Akademik

talonner

talonner [ talɔne ] v. <conjug. : 1>
• 1461 « renverser du pied »; taluner « frapper d'un coup » 1190; de talon
I V. tr.
1(1573) Suivre ou poursuivre de très près. Ses poursuivants le talonnent. serrer (de près).Fig. « quand on se sent, certains jours, talonné par la mort » (Goncourt).
2(1538) Presser (un cheval) du talon, de l'éperon pour le faire avancer.
(1588) Fig. Presser vivement et sans relâche. harceler. Ses créanciers le talonnent. (Choses) La faim le talonne. « Il était talonné par ses autres engagements » (R. Rolland).
3Frapper du talon. « Les pieds talonnaient la route » (Dorgelès). Rugby Talonner le ballon, et absolt talonner : lors d'une mêlée, envoyer le ballon dans son camp d'un coup de talon ( talonneur) . — Football Faire une passe en arrière d'un coup de talon.
II V. intr. (1773) Mar. Toucher, heurter le fond par l'arrière. « en retombant le brick talonna » (Baudelaire).

talonner verbe transitif Presser sa monture du talon ou de l'éperon pour la stimuler. Suivre quelqu'un de très près dans une course, une concurrence : Le peloton talonne le leader. Harceler, tourmenter quelqu'un : Des malheureux que la faim talonne. Au rugby, faire sortir le ballon de la mêlée, en le poussant du talon ou de la face interne du pied, pour le mettre à la portée du demi de mêlée. ● talonner (synonymes) verbe transitif Presser sa monture du talon ou de l'éperon pour la...
Synonymes :
- éperonner
Harceler, tourmenter quelqu'un
Synonymes :
- presser
talonner verbe intransitif En parlant d'un navire, toucher le fond, de l'extrémité arrière de la quille. Toucher en un endroit qui normalement ne devrait pas être en contact.

talonner
v.
rI./r v. tr.
d1./d Suivre, poursuivre (qqn) de très près. Les ennemis les talonnaient.
d2./d Talonner un cheval, l'éperonner.
|| Fig. Presser sans répit, harceler. Les créanciers le talonnent.
d3./d SPORT Talonner le ballon ou, absol., talonner: au rugby, sortir le ballon d'une mêlée à coups de talon.
rII./r v. intr. MAR En parlant d'un navire, heurter le fond avec l'arrière de la quille, mais sans s'échouer.

