talon [ talɔ̃ ] n. m.
• 1155; lat. pop. °talo, onis, class. talus
I ♦
1 ♦ Partie postérieure du pied (chez l'être humain), dont la face inférieure touche le sol pendant la marche. Talon et pointe du pied. Os du talon. ⇒ calcanéum. Mercure porte des ailes aux talons (⇒ talonnière) . Chaussure qui découvre le talon. — Des manteaux « qui leur tombent sur les talons » (A. Daudet). S'asseoir, être accroupi sur ses talons. Pivoter sur ses talons. Écraser qqch. d'un coup de talon.
♢ Loc. Marcher, être SUR LES TALONS de qqn, le suivre de tout près. La police était sur ses talons. — Montrer, tourner les talons : partir, s'enfuir. — Avoir l'estomac dans les talons : avoir grand-faim. — Allus. myth. C'est son talon d'Achille, son seul point faible (cf. Le défaut de la cuirasse).
2 ♦ Hippol. Partie du pied du cheval, en arrière de la fourchette et opposée à la pince. — Par ext. Chacune des deux extrémités du fer à cheval.
3 ♦ (1530) Partie d'un bas, d'une chaussette, etc., qui couvre le talon. Bas à talons renforcés. Chaussette reprisée au talon.
4 ♦ Pièce rigide et saillante qui pose sur le sol et exhausse le derrière d'une chaussure. Talon de bois, de cuir. Talons plats. Chaussures à talons hauts. Hauts talons. Par méton. « Ce jour-là je dois porter cette fameuse paire de talons hauts en lamé or » (Duras). Talons aiguilles, hauts et fins; talons bottier, moyens et larges. Talons bobines, évidés, à courbes concaves. « En fait Salomé, bien reconnaissable au piquetage de ses talons aiguilles, est rentrée à six heures » (H. Bazin). Talons éculés, usés. — Absolt Des chaussures à talons, à talons hauts.
♢ Partie rapportée (en cuir, en caoutchouc, etc.) de cette pièce qui touche le sol. Faire remettre des talons à ses chaussures.
♢ (1750; d'apr. les souliers à talon rouge de la noblesse) Fig. TALON ROUGE : nobles élégants du XVII e s. qui portaient de hauts talons rouges. — Vx ou littér. Personne élégante et aux belles manières. Adj. « Il est très talon rouge » ( ACADÉMIE ).
II ♦
1 ♦ Extrémité inférieure et postérieure (de certains objets). — (1643) Mar. Talon de quille : extrémité postérieure de la quille sur laquelle repose l'étambot. — (1621) Talon de lame (d'un couteau, etc.) :partie opposée à la pointe, qui s'appuie sur le manche ou y pénètre. ⇒ 2. soie. — Talon d'archet : partie par laquelle on le tient. — Talon de pipe : saillie à la partie inférieure de certaines pipes. — Ski Extrémité arrière du ski (opposé à spatule).
2 ♦ (1694) Reste, bout d'un pain, d'un fromage, où il y a beaucoup de croûte. Par ext. Croûton du pain. — Extrémité d'un jambon.
3 ♦ (1645) Ce qui reste d'un jeu de cartes après la première distribution. Piocher dans le talon. « les véritables patiences se font généralement sans talon. C'est-à-dire que, lorsque la distribution est achevée, toutes les cartes sont étalées sur la table » (Troyat).
4 ♦ (1835) Partie d'une feuille de carnet, de registre, qui demeure fixée à la souche après qu'on en a ôté la partie détachable (volant), et qui porte les mêmes mentions. Le talon du chèque fait foi.
5 ♦ (1676) Décoration Moulure à profil alternativement concave et convexe de haut en bas.
