résister [ reziste ] v. tr. ind. <conjug. : 1>
• 1327 sens II; lat. resistere, de sistere « s'arrêter »
♦ RÉSISTER À.
I ♦ (En parlant de ce qui est matériel ou passif)
1 ♦ (Choses) Ne pas céder sous l'effet de (une force). Ces murailles épaisses ont résisté au séisme. — Absolt « Je saisis une branche [...] et je tirai. Elle résista, plia, craqua, mais tint bon » (Bosco). « La porte résista battue avec fureur » (Hugo).
♢ Ne pas s'altérer sous l'effet de. Plat qui résiste au feu. « Ce bois [le cèdre] résiste à l'action de l'eau pendant cent ans et plus » (Jarry). « Les couleurs presque inaltérables [...] ont résisté aux siècles, gardé leur éclat » (Loti).
2 ♦ (Êtres vivants) Ne pas être détruit, ne pas être affaibli par (ce qui menace l'organisme). Résister à la fatigue. « Il faut que j'aie un tempérament herculéen pour résister aux atroces tortures où mon travail me condamne » (Flaubert). ⇒ souffrir, 1. supporter. Il a bien résisté (cf. Tenir le coup). Plante rustique qui résiste au gel, à la sécheresse.
3 ♦ Vieilli Supporter sans faiblir (ce qui est moralement pénible, dangereux). « Quoiqu'à peine à mes maux je puisse résister » (P. Corneille).
4 ♦ (Choses abstraites) Se maintenir, survivre. La douleur résiste au temps. ⇒ durer. L'amour ne résiste pas à l'habitude. « Ça n'est pas grand-chose, la confiance, quand ça ne résiste pas à huit jours d'attente » (Sartre).
♢ (En parlant d'une idée, d'une affirmation) Des « accusations qui ne résistaient pas cinq minutes à l'examen » (Martin du Gard).
II ♦ (En parlant de ce qui est actif, volontaire)
1 ♦ Faire effort contre l'usage de la force. Il « le poussa vers la porte, Philippe voulut résister » (Sartre). Il résista aux agents qui venaient le chercher. ⇒ se débattre.
♢ S'opposer par les moyens de la guerre. ⇒ se défendre (cf. Faire front). Résister à une offensive, à l'envahisseur. Résister pied à pied. « Les Cambriens ont résisté deux cents ans par les armes, et plus de mille ans par l'espérance » (Michelet). ⇒ tenir. Les Allemands « s'apprêtent [...] à résister tout le temps qu'il faudra » (A. Gide).
2 ♦ S'opposer à (ce qui contrarie les désirs, menace la liberté). « Souffrez que je résiste à votre volonté » (Molière). « Il est des cas où le gouvernement a le droit et le devoir de résister à l'opinion » (Renan). ⇒ lutter (contre). Résister à l'oppression. ⇒ se révolter; résistance. Rien ne lui résistait.
3 ♦ Faire front à (qqn). Elle résiste à son père. Il n'aime pas qu'on lui résiste. ⇒ désobéir. — Spécialt Repousser le désir de (qqn). « Oui, morte ! Elle me résistait, je l'ai assassinée » (A. Dumas) .
4 ♦ S'opposer à (ce qui plaît, séduit). « Elle ne résistait pas au bon marché [...] elle achetait sans besoin » (Zola). « Sans dot [...] Le moyen de résister à une raison comme celle-là ? » (Molière).
♢ Lutter contre (un sentiment, un désir). Résister à ses passions. « Une tentation commençait [...] J'y résistais, en sachant que j'y succomberais » (Bourget). Il « n'avait pas résisté [...] à l'envie de contrôler l'absence de son fils » (Aragon). Absolt Je ne résiste pas, je craque ! — Vx ou littér. (suivi de l'inf.) Se refuser à. « Je ne suis pas amateur de prémonitions; je résiste à croire à ces attractions mystérieuses » (Valéry).
⊗ CONTR. Céder, fléchir. — Capituler, rendre (se), succomber.
