, garni de tulipes blanches.
4 ♦ Vases sacrés, destinés à la célébration du saint sacrifice ou à la conservation du saint sacrement. ⇒ burette, calice, ciboire, patène.
5 ♦ Récipient de nature et de formes diverses, utilisé en chimie pour différentes opérations. Vases communicants. Fig. C'est le principe des vases communicants, se dit de deux choses en communication dont l'une s'accroît quand l'autre diminue. Vase de Mariotte, destiné à produire un écoulement constant. Vase d'expansion : dans une installation de chauffage, réservoir permettant de contrôler les variations de volume de l'eau en circulation liées aux changements de température. — Fig. En vase clos : sans communication avec l'extérieur (autres lieux, personnes). Vivre en vase clos.
II ♦ Forme en vase (I), dans la taille des arbres (buis, etc.), dans un jardin.
♢ Partie ornée de feuilles, de volutes, dans un chapiteau corinthien.
vase 2. vase [ vaz ] n. f.
• 1484; voyse 1396; moy. néerl. wase → gazon
♦ Dépôt de terre et de particules organiques en décomposition, qui se forme au fond des eaux stagnantes ou à cours lent. ⇒ boue, 1. limon. « De vieux chalands, échoués dans la vase » (Fromentin). ⇒ souille. « Jusqu'au Loir, dont les fonds de vase nourrissent de belles anguilles » (Zola) (⇒ vaseux) . Qui vit dans la vase (⇒ limicole) .
● Vase pot de chambre.
vase
n. f. Mélange de très fines particules terreuses et de matières organiques formant un dépôt au fond des eaux calmes.
|| Par ext. (Québec) Boue. Marcher dans la vase.
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vase
n. m. Récipient destiné à contenir des liquides, des fleurs, ou servant d'ornement. Vase en verre, en bronze. Vase antique.
|| Récipient servant aux expériences de physique et de chimie.
|| RELIG CATHOL Vases sacrés, dont on se sert pour célébrer la messe ou pour conserver les saintes espèces.
|| PHYS Vases communicants: ensemble de récipients de formes différentes qui communiquent entre eux par leur base.
— Principe des vases communicants, selon lequel les surfaces libres d'un liquide contenu dans des vases communicants se trouvent toujours à la même hauteur.
|| Loc. fig. En vase clos: sans contact avec le monde extérieur. Enfant élevé en vase clos.
I.
⇒VASE1, subst. masc.
A. — Vx. Récipient destiné à contenir des liquides. Synon. vx vaisseau. Il tressaillit en m'apercevant; et, dans son effroi, il laissa tomber un vase plein de vin qu'il tenoit (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 201). Comme c'est le peuple [un peuple brachycéphale] qui introduisit en Grande-Bretagne le gobelet ou vase à boire, on a proposé de le nommer Peuple du Gobelet (HADDON, Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p. 153).
— Expr. proverbiales. Une goutte d'eau suffit pour faire déborder un vase plein. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
B. — 1. Récipient de grandeur et de forme variables servant à différents usages ou ayant valeur historique, artistique. Vase d'agate, d'albâtre, d'argent, de bronze, de cristal, de porcelaine; vase en émail; vase chinois, égyptien, grec, japonais; vase de Murano, de Saxe; vase funéraire; vase décoré, peint, sculpté; vase cassé, fêlé; forme, galbe, parties d'un vase; flancs, fond d'un vase; fêlure d'un vase. Les vases étrusques, par exemple, conservés par la religion des tombeaux, sont parvenus jusqu'à nous, malgré leur fragilité, en plus grand nombre que les monuments de marbre et de bronze des mêmes époques (J. DE MAISTRE, Constit. pol., 1810, p. 98). Je vois nos demeures se séparer, je vois quels objets vont vers toi, quels animaux tiennent à te suivre, quels domestiques, tu auras Marie, et les vases de Sèvres... Comme un notaire est inutile! (GIRAUDOUX, Lucrèce, 1944, I, 9, p. 76).
♦ [P. allus. hist.] Vase de Soissons. Ces faits épiques sont aux États-Unis ce que le vase de Soissons et le cor de Roland sont à la France (MORAND, New-York, 1930, p. 9).
