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prison

prison [ prizɔ̃ ] n. f.
XIIe; prisun, prisum « prise, capture » 1080; lat. pop. °prensio, onis, class. prehensio, onis, de prehendere
ILieu de détention.
1Établissement clos aménagé pour recevoir des délinquants condamnés à une peine privative de liberté ou des prévenus en instance de jugement. Prison d'État, où sont subies les peines de longue durée. ⇒ 2. pénitencier; maison (centrale, d'arrêt, de correction). Prison départementale. Prison cellulaire. Prison centrale. La Bastille, le Châtelet, la Conciergerie, prisons de l'Ancien Régime. vx cachot, geôle. Prison de femmes. Barreaux, murs d'une prison. « Il passa devant la prison [...] Il sonna. Un guichet s'ouvrit » (Hugo). Cellules, parloir, préau d'une prison. Gardien de prison. geôlier, arg. maton. De la prison. carcéral. Loc. fig. et fam. Aimable, gracieux comme une porte de prison : très désagréable. Triste comme une porte de prison. — EN PRISON. Être en prison (cf. fam. Au bloc, en cabane, au gnouf, à l'ombre, au placard, en taule, au trou). « Un séjour en prison de près de quatre mois vous fait oublier un peu les usages » (Aymé). Mettre qqn en prison. emprisonner, incarcérer. Sortie de prison. 3. quille. S'évader d'une prison.
Par ext. Tout local clos où l'on garde des individus enfermés. dépôt, fam. violon (cf. Salle de police). Local disciplinaire où sont détenus des soldats coupables de fautes graves contre la discipline. Lieu où qqn est retenu prisonnier, est séquestré. Loc. Vivre dans une prison dorée, richement mais privé de liberté. ⇒ cage. Bâtiment, local, dont l'aspect sinistre évoque une prison ( caserne). Ces H. L. M. sont de véritables prisons.
2Fig. et littér. Ce qui tient enfermé étroitement. Le papillon, le bourgeon sort de sa prison. « La prison des soucis et des tâches médiocres » (R. Rolland).
IIPeine privative de liberté subie dans une prison. détention, emprisonnement, réclusion. Risquer la prison. Peine de prison. Faire de la prison. « vous avez été condamné à cinq ans de prison pour avoir tué un homme, dans une querelle » (Zola). Condamné à la prison à vie. Prison pour dettes (anciennt).
Soldat puni de prison. « je vous fais attraper au rapport une augmentation de quinze jours de prison » (Courteline).
⊗ CONTR. Liberté.

prison nom féminin (latin prensio, -onis, de prehensio, action de prendre) Établissement où sont détenues les personnes condamnées à une peine privative de liberté ou en instance de jugement. Peine d'emprisonnement : Mériter la prison. Lieu quelconque où quelqu'un est ou se sent séquestré, enfermé : L'otage est resté deux mois dans sa prison. Symbole dans la langue littéraire de tout ce qui tient enfermé, contraint, fait perdre la liberté : La prison du mariage.prison (citations) nom féminin (latin prensio, -onis, de prehensio, action de prendre) Charles Victor Prévost, vicomte d'Arlincourt près de Versailles 1789-Paris 1856 Mon père, en ma prison, seul à manger m'apporte. Le Siège de Paris Robert Brasillach Perpignan 1909-Montrouge 1945 S'approche l'oiseleur avec son sac au poing : Ma vie est un oiseau aux filets du chasseur. Poèmes de Fresnes Les Sept Couleurs Commentaire Extraits d'un poème daté du 1er février 1945 ; emprisonné à Fresnes pour faits de collaboration, Brasillach allait être fusillé cinq jours plus tard. Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Mon désir n'est pas de créer l'ordre, mais le désordre au contraire au sein d'un ordre absurde, ni d'apporter la liberté, mais simplement de rendre la prison visible. Conversations dans le Loir-et-Cher Gallimard Pierre Gringore ou Pierre Gringoire Thury-Harcourt vers1475-en Lorraine vers 1539 Il n'y a point de laides amours, ni de belles prisons. Notables Enseignements, adages et proverbes Marcel Jouhandeau Guéret 1888-Rueil-Malmaison 1979 Le cœur a ses prisons que l'intelligence n'ouvre pas. De la grandeur Grasset Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 Le monde est ma prison Si je suis loin de ce que j'aime. Main-d'œuvre, le Chant des morts Mercure de France William Blake Londres 1757-Londres 1827 Les prisons sont bâties avec les pierres de la Loi, les bordels avec les briques de la Religion. Prisons are built with stones of Law, brothels with bricks of Religion. The Marriage of Heaven and Hell Nathaniel Hawthorne Salem, Massachusetts, 1804-Plymouth, New Hampshire, 1864 La fleur noire de la société civilisée : une prison. The black flower of civilized society, a prison. The Scarlet Letter, Iprison (expressions) nom féminin (latin prensio, -onis, de prehensio, action de prendre) Aimable, triste comme une porte de prison, très peu aimable, très triste. ● prison (homonymes) nom féminin (latin prensio, -onis, de prehensio, action de prendre) prisons forme conjuguée du verbe priserprison (synonymes) nom féminin (latin prensio, -onis, de prehensio, action de prendre) Établissement où sont détenues les personnes condamnées à une peine...