● talon nom masculin (latin populaire talo, -onis, du latin classique talus) Partie postérieure et inférieure du pied de l'homme, dont le squelette est le calcanéum. Support placé sous l'emboîtage pour donner à une chaussure son aplomb : Chaussures à talons hauts. Partie d'un bas, d'un collant, d'une chaussette qui correspond au talon : Bas à talons renforcés. Extrémité inférieure ou postérieure de certains objets : Le talon d'un ski. Extrémité d'un aliment qu'on débite en tranches : Talon de jambon. Partie non détachable d'une feuille de carnet à souches, d'un chéquier. Agriculture Partie terminale amovible du sep d'une charrue, qui frotte sur le fond de la raie. Arboriculture Empattement qui unit un rameau à la tige. Partie supérieure d'une bouture. Architecture et Arts décoratifs Moulure composée dont le profil dessine un S aux extrémités tendant vers la verticale (lorsque cette moulure est horizontale). Bâtiment En couverture métallique, about de couvre-joint. Chemin de fer Extrémité d'une lame d'aiguille, opposée à la partie effilée (pointe). Extrémité d'un branchement côté talon des aiguilles. Coutellerie Partie inférieure d'une lame, voisine du manche ou encastrée dans celui-ci. Jeux Cartes qui restent après la distribution. Dominos qui restent après que chaque joueur a pris les siens. Marine Extrémité postérieure de la quille d'un navire sur laquelle repose l'étambot. Pêche Partie postérieure de la canne à pêche. Préhistoire Base non taillée d'un outil de silex permettant la préhension. Partie d'une hache en bronze par laquelle elle est emmanchée. Serrurerie Extrémité d'un pêne de serrure, qui est près du ressort. Technique Partie postérieure d'un certain nombre d'objets. En soudage, synonyme de méplat. Transports Chacun des deux éléments rigides situés aux extrémités intérieures d'un pneumatique, et s'adaptant à la jante de la roue. Zootechnie Partie postérieure de la paroi du pied des ongulés. ● talon (citations) nom masculin (latin populaire talo, -onis, du latin classique talus) Malcolm de Chazal Vacoas 1902-Port-Louis 1981 L'idéaliste a la marche des orteils ; et le matérialiste a la marche des talons. Sens plastique Gallimard ● talon (expressions) nom masculin (latin populaire talo, -onis, du latin classique talus) Être, marcher sur les talons de quelqu'un, le suivre de très près ; l'imiter. Le talon d'Achille, la seule partie vulnérable de son corps ; le point faible de quelqu'un. Tourner, montrer les talons, s'enfuir. ● talon (homonymes) nom masculin (latin populaire talo, -onis, du latin classique talus) tallons forme conjuguée du verbe taller talons forme conjuguée du verbe taler ● talon (synonymes) nom masculin (latin populaire talo, -onis, du latin classique talus) Bâtiment. En couverture métallique, about de couvre-joint.
Synonymes :
- tête
Jeux. Dominos qui restent après que chaque joueur a pris les...
Synonymes :
- pioche
- pot
- réserve
Synonymes :
- Technique. méplat
Talon
(Jean) (1625 - 1694) administrateur français. Premier intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), il assura le développement de la colonie de façon extrêmement méthodique.
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Talon
n. m.
d1./d Partie postérieure du pied, dont le squelette est formé par le calcanéum.
|| Loc. fig. Avoir l'estomac dans les talons: avoir grand-faim.
— être sur les talons de qqn, le suivre de près.
— Montrer, tourner les talons: s'enfuir.
|| Loc. fig. Talon d'Achille: point vulnérable.
|| MED VET Point du sabot des ongulés où la paroi se replie postérieurement pour se porter en dedans.
d2./d Partie d'un soulier, d'un bas dans laquelle se loge le talon.
|| Pièce saillante en hauteur ajoutée en cet endroit sous la semelle. Talons hauts, plats.
d3./d Dans un registre, un carnet à souche, partie inamovible (par oppos. aux feuillets détachables). Conserver les talons de chèques.
d4./d JEU Ce qui reste de cartes après la distribution aux joueurs.
d5./d TECH Extrémité inférieure ou postérieure de divers objets.
|| MAR Extrémité postérieure de la quille d'un navire.
⇒TALON, subst. masc.
A. — 1. ANAT., usuel. Partie inférieure et postérieure du pied formée par le calcanéum. S'asseoir, être accroupi sur les talons; écraser qqc. avec/sous le talon; joindre les talons (pour saluer); pivoter, tourner sur ses talons; presser un cheval du talon; chaussures qui laissent le talon libre, qui blessent le talon. On n'entendait plus que la débandade des petits pieds tapant du talon à contretemps, tandis que le piano continuait tout seul à jouer en mesure (ZOLA, Page amour, 1878, p. 900). Ce pas inimitable et dansant — la pointe du pied en dehors, le talon effleurant à peine la terre (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 181).
— P. anal. Talon de la main. Saillie située sous les plis cutanés de la face antérieure du poignet. Un jour, il s'est enfoncé un canif dans le talon de la main. Des folies, des folies! (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 90).