⇒TALONNER, verbe
A. — Empl. trans.
1. a) [Le compl. d'obj. dir. désigne une monture] Presser du talon ou de l'éperon. Sancho! Comme on se le figure sur son âne, mangeant des oignons crus et talonnant le roussin (FLAUB., Corresp., 1853, p. 323). Il avait si bien talonné son cheval de ferme, que personne n'était encore couché aux Genêts lorsqu'il arriva (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 586).
b) Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne qqn]
) Presser vivement et sans relâche. Synon. harceler. Talonner qqn pour obtenir une réponse; directeur qui talonne ses employés; écrivain talonné par les éditeurs; être talonné par des créanciers, par ses engagements, par la crainte, par le besoin de gagner sa vie. [Philine] me relance, ou me talonne, ou me supplie (AMIEL, Journal, 1866, p. 513). Le Président du Conseil, bien qu'il fût talonné par l'obligation de prononcer dans un très bref délai l'allocution qui était annoncée, entreprit de discuter l'opinion du Généralissime (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 50).
) Tourmenter sans répit. Le malheur ne cessait de le talonner (Ac. 1878-1935). Depuis qu'il était talonné par cette idée d'un départ, il ne pouvait plus se taire, pensait dans les allées, tout haut, pour alléger cette sensation de cœur gros qui l'étouffait (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 268). La mort, parfois, tue d'un coup, sans souffrance, tandis que la faim vous talonne une armée pendant des jours (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 35).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne qqn]
a) Suivre, poursuivre en serrant de très près. Talonner l'armée ennemie; coureur qui talonne un concurrent; talonné par un chien. Dix ou douze boule-dogues (...) firent irruption sur la route, talonnant les ours qui s'enfuyaient (HUGO, Rhin, 1842, p. 157). La peau, sur ses tibias, ne porte plus trace de ces éraflures qu'y faisaient souvent (...) les souliers à pointes de la camarade (bien intentionnée?) qu'elle avait talonnée au cours d'une épreuve (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 285).
b) Au fig. [Dans une situation de concurrence] Suivre de très près. Synon. serrer de près. Le Wolffs Bureau, deuxième agence européenne par ordre de fondation (...) devait (...) talonner durement l'agence française qui lui avait servi de modèle (Agences presse, 1962, p. 7).
3. [Le compl. d'obj. dir. désigne qqc.]
a) Frapper du talon, en courant ou en marchant. Troupe qui talonne le sol. Fatigué de talonner du pied le sentier abrupt du voyage terrestre (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 182). Si une patrouille était venue à passer nous l'aurions entendue (...) talonner le tablier de la passerelle branlante (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 218). [P. méton.] Les pieds talonnaient la route d'un rythme régulier (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 221).
Empl. abs. Il a encore trouvé à redire à propos de mes grolles (...). Je talonnais un peu c'est exact (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 165).
b) SPORTS
) FOOTB. Faire une passe en arrière, d'un coup de talon. (Dict. XXe s.).
) RUGBY. Talonner la balle, le ballon ou, absol., talonner. Au cours d'une mêlée fermée, envoyer la balle dans son camp d'un coup de talon. En France les arbitres ne font pas strictement respecter les règles du talonnage. Celui qui talonne régulièrement est irrémédiablement battu, alors qu'il lui faut bien tricher pour ne pas perdre la balle (L'Équipe, 19 janv. 1967, p. 8, col. 7).
B. — Empl. intrans.
1. CHAUSS. ,,Poser et fixer, par différents moyens, le talon sur la chaussure`` (Chauss. 1969).
2. CYCL. Avoir une jante qui se trouve en contact avec le sol, par suite d'une crevaison ou d'un gonflage insuffisant. Talonner de l'arrière. Pour éviter de « talonner », tenir le pneu plus gonflé (L'Écho des Sports, 2 juin 1932 ds PETIOT 1982).
3. MAR. [Le suj. désigne un bateau ou, p. méton., l'une de ses parties inférieures] Toucher sur le fond ou sur un écueil par l'arrière de la quille. Le gouvernail talonne. Le brick talonna deux fois et resta immobile (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 41). Talonner implique que le navire entre immédiatement en eau profonde sans rester échoué (GRUSS 1978).
Empl. trans. [Une barque] qui naviguait dans les écueils, talonna un haut-fond (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 131). Si la mer est trop basse la coque risque de talonner le fond en arrivant sur le plan d'eau (PERPILLOU, Industr. constr. nav., 1967, p. 14).
Prononc. et Orth.:[], (il) talonne [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1185 intrans. « frapper » taluner d'un entredous (HUE DE ROTELANDE, Prothesilaus, éd. Fr. Klockow, 3201); b) ca 1200 trans. « presser un cheval du talon, l'éperonner » taloner le destrier (GRAINDOR DE DOUAI, Jerusalem, 3679 ds T.-L.); c) 1583 id. « frapper du talon » talonner le pavé (TABOUROT, Bigarrures, I, 19 ds HUG.); d) 1892 rugby intrans. (Les Sports athlétiques, n° 134, 6 b ds BÄCKER, p. 299); 2. a) 1552 fig. trans. « presser vivement, sans cesse » (DU BELLAY, Discours sur la louange de la vertu, 108 ds Œuvres, éd. H. Chamard, t. 4, p. 149: Si la fortune crüelle Et la mort continüelle Me talonnent pas à pas); b) 1573 « suivre en serrant de très près » (DUPUYS); 3. 1773 mar. intrans. « (en parlant d'un navire) heurter le fond de l'extrémité de la quille » (BOURDÉ DE LA VILLEHUET, Manuel des marins, Lorient, Le Jeune, p. 231). Dér. de talon; dés. -er. Fréq. abs. littér.:116.
DÉR. 1. Talonnade, subst. fém. a) Bruit de sabots, de talons frappant le sol. Sous la sonore talonnade des chevaux, la route se déroulait (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 257). Talonnades affolées. Les infirmiers sortent de partout (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 222). b) Footb. Coup de pied donné du talon, qui renvoie la balle en arrière. Sur une attaque de Bosquier, relayé par Revelli, l'avant centre stéphanois effectua une talonnade très astucieuse qui ouvrit le chemin du but à Mekloufi (L'Équipe, 30 janv. 1967, p. 3, col. 3). []. 1res attest. a) 1645 « coup de talon donné par le cavalier à son cheval pour le stimuler » ([FRANÇOIS] LEMAIRE, Antiquitez d'Orléans, 51 ds DELB. Notes mss), ex. isolé, b) 1888 (A. DAUDET, loc. cit.); de talonner, suff. -ade1; cf. le prov. talonada relevé par ALIB. au sens de « empreinte de talon »; le prov. talounado fig. « plaisanterie, sornette, méprise » (MISTRAL; de là le fr. talonnade « moquerie », FÉR. Crit.) est dér. du verbe talouna « tromper, mystifier » (MISTRAL; de là le fr. talonner « ne pas parler sérieusement », gasconnisme FÉR. Crit.). 2. Talonnage, subst. masc. a) Agric. Appui du talon sur le fond de la raie pour stabiliser la charrue pendant le travail. La traction [de l'attelage] est reportée à l'arrière [de la charrue brabant] par une tringle pour donner au brabant un talonnage suffisant (PASSELÈGUE, Mach. agric., 1930, p. 65). b) Rugby. Action de talonner. Talonnage parfait. L'épaule connaît l'épaule dans le talonnage du ballon (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 258). []. 1res attest. a) 1783 mar. « fait de toucher le fond de la mer avec la quille du navire » (ÉMERIGON, Traité des Assurances, I, p. 667 ds BRUNOT t. 6, p. 361, note 6), 1894 rugby (d'apr. BÄCKER, p. 299, note 1); de talonner, suff. -age. 3. Talonnement, subst. masc. a) Synon. de talonnade (supra A). La musique foraine des chanteurs tyroliens, youyous, talonnements, claquements de paumes sur les cuisses (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 105). b) Hipp. Action de talonner. Le marquis affecte de ne porter jamais d'éperons, même dans les grandes circonstances. Il déteste cet instrument cruel (...). Les légers talonnements du marquis suffisent peut-être à réveiller dans le flanc de la bête le souvenir de la molette terrifiante (ROMAINS, Hommes bonne vol., t. 8, Province, 1934, p. 37). []. 1res attest. 1559 « action de frapper du talon, d'éperonner un cheval » (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Alexandre, IX, éd. G. Walter, t. 2, p. 329: Il lui donna carrière à toute bride [Alexandre à Bucéphale] (...) avec un talonnement de pieds), rare jusqu'au XIXe s. (LITTRÉ); de talonner, suff. -(e)ment1. 4. Talonneur, subst. masc., rugby. Avant centre qui forme, avec ses deux piliers, la première ligne de la mêlée fermée et dont le rôle essentiel est de talonner la balle. Quant aux mêlées, elles furent particulièrement mauvaises [en rugby scolaire], et l'on vit souvent le talonneur de Pasteur, écrasé par la fougue de ses co-équipiers (L'Œuvre, 31 janv. 1941). []. 1re attest. 1906 rugby (l'Auto, 25 janv. d'apr. PETIOT); de talonner, terme de rugby, suff. -eur2.
BBG. — DUB. Dér. 1962, p. 30 (s.v. talonnage), 41 (s.v. talonneur). — PORQUIER (R.). Le Vocab. des sports de ballon dans la presse spécialisée. Mémoire, Besançon, 1967, p. 159 (s.v. talonnade; talonnage; talonneur).

