risque [ risk ] n. m.
• 1663; n. f. 1578; a. it. risco; bas lat. risicus ou riscus, p.-ê. du lat. resecare « couper », ou du gr. rhizikon (« risque », en gr. mod.), de rhiza « racine »
1 ♦ Danger éventuel plus ou moins prévisible. ⇒ danger, hasard, péril. Une entreprise pleine de risques. Les risques d'une aventure, d'une bataille. Quels qu'en soient les risques. Le risque est nul. Un risque calculé. « quand nous écrivions dans la clandestinité, les risques étaient pour nous minimes, considérables pour l'imprimeur » (Sartre). Ce sont les risques du métier. ⇒ inconvénient. Vous pouvez le faire sans aucun risque, sans risque aucun. Il n'y a aucun risque (cf. Il n'y a pas de danger). — Courir un risque : s'exposer à un danger. — Loc. C'est un risque à courir : c'est peut-être risqué, mais il faut le tenter. — RISQUE DE. Un risque d'aggravation, de verglas. Il y a un risque d'épidémie. Sans risque d'erreur. Courir le risque d'un échec, de se voir trahi, s'exposer à. — Il n'y a pas de risque qu'il refuse. — Loc. Faire qqch. à ses risques et périls. Au risque de : en s'exposant à. ⇒ quitte (à). « Au risque de se tuer, il se laissa tomber par le trou qui servait à jeter le fourrage » (Zola).
♢ Loc. adj. À RISQUE(S) : prédisposé, exposé à un risque, un danger. Grossesse à risque. « au début de l'épidémie des groupes “à risque” étaient définis (homosexuels, hémophiles...) » (La Vie mutualiste, 1981). — Facteur de risque, contribuant à l'apparition d'un phénomène néfaste.
2 ♦ Spécialt, Dr. Éventualité d'un événement ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties et pouvant causer la perte d'un objet ou tout autre dommage. Par ext. Événement contre la survenance duquel on s'assure. Assurance qui couvre le risque d'incendie. Risques locatifs. Assurance tous risques. ⇒aussi multirisque.
3 ♦ Fait de s'exposer à un danger (dans l'espoir d'obtenir un avantage). « le risque est la condition de tout succès » (Broglie). On n'a rien sans risque. Les joueurs ont le goût du risque. Prendre un risque, des risques, ses risques : tenter qqch. d'osé, sans garanties quant au résultat.
● risque nom masculin (italien risco, du latin populaire resecum, ce qui coupe) Possibilité, probabilité d'un fait, d'un événement considéré comme un mal ou un dommage : Les risques de guerre augmentent. Danger, inconvénient plus ou moins probable auquel on est exposé : Courir le risque d'un échec. Un pilote qui prend trop de risques. Fait de s'engager dans une action qui pourrait apporter un avantage, mais qui comporte l'éventualité d'un danger : Avoir le goût du risque. Préjudice, sinistre éventuel que les compagnies d'assurance garantissent moyennant le paiement d'une prime. ● risque (citations) nom masculin (italien risco, du latin populaire resecum, ce qui coupe) Jean Grenier Paris 1898-Dreux 1971 Dans une vie qui repose sur un perpétuel pari, le risque peut être un perpétuel bonheur. Inspirations méditerranéennes Gallimard ● risque (expressions) nom masculin (italien risco, du latin populaire resecum, ce qui coupe) À risque(s), se dit de quelqu'un, d'un groupe qui se trouve prédisposé à certains inconvénients (accident, maladie, délinquance, etc.) ; se dit de quelque chose dont l'utilisation, la continuation, etc., expose à un danger, à une perte, à un échec : Capitaux à risques. Grossesse à risque. Assurance tous risques, assurance automobile qui garantit l'assuré contre tous les dommages qu'il peut causer avec sa voiture et contre tous ceux qu'il peut subir. Au risque de, en s'exposant au danger de. Aux risques et périls de quelqu'un, celui-ci acceptant de supporter seul les conséquences fâcheuses éventuelles de ce qu'il entreprend. Prendre le risque de, agir en s'exposant dangereusement pour obtenir un avantage. Responsabilité pour risque, responsabilité sans faute de l'Administration. Risques naturels et technologiques, événements à caractère de catastrophe, probables mais non forcément prévisibles, dus soit au déchaînement des forces de la nature (risques naturels), soit à la proximité d'activités humaines dangereuses (risques technologiques). Risques sociaux, événements dont les systèmes de sécurité sociale visent à réparer les conséquences (maladie, maternité, invalidité, chômage, etc.). Théorie du risque, doctrine fondant la responsabilité civile sur l'idée que celui qui tire profit d'une activité doit réparer les dommages qu'elle occasionne. Théorie des risques, règles juridiques permettant de désigner le contractant qui supporte les conséquences de la force majeure empêchant l'exécution d'un contrat synallagmatique. ● risque (synonymes) nom masculin (italien risco, du latin populaire resecum, ce qui coupe) Danger, inconvénient plus ou moins probable auquel on est exposé
Synonymes :
- péril
risque
n. m.