● résister verbe transitif indirect (latin resistere, se tenir ferme) S'opposer par la force à celui ou à ceux qui emploient des moyens violents : Résister à un agresseur, à un assaut. S'opposer à quelqu'un, à sa volonté : Résister aux pressions de l'opinion publique. S'opposer à une force armée d'occupation, et en particulier, participer à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Lutter pour ne pas succomber à ce qui attire, séduit : Il a résisté à des offres alléchantes. Supporter victorieusement des épreuves physiques ou morales : Pouvoir résister à la fatigue. Ne pas être atteint par les effets des actions auxquelles quelque chose est soumis : Argumentation qui ne résiste pas à l'analyse. Opposer une résistance : Il y a quelque chose qui résiste dans la serrure. En parlant d'un cheval, se contracter pour ne pas obéir aux indications des aides du cavalier. ● résister (citations) verbe transitif indirect (latin resistere, se tenir ferme) François Andrieux Strasbourg 1759-Paris 1833 Les rois malaisément souffrent qu'on leur résiste. Le Meunier sans souci Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 Aller jusqu'au bout, ce n'est pas seulement résister, mais aussi se laisser aller. Carnets Gallimard Jean-François Casimir Delavigne Le Havre 1793-Lyon 1843 Académie française, 1825 Aimez qui vous résiste et croyez qui vous blâme. Louis XI Alexandre Dumas Villers-Cotterêts 1802-Puys, près de Dieppe, 1870 Oui ! morte ! Elle me résistait… je l'ai assassinée!… Antony, V, 4, Antony Eugène Ionesco Slatina 1912-Paris 1994 Les résistants hésitent. Les hésitants résistent. Notes et Contre-notes Gallimard ● résister (synonymes) verbe transitif indirect (latin resistere, se tenir ferme) S'opposer par la force à celui ou à ceux qui...
Synonymes :
- réagir
- se débattre
- se défendre
Contraires :
- fuir
- lâcher pied
- obéir
- reculer
- suivre
S'opposer à quelqu'un, à sa volonté
Synonymes :
- désobéir
- regimber (littéraire)
- se rebiffer (familier)
- se révolter
- tenir tête
Contraires :
- se plier
Lutter pour ne pas succomber à ce qui attire, séduit
Contraires :
- céder
Supporter victorieusement des épreuves physiques ou morales
Synonymes :
- endurer
- lutter
- se mesurer à
- soutenir
Contraires :
- dépérir
- mourir
- périr
Ne pas être atteint par les effets des actions auxquelles...
Contraires :
- s'écrouler
Opposer une résistance
Contraires :
- céder
résister
v. tr. indir. Résister à.
d1./d (Sujet n. de chose.) Ne pas céder, ne pas se détériorer sous l'action de. Matériaux qui résistent aux chocs, aux acides.
|| (Abstrait) Leur amitié a résisté aux années.
d2./d (Sujet n. de personne.) Avoir les forces nécessaires pour supporter (ce qui affaiblit). Résister à la maladie.
d3./d Se défendre contre, s'opposer par la force à.
d4./d Ne pas se plier à la volonté de (qqn). Personne n'ose lui résister.
d5./d Tenir ferme contre (ce qui porte vers qqn, qqch). Résister à une impulsion.
⇒RÉSISTER, verbe trans. indir.
I. — [Le suj. désigne un inanimé] Faire obstacle à une action ou à une force.
A. — Ne pas céder sous l'effet d'une force.
— Qqc. résiste à qqc. Béton, bois, métal qui résiste à la compression, à l'écrasement, à la pression. Il n'y a que le vieux chêne qui résiste à toutes les tempêtes (DUMAS père, P. Jones, 1838, V, 2, p. 193). Une hutte primitive toute pétrie de terre, bien assise sur la terre pour résister au vent (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 71).
— Absol. L'acier est incontestablement celui de tous les métaux qui résiste le mieux (VERNE, Île myst., 1874, p. 466).
B. — Ne pas s'altérer sous l'effet d'un agent extérieur. Métal qui résiste à la corrosion de l'eau; pierre dure qui résiste à l'érosion; vase qui résiste au feu. Nos bâtiments (...) pouvaient résister aux grosses mers que nous aurions à parcourir (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 41). [La fonte] paraît résister à la rouille beaucoup mieux que le fer (RÉSAL, Ponts métall., t. 1, 1885, p. 492).
