1. dire [ dir ] v. tr. <conjug. : 37> I ♦ Émettre (les sons, les éléments signifiants d'une langue). Dire un mot, quelques mots, quelques paroles. ⇒ articuler, émettre, proférer, prononcer. Dire qqch. entre ses dents, à voix basse. Dire qqch. à l'oreille de qqn, tout bas. ⇒ chuchoter, souffler. Dire tout haut, tout fort. ⇒ crier. — Sans mot dire : sans parler, en silence. « Je n'ouvrirai plus la bouche. Je ne dirai plus un mot » (Duhamel). Prov. Qui ne dit mot consent. II ♦ Exprimer, communiquer (la pensée, les sentiments, les intentions) par la parole.
1 ♦ ⇒ exprimer, formuler; communiquer. Dire qqch. à qqn. Dire ses projets, ce qu'on veut faire. ⇒ dévoiler, expliquer, révéler. Dire oui, non, bonjour, au revoir. Dire des choses sensées, des bêtises. Parler pour ne rien dire. Il dit être malade, avoir besoin d'argent. Il dit qu'il est malade, qu'il a besoin d'argent. Pronom. Il se dit malade (⇒ soi-disant) . Il dit qu'il serait venu s'il avait pu. Elle a dit qu'elle viendrait; elle dit qu'elle viendra. Je ne dis pas qu'il l'ait fait : j'hésite à l'affirmer. Dites-moi qui vous êtes, comment vous vous appelez, où vous allez, etc. J'ai qqch. à vous dire. « Voilà ce que j'avais à dire sur cet article » (Rousseau). — Il n'a dit cela à personne; il ne l'a dit qu'à moi. ⇒ confier. Il l'a dit à tout le monde, en public. ⇒ proclamer, publier. Je vous l'ai dit cent fois. ⇒ répéter. Dire hautement, solennellement que... ⇒ déclarer. Dire la même chose (qu'un autre), dire le contraire. J'irai jusqu'à dire que. J'ose le dire. Il ne sait plus que dire, plus quoi dire. Je te dis qu'il est venu. ⇒ affirmer, assurer. — Que dites-vous ? Qu'est-ce que tu dis ? Vous dites ? (cf. Comment ? plaît-il ?). — Dire la vérité. Toute vérité n'est pas bonne à dire. — « Il n'est pas nécessaire de penser ce qu'on dit, mais il faut penser à ce qu'on dit : c'est plus difficile » (Renard). Dire ce qu'on pense. Dire ce qu'on sait être faux. ⇒ mentir . — À ce qu'il dit : selon ses paroles. D'après ce qu'il dit. ⇒ prétendre. — Il sait ce qu'il dit : il parle à bon escient, en connaissance de cause. Il ne sait pas ce qu'il dit : il dit n'importe quoi. ⇒Fam. débloquer, dérailler, divaguer.
♢ VOULOIR DIRE : avoir l'intention d'exprimer. Qu'est-ce qu'il a voulu dire ? (cf. ci-dessous, IV, 4o).
♢ Loc. Dire son fait; ses (quatre) vérités à qqn. À vrai dire : véritablement. — C'est le moins qu'on puisse dire (renforce ce qui vient d'être dit). — C'est beaucoup dire : c'est exagéré. — C'est tout dire : il n'y a rien à ajouter. — Pour tout dire : en somme, en résumé. — Fam. Ce n'est pas une chose à dire : il vaudrait mieux ne pas en parler. — Cela va sans dire : la chose est évidente; il est inutile d'en parler (cf. Cela va de soi). « “Pourquoi dire que nous agirons selon le droit public ? Cela va sans dire !” Je lui répondis que si cela allait bien sans le dire, cela irait bien mieux en le disant » (Talleyrand). — Fam. Ce n'est pas, c'est pas pour dire. Ce n'est pas pour dire, mais il fait un drôle de temps (renforce ce qui suit). — Littér. Cela vous plaît à dire, exprime que l'on n'est pas d'accord sur ce qui vient d'être dit. La solution est satisfaisante ? Cela vous plaît à dire. — C'est vous qui le dites : je ne suis pas de votre avis. — Ce disant : en disant cela. Ceci dit : ayant dit ces mots. Ceci dit, il s'en alla (cf. Sur ce). Ceci dit, ou cela dit : malgré tout. — Soit dit en passant (cf. Par parenthèse). Entre nous soit dit : confidentiellement. — Fam. C'est moi qui vous le dis, s'emploie pour renforcer une affirmation. Nous allons bien rire, c'est moi qui vous le dis. — Je vous l'avais dit, je l'avais bien dit. ⇒ prévoir. — Il faut vous dire que, introduit une explication, un éclaircissement. — Fam. Je ne vous dis, je te dis que ça : il est inutile d'en dire plus (suivant le ton, exprime l'admiration, l'étonnement, la menace). « Une brunette piquante, Benjamin, je ne te dis que ça ! » (Pennac). — Je ne vous le fais pas dire, je te le fais, on te le fait pas dire : cela a été dit spontanément (dans une discussion, pour souligner que qqn vient d'apporter, volontairement ou non, un argument en faveur de la thèse que l'on soutient). — Fam. Ne pas l'envoyer dire à (qqn), lui dire, en termes non équivoques, une chose en face. — À qui le dites-vous ! à qui le dis-tu ! exprime que la personne qui parle connaît, a éprouvé ce dont il s'agit aussi bien que son interlocuteur. — C'était donc ça ! Vous m'en direz tant ! (cf. Je comprends maintenant ! Ah, voilà !). — Fam. Tu l'as dit, marque l'approbation. Tu l'as dit, bouffi ! — Fam. Je vais te dire... Je te dis pas (cf. Je te raconte pas).
♢ En incise Oui, dit-il. Allons-nous-en, dirent les invités. Je suis décidé, vous dis-je; je te dis. Fam. Alors, qu'il me dit...
♢ À l'impératif, comme interjection, pour renforcer une question, etc. Dites-donc, vous, là-bas ! Dites-moi ce que vous en pensez. Fam. Eh, dis donc ! Non, mais, dis ! (cf. Sans blague !).
♢ Pronom. SE DIRE : dire à soi-même, penser. Je me disais : il faut partir; je me suis dit qu'il fallait partir, je me faisais cette réflexion.
2 ♦ Décider, convenir de (qqch.). Venez un de ces jours, disons lundi. ⇒ décider. — Voilà qui est dit, c'est dit : c'est convenu, entendu. Ce qui est dit est dit. — Tenez-vous-le pour dit ! (cf. N'y revenez pas, inutile d'insister). Tout est dit : la chose est réglée (cf. Les jeux sont faits). Il a gagné la première manche, mais tout n'est pas dit. — Dire et faire. Aussitôt dit que fait; aussitôt dit, aussitôt fait : la chose a été réalisée sans délai. C'est plus facile à dire qu'à faire.
3 ♦ Exprimer (une opinion). Dire son avis, son idée, son opinion, sa pensée. ⇒ donner, émettre, professer. Je vais vous dire ce que je pense de lui. — Dire du bien, du mal de qqch. (⇒ médire) . Que vont en dire les gens ? ⇒ qu'en-dira-t-on. Avoir son mot à dire sur qqch.
4 ♦ Par ext. Avoir une opinion, être tenté de croire. ⇒ 1. juger, 1. penser. Qu'en dites-vous ? Que diriez-vous d'une promenade ? — Fam. « Après tout, ce que j'en dis, moi j'm'en fous » (Queneau).
♢ Dire que, exprime l'étonnement, l'indignation, la surprise. Dire qu'il n'a pas encore vingt ans ! (cf. Quand on pense que). — Qui l'eût dit ? qui aurait pu le penser, le croire ?
♢ ON DIRAIT QUE (avec l'indic.) :on penserait, on croirait, il semble. ⇒ croire. On dirait qu'il vient chez nous. « On dirait que le ciel est soumis à sa loi » (Boileau). — Littér. Vous diriez, on dirait d'un fou : il se conduit, il parle comme s'il était fou. « On dirait d'une main qui se pose sur mon épaule » (F. Mauriac). — Cour. On dirait un fou, un homme ivre. Ce poisson ressemble à de la viande, on dirait de la viande.
5 ♦ Raconter (un fait, une nouvelle). ⇒ conter, narrer, raconter. Littér. Je vais vous dire la nouvelle. ⇒ annoncer. Vous m'en direz des nouvelles. « Vous me devez une histoire... — Je vais vous la dire, répondit Genestas » (Balzac). Qui vous dit qu'il est mort ? Je vais le dire à ma mère ! ⇒ rapporter. — Je me suis laissé dire que : j'ai entendu, mais sans y ajouter entièrement foi, que. Je me suis laissé dire qu'il allait venir. J'ai entendu dire. ⇒ ouï-dire. — Qu'on se le dise : formule invitant à répandre une nouvelle ou formule d'avertissement (cf. À bon entendeur, salut). — Dire l'avenir; dire la bonne aventure. ⇒ prédire; diseur. — Mon petit doigt me l'a dit. — On dit : le bruit court. On dit qu'il est mort. Il est réélu, dit-on (⇒ on-dit) .
6 ♦ Exprimer (sa volonté). ⇒ commander, ordonner. Allez lui dire de venir, qu'il vienne (⇒ avertir, demander) . Je vous avais dit d'agir autrement. ⇒ 1. conseiller, recommander. Qui vous a dit de faire cela ? — Absolt, littér. Vous n'avez qu'à dire (⇒ 1. parler) . Cour. J'ai dit ! obéissez !
♢ Ne pas se le faire dire deux fois : faire qqch. avec empressement (cf. Ne pas se faire prier).
7 ♦ (Dans des expr.) Énoncer une objection. ⇒ objecter. Qu'avez-vous à dire à cela ? Il y a beaucoup à dire là-dessus. ⇒ redire. Rien à dire, ça va. Il n'y a pas à dire : il n'y a aucune objection à faire, on doit reconnaître le fait. « Il n'y a pas à dire, c'est bien compris, c'est moderne » (France). Vous avez beau dire et beau faire. Vous avez beau dire, c'est lui qui a raison. ⇒ protester. — Quoi qu'on dise : malgré tout ce qu'on peut dire. PROV. Bien faire et laisser dire : il faut faire ce qu'on croit bien sans se soucier des critiques.
8 ♦ Lire, réciter. Cet acteur a très bien dit cette réplique. Dire un poème, des vers. ⇒ déclamer. — Absolt Cet acteur dit bien, dit juste.
♢ Spécialt Dire la messe. Dire son bréviaire, ses prières. Dire son chapelet.
9 ♦ Absolt Parler, annoncer, dans un jeu de cartes. C'est à vous de dire.
III ♦ Exprimer par le langage (écrit ou oral).
1 ♦ Exprimer par écrit. ⇒ écrire. Je vous ai dit dans ma lettre que. « Dans mes écrits, j'ai été d'une sincérité absolue [...] je n'ai rien dit que ce que je pense » (Renan).
♢ Exprimer par le livre, par la publication. Je ne sais ce que dit Taine à ce sujet. Qu'en dit Littré ? Il le dit en toutes lettres. — Par ext. La loi, le code dit que. ⇒ 1. porter, stipuler. Les journaux ne disent rien de cette affaire. ⇒ annoncer, publier, signaler.
2 ♦ (Avec un adv. ou une loc. adv.) Rendre plus ou moins bien la pensée; faire entendre plus ou moins clairement qqch. (par la parole ou l'écrit). ⇒ exprimer. Dire qqch. en peu de mots; dire carrément, crûment. Il l'a mal dit et n'a pas été compris. — Il ne croit pas si bien dire : il ne sait pas que ce qu'il dit correspond tout à fait à la réalité. — Pour ainsi dire, approximativement, à peu près. — Fam. Comme qui dirait. — Autrement dit : en d'autres termes. — Pour mieux dire, s'emploie comme correctif.
3 ♦ Employer (telles formes linguistiques) pour exprimer qqch. Il ne faut pas dire « se rappeler de qqch. » mais il faut dire « se souvenir de qqch. ». Comment dit-on « boire » en espagnol ? Comme on dit (pour mettre en valeur une expression, une locution). Il est, comme on dit, fauché comme les blés. Comme on dit chez nous. — Fam. Comme dit l'autre (pour rappeler une formule connue, un lieu commun).
♢ Si j'ose dire; si je puis dire (pour s'excuser de la bizarrerie, de l'audace d'une expression).
♢ Qui dit (emploie l'expression) fils à papa dit (exprime) jeune homme gâté, paresseux. « Qui dit froid écrivain dit détestable auteur » (Boileau).
4 ♦ Exprimer, révéler (qqch. de nouveau, de personnel) en parlant d'un penseur, d'un écrivain. « Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes, et qui pensent » (La Bruyère). « N'a-t-on pas coutume de poser à tous les jeunes gens qui se proposent d'écrire cette question de principe : “Avez-vous quelque chose à dire ?” » (Sartre). Qu'a voulu dire l'auteur ?
IV ♦ Fig.
1 ♦ Faire connaître, exprimer par un signe, une manifestation quelconque. ⇒ dénoter, exprimer, manifester, marquer, montrer. Son silence dit beaucoup, en dit long. — Horloge, pendule qui dit l'heure exacte.
2 ♦ Par ext. Avoir tel aspect. « Sans soins et sans repos nocturne, que disait mon visage ? » (Colette). Fam. Qu'est-ce que ça dit ? quelle allure, quelle valeur cela a-t-il ? Cela ne dit rien, n'a l'air de rien, ne fait aucun effet (cf. Ne ressemble à rien).
3 ♦ DIRE QQCH. À (qqn). ⇒ plaire, tenter; fam. chanter. Est-ce que cela vous dit ? vous plaît, vous plairait ? Si cela vous disait, nous irions nous promener; si ça te dit, on ira. Cela ne me dit rien. « D'autres [femmes] qui ne me disaient rien » (Proust). — Cela ne me dit rien qui vaille : cela me paraît louche, dangereux.
4 ♦ VOULOIR DIRE.⇒ signifier. Que veut dire cette phrase latine ? « Une locution qui dit bien ce qu'elle veut dire » (Sartre), dont l'expression correspond parfaitement à la signification. Que veut dire son retard ? Qu'est-ce que ça veut dire, cette moue ?
♢ Qu'est-ce à dire ? que signifient vos paroles, vos actes ?
♢ ⇒ c'est-à-dire.
⊗ CONTR. 1. Cacher, dissimuler, omettre, taire.
dire 2. dire [ dir ] n. m.
• XIIIe; de 1. dire
1 ♦ Plur. ou loc. Ce qu'une personne dit, déclare, rapporte. ⇒ affirmation, déclaration, parole. Leurs dires ne sont pas concordants. — Loc. Au dire, selon le dire de : d'après, selon. Selon ses dires. — Dr. Le dire des témoins. Au dire de l'expert.
2 ♦ Dr. Mémoire remis par une partie à des experts. — Observations consignées sur le cahier des charges d'une vente aux enchères. Consigner un dire.
● dire verbe transitif (latin dicere) Articuler quelque chose, le prononcer, le faire entendre grâce à la parole : Dites « Ah ». Employer un mot, une expression dans une langue, dans un contexte, etc. : Comment dit-on « chat » en anglais ? Transmettre par la parole une information ; communiquer : Il m'a dit qu'il viendrait. Demander quelque chose à quelqu'un, l'en prier, le lui ordonner : Dites-lui bien qu'il vienne demain. Énoncer tel ou tel type de chose : Il dit quelque chose d'évident. Prétendre : Il dit préférer les voyages mais c'est faux. Énoncer tel jugement à l'égard de quelqu'un ou quelque chose : On le dit idiot. Réciter ou lire un texte à haute voix : Dire une prière, un poème. En parlant de quelque chose, indiquer : Que disent les analyses médicales ? Exprimer, signifier : Ses traits fatigués disaient sa lassitude. ● dire nom masculin Mémoire remis à un expert judiciaire. Dans le cadre d'une saisie immobilière, observations, prétentions que les créanciers ou le poursuivant ont obligation d'inscrire sur le cahier des charges de la vente, dans un délai très bref, à peine de déchéance de leurs droits. ● dire (difficultés) nom masculin Orthographe et emploi 1. Au dire de = selon le mot de. Toujours au singulier : c'est à la fois la meilleure et la pire des choses, comme la langue au dire d'Ésope. 2. À dire de = en soumettant à l'appréciation de (employé surtout dans la locution du vocabulaire juridique à dire d'experts = selon l'estimation faite par des experts). ● dire (expressions) nom masculin Les dires de quelqu'un, ce qu'il dit, affirme, déclare. Au dire de, selon, d'après les dires, d'après son affirmation, son témoignage. ● dire (homonymes) nom masculin dire verbe dirent forme conjuguée du verbe dire ● dire (synonymes) nom masculin Les dires de quelqu'un
Synonymes :
- allégation
- déclaration
- parole
- propos
● dire (citations)
verbe transitif
(latin dicere)
Émile Chartier, dit Alain
Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951
Je ne me suis proposé rien d'autre que de savoir ce que je disais quand je parlais comme tout le monde.