♦ [P. allus. littér. à une œuvre de Sully Prudhomme] Vase brisé. Sans doute il songe au Vase brisé de Sully-Prudhomme, que Mme de Janzé appelait « la pièce du Vase cassé » (GIDE, Journal, 1905, p. 151).
— En partic.
♦ Vase murrhin.
♦ RELIG. CATH. Vases sacrés. Vases dont on se sert pour l'administration des sacrements ou la conservation de l'eucharistie (calice, ciboire...). Quand les vases sacrés furent placés sur la nappe, l'obi s'aperçut qu'il manquait une croix (HUGO, Bug-Jargal, 1826, p. 123).
♦ ARCHÉOL. Vase de sang. ,,Petit vase plein d'une matière rougeâtre qu'on trouve près de certaines tombes chrétiennes dans les catacombes de Rome`` (LITTRÉ).
2. Récipient destiné à recevoir des fleurs coupées. Vase de capucines, de roses, de tulipes; garnir, vider un vase. Léon (...) avait apporté à son oncle un petit vase bleu, qui pouvait bien valoir dix sous, s'il les valait, où sa mère mettait quelquefois des fleurs (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 807).
3. Vase de nuit. Synon. de pot de chambre (v. pot1). Pour la courbe d'urine, il suffit de veiller à ce que le malade urine uniquement dans le vase de nuit ou le pistolet qu'on lui remet (QUILLET Méd. 1965, p. 194). Vase de commodité. Même sens. Bidets, vases de commodité, chaises percées, boîtes à savons, etc. (G. FONTAINE, Céram. fr., 1965, p. 41).
4. Spécialement
a) CHIM. Récipient de nature et de forme diverses utilisé pour différentes opérations. Remarquons que l'on sait reproduire le phénomène rapidement en chauffant (dans un but décoratif) le vase de verre dans l'acide chlorhydrique bouillant (Cl. DUVAL, Verre, 1966, p. 38).
— En vase clos. Calciner en vase clos les cristaux de sulfate de fer, de manière que l'acide sulfurique se distallât en vapeurs (VERNE, Île myst., 1874, p. 158).
♦ Au fig. Sans communication avec l'extérieur, en milieu fermé. Vivre en vase clos. L'ère du cloisonnement total et de leur éducation en vase clos était révolue (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 130).
b) PHYSIQUE
♦ Vase de Mariotte. Appareil employé pour obtenir au moyen de la pression atmosphérique un écoulement constant. Nombreux sont les appareils de ce genre basés (...) sur le principe du vase de Mariotte (BARATOUX, La Voix, 1912, p. 34).
♦ Vases communicants. Vases qui communiquent par leurs bases et qui, quelles que soient leurs formes, se remplissent à la même hauteur lorsqu'on verse un liquide dans l'un d'eux. L'eau d'après le principe des vases communicants, règne à la même hauteur sous l'entonnoir et dans la cuve (SCHMITT, SIMON, GUÉDON, Nouv. manuel organiste, 1905, p. 45).
c) TECHNOL. Vase d'expansion. Réservoir permettant d'absorber les changements de volume d'un chauffage à eau chaude. L'installation comporte donc une chaudière, un circuit de distribution, des radiateurs, et aussi un organe important: le vase d'expansion, placé au point le plus élevé de la canalisation, et destiné à permettre à l'eau de tout le système de se dilater sous l'influence de la chaleur (Lar. mén. 1926, p. 317).
C. — P. anal.
1. BEAUX-ARTS, ARCHIT.
♦ Vase de chapiteau. Partie intérieure d'un chapiteau corinthien sur laquelle se développent les feuilles d'acanthe. Vase (Arch.). — Ensemble d'un chapiteau corinthien. On dit aussi campane et tambour (ADELINE, Lex. termes art, 1884).
♦ Vase d'amortissement. ,,Vase décoratif en pierre posé au sommet d'une façade, aux extrémités d'un fronton, sur les piédestaux d'angle d'un balustre posé en attique`` (ADELINE, Lex. termes art, 1884).
♦ Vase d'enfaîtement. ,,Ornement que l'on ajoute au haut d'un pilastre de rampe`` (Lar. encyclop.).
♦ Vase de théâtre. ,,Vase d'airain que les anciens plaçaient en avant de la scène et qui était destiné à renforcer la voix des acteurs`` (LITTRÉ).