— BOT. Le blé peut résister à des cas exceptionnels de sécheresse parce qu'il a la faculté de faire pénétrer ses racines jusqu'à une profondeur de 1 m 70 à 2 mètres (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 133). Une vigne vigoureuse résiste mieux qu'une vigne faible, une vigne âgée mieux qu'une jeune vigne (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 99).
II. — [Le suj. désigne un animé ou une entité en relation avec un animé] Qqn résiste à qqc., à qqn
A. — Supporter quelque chose, tenir victorieusement contre quelque chose.
1. [Le suj. désigne le corps physique] Supporter sans dommage grave les effets d'une contingence naturelle ou d'une épreuve physique.
a) Qqn résiste à (une force naturelle). Résister à la force de l'eau, du vent. John Mangles démarra le radeau (...). Tout alla bien pendant une quinzaine de toises. Wilson résistait à la dérive (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 249). Absol. Elle avait peur de perdre pied. Le courant la poussait, la faisait dériver, la forçait à s'incliner, à résister, à lui opposer tout son poids (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 340).
b) Qqn résiste à (des conditions climatiques, des privations vitales, des maladies). Résister à la chaleur, à la fatigue, au froid, au poison, au sommeil, à la souffrance, à la torture. L'organisme semble acquérir par accoutumance la faculté de résister aux maladies, comme il acquiert la faculté de résister à l'action graduée des poisons et des venins (BRETONNEAU, Inflamm. tissu muqueux, 1826, p. 55). Absol. Ce n'est point ma faute si le corps humain ne peut résister trois jours sans boire. Je ne me croyais pas prisonnier ainsi des fontaines (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 237).
— Fam. On n'y peut plus résister. Il fait ici une si grande fumée, qu'on n'y saurait résister (Ac. 1798-1878).
2. [Le suj. désigne la pers. morale, sa force d'âme] Supporter les épreuves. Résister aux catastrophes, aux chagrins, aux peines, aux vicissitudes; résister au destin, au malheur, au mauvais sort. Sa grande âme résistait à tout et contribuait même à le tromper sur son corps; mais nous pouvions le voir dépérir à vue d'œil (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 454). Tout d'un coup ma grand'mère se dressa à demi, fit un effort violent, comme quelqu'un qui défend sa vie. Françoise ne put résister à cette vue et éclata en sanglots (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 345).
3. [Le suj. désigne un sentiment, une chose abstr.] Durer, demeurer vivace en dépit des causes d'usure et de destruction. Synon. persister. Résister à l'absence, à l'éloignement, au mensonge, à la séparation. Les calomnies mordent difficilement sur l'amitié; mais quelle amitié résisterait à une suite de rêves qui y serait contraire? (ALAIN, Propos, 1921, p. 332). L'œuvre fondée sur le temps résiste elle-même au temps, ayant puisé dans la durée laborieuse dont elle était le fruit de quoi durer à son tour (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 152).
♦ Ne pas résister à l'analyse, à l'examen. Être peu solide, sans force probante. Synon. ne pas tenir à... Tous ces gens savent que la calomnie ne peut pas résister à cinq minutes d'examen (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 214).
— Absol. J'ai donné à la lecture beaucoup d'heures que j'aurais pu donner à mes livres, mais c'était ma façon d'élever ce que j'appelle la digue et de résister (GREEN, Journal, 1949, p. 313):
• 1. ... les circonstances étaient défavorables (...)? Résister, toujours résister, et prendre son point d'appui en soi-même. C'est aussi une circonstance que le courage d'un honnête homme, et personne ne saurait prévoir ce qu'elle peut entraîner.
STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 329.
B. — Répondre à quelqu'un (ou à quelque chose) en refusant explicitement ou implicitement son action, son projet; l'action qui en découle.
1. Opposer de la résistance, se défendre par les armes, par les moyens de la guerre. Résister à un agresseur, à un assaut, à une attaque, à la cavalerie, à un ennemi, à une offensive. Cyrus Smith ne pourrait évidemment pas résister à cinquante bandits, armés de toutes pièces (VERNE, Île myst., 1874, p. 434):
• 2. À la suite de ce triomphe, il s'empara de toute l'Alsace, et il avait osé concevoir le projet de s'y maintenir et de s'en déclarer le souverain, en résistant à la fois aux armées françaises et aux forces impériales.