Propos d'un Normand, tome V
Gallimard
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Paris 1732-Paris 1799
Aujourd'hui, ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante.
Le Barbier de Séville, I, 2
Jean Cocteau
Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963
Académie française, 1955
Je me reproche d'avoir dit trop de choses à dire et pas assez de choses à ne pas dire.
La Difficulté d'être
Éditions du Rocher
Jean-François Casimir Delavigne
Le Havre 1793-Lyon 1843
Académie française, 1825
Faites ce que je dis et non ce que j'ai fait.
Louis XI
André Gide
Paris 1869-Paris 1951
Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer.
Traité du Narcisse
Gallimard
Jean de La Bruyère
Paris 1645-Versailles 1696
Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent.
Les Caractères, Des ouvrages de l'esprit
Claude Mauriac
1914
C'est encore en disant n'importe quoi que l'on peut le mieux espérer dire quelque chose.
La Conversation, I
Grasset
André Maurois
Elbeuf 1885-Neuilly 1967
Académie française, 1938
On n'aime pas une femme pour ce qu'elle dit ; on aime ce qu'elle dit parce qu'on l'aime.
De la conversation
Hachette
Jean Paulhan
Nîmes 1884-Neuilly-sur-Seine 1968
Académie française, 1963
Tout a été dit. Sans doute. Si les mots n'avaient changé de sens ; et les sens, de mots.
Clef de la poésie
Gallimard
André Siegfried
Le Havre 1875-Paris 1959
Académie française, 1944
Voulez-vous nuire à quelqu'un ? N'en dites pas du mal, dites-en trop de bien.
Quelques maximes
J. Haumont
Paul Valéry
Sète 1871-Paris 1945
Tout ce que l'on dit de nous est faux ; mais pas plus faux que ce que nous en pensons. Mais d'un autre faux.
Autres Rhumbs
Gallimard
Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues
Aix-en-Provence 1715-Paris 1747
On dit peu de choses solides lorsqu'on cherche à en dire d'extraordinaires.
Réflexions et Maximes
François Marie Arouet, dit Voltaire
Paris 1694-Paris 1778
Le secret d'ennuyer est celui de tout dire.
Sept Discours en vers sur l'homme, Sur la nature de l'homme
Térence, en latin Publius Terentius Afer
Carthage vers 185-159 avant J.-C.
On ne peut plus rien dire qui n'ait été dit avant nous.
Nullum sit jam dictum quod non dictum sit prius.
L'Eunuque, prologue
Jacinto Benavente
Madrid 1866-Madrid 1954
Quand on ne pense pas ce que l'on dit, c'est qu'on dit ce que l'on pense.
Cuando no se piensa lo que se dice es cuando se dice lo que se piensa.
¡ No quiero, no quiero !, III, 4
George Bernard Shaw
Dublin 1856-Ayot Saint Lawrence, Hertfordshire, 1950
Quand, dans ce monde, un homme a quelque chose à dire, la difficulté n'est pas de le lui faire dire, mais de l'empêcher de le dire trop souvent.
When a man has anything to tell in this world, the difficulty is not to make him tell it, but to prevent him from telling it too often.
Cesar and Cleopatra, IV
● dire (difficultés)
verbe transitif
(latin dicere)
Conjugaison
Attention à la forme irrégulière vous dites (sans accent circonflexe).
Remarque De tous les composés de ce verbe, seul redire se conjugue de la même façon : vous redites. Mais : vous contredisez, vous interdisez, vous médisez, vous prédisez.
Construction et sens
1. Dire que (+ indicatif ou conditionnel), dire (+ infinitif) expriment l'affirmation : il a dit qu'il viendrait ; il dit qu'il vous aime ; il dit vous aimer.
2. Dire que (+ subjonctif), dire de (+ infinitif) expriment un conseil, un ordre, une interdiction : il a dit que vous fassiez attention ; il vous a dit de faire attention.
3. Je ne dis pas que (+ indicatif) exprime l'insistance : je ne dis pas qu'il est malhonnête.
4. Je ne dis pas que (+ subjonctif) marque l'hésitation à affirmer : je ne dis pas qu'il soit malhonnête.
Emploi
1. Comme on dit, comme on le dit sont également corrects.
Remarque Noter toutefois la nuance de sens lorsque comme figure dans une incise : cet expert, comme vous dites (= cet expert, pour reprendre votre propre terme...) ; si c'est un expert, comme vous le dites (= si c'est un expert, comme vous l'affirmez...).
2. On dirait un / on dirait d'un. On emploie aujourd'hui on dirait un (il parle tout seul, on dirait un fou).
3. Ceci dit / cela dit → ceci.
4. Comme qui dirait → comme.
5. Ouï-dire, soi-disant : voir ces mots.
Orthographe
Dit, dite joints à un article ou à l'adverbe sus, s'écrivent en un seul mot et prennent la marque du féminin et du pluriel : audit, auxdits, auxdites, ledit, ladite, lesdits, lesdites, dudit, desdits, desdites, susdit.
● dire (expressions)
verbe transitif
(latin dicere)
Avoir, trouver quelque chose, rien, pas grand-chose à dire, avoir, trouver ou non à redire, à critiquer, à objecter.
Dire (quelque chose) à quelqu'un, ne rien lui dire, ne pas lui dire grand-chose, lui plaire, le tenter, ne pas lui plaire, ne pas le tenter : Ce voyage ne me dit rien ; évoquer quelque chose, ne rien évoquer à sa mémoire : Son visage me dit quelque chose.
Vouloir dire quelque chose, avoir dans ses propos l'intention de communiquer, d'exprimer telle chose ; signifier, exprimer, avoir pour sens : Je n'ai pas compris ce qu'il a voulu dire.
À qui le dis-tu, à qui le dites-vous ?, je ne le sais que trop.
Avoir quelque chose à dire, exprimer une pensée originale.
Familier. Ça dit bien ce que ça veut dire, c'est évident, cela exprime parfaitement ce qu'il s'agit d'exprimer.
Cela va sans dire, c'est tout naturel, évident.
Familier. Ce n'est pas pour dire (mais…), excuse qui précède une critique qui pourrait faire mauvaise impression.
C'est moi qui vous le dis, c'est sûr ou c'est important.
C'est rien de le dire !, il faut l'avoir vu, fait, éprouvé pour savoir ce que c'est.
C'est tout dire, c'est dire si, voilà qui dispense de tout commentaire, on voit à quel point…
Dire la messe, la célébrer.
Dire que !, quand on pense que (exprime l'étonnement, l'admiration, l'indignation).
Dis (dites), dis-moi (dites-moi), dis donc (dites donc), attirent l'attention ou traduisent le mécontentement, l'incrédulité, la prière.
Il n'y a pas à dire, c'est indiscutable, il faut se rendre à l'évidence.
Familier. Je ne te dis que ça !, indique qu'on a été fortement impressionné.
Je ne te le fais pas dire, tu le reconnais, tu l'avoues toi-même.
On dirait quelque chose, quelqu'un, on dirait que, expriment une apparence, une ressemblance, un fait dont on n'est pas certain : Regarde cet homme, on dirait Paul.
On dit (que) ou, en incise, dit-on, il paraît que, le bruit court (que).
Pour ne pas dire, introduit une expression plus forte : C'est une maladresse, pour ne pas dire une bêtise.
Pour tout dire, en résumé.
Que dis-je ?, s'emploie pour corriger, renforcer ce qui vient d'être dit.
Familier. Que tu dis !, que vous dites !, c'est toi qui le dis, c'est vous qui le dites, mais c'est contestable.
Quelque chose me dit que, je suis instinctivement porté à croire que.
Qu'est-ce à dire ?, qu'est-ce que cela signifie ?
Qui dit… dit, nommer telle personne ou telle chose revient à en désigner telle autre : Qui dit conquérant dit oppresseur.
S'être laissé dire que, avoir entendu parler de quelque chose, avoir une information dont on n'est pas très sûr.
Savoir, ne pas savoir ce qu'on dit, parler à bon escient, ou au contraire parler inconsidérément.
Familier. Tu m'en diras tant, vous m'en direz tant !, marque l'étonnement.
● dire (homonymes)
verbe transitif
(latin dicere)
dire
nom masculin
dirent
forme conjuguée du verbe dire
● dire (synonymes)
verbe transitif
(latin dicere)
Articuler quelque chose, le prononcer, le faire entendre grâce à la...
Synonymes :
- débiter
- proférer
Transmettre par la parole une information ; communiquer
Synonymes :
- annoncer
- déclarer
- informer
- répliquer
- révéler
- signaler
- spécifier
Contraires :
- cacher
- taire
Demander quelque chose à quelqu'un, l'en prier, le lui ordonner
Synonymes :
- sommer
Énoncer tel ou tel type de chose
Synonymes :
- énoncer
- exprimer
Prétendre
Synonymes :
- avouer
- prétendre
Énoncer tel jugement à l'égard de quelqu'un ou quelque chose
Synonymes :
- prétendre
Réciter ou lire un texte à haute voix
Synonymes :
- conter
- déclamer
- exposer
- narrer
En parlant de quelque chose, indiquer
Synonymes :
- dévoiler
- prévoir
Exprimer, signifier
Synonymes :
- dénoter
- indiquer
- marquer
- révéler
- trahir
dire
n. m.
d1./d Litt. (Surtout au Plur.) Ce qu'on dit. Nous nous assurerons de la véracité de ses dires.
— Au dire des observateurs, selon leur témoignage, leur avis.
— DR à dire d'experts: à l'estimation des experts.
d2./d DR Pièce de procédure où se trouvent consignés les moyens et les réponses des parties.
————————
dire
v. tr.
rI./r
d1./d Faire entendre au moyen de la parole, énoncer. Dites trente-trois!
— Prov. Qui ne dit mot consent: ne pas répondre équivaut à accepter ce qu'on propose.
d2./d Exprimer par la parole. Dire ce qu'on voit. Elle dit être pressée ou qu'elle est pressée.
|| Loc. Cela va sans dire: c'est tout à fait évident.
— à vrai dire, à dire vrai: pour s'exprimer d'une manière conforme à la vérité.
— Pour ainsi dire: en quelque sorte (formule d'atténuation).
— Cela dit (ou, moins correct, ceci dit): sur ces paroles. Cela dit, venons-en au fait, après ce préambule...
— Soit dit en passant (pour inclure une remarque étrangère au propos).
— Entre nous soit dit: en confidence.
— C'est vite dit: c'est plus facile en paroles qu'en actes.
|| à l'impératif, pour appeler l'attention de l'interlocuteur. Dites-moi, cher ami...
— Fam. (Insistant sur une question.) Tu viendras, dis?
|| Loc. Fam. Tu l'as dit!: marquant l'approbation.
d3./d Exprimer (un avis, un jugement). Dire du mal de qqn.
|| Loc. Parler pour ne rien dire, pour dire des choses sans intérêt ou futiles.
— Dire son fait, ses (quatre) vérités à qqn, lui dire sans ménagement ce que l'on pense de sa conduite.
— Avoir beau dire: donner son opinion inutilement, s'exprimer en vain. Tu as beau dire, tu ne nous convaincras pas.
— Je ne vous le fais pas dire: vous en convenez vous-même.
— C'est vous qui le dites (pour exprimer des réserves, son désaccord sur ce qui vient d'être dit). Je n'ai rien fait pour l'éviter... c'est vous qui le dites!
— Qu'en dites-vous?: comment jugez-vous cela?, l'approuvez-vous? Que diriez-vous d'un bon dîner?, cela vous serait-il agréable?
|| Dire que... (Introduisant une phrase exprimant le regret, la tristesse, l'étonnement.) Dire qu'il était si mignon quand il était petit!
|| (Avec l'idée de penser, de croire.) Qui l'eût dit?: qui aurait pu l'imaginer, le prévoir?
— On dirait que: on pourrait penser, imaginer que. On dirait qu'il nous évite.
d4./d Raconter.
— Je me suis laissé dire que...: on, quelqu'un, m'a rapporté que... (sans que je sache encore s'il faut le croire).
— On dit que: le bruit court que. On dit que le gouvernement s'apprête à démissionner.
— (En incise.) Cet endroit, dit-on, est des plus dangereux.
d5./d Réciter, lire, débiter. Dire des vers. Dire sa leçon.
— Spécial. Dire la messe.
d6./d Exprimer selon la règle ou l'usage de la langue. Comment dit-on cela en anglais? Il est fautif de dire "pallier à".
d7./d Exprimer sa volonté, son intention, commander; recommander. Qui vous a dit de partir? Ne pas se le faire dire deux fois: ne pas hésiter à faire ce qui est demandé. Tenez-vous-le pour dit: considérez que c'est mon dernier mot, que c'est un ordre.
d8./d (En loc.) Exprimer (une critique, une objection). Il n'y a rien à dire, c'est parfait.
— Prov. Bien faire et laisser dire: il faut faire ce que l'on doit sans se soucier de l'opinion d'autrui.
rII./r Exprimer, énoncer par écrit. L'auteur le dit dans son ouvrage.
— (En parlant de l'écrit lui-même.) Que dit le Code civil sur ce point?
rIII/r (Sujet nom de chose.)
d1./d Révéler, indiquer. Son sourire disait toute sa joie. Que dit le baromètre? Quelque chose me dit que...: j'ai l'impression, le sentiment que...
— Fam. Cela ne me dit rien: je n'en ai aucun souvenir.
— En dire long: laisser entendre plus qu'il n'est exprimé. Un silence qui en disait long.
|| Prédire. Dire l'avenir, la bonne aventure.
d2./d Dire à...: intéresser, tenter; plaire à. Il me propose de partir avec lui, cela ne me dit rien. Cela ne me dit rien qui vaille: cela ne me paraît pas très engageant, très rassurant.
— Si le coeur vous en dit: si cela vous tente, vous fait plaisir.
— (Afr. subsah.) Fam. ça ne lui dit rien: c'est sans importance pour lui.
d3./d Vouloir dire: signifier. Que veut dire cette expression? Que veulent dire ces cris?
rIV./r Constructions pronominales.
d1./d (Réfléchi) Dire à soi-même, faire à part soi quelque réflexion. Je me suis dit que j'avais eu tort.
d2./d (Réciproque) Nous nous sommes dit des amabilités.
d4./d (Avec attribut.) Se prétendre. Il se dit spirituel. Elle se dit ingénieur.
I.
⇒DIRE1, verbe trans.
I.— [Le suj. désigne une ou plusieurs pers.; il est censé se trouver face à face avec le destinataire du propos] Énoncer un propos par la parole physiquement articulée avec l'intention de le communiquer et d'appeler éventuellement une réponse ou une réaction. Dire qqc. à qqn.
A.— [Processus de la communication : forme des constr. syntaxiques]
1. [Le destinataire est pris en considération, le compl. d'obj. désigne un propos]
a) [Le compl. d'obj. est un propos rapporté au style dir., entouré de guillemets et précédé de 2 points] Il (lui) dit alors :« Bon ».
— Spéc. [Le verbe dire est placé en incise ou en fin de propos, dans les 2 cas avec inversion du suj.] La séance est ouverte, dit le président; dit-il, dis-je, qu'il dit.
♦ Emploi abs. [En énoncé indépendant (pour clore un discours)] J'ai dit! J'ai fini de parler.
b) [Le compl. d'obj. est un n. ou un pron.] Je lui ai dit toute ma pensée, ce que je pense.
♦ Se dire + attribut de l'obj. Se dire satisfait de.
♦ Emploi réciproque. Se dire ses quatre vérités.
c) [Le compl. est une prop. sub. complétive ou interr. indir. à l'ind. ou au cond.] Je lui dis que c'est possible, que ce serait possible, comment je crois pouvoir faire.
— Cas partic. [La communication se fait par un code, p. ex. écrit, dérivé de la parole articulée, gén. précisé par le cont.] Il me dit dans sa lettre que. P. méton. [La pers. émettrice étant exprimée par un adj. poss. ou suggérée par le cont.] Son télégramme dit que.
♦ [Suj. parlant et destinataire sont la même pers.] Se dire à soi-même, dire en soi-même.
Rem. Quasi-synon. entre dire en soi et penser.
d) [Le compl. d'obj. est un inf., le suj. de dire et de l'inf. compl. désignant la même pers.] Littér. Il dit préférer.
