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victime

victime [ viktim ] n. f.
• 1495; lat. victima
1Créature vivante offerte en sacrifice aux dieux. vx hostie. Victime piaculaire, propitiatoire. Immoler, égorger une victime sur l'autel d'un dieu. Des eubages « conduisant deux taureaux blancs qui devaient servir de victimes » (Chateaubriand). Examen des entrailles des victimes par un aruspice. Victimes humaines.
2(1782; victime de... 1617) Personne qui subit la haine, les tourments, les injustices de qqn. « chacun ayant sa victime et chacun son bourreau » (Léautaud). Les victimes d'un dictateur, d'un dénonciateur. « pour être cruel et méchant sans danger, il a choisi les femmes pour victimes » (Laclos). (Dans la société) « La révolte ne vient jamais des victimes » (Chardonne). Se poser en victime.
3Par ext. VICTIME DE (souvent attribut ou en appos. sans art.) :personne qui souffre, pâtit (des agissements d'autrui, ou de choses, d'événements néfastes). Victime de la calomnie. J'ai été (la) victime d'une hallucination (cf. Être le jouet de). proie. Victime de guerre, qui a subi des dommages de guerre. Entreprise victime de la crise, de la concurrence. Être victime d'une agression, d'un viol, d'un vol, de lettres anonymes, d'une méprise. Des millions d'enfants victimes de la famine. Mourir victime du devoir (dans l'exercice de fonctions périlleuses).
4Personne arbitrairement condamnée à mort. Les victimes de la Terreur, du nazisme. D'innocentes victimes. (XIXe) Personne torturée, violentée, assassinée. Landru brûlait ses victimes. Le corps de la victime. Personne qui meurt à la suite d'une maladie, d'un accident, d'une catastrophe. Le tremblement de terre a fait de nombreuses victimes. 3. mort. Les victimes de la route. L'accident n'a pas fait de victimes. On ne déplore aucune victime. Les victimes du cancer, du sida. Personne tuée dans une émeute, une guerre. Les victimes de la fusillade du Champ-de-Mars. Les victimes de la guerre. Victimes retrouvées dans un charnier.
⊗ CONTR. Bourreau. Meurtrier. Rescapé.

victime nom féminin (latin victima) Personne qui a péri dans une guerre, une catastrophe, un accident, un meurtre, etc. : L'explosion n'a pas fait de victime. Familier. Souffre-douleur en butte à l'hostilité réelle ou supposée de quelqu'un, d'un groupe : Être la victime de ses collègues. Créature vivante offerte en sacrifice à une divinité. Toute personne qui a subi un préjudice corporel, matériel ou moral. ● victime (synonymes) nom féminin (latin victima) Personne qui a péri dans une guerre, une catastrophe, un...
Synonymes :
- mort
Familier. Souffre-douleur en butte à l'hostilité réelle ou supposée de quelqu'un...
Synonymes :
- proie
victime adjectif et nom féminin Qui sacrifie volontairement sa vie, son bonheur : Être victime de son dévouement. Qui a subi un mal, un dommage : Victime d'un vol. Qui est atteint d'une maladie, d'un mal subit : Il a été victime d'une crise cardiaque. Qui pâtit, qui subit les effets d'une situation, d'événements, de choses néfastes : Victime de son inexpérience. L'euro, victime de la crise.victime (citations) adjectif et nom féminin Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau. Les Fleurs du Mal, l'Héautontimorouménos Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Il serait peut-être doux d'être alternativement victime et bourreau. Mon cœur mis à nu Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 Pour que les dieux s'amusent beaucoup, il importe que leur victime tombe de haut. La Machine infernale Grasset Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Malheureusement dans le monde, comme dans le monde politique, les victimes sont si lâches qu'on ne peut pas en vouloir bien longtemps aux bourreaux. À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 On aime à faire des victimes, mais sans se mettre précisément dans son tort, en les laissant vivre. À la recherche du temps perdu, le Temps retrouvé Gallimard Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 À moitié victime, à moitié complice, comme tout le monde. Les Mains sales Gallimard Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 Je déteste les victimes quand elles respectent leurs bourreaux. Les Séquestrés d'Altona Gallimardvictime (expressions) adjectif et nom féminin Victime du devoir, qui périt dans l'exercice de ses fonctions.

victime
n. f.
d1./d être vivant que l'on offre en sacrifice à une divinité.
d2./d Personne qui subit un préjudice par la faute de qqn ou par sa propre faute. Les victimes d'un escroc.
|| (Attribut) être victime de sa générosité.
d3./d Personne tuée ou blessée (dans une guerre, un accident, etc.). Les victimes d'un tremblement de terre.
