Akademik

sort

sort [ sɔr ] n. m.
• 1080; lat. sors, sortis
1Effet magique, généralement néfaste, qui résulte de certaines opérations de sorcellerie. 2. charme, ensorcellement, jettatura, maléfice, sortilège (cf. Mauvais œil). Jeter un sort à qqn. ensorceler. « Les sorts jetés par des magiciens ou des bergers » (Huysmans).
2(v. 1120) Ce qui échoit, ce qui doit arriver (à une personne ou un groupe) du fait du hasard, des circonstances ou d'une prédestination supposée. destin, destinée, fortune. Les infirmités sont le sort de la vieillesse. lot. S'inquiéter du sort des victimes. condition. Le sort qui l'attend. 1. avenir. Avoir confiance dans son sort. étoile. Abandonner qqn à son triste sort. Soissons, « où se décida le sort de la nation française, au sixième siècle » (Nerval).
Issue. « le hasard décide seul du sort des batailles » (France). — FAIRE UN SORT À QQCH., le mettre en valeur. « un de ces types d'autrefois qui prennent des temps interminables et qui font un sort à chaque phrase » (Maurois). Fam. En finir d'une manière radicale. Faire un sort à une bouteille, la boire.
3Puissance imaginaire qui est supposée fixer le cours de la vie (souvent personnifiée). chance, destin, destinée, fortune , hasard. Le sort est aveugle. « Ce fut un désastre. Le sort tourna devant Pavie » (Bainville). Être le jouet du sort. Les coups, les caprices du sort. « Le sort fait les parents, le choix fait les amis » (Delille). Par une ironie du sort. (Juron) Coquin de sort ! « Bon sang de bon sort, est-ce qu'il se sentait déjà vieillir ? » (Aragon). — MAUVAIS SORT. adversité. Conjurer le mauvais sort.
4(v. 1150 geter sort « jeter les dés ») Décision, désignation par le hasard (opposé à choix, élection). « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie » (Montesquieu). Le sort en est jeté : la décision est prise irrévocablement (cf. loc. lat. « Alea jacta est » :les dés sont jetés).
Loc. (1636) Tirer au sort : décider, désigner par le recours au hasard (cf. Tirer à la courte paille). Le tirage au sort; Spécialt qui désignait les jeunes gens pour le service militaire.
⊗ HOM. Saur.

sort nom masculin (latin sors, sortis) Puissance surnaturelle qui est censée fixer le cours des événements dont la cause n'est pas déterminée : Le sort en a décidé autrement. Conditions de vie de quelqu'un, sa situation : Il ne se plaint pas de son sort. Situation qui échoit finalement à quelqu'un, à quelque chose ; destinée : J'ignore quel sera le sort de ce projet. Effet malfaisant atteignant un être vivant ou une chose, parfois attribué à des pratiques de sorcellerie : On avait jeté un sort sur son troupeau.sort (citations) nom masculin (latin sors, sortis) Antonin Artaud Marseille 1896-Ivry-sur-Seine 1948 Le tricheur est celui qui corrige le sort, donc le réel : c'est un mystique en son genre. Lettre à Steve Passeur, 13 décembre 1931 Gallimard Robert Desnos Paris 1900-Terezín, Tchécoslovaquie, 1945 Plus grande est notre fortune Et plus sombre est notre sort. Le Bain avec Andromède Éditions de Flore Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Nos existences sont en réalité, par l'hérédité, aussi pleines de chiffres cabalistiques, de sorts jetés, que s'il y avait vraiment des sorcières. À la recherche du temps perdu, le Côté de Guermantes Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 […] Aimer est un mauvais sort comme ceux qu'il y a dans les contes, contre quoi on ne peut rien jusqu'à ce que l'enchantement ait cessé. À la recherche du temps perdu, le Temps retrouvé Gallimard Suétone, en latin Caius Suetonius Tranquillus vers 69-vers 126 Le sort en est jeté. Alea jacta est ! Vies des douze Césars, César, XXXII Commentaire Parole fameuse attribuée à César prêt à franchir le Rubicon, violant ainsi la loi romaine qui ordonnait à tout général entrant en Italie par le nord de licencier ses troupes avant de passer ce petit fleuve (qui marquait la frontière de la Gaule cisalpine). Homère IXe s. avant J.