pencher [ pɑ̃ʃe ] v. <conjug. : 1>
• 1530; pengier « être hors de son aplomb » 1256; lat. pop. °pendicare, class. pendere « pendre »
I ♦ V. intr.
1 ♦ Être ou devenir oblique, cesser d'être vertical en prenant un équilibre instable ou une position anormale. Mur qui penche dangereusement. Le tableau penche un peu de côté. Son écriture penche à droite.
2 ♦ Être, devenir oblique par rapport à l'horizontale, aller en s'abaissant. « Le toit penche, le mur s'effrite » (Gautier). Pencher vers le sol. — Loc. fig. Faire pencher la balance : emporter la décision.
3 ♦ (1283) Abstrait PENCHER VERS (vieilli), POUR : être porté, avoir une tendance à choisir, à préférer qqch., qqn (⇒ inclination, penchant). « la raison ne peut pencher plutôt vers l'une que vers l'autre [religion] » (Pascal). « Osmin a vu l'armée; elle penche pour vous » (Racine). « Il pencha pour la deuxième hypothèse » (Romains). ⇒ préférer.
II ♦ V. tr. (1530 ) Rendre oblique (par rapport à la verticale ou à l'horizontale); faire aller vers le bas. ⇒ abaisser, baisser, 1. coucher, incliner, renverser. Pencher une carafe pour verser de l'eau. — Pencher la tête. ⇒ courber, incliner.
III ♦ SE PENCHER v. pron.
1 ♦ S'incliner. Défense de se pencher par la portière. « ils se penchent en avant jusqu'à toucher le sol avec le front » (Maupassant). Se pencher sur un livre, vers qqn. Se pencher en arrière. « il monta dans la voiture qui se pencha un peu et reprit son aplomb pendant qu'il s'installait » (Chardonne).
2 ♦ Fig. SE PENCHER SUR... : s'occuper de qqn avec sollicitude; s'intéresser à (qqn, qqch.) avec curiosité. Se pencher sur le sort de qqn. Se pencher sur un problème, une question. ⇒ étudier, examiner. « Nous a-t-on assez dit qu'il [le réaliste] “se penchait” sur les milieux qu'il voulait décrire. Il se penchait ! Où était-il donc ? En l'air ? » (Sartre).
● pencher verbe intransitif (latin populaire pendicare, du latin classique pendere, être suspendu) (auxiliaire être) Quitter son aplomb, s'incliner, être incliné : Le tableau penche un peu à gauche, redresse-le. Aller, être en pente, aller en s'abaissant : Le terrain penche vers la mer. (auxiliaire avoir) Être porté à décider en faveur de telle chose, telle personne, telle action : Je penche pour agir sur-le-champ. (auxiliaire avoir) Indiquer telle orientation, telle tendance : Les résultats des élections ont penché en sa faveur. ● pencher (expressions) verbe intransitif (latin populaire pendicare, du latin classique pendere, être suspendu) Pencher à croire, incliner, être porté à croire. ● pencher (synonymes) verbe intransitif (latin populaire pendicare, du latin classique pendere, être suspendu) Quitter son aplomb, s'incliner, être incliné
Synonymes :
Aller, être en pente, aller en s'abaissant
Synonymes :
Être porté à décider en faveur de telle chose, telle...
Synonymes :
- opter
- préférer
- tendre
● pencher
verbe transitif
Mettre quelque chose hors de son aplomb, l'incliner dans telle direction : Pencher la tête en arrière.
● pencher (synonymes)
verbe transitif
Mettre quelque chose hors de son aplomb, l'incliner dans telle direction
Synonymes :
- courber
- fléchir
- infléchir
Contraires :
- dresser
- lever
pencher
v.
rI./r v. tr. Incliner vers le bas, ou de côté. Pencher la tête vers l'avant, à droite.
rII./r v. intr.
d1./d S'écarter de la position verticale (en perdant ou en risquant de perdre son équilibre); être incliné vers le bas. Ce mur penche dangereusement.
d2./d Fig. Pencher vers, pour: avoir tendance à préférer, à choisir (telle chose, tel parti, telle opinion).
rIII/r v. Pron.
d1./d S'incliner vers l'avant, en parlant d'une personne. Se pencher à la fenêtre.
|| S'incliner, en parlant d'une chose. L'arbre se penchait sous la rafale.
d2./d Fig. Se pencher sur (qqch): considérer, examiner (qqch) avec intérêt.