Par ext. Les victimes du devoir, qui ont péri en accomplissant leur devoir.

⇒VICTIME, subst. fém.
A. — RELIGION
1. ANTIQ. Animal ou être humain offert en sacrifice à une divinité. Alors à Romulus, pour le rendre propice, Le prêtre quirinal offrit un sacrifice. La victime choisie était devant l'autel, Le poil déjà couvert de farine et de sel (PONSARD, Lucrèce, 1843, IV, 1, p. 71). Cette jeune victime aisément égorgée Dont le sang pur coula pour qu'Hellas fût vengée (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 179). V. autel ex. 1.
SYNT. Victime expiatoire, propitiatoire; victime humaine; victime innocente, résignée, triste; pure, touchante victime; victime choisie, couronnée, désignée, marquée, pure et sans tache; cri, sang de la victime; égorger, frapper, immoler, offrir, sacrifier une victime; examiner les entrailles de la victime.
P. métaph. La fille méprisée et perdue, c'est l'argile docile au doigt du potier divin; c'est la victime expiatoire et l'autel de l'holocauste (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 202).
2. RELIG. CHRÉT. Jésus-Christ offert en sacrifice sur la croix et présent par l'eucharistie dans le sacrifice de la messe. Victime parfaite; Jésus-Christ prêtre et victime. Pendant la messe elle cherchait à témoigner par des actes d'humilité extérieure la tendre reconnaissance que lui inspirait le sacrifice toujours renouvelé de la Victime innocente et suprême (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 66). V. sacrifice ex. 1.
P. anal. Personne qui s'offre à Dieu dans le martyre, dans une vie religieuse de renoncement, d'expiation. Mon père, me sentant pressée d'un ardent désir de me sacrifier à Dieu, en qualité de victime en union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ (...), je vous demande humblement la grâce du saint habit (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 204).
B. — P. ext. [Souvent sans art. et en appos. ou en empl. adj. attribut] Personne qui est sacrifiée ou qui se sacrifie. Pauvre, pitoyable victime. Le prêtre n'eut plus de pitié pour le bourreau, pour Lucien, il frémit en devinant tous les supplices subis par les victimes (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 647).
P. anal. [Désigne des animaux] Le lion s'élance sur sa victime. Un Hyménoptère paralyseur va frapper sa victime aux points précis où se trouvent des centres nerveux (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 147).
1. Victime de qqn. Personne qui souffre du fait de quelqu'un, qui subit la méchanceté, l'injustice, la haine de quelqu'un. Victime d'un banquier frauduleux, d'un escroc, d'un homme vil, de la société, d'un tyran. Paul vaincu par Dargelos, Paul victime de Dargelos, n'était pas le Paul dont Gérard était l'esclave (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 33). V. bourreau2 ex. 2.
2. Victime de qqc.
a) Personne qui subit les conséquences fâcheuses ou funestes de quelque chose, des événements, des agissements d'autrui. Si Dreyfus était la victime d'une erreur judiciaire, on en a, dans ces derniers temps, relevé assez d'autres pour qu'il n'y eût pas lieu de s'étonner (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 95). Vous dites qu'il n'y a pas de mal. Il y a pourtant celui qu'on subit, celui dont on est victime.Ceux qui sont victimes ont-ils su vraiment faire ce qu'il fallait pour ne pas l'être? (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 152).
SYNT. Victime d'un abus, des circonstances, du chômage, d'une calomnie, du despotisme, de la fatalité, d'une méchanceté, d'une méprise, de privations, du progrès, de sévices, du sort; (être) victime d'une attaque, d'une injustice, d'une machination, d'un malaise, d'une violation des droits de l'homme, d'un vol.
b) Personne qui subit les conséquences fâcheuses de ses actes, de sa propre nature ou de ses propres passions. (Être) victime d'une hallucination, d'une illusion, de son imprudence, d'une passion; (être) victime de sa charité, de sa douceur, de sa bonne foi, de sa sensibilité. Un de mes grands-pères mourut victime de son dévouement dans la maladie épidémique qui désola Lyon en 1748 (DURAS, Édouard, 1825, p. 107). Si vous n'arrivez pas à vous acquitter envers moi, eh bien!... ce ne sera point la première fois que j'aurai été victime de mon bon cœur (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 213).
c) Personne qui est sacrifiée ou qui se sacrifie à une cause, à un idéal, à un intérêt supérieur. Synon. martyr. Victime de la science. « Les Anglais, » écrit-il [Stendhal], « sont victimes du travail... Ce malheureux ouvrier, ce paysan qui travaille, n'ont pour eux que le dimanche (...) » (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 238).
