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HOROSCOPE
HOROSCOPE

Sans revenir ici sur l’histoire de l’astrologie ou sur les techniques divinatoires, on peut considérer l’horoscope comme la forme la plus répandue de production astrologique dans la société actuelle, principalement à travers les rubriques spécialisées de la grande presse.

Pourquoi est-ce l’astrologie qui a conquis la première place comme produit industriel divinatoire? Essentiellement à cause de l’audience qu’elle a trouvée dans la presse, car il semble que les tarots, les cartes, la chiromancie et diverses formes de voyance connaissent, dans les cabinets de consultation, une vogue au moins égale à celle de l’astrologie dans les périodiques. Par ailleurs, l’horoscope correspond aux caractéristiques du marché de la presse, parce qu’il traite les cas personnels en fonction de catégories, ce qui est nécessaire lorsque les prédictions doivent concerner les lecteurs et non telle vedette déterminée, et parce que sa base calendaire est bien adaptée à la périodicité de la publication. Quoi qu’il en soit des facilités que l’astrologie offre à la presse, on doit invoquer d’autres raisons pour expliquer son succès. Il semble d’abord que les modes particuliers de la combinatoire astrologique se prêtent à la production industrielle par le fait qu’il suffit de douze catégories pour que l’individu ait l’impression de se retrouver. Peut-être l’astrologie offre-t-elle aussi à chacun la commodité d’une perception classificatoire de son entourage.

On voit s’exercer dans ce phénomène l’attrait d’une démarche qui coupe au plus court pour trouver une hyper-rationalité apparente en faisant l’économie des côtés pénibles de la science qui reconnaît ses ignorances, renonce à calculer la totalité des déterminations qui pèsent sur l’événement singulier et cesse de faire graviter le monde autour de l’homme. Jean Piaget montre que la technique naît d’une décentration par rapport à l’individu et la science, d’un effort pour prendre de la distance à l’égard du groupe. L’astrologie constitue à cet égard une régression profonde, puisque l’individu y devient le pivot autour duquel on fait tourner l’explication d’événements survenant de l’extérieur au cours d’une biographie.

1. La presse et l’astrologie

À la fin du XIXe siècle, l’astrologie avait presque totalement disparu en France; elle ne redémarra par la suite que sous la forme discrète d’ouvrages, puis de périodiques spécialisés, dont la diffusion se limitait à des cercles sensibilisés à l’occultisme. Il aura fallu la rubrique d’horoscope dans les journaux pour que la population soit massivement atteinte par la pratique de l’astrologie.

L’horoscope, comme rubrique régulière, apparaît en 1935 dans les journaux français, à l’imitation de la presse nord-américaine. Sa présentation et son contenu évolueront jusqu’à la forme actuelle, mise au point après la Seconde Guerre mondiale; la consommation des horoscopes connaîtra en même temps une extension spectaculaire.

En 1979-1980, pour les quotidiens et pour les magazines hebdomadaires, nous obtenons la même proportion d’horoscopes: près des deux tiers (précisément, 63 p. 100) du total des exemplaires diffusés comportent la rubrique. En 1960 environ, cette proportion s’élevait seulement à la moitié. Parmi les quotidiens, il y a entre les quotidiens nationaux et les quotidiens régionaux une différence très marquée: les premiers n’ont qu’une minorité (39 p. 100) d’exemplaires diffusés comportant la rubrique; les seconds, près des trois quarts (72 p. 100). Du côté des magazines hebdomadaires, les «féminins» ont presque tous un horoscope (92 p. 100 des exemplaires diffusés), alors que les autres magazines s’en abstiennent largement (35 p. 100 des exemplaires diffusés comportent la rubrique). La presse apparaît ainsi comme jouant de plus en plus le rôle de vecteur dans la consommation d’astrologie, mais avec des cibles particulières. Le déclin relatif des quotidiens parisiens renforce cette tendance.