⇒PENCHER, verbe
I. —Empl. intrans.
A. —1. [En parlant (de la dimension principale) d'un objet considéré dans son orientation verticale] Être oblique par rapport à la verticale, incliné sur le côté, généralement de manière anormale et en donnant l'impression d'un mouvement (possible) vers le bas. Le vent fait pencher les arbres, un mât; pencher à droite, à gauche, sur le côté. Elle détestait le Spartacus [une statue]. (...) elle le faisait chanceler sur sa base. Il s'ébranlait, il penchait terriblement, il menaçait de tomber sur l'insolente et de l'écraser dans sa chute (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.214). Les buissons qui n'avaient pas été taillés depuis longtemps penchaient en désordre sur les allées (LACRETELLE, Hts ponts, t.3, 1935, p.208):
• 1. Voici le marteau qui cloue les poutres et les chevrons... l'équerre et le fil à plomb donnent la direction de la ligne afin que le mur ne penche point...
ADAM, Enf. Aust., 1902, p.27.
— En partic., vieilli. [Le suj. désigne un astre] Se trouver en un point du ciel plus proche de l'horizon que du zénith, se déplacer du zénith vers l'horizon. Synon. décliner, descendre. Pencher vers l'horizon. Un joli croissant de lune penchait vers le Jura (AMIEL, Journal, 1866, p.330). Je vous vois, vertueux, quand le soleil penche (LENORMAND, Simoun, 1921, tabl. 8, p.79).
2. [En parlant (de la dimension principale) d'un objet considéré dans son orientation horizontale] Être incliné par rapport à l'horizontale, vers le bas, généralement de manière anormale. Ajoutant son poids à celui du désespéré qui déjà fait pencher la barque, il va la faire chavirer (MICHELET, Journal, 1857, p.366). Si le chauffeur est seul et à droite la voiture penchera à droite, s'il est à gauche, elle s'inclinera à gauche (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p.203):
• 2. Le vin balançait dans les verres, le vin penchait dans les verres; la table penchait de nouveau, puis toute la salle et ses murs semblaient pencher (...); —penchait, se redressait, comme dans une cabine de bateau.
RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.117.
— En partic. [Le suj. désigne un lieu] Être en pente, descendre. Anton. monter. Le long du chemin creux qui penche vers Bilhère (TOULET, Contrerimes, 1920, p.137). Le haut plateau décline, penche, s'effondre et laisse apercevoir (...) le scintillement de la Mer Rouge (MORAND, Route Indes, 1936, p.163).
B. —Au fig.
1. Vieilli et/ou littér.
a) Pencher vers qqc. Aller progressivement vers une fin. Pencher vers la mort, la tombe. Dans nos deux pays la monarchie penche vers sa fin (CHATEAUBR., Litt. angl., t.2, 1836, p.329). Je sentis mon coeur, vivifié et renouvelé, rajeunir à mesure que mon corps penchait vers la destruction (SAND, Spiridion, 1839, p.413).
b) Absol. Être sur son déclin.
— [Le suj. désigne une pers., une institution] S'il n'avait pas plu dans la nuit du 17 au 18 juin 1815, l'avenir de l'Europe était changé. Quelques gouttes d'eau de plus ou de moins ont fait pencher Napoléon (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.374).
— [Le suj. désigne un moment du temps] À l'heure où la clarté déjà penche inégale (SAINTE-BEUVE, Pens. août, 1837, p.456).
2. Usuel
a) [Le suj. désigne une pers.] Être enclin, disposé à choisir quelqu'un, quelque chose; être plutôt favorable à quelqu'un, quelque chose.