CONSTANT, Wallstein, 1809, notes hist., p. 198.
— Absol. Résister opiniâtrement, vaillamment, victorieusement; résister jusqu'au sang, jusqu'à la mort. C'est effectivement dans l'islam que ce peuple afghan maintient sa cohésion et puise la force morale qui lui permet de résister (Le Figaro Magazine, 5 déc. 1987, p. 18, col. 1).
2. Se rebeller contre une autorité physique ou morale ressentie comme abusive. Résister à sa famille, à l'oppression, au pouvoir. Ce destin est grave, je vous l'accorde. C'est celui du Christ qu'on cloue sur la croix parce qu'il résiste à la police romaine, de sainte Jeanne qu'on brûle parce qu'elle résiste à l'Église militante (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p. 228):
• 3. ... quand Mme Stevens avait décidé quelque chose, il n'y avait plus qu'à se résigner: nul ne pouvait lui résister. Elle était la forte tête de la famille; (...) elle dirigeait tout: son mari, sa fille, et ses amants...
ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 783.
♦ Absol. Volat (...) reparut aussitôt, tirant après soi la fillette: elle résistait, la tête dans son bras replié sous la menace des coups attendus (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 91).
♦ Résister à l'impôt. Refuser de payer tout ou partie de l'impôt. Quand le travail manque, quand le commerce est nul, le contribuable résiste à l'impôt par pénurie, épuise et dépasse les délais (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 220).
♦ ,,Ce cheval résiste au cavalier. Le cavalier a de la peine à le faire obéir`` (Ac.). Ce ne fut pas sans résister, sans se cabrer, sans hennir violemment, que le cheval de Thalcave se résigna à garder le pas (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 169).
— [Pendant la Seconde Guerre Mondiale] Participer à la lutte contre les armées allemandes d'occupation. De Gaulle (...) a été le premier, à une époque où presque tous désespéraient, à proclamer qu'il fallait résister, à refuser de rendre les armes (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 262). Résister à qqc. Je me souviens très bien encore que, pour résister à ce régime fasciste et policier (...) nous avions (...) créé une sorte d'Université libre, c'est-à-dire, clandestine, qui se réunissait dans l'arrière salle d'un café (L'Arc, 1979, n ° 75, p. 62).
C. — Repousser des avances amoureuses. Résister aux assiduités, à l'insistance de qqn. Infâme!... Que vois-je?... Adèle!... morte!... Antony: Oui, morte! Elle me résistait, je l'ai assassinée! (DUMAS père, Antony, 1831, V, 4, p. 226). Elle s'était mis à l'aguicher. Est-ce qu'on peut faire autrement, seule avec un homme quand la nuit tombe? (...) Il ne résistait pas, d'ailleurs. Il était amoureux perdu (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 429).
D. — 1. S'opposer à ce qui plaît, à ce qui attire mais qui est jugé raisonnablement ou moralement négatif ou mauvais. Résister à la facilité, au péché, au plaisir, à la séduction. Pour résister à ce que les puritains appellent « la tentation », je ne vaux rien. Je n'essaie même pas (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1193).
— [P. méton.; à propos d'une pers. qui a un grand pouvoir de séduction] On ne peut lui résister. Tenez! Vous êtes un gentil garçon, je vous aime... On ne peut pas vous résister (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 689).
2. Lutter contre un penchant naturel, un sentiment que la raison ou la morale réprouvent. Résister à la haine, à l'impatience, à ses passions; résister au désir de + inf. Nous avions été calmes, nous avions résisté à l'indignation, à la colère que vous inspirent l'insolence et l'hypocrisie! (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 240). C'est pourquoi Platon parlait d'un élan ascensionnel (...) cet élan doit sa détente aux résistances mêmes qu'il rencontre (...) Une vie morale privée de tout ce qui lui résisterait est donc vouée à la dissolution et à l'inanition (JANKÉL., Traité des vertus, Paris, Bordas, t. 1, 1968, p. 17).
— [À la forme nég.] Ne pas/plus résister à qqc. Céder. J'arrive aujourd'hui, ma chère Pauline, et je ne résiste pas à la tentation de t'écrire (MICHELET, Journal, 1830, p. 727). Absol. Monsieur ne résiste plus! Il cède complètement à ses vices!... Monsieur se laisse emporter!... Il roule au ruisseau! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 490).
