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adj. et n.

rI./r adj.

d1./d Qui ne fait que passer. Hôte passager.

d2./d Qui ne dure que peu de temps. Un engouement passager.

rII./r n. Voyageur à bord d'un moyen de transport.

⇒PASSAGER¹,-ÈRE, adj. et subst.

I. —Vieilli ou littér.

A. —Adj. Qui ne fait que passer. Synon. de passage (v. passage¹ I C 1 b ). Oiseau passager. Dans certaines régions du globe, telles que les vastes déserts de l'Afrique, (...) l'on ne rencontre que quelques animaux passagers (LAMARCK, Philos. zool., t.2, 1809, p.112). Je sens qu'à mon âge, pour être calme et heureux, il vaudrait mieux rompre tout à fait avec le monde (...). C'est ce sentiment confus qui me rend les voyages plus agréables; j'aime à n'être que passager dans chaque lieu, à me sentir indépendant et désintéressé, à suivre mes penchants sans contrainte (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.198). V. amant ex. 59.

B. —Subst. Celui, celle qui est de passage, qui ne fait que passer. Synon. passant (v. ce mot III A 2). Les hommes qui habitent là sont peu nombreux: dix, vingt, mettons quarante en comptant ceux des hameaux perdus et les passagers, ceux qui entrent par une route, soufflent un coup là, dans l'abri des maisons, et sortent par l'autre route (GIONO, Solit. pitié, 1932, p.197). Le chef boulanger est roumain. Le chef cuisinier grec. Tel autre tchèque ou libanais. [Dans cet hôtel de Louxor] toutes les nations se trouvent (...) mêlées, toutes les confessions, toutes les langues. Et de même pour les hôtes et passagers (GIDE, Journal, 1946, p.289).

— En partic. Synon. de passant (v. ce mot III A 2 en partic. et passade A 2 b en partic.). [Deux typographes rouleurs venant] toucher l'allocation qu'on accordait aux passagers (BOUTMY, Typogr. paris., 1874, p.48).

— VÉN. Oiseau de passage. V. appelant ex. 3.

— P. anal. Depuis quelque dix-huit ans qu'il vit dans les «meublés», (...) il a souvent découvert des indices qui (...) mettent en évidence sa condition de perpétuel passager; même au coeur des grandes villes il est toujours cet hôte d'une île en apparence déserte, qui sursaute en découvrant les traces des vrais propriétaires du lieu (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.131).

II. —Usuel

A. —Adjectif

1. [En parlant d'une entité concr. ou abstr.] Qui ne dure que peu de temps. Synon. éphémère, fugace, fugitif, momentané. Elle ne répondit rien. Il se sentit très loin d'elle, tout à fait étranger à sa vie. Mais ce ne fut qu'une impression passagère (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.136). V. diversité ex. 1:

• 1. Il pleuvait. Ce n'était point la passagère averse des tornades. Le ciel était épaissement couvert; la pluie installée pour longtemps.

GIDE, Voy. Congo, 1927, p.738.

SYNT. Accident, éclat, égarement, engouement, état, fait, intérêt, phénomène, plaisir, sentiment, succès, trouble passager; oedème, spasme passager; abondance, affection, altération, amélioration, amitié, cause, circonstance, crise, défaite, difficulté, douleur, émotion, épreuve, évolution, exaltation, folie, hausse, immunité, inconscience, indisposition, influence, mode, occupation, situation, utilité, victoire, vogue passagère.

♦Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. La souffrance (...) exaspérait [Pascal], il n'avait que la colère de son rêve trop haut, il n'était devenu brutal que dans sa haine du factice et du passager (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p.123). V. éphèmère ex. 2.

♦[En parlant d'un être vivant] Rare. L'homme [selon le patriarche hébreu] est essentiellement passager. Il vit quelques jours, puis disparaît pour jamais (RENAN, Hist. peuple Isr. t.1, 1887, p.131).

— MUS. Modulation passagère. ,,La modulation est passagère si l'on revient ensuite dans le ton primitif. Elle est fixe si l'on reste et termine dans le ton dans lequel la modulation a eu lieu`` (ROUGNON 1935, p.141). Il y a lieu (...) de distinguer une modulation passagère d'une modulation réelle. Une section dans une certaine tonalité (l'exposition d'un premier thème de mouvement de sonate) peut comporter des modulations passagères; cependant, on peut parler de modulation véritable quand une section entière —avec ses modulations passagères —se trouve dans une autre tonalité (un second thème de mouvement de sonate) (Lar. encyclop.).

