rigoler [ rigɔle ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1821; « faire la fête » fin XIIIe; o. i., p.-ê. crois. de rire avec a. fr. riole « partie de plaisir »
♦ Fam.
1 ♦ Rire, s'amuser. ⇒ se marrer; rigolade. On a bien rigolé. Je suis sortie, « déguisée en homme, histoire de rigoler plutôt » (Proust). « j'ai pas toujours rigolé [...] Mais j'ai vécu » (Sartre). Il n'y a pas de quoi rigoler : ce n'est pas drôle; c'est très sérieux.
2 ♦ (1875) Plaisanter. J'ai dit ça pour rigoler. « taillez-vous maintenant je rigole pas » (Duvert). Il ne faut pas rigoler avec ça. ⇒ badiner; fam. blaguer, déconner. Tu rigoles ! tu ne parles pas sérieusement.
3 ♦ Se moquer. Il vaut mieux en rigoler.
● rigoler verbe intransitif (de rire et ancien français galer, s'amuser) Familier. Rire : J'ai dit ça pour rigoler. ● rigoler (synonymes) verbe intransitif (de rire et ancien français galer, s'amuser) Familier. Rire
Synonymes :
- blaguer (familier)
- se bidonner (populaire)
- se gondoler (populaire)
- se marrer (populaire)
rigoler
v. intr. Fam.
d1./d Rire, se divertir.
d2./d Plaisanter.
I.
⇒RIGOLER1, verbe
A. — Empl. intrans.
1. Vieilli, pop. Prendre du bon temps, faire la fête, la noce; en partic., faire l'amour. Synon. rire (v. rire1 I A 3 a). Aujourd'hui, je vais (...) rigoler avec les gothons (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, 1821, f. 10, r °, § 219). [La fille] dit qu'on se la [lire l'a] trompée, que [les hommes] c'est des cochons qui pensent rien que rigoler (MUSETTE, Mariage Cagayous, 1905-06, p. 54).
2. Fam. Rire généralement bruyamment; s'amuser beaucoup. Synon. pop. se bidonner (v. bidonner1), se gondoler, se marrer. Rigoler à s'en fendre la bouche jusqu'aux oreilles, les mâchoires; faire rigoler qqn; rigoler de qqn/de qqc.; on a bien rigolé. On venait de Fécamp et de Montvilliers pour le voir et pour rigoler en l'écoutant, car il aurait fait rire une pierre de tombe, ce gros homme. Il avait une manière de blaguer les gens sans les fâcher (...) qui vous tirait le rire du ventre malgré vous, à tous les coups (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Toine, 1885, p. 177). Les reportages sur la décentralisation me font doucement rigoler et lorsqu'on dit que la vie est chère à Paris, cela est tout à fait inexact (L'Express, 3 oct. 1966, p. 18, col. 2).
— Loc. fam. fig. Comme qui rigole. Très facilement. Et alors, tu t'imaginais que, de tourner à la femme honnête, on fait ça comme qui rigole (TOULET, Demois. La Mortagne, 1920, p. 130).
3. Fam. Ne pas parler sérieusement, plaisanter. Synon. badiner, blaguer (fam.), se moquer, rire (v. rire1 I A 3 c). Vous voulez rigoler? À l'examen, il semblerait qu'on lui ait injecté un barbiturique (...) il a toute chance de demeurer complètement abruti. — Vous rigolez pas, docteur? — J'en ai pas envie (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 163). Edwina: (...) En tous cas, je considère que ce gâteau n'est nullement un échec. Joan: Non, Maman, là, vous rigolez (AYMÉ, Mouche, 1957, p. 139).
— Loc. fam. Pour rigoler. Pour plaisanter. Vous savez, ce que je disais, c'était pour rigoler (ARLAND, Ordre, 1929, p. 475).