— Par antinomie. [Corresp. à résistance D] Résister à la lumière, à la vérité. Dans les interrogatoires, on nous demande si nous sommes capables de résister à la grâce, et si le Christ est mort pour tous les hommes (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 990).
— Empl. pronom. réfl. [Corresp. à supra D 2] Le vrai bonheur est de renoncer à ce que tous les hommes appellent des biens, de s'oublier, de se résister à soi-même, de poursuivre et de combattre dans ses derniers retranchements cet indestructible moi, source de toutes nos peines et de toutes nos fautes (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1819, p. 56).
REM. 1. Résistable, adj. Synon. rare, pop. de résistible (infra dér.). Pour ronfler, c'est pas vrai. C'est pas résistable (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 286). 2. Résistif, -ive, adj., électr. ,,Se dit d'un dispositif ou d'un circuit dont la grandeur essentielle, dans les conditions données, est la résistance`` (GDEL). 3. Résistivité, subst. fém., électr. ,,Résistance, spécifique pour chaque corps, d'un conducteur d'un mètre de long et de 1 m2 de section. Elle s'exprime en ohm x m. Elle varie avec la température`` (Sc. 1962). Anton. conductivité.
Prononc. et Orth.:[], (il) résiste [-zist]. Ac. 1694, 1718: resister; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. 1. 1327 résister « faire effort contre l'emploi de la force par une autorité » (Doc. ds Arch. admin. de la ville de Reims, éd. P. Varin, t. 2, 1re part., p. 445b); ca 1350 « s'opposer par les moyens de la guerre » (GILLES LI MUISIS, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 313); spéc. 1940 en France lors de la 2e guerre mondiale (ds Résistance: B. officiel du Comité National de Salut Public, n ° 1, 15 déc., p. 1); 2. ca 1350 « opposer sa volonté à une impulsion, à une volonté contraire » (GILLES LI MUISIS, op. cit., p. 2); 3. ca 1393 « repousser des sollicitations amoureuses » (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, I, chap. 3, § 97, lignes 26 et 28). B. 1. 1530 « ne pas céder à l'effet d'(une force) » ici, trans. (Contredictz de Songecreux, f ° 136 r ° ds GDF. Compl.); 2. 1530 part. prés. adj. resistent « qui supporte sans faiblesse des épreuves » (ibid., f ° 52 v °, ibid.); 1539 resister (EST.). Empr. au lat. resistere « se tenir en faisant face » d'où « tenir tête » et « opposer de la résistance à quelqu'un ou quelque chose », d'abord « s'arrêter, ne pas avancer davantage », dér. de sistere « se placer, s'arrêter ». Fréq. abs. littér.:4 432. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 145, b) 5 318; XXe s.: a) 5 463, b) 6 614.
DÉR. Résistible, adj., littér. Ce à quoi, à qui on peut résister. La propriote s'efforçant de le retenir dans sa maison qu'il a résolu de fuir (...). Cette personne, heureusement résistible, suit à Paris, les cours de littérature (BLOY, Journal, 1903, p. 161). — []. — 1res attest. 1688 (BOSS., Variat., XIV ds LITTRÉ), puis 1808 (BOISTE); de résister, suff. -ible. Cf. l'angl. resistible de même sens dep. 1643 ds NED.
BBG. — POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St. n. Spr. 1969, t. 205, p. 372 (s.v. résistible). — VERREAULT (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. Trav. de ling. québécoise .3. Québec, 1979, pp. 220-221, 225-226.
résister [ʀeziste] v. tr. ind.
ÉTYM. V. 1240; lat. resistere, de re-, et sistere « s'arrêter ».
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I (En parlant de ce qui est matériel ou de ce qui est passif).
1 (1559). Choses. Ne pas céder sous l'effet d'une force. ⇒ Tenir. || La fonte (cit. 3) résiste mieux à la compression qu'au choc. || Murailles épaisses qui résistent aux coups de bélier (→ Forteresse, cit. 1). || Je tirai la branche (cit. 4), elle résista, plia, craqua mais tint bon. || Quelque chose résistait, elle tira violemment (→ Poignée, cit. 7). || Plantes qui résistent aux ouragans (→ Entrelacer, cit. 1). || Vous avez… « résisté sans courber (cit. 4) le dos » (La Fontaine). — Spécialt. Ne pas se laisser pénétrer. || La peau du rhinocéros résiste aux balles de mousquet (→ Entamer, cit. 2).