— [P. allus. myth.] Le talon d'Achille. L'unique endroit du corps où Achille ne fut pas invulnérable. Au fig. Point faible de quelqu'un, aspect, partie vulnérable de quelque chose. Aux heures d'étreinte nous perdons le sentiment des finesses, tandis que l'homme que nous dominons reste maître de lui (...). Prends bien garde à cela, ma mignonne: c'est le défaut de notre cuirasse, c'est notre talon d'Achille (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Baiser, 1882, p. 607). La cour, moyen de neutraliser « les grands » par la dépendance et la dépense, devient en même temps, par son coût, le talon d'Achille de la monarchie (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 21).
— Locutions
a) Avoir (donner) des ailes aux talons. (Faire) se déplacer, s'enfuir rapidement. La peur lui donne des ailes aux talons. Le besoin de me défaire le plus tôt possible d'un trésor dont elle ne connaissait pas le prix me donnait des ailes aux talons (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 104). Tout Paris chanta: Comme il est gai, comme il est leste... Il a des ailes aux talons (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 105).
b) Avoir l'estomac dans les talons. V. estomac B 1.
c) Être, marcher... sur les talons de qqn. Suivre quelqu'un de très près. La police est sur ses talons; chien qui marche sur les talons de son maître. Quand le juge suppléant entrait dans un salon, immédiatement entrait sur ses talons Toto, qui serait mort de frayeur s'il avait été séparé de son père par une porte (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 48). Nous étions sur les talons de l'ennemi. La bataille de la Marne se terminait; c'était bien une grande victoire (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 144).
♦ Au fig. Être proche de quelqu'un par l'âge, le succès. Cette cadette marche sur les talons de son aînée (Ac. 1835-1935). Un instant, il s'était cru, à son tour enfin, un des maîtres du marché, ayant violé la chance, sur les talons de Saccard (ZOLA, Argent, 1891, p. 379).
♦ Sur les talons (de qqn). Juste derrière quelqu'un. Il a tiré (...) sur ses talons les portes du temple de Janus (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 678). Une promenade, jugulaire au menton, avec sabre, revolver et quatre poilus sur les talons! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 38).
♦ Être toujours sur les talons de qqn, aux talons de qqn ; avoir toujours qqn sur les talons. Suivre quelqu'un partout, se montrer importun vis-à-vis de quelqu'un; être importuné par quelqu'un. Le Tarasconnais s'ennuya d'avoir perpétuellement sur les talons ce compagnon mélancolique, qui lui rappelait toutes ses mésaventures (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 125). Je t'en prie, ne sois pas tout le temps sur mes talons! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, II, 2, p. 33).
d) (Être, mettre qqn) sous le(s) talon(s) de qqn. (Être, mettre quelqu'un) sous la dépendance de quelqu'un. Monarchistes et républicains (...) se sont confondus pour maintenir la justice et le droit sous le talon de M. le ministre de la Guerre (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 1). C'est grâce à cette flamme sacrée que s'est levée et organisée, sous le talon de l'ennemi et de ses collaborateurs, l'immense résistance française (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 407).
e) Montrer les talons. S'enfuir. Misérable aristocrate (...) Songe à nous montrer les talons, ne reparais jamais ici (BALZAC, Épis. Terr., 1830, p. 433).
f) Ne pas arriver, venir... au talon de qqn. Être très inférieur à quelqu'un. Synon. ne pas arriver à la cheville de qqn. M. Jourdain ne va pas au talon du premier négociant que tu vas rencontrer dans la rue (FLAUB., Corresp., 1850, p. 239). C'est un brave et honnête garçon. Vous ne lui venez pas au talon (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 236).
g) Tourner les talons. S'en aller, partir brusquement. Et si (...) vous n'êtes pas augmenté de huit jours au rapport de demain matin, je veux être changé en bénitier! Voilà! Sur quoi, il tourna les talons (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 243). Tourne les talons et descends. Un seul conseil, mais un bon. On a jamais eu l'habitude d'être commandé par les autres, ici (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 126).
h) Vieilli ou littér. Voir les talons de qqn
♦ Être débarrassé de la présence de quelqu'un. Ils voulaient se débarrasser de moi coûte que coûte (...) D'ailleurs pour qu'ils n'aient pas hésité à placer un garçon de mon âge chez une veuve encore jeune, il fallait qu'ils fussent bien pressés de me voir les talons (MAURIAC, Asmodée, 1938, I, 4, p. 37).