— [Constr. avec un compl. prép. vers, pour; du côté de, en faveur de] Pencher pour la première, la seconde hypothèse, explication, opinion; pencher vers une solution. Je pencherais personnellement davantage en faveur de la thèse de Kissinger (BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p.127). L'intelligentsia qui penche vers la classe ouvrière ou opte franchement pour elle (Traité sociol., 1968, p.368):
• 3. Les idées anglaises ont causé (...) l'abaissement de la France; mais, comme elles ont fait la fortune du parti libéral et des républicains, ces derniers ont toujours penché pour l'Angleterre.
MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p.142.
— [Constr. avec un compl. prép. à suivi d'un inf.] Je penche à croire qu'il nous aide beaucoup et je suis disposé à me donner beaucoup de mal (BLANCHE, Modèles, 1928, p.160).
— Absol., rare. Un esprit qui, étranger aux passions et aux intérêts du monde, n'a ni hâte de conclure, ni motif pour pencher (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.190).
♦Expr. On tombe toujours du côté où l'on penche. On n'échappe pas à ses inclinations, ses dispositions. Ma mère, qui tenait pour naturel, voire obligatoire, d'enfanter des miracles, professait aussi que «l'on tombait toujours du côté où l'on penche» (COLETTE, Sido, 1929, p.140).
b) [Le suj. désigne un inanimé] Manifester une tendance vers quelque chose.
— [Constr. avec un compl. prép. vers] Le goût allemand lui paroit pencher vers un excès (STAËL, Allemagne, t.3, 1810, p.23). Le système penche vers le pouvoir supranational (PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.291):
• 4. L'économie politique incline à la consécration de l'égoïsme; le socialisme penche vers l'exaltation de la communauté.
PROUDHON, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.38.
— [Constr. avec un compl. prép. à] Rare. La tradition administrative, qui penche aisément à la routine (ARNOUX, Roi, 1956, p.324).
c) Loc. fig. La balance penche du côté de qqn, qqc.; en faveur de qqn, qqc. Quelqu'un, quelque chose l'emporte dans un conflit, une alternative. Les chefs des armées deviennent les arbitres du sort de leur pays, et font pencher la balance en faveur du parti qu'ils ont embrassé (ROBESP., Discours, Guerre, t.8, 1791, p.49). Dans ce perpétuel conflit entre la danse pure et la danse expressive, la balance penche maintenant du côté de la seconde (BRILLANT, Probl. danse, 1953, p.211).
♦Faire pencher la balance en faveur de qqn. Favoriser quelqu'un, lui permettre de l'emporter dans une compétition, un choix. V. balance ex. 18.
II. —Empl. trans.
A. —[Le compl. d'obj. désigne gén. un objet considéré dans son orientation verticale] Incliner vers le bas. Anton. dresser, redresser. Ce n'était plus un couloir (...) mais un puits (...). Les torches furent penchées au-dessus de l'orifice (VERNE, Île myst., 1874, p.166). Maréchal pencha la bouteille verte sur le verre du trimardeur (HAMP, Champagne, 1909, p.121):
• 5. On fait maintenant les jardins avec de petits sapins qu'on penche au moyen de fils de fer pour leur donner l'air d'être battus par la tempête...
MÉNARD, Hist. Beaux-Arts, 1882, p.343.
— En partic. [Le compl. d'obj. désigne une partie du référent désigné par le suj.]
♦[Le suj. désigne une pers.] Daria penchait sa jolie tête pour saisir chaque parole (VOGÜÉ, Mort, 1899, p.366). L'enfant pencha le buste hors de la fenêtre (BERNANOS, Crime, 1935, p.851). V. ailette ex. 11.
[P. méton. du compl. d'obj. et/ou du compl. prép. sur] Manifester une attitude, généralement de manière condescendante. Le poinçonneur de billets penche sur mon embarras une sollicitude qui empeste l'ail (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.206). Elle penchait sur moi un regard inquiet, presque suppliant (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p.112).
♦[Le suj. désigne une chose] Les branches penchent sur lui leur élévation touffue (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.180). Les grands arbres penchaient leur cime (JOUVE, Scène capit., 1935, p.113).
B. —Au fig., rare. Pousser vers quelqu'un, quelque chose. Sempronius, qui peut vous pencher vers de pareils désespoirs? (BAUDEL., J. enchant., 1846, p.501). Le sentiment qui me penchait si passionnément vers Gertrude (GIDE, Symph. pastor., 1919, p.912).