2. SC. NAT.
a) BOT. Calice de certaines fleurs. Le vase de cette tulipe est trop ouvert (Lar. 19e-Lar. encyclop.).
b) CONCHYLIOL. Vase à puiser. Coquillage dont le corps a la forme d'un vase. (Dict. XIXe et XXe s.).
c) HORTIC. ,,Forme donnée aux arbres fruitiers consistant à redresser les branches en cercle de sorte que l'ensemble représente un vase`` (Lar. 19e).
D. — P. anal., littér. [Pour désigner une pers.] Récipient moral, réceptacle de la grâce divine, d'une qualité. Vase de miséricorde, de pureté. Hommes forts, hommes héroïques! vases d'élection; saints qui êtes sortis d'un galérien et d'un prêtre (SAND, Lélia, 1833, p. 274). Souffrons la persécution avec douceur et soyons ces vases de dilection qui changent en baume le fiel qu'on y verse (A. FRANCE, Puits ste Claire, 1895, p. 198).
E. — Arg. Chance. Synon. arg., pop. pot1. Durant vingt piges on avait connu à Irène un vase [une chance] fantastique (Le Pt Simonin ill., 1957, p. 290).
Prononc. et Orth.:[], [va:z]. Homon. et homogr. vase2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) XIIIe s. vas d'eleccion (Légende de Théophile ds BARTSCH-HORNING, col. 477, ligne 16); 1694 vase d'élection (Ac.); b) 1660 vase d'honneur (BREBEUF, Entretiens solitaires, p. 234); 2. a) 1539 « récipient, de matière et de forme variables, servant à toutes sortes d'usages » (EST.); b) 1694 vases sacrés (Ac.); 1811 vases communiquans (POISSON, Mécan., t. 2, p. 359); c) 1782 vase de nuit (MERCIER, Tableau de Paris, t. 1, p. 270); d) 1874 en vase clos au propre (VERNE, loc. cit.); 1927 au fig. (BERNANOS, Imposture, p. 405); e) 1890 vase d'expansion (SER, Phys. industr., p. 2); 3. 1676 « ornement qu'on met au-dessus des corniches » (FÉLIBIEN, p. 766); 4. 1701 « corolle d'une fleur affectant la forme d'un vase » (FUR.); 5. 1845 « forme donnée aux arbres fruitiers dont les branches sont redressées en cercle » (BESCH.). Empr. au lat. vas, vasis, att. au sens 2 a; 1 a empr. au lat. chrét. vas electionis (BLAISE Lat. chrét.). On trouve plus anciennement vaissel d'election (fin du XIIe s., Sermons S. Bernard, éd. W. Foerster, p. 114, 33). Cf. aussi vasses plur. « récipient » (fin du XIIe s., Sermons S. Grégoire sur Ezéchiel, 42, 31 ds T.-L., où il pourrait cependant s'agir d'un ex. de vaissel (vaisseau)). Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 222.
II.
⇒VASE2, subst. fém.
A. — 1. Dépôt de terre et de particules organiques en décomposition, qui s'accumule au fond ou au bord des rivières, des étangs ou de la mer. Synon. boue, fange, limon. Fond, goût de vase; curer la vase; déposer de la vase; s'échouer, s'enfoncer dans la vase. Je rentrai vite mettre des bottes de chasse et je revins me promener curieusement à travers les deux pieds de fange qui débordaient par les carrefours et les bazars. Les ânes tombaient dans la boue où les fellahs marchaient pieds nus en grelottant; on tamponnait le dessous des portes pour arrêter ce flux de vase épaisse (DU CAMP, Nil, 1854, p. 53). Les huîtres sont placées dans des parcs spéciaux où elles dégagent leurs impuretés et se dépouillent du sable et de la vase renfermées par leurs coquilles (BOYER, Pêches mar., 1967, p. 80).
♦ Ver de vase. Larve d'un moucheron vivant dans la vase, utilisé comme appât par les pêcheurs. Synon. vaseux. Les larves sont aquatiques comme chez les Chironomus (« vers de vase » des pêcheurs) (BRUMPT, Parasitol., 1910, p. 646).
2. P. anal. Vase atmosphérique. Poussières, gouttelettes et autres particules en suspension descendant dans les basses couches de l'atmosphère. Il faut envisager l'existence de poussières, qui, suivant l'expression imagée de Crova, contribuent à former la vase atmosphérique dans laquelle nous vivons (Le Radium, 1919, p. 356).