2. Où il y a beaucoup de passages, très fréquenté. Synon. passant (v. ce mot II B). Endroit passager. Le coin était passager, le monde allait, venait (VALLÈS, Réfract., 1865, p.49). Un magasin, dans une rue passagère de la localité (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1345).

B. —Subst. Personne transportée à bord d'un véhicule, qu'elle ait eu à acquitter ou non un prix de passage.

1. [Sur un bateau ou un avion]

a) [P. oppos. à équipage] Les ponts et les échelles grouillaient de passagers, et le quai était envahi par une foule gesticulante et hurlante (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.28). En 1957, sur un total de 15000 passagers transitant par des ports français, 11000 d'entre eux ont voyagé sur des paquebots français (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p.65). L'apparition des avions de transport à réaction pour passagers, volant à des altitudes élevées, fut à l'origine d'un nouveau progrès de la technique d'étude des fuselages (Encyclop. Sc. Techn. t.6 1971, p.168). V. embarquement A ex. de M. Benoist, Pettier et équipage B 1 ex. de M. Benoist, Pettier:

• 2. ... je ne saurais admettre que vous me preniez pour tête de turc. C'est peut-être un usage dans la marine de brimer les novices. Mais je voyage comme passager et j'estime avoir droit à des égards.

AUDIBERTI, Quoat, 1946, 1^er tabl., p.22.

SYNT. Passager aérien, transatlantique; passager de 1^re, de 2^e classe; passager de cabine, d'entrepont, de pont (mar.); transport des passagers; trafic (des) passagers; aménagements, équipements, installations pour passagers; embarquer, débarquer, transporter des passagers; accompagner un passager.

♦[P. oppos. aux militaires ou aux fonctionnaires jouissant de la gratuité du transport] Passager payant. V. gratuité ex. de Céline.

♦Passager clandestin (v. clandestin B). Matelots et marchands faisaient cercle autour de l'unique mât au pied duquel un passager clandestin était attaché torse nu et recevait une raclée. C'était un gamin de quatorze ans que les gardes-marine avaient découvert à fond de cale et amené au patron de la barque (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.11).

♦AVIAT. Cabine des passagers. [P. oppos. à cabine de pilotage (v. cabine B 2)]:

• 3. Ayant atteint (...) la pression, la température et l'humidité voulues, l'air est introduit dans la cabine des passagers par des bouches disposées au plafond de la cabine et à proximité des fauteuils, tandis que d'autres bouches évacuent l'air utilisé.

Encyclop. Sc. Techn. t.2 1970, p.195.

b) [P. oppos. à marchandises] Marseille présente l'activité harmonieuse d'un port de marchandises et d'un port de passagers (ALBITRECCIA, Gds moyens transp., 1931, p.127). Les lignes rapides pour passagers (...) ne prennent des marchandises qu'à titre exceptionnel (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p.106). Le boeing Stratocruiser (...) est (...) la version pour passagers d'un des avions-cargos les plus économiques de l'armée de l'air américaine (ROUGERON, Aviat., 1951, p.226).

2. —P. anal. [Dans un train, un autobus, une voiture; p.oppos. à conducteur] J'étois (...) encore occupé (...) à terminer quelques lettres, lorsqu'un des passagers de la diligence de New-York (...) vint se coucher (CRÈVECOEUR, Voyage, t.2, 1801, p.367). Joint de collecteur d'échappement en mauvais état. (...) les gaz d'échappement se répandent sous le capot et les odeurs viennent jusqu'au conducteur et aux passagers qu'ils incommodent (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p.352). V. cache-poussière ex. et framée ex.:

• 4. Pendant qu'elle essayait d'avancer dans la foule, sur le quai, Juliette pensait que l'homme du train était inquiétant. Elle se retourna plusieurs fois, mais elle semblait avoir bien de l'avance sur les passagers de son wagon.

TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.37.

Rem. Dans ces empl., on dit plutôt voyageur.

3. P. ext. Occupant d'un véhicule et, particulièrement, d'un vaisseau spatial. Les passagers de la nacelle avaient tout jeté au dehors pour alléger l'aérostat (VERNE, Île myst., 1874, p.44):

• 5. Enfin, le 4 octobre 1957, un vieux rêve de l'humanité est entré dans le domaine du possible. Ce jour-là, un engin a pu être mis en mouvement orbital autour de la terre. Quatre ans plus tard, un premier satellite monté par un passager, puis bientôt après un second, ont gravité librement pendant quelques heures.

Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.511.

♦Passager spatial. On imagine (...) volontiers, sans pour autant être passager spatial, ce qui est exigé de celui-ci (CHAILLOT ds Libération 13 avr. 1961, p.4, col. 2 ds GUILB., Astronaut. 1967).

♦[P. oppos. aux membres de l'équipage] Passager payant. Le premier passager payant de l'espace part lundi avec la navette «Discovery» (L'Est Républicain, 23 juin 1984, p.30).

4. P. plaisant. Maintenant ce sont les satellites artificiels dans lesquels les émissions radioélectriques sont minutées, et même, paraît-il, les repas automatiques des passagers à quatre pattes (DECAUX, Mesure temps, 1959, p.32).

REM. Passager-kilomètre ou kilomètre-passager, subst. masc. Unité de trafic aérien (v. kilomètre-voyageur, s.v. kilomètre). Le taux de mortalité est de 8 fois plus faible dans les avions à réaction que dans les avions à hélice, compte tenu du nombre des passagers et du nombre de kilomètres parcourus. En 1968, les jets comptaient pour 85 % dans le nombre total des passagers-kilomètres, mais pour 37 % dans le nombre des tués (Paris-Match, 13 déc. 1969, p.31, col. 4). La récession a arrêté net, il y a deux ans, la courbe croissante du trafic aérien, calculé en kilomètres-passagers (L'Express, 12 avr. 1971, p.95, col. 3). Au plur. Passagers-kilomètre (supra) ou passagers-kilomètres (Le Figaro, 17 nov. 1966, p.10, col. 7).

Prononc. et Orth.:[], [-], fém. [-]. MARTINET-WALTER 1973 [a], [] (13/4). Ac. 1694, 1718: passager, ere; dep. 1762: passager, ère. Étymol. et Hist.1. Adj. a) fin XIV^es. «qui sert à passer au-delà (d'un cours d'eau, de la mer») (FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, t.1, p.259 (var.): vassiaus passagierz; éd. G. Raynaud, t.10, p.264: nef pasagière) —XVII^es. (v. GDF.); b) 1547 «qui ne fait que passer» (MELLIN DE SAINT-GELAYS, OEuvres poét., éd. P. Blanchemain, t.1, p.260); c) 1564 «qui dure peu de temps» (THIERRY: Nostre passagere vie); d) 1817 «(d'un endroit) où il passe beaucoup de monde» (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t.1, p.87); 2. subst. a) ca 1330 passagier «passeur» (Voeux du Paon, éd. Ritchie, 375) —1574, D'AUBIGNÉ ds GDF., encore ds J.B.L., Gasc. corr., 1823; b) 1559 «personne qui effectue un voyage» (AMYOT, Peric., 63 ds LITTRÉ). Dér. de passage¹; suff. -(i)er. Fréq. abs. littér.:1778. Fréq. rel. littér.:XIX^es.: a) 3259, b) 2905; XX^es.: a) 1971, b) 2080.

DÉR. Passagèrement, adv. Pour peu de temps, pour quelque temps seulement. Synon. momentanément, temporairement. Agir passagèrement sur qqc. ou qqn; dissimuler passagèrement un désordre; effacer passagèrement un trouble; exercer passagèrement une action; interrompre passagèrement un traitement; retrouver passagèrement ses forces; troubler passagèrement l'état normal de qqn. Des appartements vacants ou passagèrement occupés (SAND, Hist. vie, t.3, 1855, p.87). M. de Sainte-Marthe (...) pensait ne s'engager que passagèrement et pour quelques semaines; il fut retenu à ce poste pendant plus de vingt ans (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.4, 1859, p.237). L'action antirhumatismale de la cortisone doit être comprise non comme un traitement hormonal d'insuffisance surrénale, mais comme une médication inhibant passagèrement le processus inflammatoire (RAVAULT, VIGNON, Rhumatol., 1956, p.14). — []. Att. ds Ac. dep.1798. — 1^re attest. 1609 (CAMUS, Les Diversitez, t.2, livre 6, chapitre 1); de passager¹, suff. -ment².— Fréq. abs. littér.: 49.