III. —Empl. pronom.
A. —1. [Le suj. désigne une pers.] S'incliner vers le bas et/ou de côté. Synon. se baisser; anton. se redresser, se relever. Julien se pencha dans la salle en s'appuyant assez impoliment sur le devant de la loge (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.423). L'officier mit la tête à la portière, se pencha de tout le buste (VOGÜÉ, op.cit., p.443):
• 6. Le gendarme se penchait sur ses rames, de grosses gouttes de sueur lui venaient. Il avait de l'eau par-dessus ses bottes. Il les ôta.
MILLE, Barnavaux, 1908, p.64.
SYNT. Se pencher à la fenêtre, par la portière; se pencher à l'oreille de qqn, sur l'épaule de qqn; se pencher pour mieux voir, écouter, ramasser qqc.; se pencher à droite, à gauche, de côté, en arrière, en avant.
2. [Le suj. désigne une chose] Être mis, se mettre dans une position oblique, inclinée, vers le bas. Les garde-fous plantés d'herbes vivaces et de mousses veloutées se penchent sur la rivière et ne tombent point (BALZAC, Lys, 1836, p.31). La grande flamme se pencha dans toute sa hauteur vers le mur du fond (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.110).
— En partic. [Le suj. désigne un astre] Se déplacer (vers l'horizon). Le soleil se penchait vers l'horizon (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.230).
B. —Au fig.
1. Se pencher sur qqc. Manifester attention et intérêt pour quelque chose; en partic. se consacrer à l'étude de quelque chose. Se pencher sur un problème, sur un cas. Des hommes qui ont d'autres chats à fouetter que de se pencher sur leurs frémissements intimes (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p.86). Seuls, quelques ethnologues se sont penchés sur un comté agricole du point de vue «total» qui est le leur (Traité sociol., 1967, p.316):
• 7. On peut (...) se livrer à un examen critique du système. Cet examen a d'ailleurs été entrepris par de nombreux auteurs. En général, ils se sont penchés à la fois sur la légalité et sur la légitimité du gouvernement de Vichy.
VEDEL, Dr. constit., 1949, p.276.
2. Se pencher sur qqn, vers qqn. Avoir, manifester une attitude bienveillante envers quelqu'un (parfois avec une idée de condescendance). Moi, pour aider le peuple à résoudre un problème, Je me penche vers lui. Commencement: je l'aime (HUGO, Année terr., 1872, p.325). Après le vote sur le relèvement d'indemnité, l'abbé Lemire me dit: —J'ai voté pour... il faut toujours se pencher sur le plus humble. —Ici, monsieur l'abbé, c'est pour lui prendre son porte-monnaie (BARRÈS, Cahiers, t.6, 1907, p.66).
— [P. méton. du compl. d'obj.] Elle était si heureuse, si égoïstement heureuse, qu'elle ne se pencha pas une minute vers les sublimes détresses qui l'entouraient (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p.416).
Prononc. et Orth.:[], (il) penche []. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.1. a) 1265 intrans. pengier «être incliné, hors de son aplomb» (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Régime corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, f° 30c, p.75, ligne 24); 1283 fig. pronom. se pencher plus d'une partie que d'autre «être plus favorable à l'un qu'à l'autre» (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, n° 1245, t.II, p.144); b) 1532 penchant sur qqc. (Coutumes de la Salle et Chastellenie d'Ipre, ch. CXXV ds Nouv. coutumier gén., t.I, p.845b: bois penchant sur l'héritage d'autrui); 1644 tête... penchée (CORNEILLE, Rodogune, V, 4); c) 1530 pronom. se pencher (PALSGR., p.737b); 2. 1588 intrans. «être porté par préférence naturelle ou après délibération, à un choix en faveur de quelqu'un ou quelque chose» (MONTAIGNE, Essais, éd. Villey-Saulnier, II, IV, p.364); 1645 pencher à + inf. «avoir tendance à» (CORNEILLE, Héraclius, I, 2); 3. 1636 trans. «entraîner, pousser vers quelqu'un ou quelque chose» (ID., Le Cid, V, 1701); 4. av. 1654 intrans. «s'acheminer vers, être tout près de tomber dans» pencher sur son déclin (BALZ[AC], liv. V, lett. 3 ds LITTRÉ); [1640 un état penchant (CORNEILLE, Horace, IV, 2]); 5. 1810 intrans. «aller en pente» un terrain penchant (CHATEAUBR., Martyrs, t.1, p.156); 6. 1843 se pencher sur «s'intéresser à» (BALZAC, Lettres Étr., t.2, p.113). Du lat. pop.pendicare, dér. du lat. class. pendere «pendre» (v. ce mot). Fréq. abs. littér.: 4021. Fréq. rel. littér.: XIXes: a) 3368, b) 6930; XXes.: a) 6693, b) 6487.