2. [Le destinataire est pris en considération, le compl. d'obj. désigne une invitation à agir]
a) [Le destinataire du propos et le suj. de l'action à faire désignent la même pers.] Dire à qqn de + inf.
— [En manière d'insistance, dire que + ind. ou cond. d'un auxil. de mode exprimant l'obligation] Je leur ai dit qu'ils devront veiller, auraient à prendre garde.
b) [Le destinataire du propos et le suj. de l'action désignent des pers. différentes] Dire que + verbe au subj.
3. [Le destinataire n'est apparemment pas pris en considération]
a) [P. réf. à des propos entendus] On dit que; dit-on.
b) [P. réf. à des manières de parler usuelles] Il est, comme on dit, complètement fauché.
B.— [Processus de la communication : valeurs sém.]
1. Exprimer par la parole un propos.
a) Emploi trans. dir.
) Faire connaître par la parole, énoncer, exprimer. Dire qqc. à, de qqn, dire que, dire comment, se dire à soi-même. Anton. partiel faire, écrire. Chaque fois que le jeune Ernest sortait de chez son père, il subissait un interrogatoire inquisitorial sur tout ce que le comte avait fait et dit (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 427). J'aime mieux te dire tout, mon ami. Je suis partie hier avec l'intention de ne plus revenir (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 43). Dans la morale, comme dans l'art, dire n'est rien, faire est tout (RENAN, Vie Jésus, 1863, p. 97) :
• 1. J'ai recueilli, consigné, jour par jour, tout ce que j'ai vu de Napoléon, tout ce que je lui ai entendu dire, durant les dix-huit mois que j'ai été auprès de sa personne. Or, dans ces conversations du dernier abandon, et qui se passaient comme étant déjà de l'autre monde, il devra s'être peint lui-même comme dans un miroir...
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 3.
• 2. — (...) Qu'est-ce que tu m'écrivais?
— Je t'écrivais... Non, vois-tu, je n'ose même pas te le dire. Tu vas encore t'emporter.
— Penses-tu! Je comprends trop bien ton ennui. Raconte-moi l'affaire tranquillement et on y réfléchira ensemble.
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 136.
SYNT. Dire son nom (cf. FLAUB., Tentation, 1849, p. 290). Finir par dire (que). Un jour, après un emportement de son mari dont on a toujours ignoré la cause, cet homme finit par lui dire :« Allez dans votre chambre, madame! » (BARB. D'AUREV., Memor. A... B..., 1864, p. 438). Dire la raison de (cf. BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 143). Avoir raison de dire. J'avais raison de dire qu'il n'était pas fait pour naître parmi les pauvres (PROUST, Sodome, 1922, p. 847). Dire des absurdités (cf. FLAUB., Corresp., 1857, p. 210, 211). Dire des âneries (cf. GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1087). Dire des riens (cf. BALZAC, op. cit., p. 49). Dire des sornettes (cf. DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 60).
— Locutions
♦ [Dans des énoncés de la lang. parlée souvent fam. et du style dir., à caractère gén. exclam., adversatif, interr.]
C'est tout dire, c'est beaucoup dire, c'est dire si...; ce n'est pas pour dire, mais...; c'est moi qui vous le dis! Je ne vous le fais pas dire; je ne vous dis que ça. Va me le chercher [Agénor] (...) je ne te dis que ça (LABICHE, Prix Martin, 1876, III, 8, p. 99).
À qui le dites-vous? Je lui en ai dit (cf. COLETTE, Music-Hall, 1913, p. 112).
Ne pas s'en faire et laisser dire (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 171). Avoir beau dire et beau faire (cf. CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 509); BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 881; cf. aussi beau ex. 112 à 114.
Que tu dis, qu'il dit. Le gros mec s'approche. Tu me cherches des crosses, qu'il me dit. Pan, pan, aussi sec, mon poing dans chaque œil, et toc, mon gauche dans le creux de l'estomac, total, voilà le gros par terre, sans dire ouf (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 19).
Vous m'en direz des nouvelles. Entrez, automatiques comme tout, dans les Ordres de l'Harmonie Bien-Veillante! Et vous m'en direz des nouvelles (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 168).
♦ [Dans des énoncés à caractère narratif]
Sans dire une parole (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 264). Ne dire mot (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1304). Sans mot dire (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 37). Ce n'est pas une chose à dire.
Il sait/ne sait pas ce qu'il dit; il ne veut pas qu'il soit dit; il n'est pas dit (que).
Ne pas se le faire dire deux fois.
Voilà qui est dit; tout n'est pas dit; et tout est dit. Puisque je suis sur le chapitre du grand critique encore quelques anecdotes, et tout est dit (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 131).
Proverbes. Qui ne dit mot consent (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 42). Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. On dit communément : je te dirai qui tu es, dis-moi qui tu hantes; on peut dire avec tout autant de certitude : dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 289).
— Spéc. Exprimer des sentiments. Dire ses craintes (cf. MICHELET, Journal, 1842, p. 383), Dire sa tendresse (cf. MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Nos lettres, 1888, p. 1106). Encore un mot dont il usait souvent :« Pourrai-je dire mon sentiment? » (VALLÈS, Réfract., 1865 p. 124).
♦ Se dire (que). Ils s'étaient dit qu'une grande fille de quatorze ans n'est plus une enfant, et n'a pas été créée pour vivre seule (LOTI, Mariage, 1882, p. 26) :
• 3. La musique plate et les charmants pas de Mademoiselle Elssler lui causèrent un enchantement qui l'étonna. Il se disait vaguement qu'il ne jouirait pas longtemps encore de toutes ces belles choses, et à cause de cela elles ne lui donnaient pas d'humeur.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 3, 1835, p. 368.
• 4. ... le menton est opiniâtre, le front raisonnable et volontaire sous les bandeaux modestes. Je me suis dit en examinant ce visage qu'on eût cru modelé par la douleur d'une longue vie, que la France battue chercherait en elle-même les raisons de continuer sa route...
GREEN, Journal, 1940, p. 13.
• 5. Malaisé de se sentir bon quand on se laisse tout penser, tout se dire. Mais alors l'on n'est même pas... mauvais. Tout se dire, c'est enfin rejeter tous les attributs, — tendre vers le moi pur.
VALÉRY, Mauvaises pensées et autres, 1942, p. 173.
) Exposer, raconter, narrer.
♦ Répandre une nouvelle. On dit; les mauvaises langues disent (que); (le) qu'en dira-t-on. Moi, un écrivain, rédacteur au Mercure (...) je suis soumis aux qu'en-dira-t-on du personnel subalterne de la maison (LÉAUTAUD, Journal littér., t. 3, 1910-21, p. 375).
♦ Dire l'avenir, la bonne aventure, les cartes. Lorsqu'on fut revenu au salon, il [Gontran] se fit dire les cartes par Louise, qui savait fort bien annoncer l'avenir (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 207).
♦ Dire le droit (cf. droit3 I B 2).
) Exprimer un avis, une opinion. Puisque vous me permettez de dire mon avis (BERN. DE ST-P., Chaum. ind., 1791, p. 102). Après tout, il me semble qu'ici chacun a bien le droit de dire son opinion (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 175) :
• 6. Je livre ce système, si c'en est un, aux méditations des penseurs. Ils verront facilement quelles doivent être ses heureuses conséquences, et combien il est appuyé par tout ce que nous avons dit précédemment de l'esprit et des principes des différents gouvernements...
DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu, 1807, p. 209.
• 7. Mais quoi que l'on puisse dire sur la richesse doctrinale et sur la poésie de ces pièces liturgiques, leur plus grande gloire est d'avoir inauguré le culte public du cœur de Jésus; priorité mémorable, qu'on a vainement essayé de contester et sur laquelle il n'est pas inutile de dire encore quelques mots.
BREMOND, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 638.
♦ On dirait (d') + subst. Le buste de cet homme [le maître de poste] était un bloc; vous eussiez dit d'un taureau relevé sur ses deux jambes de derrière (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 5). On dirait un essaim qui grouille (MORÉAS, Syrtes, 1884, p. 7). C'est vitreux, mou, aveugle, bordé de rouge, on dirait des écailles de poisson (SARTRE, Nausée, 1938, p. 33).
♦ On dirait que. On dirait volontiers d'eux qu'ils ignorent ce que Taine, parlant de Michelet, appelait « l'imagination du cœur » (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 143). On aurait dit que Robert avait entendu le murmure de mes pensées (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 335).
♦ Fam. et arg. (C'est) comme qui dirait. Non pas une part de la moitié, non ... ce serait trop; ... mais, comme qui dirait une prime de cinquante pour cent (FRANCE, Jocaste, 1879, p. 108).
♦ Dire son fait à qqn. Nous quittons le municipal après lui avoir bien dit son fait (STENDHAL, H. Brulard, t. 2, 1836, p. 475). Je voulais dire son fait à la critique (GONCOURT, Journal, 1889, p. 898) :
• 8. J'ai vu aussi qu'il avait le goût de la justice, qu'il avait du courage dans les relations, une espèce de longanimité, de bienveillance pour les crétins, mais tout à coup susceptible de dire son fait.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 2, 1899-1901, p. 145.
♦ Se dire, dire qqn ou qqc. + attribut de l'obj. Elle se disait fort malade (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 141). Les personnes dites immorales (PROUST, Fugit., 1922, p. 678) :
• 9. Vous tombez, chère Athéna, dans un moment de l'entretien qu'il n'est pas exagéré de dire pathétique.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, p. 49.
♦ Dire + inf. Et vous dites aimer votre fille! (LEMERCIER, Pinto, 1800, I, 3, p. 14). Vous calculez, et vous dites aimer (BALZAC, Langeais, 1834, p. 276) :
• 10. Il expliquait que la mine ne pouvait être la propriété du mineur, comme le métier est celle du tisserand, et il disait préférer la participation aux bénéfices, l'ouvrier intéressé, devenu l'enfant de la maison.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1382.
) Énoncer une objection, une critique. Qu'avez-vous à dire à cela, contre cela? Synon. redire :
• 11. Ô Brisson, que de belles choses vous disiez, sous l'Empire, contre les ministres qui organisaient des tumultes comme celui que vous avez voulu et préparé hier!
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 263.
SYNT. N'avoir rien à dire, il n'y a pas à dire, trouver qqc. à dire.
) [À l'impér. ou avec part., suivi gén. d'une précision numérique ou d'un adv.] Convenir, arrêter, fixer. À heure dite (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 204; MALLARMÉ, Corresp., 1875, p. 67) :
• 12. Ne parlons donc pas ici d'esprits différents du nôtre. Disons simplement qu'ils ignorent ce que nous avons appris.
BERGSON, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 158.
♦ [Avec litote] Bon, ça va, grasseya le principal. Mais ne dites pas que j'ai fait pression sur vous (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 797).
b) Emploi trans. indir. Dire de + inf./dire que. Ordonner, commander :
• 13. ... je lui dis précipitamment de sortir, que j'avais à parler en particulier à ma bonne.
SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1775.
♦ Loc. (avec emploi abs.). N'avoir qu'(un mot) à dire et...
♦ Se dire de + inf. Projeter de. Fauriel s'était épris tout d'abord du poëme de la Parthénéide [de Baggesen], et s'était dit de le traduire (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t. 4, 1846-69, p. 174).
2. Exprimer, énoncer par écrit. Dire dans une lettre que. J'ai dit le motif secret qui l'éloignoit de la solitude, et cette différence de conduite fit naître l'idée qu'elle pourroit renoncer à la vie religieuse (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 38).
— Spéc., littér. [En parlant d'un penseur, d'un écrivain] Exprimer, révéler quelque chose de nouveau, de personnel, célébrer (un événement). Puis, la guerre venue, les temps noirs, il a dit Tarascon, et sa défense héroïque, l'esplanade torpillée (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 28). Je dirai le soleil levé et le printemps (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 82).
• 14. Si donc l'on m'interroge; si l'on s'inquiète (...) de ce que j'ai « voulu dire » dans tel poème, je réponds que je n'ai pas voulu dire, mais voulu faire, et que ce fut l'intention de faire qui a voulu ce que j'ai dit...
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 63.
• 15. ... je n'ai pas assez dit cette ombre des dieux qui tient tout le ciel, qui marche avec l'ombre des nuages...
GIONO, L'Eau vive, 1943, p. 29.
— P. méton. [En parlant d'un texte, d'une pensée considérée comme réf.] Comme dit admirablement la métaphore grecque (HUGO, Feuilles automne, 1831, p. 714). Comme dit la Bible et comme dit la vraisemblance (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 25). L'article 731 du Code civil dit :« Les successions sont déférées aux enfants » (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 188).
3. [Dans le discours écrit et oral] Emploi pronom.
a) Sens réfl. + attribut de l'obj. Se dire content de. [Mme Aubin à Peltier] Dites, Monsieur, si vous avez jamais eu le droit de vous dire mon amant (VERLAINE, Œuvres complètes, t. 4, Louise Leclerq, 1886, p. 172).
b) Sens réciproque. Se dire ses quatre vérités.
c) Sens passif. [Le suj. désigne la signification ou l'emploi possibles d'un mot] L'un ou l'autre se dit ou se disent.
II.— [Le suj. désigne une pers. qui parle (mais n'attend pas de réponse du destinataire du propos) ou qui écrit; l'accent est mis sur la forme du message]
A.— Exprimer par la parole, en articulant à voix plus ou moins forte.
1. [L'accent est mis sur la plus ou moins bonne articulation des sons] Réciter, lire ou chanter à plus ou moins haute voix. Dire un poème, une chanson; l'art de dire. J'avais un voisin aimable, ancien économe de lycée disgracié, qui savait beaucoup et disait bien (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 59) :
• 16. Dur et pitoyable métier : je me suis tourmenté pour la composition, la manière de dire ou de prononcer et tout cela pour l'effet d'un moment, oublié ou perdu le moment d'après par ceux même qui ont écouté avec intérêt, absolument nul pour le plus grand nombre qui n'entend pas et ne se soucie nullement des paroles...!
MAINE DE BIRAN, Journal, 1820, p. 297.
• 17. Avec l'élégance actuelle de nos façons polies, qu'est-ce qu'une femme peut connaître d'un jeune homme « correct », après cinquante visites, si ce n'est son degré d'esprit et le plus ou moins de progrès qu'il a pu faire dans l'art de dire élégamment des choses insignifiantes?
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1835, p. 67.
— Spécialement
♦ Dire un office, une/la messe. Célébrer. L'on disait autrefois, et je crois bien que l'on dit encore une messe à leur intention [des toreros] pendant la course (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 88).
♦ Dire ses heures, son chapelet, le rosaire, le bénédicité, ses oraisons. Tous deux vont à la messe et disent leur rosaire (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 334). En l'enveloppant d'un regard d'angoisse, elle [Félicité] implorait le Saint-Esprit, et contracta l'habitude idolâtre de dire ses oraisons agenouillée devant le perroquet (FLAUB., Trois contes, Cœur simple, 1877, p. 66). Personne ne dit le bénédicité? demanda Boche (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 451) :
• 18. ... et quand les garçons reviendront du bois, en bonne santé s'il plaît au Bon Dieu, trois autres [messes] pour le repos de son âme, pauvre garçon! Et tous les dimanches nous dirons un chapelet pour lui.
HÉMON, Maria Chapdelaine, 1916, p. 146.
Rem. L'accent peut être mis sur le caractère itératif et par là-même dégradé de l'acte de dire. Dire son chapelet peut signifier débiter son chapelet. Nous ne manquons pas de vieilles pies dévotes qui disent leurs patenôtres toute la journée (MUSSET, Hist. merle bl., 1842, p. 56).
— P. anal. [En parlant d'une compos. artistique] Il arrive souvent qu'un morceau pauvre en lui-même, mais exécuté par une jeune fille sous l'empire d'un sentiment profond, fasse plus d'impression qu'une grande ouverture pompeusement dite par un orchestre habile (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 151).
2. [L'accent est mis sur une prononc. qui s'écarte de l'usage] [Kléber] lui dit avec son accent demi-allemand : — Tiens! voilà Ali-Bonaparte qui va nous faire une des siennes (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 150). Puis il dit avec un accent marseillais :« Zé oublié ma bourse, té, il a fallu revenir. Autrement, je crois que tu dormais de bon cœur » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Marroca, 1882, p. 793).
♦ Façon(s) de dire. Bamban était loin d'appartenir à une famille aristocratique. Cela se voyait sans peine à ses manières, à ses façons de dire, et surtout aux belles relations qu'il avait dans le pays (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 73). Tu sais qu'il observait exactement toutes les bienséances. Il avait de vieilles façons de dire qui étaient excellentes (FRANCE, Crainquebille, Cravate, 1904, p. 132) :
• 19. Voyons, bon ermite, cher saint Antoine! Homme pur, homme illustre! Homme qu'on ne saurait assez louer! Ne vous effrayez pas; c'est une façon de dire exagérée, prise aux orientaux.