♦ Arriver au moment où les autres partent. Mon bataillon est entré le premier dans la Chambre, et nous n'avons pas eu grand mérite, car nous n'avons vu que les talons des factieux (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, t. 1, 1848, p. 321).
2. ANAT. ANIM. Partie postérieure de la paroi du pied de certains ongulés. La distance du talon du pied du cerf aux os ou ergots sert à connaître son âge (LITTRÉ). Le loup a le talon gros et large (LA HÊTRAIE, Chasse, 1945, p. 158).
— [Chez les équidés] Partie inférieure et postérieure du sabot comprise entre les quartiers et opposée à la pince. Cheval qui a les talons hauts, bas, serrés, qui est relevé, bas de talon. Il fut ferré d'aluminium, les talons abattus, les fourchettes et la sole en contact avec la terre (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 57).
♦ P. méton., MARÉCHALERIE. Chacune des deux extrémités du fer à cheval prenant appui sur le talon. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — P. méton.
1. Partie d'une chaussure, d'un bas, d'une chaussette, etc., qui enveloppe le talon. Collant à talons renforcés; chaussette trouée, reprisée au talon. Achevez-moi plutôt le talon de ce bas (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 146).
2. CHAUSSURE
a) Support placé sous la partie postérieure de la semelle d'une chaussure, qui donne à celle-ci son aplomb. Talon de bois, de caoutchouc, de cuir, recouvert de peau; chaussure à talon (= à talon haut); chaussure sans talon (= à talon plat); talons usés; faire poser des fers aux talons d'une paire de bottes. Les talons éculés empêchaient la maudite chaussure d'adhérer aux pieds de l'enfant (BALZAC, L. Lambert, 1832, p. 56). [Elle] fut tout de suite au bas de l'escalier qui conduisait aux chambres, ses talons claquèrent sur les marches puis sur le palier du couloir (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 148).
— En partic.
♦ Talon aiguille. Talon Louis XV très effilé vers le bas. [Le bar romain] rempli de femmes peintes juchées sur les hauts tabourets, faisant jouer leurs talons aiguilles au bout de leurs jambes (BUTOR, Modif., 1957, p. 63).
♦ Talon bobine. Talon haut, creusé sur tout son pourtour à mi-hauteur et évasé vers le bas. Une rouquine (...) toujours avec (...) de hautes bottines blanches à lacets et talons « bobines » (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 470).
♦ Talon bottier. ,,Talon haut, en cuir ou dont le revêtement offre l'aspect de tranches de cuir superposées`` (Chauss. 1969).
♦ Talon compensé. ,,Talon qui se prolonge vers l'avant pour se raccorder sans interruption à l'appui de la semelle`` (Chauss. 1969).
♦ Talon haut/haut talon. Talon dont les bords inférieurs et supérieurs ne sont pas parallèles. Femme juchée, perchée sur ses hauts talons; soulier découvert à talon haut. Les deux joues de sa croupe un peu forte se balançaient sur de hauts talons fins, en petits équilibres alternés (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 414).
♦ Talon Louis XV. Talon haut de profil concave, dont la gorge est recouverte par un prolongement de la semelle. Léon m'avait fait des petites bottes délicieuses à très hauts talons Louis XV (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 349).
♦ Talon plat. Talon large et peu épais, dont les bords supérieurs et inférieurs sont plans et parallèles. Dans le clan Baudoin, les femmes (...) aimaient les vêtements longs, les écharpes, les pèlerines, les souliers à talons plats ou même les sandales de bois (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 150).
— HIST. Talon rouge. Soulier à haut talon rouge porté à la cour au XVIIIe s., ce qui était considéré comme une marque de noblesse. Une mouche au coin de l'œil, des talons rouges et des manches de dentelles (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 161). [Voltaire] à qui ne déplaisaient pas des talons rouges et des rubans à ses souliers était alors depuis un an à la cour du roi de Prusse (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 20).
♦ P. méton. Homme de la cour élégant et raffiné portant cette sorte de souliers; état d'homme de cour. L'élite des petits maîtres et des talons rouges. Un citoyen indépendant des intrigues d'en haut et d'en bas et aussi éloigné du talon rouge que du bonnet rouge (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 99). Ce malheureux est encore un aristocrate, une espèce de talon rouge (BLOY, Journal, 1903, p. 203).
