rébarbatif, ive [ rebarbatif, iv ] adj. ♦ Qui rebute par un aspect rude, désagréable. ⇒ rebutant, repoussant. Un air rébarbatif. ⇒ revêche. Ces chaînes « donnent à l'église un faux air de prison assez étrange et rébarbatif » (Gautier).
♢ (1670) Fig. Difficile et ennuyeux. Livre, sujet rébarbatif. ⇒ aride, ingrat. « Voilà des mots qui sont trop rébarbatifs » (Molière).
⊗ CONTR. Affable, engageant; attirant, attrayant, séduisant.
● rébarbatif, rébarbative adjectif (ancien français rebarber, faire face) Se dit d'une attitude rude et rebutante ; revêche. Qui manque d'attrait, ennuyeux : Un sujet de narration rébarbatif. ● rébarbatif, rébarbative (synonymes) adjectif (ancien français rebarber, faire face) Se dit d'une attitude rude et rebutante ; revêche.
Synonymes :
- dur
- hargneux
- revêche
- sévère
Contraires :
- affable
- aimable
- amène
- avenant
- charmeur
- gentil
Qui manque d'attrait, ennuyeux
Synonymes :
- aride
- ingrat
- rebutant
Contraires :
- amusant
- intéressant
- plaisant
- prenant
rébarbatif, ive
adj. Qui rebute par son aspect peu avenant. Visage rébarbatif.
|| Fig. Texte rébarbatif, d'une lecture difficile et ennuyeuse.
⇒RÉBARBATIF, -IVE, adj.
A. — À l'aspect rude et rebutant.
1. [En parlant d'une pers.] Synon. revêche, sévère; anton. aimable, engageant. Air, aspect rébarbatif; mine rébarbative. Monsieur de Reybert, un homme de cinquante ans à figure rébarbative, était venu accompagné (...) du notaire qui tenait une liasse de pièces et de titres (BALZAC, Début vie, 1842, p. 411). Je me retourne violemment, les yeux féroces, et si rébarbative que mon cousin l'Oncle éclate de rire (COLETTE, Cl. Paris, 1901, p. 200).
2. [En parlant d'une chose concr.] Nous étions plantés devant la façade rébarbative du garde-meubles des Magasins généraux dont les grands bâtiments tout neufs, en béton armé et percés d'aucune fenêtre barraient le bout des quais au fond du port (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 249). Au milieu du bois d'yeuses nous découvrons une construction rébarbative du XVe siècle (GIONO, Voy. Ital., 1953, p. 223).
B. — [En parlant d'une chose abstr.] Qui manque d'attrait, ennuyeux. Synon. aride, ingrat; anton. attrayant, plaisant, prenant. Sujet de devoir rébarbatif; études rébarbatives. Des Esseintes regardait, effaré, écoutant sonner les noms rébarbatifs des plantes vertes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 122). Je commençais (...) par être un cancre, mot affreux, sens large et plus clément que rébarbatif au fond (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 60).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-i:v]. Ac. 1694: rebarbatif; dep. 1718: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) Fin XIVe s. « au poil hérissé; rude, qui rebute » (JEAN FROISSART, Chron., III, § 107, éd. L. et A. Mirot, t. 13, p. 23, 4: ils sont plus rabarbatifz que singes qui mengent porée et enfans leur veulent tollir); 1554 (THEVET, Cosmogr., I, 6 ds HUG.: Le peuple est rhabarbatif, n'ayant aucune civilité en soy); 1588 mine rebarbative (MONTAIGNE, Essais, III, 5, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 844); b) 1635 orgueil rubarbatif (Trad. de Melle de Gournay, à la suite des Essais de Montaigne, p. 695 ds GDF. Compl.); 2. 1670 « (d'une chose) ennuyeux » mots rebarbatifs (MOLIÈRE, Bourgeois gentilhomme, II, 4). Dér., à l'aide du suff. -(at)if, du verbe a. fr. rebarber « s'opposer, tenir tête » (ca 1250 intrans. Doon de Mayence, 178 ds T.-L.; 2e moit. XIIIe s. Gaufrey, 307, ibid.) dér. de barbe, proprement « se dresser barbe contre barbe » (le préf. re- exprimant une oppos.; dés. -er). Les formes en ra- et en ru- sont dues à des altér., v. aussi HUG. Fréq. abs. littér.:96. Bbg. SAIN. Sources t. 3 1972 [1930], pp. 409-410.
rébarbatif, ive [ʀebaʀbatif, iv] adj.
ÉTYM. V. 1360, Froissart; de l'anc. franç. se rebarber « faire face, tenir tête », proprt barbe contre barbe, ou encore (P. Guiraud) de barbatus, re- correspondant à re(brousser), avec l'idée de « à contre-poil, revêche ».
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1 Qui rebute par un aspect rude et comme hérissé. ⇒ Brusque, dur, farouche (cit. 13), rebutant, repoussant, revêche, rude. || Mine rébarbative. ⇒ Hargneux. || Air rébarbatif (→ Ex-voto, cit. 1). Par ext. || La disgrâce (cit. 11) rébarbative d'une certaine architecture.
1 J'aime une sagesse gaie et civile, et fuis l'âpreté des mœurs et l'austérité, ayant pour suspecte toute mine rébarbative (…)
Montaigne, Essais, III, V.
1.1 Clément, dont le nom peignait on ne saurait moins la figure, était un homme de quarante-huit ans, d'une grosseur énorme, d'une taille gigantesque, le regard sombre et farouche, ne s'exprimant qu'avec des mots durs élancés par un organe rauque, une vraie figure de satyre; l'extérieur d'un tyran; il me fit trembler (…) Que voulez-vous, me dit ce Moine, avec l'air le plus rébarbatif, est-ce là l'heure de venir dans une église ?
Sade, Justine…, t. I, p. 138.
2 (…) deux ou trois vieilles moustaches grises boudant obstinément sous leur vernis jaune, et gardant, malgré tout, les mines rébarbatives dont le peintre les avait dotées.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, II.
2 (Mil. XVIIe). Difficile et ennuyeux. ⇒ Aride. || Études, sujets rébarbatifs. ⇒ Ingrat (→ fam. Barbant).
3 Voilà des mots qui sont trop rébarbatifs. Cette logique-là ne me revient point. Apprenons autre chose qui soit plus joli.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
4 Chose singulière, le dynamisme juif, transposé en protestation sociale, se retrouve jusque dans la technique la plus rébarbative, qu'il semble parfois, comme dans le cas de Karl Marx, enflammer de sa passion.
André Siegfried, l'Âme des peuples, Conclusion, I.
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CONTR. Accort, affable, aimable, cajoleur, engageant. — Attachant, attirant, attrayant, séduisant.
Encyclopédie Universelle. 2012.