Synonymes :
- maison centrale
- maison d'arrêt

prison
n. f.
d1./d Emprisonnement. être condamné à trois mois de prison avec sursis.
d2./d Lieu de détention où sont enfermés les prévenus, les condamnés.
d3./d Par métaph. Ce qui enferme, retient. La prison de ses rêves.

⇒PRISON, subst. fém.
A. —Lieu de détention.
1. a) Établissement pénitentiaire clos, aménagé pour recevoir des individus condamnés par les tribunaux à une peine les privant de liberté ou des prévenus en instance de jugement; p.méton., ensemble des détenus d'un tel établissement. Synon. cabane (pop.), geôle (moins usuel), plombs (vx, littér.; v. plomb II B 8), taule (pop.). Il demande la destruction des prisons d'État, l'abolition des tribunaux exceptionnels (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p.197):
1. —J'espère, lui dit-il, que vous ne vous êtes pas trop ennuyé en prison. J'ai toujours pensé que ce qu'un homme peut rencontrer de plus utile vers la vingtième année, c'est une longue maladie ou un séjour en prison...
ARLAND, Ordre, 1929, p.440.
SYNT. Barreau, cachot, cellule, cour, parloir, préau d'une prison; cantine de prison; directeur, gardien, surveillant de prison; aumônier, visiteur de prison, temps de prison; faire de la prison; mettre, coller (fam.), fourrer (fam.) en prison; s'échapper, s'évader de prison; sortir, tirer de prison; prison de femmes; l'argot des prisons.
DR. Bris de prison.
Prison départementale (p.oppos. à prison centrale). ,,Prison (...) où se subissent les courtes peines d'emprisonnement, la détention préventive et la contrainte par corps`` (CAP. 1936).
Expr. Triste comme une porte de prison; p.antiphr., agréable, aimable, gai comme une porte de prison.
b) Local clos où l'on garde enfermés des individus pendant un temps plus ou moins long. Synon. bloc (pop.), dépôt, mitard (arg.), trou (pop.), violon (pop.). L'excellent garçon m'apportait un ordre de me rendre à la prison du secteur pour deux jours et deux nuits (VERLAINE, OEuvres compl., t.4, Prisons, 1893, p.364).
c) Prison (militaire). Local disciplinaire où sont détenus les soldats coupables de fautes contre la discipline. Tomber sur une patrouille de (...) gendarmes de la marine (...) et, pour finir, la prison maritime (L. CHEVALIER, Les Ruines de Subure, Paris, R. Laffont, 1985, p.24).
2. P. ext. Lieu dans lequel quelqu'un est retenu prisonnier, enfermé ou séquestré. À cet homme, accusé de haute trahison Je veux bien accorder sa chambre pour prison (DUMAS père, Christine, 1830, IV, 8, p.274).