♦ Littér. [Avec une valeur d'adj.] D'une élégance recherchée et de belles manières. Il est très talon rouge (Ac. 1935). Dans vingt ans, je suppose, les bourgeois du temps de Louis-Philippe sembleront élégants et talons rouges (FLAUB., Corresp., 1853, p. 94). Monsieur Poincaré se rendit avec son huit-reflets chez Ribot pour un échange de vues. Ils les échangèrent, leurs vues, et puis Monsieur Ribot, à son tour, se saisit de son chapeau-claque et se rendit chez Poincaré pour un échange de vues. Le tout d'une courtoisie talons rouges (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 222).
b) Pièce de cuir, de caoutchouc, de métal appliquée sur la face inférieure du talon d'une chaussure et destinée à protéger celui-ci. (Dict. XXe s.). Faire changer la semelle et le talon d'une chaussure (Dict. XXe s.).
3. HIPP. Éperon qui garnit le talon de la botte d'un cavalier. Cheval qui connaît, entend les talons, qui obéit, répond aux talons. Or çà, sans plus discourir, donnons de l'éperon à nos montures (...) Les chevaux, sollicités du talon, prirent une allure plus vive (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 430).
— Loc. Cheval qui est bien dans les talons. Cheval sensible à l'éperon (d'apr. LITTRÉ). Promener un cheval dans la main et dans les talons. ,,Le gouverner avec la bride et l'éperon`` (Ac. 1835-1935). Porter un cheval d'un talon sur l'autre. ,,Lui faire sentir tantôt l'éperon droit, tantôt l'éperon gauche dans un même manège`` (LITTRÉ). Serrer les talons, pincer des deux talons. ,,Appuyer deux coups d'éperon à son cheval`` (LITTRÉ).
C. — P. anal.
1. Extrémité inférieure ou postérieure de certains objets.
a) AGRIC. Partie inférieure du sep d'une charrue, par laquelle celle-ci s'appuie sur le fond et la paroi du sillon pendant le travail (d'apr. Agric. 1977).
b) ARMURERIE
— Fer dont est garnie la partie inférieure d'une hallebarde, d'une pique, d'une lance, etc. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Talon de fusil. ,,Partie du canon du fusil entrant dans le bois au-dessus de la poignée`` (LELOIR 1961).
c) BOUCH. Talon (de collier). Morceau de bœuf situé dans la partie musculaire profonde de la base du cou, entre le paleron et le collier. Le talon, ou talon de collier, est un bon morceau à braiser (COURTINE Gastr. 1984).
d) CH. DE FER. Talon d'aiguille ou d'aiguillage. Extrémité la plus large d'une lame d'aiguille. On a pu, sur les lignes à double voie, disposer toutes les aiguilles qui font communiquer les voies de circulation avec les voies accessoires des gares, de telle façon que les trains les prennent par le talon (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 147).
e) COUTELLERIE. Partie inférieure de la lame (d'un couteau, d'un bistouri, d'un rasoir, etc.) non tranchante, voisine du manche ou encastrée dans celui-ci. L'index [est appliqué] sur le dos et un peu sur le côté externe du talon de la lame (NÉLATON, Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 52). Partie renforcée de la lame d'une arme blanche, qui s'appuie contre la monture. Lame (...) frissonnante tant elle est flexible (...). Sur un côté du talon, il fera ciseler entre des rinceaux la tour enflammée et les deux glaives qui se croisent (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 523).
f) MAR. Talon de quille. ,,Extrémité postérieure de la quille sur laquelle repose l'étambot`` (GRUSS 1952).
g) MUS. Extrémité de l'archet opposée à la pointe, que saisit la main de l'exécutant. C'est le violon qui commença tout seul (...) C'étaient des notes très fines, à peine marquées par le talon de l'archet (GIONO, Triomphe vie, 1941, p. 175).
h) PÊCHE. Extrémité inférieure de la canne à pêche (d'apr. T. BURNAND, Vocab. du pêcheur ds Le Grand livre de la pêche et des poissons, 1952).
i) SKI. Extrémité arrière du ski. Anton. spatule. Ruade, pour désigner le mouvement particulier des talons des skis qui lance les spatules dans le sens de la pente (...) est une métaphore excellente et neuve (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang. 1953, p. 140).