Victime du devoir. Personne qui périt dans l'exercice de ses fonctions, en accomplissant son devoir. Gendarme, pompier victime du devoir. La presse, elle aussi, compte ses héros, victimes du devoir: le devoir professionnel, le premier de tous les devoirs (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 125).
3. Personne soumise à des vexations; personne en butte à l'hostilité réelle ou supposée de quelqu'un. Synon. souffre-douleur. Éternelle victime; victime complaisante, éplorée; rôle, vocation de victime; être la victime et le jouet de qqn; avoir l'air d'une victime; prendre un air de victime; jouer à la victime; poser qqn en victime; prendre qqn pour victime. Au XIXe siècle, la femme est une victime. Elle est méconnue, elle est martyre (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 251). [Cathie] s'entoura d'hommes pour se prouver qu'elle était femme et désirable... Il lui fallait à tout prix des amoureux, des victimes (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 162).
Se poser en victime (fam.). Se prétendre traité avec injustice. V. poser I D 1 ex. de Duhamel.
C. — 1. Personne qui a péri, a été tuée ou blessée dans des circonstances exceptionnelles. Faire une, des victime(s); sauver des victimes.
a) [Par violence, sévices, assassinat] Victime d'un crime, d'un guet-apens, d'un meurtre, d'un viol; corps de la victime; examen médical, témoignage de la victime. La face de sa victime était verdâtre et convulsionnée, telle qu'il l'avait aperçue sur une dalle de la morgue (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 140). Un valet la souilla (...). Un épouvantable procès eut lieu et révéla que depuis trois mois la pauvre martyre était victime des honteuses pratiques de cette brute (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mme Baptiste, 1882, p. 355). V. blesser ex. 2.
b) [Par accident, catastrophe, épidémie] Victime d'un accident de la circulation, de la route, du travail, d'une explosion, d'un incendie, d'un naufrage, d'un sinistre, d'un tremblement de terre; liste, nom des victimes; dégager, délivrer, désincarcérer les victimes; déplorer de nombreuses victimes; il n'y a pas eu de victime. Le déblaiement commençait à peine, on ramassait une nouvelle victime sous chaque décombre (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 228). La peste mettait les bouchées doubles, portant à cinq cents le nombre moyen des victimes par semaine (CAMUS, Peste, 1947, p. 1289).
Empl. adj. attribut ou en appos. Être victime d'un accident. Robert vient d'être victime d'un accident d'auto; « sans gravité », dit la dépêche (GIDE, École femmes, 1929, p. 1290).
c) [Par faits de guerre, émeute] Victime politique; victime d'un bombardement, d'une insurrection populaire; victime tombée sous les balles; victimes du Champ-de-Mars, de la Commune, de la Révolution, du nazisme. On pleurait sur les victimes restées sur le champ de bataille (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 723). Viennent de mourir, du fait de l'ennemi, 635 000 Français, dont (...) 150 000 victimes des sévices des camps de déportation (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 235).
Victime de guerre. Personne qui a subi des dommages du fait de la guerre. Le droit à pension des victimes de guerre a été défini par la loi de 1919 (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 797).
2. HIST. DU COST. (à Paris, après le 9 Thermidor). À la victime
Loc. adj. Qui rappelle la toilette des condamnés à mort ou la marque sanglante du couperet de la guillotine. Cheveux, coiffure, ceinture, costume à la victime. Depuis l'an 3 de la république (...) les habitans de la vieille rue du Temple voyoient passer l'honnête sous-chef (...) portant un chapeau à la victime et un gilet jaune (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 20). V. sacrifier ex. 3.
Loc. adv. D'une manière qui rappelle la toilette des condamnés à mort. Vous rencontriez des muscadins jusqu'à Phalsbourg, des imbéciles habillés à la victime, la cravate blanche en entonnoir jusqu'au nez, un crêpe à leur chapeau (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 367).