3. P. anal. Bâtiment, souvent austère et sombre, dans lequel on se sent à l'écart de la vie normale. Tu as froncé le sourcil tout à l'heure en rencontrant du regard ce mot:collège (...). Encore, toi qui fus externe, tu ne les connais que par le dehors, ces odieuses prisons (BOURGET, Ét. angl., 1888, p.180). Dargelos renvoyé, Condorcet devenait une prison (COCTEAU, Enfants, 1929, p.53).
4. P. anal. ou au fig. Ce qui tient serré, ce qui enferme étroitement. Prison dorée.
a) Domaine concr. Ses cheveux (...) se trouvaient si harmonieusement coiffés qu'ils tenaient dans une gracieuse prison de dentelle (L. DAUDET, Voy. Shakesp., 1896, p.50). Les ruisseaux avaient rompu leurs prisons de glace au souffle du printemps (BARRÈS, Colline insp., 1913, p.339).
Pop., vx. La prison de Saint-Crépin (patron des cordonniers). Des souliers étroits, qui blessent les pieds. (Dict. XIXe et XXes.).
b) [À propos du corps, p.oppos. à l'âme]:
2. Ah! prison de chair, je te maudis! Pourquoi es-tu là? Voyons! Que fais-tu, misérable charogne vivante, qui traînes ta pourriture par les rues, qui bois, qui manges, qui dors et qui jouis? Pourquoi suis-je attaché à ce cadavre qui me traîne sur la terre, moi qui veux voler dans les cieux et partir dans l'infini? Qu'avais-tu donc fait, pauvre âme, pour venir là, dans la prison de ce corps, où tu bats en vain des ailes que tu brises aux parois qui t'entourent?
FLAUB., Smarh, 1839, p.116.
Vivre dans une prison dorée. Vivre dans des conditions très confortables mais sans liberté. (Dict. XXes.).
B.P. méton. État d'un individu privé de liberté.
1. Peine privative de liberté, subie dans une prison; p.méton., durée de cette peine. Synon. détention, emprisonnement, réclusion. Faire de la prison; risquer la prison; condamné à la prison à perpétuité. La femme convaincue [d'adultère] pourrait être condamnée à la prison pour la vie. Si le mari avait été absent plus de deux ans, la femme ne pourrait être condamnée qu'à une prison de quelques années (STENDHAL, Amour, 1822, p.228). [Au Royaume-Uni] les divulgations de secrets atomiques en temps de paix sont passibles de peines de cinq ans de prison au maximum, beaucoup moins sévères qu'aux États-Unis (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p.72).
Prison préventive; prison pour dettes.
2. Au fig. État de contrainte, d'isolement. Le bonheur est une forte prison (CLAUDEL, Cantate1913, p.332). Infirme et condamné à la prison perpétuelle, j'ai tout d'un coup conçu un amour immense et inégalable (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p.140).
En partic. [En parlant de l'amour] Ils ne songeaient qu'à eux-mêmes, (...) enfermés dans cette prison où l'on ne sait plus rien du monde, où l'on ne voit plus rien qu'un être (MAUPASS., Notre coeur, 1890, p.372).