FLAUBERT, La Tentation de St Antoine, 1874, p. 115.
B.— [Avec un adv. ou une tournure adv.] Exprimer par le langage écrit ou oral; rendre sa pensée de telle ou telle manière. Il ne croit pas si bien dire. Ne te fâche pas si je dis mal les choses (AUDIBERTI, Femmes Bœuf, 1948, p. 120) :
• 20. ANDROMAQUE. — Avoue que certains jours tu l'aimes [la guerre].
HECTOR. — Si l'on aime ce qui vous délivre de l'espoir, du bonheur, des êtres les plus chers...
ANDROMAQUE. — Tu ne crois pas si bien dire... On l'aime.
GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935, I, 3, p. 22.
— Dire d'une manière + adj. Ce sourire et ce mouvement en disaient autant qu'un bien long discours; ils disaient d'une manière concise et frappante à peu près ceci : (...) (LOTI, Mariage, 1882, p. 176).
— Dire en aparté, cachette, confidence. Tu n'as pas encore l'habitude, et tu conduis mal tes affaires : je te le dis en confidence (NERVAL, Sec. Faust, 1840, 2e part., p. 152).
— Dire + adv. (adv. d'au moins 10 occurr. ds la docum.). Dire affectueusement (cf. MIRBEAU, Journal femme, 1900, p. 283), dire aigrement (cf. BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1243), dire aimablement (cf. BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 178), dire amèrement (cf. SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 11), dire amicalement (cf. FROMENTIN, Été Sahara, 1857, p. 215), dire (tout) bêtement (cf. MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p. 665), dire (tout) bonnement (cf. DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 335), dire (plus, assez) brièvement (cf. COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 44), dire brusquement (cf. MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Moiron, 1887, p. 1147), dire brutalement (cf. MURGER, Scènes vie jeun., 1851, p. 136), dire calmement (cf. CAMUS, Peste, 1947, p. 421), dire carrément (cf. GONCOURT, Journal, 1852, p. 84), dire clairement (cf. MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p. 328), dire confidentiellement (cf. HUGO, Corresp., 1822, p. 352), dire couramment (cf. BERGSON, Deux sources, 1932, p. 80), dire crûment (cf. BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 197), dire distraitement (cf. GONCOURT, Journal, 1890, p. 1098), dire doucement (cf. MICHELET, Journal, 1820, p. 103), dire (assez) durement (cf. ID., ibid., 1842, p. 377), dire fièrement (cf. SARTRE, Nausée, 1938, p. 176), dire formellement (cf. J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 186), dire fortement (cf. BLOY, Journal, 1892, p. 53), dire franchement (cf. BOREL, Rhaps., 1831, p. 13), dire froidement (cf. SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1698), dire gaiement (cf. LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 429), dire gentiment (cf. HUGO, N. D. Paris, 1832, p. 542), dire gravement (cf. GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1037), dire hardiment (cf. STAËL, Allemagne, t. 4, 1810, p. 37), dire hautement (cf. MAINE DE BIRAN, Journal, 1820, p. 274), dire incidemment (cf. ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 245), dire ironiquement (cf. FLAUB., Corresp., 1846, p. 218), dire justement (cf. GONCOURT, Journal, 1890, p. 1168), dire laconiquement (cf. HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 385), dire lentement (cf. FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 36), dire mollement (cf. GONCOURT, Journal, 1893, p. 364), dire naïvement (cf. VAN DER MEERSCH, Invas., 14, 1935, p. 330), dire négligemment (cf. STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 36), dire nettement (cf. ZOLA, Assommoir, 1877, p. 455), dire obligeamment (cf. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 19), dire ouvertement (cf. SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1604), dire paisiblement (cf. BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 300), dire plaisamment (cf. SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1809), dire poliment (cf. VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 40), dire posément (cf. GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 263), dire précisément (cf. STAËL, Lettres div., 1794, p. 609), dire rageusement (cf. SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 269), dire railleusement (cf. MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 186), dire rapidement (cf. LATOUCHE, L'HÉRITIER, Lettres amans, 1821, p. 105), dire résolument (cf. STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 175), dire respectueusement (cf. GONCOURT, Journal, 1863, p. 1216), dire sèchement (cf. ID., Mme Gervaisais, 1869, p. 152), dire sérieusement (cf. FLAUB., Corresp., 1853, p. 256), dire sévèrement (cf. MIRBEAU, Journal femme, 1900, p. 93), dire (tout) simplement (cf. DESTUTT DE TR., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p. 366), dire sincèrement (cf. CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1855, p. 181), dire sourdement (cf. PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 764), dire spirituellement (cf. JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 292), dire timidement (cf. HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 549), dire tranquillement (cf. CHÉNIER, Épîtres, 1794, p. 194), dire tristement (cf. MILLE, Barnavaux, 1908, p. 163), dire vulgairement (cf. FLAUB., Corresp., 1853, p. 401).
C.— [Dire, outil de discours]
1. [Dire introduit le style dir. pour citer des paroles, un juron, une interj., etc.] Tu es bête, tu peux bien me dire « tu », dit Alban, à celui qui dans dix minutes n'aurait plus à dire ni « tu » ni « vous » (MONTHERL., Songe, 1922, p. 154) :
• 21. La première fois que le père se formalisa de ce dédaigneux rayonnement qui l'atteignit comme un éclair, il dit cette phrase que je me suis rappelée : — Si vous me regardez encore ainsi, Lambert, vous allez recevoir une férule!
BALZAC, Louis Lambert, 1832, p. 59.
• 22. — Justin, tu m'agaces. Lyon-Després a dit au censeur, en te désignant du menton, il a dit exactement :
« Extraordinaire, le petit Juif! Il est extraordinaire! »
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 11.
♦ Dire merde. Bon! — je me dis — en nous couchant, tu vas me faire des lamentations sur ton vase, mais je te dirai merde! (GONCOURT, Journal, 1860, p. 683). Ah! Cambronne n'a pas dit merde aux Anglais. Eh bien, je dis merde à Lucas! (HUGO, Corresp., 1862 p. 395).
♦ Dire ouf. L'enfant n'eut pas le temps de dire ouf (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 23). Chevalme s'approcha de son copain et lui assena une énorme baffe. Sans dire ouf, le copain s'effondra (TRIOLET, Prem. accroc. 1945, p. 392).
2. [En incise, dire annonce que les propos sont rapportés ou fait réf. à des propos connus, entendus] Dit-il, dis-je, dit-on, ou fam. qu'il dit.
a) [À l'intérieur de la prop.] Hélas! dit-elle, s'il eût été ici dix ans plus tôt, j'aurois épousé mon doux Tobie (GENLIS, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 96) :
• 23. Si elle n'a pas de peine à croire ce qu'on lui commande dans cet ordre des choses divines, c'est (elle le dit expressément) parce que Dieu lui a fait la grâce de lui donner la foi...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 95.
b) [En fin de prop.] Faites, faites, Monsieur Grandet, charbonnier est maître chez lui, dit sentencieusement le président (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 40). « Ils ne reconnaissent pour gens de valeur que leurs amis », disait-on (GIDE, Journal, 1940, p. 47).
c) [L'incise est introd. par comme] Monnaie de singe, comme on dit énergiquement (ALAIN, Propos, 1931, p. 998). Le ciel est pavé de bonnes intentions, non l'enfer, comme on le dit assez sottement (GREEN, Journal, 1950, p. 355) :
• 24. ... il est certain que c'en est fait de la noblesse, si, au lieu de chercher à se créer des alliances, elle continue, comme vous l'avez dit excellemment, de s'isoler dans ses terres, et de s'enfermer dans son orgueil.
SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 249.
• 25. ... Paris est devenu, comme on dit en argot de chemin de fer, tête de ligne de toutes les fortunes faites en pro-vince.
GONCOURT, Journal, 1861, p. 940.
• 26. Mon père, fils de petites gens, mi-paysans, mi-jardiniers, s'était détourné de la terre pour « s'élever par le savoir », comme il disait volontiers.
DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Vue de la Terre promise, 1934, p. 116.
Rem. 1. Dit-on est except. empl. subst. avec un sens proche du qu'en dira-t-on. Pas la faute de ces grands seigneurs, qui, tellement aimés, faisaient bien mentir le dit-on (LA VARENDE, Manants du Roi, 1938, p. 3). 2. La docum. permet d'observer les fréq. suiv. des différentes formes d'incise avec pronom : dit-il représente 45% des formes d'incise aux temps simples, dis-je près de 30%, dit-elle environ 18%; dis-tu, disions-nous, disent-ils, à peine 1,5% chacun, puis avec un nombre plus faible d'occurr. disent-elles et dit-on.
3. [Dire ponctue la fin d'une déclaration] J'ai dit! Puisse notre union durer autant que la terre et le soleil! j'ai dit (CHATEAUB., Natchez, 1826, p. 196); cf. aussi p. 424).
4. [Dire, en syntaxe expressive, permet dans des loc. figées]
a) [l'enchaînement du raisonnement] Ceci dit, cela dit (cf. ceci, cela).
b) [la notation de figures de pensées, nuançant la portée d'un énoncé, d'une opinion]
♦ [Effet d'hyperb. ou de quantification] Que dis-je? Il ne semble pas exagéré de dire que, dès le séminaire, Renan est tout formé et en possession des données essentielles qu'il développera plus tard (MASSIS, Jugements, 1923, p. 37).
♦ [Effet d'atténuation] J'allais dire, je ne saurais dire, que dire de plus, si j'ose dire. Voici, Messieurs les jurés, le simple récit de ce meurtre. Que dire de plus pour sa défense? (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Assass., 1887, p. 594). Le plus prudent des hommes dira tout au plus là-dessus qu'il faut qu'il en soit ainsi (ALAIN, Propos, 1931, p. 1005). Tous les Descartes de ce monde sont toujours à constater si cela est, ou disons plus modestement, si ces apparitions sont bien telles que l'imagination les décrit (ALAIN, Propos, 1932, p. 1104). Je dirais volontiers qu'un orage menace, si nous n'étions si tôt dans la saison (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, p. 1574) :
• 27. ... un ordre de mouvement dramatique, un rythme de pas pressés ou ralentis (j'allais dire de ballet) qui commence, et ne s'arrêtera qu'à la fin sur une mesure originale...
THIBAUDET, Réflexions sur la litt., 1936, p. 79.
♦ [Effet de prétérition, d'allus.] Soit dit entre nous, soit dit en passant. Soit dit en passant, c'est une justice à rendre aux Allemands que leurs camps étaient très visibles, très reconnaissables, et généralement situés assez loin des agglomérations pour que tout danger de bombardement en fût écarté (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 343).
♦ [Effet de substitution] Autrement dit (cf. autrement).
♦ [Effet de congruence] Proprement dit. L'image proprement dite d'une suppression de tout n'est donc jamais formée par la pensée (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 279). Même si elle n'acquiert pas chez autrui un pouvoir de gestion proprement dit, elle agit par conseil, recommandation, information (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 209).
♦ [Effet d'insistance]. Je le dis et je le répète. Hier j'ai relu les Consolations pour me consoler de ce que j'entrevois. Elles sont ravissantes, je le dis et je le répète; c'est ce que je préfère dans la poésie française intime (LAMART., Corresp., 1830, p. 36) :
• 28. ... comme je l'ai dit ici et redit, à peine la « volonté » s'en mêle, ce « vouloir-être-sincère-avec-soi » est un principe inévitable de falsification.
VALÉRY, Variété II, 1929, p. 107.
c) [Suivi de donc, dire permet toutes formes d'expression de sentiment (emportement, agacement...) manifestées à propos du dire d'un interlocuteur] Dis donc! (cf. donc).
5. Loc. ou expr. formées avec l'inf. dire
a) Avec à
♦ C'est-à-dire.
♦ Il y aurait beaucoup à dire. Il y aurait beaucoup à dire (...) sur cette justice des nations polies, dont les vengeances sont plus cruelles que le crime même (FRANCE, Contes Tournebroche, 1908, p. 155). Il y aurait beaucoup à dire sur ce point (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 260).
♦ Est-ce à dire? Qu'est-ce à dire? Qu'est-ce à dire, sinon qu'on ne peut concevoir de tendances données par la nature, mais qu'elles surgissent du mouvement même de la liberté (...)? (J. VUILLEMIN, Être et trav., 1949, p. 18) :
• 29. Est-ce à dire, qu'une fois la victoire remportée et la justice rendue, la France de demain voudra se figer dans une attitude de rancœur à l'égard d'un peuple longtemps dévoyé mais que rien de fondamental ne devrait séparer de nous?
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 536.
Rem. Emploi subst. exceptionnel de la loc. Il jeta un — « Qu'est-ce à dire? » qui révélait plus le maître brutal que l'homme amoureux (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1147).
♦ À vrai dire. Ils ne deviennent des caractères typiques que par l'habitude acquise de n'en développer qu'un seul, à laquelle nous cédons à vrai dire généralement (MOUNIER, Traité caractère, 1946, p. 332) :
• 30. ... c'est qu'il s'agit d'un livre dont Jésus-Christ a dit que pas un « iota » ne passerait jamais et qui est à vrai dire le seul livre qui mérite ce nom.
GREEN, Journal, 1947, p. 83.
♦ À dire vrai. Quant à restreindre mes aises, mes plaisirs, j'y suis prêt. À dire vrai, mon corps vieillissant n'en a cure (GIDE, Journal, 1940, p. 53). L'étonnant chez Jacques Blanche, c'était que son insatiable curiosité vous donnait l'illusion de lui apporter plus encore qu'on n'avait reçu de lui. À dire vrai, sur toute question son esprit retenait peu du solide qu'il attendait de vous (MAURIAC, Journal occup., 1940-44, p. 345).
b) Avec sans. Cela/il va sans dire. Que la correspondance en souffrît, il va sans dire; et ses amies, peu au courant de cette gêne, s'étonnaient qu'elle restât parfois si longtemps sans répondre à leurs affectueux messages (GIDE, Et nunc manet, 1951, p. 1140).
c) Avec ainsi. Pour ainsi dire (cf. ainsi).
d) Avec mieux. Pour mieux dire. Sur l'avis ou, pour mieux dire, par l'ordre du général, le Père Magitot retourna chez monsieur Chauvel (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 184).
e) Avec que. [Avec une valeur concessive] (Et) dire que :
• 31. Dire qu'il était si joyeux, le jour où il avait quitté le service, après la guerre d'Italie, à l'idée de n'être plus un traîneur de sabre, un tueur de monde!
ZOLA, La Terre, 1887, p. 500.
III.— [Le suj. ne désigne pas une pers.] Exprimer au moyen d'un code quelconque, d'un signe ou par l'aspect.
A.— [L'accent est mis sur la révélation que peut apporter le suj.]
1. [Par personnification d'une partie du corps, d'un obj. fam., etc.] Indiquer. Mon petit doigt me l'a dit. Elle a les plus beaux yeux, comme vous avez vu, et des yeux qui disent tout ce qu'ils veulent (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 76). Angolio, dont les vêtements usés et propres disaient en effet la misère décente, répondit (ZOLA, Rome, 1896, p. 463) :
• 32. ... dans la calèche, des éternuements convulsifs, une sorte de gloussement continu, disaient que la baronne étouffait.
MAUPASSANT, Une Vie, 1883, p. 95-96.
• 33. Le marquis regarda tour à tour sa femme immobile, muette, mais dont le calme visage disait éloquemment la pureté et l'innocence; puis Daï-Natha, qui se tordait dans les convulsions de l'agonie et blasphémait...
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 3, 1859, p. 296.
— Emploi pronom. à valeur réciproque. Elle [la grosse brune] sourit en apercevant Duroy, comme si leurs yeux se fussent dit déjà des choses intimes et secrètes (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 18).
2. [En parlant d'une chose plus ou moins énigmatique] Révéler, exprimer. Dans les Merveilles de nature, il est dit :« Le papier, ce silence qui dit tout. » (GONCOURT, Journal, 1856, p. 272). L'ombre est un silence; mais ce silence dit tout (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 303) :
• 34. Que ce soit ici un dernier adieu, ou que je doive vous revoir encore, Céluta, quelque chose me dit que ma destinée s'accomplit; si ce n'est pas aujourd'hui même, elle n'en sera que plus funeste : René ne peut reculer que vers le malheur.
CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 439.
♦ Loc. En dire long (sur). Elle [la vieille] (...) paya, non sans renfoncer ensuite son porte-monnaie dans sa poche, d'un geste qui en disait long sur les méfiances de la province (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 150) :
• 35. Le mécanisme des tentations est si curieux que je m'étonne toujours qu'on ne l'étudie pas de plus près. Il en dit long sur notre âme, sur sa fragilité...