d1./d Danger que l'on peut plus ou moins prévoir. Courir, prendre un risque, s'y exposer.
|| Loc. à ses risques et périls: en prenant sur soi tous les risques.
— Au risque de: en s'exposant au danger de.
d2./d Perte, préjudice éventuels garantis par une compagnie d'assurances moyennant le paiement d'une prime. Assurance tous risques.
⇒RISQUE, subst. masc.
I. — [Le risque est subi]
A. — Danger éventuel, plus ou moins prévisible, inhérent à une situation ou à une activité. Risque objectif, subjectif; comporter des risques; explorer le risque; tenir compte des risques; les risques du métier. Un rebord (...) m'offrit une banquette, d'où je pus à mon aise et sans risque jouir d'un spectacle vraiment neuf (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 223):
• 1. Mais la qualification essentielle du risque nucléaire résulte de la distinction qui s'impose entre le camp qui tire le premier et celui qui riposte: celui qui tire le premier a tous les avantages (...): il choisit son moment (...); celui qui riposte au contraire à été surpris (...). Il y a donc une dissymétrie importante entre l'attaque et la riposte.
BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p. 35.
— Expr., vieilli ou littér. À tout risque. À tout hasard, en s'exposant à tous les accidents possibles. Expérimenter à tout risque, avec sa terre et ses capitaux, comme un médecin essaye des médicaments sur sa santé (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 21). Pour ne pas se perdre, elle n'imaginait rien d'autre que descendre à tout risque jusqu'au village, pour y reprendre la route déjà parcourue jadis (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 1024).
B. — Spécialement
1. DR. ,,Éventualité d'un événement futur, incertain ou d'un terme indéterminé, ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties et pouvant causer la perte d'un objet ou tout autre dommage`` (CAP. 1936). Assurance tous risques. Toutefois n'entrent pas en compte dans le calcul de la rémunération: l'indemnité de résidence, le supplément familial de traitement, les prestations familiales, les indemnités représentatives de frais qui correspondent à des dépenses réelles, les indemnités pour risques corporels (Encyclop. éduc., 1960, p. 304). Le parlement fut saisi, cette année-là, d'un projet sur les assurances sociales contre les risques de maladie, invalidité, vieillesse, décès et charges de familles (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 166).
♦ Risque de (+ subst. désignant l'événement contre la survenance duquel on s'assure). Risque de décès, de gel, de grêle, d'inondation. L'assurance des navires est dite assurance « sur corps ». Elle couvre les risques de naufrage, d'échouement, d'incendie (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 171).
a) DR. ADMIN. Responsabilité pour risque. ,,Elle est encourue par l'administration en dehors d'une faute de sa part`` (FAVR.-VETTR. 1981).
b) DR. CIVIL
♦ Théorie du risque. ,,Système portant la responsabilité civile sur le fait que celui qui tire un avantage matériel ou moral d'une activité doit en supporter les conséquences dommageables pour les tiers`` (Jur. 1981).