-C. Leur sort à tous est sur le tranchant du rasoir. L'Iliade, X, 173 (traduction P. Mazon) sort (difficultés) nom masculin (latin sors, sortis) Sens et registre Faire un sort à est utilisé dans tous les registres au sens de « mettre en valeur, faire valoir » : faites un sort à cette question dans votre compte-rendu. En revanche, l'expression est familière au sens plus courant de « en finir avec », en particulier « manger, boire en totalité » : et si l'on faisait un sort à cette bouteille ?sort (expressions) nom masculin (latin sors, sortis) Familier. Faire un sort à quelque chose, le consommer entièrement. Le sort en est jeté, c'est une chose décidée, advienne que pourra. Littéraire. Sort des armes, résultat incertain de la guerre, des combats. Tirer au sort, s'en remettre au hasard pour décider du choix de quelque chose, de quelqu'un. ● sort (homonymes) nom masculin (latin sors, sortis) saur adjectif masculin saure forme conjuguée du verbe saurer saurent forme conjuguée du verbe saurer saures forme conjuguée du verbe saurer sore nom masculin sors forme conjuguée du verbe sortir sort forme conjuguée du verbe sortirsort (synonymes) nom masculin (latin sors, sortis) Puissance surnaturelle qui est censée fixer le cours des événements...
Synonymes :
- destin
- fatalité
- fortune
- hasard
Conditions de vie de quelqu'un, sa situation
Synonymes :
- position
- situation
Situation qui échoit finalement à quelqu'un, à quelque chose ; destinée
Synonymes :
- avenir
- dénouement
- destinée
- étoile
- fin
- lot
Effet malfaisant atteignant un être vivant ou une chose, parfois...
Synonymes :
- charme
- enchantement
- ensorcellement
- maléfice
- sortilège

sort
n. m.
d1./d Hasard, destin. Les caprices du sort.
d2./d Effet du hasard, de la rencontre fortuite des événements bons ou mauvais; destinée. Il est satisfait de son sort.
|| Loc. Faire un sort à une chose, lui assigner une destination; par ext., la mettre en valeur ou en faire usage.
d3./d Décision soumise au hasard.
Tirer au sort: faire désigner par le hasard.
Le sort en est jeté: la décision est prise irrévocablement.
d4./d Maléfice. Jeter un sort à qqn.

⇒SORT, subst. masc.
A. — 1. Puissance imaginaire à laquelle est prêtée le pouvoir de présider au destin des hommes et de déterminer le déroulement de leur vie lorsque certains événements semblent dus au hasard. Synon. destin, destinée, hasard. Sort fatal, funeste; heureux, mauvais sort; conjurer le mauvais sort; être favorisé par le sort; les cruautés, les malices du sort.
Ironie du sort. V. ironie A. Coup du sort. V. coup C 2 b.
2. [Dans une interj. exprimant la colère, le dépit, l'étonnement] Hé! monstre de sort! on dirait Monsieur Tartarin (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 97). Bon sang de sort de bon dieu de bois! s'exclama La Guillaumette qui le suivait de l'œil (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 29). Coquin de sort!
B. — 1. a) [À propos d'un événement possible] Ce qui échoit, ce qui doit arriver à quelqu'un du fait du hasard ou d'un concours de circonstances. Synon. avenir, destin, destinée, fortune (vx). Avoir confiance en son sort; abandonner qqn à son sort; décider de son sort; le sort qui attend qqn; être maître de son sort. Aussi fus-je fort inquiet sur le sort de Lanrezac jusqu'au moment où j'appris que, grâce aux précautions prises par lui, la cavalerie allemande était maintenue en dehors de la zone de marche de nos colonnes (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 354). Nous tenons notre sort entre nos mains: jamais il n'y eut tant d'espoir sur la terre! (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 96).