B. — Au fig. Boue, fange. [La danseuse] tourne sur elle-même (...) Elle tourne, et tout ce qui est visible, se détache de son âme; toute la vase de son âme se dépare enfin du plus pur; les hommes et les choses vont former autour d'elle une lie informe et circulaire (VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 44).
C. — Arg., pop. Eau de rivière ou de pluie. La vase qui tombait de plus en plus serrée (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 65).
REM. Vaser, verbe intrans., arg., pop. Pleuvoir. Comme il devait la prendre à la fin de son spectacle, à trois plombes, et qu'il commençait à vaser, j'lui ai fait un bout de conduite, jusqu'à proximité (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 70).
Prononc. et Orth.:[], [va:z]. Homon. et homogr. vase1. Ac. 1694: vaze; dep. 1718: vase. Étymol. et Hist. 1. a) 1484 « dépôt de particules très fines qui s'accumule au fond ou au bord des étangs, des rivières, de la mer » (GARCIE, Grant routier ds Fr. mod. t. 26 1958, p. 59); b) 1874 ver de vase (R. des deux-mondes, 1er oct., p. 606 ds LITTRÉ Suppl., s.v. ver); 2. 1883 « eau » (LARCHEY, Dict. hist. arg., 2e Suppl.). Empr. au m. néerl. wase « boue, limon », qui appartient à la même famille germ. que l'étymon de gazon. L'attest. en vasse chez Wace, donnée par le FEW t. 17, p. 545a, est à lire evasse « (terre) imprégnée d'eau » et remonte à un dér. du lat. aqua « eau », v. MÖHREN ds Z. rom. Philol. t. 91 1975, pp. 111-113 et DEAF, s.v. gacel, col. 22. Les ex. de voise, voyse (1396, Dieppe ds GDF.) font difficulté sémantiquement et morphologiquement, v. FEW t. 17, p. 546b, note 7 ds et MÖHREN, op. cit., p. 112, note 25.
STAT. — Vase1 et 2. Fréq. abs. littér.:3 925. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 538, b) 3 802; XXe s.: a) 3 717, b) 2 595.
DÉR. Vasard, -arde, adj. et subst. masc., mar. a) Adj. Constitué de vase ou d'un mélange de vase et de sable. Fond vasard; côte vasarde. Le Macquarie, l'avant tourné au Nord-Ouest, avait donné sur un banc de sable vasard d'un accore très brusque (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 47). b) Subst. masc. Fond de sable mêlé de vase. (Dict. XIXe et XXe s.). —[], [va-], fém. [-]. —1res attest. a) 1687 adj. (DESROCHES, Dict. des termes propres de mar., 244 ds Fr. mod. t. 26 1958, p. 59), b) 1872 subst. (LITTRÉ); de vase2, suff. -ard.
BBG. — GENDROT (D.). Dossiers terminol. Néol. Marche. 1982, n° 29, p. 34; n° 31, p. 30.
1. vase [vɑz] n. m.
ÉTYM. 1539; vez, déb. XIIIe; du lat. vas « vaisseau ».
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1 Vx. Récipient, contenant pour les liquides. ⇒ Vaisseau. || Vases à boire : chope, coupe, gobelet, godet, tasse, verre (→ Bol, cit. 1; calebasse, cit. 1). || Une coupe ou quelque autre vase (→ Aventure, cit. 9). || Capacité, contenance d'un vase. || Changer un liquide de vase. ⇒ Extravaser, transvaser (mod.).
1 Je le voyais tous les jours, couvert d'un manteau râpé, aller acheter chez une petite marchande pour deux sous de lait dans un vase de fer-blanc.
Renan, Souvenirs d'enfance, II, V, Œ. compl., t. II, p. 775.
♦ Remplir un vase. ☑ Loc. prov. (mod.). La goutte d'eau qui fait déborder (cit. 1) le vase.