REM. Prison-, -prison, élém. de compos. entrant dans la constr. de qq. subst. [Corresp. à supra A] a) Hôpital-prison, subst. masc.; prison-hôpital, subst. fém. Il fallait absolument faire quelque chose pour une jeune Chilienne (...) qui devait finalement accoucher d'un enfant mutilé (...), il fallait la sortir de son hôpital-prison (F. Magazine, juill. 1979, p.25, col. 2). La passion et l'entêtement qui nous animaient pour sortir cette jeune femme-enfant [Carmen Castillo] de sa prison-hôpital (Le Nouvel Observateur, 28 juin 1980, p.13, col. 1). b) Prison-modèle, subst. fém. Nous avons vu l'effet de la solitude et de l'oisiveté conjuguées dans cette prison-modèle, si proprette qu'elle en est presque pimpante (Le Nouvel Observateur, 5 avr. 1976, p.75, col. 3). c) Usine-prison, subst. fém. L'usine-prison, noire, aux vitres jamais lavées, entourée de hauts murs comme pour bien prouver aux ouvriers qu'ils étaient des forçats (M. RAGON, Les Quatre murs, 1966, p.63 ds GILB. 1980).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 prisun «prise, capture» (Roland, éd. J. Bédier, 1886); ca 1140 prisun «emprisonnement, captivité» (GEFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5696); b) ca 1100 meiner en sa prisun «emmener captif» (Roland, 3680); ca 1140 jeter en prisun «mettre en captivité» (GEFFREI GAIMAR, op. cit., 5703); 1155 tenir en prison «tenir en captivité» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 2064); 1160-74 mettre en prison «mettre en captivité» (ID., Rou, éd. A. J. Holden, III, 4220); 1176 garder an prison «garder en captivité» (CHRÉTIEN DE TROIE, Cligès, éd. A. Micha, 1343); c) ca 1165 prison «service amoureux auprès d'une dame» (Troie, 1597 ds T.-L.); d) expr. 1640 attrayant comme la porte d'une prison (OUDIN Curiositez); 1842 triste comme la porte d'une prison (MUSSET, Poésies nouvelles, Le mie prigioni ds OEuvres, éd. Ph. Van Tieghem, p.192); 2. ca 1140 prisun «prisonnier, captif» (GEFFREI GAIMAR, op. cit., 699); 3. ca 1210 subst. masc. «lieu de détention» (RAOUL DE HOUDENC, Méraugis, éd. M. Friedwagner, 5666). Du lat. pre(n), acc. de pre(n), contraction de «action d'appréhender au corps» (prendre), devenu preison, puis prison, sous l'infl. de pris, part. passé de prendre. A éliminé au sens de «prison» chartre et geôle. Fréq. abs. littér.:4553. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 9518, b) 5517; XXes.: a) 5067, b) 5237.

prison [pʀizɔ̃] n. f.
ÉTYM. Déb. XIIe; prisun, prisum « prise, capture », 1080, Chanson de Roland; du lat. pop. prensio, -onis, lat. class. prehensio, -onis, de prehendere. → Prendre.
———
I Lieu de détention.
1 Établissement, local clos aménagé pour recevoir des délinquants condamnés à une peine privative de liberté ou des prévenus en instance de jugement. Maison (vx), 2. chartre (vx), geôle (littér.); fam. taule; (argot) 2. ballon. || La prison de la Santé. || Prison de femmes. || Prison d'État, où sont purgées les peines de longue durée. Bagne (vx), force (maison de), anciennt; 2. pénitencier; pénitentiaire (centre). || Prison centrale. 1. Central (maison, prison centrale); centrale. || Prison départementale. || Prévenu écroué à la prison du chef-lieu d'arrondissement. Arrêt (maison d'); (vx) justice (maison de). || Organisation et terminologie des prisons, en France : maisons centrales (hommes) et centres pénitentiaires (femmes; catégories spéciales de condamnés); maisons d'arrêt et maisons de correction (souvent regroupées). || Évasion par bris de prison. || Régime, règlement des prisons. || Prison cellulaire (cit. 1; → Consommer, cit. 3). || Cachots (cit. 1), cellule (cit. 4) de punition d'une prison non cellulaire. || Quartiers de haute surveillance des prisons. || Coupables détenus (cit. 7) dans les prisons. Prisonnier. || Prison militaire ( Forteresse).Hist. || La Bastille, le Châtelet, la Conciergerie (cit. 2), prisons de l'Ancien Régime. || La pistole dans les prisons d'autrefois. || Prisons de Venise. Plomb (supra cit. 7).Prisons de Rome ( Ergastule), de Syracuse ( Latomies), etc.Mes prisons, ouvrage de Silvio Pellico.
1 Il y avait bien d'autres prisons, mais celle-ci (la Bastille), c'était celle de l'arbitraire capricieux, du despotisme fantasque, de l'inquisition ecclésiastique et bureaucratique. La cour (…) avait fait de la Bastille le domicile des libres esprits, la prison de la pensée.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, VII.