1 (…) le piston d'une seringue bouchée résiste quand on essaie de le tirer, comme s'il tenait au fond.
Pascal, Traité de la pesanteur de la masse de l'air, II.
2 La porte résista battue avec fureur.
Hugo, l'Année terrible, Mai, V.
♦ (1559). Ne pas s'altérer sous l'effet d'une action. || Ce vase, ce récipient résiste au feu (cit. 22). || Le grès (cit. 4) résiste bien à l'érosion. || Choses non consomptibles (cit.), instruments (cit. 1) qui résistent à l'usage. || Les couleurs ont résisté aux siècles et gardé leur éclat (→ Inaltérable, cit. 2). Par métaphore. || Cette glace qui avait résisté aux ardeurs de l'amour (→ Alors, cit. 8).
3 (…) il chercha une peinture qui pût résister au soleil, à la pluie, au vent, à la gelée, à la neige, qui alternent si aimablement dans les pays tempérés.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre, La vente Jollivet.
4 Ce bois (le cèdre), au dire des Orientaux qui l'emploient pour faire des piles de ponts, résiste à l'action de l'eau pendant cent ans et plus.
A. Jarry, Gestes, Œ. compl., t. VII, p. 106.
2 (1559). Êtres vivants. Ne pas être détruit, ne pas être affaibli (par ce qui menace l'organisme). || C'est un homme qui résiste à la fatigue, aux privations. ⇒ Souffrir, supporter (→ Être dur au mal). || La force de sa constitution (cit. 2) résista jusqu'à la fin. || Il a bien résisté. ⇒ Tenir (le coup). || Résister à un poison (→ Excitant, cit. 9). || Une plante qui résiste et se propage malgré les privations d'eau (→ Germer, cit. 4). || Nulle vie n'y résiste (à l'eau de la mer Morte; → Asphalte, cit. 1).
5 Il faut que j'aie un tempérament herculéen pour résister aux atroces tortures où mon travail me condamne.
Flaubert, Correspondance, 562, 4 nov. 1857.
♦ Supporter sans faiblir (ce qui est moralement pénible, dangereux). || « Quoiqu'à peine à mes maux je puisse résister » (→ Aimer, cit. 61). || Résister aux grands chagrins (→ Glisser, cit. 33). || On résiste à l'adversité (cit. 4) mieux qu'à la prospérité. || Qui diable y résisterait ? (→ Calomnie, cit. 5).
3 (1538, en parlant de choses abstraites menacées de destruction). Se maintenir, survivre. || L'amitié, lien qui résiste à tout (→ Frère, cit. 5). || La douleur résiste au temps (→ Effacer, cit. 25). ⇒ Durer. || L'amour ne résiste pas toujours au calme de la fidélité (cit. 3). || Lorsque l'amour résiste à l'habitude (cit. 33).
6 André se dit alors que, pour lui, le charme de ce pays et de son mystère résisterait à tout, même à la déception causée par Djénane, même aux désenchantements du déclin de la vie (…)
Loti, les Désenchantées, VI, XLII.
7 Ça n'est pas grand-chose, la confiance, quand ça ne résiste pas à huit jours d'attente.
Sartre, les Mains sales, V, 2.
♦ (XXe). En parlant d'une idée, d'une affirmation mise à l'épreuve (le plus souvent en phrase négative). || Cet argument, cette preuve ne résiste pas à une analyse sérieuse, approfondie (→ Être faux, sans fondement, sans valeur; et aussi intuition, cit. 7). || Aucune de ces découvertes n'a résisté jusqu'à présent à l'examen scientifique (→ Homme, cit. 9).
8 C'est que l'illusion de l'esprit puisse durer, résister à l'expérience, engendrer à l'infini des systèmes et des œuvres — quand l'illusion d'optique au contraire se voit réduite sitôt apparue.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 123.
———
II (En parlant de ce qui est actif, volontaire).