Sauf à se ramasser parfois dans des mises en page plus frustes, l’horoscope de presse comprend normalement des cases disposées en tableau. Chaque rangée horizontale correspond à un des douze signes du zodiaque, éventuellement à un des trente-six décans (lorsqu’on subdivise le signe en trois décans). Dans les colonnes sont répartis les domaines sur lesquels l’astrologue fournit ses indications: santé, vie affective et activités économiques; parfois, une colonne supplémentaire contient des renseignements sur la «chance», matérialisée par les nombres, les couleurs ou pierres précieuses favorables. La grille complète a donc 144 cases. Des éléments variables peuvent venir s’ajouter à la grille: horoscope des enfants nés dans la période considérée, des personnes dont c’est l’anniversaire, ou de vedettes; publicité pour des consultations de voyance ou des talismans.

L’essentiel reste cependant le tableau à double entrée, procédé très ancien de combinatoire, de plus en plus répandu de nos jours à travers les indicateurs ferroviaires, barèmes, tarifs, pièces comptables, emplois du temps, programmes de spectacles, mots croisés et ainsi de suite. Un des principaux avantages, ici, est de permettre à chacun une lecture personnalisée, car le consommateur cherche les indications correspondant à son signe ou aux signes de ses proches, de sorte que les différences individuelles se traduisent matériellement dans la mise en page. Destiné à être lu par des milliers, voire des centaines de milliers de personnes concernées par la même rangée de cases, le texte est rédigé dans un style allusif, se prêtant à des interprétations fort diverses, ce qui permet de pousser plus loin la personnalisation dans la lecture que fait le consommateur. Ainsi, l’affectivité est le plus souvent orientée vers le couple, mais l’aspect sexuel reste d’ordinaire simplement suggéré et rien ne précise en général s’il s’agit ou non de vie conjugale: l’«être aimé», le «compagnon» sont des termes qui se prêtent largement à toutes sortes de projections.

La terminologie technique de l’astrologie est réduite à sa plus simple expression; les planètes ne sont mentionnées que par une minorité de journaux et le saupoudrage d’«aspects», «trigones» ou «conjonctions» reste assez discret pour qu’il soit permis d’y voir un simple souci ornemental. Enfin, les pronostics sont d’ordinaire assez prudents: l’événement n’est guère présenté comme inéluctable, ou bien il est décrit d’une façon floue qui contraste avec la précision des dates.

L’astrologie est devenue un produit industriel d’abord à travers la presse. Mais le marché a été ensuite inondé par d’autres produits véhiculant les signes de naissance dans le sillage des horoscopes de presse: pendentifs, médailles, bracelets, porte-clefs, cartes postales, agendas, mouchoirs, polos, foulards, cendriers, verres à jus de fruit, étuis d’allumettes, sachets de sucre en poudre, etc. Les techniques de diffusion massive ont toutes servi l’astrologie, qui a gagné la radio, la télévision, le roman, la littérature policière, la science-fiction, la chanson, sans parler des multiples périodiques spécialisés.

2. Fonction sociale des horoscopes

Il faut écarter l’hypothèse selon laquelle la consommation massive d’astrologie serait due à la valeur prédictive des horoscopes, la réalisation des pronostics que contiennent ceux-ci n’étant ni plausible en théorie ni vérifiée en pratique. Ce mode de divination remplit toutefois d’autres fonctions sociales, indépendantes de toute validation par des événements plus ou moins conformes aux indications des rubriques astrologiques.

En effet, non seulement les arguments statistiques en faveur des horoscopes n’emportent pas l’adhésion des astronomes (P. Couderc, L’Astrologie , Paris, 1951), mais 23 p. 100 seulement des personnes interrogées par l’I.F.O.P. (en 1962-1963) disent avoir déjà constaté que des prédictions de cette nature s’étaient réalisées de manière remarquable. En fait, la faveur que connaissent les horoscopes est induite moins par l’expérience d’événements conformes à la prévision que par les difficultés qu’éprouvent les sujets à s’adapter à la civilisation industrielle occidentale.