2 Mod. Récipient servant à des usages nobles ou ayant une valeur historique, artistique. || Vase d'agate, d'albâtre (cit. 3), d'argent (→ Parfum, cit. 14), de bronze (cit. 4), de jaspe (cit. 2), d'opaline (cit. 2), de porcelaine. || Vases anciens, antiques, d'argile, de terre cuite (⇒ Boucaro, cérame, céramique, figuline, poterie; cruche, jarre, pot). || Vase murrhin. || Vase cinéraire (⇒ Urne), lacrymatoire (⇒ Œillère). || Vase à parfum en albâtre, en alabastrite (⇒ Alabastre, aryballe). || Se laver les mains dans un vase d'argent. ⇒ Bassin. — Forme, parties d'un vase. ⇒ Anse, bord, col (cit. 5), galbe, gorge, goulot, panse. || Les flancs, les parois d'un vase. || Aux flancs du vase, poèmes d'Albert Samain. || Le vase brisé (cit. 31, Sully Prudhomme). || Un vase fêlé, cassé, égueulé. || Fêlure (cit. 1) d'un vase. — Vase décoré, vase en émail cloisonné, craquelé; vase peint. || Vase égyptien (⇒ Canope). || Vases grecs (⇒ Amphore, canthare, coupe, cratère, lécythe, rhyton). || Style des vases grecs à décor (à figures noires, rouges). || Peintures de vase (→ Palestre, cit.). || Les figures des vases antiques (→ Estomper, cit. 7). — Vase étrusque. ⇒ Étrusque. — Vase chinois. || Vase de Saxe, de Sèvres, en porcelaine de Saxe, de Sèvres. — Allus. hist. || Le vase de Soissons :
2 On sait que c'est après la bataille de Soissons, gagnée par Clovis, que ce chef des Francs subit l'humiliation de ne pouvoir garder un vase d'or, produit du pillage de Reims. Peut-être songeait-il déjà à faire sa paix avec l'Église, en lui rendant un objet saint et précieux. Ce fut alors qu'un de ses guerriers voulut que ce vase entrât dans le partage, car l'égalité était le principe fondamental de ces tribus franques, originaires d'Asie. — Le vase d'or fut brisé, et plus tard la tête du Franc égalitaire eut le même sort, sous la francisque de son chef. Telle fut l'origine de nos monarchies.
Nerval, les Filles du feu, « Angélique », XII.
3 Récipient destiné à recevoir des fleurs coupées. ⇒ Bouquetier, porte-bouquet. || Disposer des géraniums (cit. 3) dans un vase. || Vase à fleurs. || Vase de fleurs : vase à fleurs garni.
3 (…) elle avait replacé la rose dans un vase à long col.
A. Maurois, Terre promise, XXXI.
4 (1694). || Vases sacrés, destinés à la célébration du saint sacrifice (⇒ Messe) ou à la conservation du saint-sacrement. ⇒ Burette, calice, ciboire, patène (→ Profaner, cit. 1). || Vases d'autel.
5 Récipient (de nature et de formes diverses) utilisé en chimie. — Anciennt. || Vase sublimatoire. || Luter, déluter un vase (⇒ Lut). — Vases utilisés en chimie : capsules, éprouvettes, matras, etc. (⇒ Chimie; récipient). || Vase florentin : récipient muni de deux tubulures, l'une à la partie supérieure, l'autre à la partie inférieure, permettant en particulier la séparation de deux liquides non miscibles superposés par ordre de densité. — Vase de Mariotte, destiné à produire un écoulement constant.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
♦ Loc. || Vases communicants. || Principe des vases communicants, quand deux récipients contiennent un même liquide en équilibre, les surfaces libres du liquide sont dans le même plan horizontal; quand les liquides sont superposés, la surface de séparation est horizontale. ☑ Fig. C'est le principe des vases communicants, se dit de deux choses en communication dont l'une s'accroît quand l'autre diminue.
♦ Vase Dewar : récipient isotherme dont le principe est appliqué dans la bouteille dite thermos. — Techn. || Vase d'expansion : réservoir situé à la partie haute d'une installation de chauffage et qui comprend un trop-plein pouvant s'écouler.
6 (1820; on a dit auparavant : vase nocturne). || Vase de nuit, et, absolt, vase : pot de chambre. ⇒ (vx) Bourdaloue, goguenot, urinal. || Le bébé est sur le vase. ⇒ Pot (plus cour.).