2. Pièce, partie saillante à la surface de quelque chose.
a) ARCHIT., MENUIS. Talon (droit/renversé). Moulure dont le profil présente une portion convexe (ou concave) dans sa partie supérieure et une portion concave (ou convexe) dans sa partie inférieure (d'apr. CHABAT 1881).
b) HORTIC. Empattement qui unit un rameau à la tige, que l'on conserve pour augmenter les chances de reprise dans les boutures dites « à talon » (d'apr. HABAULT Agric. 1983).
c) TABAC. Petite saillie située à la partie inférieure du fourneau d'une pipe, sur laquelle est souvent imprimée la marque de fabrique. (Dict. XIXe et XXe s.).
d) TECHNOL. Chacun des deux élements rigides situés sur la partie inférieure de l'enveloppe d'un pneu et servant de liaison entre celui-ci et la jante d'une roue de véhicule. [Certains pneus] possèdent un cercle métallique intérieur coinçant les talons contre le rebord de la jante (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 212). ,,Pièce parallélépipédique formant saillie sur une surface et assurant un appui ou une butée`` (BOISSIER 1975).
3. Dernière partie de quelque chose; fond, reste.
a) ALIM. Extrémité d'un aliment que l'on débite en tranches. Talon de fromage, de jambon, de rôti. J'arrivais de l'école, et je marquais ma petite mâchoire, en croissants, dans un talon de pain frais, comblé de beurre et de gelée de framboises (COLETTE, Sido, 1929, p. 14).
b) JEUX. Cartes, dominos qui restent après la première distribution. Synon. pioche, pot2. Elles s'endormaient (...) à prendre continuellement des cartes au talon, du même geste (ZOLA, Nana, 1880, p. 1134). Les jeux à talon (tel le poker) (...) sont (...) les seuls à être catalogués par la légis-lation comme jeux d'argent et de hasard (Jeux et sports, 1967, p. 163).
c) Partie non détachable d'une feuille de carnet à souches qui doit porter des mentions concordantes avec celles inscrites sur le volant. Talon d'un mandat; inscrire le montant d'un chèque sur le talon. Cette allocation est mise à la disposition du préfet (...). Il n'a aucun compte à en rendre qu'à produire les talons des mandats (BARADAT, Organ. préfect., 1907, p. 154). Les carnets à souche facilitent la comptabilité en évitant les erreurs, et préviennent la fraude, grâce au talon qui reste fixé au carnet (É. LECLERC, Nouv. Manuel typogr., 1897, p. 357).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1155 d'une personne (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 9580); ca 1170 (Rois, II, XIII, 18, éd. E. R. Curtius, p. 81: La meschine fud vestue de une gunele ki li batid al talun); 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 2323: Tantost qu'il furent anz antré, Si lor lessierent avaler [...] Une porte apres les talons); ca 1200 torner le talon « s'en aller » (Renart, éd. E. Martin, XI, 1309); ca 1223 torner les talons a aucun fig. « se détourner de » (GAUTIER DE COINCI, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, II Pr 1, 337); ca 1330 monstrer les talons a aucun « s'enfuir » (Girart de Roussillon, 86 ds T.-L.); 2. a) 2e moit. XIIIe s. « partie postérieure de l'ongle du cerf » (Chace dou cerf, 89 ds T.-L., s.v. esponde); b) fin XIIIe s. [ms] « orteil de derrière d'un oiseau de chasse » (Ms. Oxford Bodl. Digby 86, fol. 52 d'apr. G. TILANDER, Glanures lexicogr., Lund, 1932, p. 252); 3. a) 1530 « pièce de cuir servant à renforcer la partie de la chaussure couvrant le talon » (PALSGR., p. 206 b: Cloute of a sho — ung talon; ung devant; ung debout); 1611 « partie de la chaussure couvrant le talon » talon d'un soulier (COTGR.); b) 1680 « morceau de bois, ensemble de lamelles de cuir ajoutées à la semelle à l'endroit où repose le talon » (RICH.); 1758, 4 déc. petits maîtres français en talons rouges (VOLTAIRE, Lettre au marquis Albergati Capacelli ds Corresp., éd. Th. Besterman, t. 19, p. 268); 1771 [1re éd. 1741] p. métaph. nos talons rouges (GAUDET, Bibl. des Petits-maîtres, 4 ds BRUNOT t. 6, p. 1102, note 6); c) 1690 « partie du bas qui couvre le talon » (FUR.), rare av. 1832 (RAYMOND). B. 1.1573 « partie du gouvernail qui trempe dans l'eau » (DUPUYS); 1606 talon de gouvernail (NICOT); 1643 « extrémité de la quille du navire du côté de l'arrière » (FOURNIER Hydrographie, p. 13); b) 1621 « le tiers du tranchant d'une lame d'épée le plus près de la garde » (C. OUDIN, Tesoro de las dos lenguas fr. y esp., Paris, P. Billaine, s.v. tercio postremo de la espada); 2. 1676 (FÉLIBIEN, p. 747: en terme d'archit. c'est un petit membre composé d'un filet quarré et d'un symaise droite); 3. 1645 terme de jeu « cartes qui restent après la distribution » (C. OUDIN, Seconde partie des Recherches esp. et fr.); 4. 1694 « dernier morceau de quelque chose » talon d'un pain, d'un fromage (Ac.); 5. 1835 talon de souche (Ac.). Du lat. vulg. talo, -onis (class. talus « osselet du paturon de certains animaux, qui servait à jouer aux osselets »; « (chez l'homme) astragale » puis, p. ext. « cheville » et « talon ») relevé au Xe s. (CGL t. 3, p. 605, 18: usque ad genua et talones). Fréq. abs. littér.:1 635. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 315, b) 3 715; XXe s.: a) 2 692, b) 2 220. Bbg. Archit. 1972, p. 128. — Dossiers de mots: manutention... Néol. Marche. 1979, n° 10, p. 70; 1982, n° 32, pp. 112-113. — QUEM. DDL t. 11 (s.v. talon rouge), 16, 25, 32, 36.