♦ Risque catastrophique. ,,Dommage qui, en assurance-vie, résulte de calamités naturelles, tremblement de terre, raz-de-marée`` (BARR. 1967).
♦ Risque locatif. ,,Conséquence pécuniaire de la responsabilité que l'assuré peut encourir en sa qualité de locataire à l'égard de son bailleur`` (BARR. 1967).
♦ Risque politique. ,,Risque susceptible d'être garanti par l'assurance-crédit et résultant d'événements politiques ou sociaux`` (BARR. 1967).
♦ Risque professionnel ou du travail. ,,Fondement de la législation qui met à la charge du patron la réparation des accidents`` (BARR. 1967).
♦ Risque social. ,,Mise à la charge de la collectivité de la réparation du préjudice subi par une personne`` (BARR. 1967). Il y a risque social lorsque les personnes ne peuvent pas, à moins d'une chance exceptionnelle faire face à des aléas normaux de l'existence, quoi qu'il en soit de leur situation personnelle, du simple fait qu'ils appartiennent à une catégorie sociale dont tous les membres sont dans la même situation (R. de l'action pop., 1957, n° 106, p. 319).
c) DR. COMM.
♦ Risque de mer ou de transport maritime. ,,Incident ou accident pouvant survenir au cours d'un voyage maritime et affectant les marchandises ou le navire`` (BARR. 1967). Un très puissant organisme spécialisé comme le Lloyd's intervient d'une façon prépondérante pour couvrir l'ensemble des risques inhérents aux transports maritimes (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 12).
♦ Risque bancaire. ,,Risque encouru par le banquier qui consent un crédit à un client`` (Gestion fin. 1979).
♦ Risques de change. ,,Risques financiers liés aux fluctuations monétaires, dévaluations ou flottaisons, et qui peuvent dissuader un industriel d'investir à l'étranger`` (CIDA 1973).
2. MÉD. Risque dominant. ,,Le risque dominant est celui qui commande par sa nature l'importance des conséquences pour une famille déterminée (détention, alcoolisme, tuberculose, etc.)`` (Informations soc., 1958, n ° 2, p. 9).
— Expr. À risque
♦ Enfant à risque élevé. Enfant né dans de mauvaises conditions et pouvant faire l'objet de soins spéciaux et de surveillance dans une unité médicale spéciale (d'apr. LAFON 1969).
♦ Grossesse à risque. Grossesse dont le déroulement comporte un danger (d'apr. LAFON 1969).
♦ Individu, groupe à risque, à haut risque. Individu ou groupe qui présente une possibilité de maladie, d'accident ou de morbidité statistiquement plus élevé que pour la moyenne de la population, du fait de facteurs congénitaux (d'apr. Méd. Flamm. 1975).
♦ Facteur de risque. ,,Attribut ou caractéristique physiologique ou pathologique entraînant un risque plus élevé, pour l'individu chez lequel on le détecte, d'être frappé par telle ou telle affection`` (Méd. Flamm. 1975). La consommation excessive de cigarettes est un facteur de risques vis-à-vis du cancer du poumon (Méd. Flamm. 1975).
♦ Indicateur de risque. Critère ,,utilisé dans le dépistage des sujets ou groupes à risque élevé, et qui n'est pas forcément lié à l'affection par des liens de causalité, du moins dans l'état actuel de nos connaissances`` (Méd. Flamm. 1975).
II. — [Le risque est affronté] Possibilité hasardeuse d'encourir un mal, avec l'espoir d'obtenir un bien. Risque financier; risque du jeu; accepter le risque. Andermatt avait dû lui représenter alors [au père Oriol] que les risques doivent être proportionnels aux gains possibles, et le terroriser par la peur de la perte (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 124). Le risque, la lutte avec le hasard, l'appel à la chance (je crois qu'il [Lamartine] aurait dit la sollicitation de Dieu), bref, l'obéissance à son inspiration, voilà le secret profond de son être, voilà son démon intérieur que nul traitement ne peut dompter (BARRÈS, Maîtres, 1923, p. 226).
