officieux, ieuse [ ɔfisjø, jøz ] adj.
• 1534; lat. officiosus
1 ♦ Vx Qui rend, cherche à rendre service. ⇒ obligeant, serviable. « si officieux, si secourable » (Fénelon). « Ses soins officieux » (Racine). — Mod. Littér. Mensonge officieux, fait pour rendre service.
2 ♦ (1868) Communiqué à titre de complaisance par une source autorisée mais sans garantie officielle. Nouvelle officieuse. Résultats officieux d'une élection. De source officieuse. ⇒ officieusement.
⊗ CONTR. Égoïste. Officiel.
● officieux, officieuse adjectif (latin officiosus, de officium, service) Qui est d'une source autorisée, sans être officiel ni totalement garanti : Une nouvelle officieuse. Qui remplit une fonction sans avoir une nomination officielle : Un ambassadeur officieux. ● officieux, officieuse (difficultés) adjectif (latin officiosus, de officium, service) Sens Ne pas confondre ces deux mots de sens opposés. 1. Officiel = qui émane d'une autorité reconnue ; qui a un caractère légal. Décision, nomination, publication officielle. 2. Officieux = qui émane d'une source autorisée sans être authentifié. Pour le moment, la nouvelle n'est qu'officieuse, elle sera officielle demain.
officieux, euse
adj. Qui émane d'une source autorisée, mais qui n'a pas de caractère officiel. La nouvelle est encore officieuse.
⇒OFFICIEUX, -EUSE, adj. et subst. masc.
I. —Adjectif
A. —1. Vieilli et littér. [En parlant d'une pers.]
a) Qui aime rendre service, qui est d'un naturel obligeant. Dix de nos plus paisibles habitants, (...) de qui nul n'avait à se plaindre, bons voisins, amis officieux, serviables à tous (COURIER, Pamphlets pol., Pétition aux deux Chambres, 1816, p.4). La bonne et douce Valentine redevint l'officieuse et active ménagère dont la vie était toute consacrée à être utile aux autres (SAND, Valentine, 1832, p.303).
♦Officieux à qqn. Obligeant envers quelqu'un. C'était une très brave femme (...) et très bonne pour la vie. (...) Bien officieuse à ses voisins (SAND, Jeanne, 1844, p.56).
— [P. méton. En parlant (d'un trait) du comportement] Empreint de prévenance. Bonté officieuse; zèle officieux. L'étendue des vues produit (...) moins d'égoïsme, moins d'opiniâtreté, plus de bonne foi, une délicatesse officieuse, et cent moyens de conciliation (SENANCOUR, Obermann, t.1, 1840, p.206). Ses gens venaient à lui d'un air officieux et demandaient, tantôt l'un, tantôt l'autre, pourquoi leur maître, pour s'égayer et se distraire, n'allait pas faire visite à madame la baronne (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.78).
b) Péj. Qui manifeste une sollicitude importune, un empressement intempestif. Avec les faux amis avaient disparu beaucoup des difficultés qui, sous la main féconde de ces officieux médiateurs, s'envenimaient jadis de toute la chaleur de leur zèle (SAND, Indiana, 1832, p.236). Entre Londres et Berlin, une armée de bavards officieux entretenait l'inquiétude par ses racontars (MAUROIS, Édouard VII, 1933, p.255).
— Empl. subst., vx. Personne qui importune à force de vouloir rendre service. Aucun officieux ne vous suit dans l'ascension, aucun démonstrateur des spectres ne vous demande pour boire (HUGO, Rhin, 1842, p.127). Peut-être que sans cet officieux [un raseur] je n'aurais jamais su que la chapelle bâtie par Saint Bernard, devant laquelle nous sommes arrêtés, sert aujourd'hui de loge aux Maçons de Francfort (THARAUD, Qd Israël n'est plus roi, 1933, p.21):
• 1. Parmi ceux qui vont désormais paraître et ne plus quitter la scène [dans Madame Bovary] à titre d'officieux et d'empressés, au premier plan se dessine le pharmacien M.Homais, une création de M. Flaubert, et qui s'élève à la hauteur d'un type.
SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.13, 1857, p.356.
2. Mensonge officieux.
B. —1. [En parlant d'une chose]
) Qui émane d'un (chef de) gouvernement, mais n'engage pas en raison de son caractère discret. Je désirerais que vous abordiez avec l'ambassadeur de Russie à Londres des conversations officieuses, absolument secrètes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.543):
• 2. ... le frère du Kaiser, le prince Henri, avait été dépêché à Londres en mission particulière auprès du roi d'Angleterre: démarche officieuse qui, en un pareil moment, semblait indiquer chez Guillaume II un souci personnel de faire partager à George V ses vues sur le différend austro-serbe.
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.254.
— En partic. [En parlant d'une publication] Qui exprime les thèses d'un gouvernement, d'un parti sans en être l'organe officiel. Journaux officieux. Tous les moujiks de la presse officieuse hurlaient que les bons patriotes ne devaient point s'inquiéter de choses dont s'accommodait la Russie (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p.182). Le vice-directeur du quotidien officieux du Vatican [l'Osservatore Romano], Virgilio Levi, a démenti lui-même dès vendredi soir qu'il ait entendu annoncer l'effacement de Walesa et l'approbation de cette décision par le Saint-Siège (Le Pays de Franche-Comté, 26 juin 1983, p.4). V. antipatriote ex. 2 et feuille ex. 7.
) Qui émane d'une source autorisée mais n'a pas été encore officialisé; qui ne peut être communiqué qu'à titre privé et avec les réserves d'usage. Communiqué officieux; renseignements, résultats officieux; nomination, nouvelle officieuse. Selon des informations officieuses, parmi les documents qui ont été saisis le 30 décembre dernier à la villa «Assayag», (...) figuraient des pièces donnant des précisions sur l'action du parti communiste marocain (Combat, 19-20 janv. 1952, p.5, col. 4):
• 3. ... l'on ajoutait que la France avait déclaré la guerre à l'Angleterre. Tout cela d'une façon purement officieuse, bien entendu, car l'Allemagne n'avait pas encore orchestré sa propagande, et le commandement du camp ne nous donnait aucune espèce d'informations.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.41.
b) Qui n'a pas été rendu public; qui présente un caractère confidentiel. Anton. officiel (v. ce mot I B 1). Fiançailles officieuses; présentation officieuse. L'annonce officieuse de son prochain mariage faisait déjà courir à travers les salons bien pensants un petit rire (BERNANOS, Joie, 1929, p.629).
2. [En parlant d'une pers.] Qui exerce une fonction, un rôle particulier sans en avoir été officiellement investi. Le père Dubreuil était missionnaire en Océanie (...). C'était l'aumônier officieux du régiment (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.192). La menace des manifestations prévues pour la soirée, n'avait pas empêché le ministre de la Guerre de poursuivre jusqu'au bout le long, dernier et décisif entretien qu'il avait voulu avoir avec l'émissaire officieux de l'état-major autrichien, le colonel comte Stolbach von Blumenfeld (MARTIN DU G., op. cit., p.423):
• 4. On déclame contre les courtiers de mariage. Qu'est-ce donc, je vous prie, que les bonnes amies, cousines, tantes, grands parents, notaires, médecins, confesseurs, qu'on met en campagne, sinon des courtiers officieux, parfois officiels?
TAINE, Notes Paris, 1867, p.167.
II. —Subst. masc., HIST. [Sous la Révolution] Domestique. Il avait fait couvrir de papier fort ses ex-libris aux armes, retourner ses plaques de cheminée qui portaient lys et couronnes, et il vivait tranquille avec ses «officieux» (LA VARENDE, Nez-de-cuir, 1936, p.26):
• 5. On m'a dit qu'en 93, au temps de l'autre république, Robespierre avait supprimé ce nom-là [domestique]; il n'y avait plus que des officieux. Certainement, j'aimerais encore mieux avoir trente mille francs de rente; mais enfin servir pour servir, c'est plus flatteur d'être un officieux qu'un domestique.
SARCEY, Mot et chose, 1862, p.100.