GREEN, Journal, 1941, p. 87.
— Spéc. [En parlant d'une production de l'homme, à caractère gén. esthétique] Exprimer. Ces trois dessins différents [de Delacroix, Daumier, Ingres] ont ceci de commun (...) qu'ils disent juste ce qu'ils veulent dire (BAUDEL., Curios. esthét., 1867, p. 19). Tout est dit, exprimé, traduit [dans Tannhäuser] par la parole et la musique, d'une manière si positive qu'il est presque impossible de concevoir une autre manière de le dire (BAUDEL., Art romant., 1867, p. 500) :
• 36. Elle pensait à de petits pas sur le sable des plages napolitaines, à ces belles expressions naïves qui disent si vivement l'amour, l'étonnement et le plaisir.
MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, p. 260.
3. [En parlant d'un acte qui demande une explication] Vouloir dire. Il regarda la baronne d'un air qui voulait dire :« Ai-je de l'esprit! » (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 286). Cela ne veut rien dire (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1125) :
• 37. L'un dans l'autre, s'il me reste cinquante, quarante-cinq francs, c'est-à-dire un franc cinquante par jour pour mon petit déjeuner, dix sous, au bar, debout, mes déplacements, et les femmes, tu te rends compte... ça veut dire que dix francs à moi, comme argent de poche, ça ne me fait pas moins d'une semaine, soit dit sans reproche.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 362.
• 38. ... n'osant lui demander ce que cela signifiait, je trouvai plus expédient de demander comment il fallait écrire : ah. Il répondit aussitôt, avec un peu d'impatience : « Peu m'importe : a ou ah. » ... Et je compris alors qu'il s'agissait de l'expression d'une durée. Cela voulait dire : le temps de dire : a (ou ah!).
GIDE, Journal, 1936, p. 1258.
♦ Loc. Savoir ce que parler veut dire (cf. G. LEROUX, Myst., ch. jaune, 1907, p. 104) :
• 39. Alors le vieux éclata tout d'un coup :
— Me prends-tu pour un imbécile et crois-tu que je ne sache pas ce que parler veut dire? Comme si ton manège n'a pas trop duré.
MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 262.
B.— [L'accent est mis sur l'effet produit par l'aspect d'une chose sur l'interlocuteur, avec un compl. indir. de pers.] Présenter un intérêt. Cela ne me dit rien de bon! (BALZAC, Annette, t. 3, 1824, p. 78). Quelque chose me disait d'aller (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 122).
♦ Loc. Si le cœur vous/lui en dit. En tout cas, vous pouvez lui montrer cette lettre, si le cœur vous en dit (CLAUDEL, Corresp. [avec Rivière], 1899-1926, p. 216); cf. aussi ALAIN, Propos, 1929, p. 866) :
• 40. On ne cesse de me redemander en France, et pour peu que le cœur en dise au ministère, je suis aussi disposé à le quitter, qu'il est disposé à la malveillance pour moi.
CHATEAUBRIAND, Correspondance gén., t. 2, 1789-1824, p. 173.
• 41. Quand pourrait-il avoir le plaisir de vous trouver, si le cœur lui en dit?
— Si le cœur lui en dit (...) reprit madame de Maurescamp... Eh bien! voyons... demain soir... après le dîner...
FEUILLET, L'Histoire d'une Parisienne, 1881, p. 105.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Disette, subst. fém., vieilli, région., gén. au plur. Propos badins, commérages. Elle [Boulette] lui avait fait oublier [à Charlot] tout cela et lui avait appris de jolies prières et un tas d'amusettes et de disettes gentilles qu'il arrangeait à sa mode et qui réjouissaient tout le monde (SAND, Maîtres sonneurs, 1853, p. 247). Il lui eut bientôt défilé tout son chapelet de disettes (ID., ibid., p. 280). Attesté ds Lar. 19e-20e. b) Disable, adj., fam., région., gén. en tournure négative. Synon. de dicible. C'est pas tant la beauté, comme je vous disais tantôt, que cette douceur qu'elle vous a dans le regard et qui est pas disable (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 237). Et les chimères qu'il lui contait après, c'est pas disable! (ID., ibid., p. 268). Elle [Anne de Galard] disait tout ce qui lui passait par la tête; seulement (...) il ne lui passait rien que de disable (LA VARENDE, Bric-à-brac, 1953, p. 64). Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e-20e, GUÉRIN 1892 et considéré comme vieux ou inusité.
Prononc. et Orth. :[], (je) dis [di]. Ds Ac. 1694 1932. Conjug. Rad. [-] : inf., fut. de l'ind. dirai, dirons, etc., cond. prés. dirais, dirions, etc.; [di-] : 1re, 2e, 3e pers. du sing. du prés. de l'ind. dis, dit, 1re, 2e, 3e pers. du sing. du passé simple de l'ind. dis, dit, part. passé masc. dit; [diz-] : 1re et 3e pers. du plur. du prés. de l'ind. disons, disent, toute la conjug. de l'imp. de l'ind. disais, disions et du subj. prés. que je dise, que nous disions, etc., part. prés. disant; [dit-] : 2e pers. du plur. de l'ind. dites, 2e pers. du plur. du passé simple de l'ind. dîtes, avec l'accent circonflexe impér. plur. dites, part. passé fém. dite; [dim-] : 1re pers. du plur. du passé simple dîmes; [diss-] : subj. imp. que je disse, que nous dissions, etc. Redire se conjugue comme dire mais contredire, médire, prédire font vous contredisez, médisez, prédisez à la 2e pers. du plur. du prés. de l'ind. Homon. dix ([di] devant consonne). Étymol. et Hist. A. Ca 980 « exprimer, déclarer au moyen du langage (oral ou écrit) » (Fragment de Valenciennes ds BARTSCH Chrestomathie, n° 4, 53); 1. 2e moitié Xe s. avec pour compl. d'obj. une phrase au style dir. (Saint Léger, éd. J. Linskill, 43); 2. ca 980 introduisant le style indir. (Passion, éd. D'A. Silvio Avalle, 364); a) ca 1100 « donner l'ordre » (suivi d'une prop. introduite par que) (Roland, éd. J. Bédier, 2746); b) 1673 « id. » (suivi d'une prop. infinitive introduite par de) (MOLIÈRE, Malade Imaginaire, éd. R. Jouanny, II, 11); 3. ca 980 « confirmer, affirmer, soutenir » (Passion, éd. D'A. Silvio Avalle, 179); 4. a) 2e moitié Xe s. « exposer, conter » trans. indir. dire de (St Léger, éd. J. Linskill, vers 7 et 9); b) ca 1175 plus gén. « parler » dunt je vus dis (Horn, éd. M. Pope, 268); c) 1580 emploi abs. « parler » ici dans l'expr. laisser dire (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, I, chap. 26, p. 205); 5. a) ca 980 à l'impér., pour interpeller quelqu'un à qui l'on demande de dire quelque chose (Passion, éd. D'A. Silvio Avalle, 188); b) 1606 comme simple interpellation (NICOT) cf. aussi en a. fr. diva (di + va = impér.) exclam. (Charroi Nîmes, éd. D. Mac Millan, 425); 6. a) ca 980 « appeler, nommer » (Passion, éd. D'A. Silvio Avalle, 89), 1690 part. passé adj. dit « appelé, surnommé » (FUR.); b) 1219 « indiqué, nommé (plus haut) » susdict (Cart. de Cysoing, p. 100 ds GDF. Compl.); [ca 1530, Marot d'apr. Lar. Lang. fr.] 1668 l'heure dite (LA FONTAINE, Fables, éd. H. Régnier, I, 18, Le Renard et la Cigogne); 7. a) ca 1050 trans. « réciter (une prière, un office, etc.) » (Alexis, éd. Chr. Storey, 625); b) ca 1175 « conter, réciter en parlant avec art (un conte, une histoire, un poème, etc.) » (Horn, éd. M. Pope, 1247); c) 1re moitié XIIIe s. emploi abs. or dient et content et fabloient (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, titre II etc.); d'où bien dire, ca 1560 les mieux disants (PASQUIER, Lettres ds RICKARD, La langue fr. au seizième siècle, Cambridge, 1968, p. 240, l. 4); 8. a) ca 1050 « ajouter, discuter le nombre » a dire « manquant » (Alexis, éd. Chr. Storey, 161), 1611 à dire « à discuter, blâmer, critiquer » (COTGR.), v. aussi L. Foulet ds Mélanges A. Jeanroy, 1928, pp. 163-179; b) 1636 « commenter » d'où « avoir telle ou telle opinion de, penser » (CORNEILLE, Le Cid, éd. A. Régnier, I, 2); c) 1636 « imaginer, croire » (ID., ibid., III, 4); 9. a) 1532 pronom. « se prétendre, se faire passer pour » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, chap. VIII, p. 44, l. 91); b) 1606 trans. « faire passer pour » on me dit ton frère (NICOT); 10. ca 1650 pronom. se dire « être prononcé, pouvoir être dit, être dit couramment » (DESCARTES, Rép. II, 4 ds LITTRÉ). B. « Exprimer, suggérer » en dehors du langage. Le suj. désigne gén. un inanimé; 1. ca 1223 trans. vouloir dire « signifier » (G. DE COINCY, Mir. Vierge, éd. F. Kœnig, t. 4, II Mir. 18, 400); 2. a) ca 1274 « indiquer, suggérer » (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 3013 : Li cuers li dist pour voir, bien s'en asseüra); b) 1559 « être favorable à » d'où « être attrayant, plaire » (AMYOT, Pyrrhus, 57 ds LITTRÉ). Du lat. class. « dire, exprimer par la parole », notamment « indiquer, nommer, raconter, conter ».
II.
⇒DIRE2, subst. masc.
A.— DROIT
1. a) Déclaration de témoin. Les dires des témoins, quels qu'ils soient, ont besoin de contrôle (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 284).
b) Déclaration par laquelle chaque partie devant expert ,,fait valoir certaines prétentions ou demande certaines investigations`` (CIDA 1973). Les parties ont le droit de fournir toutes explications et de formuler tous dires et réquisitions qu'elles jugent utiles (Code procéd. civile, 1806, art. 317 ds Nouv. rép. de dr., Paris, Dalloz, t. 2, 1963, s.v. expertise, 56). La contestation de la part des créanciers se fait par un simple dire, signé par l'avoué, sur le procès-verbal (Code procéd. civile, 1806, art. 663 ds Nouv. rép. de dr., Paris, Dalloz, t. 2, 1963, s.v. distribution, 52).
— P. méton. ,,Mémoire remis par une partie à des experts judiciaires pour préciser ses prétentions. Dire de formalités`` (CAP. 1936).
2. Dire d'expert. ,,Déclaration faite par un expert sur un objet soumis à son appréciation`` (RÉAU-ROND. 1951). À dire d'expert. Selon l'estimation faite par des experts (cf. ROB. et Lar. Lang. fr.).
B.— P. ext. [Gén. au plur. et avec une idée de preuve ou de vérification possible, souhaitable ou nécessaire] Ce qu'une personne dit, avance, déclare. [Ces gens] dont la résolution est toujours prête à soutenir le dire par l'action! (DELACROIX, Journal, 1823, p. 27). L'homme attaqué dépérit, ses poumons se vicient, et, au bout de quelques mois, il meurt de consomption : c'est le dire des habitants du pays (CHATEAUBR., Voy. Amér., 1827, p. 139) :
• 1. Dans une lettre étonnante pour le style, le mouvement, le dire à la fois impérieux, fascinant ou sublime, M. Canning, entraîné de génie et ne sachant pas se dominer, va jusqu'à montrer ses regrets de la victoire d'Almanza en 1707, qui donna la couronne d'Espagne aux Bourbons.
CHATEAUBR., Congrès de Vérone, t. 1, 1838, p. 384.
• 2. Il lui prouva, malgré ses dires, demandant un dictionnaire au maître d'hôtel, que le Canada était plus grand que les États-Unis...
GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 38.
♦ Au(x) dire(s), selon le(s) dire(s) de. L'abeille, le seul animal, qui, au dire de Platon, participe du divin (BARRÈS, Mystère, 1923, p. 26). Cet homme qui, selon les dires, n'avait jamais réussi à faire vivre convenablement sa famille (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 366) :
• 3. Des batailles de géants se livrent un peu partout à la surface du globe, en Russie, dans le Pacifique. Cologne a terriblement souffert, aux dires de l'Allemagne elle-même.
GREEN, Journal, 1942, p. 224.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1223 « parole » (G. DE COINCY, Mir. Vierge, I Mir. 42, 577, éd. V.-F. Kœnig, t. 3, p. 187); 2. 1606 dr. Le dire de chacune des parties (NICOT). Substantivation de dire1.
STAT. — Dire1 et 2. Fréq. abs. littér. :259 179 (dires 127). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 345 755, b) 376 444; XXe s. a) 367 416, b) 384 570.
BBG. — BASTIN (J.). Ind. et subj. après il semble. In : Nouv. glanures gramm. Riga, 1907, p. 58. — CORNULIER (B. de). Rem. à propos de la négation anticipée. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 206. — DE KOCK (J.). À Propos de deux descriptions de la forme pronom. du verbe en fr. Orbis. 1971, t. 20, p. 20. — GEORGIN (R.). Glanes d'été. Déf. Lang. fr. 1972, n° 61, p. 7. — GOTTSCH. Redens. 1930, passin. — LABORIAT (J.). Que dire d'on dirait de? Vie Lang. 1971, pp. 396-397. — MATORÉ (G.). Proust linguiste. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, p. 286. — POULET (L.). « Trouver à dire ». In : [Mél. Jeanroy (A.)]. Paris, 1928, pp. 163-179. — REGULA (M.). « On dirait d'un fou ». R. Ling. rom. 1963. t 27, pp. 458-462. — VERMEULEN (A.). À Propos des guillemets, et de leurs équivalents. Vie Lang. 1971, pp. 189-192.
1. dire [diʀ] v. tr.
CONJUG. je dis, nous disons, vous dites, ils disent; je disais; je dis; je dirai; je dirais; dis, disons, dites; que je dise, que vous disiez; que je disse (inus.); disant; dit.
ÉTYM. Xe; du lat. dicere.
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I (Le compl. désigne le signe). Émettre (les sons, les éléments signifiants d'une langue). || Dire un mot, quelques paroles. ⇒ Articuler, émettre, proférer, prononcer. || Dire un mot entre ses dents, à voix basse. || Dire à l'oreille, dire tout bas quelques mots. ⇒ Chuchoter, souffler. || Dire une phrase tout haut, très fort… (⇒ Crier).
1 Comme l'ours en un jour ne disait pas deux mots,
L'homme pouvait sans bruit vaquer à son ouvrage.
La Fontaine, Fables, VIII, 10.
2 — Dis un peu, U, pour voir ?
— Hé bien, U.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
2.1 — Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
2.2 Mais pour passer maintenant à un sujet plus gai, le nom de la femme avec qui je m'unis, à peu de temps de là, le petit nom, était Lulu (…) N'étant pas française elle disait Loulou. Moi aussi, n'étant pas français non plus, je disais Loulou comme elle. Tous les deux, nous disions Loulou.
S. Beckett, Premier amour, p. 17.
REM. Avec des compléments comme mot, expression, etc. et les indéfinis, de même qu'en emploi absolu, il est impossible de distinguer le sens I du sens II; il semble néanmoins que ce soit ce dernier qui l'emporte, en l'absence de précision.
3 Les médecins prononcent certains mots techniques qui les étonnent eux-mêmes, après lesquels ils n'osent plus rien dire.
J. Renard, Journal, 12 juin 1897.
♦ ☑ Loc. Ne pas (plus) dire un mot : ne plus parler, rester sans parler. || Il est resté une heure sans dire un mot. → Sans ouvrir la bouche. — ☑ Sans mot dire : sans parler, en silence.
4 Un domino noir, au voile baissé (…) l'attendait derrière la porte entrouverte, le fit monter sans mot dire, et le laissa seul (…)
Loti, les Désenchantées, V, XXX, p. 175.
5 Je n'ouvrirai plus la bouche. Je ne dirai plus un mot.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, XXII, p. 428.
♦ En emploi absolu :
6 Dire; redire; contredire; prédire; médire… Tous ces verbes ensemble me résumaient le bourdonnement du paradis et de la parole.
Valéry, M. Teste, p. 82.
♦ (Introduisant un énoncé rapporté en style direct, un mot autonyme).