1 (V. 1327). Faire effort contre l'usage de la force (physiquement, dans la lutte). || Résister à un agresseur. Absolt. || Il le poussa vers la porte, Philippe voulut résister (→ Fort, cit. 4). — Spécialt. Se débattre lors d'une prise de corps. || Il résista aux agents qui le saisirent (→ Évasion, cit. 1). — (Dans la lutte amoureuse). || Biche qui résiste au cerf (cit. 3).
♦ S'opposer (à une attaque ennemie) par les moyens de la guerre. ⇒ Défendre (se). → Faire front, tenir ferme. || Résister aux assauts, au feu de l'ennemi. ⇒ Soutenir; tenir (contre). — (V. 1360). Absolt. || Les divisions résistaient pied à pied (→ Paniquard, cit.). || Soldats qui veulent continuer à résister (→ Tenir bon, continuer à se battre). || Les Allemands s'apprêtent à résister tout le temps qu'il faudra (→ Ligne, cit. 33). — Citadelle qui résiste à tous les assauts. ⇒ Inexpugnable. || Rien ne leur résistait (→ Arme, cit. 11). — Absolt. || Place, ville qui résiste, ferme ses portes à l'ennemi (→ Camp, cit. 9).
9 Les Cambriens ont résisté deux cents ans par les armes, et plus de mille ans par l'espérance.
Michelet, Hist. de France, I, IV.
2 (1370). S'opposer à la volonté d'autrui (quand elle est contraire à nos désirs, porte atteinte à notre liberté). || Résister à la volonté de qqn, à qqn. ⇒ Dresser (se dresser contre), lutter (contre), obstacle (mettre obstacle). → fam. Ne pas se laisser faire. || Il n'aime pas qu'on lui résiste. ⇒ Désobéir. || Elle est habituée à ce qu'on ne lui résiste pas (→ Grandiloquence, cit. 1). || Personne n'ose leur résister (aux enfants). ⇒ Contrarier, contrecarrer (→ impérieux, cit. 3). || Résister à une demande, à une prière. ⇒ Refuser; entêté, inexorable, inflexible, récalcitrant (→ Se faire prier, se faire tirer l'oreille). || Résister à l'autorité. ⇒ Mutiner (vx), rebeller (se), révolter (se); indiscipline, insoumission, insubordination, rébellion, révolte; insoumis, rebelle, réfractaire. || Citoyens qui résistent au pouvoir (2. Pouvoir, cit. 19). || Volonté de corps qui résiste à celle du prince (→ Équilibre, cit. 21). || Résister à l'oppression. ⇒ Résistance. || Rien ne lui résistait (→ Niveler, cit. 4). — Absolt. || Résister en protestant. ⇒ Contester, protester, rebiffer (se), rechigner, regimber, renâcler, répondre, rouspéter (→ Faire le raisonneur). || Fallait-il résister ou louvoyer ? (cit. 4). ⇒ Obstiner (s').
10 Souffrez que je résiste à votre volonté.
Molière, les Femmes savantes, V, 4.
11 Oui, morte ! Elle me résistait, je l'ai assassinée.
Dumas, Antony, V, 4.
12 Certes il est des cas où le gouvernement a le droit et le devoir de résister à l'opinion, même quand il n'est pas douteux que cette opinion est celle de la majorité.
Renan, Questions contemporaines, Œ. compl., t. I, p. 56.
13 (…) quand Mme Stevens avait décidé quelque chose, il n'y avait plus qu'à se résigner : nul ne pouvait lui résister. Elle était la forte tête de la famille; et, dans sa maison de Paris, elle dirigeait tout (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, II, p. 783.
♦ Vx. (Choses). S'opposer, aller contre. || « La coutume y résiste » (Molière, le Malade imaginaire, I, 7).
♦ Lutter contre ce qui constitue une menace, un danger moral. ⇒ Face (faire face), réagir (contre). || La peur (cit. 2) ôte le pouvoir de résister aux maux.
14 (…) il faut résister à la tristesse, non pas seulement parce que la joie est bonne, ce qui serait déjà une espèce de raison, mais parce qu'il faut être juste, et que la tristesse, éloquente toujours, impérieuse toujours, ne veut jamais qu'on soit juste.
Alain, Propos sur le bonheur, p. 166.