[P. méton.] Le sort de Troie, des empires. Moi jamais, dans l'erreur de mes illusions, je n'aspire à régler le sort des nations (DELILLE, Homme des champs, 1800, p. 56).
b) P. anal. Un à un, les mots de ralliement qui ont exprimé la vie, la modification, l'espérance, la promesse, la « bonne nouvelle », et qui ont servi à agglomérer les énergies indépendantes, ont perdu leurs sucs vitaux. Tel fut le sort réservé, tour à tour, aux mots chrétienté, commune, roi, parlement (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 171).
2. En partic. Situation matérielle ou sociale d'une personne, ou d'une catégorie de personnes. Être heureux, content de son sort; adoucir, améliorer, envier, jalouser le sort de qqn; être résigné à son sort; jouir d'un sort enviable; gémir, se plaindre de son sort; s'intéresser au sort de; le sort des déshérités, des malheureux; sort affreux, déplorable, enviable, heureux, malheureux. Pierre de Bétancourt, frère de l'ordre de saint François (...) fut touché du sort des esclaves, qui n'avoient aucun lieu de refuge pendant leurs maladies (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 509):
Je quittais son bureau ayant arraché quelque concession qui allait adoucir le sort immédiat de mes camarades: l'octroi d'un peu de bois, une attribution de linge, le renouvellement des capotes en mauvais état.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 341.
Loc. verb. Faire un sort à qqn. Le favoriser, améliorer sa situation matérielle. Il est bien entendu, reprit Mirouët, que je ne donne les cent mille francs qu'au mariage de notre parente, à qui je veux faire un sort par considération pour défunt mon oncle (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 205).
C. — 1. Issue, destination finale d'une chose, d'une affaire en cours. Tel fut le sort de son livre (Ac. 1878, 1935).
Sort de la guerre, d'un combat. Issue heureuse ou malheureuse (d'une guerre, d'un combat). Nous n'avions pas encore livré la grande bataille qui devait décider du sort de la guerre (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 366).
Loc. verb., fam. Faire un sort à qqc.
♦ Accorder un traitement de faveur à quelque chose. Ce mot serait passé inaperçu, si vous ne lui aviez fait un sort en le répétant et en le commentant (Ac. 1935).
Iron. En finir de manière radicale avec quelque chose. Faire un sort à une bouteille. (Dict. XXe s.).
2. FIN. Sort principal. Capital placé pour assurer une rente. Sort principal d'une rente (Ac. 1798-1878).
D. — 1. Hasard auquel on se remet pour effectuer un choix, pour décider de l'issue d'une affaire. Désigner par le sort; le sort décide de; tirage au sort. Voilà, chef. On a tiré au sort pour savoir celui qui viendrait. Et le sort est tombé sur moi (ANOUILH, Antig., 1946, p. 160). La lecture du verdict de mort, la dégradation du militaire, le tirage au sort du peloton, le chargement des armes (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 162).
Loc. verb. Tirer qqc./qqn au sort. Recourir au hasard pour procéder à un partage, ou effectuer une désignation. Ne vaudrait-il pas mieux (...) tirer au sort trois membres du bureau? (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 137).
En partic. Mode de recrutement aux armées qui autrefois consistait à laisser désigner les conscrits par le hasard. (Ds BESCH. 1845, Lar. 19e, GDEL).
2. ANTIQ. GR. ET LAT.
a) Dé dont on se servait pour rendre des oracles, sur lequel étaient inscrits des caractères dont on trouvait l'explication dans des tables. Les devins ont souvent utilisé les dés ou sorts sacrés, lorsqu'on venait les consulter (Religions 1984).
b) Loc. verb. Jeter le sort. Recourir aux dés pour prendre une décision, pour opérer un choix. (Dict. XIXe et XXe s.).
Proverbe. Le sort en est jeté. [P. réf. à la phrase prononcée par César avant de franchir le Rubicon « alea jacta est »] Advienne que pourra, la décision est prise. Maintenant, le sort en est jeté. Toutes les dispositions sont prises (BILLY, Introïbo, 1939, p. 248).
c) Au plur. Procédés magiques censés faire connaître l'avenir. Les païens nommaient Sorts une espèce de divination qui avait lieu, soit au moyen de dés (...); soit en ouvrant au hasard un livre (BOUILLET 1859).
d) Objets auxquels il est prêté un pouvoir magique pour se préserver des maléfices. Il avait des amulettes et des espèces de sorts suspendus au cou (CHATEAUBR., Itinér. Paris Jérus., t. 1, 1811, p. 64).