♦ Il a dit : « Je n'en sais rien ». ⇒ Écrier (s'). || « Je n'en sais rien », dit-il. ⇒ Faire (infra cit. 41). || César a dit : « Alea jacta est ». || Elle a dit : « Jamais ». || Dire oui, dire non. || Dis-moi tu. || Dis bonjour à la dame. || Sans avoir le temps de dire ouf. — Emphatique, avec je. || Et moi, je vous dis merde !
7 Amour, amour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire : « Adieu prudence ».
La Fontaine, Fables, IV, 1.
7.1 Mme Cottard prononçait rarement un nom propre et se contentait de dire « des amis à nous », « une de mes amies ».
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 256.
7.2 À mesure qu'il dit « Allemagne lève-toi », je vois des armées de morts qui se couchent.
Alain, Propos, 10 avr. 1936, Un grand patriote.
———
II (Le compl. désigne le signifié). Exprimer, communiquer (la pensée, les sentiments, les intentions) par la parole (à un interlocuteur).
1 ⇒ Exprimer; communiquer. — Dire (et proposition infinitive). || Il dit être malade, avoir besoin d'argent. — Dire que… et discours rapporté en style indirect. || Il dit qu'il est malade, qu'il a besoin d'argent. || Il dit qu'il serait venu s'il avait pu. || Elle dit qu'elle viendra; elle a dit qu'elle viendrait. || Je ne dis pas qu'il l'ait fait, j'hésite à l'affirmer. || Je ne dis pas qu'il l'a fait. || Dites-moi qui vous êtes. || Dire à qqn comment, si… || Dites-moi comment vous vous appelez, où vous allez, etc. — (Compl. indéterminé). || Dites-moi quelque chose. || J'ai quelque chose à vous dire. || C'est tout ce que j'ai à dire. || Je n'ai pas grand chose à dire. || Je voudrais vous dire un mot à ce sujet; vous en dire un mot (⇒ Toucher). || Vous ne m'en avez jamais rien dit. || Il n'en a rien dit, mais il n'en pense pas moins. || Sans le dire, il le laisse croire, le laisse entendre (⇒ Sous-entendre). — Il n'a dit cela à personne; il ne l'a dit qu'à moi. ⇒ Confier. || Il l'a dit à tout le monde, en public. ⇒ Publier. || Il l'a dit et répété. ⇒ Redire. || Il l'a dit exprès. || Il l'a dit malgré lui. → Cela lui a échappé. || J'irai jusqu'à dire que… || Il ne sait plus que dire, plus quoi dire. → Rester court. — Dire des choses sensées, intelligentes. || Dire des balivernes, des bêtises (cit. 13), des idioties, des inepties, des insanités. ⇒ Débiter; bêtiser (vx), déconner (fam.). || Dire des blasphèmes. ⇒ Blasphémer. || Dire des injures, des grossièretés. ⇒ Injurier; (fam.) cracher, dégoiser, lâcher, lancer, sortir. || Dire de bons mots, une plaisanterie… ⇒ Plaisanter. || Dire des blagues (⇒ Blaguer), des craques, des conneries.
♦ ☑ Loc. En dire de belles : dire des choses peu qualifiables. ☑ En dire de dures, des plaisanteries grivoises, osées, etc. — ☑ On employait aussi : en dire de sèches (Littré). — ☑ Dire bien des choses à quelqu'un, lui faire des civilités. || Dites-lui bien des choses de ma part.
8 — Eh fi ! ne dites pas cela. — Comment, que je ne dise pas cela ? — Hé non ! — Et pourquoi ne le dirai-je pas ? — On dira que vous ne songez pas à ce que vous dites. — On dira ce qu'on voudra; mais je vous dis que je veux qu'elle exécute la parole que j'ai donnée.
Molière, le Malade imaginaire, I, 5.
9 J'ai, Madame, à vous dire
Que je ne connais point ces gens-là.
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
10 Le voici. Vers mon cœur tout mon sang se retire.
J'oublie, en le voyant, ce que je viens lui dire.
Racine, Phèdre, II, 5.
11 Voilà ce que j'avais à dire sur cet article. Qu'il me soit permis de n'en reparler jamais.
Rousseau, les Confessions, II.
12 (…) tandis qu'elle envoyait chercher, chez un orfèvre du voisinage, les outils dont j'avais dit avoir besoin.
Rousseau, les Confessions, II.
13 Quiconque veut trouver quelques bons mots n'a qu'à dire beaucoup de sottises.
Rousseau, Émile, II.
♦ Littér. || Que dites-vous ? || Comment dites-vous ? || Vous dites ? → Comment ? Plaît-il ? — Cour. || Qu'est-ce que tu dis ? (Dans un contexte d'insistance). || Je te dis, je vous dis qu'il est parti. ⇒ Affirmer, assurer. || Je te dis que oui, que non. — ☑ Loc. Puisque je vous le dis ! : c'est vrai.
♦ Dire ce que l'on pense. || Il ne dit pas tout ce qu'il pense. || Dire le contraire de ce que l'on pense (→ Comédien, cit. 2). || Il pense tout ce qu'il dit. || Pensez à ce que l'on dit (→ Conversation, cit. 2). || Vous rendez-vous compte de ce que vous venez de dire ? ☑ Ce n'est pas quelque chose (fam. un truc) à dire, il ne convient pas d'en parler. — Croire ce que quelqu'un dit. || On ne peut croire à ce qu'il dit. || Il dit cela, mais je n'en crois rien (⇒ Prétendre). || Ils le disent, mais il n'en est rien.
14 — Je disais vérité. — Quand un menteur la dit,
En passant par sa bouche elle perd son crédit.
Corneille, le Menteur, III, 6.
15 On dit qu'on est inconsolable;
On le dit, mais il n'en est rien (…)
La Fontaine, Fables, VI, 21.
16 (…) je suis pour les gens qui disent leur pensée.
Molière, le Misanthrope, V, 3.
17 (…) je le crois, Seigneur, puisque vous me le dites.
Racine, Bajazet, II, 1.
18 Ce que la bouche s'accoutume à dire, le cœur s'accoutume à le croire.
Baudelaire, l'Art romantique, X, L'école païenne.
19 Dans mes écrits, j'ai été d'une sincérité absolue. Non seulement je n'ai rien dit que ce que je pense; chose bien plus rare et plus difficile, j'ai dit tout ce que je pense.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, I, p. 120.
20 Un homme qui dit tout ce qu'il pense et comme il le pense est aussi inconcevable dans une ville qu'un homme allant tout nu.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, p. 369.
21 Parler en public. Il n'est pas nécessaire de penser ce qu'on dit, mais il faut penser à ce qu'on dit : c'est plus difficile.
J. Renard, Journal, 22 nov. 1906.
22 (…) les mots boivent notre pensée avant que nous ayons eu le temps de la reconnaître; nous avions une vague intention, nous la précisons par des mots et nous voilà en train de dire tout autre chose que ce que nous voulions dire.
Sartre, Situations I, p. 201.
♦ ☑ Loc. Parler (cit. 12.1) pour ne rien dire : dire des choses insignifiantes.
♦ Dire la vérité, dire le vrai. || Dire des vérités, des mensonges. — ☑ Prov. Toute vérité n'est pas bonne à dire (→ Bon, cit. 93). — ☑ À ce qu'il dit : selon ses paroles (s'emploie pour indiquer que l'on ne garantit pas la chose dont il est question). || À ce qu'il dit (vieilli), d'après ce qu'il dit, il sera reçu du premier coup. ⇒ Prétendre.
23 Deux compagnons, pressés d'argent,
À leur voisin fourreur vendirent
La peau d'un ours encor vivant,
Mais qu'ils tueraient bientôt, du moins à ce qu'ils dirent.
La Fontaine, Fables, V, 20.
24 Il m'a rendu compte de l'état de Marceline, qui même n'est pas trop bien, à ce qu'il dit.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, II, 11.
♦ ☑ Il sait ce qu'il dit : il parle à bon escient, en connaissance de cause. ☑ Il ne sait pas ce qu'il dit : il dit n'importe quoi.
♦ ☑ (Sujet n. de personne). Vouloir dire : avoir l'intention d'exprimer. || Qu'est-ce qu'il veut dire, qu'est-ce qu'il a voulu dire ? : que signifient les paroles qu'il prononce, qu'il a prononcées ? (→ ci-dessous, III., 4.). || Je crois qu'il a voulu dire autre chose. || Précisez donc ce que vous avez voulu dire ! ⇒ Insinuer.
25 Que voulez-vous donc dire, mes pères ?
Pascal, les Provinciales, XIII.
♦ Dire la même chose; dire le contraire. — ☑ Loc. Dire blanc, puis noir. ⇒ Dédire (se). || L'un dit blanc (cit. 14) et l'autre noir. ⇒ Contredire, démentir, nier. — ☑ Vx. Dire d'un, dire d'autre : tenir un langage qui varie. On employait aussi : dire d'un, puis d'autre.
♦ Dire ses projets, ses intentions. ⇒ Dévoiler; prévenir. || Il est arrivé sans rien nous dire. ⇒ Crier (crier gare). || Il ne m'a pas bien dit ce qu'il compte faire. ⇒ Expliquer. || Dites-moi ce que vous ferez demain. || Madame fait dire qu'elle va descendre. || Je vais vous dire toutes les raisons de mon départ. ⇒ Énumérer.
26 Princes, quelques raisons que vous me puissiez dire (…)
Racine, Mithridate, II, 2.
2 (Dans des expressions). Décider, convenir de (qqch.). || Venez un de ces jours, disons, on peut dire lundi. ⇒ Décider.
♦ Au p. p. ☑ À l'heure dite : à l'heure fixée, prévue (→ Attente, cit. 20).
27 À l'heure dite il courut au logis
De la cigogne son hôtesse (…)
La Fontaine, Fables, I, 18.
♦ ☑ Voilà qui est dit, c'est dit : c'est convenu, entendu. ☑ Ce qui est dit est dit : ce qui est convenu, décidé, aura lieu.
28 Va, tranquillise-toi;
Ce que j'ai dit est dit : repose-toi sur moi.
J.-F. Regnard, le Légataire universel, I, 2.
♦ ☑ Se tenir pour dit que… : être assuré de…, et aussi, ne plus oser insister. || Tenez-vous le pour dit ! (→ N'y revenez pas; inutile d'insister).
29 Je me tiens pour dit qu'ils ne m'imiteront pas (…)
Rousseau, Émile, IV.
♦ Dire (décider) et faire. ☑ Aussitôt dit que fait; aussitôt fait que dit; aussitôt dit, aussitôt fait : la chose a été réalisée sans délai. → Aussitôt, cit. 12.
3 ☑ Loc. C'est tout dire; c'est tout dit : il n'y a rien à ajouter.
30 Sur l'argent, c'est tout dire, on est déjà d'accord :
Ton beau-père futur vide son coffre-fort (…)
Boileau, Satires, X.
♦ ☑ Fig. Tout est dit : il n'y a plus rien à faire, la chose est réglée, terminée (→ C'en est fait; les jeux sont faits). || Tout n'est pas dit. || Il a gagné la première manche, mais tout n'est pas dit.
♦ ☑ À vrai dire : véritablement. — ☑ C'est beaucoup dire : c'est exagéré. — ☑ Pour tout dire : en somme, en résumé.
♦ ☑ Vx. Cela est, c'est bientôt dit : c'est plus facile à exprimer qu'à faire. — ☑ Mod. C'est plus facile à dire qu'à faire.
♦ ☑ Disons-le : osons le dire, n'ayons pas peur de l'affirmer.
♦ Disons, en tête de phrase, en incise, parfois en fin de phrase, constitue une ponctuation de discours, très fréquente dans la langue parlée (comme : tu vois et, plus anciennt, n'est-ce pas). || Il est, disons, déconcerté. — ☑ Disons que…, s'emploie aussi comme alternatif ou présentateur.
♦ ☑ Cela va sans dire : la chose est évidente; il est inutile d'en parler (→ Cela va de soi; c'est tout naturel…).
31 M. de Hardenberg (…) proférait des paroles entrecoupées : « Non, Monsieur, le droit public ? C'est inutile. Pourquoi dire que nous agirons selon le droit public ? Cela va sans dire ! » Je lui répondis que si cela allait bien sans le dire, cela irait bien mieux en le disant.
Talleyrand, cité par Louis Madelin, Talleyrand, IV, XXXI, p. 335.
♦ ☑ (1791, in D. D. L.). Fam. Ce n'est pas, c'est pas pour dire, s'emploie pour indiquer qu'on préférerait taire la chose qui va être dite. || Ce n'est pas pour dire, mais le coup est réussi (→ Sans me vanter…).
♦ Littér. ☑ Cela vous plaît à dire, exprime que l'on n'est pas d'accord sur ce qui vient d'être dit. || La solution est satisfaisante ? Cela vous plaît à dire. — ☑ Cour. C'est vous qui le dites. — ☑ Fam. Que vous dites ! Que tu dis ! : j'en doute !
31.1 — Quand il a reçu la lettre de Piquemal, il a compris que c'était la plus belle opportunité de sa carrière et qu'il avait toutes les chances, s'il jouait bien sa carte, de tenir à sa merci une bonne partie du personnel politique.
— Que vous dites.
— Que je dis !
G. Simenon, Maigret chez le ministre, p. 179.
♦ ☑ Ce disant : en disant cela. ☑ Ceci dit : ayant dit ces mots. || Ceci dit, il s'en alla (→ Sur ce). ☑ (Cela) soit dit en passant, à propos d'autre chose (→ Entre parenthèses, par parenthèse).
32 Que cela vous soit dit en passant (…)
Molière, Tartuffe, I, 5.
♦ ☑ Soit dit entre nous; entre nous soit dit. ⇒ Confidentiellement.
♦ ☑ Ce n'est pas à dire pour cela que… : cela n'équivaut pas à… ☑ Je n'irai pas jusqu'à dire que…
33 Ce n'est pas à dire qu'ils aient effectivement parlé pour la dernière fois.
♦ ☑ Admettons, mettons que je n'ai rien dit, s'emploie pour rétracter ce que l'on vient de dire.
♦ ☑ Avoir l'air de dire… || Il eut un sourire entendu, de l'air de dire : je vous comprends.
34 (…) il secouait tristement la tête de l'air de dire : « Hélas ! je voudrais bien te croire… »
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XIV, p. 363.
♦ ☑ Fam. C'est moi qui vous le dis, s'emploie pour renforcer une affirmation. || Nous allons bien rire, c'est moi qui vous le dis.
35 Et laisse le venir demain; tu verras comme il sera fait : c'est moi qui te le dis.
Marivaux, la Vie de Marianne, II.
35.1 Mais pas du tout, il n'a pas bougé de Paris, il fait quelque chose d'à peu près aussi dangereux que de promener un ministre, c'est moi qui vous le dis, je vous en réponds, je le sais par quelqu'un qui l'a vu (…)
Proust, le Temps retrouvé, Pl., p. 768.
— C'est Mme Verdurin qui parle.
♦ ☑ Je vous l'avais dit, je l'avais bien dit : je l'avais prédit, prévu, je vous avais prévenu. || Ne vous plaignez pas de ce qui vous arrive, je vous l'avais bien dit ! — On me l'avait bien dit, mais je n'y croyais pas.
36 Quelquefois il lui disait : Je vous l'avais bien dit. Singulière manière de consoler; satisfaction que la vanité se donne aux dépens de la douleur !
Mme de Staël, Corinne, XVIII, 1.
37 Talleyrand eût eu le droit de dire : « Je l'avais bien dit ! » mais c'est là, on le sait, aux yeux de ceux qui se sont trompés, le pire des torts : avoir eu raison contre eux.
Louis Madelin, Talleyrand, I, VIII, p. 92.
♦ ☑ Fam. (oral). Je dirais; je veux dire, en incise, servant de ponctuation. → Tu vois, et ci-dessus Disons. — ☑ Je vais te dire [ʒvɛtdiʀ], le plus souvent (et paradoxalement) en fin de proposition, avec une valeur assertive. || Il est taré, j'vais t'dire ! (→ ci-dessous, Je te dis pas).
♦ ☑ Il faut vous dire que…, introduit une explication, un éclaircissement. || « Faut vous dire, monsieur, Que chez ces gens-là […] » (Jacques Brel, Ces gens-là).
38 Il faut vous dire qu'en Provence, c'est l'usage, quand viennent les chaleurs, d'envoyer le bétail dans les Alpes.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Installation », p. 9.
♦ ☑ Je ne puis vous dire combien…, à quel point… : c'est inexprimable (→ Attendre, cit. 74).
♦ ☑ Je ne dis pas cela, formule de protestation ou d'atténuation.
39 — Est-ce qu'à mon sonnet vous trouvez à redire ?