3 (1669). Repousser les sollicitations de (qqn), en matière amoureuse, érotique, lutter contre (le pouvoir de la personne qui sollicite, attire, plaît). || Résister à des prétendants (→ Lui, cit. 37). ⇒ Repousser. || On ne peut demander à un homme de résister aux femmes qui se jettent à son cou (→ Coq, cit. 9). || « Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine » (→ Haïr, cit. 6, Racine).
15 Ah ! qu'elle se rende, mais qu'elle combatte; que sans avoir la force de vaincre, elle ait celle de résister; qu'elle savoure à loisir le sentiment de sa faiblesse, et soit contrainte d'avouer sa défaite.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXIII.
16 La femme qui aime un peu et qui résiste n'aime pas assez, et celle qui aime assez et qui résiste sait qu'elle est moins aimée.
A. de Musset, les Confessions, III, X.
4 S'opposer (à ce qui plaît, séduit naturellement). || Qui peut résister aux séductions de la grâce ? (cit. 67). || Ne pouvoir résister à un ascendant (→ Inflexible, cit. 4). || Un appât (cit. 8) auquel un malade ne résiste pas. || « Le moyen de résister à une raison comme celle-là ? » (→ Dot, cit. 3, Molière). — On ne peut lui résister : il, elle est irrésistible. || Personne ne lui résiste.
17 Quel homme barbare pourrait résister à la voix de l'honneur et de la raison dans la bouche d'une tendre épouse ?
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, À la république de Genève.
18 Il professait que la femme est sans force contre la réclame (…) Il avait découvert qu'elle ne résistait pas au bon marché, qu'elle achetait sans besoin, quand elle croyait conclure une affaire avantageuse (…)
Zola, Au Bonheur des dames, IX.
♦ (1690). Lutter contre (un sentiment, un désir que la raison réprouve). || Résister à nos passions (→ Force, cit. 19), à nos appétits (cit. 5) déréglés, grossiers (→ Matériel, cit. 10). || Résister à un sentiment impérieux (cit. 9). || Ne pouvoir résister à des désirs impulsifs (→ Inconscient, cit. 4). || Elle résistait à son amour (→ Fermeté, cit. 5). || Résister à ses penchants (→ Cruel, cit. 14). || Résister à la tentation de… ⇒ Éviter (de). — Pron. (Rare). || Il ne se résistait jamais à lui-même (→ Irresponsable, cit. 1). — (En emploi négatif, avec un sens affaibli, et souvent en manière d'excuse). || Je n'ai pu résister à l'envie, au plaisir de vous annoncer la nouvelle (→ S'empêcher de).
19 La même fermeté qui sert à résister à l'amour sert aussi à le rendre violent et durable, et les personnes faibles, qui sont toujours agitées des passions, n'en sont presque jamais véritablement remplies.
La Rochefoucauld, Maximes, 477.
20 (…) l'image de Marianne s'offrait à moi, et une tentation commençait, d'abord lointaine et vague, qui allait grandissant, grandissant. J'y résistais, en sachant que j'y succomberais, comme si de lutter contre mon obscur désir m'en faisait davantage sentir la force et l'acuité.
Paul Bourget, le Disciple, IV, II.
21 Le Dr Barbentane n'avait pas résisté, passant dans le voisinage, à l'envie de contrôler l'absence de son fils.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, III.
♦ Vx ou littér. (Suivi de l'inf.). Se refuser à…, s'empêcher de… || Je résiste à croire à ces attractions mystérieuses (→ Prémonition, cit. 1, Valéry).
22 Puis, songeant aux hommes moqueurs, je ne pouvais, malgré le froid indicible, résister à sourire (…)
Villiers de L'Isle-Adam, Axël, IV, 1.
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CONTR. Briser (se), céder, crouler, effondrer (s'), fléchir, ployer; altérer (s'), effacer (s'). — Crever, succomber. — Capituler, enfuir (s'), fuir, rendre (se); assaillir, attaquer. — Abandonner, accéder, accepter, accorder, acquiescer, aller (se laisser), composer, consentir, faiblir, flancher, fléchir, laisser (faire), obéir, succomber.
DÉR. Résistance, résistant, résistible. — (Du même rad.) Résisteur, résistivité.
COMP. V. Irrésistible.
Encyclopédie Universelle. 2012.