Exorciser le hasard

Les applications de la science ont réduit un certain nombre d’aléas traditionnels, par exemple en faisant reculer la mortalité infantile; ou bien elles ont procuré des techniques pour en combattre les conséquences, comme c’est le cas avec les assurances contre divers risques. Dans le même temps, les Églises ont renoncé progressivement à une grande partie de leurs fonctions protectrices, notamment à celles que remplissaient les dévotions «libres», aujourd’hui tombées en désuétude et tenues pour suspectes par le clergé. Entre le terrain qu’a gagné la technique et celui qu’a perdu la religion, il reste un no man’s land d’autant plus large que les nouveaux modes de vie engendrent à leur tour des aléas (accidents, spéculations financières) ou donnent une place accrue à des formes traditionnelles du hasard (fatalité amoureuse). Ce qui accentue le phénomène, c’est que souvent la population attachée à la religion ne se sent plus autant qu’autrefois protégée par la Providence et que les gens ont du mal à accepter de «jouer le jeu» des techniques efficaces contre l’aléatoire; en effet, il y a devant le hasard un vertige qui lui donne ce caractère que Rudolf Otto a reconnu dans le sacré: être à la fois terrifiant et fascinant. Ainsi, le turfiste qui s’inspire de son horoscope pour choisir son cheval cherche le risque et le fuit en même temps. Les terrains favoris des horoscopes sont, on l’a vu, la santé, l’argent et l’amour. Mais il s’agit toujours de leurs aspects aléatoires.

Expliquer le destin et fournir un médiateur

L’opacité de l’enchevêtrement des causes est manifeste surtout au niveau de l’individu: pourquoi est-ce à moi et aujourd’hui que ça arrive? Ce qui, pour le savant, reste conjectural et secondaire ou doit être étudié selon des séries et à travers des lois de probabilité devient pour chacun quelque chose d’essentiel: la singularité de la destinée. Dépeuplant la nature des intentions qu’on lui prêtait jadis, la science laisse beaucoup d’hommes d’aujourd’hui désarmés devant l’aspect subjectif de l’événement. L’astrologie reste à mi-chemin, car elle ne réfère pas l’explication du destin à des esprits et cependant elle ne supporte pas l’ascèse qui consisterait à abandonner l’idée selon laquelle l’ensemble des événements survenus de l’extérieur dans une vie constitue un bloc ayant sa ligne de détermination interne. De même que l’astrologie, sous prétexte de mettre notre planète sous la dépendance du cosmos, reste géocentrique, de même la signification subjective des déterminations externes successives d’une biographie individuelle est censée correspondre à un déterminisme pour lequel la personnalisation initiale (le ciel de naissance) est le fil conducteur objectif. On voit très bien ici comme l’ego se soumet le déterminisme lui-même.

Corrélativement, l’astrologie fournit à son consommateur la médiation d’une personne qui interprétera les signes du destin astral à la place du prêtre qui déchiffrait traditionnellement les voies de la Providence.

Vulgariser la psychologie et l’art de vivre

Serge Moscovici a noté le lien établi dans la presse entre la psychanalyse et l’astrologie. Le mécanisme qui aboutit à ce rapprochement est très significatif. La référence à la psychanalyse devient ici une typologie des personnalités et un art de vivre rationnellement avec son tempérament. Plus généralement, l’astrologie ne retient de la psychologie que des caractérologies, des recettes d’équilibre et de bonheur, pour répondre à certains des besoins que l’on a mentionnés plus haut. Encore, dans la consommation courante d’horoscopes, cette sphère réapparaît-elle d’une façon émiettée, dégradée.

Donner un caractère pratique à la «nébuleuse d’hétérodoxie»

Dans les journaux qui la véhiculent et dans la psychologie des consommateurs, l’astrologie se présente au milieu d’un contexte constitué par une nébuleuse d’hétérodoxie. Dans certains périodiques, les horoscopes s’encadrent souvent d’annonces publicitaires, concernant des consultations de voyance ou de magie, des talismans, des guérisseurs et des méthodes de domination de soi ou des autres. Dans les périodiques astrologiques, l’ésotérisme, les diverses traditions divinatoires, le culte des vedettes, le spiritisme, le yoga, la «parapsychologie», les thérapeutiques non scientifiques, la radiesthésie, la graphologie, etc., se conjuguent systématiquement. Certains magazines ou revues présentent un mélange dont les composantes sont en grande partie analogues, mais plus diffuses. Enfin, une notable proportion de la presse quotidienne et hebdomadaire véhicule des bribes de cet ensemble, dont l’astrologie n’est en définitive qu’un fragment.