— Je ne dis pas cela (…)
— Est-ce que j'écris mal ? et leur ressemblerais-je ?
— Je ne dis pas cela; mais enfin, lui disais-je (…)
Molière, le Misanthrope, I, 2.
♦ ☑ Fam. Je ne dis pas : je ne dis pas le contraire, je l'admets.
39.1 C'est un inconvénient, je ne dis pas, reprit l'Américain, mais il est largement compensé par (…)
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 287.
♦ ☑ Fam. (oral). Je vous dis pas; je te dis pas : formule assertive par laquelle on sous-entend ce qu'on prétend ne pas souhaiter révéler. || Il est pénible, et comme radinerie, je te dis pas ! || Les conneries dans ce bouquin, je vous dis pas (→ ci-dessus, Je vais te dire).
♦ ☑ Fam. Je ne vous (te) dis que cela, que ça : il est inutile d'en dire plus (cette locution, suivant le ton, peut exprimer l'admiration, l'étonnement, la menace…). || Il s'est mis dans une colère, je ne vous dis que cela. || Il a donné une réception, je ne vous dis que ça !
39.2 En ce moment, il venait de partir brusquement sur un opéra qu'il avait vu la veille au soir : « C'est fait, c'est fait, je ne vous dis que ça, il y a une orchestration fouillée de main d'ouvrier, avec une certaine flûte, je ne vous dis que ça. »
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 275.
39.3 Cela a jeté un froid, je ne vous dis que ça.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 597.
♦ ☑ Je ne vous le fais pas dire : vous en parlez spontanément. S'emploie dans une discussion, pour souligner que qqn vient d'apporter, volontairement ou non, un argument en faveur de la thèse que l'on soutient.
♦ ☑ Fam. Ne pas l'envoyer dire à qqn, lui dire en termes non équivoques une chose en face.
♦ ☑ À qui le dites-vous ! Exprime que celui qui parle connaît, a éprouvé ce dont il s'agit aussi bien que son interlocuteur. || Cette opération est douloureuse… À qui le dites-vous !
♦ ☑ (1780, in D. D. L.). Vous m'en direz tant ! Exclamation que l'on prononce lorsqu'un fait surprenant, inattendu, vient expliquer ce qui était obscur. || C'était donc ça ! Vous m'en direz tant ! → Je comprends maintenant ! Ah, voilà !…
♦ ☑ Fam. Tu l'as dit, marque l'approbation. Par plaisanterie. Tu l'as dit, bouffi !
♦ ☑ Vx. Si cela se produit, je l'irai dire à Rome, exprime qu'on regarde la chose comme impossible.
40 (…) Créqui de ce rang (ambassadeur) connaît bien la splendeur;
Si quelqu'un l'entend mieux, je l'irai dire à Rome (…)
4 En incise (avec inversion normale). || Oui, dit-il. || Allons nous-en, dirent les invités. || Je suis décidé, vous dis-je.
41 Voici, dis-je, comment raisonne cet auteur.
La Fontaine, Fables, IX, Disc. à Mme de la Sablière.
42 Qu'en fera, dit-il, mon ciseau ?
Sera-t-il (ce bloc de marbre) dieu, table, ou cuvette ?
La Fontaine, Fables, IX, 6.
42.1 C'était, dis-je, à trois heures et demie, quatre heures du matin environ.
Henri Monnier, Scènes populaires, la Cour d'Assises, t. I, p. 82.
♦ (Sans inversion). Fam. || « Vas-y ! », je lui dis. || « C'est bien », elle lui dit, « tu peux continuer » !
42.2 — Moi, triste ! que j'dis.
— Oui, dit-il, qui dit, t'as quet'chose.
Henri Monnier, Scènes populaires, La victime du corridor, 1, t. I, p. 253.
♦ Poét. (langue class.). || Il dit, j'ai dit, signale la fin d'un récit, etc.
43 Elle dit : et du vent de sa bouche profane,
Lui souffle avec ces mots l'ardeur de la chicane.
5 (Exprimant l'opinion). || Dire (qqch.) de, au sujet de, sur (qqn) : exprimer (une opinion). || Dire son avis, son idée, son opinion, sa pensée sur qqch. ⇒ Donner, émettre, énoncer, professer; opiner. || Vous n'avez rien dit de ce projet. || Je n'ai rien à en dire. || Il n'a rien dit de la date, au sujet de la date. ⇒ Préciser. || Dire du bien (cit. 33 à 38), du mal de qqn, de qqch. || Il en pense plus de bien qu'il n'en dit. — ☑ Loc. Dire pis que pendre de quelqu'un, en dire beaucoup de mal.
44 Vous dites trop de bien de mes lettres : je ne trouve à dire que cela dans les vôtres (…)
Mme de Sévigné, 374, 22 janv. 1674.
45 Sur vingt personnes qui parlent de nous, dix-neuf en disent du mal, et le vingtième, qui en dit du bien, le dit mal.
Rivarol, Rivaroliana, I, Œ., p. 352.
♦ Dire à quelqu'un ce que l'on pense de lui. — ☑ Loc. Il lui a dit ses vérités, ses quatre vérités, son fait : il lui a dit sans ménagement ce qu'il pensait de lui, de ses défauts. || Il lui a dit tout ce qu'il avait à lui dire. → Il a vidé son sac.
46 Vous ne lui voulez mal et ne le rebutez
Qu'à cause qu'il vous dit à tous vos vérités.
Molière, Tartuffe, I, 1.
47 Il me donna un soufflet, mais je lui dis bien son fait.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, I, 4.
♦ ☑ Dites-le avec des fleurs : exprimez-le avec douceur, avec des compliments (cf. Malraux, Antimémoires, p. 181); repris comme slogan par le commerce des fleuristes.
♦ Absolt. ⇒ Blâmer, critiquer. || Trouver à dire à quelque chose. ⇒ Redire. || Il y a, il y aurait bien à dire. || Il y a beaucoup à dire là-dessus, beaucoup d'objections, de remarques à faire (⇒ Reprendre). || Il n'y a rien à dire à cela : cela est parfait, correct. || On ne peut rien dire sur sa conduite. || Je n'ai rien à dire contre lui.
48 Quelques-uns ont trouvé à dire qu'on ne parle point d'elle (de la nourrice) au cinquième (acte).
Corneille, Examen de la Veuve.
49 On trouve à dire à la frugalité de vos repas (…)
♦ ☑ Loc. Bien faire et laisser dire : ne pas s'attarder aux critiques… || Laissez-les dire.
6 (Exprimant le jugement). || Dire (qqch.) de…, en dire : être tenté de croire… ⇒ Juger, penser. || Qu'en dites-vous ? || Que diriez-vous d'une promenade ? || Que vont en dire les gens ? || Je ne sais pas qu'en dire. || Que va-t-on en dire, qu'en dira-t-on ?
50 Qu'en dites-vous, Seigneur ? Que faut-il que j'en pense ?
Racine, Iphigénie, IV, 6.
51 Allons, Rome en dira ce qu'elle en voudra dire.
Racine, Bérénice, IV, 6.
52 Si je vous le disais pourtant, que je vous aime,
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « À Ninon ».
52.1 Après tout, ce que j'en dis, moi j'm'en fous.
R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 43.
♦ N. m. || Le Qu'en-dira-t-on. ⇒ Qu'en-dira-t-on.
53 (…) elle n'hésiterait pas à y loger sa sœur ou sa nièce : elle a même ajouté que pour Lausanne ce serait plus convenable que chez ma mère et qu'il ne saurait y avoir lieu à aucun qu'en-dira-t-on.
Sainte-Beuve, Correspondance, IV, p. 172
54 Cependant son affection pour Mariolle et sa vive prédilection, elle les lui témoignait presque ouvertement, sans souci du qu'en-dira-t-on (…)
Maupassant, Notre cœur, II, V, p. 169.
♦ Dire que… (en tête de phrase) exprime l'étonnement, l'indignation, la surprise… || Dire qu'il n'a pas encore vingt ans ! → Quand on pense que…
55 Et dire que pendant que nous sommes là parqués comme un bétail (…) tous ces beaux fils de la Commune à écharpes d'or (…) tous ces lâches qui nous poussaient en avant, sont bien tranquilles dans des cafés, dans des théâtres (…) tout près de France.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, Monologue à bord.
55.1 Dire qu'un roi prend quand il veut
La plus belle fille du monde
Dont les yeux sont du plus beau bleu (…)
Charles Cros, Œuvres choisies, p. 105.
♦ Littér. ☑ Qui l'eût dit ? : qui aurait pu le penser, le croire, l'imaginer ?
56 — Rodrigue, qui l'eût cru ? — Chimène, qui l'eût dit ?
Corneille, le Cid, III, 4.
57 Qui l'eût dit, qu'un rivage à mes vœux si funeste
Présenterait d'abord Pylade aux yeux d'Oreste ?
Racine, Andromaque, I, 1.
♦ Cour. ☑ On dirait que… (avec l'indic.) : on penserait, on croirait. ⇒ Croire. || On dirait qu'il vient chez nous. ⇒ Sembler (il semble).
58 (…) ne dirait-on pas (…)
Qu'elle est ici captive, et que vous y régnez ?
Racine, Andromaque, I, 4.
59 On dirait que le ciel est soumis à sa loi (…)
Boileau, Satires, V.
♦ On dirait que… (avec le subj.).
60 On dirait que le ciel, qui se fond tout en eau,
Veuille inonder ces lieux d'un déluge nouveau.
Boileau, Satires, VI.
♦ Littér. || Vous diriez, on dirait d'un fou : il se conduit, il parle comme s'il était fou.
61 On dirait d'une main qui se pose sur mon épaule (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, p. 17.
62 Le petit monde resserré autour de la cheminée s'agite, des ombres bougent sur le mur, des exclamations fusent. On dirait d'un poulailler paisible après le coucher du soleil, dans lequel vient de s'introduire une fouine, provoquant un émoi caquetant dans un bruit de plumes froissées.
Suzanne Prou, la Terrasse des Bernardini, p. 89.
♦ Cour. || On dirait (suivi d'un compl. sans préposition). || On dirait un fou. || Ce poisson ressemble à de la viande, on dirait de la viande. || Le climat est doux, on dirait la France. || On dirait son frère. ⇒ Prendre (pour).
62.1 Voyez même, comme les traits du même homme varient (…) vous diriez plusieurs êtres différents.
♦ (En fin de phrase, sans compl.). || Il va se fâcher, on dirait, semble-t-il.
7 Faire savoir (un fait, une nouvelle) par la parole. ⇒ Conter, narrer, raconter. || Je vais vous dire la nouvelle. ⇒ Informer, renseigner; annoncer. || Dites-nous son sort. || Dire un secret à tout le monde. ⇒ Crier (sur tous les toits), dévoiler, divulguer, publier, répandre, révéler; bavarder, jaser. || Dire les crimes qu'on a commis. || Il lui a dit son amour. ⇒ Avouer. — REM. Le compl., de nos jours, est rarement un substantif désignant un contenu spécifié, mais plutôt un nom de sens général (nouvelle…), un indéterminé. — Qui vous l'a dit ? D'où tenez-vous cela ? || Qui vous dit qu'il est mort ? || Je vais le dire à ma mère ! ⇒ Rapporter.
63 Dis-moi de mon époux le véritable sort (…)
Corneille, Pertharite, I, 3.
64 (…) quiconque ne voit guère
N'a guère à dire aussi (…)
La Fontaine, Fables, IX, 2.
65 — Vous me devez une histoire, dit enfin la Fosseuse, d'un son de voix câlin. — Je vais vous la dire, répondit Genestas.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 523.
♦ ☑ J'ai entendu dire que… : j'ai appris que… || Il s'est entendu (cit. 43.1) dire que. ☑ Je me suis laissé dire que… : j'ai entendu dire, mais sans y ajouter entièrement foi, que… || Je me suis laissé dire qu'il allait venir.
♦ ☑ Mon petit doigt me l'a dit, locution que l'on emploie pour parler aux enfants de ce qu'on a appris à leur insu.
66 Prenez-y bien garde au moins, car voilà un petit doigt qui sait tout, qui me dira si vous mentez.
Molière, le Malade imaginaire, II, 8.
♦ On dit que : le bruit court que. || On dit que la paix est signée. || On dit qu'il est mort. || La bataille, dit-on, s'est terminée à leur avantage. || Ce dit-on.
67 C'est du séjour des dieux que les abeilles viennent.
Les premières, dit-on, s'en allèrent loger
Au mont Hymette (…)
La Fontaine, Fables, IX, 12.
68 (…) vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge.
La Fontaine, Fables, I, 10.
69 On dit, et sans horreur je ne puis le redire,
Qu'aujourd'hui par votre ordre Iphigénie expire (…)
Racine, Iphigénie, IV, 6.
♦ N. m. || Un on-dit. ⇒ On-dit.
70 Michelet a à peine effleuré le sujet; quant à Büchner, son étude est assez complète, mais, à lire les affirmations hasardeuses, les traits légendaires, les on-dit dès longtemps rejetés qu'il rapporte, je le soupçonne de n'être pas sorti de sa bibliothèque pour interroger ses héroïnes (…)
Maeterlinck, la Vie des abeilles, I, I, p. 12.
8 Dire à qqn de… (inf.), que… (subj.). Exprimer sa volonté. ⇒ Commander, intimer (un ordre), ordonner. || Allez lui dire de venir, qu'il vienne (⇒ Avertir, demander). || Je vous ai dit de partir. || Je vous avais dit d'agir autrement. ⇒ Conseiller, recommander. || Qui vous a dit de faire cela ? || Il avait dit qu'on le réveillât, de le réveiller à six heures.
71 Ah ! mon papa, je vous demande pardon. C'est que ma sœur m'avait dit de ne pas vous le dire; mais je m'en vais vous dire tout.
Molière, le Malade imaginaire, II, 8.
72 — Pourquoi l'assassiner ? Qu'a-t-il fait ? À quel titre ?
— Qui te l'a dit ?
Racine, Andromaque, V, 3.
72.1 — Dis donc à Dominique qu'i fasse attention; moucharder le monde, ça peut amener des ennuis; on sait jamais où on va; dis-y.
R. Queneau, le Chiendent, p. 65.
♦ À l'impératif, dis, dites s'emploient comme interjection, ou pour renforcer une question, etc. (→ Croûton, cit. 2). || Dites-donc, vous, là-bas. || Eh, dis donc ! — Fam. || Non, mais, dis ! Syn. : non mais, sans blague. — On l'emploie aussi pour demander une confirmation, pour faire avouer. || Tu viens, dis ? || Tu m'aimes, dis ? || Dis, c'est toi qui l'a tué ?
72.2 Dis, ça te fait rigoler (…) Hein ? Ça te fait marrer ? Dis ?
Jean Genet, Querelle de Brest, p. 184.
➪ tableau Principales interjections.
♦ Absolt. Littér. || Vous n'avez qu'à dire (⇒ Parler). — J'ai dit ! : obéissez.
73 — Monsieur, vous n'avez rien qu'à dire,
Je mentirai, si vous voulez.
Molière, Amphitryon, II, 1.
♦ ☑ Fig. Ne pas se le faire dire deux fois : faire quelque chose avec empressement. → Ne pas se faire prier.
74 J'allai même jusqu'à lui ouvrir ma bourse et à le conjurer d'y prendre tout l'argent qu'il voudrait. Mais il n'était pas de ces gens qui ne se le font pas dire deux fois dans une pareille occasion.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, XII.
9 (Dans des tours particuliers). Énoncer une objection. ⇒ Objecter. || Pourquoi pas, direz-vous ? || Si je lui demande de venir, il me dira qu'il est malade. || Je pourrais vous dire que… || Qu'avez-vous à dire à cela ? ⇒ Répondre, rétorquer.
75 Je vous arrête à cette rime,
Dira mon censeur à l'instant,
Je ne la tiens pas légitime (…)
La Fontaine, Fables, II, 1.
76 On me dira : « Ne pouviez-vous exprimer les mêmes vérités en les annonçant avec moins de crudité ? »
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 145.
♦ ☑ Vous avez beau dire et beau faire. ⇒ Beau (supra cit. 79 et 81). || Vous avez beau dire, c'est lui qui a raison. ⇒ Protester.
77 Autrefois carpillon fretin
Eut beau prêcher, il eut beau dire :
On le mit dans la poêle à frire.
La Fontaine, Fables, IX, 10.
♦ ☑ Quoi qu'on dise, et, vx, quoi qu'on die : malgré tout ce qu'on peut dire, en dépit des critiques, des remarques. Allus. littér. :
78 — Faites la sortir, quoi qu'on die.