talon [talɔ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1175; talun, v. 1155; lat. pop. talo, -onis; class. talus.
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1 Partie postérieure du pied de l'homme, dont la face inférieure touche le sol pendant la marche (⇒ 1. Plante). || Talon et bout, pointe du pied (→ Emboîter, cit. 10). Anat. || Os du tarse qui forme le talon. ⇒ Calcanéum. — Chaussure sans quartier, qui laisse le talon libre (comme les mules, les babouches…). || Chaussure qui blesse au talon. || Talon armé d'un éperon (cit. 2). || Presser un cheval du talon (⇒ Talonner). || Mercure porte des ailes aux talons, signe de sa rapidité. — Des cheveux jusqu'aux talons (→ 2. Pas, cit. 29), des manteaux qui tombent sur les talons (→ Cadis, cit.). || S'asseoir, être assis, accroupi sur ses talons (→ Éventail, cit. 1; pencher, cit. 6). ⇒ Accroupir (s'). || Écraser qqch. avec le talon, d'un coup de talon. || Les talons joints, réunis, unis (→ Haltère, cit. 1). || Joindre les talons pour saluer (→ Incliner, cit. 18). || Tourner (→ Bloc, cit. 8), pivoter (cit. 3) sur ses talons.
1 Un claquement de talons accompagna le salut de l'officier.
Francis Carco, les Belles Manières, p. 11.
♦ ☑ Allus. mythol. Le talon d'Achille : le seul endroit où Achille ne fût pas invulnérable (cit. 1). Par métaphore. || Un Achille sans talon (→ Prise, cit. 10). — (XVIIIe). Fig. Point vulnérable. || C'est son talon d'Achille.
2 L'orgueil, c'est là le talon où tous les héros sont vulnérables.
Hugo, l'Homme qui rit, II, IV, I.
♦ ☑ Loc. (XVIe). Marcher, être sur les talons de qqn, le suivre de tout près. || La police était sur ses talons. — Être toujours sur les talons de qqn, le suivre partout, être importun. ⇒ Importuner.
2.1 Arrochkoa et la supérieure les suivent de tout près, sur leurs talons, sans se parler non plus (…)
Loti, Ramuntcho, II, XIII.
♦ ☑ Avoir des ailes aux talons : aller, s'enfuir rapidement. || La peur nous donne des ailes aux talons (→ 1. Entraver, cit. 1, Montaigne).
♦ ☑ (Av. 1709). Tourner les talons : s'en aller, partir. ⇒ Éloigner (s'). || Il n'avait pas plus tôt tourné les talons que…
3 Nous tournâmes les talons, poursuivis d'imprécations railleuses (…)
Nerval, les Nuits d'octobre, XIII.
♦ ☑ (XIVe). Montrer les talons. ⇒ Enfuir (s'). — ☑ Fam. Se donner du talon dans le derrière : sauter de joie. — ☑ (1864). Avoir l'estomac dans les talons : avoir très faim.
4 Cependant, Nana, qui disait avoir l'estomac dans les talons, se jetait sur des radis, qu'elle croquait sans pain.
Zola, Nana, II.