E. — Effet malfaisant qui atteint quelqu'un ou quelque chose, et qui résulte de pratiques de sorcellerie. Synon. maléfice. Il a fallu que j'aille dans le Bas-Diauville pour une vache qui avait l'enfle; ils croyaient que c'était un sort (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 129). [L'abbé] connaissait (...) des paroles mystérieuses pour écarter les sorts (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 204).
Il y a un sort (fam.). Une mauvaise chance préside à une entreprise. Il y a un sort sur tout ce qu'il fait (Ac. 1878-1935).
Mauvais sort. Fatalité qui s'acharne contre quelqu'un, quelque chose, à la suite de paroles ou de pratiques magiques. Des fées barbues projetaient, dans un regard, sur la nouvelle épouse, le mauvais sort (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 20).
Loc. verb. Jeter un sort. Lancer à quelqu'un une malédiction, ensorceler quelqu'un. Elle se nommait Marcelle parmi les hommes, était belle comme le jour et avait épousé un magot nommé Dupont, dont elle était folle, car les fées raffolent des magots. Elle jeta un sort sur mon berceau et partit aussitôt pour les pays d'Outre-Mer, avec son magot (FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 11).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) Fin Xe s. « puissance imaginaire supposée fixer le cours de la vie; hasard » sort en gitad « tirer au sort; jouer pour faire un partage » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 270); b) 1833 dans un juron, une exclamation marquant le dépit, la colère, l'étonnement tripaillon de sort (VIDAL, DELMART, Caserne, p. 147); 1872 coquin de sort! (A. DAUDET, Tartarin de T., p. 1); 2. ca 1120 « ce qui échoit, ce qui doit arriver à quelqu'un du fait du hasard, des circonstances; destin, fortune » (Psautier Oxford, 30, 18 ds T.-L.); 3. a) ca 1120 sorz jeterent « recourir aux dés pour prendre une décision » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 2467, ibid.); 1609 fig. le sort en est jeté (MALHERBE, Poésies, XXXII, 41 ds Œuvres compl., éd. L. Lalanne, t. I, p. 135); b) 1752 « mode ancien de recrutement des armées » tirer au sort pour la milice (Trév., s.v. tirage); 4. 1330 « fonds qui a été placé en rente, capital » (12 janv., Ord., II, 60 ds GDF.); 1559 sort principal (AMYOT, Caton, 45 ds LITTRÉ); 5. a) 1546 « condition matérielle et sociale d'une personne » (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, Prologue, p. 15); 1561 « destination finale, issue imposée par le hasard » (J. GREVIN, César, éd. L. Pinvert, p. 44); b) 1604 le sort des armes (MONTCHRÉTIEN, David, acte IV ds Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p. 226); c) 1827 faire le sort à qqc. « fait valoir quelque chose; satisfaire » (HUGO, Cromwell, Paris Hetzel Quantin, 1881, V, 5, p. 465); cf. 1883 faire un sort à chaque syllabe (FUSTIER, Suppl. dict. Delvau, p. 552); 1896 faire un sort à qqc. « l'utiliser à son profit » (DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p. 272). II. 1. a) Ca 1100 « parole, regard, maléfice qui, selon une croyance supersticieuse, peut produire des effets extraordinaires et presque toujours malfaisants » le plus souvent au plur. (Roland, éd. J. Bédier, 3665); en partic. 1165 au sing. (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 28792); 1807 mauvais sort (STAËL, Corinne, t. 1, p. 200); b) 1680 fam. il y a un sort (SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchène, t. 2, p. 794); 2. ca 1130 « prophétie, oracle » (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 426); en partic. au plur. fin XIVe s. « tablettes que l'on tirait au hasard d'une urne et qui portaient les reprises d'un oracle » (FROISSART, Chron., éd. L. Mirot, t. 12, p. 221, ligne 8); 3. 1546 « divination pratiquée au moyen d'un ouvrage ouvert au hasard en interprétant le passage qui tombait le premier sous les yeux » sors Homeriques et Virgilianes (RABELAIS, op. cit., chap. 10, p. 80, titre); 4. 1811 « objets auxquels on attribue des pouvoirs magiques » des amulettes et des espèces de sorts (CHATEAUBR., Itinér. Paris Jérus., p. 64). Du lat. class. sortem, acc. de sors qui désignait plusieurs procédés de tirage au sort, en partic. pour consulter les dieux, d'où les sens d'« oracle », « destin, lot, part »; le genre fém. du mot lat. se retrouve parfois en a. et m. fr. ainsi que dans l'ital. sorte et l'esp. suerte. Fréq. abs. littér.:5 402. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9 966, b) 7 978; XXe s.: a) 6 460, b) 6 309. Bbg. QUEM. DDL t. 17, 28, 32.