B. — Empl. pronom., vx. [Parfois repris comme arch.] S'amuser, se donner du bon temps, faire la noce. Les petits enfants se rigolaient, les vieilles femmes parlaient en riant: tout avait une voix, et le plaisir enjolivait même les habits et les tables dressées (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 289). Ah, je te vois te rigoler, et tu t'en vas à penser que pour un fils de là-haut je t'en raconte tout seul depuis une heure (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 26). P. métaph. Un vieux fauteuil qui se rigolait seul, près de la cheminée, riant par toutes ses crevasses, tirant, comme pour les narguer, ses langues de crin noir par toutes les fentes de ses gueules de velours (HUYSMANS, Marthe, 1976, p. 29).
Prononc. et Orth.: [], (il) rigole [-]. Homon. rigoler2. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du XIIIe s. intrans. « s'amuser beaucoup, plaisanter » (Isopet de Chartres, éd. J. Bastin, XXIV, 3); b) fin du XIIIe s. trans. « divertir, amuser » (JEAN DE MEUN, Testament, 1770 ds Roman de la Rose, éd. Méon, t. 4, p. 91); c) 1306 pronom. « s'amuser beaucoup, s'ébattre » (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 13143); 2. a) 1306 trans. « se moquer de quelqu'un, railler quelqu'un » (ID., ibid., 14065); b) 1376 pronom. « se moquer de quelqu'un, railler quelqu'un » (doc. [Archives nationales], JJ 109, p. 36 ds LA CURNE); 3. 1655 intrans. « manger et se réjouir entre amis, faire une petite débauche » (BOREL, Tresor de recherches et antiquitez gauloises et fr., p. 539); 4. a) 1821 intrans. « rire, s'amuser beaucoup » (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, f. 14 v °, § 415); b) 1875 « plaisanter, ne pas parler sérieusement » (Lar. 19e). Prob. issu d'un croisement de riolle (dér. s.v. rire2) et de gale « réjouissance, plaisir », galer intrans. « s'amuser, mener joyeuse vie » (v. galant). FEW t. 10, pp. 399-400. Bbg. QUEM. DDL t. 17, 32. — WARTBURG (W. von). Glanures étymol. R. Ling. rom. 1960, t. 24, p. 288.
II.
⇒RIGOLER2, verbe trans.
AGRIC. Faire des rigoles d'irrigation ou d'écoulement. Rigoler un jardin, un pré, un verger. Le mari de Cécile y plante [en Corrèze] des arbres fruitiers, s'entend, et rigole des prairies (MÉRIMÉE, Lettres Ctesse de Boigne, 1848, p. 8). Infra ex. de Carrière.
Prononc.:[], (il) rigole [-]. Homon. rigoler1. Étymol. et Hist. 1. a) 1297 rigoler (un fossé, un rivière) « arranger les bords (d'un fossé, d'une rivière) de façon que l'eau puisse couler librement » (doc., Hainaut ds GDF.); b) 1801 « couper (un pré) par des rigoles » (MERCIER Néol.: Rigoler. Arroser les terres par des rigoles); c) 1875 « repiquer (des plants) en rigoles » (Lar. 19e); 2. 1834 rigouler « couler, ruisseler » (F. S. CORDIER, Vocab. des mots patois en usage dans le département de la Meuse ds Mém. de la Sté des antiquaires de France, t. 10, p. 461). Dér. de rigole; dés. -er.
STAT. — Rigoler1 et 2. Fréq. abs. littér.:479. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 38, b) 388; XXe s.: a) 889, b) 1 262.