2 (V. 1354). Hippol. Partie du pied du cheval, en arrière de la fourchette et opposée à la pince. — Par ext. Chacune des deux extrémités du fer à cheval.
3 (1530). Partie d'une chaussure, d'un bas, d'une chaussette, etc., qui enveloppe le talon. || Mocassins usés aux talons. || Bas à talons renforcés. || Chaussette reprisée au talon.
♦ Ski. Extrémité arrière du ski (opposé à semelle, à spatule).
4 (1798). Pièce rigide et saillante qui pose sur le sol et qui exhausse le derrière d'une chaussure. || Talon de bois, de cuir, d'acier recouvert de peau. || Chaussure sans talon, à talon peu marqué. — Talons plats, larges et de peu de hauteur (→ Pied [pied plat], et aussi pied-plat). — Talons hauts ou hauts talons. || Juché, perché sur de hauts (cit. 11) talons (→ Course, cit. 2). || Talons échasses, très hauts. || Talons aiguilles, hauts et fins. || Talons bottier, moyens et larges. || Talons Louis XV, évidés, à courbes concaves. || Talons bobines. || Talons éculés, usés (→ 1. Pas, cit. 27). || Mettre des fers aux talons. || Talons de bottes, de bottines, de boots. || Talons obliques des santiags. — Protège-talon : petit étui en matière plastique incolore pour les chaussures à talons aiguilles.
5 (Elles) n'ont jamais pu renoncer, dans le pays de la sandale parfaite, à leurs souliers blancs de confection, montés sur talons échasses.
Colette, Belles saisons, p. 36.
6 (…) les chaussures de cuir rouge se posaient sur le trottoir, talon aiguille d'abord, puis suivait la semelle, et les craquements des lanières.
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, p. 41.
♦ ☑ (1793, in D. D. L.; « soulier à talon rouge », 1758). Loc. métonymique. Talon rouge : noble élégant du XVIIe siècle, qui portait de hauts talons rouges. || Un talon rouge du temps passé (→ Humeur, cit. 40). — Vx ou littér. Personne élégante et aux belles manières. Adj. || Il est très talon rouge (Académie), très talons rouges.
7 (…) mossieur Ribot, à son tour, se saisit de son chapeau-claque et se rendit chez Poincaré pour un échange de vues. Le tout d'une courtoisie talons rouges, alors ! Ils se firent l'un l'autre connaître que nonobstant la profonde admiration réciproque qu'ils se professent, ils maintiendraient tous deux leurs candidatures.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, VII.
5 Morceau de cuir, de caoutchouc, de métal appliqué sur la face du talon (4.) qui touche le sol. || Faire changer la semelle et le talon d'une chaussure.
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II
1 Extrémité inférieure, postérieure (de certains objets). — (1643). Mar. || Talon de quille : extrémité postérieure de la quille sur laquelle repose l'étambot.
♦ (1660). || Talon de lame (d'un couteau, etc.) : partie opposée à la pointe, qui s'appuie sur le manche ou y pénètre. ⇒ 2. Soie. || Talon d'une canne à pêche. — Talon d'archet, partie par laquelle on le tient. — (1798). || Talon de pipe : saillie à la partie inférieure de certaines pipes. — Le talon d'une charrue.
♦ Techn. Coude fait à l'extrémité d'une pièce, qui la retient ou la fixe.
♦ (1815). Techn. Partie de l'enveloppe d'un pneu en contact avec la jante.
2 (1694). Reste, bout (d'un pain, d'un fromage) où il y a beaucoup de croûte. Par ext. Croûton (du pain). || Un talon de pain chaud (→ Gelée, cit. 7). — Extrémité d'un jambon.
3 (1660). Ce qui reste d'un jeu de cartes après la première distribution. ⇒ Chien. || Piocher dans le talon.
8 (…) les véritables patiences se font généralement sans talon. C'est-à-dire que, lorsque la distribution est achevée, toutes les cartes sont étalées sur la table.
H. Troyat, le Vivier, p. 43.
4 (1835). Partie d'une feuille de carnet, de registre, qui demeure fixée à la souche après qu'on en a ôté la partie détachable (volant), et qui porte les mêmes mentions. || Talon d'un mandat, d'un chèque. || Le talon du chèque fait foi.
5 (1676). Décor. Moulure à profil alternativement saillant et rentrant, de haut en bas.
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DÉR. Talonnade, talonner, talonnette, talonnier.
Encyclopédie Universelle. 2012.