pencher [pɑ̃ʃe] v.
ÉTYM. 1530; pengier, 1256; lat. pop. pendicare, du lat. class. pendere « pendre ».
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I V. intr.
1 a Être ou devenir oblique en cessant d'être vertical; être hors de son aplomb, dans un équilibre instable, une position anormale. || Le mur penche. ⇒ Déverser, surplomb (être en surplomb). — ☑ Fam. Ce mur, cet édifice penche du côté où il veut (pop., qu'il veut, qu'il va) tomber, il est trop incliné, il menace ruine. — (Personnes). || Pencher de tout son poids, tantôt sur un côté (cit. 6) du corps, tantôt sur l'autre. ⇒ Chanceler.
b Être ou devenir oblique par rapport à l'horizontale; être plus bas d'un côté que de l'autre, aller en s'abaissant, en descendant. || « Le toit penche, le mur s'effrite » (cit. 3). — Le soleil penchait à l'horizon. ⇒ Descendre (→ Enflammer, cit. 14). || Écriture qui penche vers la droite, à droite. — ☑ Loc. Faire pencher la balance (1. Balance, cit. 3; et, fig., cit. 23).
♦ Par métaphore, vieilli. (Personnes, choses). Aller vers son déclin. ⇒ Décliner. || « Cependant Claudius penchait vers son déclin » (Racine, Britannicus, IV, 2.).
2 Fig. || Pencher à (vx), pour, vers qqch., vers qqn : être porté par sa nature, son inclination à choisir, à préférer qqch., à prendre parti en faveur de qqn. ⇒ Incliner, préférer. || Il pencha pour la deuxième hypothèse (→ Impuissant, cit. 9), pour la dernière solution. || Je pencherais assez volontiers vers le manichéisme (cit.). — Le roi avait penché du côté de Coligny (→ Impasse, cit. 4).
1 (…) j'aurais refusé également et la religion de Mahomet, et celle de la Chine, et celle des anciens Romains, et celle des Égyptiens, par cette seule raison que l'une n'ayant pas plus (de) marques de vérité que l'autre, ni rien qui me déterminât nécessairement, la raison ne peut pencher plutôt vers l'une que vers l'autre.
Pascal, Pensées, IX, 619.
2 Le superbe Amurat est toujours inquiet;
Et toujours tous les cœurs penchent vers Bajazet (…)
Racine, Bajazet, I, 2.
3 Osmin a vu l'armée; elle penche pour vous;
Les chefs de notre loi conspirent avec nous (…)
Racine, Bajazet, II, 1.
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II V. tr. (1530). Rendre oblique (par rapport à la verticale ou à l'horizontale), diriger, porter vers le bas. ⇒ Abaisser, baisser, coucher, incliner, renverser. || Pencher une carafe pour verser de l'eau. — (Le compl. désignant la tête). || Pencher la tête sur le côté, vers l'avant. ⇒ Courber, incliner. || Pencher son front (→ Argenter, cit. 3; assombrir, cit. 10; fée, cit. 2).
4 Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,
Comme s'ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », XCII.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se pencher v. pron.
1 (Personnes). S'incliner. || Se pencher en avant (→ Équilibre, cit. 4), tout d'un côté (→ Croiser, cit. 2). || Les voisins se penchaient aux fenêtres (→ Lambrequin, cit.). || Défense de se pencher au dehors; de se pencher par la portière. || Il se penchait dangereusement au-dessus du vide. || Se pencher sur l'épaule de qqn (→ Dictée, cit. 5), sur un journal (→ Éployer, cit. 4); sur un livre. — (Partie du corps). || Sa tête se penchait (→ Dialoguer, cit. 2).