— Expressions
♦ Avoir le goût du risque. Cédé ma chaire au père Monéry. Il a bien parlé, en anglais, montrant les souffrances des jeunes Français sous l'occupation, mais soulignant ce que les meilleurs d'entre eux y ont gagné: un goût du risque et de l'aventure (...) une volonté plus ferme (MAUROIS, Journal, 1946, p. 155).
♦ À ses risques et périls. V. péril I A 1 a.
♦ Courir un risque, le risque de + subst. ou inf. S'exposer à un danger pour parvenir à un résultat. Courir le risque d'un échec; courir le risque de perdre. « Il faut huit jours ». Le survivant des massacres admet qu'on s'en tirerait en un jour et ajoute: « Vous verrez bien. C'est un risque à courir » (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914, p. 50):
• 2. Il est vraisemblable qu'un nombre de joueurs plus ou moins important jouent tout en ayant une connaissance objective des probabilités (...). Cela peut s'expliquer d'abord par le goût du vertige: l'intérêt de la partie, l'émotion développée par le jeu représente un moteur psychologique additionnel qui justifie le risque couru...
Jeux et sports, 1967, p. 350.
♦ Prendre un risque, le risque de + subst. ou inf. S'exposer volontairement à un danger pour parvenir à un résultat. C'est pourquoi, prenant le risque, j'encourageais le soulèvement, sans rejeter aucune des influences qui étaient propres à le provoquer (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 292).
En partic. [Dans le domaine de la compétition sportive] Prendre des risques. S'exposer sans hésiter au danger pour obtenir la victoire. Je considère ça comme très dangereux (...). Des risques, je veux bien en prendre pour gagner, pas pour terminer 25e (L'Est Républicain, Sports, 8 janv. 1990, p. 1, col. 1).
— Loc. Au risque de + inf. En s'exposant à. Puis ce premier étourdissement, cette première prostration dissipés, elle voulut parler, appeler au secours, s'élancer hors du coupé au risque de se tuer (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 463).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1578 fém. « danger, inconvénient plus ou moins prévisible » (H. ESTIENNE, Deux dialogues du nouveau lang. fr., éd. P.-M. Smith, p. 145); 1663 masc. (MOLIÈRE, L'Impromptu de Versailles, III, éd. R. Bray, p. 363: Ton argent court grand risque); 1690 jur. (FUR.: Un dépositaire ne court point de risque, il n'est point tenu de la perte de la chose déposée: l'emprunteur est au contraire); 1694 loc. au risque de (Ac.). Empr. à l'a. ital. risco « risque », att. du XIVe au XVIIe s. (d'apr. DEI), ital. mod. rischio (dep. ca 1260, GUITTONE DA BOLOGNA ds COR.-PASC., s.v. riesgo), issu, comme l'a. prov. resegue « risque encouru par une marchandise sur mer » (dep. 1300, v. WARTBURG ds R. Ling. rom. t. 24, pp. 288-289), le cat. reec (dep. XIIIe s.), l'esp. riesgo (dep. ca 1300), d'un lat. (cf. lat. médiév. resicu dans le Picenum, 1193 ds COR.-PASC.; resegum à Marseille, 1200 ds FAGNIEZ t. 1, p. 111; risecum à Bologne, 1250-67 ds DU CANGE), dér. de « couper ». À partir de resecum « ce qui coupe » est né le sens « rocher escarpé », conservé dans l'esp. risco, d'où « écueil », puis « risque encouru par une marchandise transportée par bateau » (sens bien att. en lat. médiév., v. DU CANGE). Le -i de la forme ital. s'explique prob. par l'infl. du verbe resecare qui a pu donner en Toscane ris(i)care, rischiare (cf. ROHLFS, § 49). Le gr. byz. « hasard » (EWFS2; KAHANE Byzanz, 378) n'explique pas le -e du lat. médiév., de l'a. prov., du cat., de l'esp. et des dial. de l'Italie du Nord. Voir COR.-PASC. et FEW t. 10, pp. 292-293. Fréq. abs. littér.:2 121. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 734, b) 1 532; XXe s.: a) 2 304, b) 5 334. Bbg. CIUREANU (P.). Parole commerciali francesi di origine italiana. Bolletino dell' Istituto di lingue estere. 1951/52, t. 2, pp. 89-92. — HOPE 1971, p. 220. — QUEM. DDL t. 7, 21.
risque [ʀisk] n. m.