Prononc. et Orth.:[viktim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1485 p. méton. « sacrifice » (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 10129: [Isaac à son père Abraham] Et qu'on sacrifie autrement Que par victime si terrible?), attest. isolée dans ce sens. B. 1. a) ) 1495 « créature vivante offerte en sacrifice au(x) dieu(x), à Dieu » (JEAN DE VIGNAY, Miroir historial, IX, 98, éd. 1531 ds DELB. Notes mss: quant ilz vouloient offrir olocaustes et victimes a icelluy dieu incongneu); ) 1667 victime de propitiation, v. propitiation; 1718 victime propitiatoire (Ac.); ) 1684 victime expiatoire (J. ABBADIE, Traité de la vérité de la relig. chrét., t. 1, p. 470); b) 1552 fig. (RONSARD, Amours ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 80: s'il te plaist de souffrir Qu'en l'immolant de victime il [ce cœur] te serve); c) 1642 en parlant de Jésus-Christ (CORNEILLE, Polyeucte, V, 3, vers 1662); 2. 1604 « personne tuée ou blessée (par accident, crime, cataclysme, guerre, etc.) » (MONTCHRESTIEN, David, éd. L. Petit de Julleville, p. 217: victime de la guerre il tombe sur le sable); 1870 (HUGO, Corresp., p. 270: pour les victimes de la guerre); [1884-85 victimes du devoir (d'apr. Lar. encyclop., date de la fondation par la presse parisienne d'une œuvre philanthropique appelée caisse des victimes du devoir)] 1894 (GONCOURT, Journal, p. 590: Les Victimes du Devoir [tableau de Detaille exaltant l'héroïsme des sapeurs-pompiers de Paris]); 3. a) 1606 « personne qui subit la haine, les tourments, les injustices de quelqu'un » (J. BERTAUT, Rec. de quelques vers amoureux, éd. L. Terreaux, p. 11: De ton adorateur ne fay point ta victime); b) 1625 « personne qui souffre des agissements d'autrui, ou de choses, d'événements néfastes » (J. P. CAMUS, Palombe, p. 412: les rendans victimes de la pauvreté). Empr. au lat. victima « victime, animal destiné au sacrifice », lat. chrét., p. méton. « égorgement, immolation; sacrifice » (BLAISE Lat. chrét.), d'où le sens A. Fréq. abs. littér.:3 827. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 6 917, b) 5 136; XXe s.: a) 5 074, b) 4 569.
DÉR. Victimal, -ale, -aux, adj. De victime. Richard II dépouille en même temps que sa couronne la robe blanche d'une royauté sans ombre pour revêtir une robe aux plis identiques, royale elle aussi, mais rouge cette fois, déjà victimale (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 118). [viktimal], plur. masc. [-o]. 1res attest. 1520 (G. MICHEL DE TOURS, trad. Suetone Tranquile, l. IV, f° 119 v°: le victimeur cest a scavoir celluy qui debvoit tuer la beste victimalle), 1540 (ID., Comment. sur la 1e églogue de Virgile, 3 r°, éd. 1540 ds DELB. Notes mss: purpural sang du victimal aignel); de victime, suff. -al.
BBG. — GOHIN 1903, p. 340.

victime [viktim] n. f.
ÉTYM. 1496; lat. victima.
1 Créature vivante offerte en sacrifice aux dieux. Hostie (vx). || Victime piaculaire, propitiatoire. || Immoler, égorger une victime sur l'autel d'un dieu. || Sacrificateur qui frappe la victime. Sacrifier. || Taureaux blancs qui servent de victimes (→ Eubage, cit. 1). || Examen des entrailles des victimes (→ Aruspice, cit. 1). || Victimes humaines (→ Barbare, cit. 22; holocauste, cit. 3). || Iphigénie demandée comme victime par les dieux (→ Offrande, cit. 1).
0.1 (…) ils conduisent la victime, qui est un renne mâle, à l'endroit où est l'autel du dieu à qui ils veulent sacrifier, et ne permettent à aucune femme ou fille d'approcher de ce lieu (…)
J.-F. Regnard, Voyage en Laponie, p. 130.
(1642, Corneille). En parlant de Jésus. || Jésus, victime volontaire (→ Bois, cit. 42).
2 (1617, victime de…; 1782, Laclos, absolt). Personne qui subit la haine, les tourments, les injustices de qqn. || Chacun a sa victime et chacun son bourreau (cit. 4). || Livrer (cit. 1) à qqn sa victime. || Ces milliers de victimes bannies dans tous les coins de l'Europe (→ Infélicité, cit. 2). Persécuter. || La victime d'un tyran, d'un dénonciateur (→ Hériter, cit. 10), d'un usurier (→ Papa, cit. 3). Proie. || Homme de lettres (cit. 37) victime de la cabale. || Victime innocente et forcée (→ Narrer, cit. 3).Avec la douceur de la victime résignée (→ Parapher, cit. 1).(Dans la société). || La révolte ne vient jamais des victimes (→ Inattaquable, cit. 2). || Se prendre pour une victime (→ Génie, cit. 44).Se poser en victime.Par ext. || Les victimes de l'arbitraire, d'un régime politique.