— Ah ! que ce quoi qu'on die est d'un goût admirable (…)
— Ce quoi qu'on die en dit beaucoup plus qu'il ne semble (…)
— Mais quand vous avez fait ce charmant quoi qu'on die (…)
Songiez-vous bien vous-même à tout ce qu'il nous dit (…)
Molière, les Femmes savantes, III, 2.
79 Oui, femmes, quoi qu'on puisse dire
Vous avez le fatal pouvoir
De nous jeter par un sourire
Dans l'ivresse ou le désespoir.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « À Mademoiselle… ».
♦ ☑ (1756, in D. D. L.). Il n'y a pas à dire : il n'y a aucune objection à faire, on doit reconnaître le fait. Fam. (parlé). || Y a pas à dire, c'est réussi.
80 Il n'y a pas à dire, c'est bien compris, c'est moderne (…)
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, p. 349.
10 Lire, réciter. || Cet acteur a très bien dit cette réplique. || Dire un poème, des vers. ⇒ Déclamer. || Il a dit son texte avec précipitation. ⇒ Bouler. — Absolt. || Cet acteur dit bien, dit juste.
81 Je vous dirai, si vous voulez, pour vous désennuyer, le conte de Peau d'âne ou bien la fable du Corbeau et du Renard, qu'on m'a apprise depuis peu.
Molière, le Malade imaginaire, II, 8.
82 (…) la démangeaison de dire ses ouvrages est un vice attaché à la qualité de poète.
Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, 1.
♦ Spécialt. || Dire la messe. || Dire son bréviaire, ses prières. || Dire son chapelet.
11 Absolt (aux cartes). Parler, annoncer. || C'est à vous de dire.
———
1 (Sujet n. de personne). Exprimer par écrit; écrire. || Je vous ai dit dans ma lettre que… || Écrire pour dire que… ⇒ Annoncer, apprendre. || « Dans mes écrits (…) je n'ai rien dit que ce que je pense » (→ Penser, cit. 57, Renan).
83 Ne blâmer personne que de ce qu'il a dit par écrit.
Racine, Livres annotés, VI, 313.
84 Je ne vous écris qu'un mot, pour vous dire que (…)
Racine, Lettres, 144.
♦ Exprimer par le livre, par la publication. ⇒ Écrire. || Platon dit, dans le Phédon, que… || Je ne sais ce que dit Taine à ce sujet. || Qu'en dit Littré ? || On fait dire à ce philosophe tout autre chose que ce qu'il a dit (⇒ Interpréter). || Il le dit en toutes lettres.
85 (…) presque tous les historiens ont dit ce que je fais dire à Mithridate.
Racine, Préface de Mithridate.
86 Mais malheur à l'auteur qui veut toujours instruire !
Le secret d'ennuyer est celui de tout dire.
Voltaire, Ép., 6e disc. sur la nature de l'homme.
♦ Poét. Célébrer en vers. || Le poète dira ses exploits. ⇒ Chanter, soupirer (fig.).
87 Je dirai les exploits de ton règne paisible (…)
Boileau, Épîtres, I.
♦ Par ext. (le sujet désigne l'écrit lui-même). || Que dit ce texte ? || La loi, le code dit que… ⇒ Porter, stipuler.
2 (Sujet n. de chose). Faire connaître, exprimer par un signe, une manifestation signifiante. ⇒ Dénoter, exprimer, manifester, marquer, montrer, signifier. || Ces deux phrases disent la même chose. ⇒ Synonyme. || « Furieux » dit plus que « mécontent », a un sens plus fort. || Son silence dit beaucoup, il en dit long. || Sa mine en dit long sur son désappointement. || Son attitude dit bien ce qu'elle veut dire. || L'horloge nous dit l'heure qu'il est.
87.1 — Tant de choses en deux mots ?
— Oui la langue turque est comme cela, elle dit beaucoup en peu de paroles.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 4.
88 Qu'ai-je fait ? Que veut-il ? Et que dit ce silence ?
Racine, Bérénice, II, 5.
89 Ma pensée au grand jour partout s'offre et s'expose;
Et mon vers, bien ou mal, dit toujours quelque chose.
Boileau, Épîtres, IX.
90 (…) il est bon, même s'il est injuste : ses lèvres le disent, excellentes, épaisses, obstinées et généreuses.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », II, p. 211.
♦ ☑ Loc. Qu'est-ce à dire ? : que signifient vos paroles, vos actes ? || Vous m'avez annoncé votre départ… Qu'est-ce à dire ? → C'est-à-dire.
♦ Par ext. Avoir tel aspect.
91 Sans soins et sans repos nocturne, que disait mon visage ?
Colette, la Naissance du jour, p. 186.
♦ ☑ Quelque chose me dit que… : j'ai lieu de croire, de soupçonner que… || Mon cœur me le disait : j'en avais le pressentiment.
92 Maintenant je me le figurais là-bas, couché, malade (Oh ! bien malade; quelque chose me le disait…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, III, p. 31.
♦ Qu'est-ce que ça dit ? : quelle allure, quelle valeur cela a-t-il ? || Cela, ça ne dit rien, n'a l'air de rien, ne fait aucun effet. → Ça ne ressemble à rien.
3 Dire quelque chose (à qqn). ⇒ Plaire, tenter. || Est-ce que cela vous dit ? : est-ce que cela vous plaît, vous plairait ? || Si cela vous disait, nous irions nous promener. || Cela ne me dit rien. || Cela vous dirait ? || Ça ne me dit pas grand-chose.
93 C'étaient de ces femmes que n'auraient pas regardées des hommes qui de leur côté auraient fait des folies pour d'autres qui « ne me disaient rien ».
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 107.
93.1 Cette année, je ne sais pas pourquoi, le Liban m'aurait bien dit. Mais mon mari m'a fait remarquer que ça n'était pas le moment.
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 212.
♦ ☑ Cela ne me dit rien qui vaille : cela me paraît louche, dangereux.
94 Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille (…)
La Fontaine, Fables, III, 18.
♦ ☑ Si le cœur vous en dit. ⇒ Cœur (cit. 54 et supra cit. 53).
4 Vouloir dire (avec un sujet de signe, indice, symptôme, etc.). ⇒ Signifier. || Que veut dire cette phrase latine ? || « Dog » veut dire « chien ». || Cette phrase est mal construite et ne veut rien dire. || Que veut dire ce vacarme, cette agitation ? || Le baromètre a baissé; cela veut dire qu'il va pleuvoir.
95 — Mahameta per Iordina.
— Qu'est-ce que cela veut dire ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, V, 1.
96 Cacaracamouchen veut dire « Ma chère âme » ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 3.
97 Achevez, seigneur : ce mais, que veut-il dire ?
Corneille, Nicomède, III, 7.
98 Si (…) un écrivain a choisi de se taire sur un aspect quelconque du monde, ou selon une locution qui dit bien ce qu'elle veut dire : de le passer sous silence (…)
Sartre, Situations II, p. 75.
99 (…) elle a vu le sang qui tachait largement le côté de la capote; mais le docteur l'a rassurée, affirmant que cela ne voulait rien dire quant à la gravité de la blessure (…)
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 200.
♦ ☑ Loc. On sait ce que parler veut dire : la chose se comprend, bien que les paroles ne l'expriment pas clairement.
5 (Avec un adv. ou une expression adverbiale). Rendre plus ou moins bien la pensée; faire entendre plus ou moins clairement quelque chose (par la parole ou par l'écrit). ⇒ Exprimer. || Dire quelque chose en peu de mots; dire carrément, crûment, nûment qqch. || Dire tout bonnement (cit. 3)… || Il a très bien dit ce qu'il avait à dire. || Il l'a mal dit et n'a pas été compris. || Que cela est bien dit ! — Absolt. S'exprimer. ☑ Dire bien, dire d'or : s'exprimer à la perfection.
100 On n'a plus guère à dire quand on vient après quelqu'un qui a si bien dit.
Mme de Sévigné, 1065, 22 sept. 1688.
101 (…) il dit ridiculement des choses vraies, et follement des choses sensées et raisonnables (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 56.
102 Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Boileau, l'Art poétique, I.
103 On dit bien quand le cœur conduit l'esprit.
Mme de Tencin, Correspondance avec Richelieu, p. 384.
♦ N. m. ⇒ Bien-dire.
♦ ☑ Il ne croit pas si bien dire : il ne sait pas que ce qu'il dit correspond tout à fait à la réalité.
104 (…) ce ne sera pas, je pense, la première fois que vous aurez couché sur la paille. Elle ne croyait pas si bien dire qu'elle disait.
A. R. Lesage, Gil Blas, I, XIII.
♦ ☑ Pour ainsi dire : approximativement, à peu près. — ☑ Fam. Comme qui dirait (même sens).
104.1 (…) des centaines de Français nous secourent (…) les officiers de la base aéronavale, en premier lieu (…) L'idée ne me viendrait pas de les berner. Certains sont d'anciens camarades de promotion : c'est comme qui dirait sacré !
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 157.
♦ ☑ Autrement dit : en d'autres termes.
♦ ☑ Pour mieux dire, s'emploie comme correctif, pour introduire une expression nouvelle, plus exacte. || Il est pauvre, ou pour mieux dire, misérable; ou disons mieux, misérable. — Que dis-je ?, s'emploie dans le même sens.
105 J'aimais un fils plus que ma vie;
Je n'ai que lui; que dis-je ? hélas ! je ne l'ai plus.
La Fontaine, Fables, IX, 1.
♦ ☑ Pour ne pas dire plus (suggère un contenu non exprimé, qu'on ne veut pas préciser).
105.1 Il passait son temps à boire, à jouer avec le patron de l'établissement (…) car leurs maîtresses étaient amies intimes, pour ne pas dire plus, disait-on.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 881.
6 Employer certaines formes linguistiques pour exprimer (qqch.). || Il ne faut pas dire… || On dit en anglais… || Comment dites-vous cela en espagnol ? || Il dit « infractus » pour « infarctus ».
106 (…) vous voulez, Acis, me dire qu'il fait froid; que ne disiez-vous : « Il fait froid ? » (…) ayez, si vous pouvez, un langage simple, et tel que l'ont ceux en qui vous ne trouvez aucun esprit : peut-être alors croira-t-on que vous en avez.
La Bruyère, les Caractères, V, 7.
♦ ☑ Comme on dit, s'emploie pour mettre en valeur une expression, une locution à laquelle l'usage a donné un sens particulier. || Il est, comme on dit, fauché comme les blés. On emploie de même : ☑ Comme dit le proverbe, comme dit la chanson, et, fam., Comme dit l'autre (⇒ Autre, cit. 74-75).
106.1 Et de nouveau les « Meussieu », les « Meussieu je vous dis », les « Mais, Meussieu », voltigèrent d'un bout à l'autre du compartiment (…) Et ça s'envenimait, comme on dit (…)
R. Queneau, le Chiendent, p. 18.
♦ ☑ Loc. Qui dit… dit… : les deux expressions correspondent à des contenus équivalents (Qui dit A dit B équivaut à : A est B). || Qui dit fils à papa dit jeune homme gâté, paresseux (les deux expressions s'équivalent, l'expression fils à papa signifie « jeune homme gâté, paresseux »). — S'emploie aussi avec une valeur de cause à conséquence, d'implication. || Qui dit vacances dit soleil.
106.2 Qui dit froid écrivain dit détestable auteur.
Boileau, l'Art poétique, IV.
♦ ☑ Si j'ose dire, s'emploie pour s'excuser de la bizarrerie, de l'audace… d'une expression qu'on va employer. (→ Sauf votre respect). — ☑ Il est, disons le mot, ruiné (→ Délibérer, cit. 5).
7 (Le sujet désigne un penseur, un écrivain). Exprimer, révéler (qqch. de nouveau, de personnel). || Il n'a publié qu'un livre et il n'a déjà plus rien à dire. || Quand on n'a rien à dire, on n'écrit pas. ☑ Parler pour ne rien dire (→ Discours, cit. 3).
107 Comme c'est le caractère des grands esprits de faire entendre en peu de paroles beaucoup de choses, les petits esprits, au contraire, ont le don de beaucoup parler, et de ne rien dire.
La Rochefoucauld, Maximes, 142.
108 Pour moi, je ne sais pas si j'ai réussi, mais quand je fais des vers, je songe toujours à dire ce qui ne s'est point encore dit dans notre langue.
Racine, Lettres, À Maucroix, 29 avr. 1695.
109 On parle toujours mal quand on n'a rien à dire.
Voltaire, Commentaires sur Corneille, Remarques sur Œdipe, III, 3.
110 Les choses les plus importantes à dire sont celles que souvent je n'ai pas cru devoir dire — parce qu'elles me paraissaient trop évidentes.
Gide, Journal, 23 août 1926.
111 N'a-t-on pas coutume de poser à tous les jeunes gens qui se proposent d'écrire cette question de principe : « Avez-vous quelque chose à dire ? » Par quoi il faut entendre : quelque chose qui vaille la peine d'être communiqué.
Sartre, Situations II, p. 72.
♦ ☑ Allus. littér. Tout est dit… :
112 Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes, et qui pensent.
La Bruyère, les Caractères, I, 1.
113 Rien n'est dit. L'on vient trop tôt depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes. Sur ce qui concerne les mœurs, comme sur tout le reste, le moins bon est enlevé.
Lautréamont, Poésies, Œuvres, p. 307.
114 (…) l'écrivain (au XVIIe s.) fait son métier avec une bonne conscience, convaincu qu'il vient trop tard, que tout est dit et qu'il convient seulement de redire agréablement.
Sartre, Situations II, p. 141.
115 (…) nous, qui trouvons aujourd'hui toutes les voies libres, qui pensons que tout est à dire et sommes pris de vertige, parfois, devant ces espaces vides qui s'étendent devant nous.
Sartre, Situations I, p. 301.
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se dire v. pron.
1 Se dire quelque chose à soi-même. || Je me disais que… : je me faisais telle réflexion, telle remarque (→ Chose, cit. 35).
♦ Fig. || On se dirait en France : on a l'impression d'être en France (→ supra, II., 6.).
2 Se dire l'un à l'autre. || Ils se sont dit qu'ils s'aimaient.
116 Et de quel droit se diraient-ils héros (…) ?
Boileau, les Héros de roman.
116.1 Michel Strogoff prêtait une oreille attentive à tout ce qui se disait, mais il ne se mêlait point aux conversations.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 208.
b Être employé, en parlant d'une expression, d'une tournure. || Ce mot ne se dit plus. || Cette expression se dit aussi pour… || Cela ne s'est jamais dit.
117 (…) au lieu de numéroter les différentes acceptions des mots, elle (l'Académie) a conservé les formules en usage au XVIIe siècle, il signifie aussi…, il se dit par extension, il se dit par analogie, il se dit figurément, etc. qui gardent au livre le caractère d'un entretien avec son lecteur.
Dict. de l'Académie, 8e éd., Préface, p. 4.
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dit, dite p. p. adj. Voir ci-dessus à l'article.
♦ Spécialement.
1 Surnommé. || Louis XV, dit le Bien-Aimé. — Lieu dit. ⇒ Appelé.
118 Je possédais une petite cheminée de fonte émaillée, dite, je ne sais pourquoi, cheminée prussienne.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, VIII, p. 117.
2 Dr. Joint à l'article défini ou à certains adverbes, il sert à désigner ce dont on vient de parler. || Ledit acheteur. || Ladite maison. || Lesdits plaignants. || Le susdit. || Au dit lieu.
3 N. m. ⇒ Dit.
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CONTR. Cacher, dissimuler, omettre, taire.
DÉR. et COMP. Diseur; dédire, dédit, médire, médisance, redire, redite. — V. Adirer, contredire, maudire, prédire. — Bien-disant, c'est-à-dire, on-dit, qu'en-dira-t-on, soi-disant, susdit.
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2. dire [diʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1223; infinitif substantivé du verbe. → 1. Dire.
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1 (Dans certains emplois). Ce qu'une personne dit, avance, déclare, rapporte… ⇒ Affirmation, déclaration, parole, rapport… || Leurs dires ne sont pas concordants. || Au dire, selon le dire de… : d'après, selon.
1 (…) suivant le dire d'un ancien (…)
Molière, l'Avare, III, 1.
♦ Dr. || Le dire des témoins. || Au dire de l'expert. || Prix réglé à dire d'expert, après estimation par un expert.
♦ Rare. La parole. || Le dire et l'acte.
2 Mais qu'était donc cet appel du sujet au-delà du vide de son dire ?
J. Lacan, Écrits, p. 248.
2 Dr. Mémoire remis par une partie à des experts. || Dire de formalités, contenant le détail des formalités légales remplies avant une adjudication. — Observations consignées sur le cahier des charges d'une vente aux enchères, etc. || Dire de contestation. || Consigner un dire.
Encyclopédie Universelle. 2012.