ÉTYM. 1657; au fém., 1557; ital. risco, aujourd'hui rischio; bas lat. risicus ou riscus, dans un texte de 1359, Du Cange, rapproché par les uns du lat. resecare « couper » (cf. esp. riesgo « rocher découpé, écueil »), rhizikon ayant en grec mod., selon Du Cange, le sens de « risque »; pour P. Guiraud « il n'y a pas le moindre commencement de preuve à ce roman nautique », et le mot vient du roman rixicare, du lat. rixare « se quereller »; → Rixe, par les valeurs de « combat » et « résistance », d'où « danger ».
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1 Danger éventuel plus ou moins prévisible. ⇒ Danger, hasard, péril (→ Cas, cit. 30; évaluer, cit. 7). || Grand risque (→ Commencement, cit. 2). || Le risque est pour ainsi dire nul (cit. 15). || Je me suis exagéré (cit. 18) le risque. || Tenir compte du risque (→ Donner, cit. 90). || Il y a des risques, quelques risques. || Il n'y a aucun risque. || Engrenage (cit. 4) de malheurs ou tout au moins de risques. || Plein de risques (→ Excentricité, cit. 5; gymnastique, cit. 17). || Sans risque, sans risque aucun (→ Formule, cit. 18). || Vous pouvez le faire sans aucun risque, sans courir le moindre risque. || Les risques d'une aventure, des batailles (→ Faire, cit. 241; intimider, cit. 4). || Ce sont les risques du métier. ⇒ Inconvénient. || Quels qu'en soient les risques (→ Margoulin, cit. 2). || À quelque risque que nous expose sa défense (→ Justice, cit. 3). || Courir, prendre un risque, des risques. ☑ C'est un risque à courir : c'est peut-être risqué, mais il faut le tenter.
♦ Risque de… || Un risque d'agression, d'aggravation, de discrédit… (→ Arsenal, cit. 5; camouflage, cit. 2; 2. port, cit. 5). — ☑ (1596). Courir risque (vx), le risque (mod.) de…, suivi de l'inf. (→ Crever, cit. 24; démonter, cit. 8; désaffection, cit. 1; heurter, cit. 32). ⇒ Exposer (s'). || Écarter le risque de… (→ Dos, cit. 14). || Il n'y a pas de risque que…, suivi du subj. : il n'y a pas de danger que… (→ Poser, cit. 22). Vieilli. || Courir risque de… — Mod. || Courir le risque de…, que…
1 Le métier de la parole ressemble (…) à celui de la guerre : il y a plus de risque qu'ailleurs, mais la fortune y est plus rapide.
La Bruyère, les Caractères, XV, 15.
2 (…) il courait risque d'entrer dans les lettres par l'imitation.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 18 mars 1850.
3 Il est dangereux de trop répéter à sa maîtresse qu'elle est jolie. C'est courir grand risque qu'elle prenne envie d'aller se le faire dire ailleurs.
Paul Léautaud, Propos d'un jour, p. 27.
4 (…) quand nous écrivions dans la clandestinité, les risques étaient pour nous minimes, considérables pour l'imprimeur.
Sartre, Situations II, p. 260.
♦ ☑ Loc. À mes risques et périls (cit. 9). — ☑ (V. 1770; à toute risque, 1656). À tout risque, à tous risques : en s'exposant à tout risque quel qu'il soit (→ Braver, cit. 9; itinérant, cit. 1).