2 Le règlement général des prisons dit que tout détenu qui commet un délit ou un crime subira sa peine dans l'établissement où il le commit (…) Je vous rappelle qu'à l'intérieur des prisons, il existe des moyens de répression : le plus simple est la privation de cantine, puis le pain sec, le cachot, et la salle de discipline pour les Centrales.
Jean Genet, Miracle de la rose, Œ. compl., t. II, p. 213.
2.1 Au détenu la prison offre le même sentiment de sécurité qu'un palais royal à l'invité d'un roi. Ce sont les deux bâtiments construits avec le plus de foi, ceux qui donnent la plus grande certitude d'être ce qu'ils sont — qui sont ce qu'ils voulurent être, et le demeurent. La maçonnerie, les matériaux, les proportions, l'architecture sont en accord avec un ensemble moral qui laisse indestructibles ces demeures tant que la forme sociale dont ils sont le symbole tiendra. La prison m'entoure d'une garantie parfaite. Je suis sûr qu'elle fut construite pour moi — avec le palais de justice, sa dépendance, son monumental vestibule.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 93.
Barreaux, guichet (cit. 3), murs (cit. 3) d'une prison. || Gardien, surveillant de prison ( Geôlier; argot 3. gaffe, maton). || Cantine, parloir, préau (cit. 2) d'une prison. || L'argot des prisons (→ Curieux, cit. 10; mouton, cit. 18 et 19).
3 Une voiture cellulaire les déposa à la prison (…) À Mazas (…) Le greffe franchi, on conduisit chacun d'eux par une galerie-balcon suspendue dans l'obscurité sous une longue voûte humide jusqu'à une porte étroite (…) Le représentant ainsi cloîtré se trouvait dans une petite chambre, longue, étroite, obscure. C'est là ce que la langue pleine de précautions que parlent aujourd'hui les lois, appelle une « cellule » (…) des murs blanchis à la chaux et verdis çà et là par des émanations diverses, dans un coin un trou rond garni de barreaux de fer et exhalant une odeur infecte, dans un autre coin une tablette tournant sur une charnière (…) pas de lit, une chaise de paille. Sous les pieds un carreau en briques (…) Une cloche de la prison sonnait, le guichet de la porte s'ouvrait, un bras tendait au prisonnier une écuelle d'étain et un morceau de pain (…) Le pain était noir et gluant, l'écuelle contenait une espèce d'eau épaisse, chaude et rousse.
Hugo, Histoire d'un crime, I, XV.
4 (…) on commence par le décréter de prise de corps : on l'eût arraché de son lit pour le traîner dans les mêmes prisons où pourrissent les scélérats (…)
Rousseau, Lettre à Mgr de Beaumont, 18 nov. 1762.
En prison. || Être en prison. (littér.) Cage (en), fer (dans les fers); (fam., pop.) bloc (au), cabane (en), ombre (à l'ombre), placard (au), taule (en). || Mettre, faire mettre, (fam.) coller (cit. 8), fourrer (cit. 8) qqn en prison. Emprisonner, incarcérer.
5 Un séjour en prison de près de quatre mois vous fait oublier un peu les usages. Est-ce que vous avez été en prison ? (…) Je pense que les hommes appelés à en juger d'autres devraient avoir fait un stage de deux ou trois mois en prison.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 11.
De prison. || Extraire, tirer, sortir, faire sortir qqn de prison (→ Détrôner, cit. 1).Un échappé de prison. Évadé. || Condamné gracié (cit.) qui sort de prison. || Sortie de prison. Libération.
Local clos où l'on garde des individus enfermés (plus ou moins longtemps). || Vagabond que les gendarmes, la police emmènent en prison. Chambre (de sûreté), dépôt; et pop. cabane, gnouf, trou, violon.Spécialt. || Prison des anciens monastères. In-pace.
6 Crainquebille, dont l'arrestation fut maintenue, passa la nuit au violon et fut transféré, le matin, dans le panier à salade, au Dépôt. La prison ne lui parut ni douloureuse ni humiliante (…) Ce qui le frappa en entrant ce fut la propreté des murs et du carrelage.
France, Crainquebille, II.