sort [sɔʀ] n. m.
ÉTYM. V. 980, au sens 2.; 1080, sens 5.; lat. sors, sortis.
1 (V. 1120). Ce qui échoit, ce qui doit arriver à qqn du fait du hasard, des circonstances ou d'une prédestination supposée; traitement qui est réservé, situation qui est faite à une personne ou à une classe sociale. Destin, destinée, état (supra cit. 28), fortune, lot (fig.), position (supra cit. 9). || Les infirmités sont le sort de la vieillesse. Apanage. || L'amélioration matérielle du sort du prolétariat (cit. 3). Condition. || Le sort qui l'attend. Avenir. || Avoir confiance dans son sort. Étoile. || Abandonner qqn à son sort (→ Encroûter, cit. 1). || Décider, être arbitre (1. Arbitre, cit. 12 et 13), maître (cit. 35) de son sort, du sort de qqn (→ aussi Importance, cit. 12; journée, cit. 5). || Accuser (cit. 13) son sort. || Gémir, se plaindre de son sort. || Envier, jalouser le sort du voisin (→ 1. Geindre, cit. 8; heure, cit. 9). || Adoucir, améliorer le sort de qqn. || Sort déplorable (cit. 2), affreux (→ Fonctionner, cit. 4), misérable (→ 1. Goûter, cit. 5). || Sort enviable, heureux. || « Mourir pour la patrie, C'est le sort le plus beau (cit. 54), le plus digne d'envie ». || « Mourir pour le pays est un si digne sort, / Qu'on briguerait (cit. 4) en foule une si belle mort » (Corneille).
1 Je ne crois point que la nature
Se soit lié les mains, et nous les lie encor,
Jusqu'au point de marquer dans les cieux notre sort.
La Fontaine, Fables, VIII, 16.
2 Cinq pour cent des ouvriers en France, me disait récemment un de ceux qui ont le plus fait pour leur sort, sont logés dans des cités ouvrières (…)
Giraudoux, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, IV, p. 104.
Le sort de Troie. Destin (cit. 19). || Le sort des empires (→ Mourir, cit. 44). || Le sort de notre langue (→ Après, cit. 21).|| « Ces mots remplis d'impertinence Eurent le sort qu'ils méritaient » (cit. 7).
3 Le soir, j'arrivai à Soissons, la vieille Augusta Suessonium, où se décida le sort de la nation française au sixième siècle.
Nerval, les Filles du feu, Angélique, XII.
Issue. || Il dit que le sort de la prochaine guerre reposerait (1. Reposer, cit. 5) sur l'artillerie. || Le hasard décide (cit. 21) du sort des batailles. Aventure (vx).
Faire un sort à qqch. : le mettre en valeur, lui accorder un traitement de faveur, une importance particulière. || Faire un sort à un mot (→ Barricade, cit. 5).
4 Ponroy est un de ces types d'autrefois qui prennent des temps interminables et qui font un sort à chaque phrase.
A. Maurois, Bernard Quesnay, VII.
Fam. Faire un sort à une chose : en finir avec elle d'une manière radicale. || Faire un sort à de vieux vêtements : les jeter, les donner, s'en débarrasser. || Faire un sort à une bouteille (la boire), à une tarte (la manger).