5 Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre
Et dire à mon enfant : Sens-tu que je suis là ?
Hugo, les Contemplations, IV, XV.
6 Après s'être assis d'abord sur leurs talons, les mains ouvertes sur les cuisses, ils se penchent en avant jusqu'à toucher le sol avec le front.
Maupassant, la Vie errante, D'Alger à Tunis.
7 Au-dessus de la rue, pour voir de plus loin, elle se penchait autant que le permettaient les grilles (…)
Loti, les Désenchantées, I, III.
8 Je relis les Caractères de La Bruyère. Si claire est l'eau de ces bassins, qu'il faut se pencher longtemps au-dessus pour en comprendre la profondeur.
Gide, Journal, 26 sept. 1926.
♦ (Choses). || Un arbre qui se penchait au bord du chemin (→ Hacher, cit. 10).
9 (…) appuyé au marchepied, d'un élan, il monta dans la voiture, qui se pencha un peu et reprit son aplomb pendant qu'il s'installait à côté de Pauline.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 98.
2 Fig. || Se pencher sur (qqn, qqch.). a (Compl. n. de personne). S'occuper de qqn. || Se pencher sur la croissance (cit. 1) mystérieuse de l'enfant. || Se pencher sur la misère des humbles. — ☑ Allus. littér. Un homme se penche sur son passé, roman de Constantin-Weyer.
b (Compl. n. de chose). S'intéresser à qqch. avec curiosité. ⇒ Étudier, examiner. || Se pencher sur un problème, sur une question.
10 Vous vous êtes penché sur ma mélancolie,
Non comme un indiscret, non comme un curieux.
Verlaine, Amour, « À F. Langlois ».
11 Nous a-t-on assez dit qu'il (le réaliste) « se penchait » sur les milieux qu'il voulait décrire. Il se penchait ! Où était-il donc ? En l'air ?
Sartre, Situations II, p. 10.
12 Les journalistes, et avec eux les écrivains, abusent du verbe imagé se pencher sur au sens de s'intéresser à, étudier : Je me suis penché naguère sur la solitude d'un grand poète (B. Grasset, Aménagement de la solitude). M'étant penché naguère sur le mécanisme de la découverte (ID., Sur le plaisir). Cet emploi n'est d'ailleurs pas nouveau. Léon Daudet, parlant de l'époque 1885-1898, notait déjà à propos de Tolstoï : « Ce fut, pour employer le jargon de l'époque, à qui se pencherait sur les enfers de la société (L'entre-deux guerres). »
René Georgin, la Prose d'aujourd'hui, p. 28.
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penché, ée p. p. adj.
♦ Qui se penche ou a été penché. (Personnes). || Elle se tenait un peu penchée en avant (→ 2. Air, cit. 28). || « Ou penchés à l'avant des blanches caravelles » (cit. 1, Heredia). || Le laboureur (cit. 2), penché sur sa charrue. || L'écolier penché sur sa page d'écriture (→ Langue, cit. 3). — Avoir la tête penchée (→ Coude, cit. 2). — ☑ Loc. fam. (Souvent iron.). Avoir, prendre des airs penchés. ⇒ Air (2. Air, infra cit. 24). — (Choses). || La chaloupe s'en allait toute penchée sous le vent d'Ouest (→ Bondir, cit. 13). || Une écriture penchée. — La tour penchée de Pise (→ Incliner, cit. 32).
13 (…) Hamilcar, en passant, reconnaissait les trirèmes qu'il avait autrefois commandées. Il n'en restait plus qu'une vingtaine peut-être, à l'abri, par terre, penchées sur le flanc ou droites sur la quille (…)
Flaubert, Salammbô, VII.
14 (…) ce petit garçon chétif que j'étais, penché sur ses dictionnaires.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, II.
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CONTR. Lever. — Droit.
DÉR. Penchant, penchement.
Encyclopédie Universelle. 2012.