DÉR. Rigolage, subst. masc. a) Agric., hortic., sylvic. Action de mettre un jeune plant en rigole ou petite tranchée dans les jardins ou les pépinières. Pour le rigolage, on arrache les plants (...) mais au lieu de les repiquer avec le plantoir, on ouvre avec la bêche ou la houe, une tranchée ou rigole dans laquelle les plants sont rangés; puis la rigole est remplie et l'on en ouvre une autre à côté, et ainsi de suite, jusqu'à ce que tout le plant disponible soit rigolé (CARRIÈRE, Pépinières, 1878, p. 64). b) ,,Opération qui consiste à faire couler l'eau d'irrigation dans les rigoles`` (FÉN. 1970). Le rigolage des eaux d'une rivière. c) Région. (Bourgogne, Centre, Champagne, Morvan, etc.). Écoulement rapide, ruissellement (de l'eau). Le cliquetis des feuilles d'automne, le « rigolage » des ruisseaux sur les cailloux, le vent, la pluie (...) toute cette vie champêtre, vous la trouverez dans son livre [de Léon Pillaut] (A. DAUDET, Trente ans Paris, 1888, p. 292). — []. — 1res attest. a) ) 1842 « creusement de petites rigoles pour irriguer, drainer » (Ac. Compl.), ) 1873 « repiquage des jeunes plants forestiers dans les pépinières » (G. BAGNERIS, Manuel de sylviculture, p. 254 ds LITTRÉ Suppl.), ) 1904 « action de tracer des rigoles pour semer » (Nouv. Lar. ill.), b) 1888 « ruissellement, écoulement rapide » (A. DAUDET, loc. cit.); de rigoler2, suff. -age.
1. rigoler [ʀigɔle] v.
ÉTYM. XIIIe, v. tr., « se moquer de (qqn) »; rigolage « plaisanterie », v. 1175, Chrétien; orig. peu claire; on a évoqué un croisement de rire avec régaler, ou avec l'anc. v. galer, ou encore avec l'anc. mot riole « partie de plaisir »; selon Guiraud, d'une forme lat. ridicare, de ridere (→ Rire), d'où un hypothétique verbe riguer, suffixé.
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♦ Familier.
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I V. pron. Vx. || Se rigoler : se divertir, se donner du bon temps (→ Gosier, cit. 1, Rabelais).
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II V. intr. (1808; « manger, boire, se divertir entre amis », 1606).
1 S'amuser, rire (→ Bistrot, cit. 3; 1. fruitier, cit. 4; malade, cit. 10; marchand, cit. 6). || Rigoler à s'en fendre la bouche jusqu'aux oreilles (cit. 30). || Faire rigoler qqn (→ Payer, cit. 45). || Je n'ai pas toujours rigolé dans la vie (→ aussi Haut, cit. 78).
1 Vous irez doucement au premier acte, vous rigolerez un peu au second, mais vous rirez aux éclats au troisième.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 286.
2 On mangeait bien, on mangeait bon, mais on ne rigolait pas comme on doit rigoler dans les noces.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, « Le pain maudit », II.
Louise Michel, la Misère, t. II, p. 460.
4 Je n'osais même pas sortir dans Auteuil de peur d'être vue. La seule fois que je suis sortie, c'est déguisée en homme, histoire de rigoler plutôt.
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 335.
2 (1875). Plaisanter. || Il n'y a pas de quoi rigoler. || Il ne faut pas rigoler avec ça. ⇒ Badiner. || Tu rigoles ? : tu ne parles pas sérieusement ?
5 Et le costume ? Il n'est pas mal non plus, le costume !… Ça fait moyen-âge ! On s'amuse comme on peut. On se déguise, quoi ! Faut bien rigoler !… En somme, le travail, c'est la liberté (…)
♦ Rigoler de : se moquer de, ne pas attacher d'importance à. || Il vaut mieux en rigoler (→ Corne, cit. 2; ouistiti, cit. 2; poilant, cit.).
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DÉR. Rigolade, rigolard, rigoleur, 1. rigolo.
HOM. 2. Rigoler.
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2. rigoler [ʀigɔle] v.
ÉTYM. 1297; de rigole.
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♦ Techn. (rare à cause de l'homonymie).
1 V. tr. Aménager (un fossé, etc.) de manière que l'eau puisse y couler librement.
♦ (1819). Couper (un terrain, etc.) par des rigoles d'irrigation ou d'écoulement. || Rigoler un pré.
2 V. intr. Couler en rigoles, ruisseler.
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DÉR. Rigolage, rigoleuse.
HOM. 1. Rigoler.
Encyclopédie Universelle. 2012.