2 Puissance imaginaire qui est supposée fixer le cours de la vie; cause fictive de ce qui arrive par un concours fortuit de circonstances (souvent personnifiée comme le hasard, la fortune). Destin, destinée, fortune, hasard (supra cit. 13). || « Quel heureux (cit. 10) sort en ce lieu vous amène ? » Rencontre. || Le sort tourna bientôt. Chance. || Le mauvais sort. Adversité, fatalité (supra cit. 13). || Conjurer le mauvais sort. || Être favorisé par le sort. Fortuné, heureux (supra cit. 1). || Les coups (→ Abri, cit. 11), les attaques (cit. 9), les cruautés (cit. 17), les caprices, les malices (cit. 8), les traverses du sort. || Par une ironie du sort. || « Le sort fait les parents, le choix fait les amis » (cit. 16).(Avec une majuscule). || « Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler » (→ Énergiquement, cit.).
5 Au lieu de la victoire, ce fut un désastre. Le sort tourna devant Pavie (1525) et le roi tomba prisonnier aux mains de l'ennemi (…)
J. Bainville, Hist. de France, VIII.
6 (…) la prudence superstitieuse des Provençaux, qui craindraient, en ne se plaignant pas, de réveiller le mauvais sort (…)
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, I.
(Dans un juron). || Coquin (cit. 10) de sort ! || Bon sang de bon sort !
7 Bon sang de bon sort, est-ce qu'il se sentait déjà vieillir, qu'il éprouvait comme ça cet échec ?
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XVIII.
tableau Principales interjections.
3 (V. 1150, geter sort « jeter les dés »). Antiq. Dé dont on se servait pour rendre des oracles, dans l'antiquité.
Sorts virgiliens, homériques : divination au moyen d'un passage pris au hasard dans Virgile ou Homère (cf. Rabelais, III, 10, 11 et 12; et → aussi Profane, cit. 7). || Sort des saints, au moyen de l'Écriture sainte.
4 (V. 1150). Décision, désignation par le hasard (opposé à choix, élection [cit. 6]). Tirer au sort (→ Caporal, cit. 1) : décider, désigner par le recours au hasard (→ Tirer à la courte paille).Loc. (1636). || Tirer qqch. au sort, en vue d'une distribution (→ Lot, cit. 2; pipe, cit. 2). || Tirage au sort (→ Lot, cit. 3 et 6).Spécialt. || Le tirage au sort, qui désignait les jeunes gens pour le service militaire (→ Menace, cit. 6).Le sort tomba sur… — ☑ Le sort en est jeté (→ Pharmacien, cit. 3) : la décision est prise irrévocablement, le choix est fait sans retour, quoi qu'il puisse en advenir (Alea jacta est : les dés sont jetés).
8 Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie; le suffrage par choix est de celle de l'aristocratie.
Montesquieu, l'Esprit des lois, II, II.
Le sort des armes : l'incertitude des combats, de la guerre. || Que le sort des armes décide (→ 1. Arbitre, cit. 3). || Si le sort des armes nous donne la victoire.
5 (1080). Effet magique, généralement néfaste, attaché à une personne ou à une chose et qui résulte de certaines opérations de sorcellerie. 2. Charme (A., 1.), enchantement, ensorcellement, maléfice, sortilège.(Surtout dans : jeter un sort). Jeter un sort à qqn. Ensorceler (cit. 8); → Impuissant, cit. 7. || Sorts jetés par des magiciens, des bergers, des sorciers (→ Goétie, cit.).
9 (…) dès lors, désespéré et enfoncé dans la mélancolique croyance qu'un sort avait détruit la vigueur de ses muscles, on ne pouvait plus maintenant le décider à se prendre aux flancs, même avec un gringalet de lignard.
Ed. de Goncourt, les Frères Zemganno, XIX.
HOM. Saur, sore, sors; sors, sort (formes du v. sortir).

Encyclopédie Universelle. 2012.