♦ Par ext. (Littér.). || À tout risque : à tout hasard. || Au risque de beaucoup d'ennui (→ Gris, cit. 20). — ☑ (1694). Au risque de…, suivi de l'inf. : en courant le risque de…, en s'exposant à… (→ Chaise, cit. 2; douche, cit. 2; famille, cit. 16; inutilement, cit. 2). — REM. L'expression est prise parfois à contresens, au sens de sous peine de… (→ Quoique, cit. 10, Flaubert).
5 Auprès d'elle, Loti va passer une heure de complète ivresse, au risque de sa tête, de la tête de plusieurs autres, et de toutes sortes de complications diplomatiques.
Loti, Aziyadé, I, X.
6 D'un bond, il fut debout; et au risque de se tuer, il se laissa tomber par le trou qui servait à jeter le fourrage.
Zola, la Terre, II, I.
2 (1690). Dr. « Éventualité d'un événement futur, incertain ou d'un terme indéterminé, ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties et pouvant causer la perte d'un objet ou tout autre dommage. En matière d'assurance le terme désigne souvent l'événement même contre la survenance duquel on s'assure » (Capitant). || Assurance qui couvre tel ou tel risque (incendie, maladie, décès…); assurance tous risques. ⇒ aussi Multirisque (→ Assurer, cit. 15). || S'assurer contre les risques d'incendie. || Risques locatifs. || Risques courus en mer. ⇒ Fortune (de mer). || Risques de guerre : éventualité de dommages résultant directement de l'état de guerre. — (1912, in D. D. L.). || Risque professionnel (accidents du travail, maladies professionnelles). ⇒ Responsabilité (légale). — Couvrir certains risques. || Limiter les risques (→ Mutualité, cit. 6). || Supporter, se partager les risques (→ Exploitation, cit. 4). — Risques sociaux (risque de perte d'emploi, etc.).
3 Le fait de s'exposer à un danger (dans l'espoir d'obtenir un avantage). || « Le risque est le hasard d'encourir un mal, avec espérance, si nous échappons, d'obtenir un bien » (Condillac, in Foulquié, Dictionnaire de la langue philosophique). || Accepter (cit. 12) le risque (→ aussi Acceptation, cit. 4). || Le goût du risque (→ Flatteur, cit. 13; jeunesse, cit. 16). || On n'a rien sans risque. || L'audacieux (cit. 11) préfère son risque à sa vie (→ aussi Étonner, cit. 14). || L'horreur (cit. 20) du risque. — (XXe). || Prendre un risque, des risques, ses risques. ⇒ Oser. || Pilote de course qui prend des risques, trop de risques. || Il a pris des risques : il a tenté qqch. de manière hasardeuse, sans garanties quant au résultat (→ Jouer gros). || Prise de risque.
7 (…) Lembach, selon Nietzsche, lui prêtait d'aimer le risque, et déjà, secrètement, il l'aimait; Lembach lui prescrivait de vivre dangereusement, et c'était son secret désir.
A. Hermant, l'Aube ardente, XI.
8 Il y a des devoirs d'état qui, en eux-mêmes, contiennent en substance plus d'héroïsme : le devoir du soldat, par exemple, celui de l'aviateur. C'est pourquoi il faut considérer ces métiers, où le risque fait partie intégrante de l'activité humaine, comme ayant une signification particulière.
Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 174.
9 Il faut courir le risque puisque le risque est la condition de tout succès. Il faut nous faire confiance à nous-mêmes et espérer que, maîtres des secrets qui permettent le déchaînement des forces naturelles, nous serons assez raisonnables pour employer l'accroissement de notre puissance à des fins bienfaisantes.
L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 365.
10 Le monde n'est pas au vicieux, comme se l'imaginent les chastetés torturées. Le monde est au Risque. Il y a là de quoi faire éclater de rire les Sages dont la morale est celle de l'épargne. Mais s'ils ne risquent rien eux-mêmes, ils vivent du risque des autres (…) Le Monde est au risque. Le Monde sera demain à qui risquera le plus, prendra plus fermement son risque.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 36-37.
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DÉR. et COMP. Risquer. Capital-risque, multirisque.
Encyclopédie Universelle. 2012.