1 (…) et pour être cruel et méchant sans danger, il a choisi les femmes pour victimes.
Laclos, les Liaisons dangereuses, IX.
1.1 Elle était ravie de porter ce coup à la Berma. Peut-être eût-elle reculé si elle eût su que ce serait un coup mortel. On aime à faire des victimes, mais sans se mettre précisément dans son tort, en les laissant vivre. D'ailleurs où était son tort ?
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1015.
3 (1617). || Victime de… (souvent en fonction d'attribut ou en apposition sans article). Personne qui souffre, pâtit des agissements d'autrui, ou de choses, d'événements néfastes. || La patiente victime de ma furie (→ Éruption, cit. 3). || Victime de la calomnie (→ Imputation, cit. 3), d'une machination. || Les manœuvres dont j'étais la victime (→ Exécration, cit. 2). || L'ironie fait toujours une victime (→ Humour, cit. 8). || Victimes des caprices d'autrui (→ Méchant, cit. 20), d'une éducation (→ Répugnant, cit. 3).Victime de circonstances imprévues (→ Génie, cit. 4), des préjugés (→ Sensible, cit. 5). || Les maux dont nous pouvons être victimes (→ Pitié, cit. 7). || Il fut victime d'une apoplexie (→ Hémiplégie, cit. 2). || Être victime d'une hallucination (→ Exister, cit. 4). Jouet (le jouet de…).(Victime de soi-même; 1687, Bossuet). || Une fureur dont ils sont les victimes (→ Pastille, cit. 2). || Les femmes sont victimes de leur sensibilité (→ Dupe, cit. 8). || Victime de son dévouement. || Il fut (la) victime de sa curiosité.Mourir victime du devoir. || Les victimes du devoir (dans l'exercice de fonctions périlleuses). || Victimes du devoir, pièce de Ionesco (1953).
2 Jusqu'à seize ans je fus victime du grec et du latin, que je commence seulement à ne plus exécrer.
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. I, p. 76.
3 (…) je serai victime de ma profession de foi politique et religieuse, et martyr de mes opinions (…)
Sainte-Beuve, Proudhon, p. 33.
4 Et cela ne donnait-il pas la mesure de l'inconsistante duperie dont ils risquaient d'être victimes ?
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 258.
4 (1735, Lesage). Personne tuée ou blessée.
a Personne injustement condamnée à mort. || Les tristes victimes que le Saint-Office voulait immoler (→ Autodafé, cit. 1). || Les victimes de la Terreur, du nazisme.
b Personne torturée, violentée, assassinée. || Frapper sa victime. || Les victimes de Landru (→ Meurtrier, cit. 3). || Les restes de ses victimes (→ Incinérer, cit. 1). || La police a trouvé de l'argent sur la victime (→ Mobile, cit. 8). || Le corps de la victime portait d'horribles meurtrissures.
c Personne qui meurt à la suite d'un cataclysme, d'une épidémie, d'un accident. || Le tremblement de terre a fait de nombreuses victimes. 3. Mort. || Les victimes de la peste (→ Nombre, cit. 17). || Les victimes d'un accident (→ Loterie, cit. 3), d'un incendie, d'un naufrage. || On déplore plusieurs victimes.
d Personne tuée dans une émeute, une guerre. || Les victimes de la fusillade du Champ-de-Mars, de la Commune. || Les victimes de la guerre (cit. 10), des bombardements.
5 (…) le meurtrier a évidemment pensé à se servir de la bande roulée autour des reins (…) Il (…) a ainsi traîné sa victime jusqu'au bord de la rivière (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires grotesques et sérieuses, « Le mystère de Marie Roget ».
6 Et le déblaiement commençait à peine, on ramassait une nouvelle victime sous chaque décombre (…)
Zola, la Bête humaine, X.
7 Il n'y a pas de révolution sans victimes. Même quand il s'agit de révolution personnelle.
G. Duhamel, Salavin, V, XIV.
CONTR. Bourreau. — Meurtrier. — Rescapé.
DÉR. Victimer.
COMP. Victimologie.

Encyclopédie Universelle. 2012.