perpétuité [ pɛrpetɥite ] n. f.
• 1236; lat. perpetuitas, de perpetuus
1 ♦ Littér. Durée infinie ou indéfinie, et par ext. très longue. ⇒ pérennité; perpétuel. Contribuer à la perpétuité de la race humaine. ⇒ perpétuation. « le mariage du fils intéresse la perpétuité de la famille » (Fustel de Coulanges).
2 ♦ Cour. Loc. adv. À PERPÉTUITÉ : pour toujours. Concession, fondation à perpétuité, accordée pour une durée illimitée.
♢ Spécialt Cette affaire « le ferait passible des travaux forcés à perpétuité » (Hugo). Être condamné à perpétuité, à la réclusion à perpétuité. ⇒fam. perpète (à).
⊗ CONTR. 2. Instant. Brièveté.
● perpétuité nom féminin (latin perpetuitas, -atis) Littéraire. Durée constante et longue : La perpétuité de l'espèce. ● perpétuité (expressions) nom féminin (latin perpetuitas, -atis) À perpétuité, pour toujours, pour une durée illimitée ; pour la durée de la vie. ● perpétuité (synonymes) nom féminin (latin perpetuitas, -atis) Littéraire. Durée constante et longue
Synonymes :
- éternité
- immortalité
- maintien
- pérennité
Contraires :
- brièveté
- fragilité
- mort
- précarité
perpétuité
n. f. Caractère de ce qui est perpétuel; durée perpétuelle ou très longue.
|| Loc. adv. à perpétuité: pour toujours; pour toute la vie. Détention à perpétuité.
⇒PERPÉTUITÉ, subst. fém.
A. —Caractère de ce qui est perpétuel; durée sans interruption, sans discontinuation. Synon. éternité, pérennité, permanence. Perpétuité d'une coutume, du culte des ancêtres, des espèces, d'une famille, d'une maison, d'un nom, de la race, des rites. Un second fait (...) caractérise également la famille féodale, c'est l'esprit d'hérédité, de perpétuité qui y domine évidemment (GUIZOT, Hist. civilis., leçon 4, 1828, p.18). L'Âme dans le platonisme est encore solidaire du devenir, car sa perpétuité n'est qu'une réfraction dans le temps de l'organisation éternelle (P.-J. ABOUT, Plotin, Paris, Seghers, 1973, p.15):
• 1. En résumé, Pythagore est incontestablement le père, pour notre occident, de l'idée de perpétuité de l'être, de persistance et d'éternité de la vie, et en même temps de l'idée de mutabilité de la forme, ou de changement dans les manifestations de la vie.
P. LEROUX, Humanité, 1840, p.414.
B. —À perpétuité
1. Loc. adv. ou adj.
a) Pour toujours, pour une durée indéfinie. Établir une rente à perpétuité. Cette nouvelle route, dont le gouvernement a concédé le péage à perpétuité, est la seule qui conduise de New-York à Philadelphie (CRÈVECOEUR, Voyage, t.3, 1801, p.270). Il y eut même une personne qui fit une fondation pour brûler à perpétuité des parfums dans la chapelle (BREMOND, Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.551):
• 2. Camusot, qui pleurait à chaudes larmes, jura solennellement à Lucien d'acheter un terrain à perpétuité et d'y faire construire une colonnette sur laquelle on graverait: Coralie, et dessous: Morte à dix-neuf ans (août 1822).
BALZAC, Illus. perdues, 1839, p.536.
♦Concession à perpétuité. V. concession A 1 b. P. ell. Tu vas voir les tombes dans le creux (...). J'ai toujours peur de ne pas la retrouver, ma pauvre gosse. Parce que nous n'avons pas voulu payer une perpétuité (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p.1031).
b) Pour toute la durée de la vie. Synon. éternellement, perpétuellement. Un beau matin je lui signifiai tout net que je voulais reprendre ma volée et que cela ne me convenait point d'être à perpétuité la maîtresse d'un seigneur (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.196). Je voudrais bien avoir de l'argent pour me faire bâtir ici une villa et y philosopher à perpétuité à l'ombre des orangers (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Boigne, 1870, p.150). Certains adolescents à perpétuité ne trouvent jamais en eux l'intensité du vouloir qui leur permette de secouer la séduction bourdonnante de tous les possibles (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.428).