talonner [talɔne] v.
ÉTYM. 1461, « renverser du pied »; taluner « frapper d'un coup », 1190; de talon.
———
I V. tr.
1 (1573). Suivre ou poursuivre de très près (→ Marcher sur les talons de…). || Ses poursuivants le talonnent. Serrer (de près).Figuré :
1 À mon âge, et dans mon métier, quand on se sent, certains jours, talonné par la mort, l'angoisse est affreuse de savoir s'il vous sera donné de terminer le livre commencé (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 2 sept. 1876, t. V, p. 217.
2 (1538). Presser (un cheval) du talon, de l'éperon pour le faire avancer (→ Fourbu, cit. 1).
(1588). Fig. Presser vivement et sans relâche. Harceler, importuner. || Ses créanciers le talonnent. || Talonner un employé.(Sujet n. de chose). || Il était talonné par ses engagements (→ Obséder, cit. 6). || Une peur qui le talonne (→ Accabler, cit. 16). Tourmenter.
2 (…) le samedi même, jour de presque tous les Courriers, il ne pouvait attendre pour sortir que le travail fût achevé, et me talonnant sans cesse pour expédier les Dépêches du Roi et des Ministres il les signait en hâte, et puis courait je ne sais où (…)
Rousseau, les Confessions, VII.
3 Mon père musait et s'amusait de tout. Ma mère, consciente de l'heure, nous talonnait en vain.
Gide, Si le grain ne meurt, I, II.
3 Frapper du talon. || Les pieds talonnaient la route (→ 2. Marche, cit. 19).
(1903, in Petiot). Sports (rugby). || Talonner la balle, et, absolt, talonner : lors d'une mêlée, Envoyer la balle dans son camp d'un coup de talon ( Talonnage).Football. Faire une passe en arrière d'un coup de talon ( Talonnade).
———
II V. intr.
1 (1773). Mar. Toucher, heurter le fond par la partie la plus basse de la quille. || Navire (cit. 11) qui talonne.
2 Littér., rare. Se tenir (d'une certaine manière) sur des talons.
4 Pas très grande, mais talonnant haut. Menue, mais si potelée qu'elle rend le regard carnivore.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 31, 1972.
DÉR. Talonnage, talonnement, talonneur.

Encyclopédie Universelle. 2012.