Milit. Local disciplinaire où sont détenus et soumis au régime cellulaire des soldats coupables de fautes graves contre la discipline (→ argot milit. Grosse caisse).
Loc. fig. Être aimable, gracieux comme une porte (1. Porte, cit. 23) de prison, très désagréable.
Lieu où qqn est retenu prisonnier, est séquestré.
7 (…) ce même calme inerte et domestique que je goûtais à la (Albertine) voir ainsi lourde, empourprée, opulente et captive, rentrer tout naturellement avec moi, comme une femme que j'avais à moi, et, protégée par les murs, disparaître dans notre maison. Malheureusement elle semblait s'y trouver en prison et être de l'avis de cette Mme de La Rochefoucauld qui, comme on lui demandait si elle n'était pas contente d'être dans une aussi belle demeure que Liancourt, répondit qu'« il n'est pas de belle prison » (…)
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 176.
Loc. Vivre dans une prison dorée, richement mais privé de liberté.
Bâtiment, local dont l'aspect sombre et sinistre évoque une prison. || Ces H. L. M. sont de véritables prisons.
2 Par métaphore. Ce qui tient serré, enveloppe, enferme étroitement. || La mer des fiords (cit. 1) dans sa prison de pierre. || Pieds (cit. 2) comprimés dans la prison des chaussures.Fam. et vx. || La prison de Saint-Crépin (patron des cordonniers) : des souliers étroits, qui blessent les pieds.
8 (…) elle prenait ses bottines si étroites, qu'elle souffrait le martyre dans la prison de Saint-Crépin (…)
Zola, l'Assommoir, XI, t. II, p. 156.
(Abstrait). Geôle. || Sortir de la prison des chimères (→ Évader, cit. 5, Hugo). || Inspiration enchaînée (cit. 8) dans l'étroite prison de la rime ( Limite).Le corps, prison de l'âme. || « Mon âme (cit. 24) est à l'étroit dans sa vaste prison » (Lamartine). || « L'inclination nous enchaîne (cit. 6) et nous jette dans une prison » (Bossuet).
9 (…) car ce corps jà grison
Ce n'est pas moy, ce n'est que ma prison (…)
Clément Marot, Épigrammes, CLXXVII.
10 Plus étroite se resserrait autour de Christophe la prison des soucis et des tâches médiocres plus son cœur révolté sentait son indépendance.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, I, p. 142.
———
II (1080, prisun). État d'un individu privé de sa liberté; le fait d'être détenu. Emprisonnement.
1 Vx. État de captif; captivité; durée d'une captivité. || Racheter sa liberté (cit. 3) après une longue prison.
11 Si troublant tous les Grecs, et vengeant ma prison,
Je pouvais contre Achille armer Agamemnon (…)
Racine, Iphigénie, IV, 1.
Par métaphore. Poét., vx. État d'une personne soumise au joug amoureux.
2 Mod. Peine privative de liberté subie dans une prison (I., 1.). Emprisonnement, réclusion. || Risquer la prison (→ Pincer, cit. 20; et aussi gendarme, cit. 4). || Être condamné à la prison perpétuelle. || Peine de prison (→ Équivaloir, cit. 5; interdiction, cit. 1). || Cinq ans de prison (→ Mariolle, cit. 5). || Faire de la prison. || Tirer un an de prison.Spécialt. Anciennt. || Prison préventive. Prévention. || Prison pour dettes.
12 « — Vous êtes très violent, vous avez été condamné à cinq ans de prison pour avoir tué un homme, dans une querelle ». Cabuche baissa la tête (…) Il murmura : « — (…) Je n'ai fait que quatre ans, on m'a gracié d'un an ».
Zola, la Bête humaine, IV.
Milit. || Soldat puni de prison, qui fera huit jours de prison.
13 (…) je vous porte quarante-huit heures de salle de police (…) et je vous fais attraper au rapport une augmentation de quinze jours de prison (…)
Courteline, le Train de 8 h 47, VI.
CONTR. Liberté.
DÉR. et COMP. Emprisonner. — Prisonnier.

Encyclopédie Universelle. 2012.