— En partic. [En parlant d'une condamnation pénale] (Réclusion, travaux forcés) à perpétuité. À vie ou à la plus longue peine d'emprisonnement prévue par la loi. Synon. arg. à perpète. J'avais demandé la grâce d'un malheureux condamné aux galères à perpétuité, et le roi me l'avait accordée (DUMAS père, Napoléon, 1831, préf., p.6). L'article 139 du code pénal punit de la réclusion criminelle à perpétuité ceux qui auront contrefait ou falsifié les billets de banque (Billet de 100 francs, 1980, verso):
• 3. ... j'étais accusé «d'insubordination devant la troupe armée en temps de guerre», crime que le paragraphe 2 de l'article 94 du code militaire hitlérien punissait benoitement de la réclusion à perpétuité ou à temps, quand ce n'était pas de la peine de mort.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.348.
♦P. ell. Deux lieux d'esclavage; mais dans le premier la délivrance possible, une limite légale toujours entrevue, et puis l'évasion. Dans le second, la perpétuité (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.679). La perpétuité ramenée à 20 ans de réclusion pour le meurtrier mineur (L'Est Républicain, 17 déc. 1983, p.1).
2. Loc. adv., p.exagér. En permanence, sans cesse. Dans son regard brillait à perpétuité une lueur joyeuse, presque martiale (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.87).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694 et 1718: -pe-; dep. 1740: -pé-. Étymol. et Hist. a) 1236 dr., en perpetuité (Trésor des Chartes du Comté de Rethel, IV, 319, 18 ds RUNK., p.140); 1257 a perpetuité (Testament de Thibaud V ds Layettes du Trésor des Chartes, t.3, p.391); b) 1807 p.exagér., lang. cour. à perpétuité «sans cesse» (STAËL, Corinne, t.3, p.366). Empr. au lat. perpetuitas «continuité (dans l'espace et le temps), permanence». Fréq. abs. littér.:342. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 612, b) 849; XXes.: a) 424, b) 221.
perpétuité [pɛʀpetɥite] n. f.
ÉTYM. 1236; lat. perpetuitas, de perpetuus.
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I Littér. Durée infinie ou indéfinie, et, par ext., très longue, sans interruption, sans discontinuité. ⇒ Durée, pérennité; perpétuel (cit. 2). || Contribuer (cit. 2) à la perpétuité de la race humaine. ⇒ Perpétuation.
1 La perpétuité : nulle religion n'a la perpétuité.
Pascal, Pensées, IV, 289.
2 Je sentais vivement la grandeur morale d'une vie à deux assez intimement partagée pour que les actions les plus vulgaires n'y soient plus un obstacle à la perpétuité des sentiments.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 488.
3 Droit de marier le fils : le mariage du fils intéresse la perpétuité de la famille.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, II, VIII.
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II ☑ Loc. adv. (1257). À perpétuité : (cour.), pour toujours. || Concession à perpétuité (→ Exhumer, cit. 2), accordée pour une durée illimitée. || Fondation (cit. 6) à perpétuité.
4 En vous promenant dans cet élégant cimetière (du Père-Lachaise), vous verrez un terrain acheté à perpétuité, où s'élève une tombe de gazon surmontée d'une croix en bois noir (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 656.
♦ (1263). Pour toute la vie. || Avoir une charge à perpétuité. — Spécialt. || Travaux forcés (→ Contrefaire, cit. 9; falsifier, cit. 4), déportation (cit. 1), galères (cit. 8, fig.) à perpétuité. || Être condamné à perpétuité (⇒ Perpète).
5 (…) il sourit amèrement en songeant que le vol des quarante sous à Petit-Gervais le faisait récidiviste, que cette affaire reparaîtrait certainement, et, aux termes précis de la loi, le ferait passible des travaux forcés à perpétuité.
Hugo, les Misérables, I, VII, III.
♦ Ellipt. || La perpétuité : condamnation à perpétuité.
6 — Qu'est-ce qu'il risque ?
— Perpétuité.
Nous ne fîmes aucun autre commentaire.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 65.
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CONTR. Instant. — Brièveté.
DÉR. Perpète ou perpette.
Encyclopédie Universelle. 2012.