La consommation des horoscopes s’inscrit ainsi parmi des comportements dont le trait commun réside dans la protestation contre ce qui est «officiel» au niveau de la science, de l’État et de la religion dominante. Il ne s’agit pas, en effet, d’un type de rationalité qui trouverait sa cohérence dans une instance de légitimation ou dans une procédure codifiée pour la régulation des croyances; au contraire, légitimation et régulation sont ici contreposées aux instances et procédures officielles; elles tirent leur prégnance de la dialectique entre protestation contre l’orthodoxie et revendication de dépassement dans la rivalité avec l’orthodoxie pour la réalisation des valeurs dont l’orthodoxie se crédite. Le triangle des Bermudes, l’archéologie-fiction et l’horoscope trouvent leur parenté dans une commune appartenance à cette nébuleuse d’hétérodoxies, si divergentes par ailleurs. Connaissances para-scientifiques, religiosité déconfessionnalisée et pouvoirs anarchiques s’y entrecroisent en tous sens, comme alternatives aux systèmes officiellement établis.

3. Le marché des horoscopes

La consommation d’astrologie est très inégalement répartie dans la population française. Les différenciations qu’on peut observer sont révélatrices de la nature du phénomène.

Deux sondages de l’I.F.O.P., commandités par France-Soir en 1962 et en 1963, fournissent à ce sujet d’intéressantes données. On ne s’étonnera pas de constater que les femmes manifestent plus souvent que les hommes une attitude favorable à l’astrologie. Plus surprenants seront sans doute les traits qui confirment l’hypothèse du caractère «moderne» du phénomène: les attitudes favorables sont d’autant plus répandues que la personne interrogée est plus jeune et habite une plus grande agglomération; elles sont moins fréquentes dans les milieux agricoles. D’ailleurs, à cette époque, la proportion d’exemplaires comprenant des horoscopes est plus forte dans la presse quotidienne de Paris que dans celle de province. C’est dans les milieux d’employés que l’astrologie est le plus en vogue; par exemple, la lecture régulière ou occasionnelle des horoscopes y est attestée à 72 p. 100 contre 57 p. 100 chez les commerçants et 37 p. 100 chez les agriculteurs. On peut reprendre ces données dans le tableau ci-dessous qui indique la proportion des personnes présentant à la fois les trois caractéristiques suivantes: elles connaissent leur signe, lisent l’horoscope au moins de temps en temps et disent qu’il y a une part de vérité dans les traits de caractère attribués aux individus par l’astrologie.

Un sondage réalisé par la Sofres en août 1981 (pour l’hebdomadaire Bonnes Soirées ) sur «les attitudes et opinions du public face aux phénomènes parapsychologiques et paranormaux» comporte des questions sur les horoscopes. La réception régulière (par la lecture des journaux ou l’écoute de la radio) est attestée chez 28 p. 100 des personnes interrogées; la réception occasionnelle, chez 32 p. 100; ces taux atteignent plus du double de ceux qui concernent la pratique régulière ou occasionnelle de la messe dominicale. La croyance aux horoscopes est relevée sur deux plans: la prédiction par les signes astrologiques, 25 p. 100; l’explication des caractères par ces même signes, 36 p. 100; la supériorité du second pourcentage est très éclairante. La connaissance de son propre signe est attestée par 90 p. 100 de l’échantillon, contre 13 p. 100 seulement quand il s’agit de préciser l’ascendant. Enfin, le poids statistique de la consommation d’astrologie par la voie des médias contraste avec la rareté relative des pratiquants qui prennent une consultation personnelle: 9 p. 100 disent avoir fait cette démarche plusieurs fois; 11 p. 100, à une seule occasion.

Si l’on étudie les dispositions d’esprit mises en œuvre par les lecteurs d’horoscopes, on constate que le trait le plus caractéristique est un certain égocentrisme. L’analyse du contenu des horoscopes et des lettres adressées à ce sujet par des lecteurs montre que la rubrique constitue une sorte de message personnel, où chacun projette ses préoccupations intimes.

Les horoscopes et les objets astrologiques s’adressent d’une façon manifeste à l’ego du consommateur, les tiers n’apparaissent guère que comme un moyen de procurer des satisfactions à ce dernier.