Rem. On relève ds QUEM. DDL t.14 un emploi au fém. de ce subst.: Mais encore des femmes, et quelles femmes, de pauvres officieuses employées uniquement aux détails du ménage (DOMMANGET, Plaidoyer sur la compétence du Conseil de guerre permanent, 1797, p.4).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1544 «qui rend service, qui manifeste de l'obligeance» (M. SCÈVE, Délie, éd. E. Parturier, p.16); 2. 1848 opposé à officiel (CHATEAUBR., Mém., t.2, p.126: ceux qui, en 1803, ont servi de secrétaires officiels ou officieux à M. le cardinal Fesch). Empr. au lat. officiosus «obligeant, serviable», dér. de officium (office1). Fréq. abs. littér.:216. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 388, b) 150; XXe s.: a) 402, b) 263. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p.10. — DUB. Pol. 1962, p.355. — QUEM. DDL t.11.
officieux, euse [ɔfisjø, øz] adj. et n.
ÉTYM. 1534, « qui rend service » (choses); lat. officiosus, de officium, au sens de « service rendu ». → Office, III.
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1 a Adj. (1584). Vx. Qui rend, cherche à rendre service, à rendre de bons offices. ⇒ Obligeant, serviable. || « Amis commodes et officieux » (Bossuet). — Par ext. || Bonté, pitié officieuse (Molière, l'Avare, IV, 1), secourable. || « Zèle officieux » (Racine, Athalie, I, 1).
1 Tout ce qu'il faisait, c'est qu'il était fort obligeant, fort officieux (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 3.
2 Le poison est tout prêt. La fameuse Locuste
A redoublé pour moi ses soins officieux (…)
Racine, Britannicus, IV, 4.
3 Nestor et Philoctète étaient étonnés de voir Télémaque devenu (…) si attentif à obliger les hommes, si officieux, si secourable (…)
Fénelon, Télémaque, XIII.
♦ Par métaphore. || « La mer officieuse » (Bossuet, Saint Victor, 3).
b N. (1630). Vx ou littér. Personne empressée, qui se mêle de tout en importunant autrui. ⇒ Ardélion, importun (→ fam. La mouche du coche). || Faire l'officieux.
4 Un de ces importuns et sots officieux
Qui ne sauraient souffrir qu'on soit seule en des lieux (…)
Molière, les Fâcheux, I, 5.
2 (Choses). Qui est destiné à rendre service (→ Libéral, cit. 3). (1660). Mod. Littér. || Mensonge officieux.
5 Mon officieux et bien courageux mensonge a jusqu'à présent protégé Hector.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 345.
3 N. (V. 1796, et pendant la Révolution française). Hist. Domestique, laquais. || Employer plusieurs officieux.
5.1 (…) pendant le système révolutionnaire, les rédacteurs (du journal) se sont déshonorés par la plus lâche et la plus basse servitude (…) en adoptant, les premiers, le tutoiement (…) en transformant les domestiques en officieux, en substituant le citoyen au monsieur.
Revue des journaux rédigés à Paris (1797), in Walter, la Révolution franç. vue par ses journaux, p. 456 (in D. D. L.).
♦ N. m. (1803; pendant le Directoire). Maître d'hôtel dans un restaurant.
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II
1 (1868). Qui est communiqué à titre de complaisance par une source autorisée mais sans garantie officielle. || Résultats officieux d'une élection. || Déclaration, nouvelle officieuse. || Texte officieux d'un discours. Par ext. || De source officieuse. ⇒ Privé. || À titre officieux ⇒ Officieusement.
6 On savait, de source officieuse, que l'Angleterre avait donné l'ordre à sa flotte de surveiller les Détroits (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 239.
2 (Personnes). Qui occupe une fonction sans en avoir le titre officiel. || « Ambassadeur officieux » (Proust).
3 (D'un organe de presse). Qui exprime les opinions d'un gouvernement, d'un parti, sans en être ouvertement issu. || L'organe officieux de ce parti.
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CONTR. et COMP. Égoïste. — Officiel. — Inofficieux.
DÉR. Officieusement, officiosité.
Encyclopédie Universelle. 2012.