4 Le jardin est tout de suite derrière la cour. Vous trouverez facilement (…) Maintenant vous avez un vase sous le premier lit à droite en venant de la porte (…)
J. Romains, les Copains, III.
7 (1660). Par métaphore et fig. (en style relig., mystique). Les êtres humains, considérés comme des contenants (de la grâce divine, d'une qualité…). ⇒ Vaisseau. || Vase d'élection, de miséricorde, de pureté (expressions empruntées aux Épîtres de saint Paul). Poét. || « Le cœur d'un homme vierge est un vase profond » (→ Laver, cit. 25, Musset).
♦ ☑ Vase clos (→ Clore, cit. 5, et supra). || En vase clos : sans communication avec l'extérieur. || Vivre en vase clos, dans un état de claustration. — REM. Cette expr., attestée au XXe s., vient du langage de la chimie; cf. art. de M. Berthelot, Méthode des vases clos, in Laboulaye, Dict. des Arts et Manufactures…, Compl. (1886).
5 Et cette démarcation était rendue plus absolue encore parce que cette habitude que nous avions de n'aller jamais vers les deux côtés un même jour, dans une seule promenade, mais une fois du côté de Méséglise, une fois du côté de Guermantes, les enfermait pour ainsi dire loin l'un de l'autre, inconnaissables l'un à l'autre, dans les vases clos et sans communication entre eux d'après-midi différents.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 184.
———
II Fig.
1 (1690). Forme en vase (1. Vase), dans la taille des arbres (buis, etc.), dans un jardin, un parc. — Partie ornée de feuilles, de volutes, dans un chapiteau corinthien. || Vase du balustre (ou tige).
2 Calice (2. Calice, cit. 1, La Bruyère) de certaines fleurs.
3 Vase à puiser, nom d'un coquillage.
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COMP. V. Évasé, extravaser, transvaser.
HOM. 2. Vase.
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2. vase [vɑz] n. f.
ÉTYM. 1484; une première fois v. 1155; voyze, voyse, 1396; moy. néerl. wase, germanique wasa, rad. qui a donné gazon.
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1 Dépôt de terre et de particules organiques en décomposition, qui se forme au fond des eaux stagnantes ou à cours lent. ⇒ Boue, limon (→ Cimenter, cit. 2; dépêtrer, cit. 2). || Rivière, étang, lac à fond de vase. || Fleuve qui dépose de la vase. || La vase d'un fossé, d'un ruisseau sale. ⇒ Fange. — Navire échoué (cit. 10) dans la vase. ⇒ Envaser; souille (→ Gésir, cit. 4). || Tirer de la vase (⇒ Désenvaser). || Curer la vase. ⇒ Draguer. || Enfoncer (cit. 18) dans la vase. || Poissons, tanches (cit. 2) blotties dans la vase.
0.1 (…) le ronflement de la chute faisait frémir le sol, tandis qu'une fine buée, une vapeur humide flottait dans l'air, s'élevait de la cascade comme une fumée légère, jetant aux environs une odeur d'eau battue et une saveur de vase remuée.
Maupassant, l'Héritage, 1884, Pl., t. II, p. 35.
1 Souvent aussi on poussait jusqu'au Loir, dont les fonds de vase nourrissent de belles anguilles.
Zola, la Terre, IV, III.
➪ tableau Classes de roches.
♦ Loc. || Ver de vase.
♦ Par anal. || Vase atmosphérique. || « À près de 3 000 mètres, on élimine le tiers inférieur de l'atmosphère, le plus pollué. En effet, les poussières, gouttelettes et autres particules en suspension descendent dans les basses couches, formant ce qu'on appelle la “vase atmosphérique” » (Sciences et Avenir, sept. 1978, no 379).
2 Par métaphore ou fig. Boue, fange.
2 Ce qui dormait sous les eaux endormies, ce principe de corruption, ce secret putride, je ne fis rien pour l'arracher à la vase.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, IV.
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DÉR. Vasard, vaseux, vasière.
COMP. Envaser, vasicole.
HOM. 1. Vase, 3. vase.
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3. vase [vɑz] n. f.
ÉTYM. 1880; selon Esnault, de l'all. Wasser, p.-ê. par l'argot savoyard.
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♦ Argot anc. Eau (notamment, eau de rivière ou eau de pluie).
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DÉR. Vaser.
HOM. 1. Vase, 2. vase.
Encyclopédie Universelle. 2012.