L’interférence avec l’attitude religieuse est révélatrice. Par exemple, la question: «Aimeriez-vous faire établir votre horoscope personnel si on vous en offrait la possibilité?» a donné, dans le sondage réalisé par l’I.F.O.P., les proportions suivantes de «oui»: catholiques pratiquants réguliers, 37 p. 100; catholiques pratiquants occasionnels, 43 p. 100; catholiques non pratiquants, 13 p. 100; autres religions ou sans religion, 12 p. 100. L’échelonnement est le même pour la plupart des questions. Il semblerait que la religiosité favorise le recours à l’astrologie, mais que des liens assez forts avec l’Église freinent cette tendance.

Dans la presse, les deux grands secteurs de résistance à l’astrologie sont l’Église catholique et le Parti communiste. On remarquera combien la prégnance de l’horoscope est faible chez les Français «sans religion».

D’une façon générale, il faut bien voir aussi que l’intérêt pratique pour les horoscopes ne s’accompagne le plus souvent que d’une foi très superficielle dans l’astrologie.

horoscope [ ɔrɔskɔp ] n. m.
oroscope 1529; « conjonction astrale » 1512; lat. horoscopus, gr. hôroskopos « qui considère (skopein) l'heure de la naissance »
1Étude de la destinée (d'un individu) fondée sur les influences astrales depuis l'heure de la naissance; observation de l'état du ciel, des aspects des astres à ce moment. astrologie; 2. ascendant, signe, zodiaque. Faire, dresser l'horoscope de qqn. Lire, consulter son horoscope.
2Par ext. Prédiction de l'avenir par un procédé quelconque. magie; -mancie.

horoscope nom masculin (latin horoscopus, du grec hôroskopos) Représentation conventionnelle du ciel à l'instant d'un événement, en particulier d'une naissance. Ensemble des prédictions qu'on en tire. ● horoscope (difficultés) nom masculin (latin horoscopus, du grec hôroskopos) Genre Masculin : un horoscope.

horoscope
n. m. ASTROL
d1./d Prédiction de l'avenir d'une personne d'après la position des planètes à certains moments de sa vie.
d2./d Document représentant cette position. Dresser un horoscope.

⇒HOROSCOPE, subst. masc.
A. — Examen (effectué par les astrologues) du thème astral et des influences planétaires dominantes lors de la naissance d'un individu, de façon à prédire son avenir.
Bon, mauvais horoscope; horoscope fâcheux, favorable, fatal. Bonnes, mauvaises conjonctions astrales lors d'une naissance; bonne, mauvaise destinée qui peut en résulter. Un horoscope fatal m'a menacée au berceau de n'être heureuse que pendant un an (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 175).
P. méton. Tableau de l'observation des astres établi pour cet examen :
... l'astrologue commence à établir la figure de l'horoscope. Deux schémas peuvent être utilisés : soit l'horoscope carré, autrefois seul en usage; soit l'horoscope circulaire, presque universellement adopté à notre époque.
Divin. 1964, p. 181.
Dresser, faire, tirer l'horoscope de qqn. Établir ce tableau et faire les prédictions qui découlent de son examen. Brunetto Latini, qui l'avait vu naître [Dante] et qui avait tiré son horoscope, en voulut vérifier les présages (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 68).
B. — Prédiction de l'avenir (d'une personne), fondée ou non sur l'astrologie. Des cartes (...) que le diseur d'horoscope divise en paquets d'après des lois mystérieuses (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 120). L'Astrologue : Demandez votre horoscope! le passé, le présent, l'avenir garanti par les astres fixes! (CAMUS, État de siège, 1948, p. 202).
REM. 1. Horoscopie, subst. fém., rare. Art d'établir des horoscopes. Diseurs de bonne aventure qui confondent en une seule science la chiromancie, la cartomancie et l'horoscopie (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 69). 2. Horoscopique, adj. Qui ressortit à l'horoscopie. Nouvelle astrologie! Ce ne sont plus les astres qui fixent notre destinée avec l'arrêt horoscopique (CLAUDEL, Art poétique, 1907, p. 142). Le caractère absolument individuel de toute situation horoscopique particulière (Divin. 1964, p. 239).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1512 « conjonctions astrales lors d'une naissance » (J. LEMAIRE DE BELGES, Illustrations, I, 272 ds QUEM. DDL t. 3); 2. av. 1695 lang. cour. « prédiction » (LA FONTAINE, Poésies diverses, éd. Régnier, t. 8, p. 456). Empr. au lat. horoscopus « horoscope, constellation sous laquelle on est né », lui-même du gr. adj. « qui observe l'heure natale, d'où : qui tire l'horoscope de la naissance » et subst. « l'ascendant; l'horoscope » (de « période, durée, année, heure » et « observer, examiner »). Fréq. abs. littér. : 68.

horoscope [ɔʀɔskɔp] n. m.
ÉTYM. 1512, J. Lemaire de Belges, « conjonction astrale »; oroscope, 1529, Rabelais; « prédiction », fin XVIIe; lat. horoscopus, grec hôroskopos, de horos « heure », et skopein (→ -scope) « qui considère (skopein) l'heure (de la naissance) ».
Courant.
1 Étude de la destinée d'une personne, fondée sur les influences astrales sensées s'exercer sur elle depuis l'heure de sa naissance; observation faite de l'état du ciel, des aspects (cit. 31 et 33) des astres à ce moment. Astrologie; ascendant; carte (du ciel), nativité (thème de nativité). || Faire, dresser l'horoscope d'un enfant. || Établir le thème généthliaque (cit.) et édifier un horoscope. || Tirer l'horoscope de qqn. || Diseurs, faiseurs, tireurs d'horoscopes (→ Charlatan, cit. 1; crédule, cit. 2). || Lire, consulter son horoscope (→ Euréka, cit. 1). || Prédictions, présages d'un horoscope. || Bon, mauvais horoscope.
1 (…) et ceux qui ont dressé son horoscope ont prédit qu'il serait un jour grand Seigneur à Rome (…)
Cyrano de Bergerac, Lettres satiriques, À M. Le Coq, Œ. diverses, p. 131.
2 L'on souffre dans la république les chiromanciens et les devins, ceux qui font l'horoscope et qui tirent la figure (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 69.
3 On ne peut trop répéter qu'Albert-le-Grand et le cardinal d'Ailli ont fait tous deux l'horoscope de Jésus-Christ. Ils ont lu évidemment dans les astres combien de diables il chasserait du corps des possédés, et par quel genre de mort il devait finir; mais malheureusement ces deux savants astrologues n'ont rien dit qu'après coup.
Voltaire, Dict. philosophique, Astronomie.
3.1 Flore avoua son secret et voulut savoir, avant tout, si sa flamme était née sous d'heureux auspices. Angélique, aussitôt, tira de son cabas un planisphère céleste qu'elle épingla au mur; puis, prenant la date de la veille pour point de départ de son horoscope, elle se plongea dans une grave méditation, semblant se livrer à un calcul mental actif et compliqué. À la fin elle désigna du doigt la constellation du Cancer, dont l'influence bienfaisante devait préserver de tout déboire les futures amours de Flore.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 271.
3.2 Cette suite d'interrogations n'autorise pas à oublier que les textes d'horoscopes contiennent les débris d'une vision du monde : le zodiaque, les constellations, les destins inscrits dans les étoiles, le firmament comme écriture divine, déchiffrable par les initiés à l'usage des intéressés. Vaste symbolisme qui a inspiré l'architecture, qui se lit sur beaucoup de monuments, qui résume une topologie (jalonnement et orientation de l'espace cosmique et social, celui des pasteurs, des paysans, puis des urbains).
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 161.
2 (Mil. XVIIe). Prédiction de l'avenir par un procédé quelconque. Magie, et le suff. -mancie.
4 (…) ma cousine, en train de se faire dire son horoscope par quelque esclave habile à lire dans le marc de café.
Loti, les Désenchantées, XIX.
5 (…) elle lui saisit le poignet, et lui posa la main, retournée, sur la nappe. Il crut qu'elle voulait lire son horoscope : — « Non », fit-il, en cherchant à se dégager. (Rien ne l'agaçait autant que les prophéties […])
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 26.
DÉR. Horoscopie, horoscopiste.

Encyclopédie Universelle. 2012.