● neuf, neuve adjectif (latin novus) Qui n'a pas encore servi, qui n'a pas encore eu de propriétaire, par opposition à d'occasion ou à ancien : Un livre neuf. Qui ne porte pas ou porte très peu de traces d'usage, n'est pas abîmé par l'usage : Un costume encore neuf. Qui est récent ; moderne (par opposition à ancien, vieux) : La ville neuve. Qui est formulé, traité pour la première fois : Aborder un sujet neuf. Qui vient de naître et qui est d'une grande force et d'une grande fraîcheur : Un amour tout neuf. Qui est récent et qui n'est donc pas complètement assimilé : Il étale ses connaissances toutes neuves. Qui n'a pas d'expérience : Il est un peu neuf en affaires. ● neuf, neuve (difficultés) adjectif (latin novus) Sens 1. Neuf = fait depuis peu et qui n'a pas ou presque pas servi. Une voiture neuve. 2. Nouveau = qui vient après qqn ou qqch de même espèce et le remplace. Ma nouvelle voiture est une voiture d'occasion. Emploi Quoi de neuf ?, considéré naguère comme familier, est aujourd'hui passé dans l'usage courant. Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, on emploie plutôt quoi de nouveau ? ● neuf, neuve (expressions) adjectif (latin novus) Œil, regard neuf, manière de considérer quelque chose en étant affranchi de tout préjugé, de toute influence antérieure. Pays neuf, qui n'a pas de développement ancien et est donc ouvert à toutes les initiatives. ● neuf, neuve (synonymes) adjectif (latin novus) Qui n'a pas encore servi, qui n'a pas encore eu...
Synonymes :
- nouveau
Qui ne porte pas ou porte très peu de traces...
Contraires :
- éculé
- usé
Qui est récent ; moderne (par opposition à ancien , vieux )
Synonymes :
- moderne
Contraires :
- vieux
Qui est formulé, traité pour la première fois
Synonymes :
- inédit
- original
Qui vient de naître et qui est d'une grande force...
Synonymes :
- immaculé
- innocent
- intact
- pur
Qui est récent et qui n'est donc pas complètement assimilé
Synonymes :
- frais
- récent
Qui n'a pas d'expérience
Synonymes :
- débutant
- inexpérimenté
- jeune
- novice
neuf, neuve
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui est fait depuis peu. Maison neuve.
d2./d Qui n'a pas encore servi. Un tapis neuf.
— Loc. Faire peau neuve: muer, en parlant du serpent; fig. se transformer entièrement.
d3./d Plus récent (par oppos. à ancien, à vieux). La vieille ville et la ville neuve.
d4./d Novice. être neuf dans un métier.
d5./d Nouveau, original. Des idées neuves.
d6./d Qui n'est pas émoussé par l'habitude. Porter un regard neuf sur qqch de banal.
d7./d Fam. Qqch de neuf, de nouveau. Rien de neuf aujourd'hui?
rII./r n. m.
d1./d Ce qui est neuf. Le neuf et l'occasion.
d2./d à neuf: de manière à restituer l'aspect du neuf. Refaire une chambre à neuf.
d3./d De neuf: avec qqch de neuf. être habillé de neuf.
⇒NEUF2, NEUVE, adj. et subst. masc.
I. —Adjectif
A. —[En parlant d'une chose] Qui a l'état, l'aspect frais, inaltéré de ce qui vient d'être fait, ou n'a jamais ou peu servi.
1. [En parlant d'objets que le temps détériore] Qui est fait depuis peu de temps. Anton. vieux, ancien. Maison neuve; quartier neuf; meubles neufs; plâtre neuf. J'ai visité en 1923, l'une des plus délicieuse ville neuve du monde, Kuala Lumpur, qui est née du caoutchouc (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p.154). En contre-bas se dressaient les bâtiments: au premier rang deux granges neuves qu'on avait érigées l'année précédente (...). Puis, refoulé à l'arrière, l'entassement des anciennes dépendances (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.44):
• 1. ... un peu fatiguée, vous voulûtes vous asseoir devant un café neuf qui formait le coin d'un boulevard neuf...
BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p.120.
♦Loc. fig. Faire maison neuve. V. maison I A 3 c .
— [P. oppos. à la ville, au bâtiment primitifs] Qui est plus récent. À Édimbourg. D'abord cherché dans les belles rues de la ville neuve le professeur et médecin Christison (MICHELET, Journal, 1834, p.143). Quelques lambris, un trumeau, une peinture écaillée, une tapisserie en loques, attestaient l'ancienne splendeur du château neuf né de la fantaisie d'un Mortola du grand siècle (G. LEROUX, Parfum, 1908, p.41).
♦[Dans un nom de lieu, un patronyme, souvent en comp.] La vraie Mme Nourrisson, marchande à la toilette rue Neuve-Saint-Marc (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.385). Il s'engagea sur la route de Moulin-Neuf et se trouva presque aussitôt dans les champs (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1367).
Loc. fig. Être solide, aller, se porter comme le Pont-Neuf.
— P. anal. ou p.métaph.
♦Qui vient d'apparaître, de naître. Synon. nouveau. Végétation, verdure neuve. Ce sont de grands chênes ou des hêtres, dont les feuilles toutes neuves, toutes mouillées, sont d'un vert très tendre (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.51). Tout semblait neuf, ce matin. Le printemps était neuf, il s'ébauchait à peine (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.279).
Expr. Au gui l'an neuf; faire peau neuve.
♦Qui existe depuis peu, n'est tel que depuis peu. Amitié neuve, gloire toute neuve. M. et Mme Robert Darzac étaient à côté l'un de l'autre. La maîtresse de céans n'avait évidemment point voulu séparer des époux aussi neufs, dont l'union ne datait que de l'avant-veille (G. LEROUX, Parfum, 1908, p.48). Ces grimauds frais émoulus du collège, encore tout farcis d'une science purement livresque et mal digérée, et qui vous éberluent de mille citations trop neuves en leur mémoire (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p.203):
• 2. Je note ceci pour vous qui aimez la nouvelle noblesse. Jadis La Rochefoucault était de votre avis, il la voulait toute neuve; neuve elle se vendait alors (...). La vieille ne se vendait pas.
COURIER, Pamphlets pol., Lettres partic. 2, 1820, p.62.
2. [En parlant d'objets que l'usage détériore] Qui n'a pas ou peu servi et a gardé toutes ses qualités (que la fabrication en soit récente ou non). Anton. usé, usagé, vieux, d'occasion. Habit, costume neuf; souliers, draps, torchons neufs; voiture neuve; être à l'état neuf, tout neuf, comme neuf, presque neuf. Je choisis à dessein mes plumes les plus neuves, tant je veux être clair et limpide, et tant je me sens aise d'aborder mon sujet le plus cher (BAUDEL., Salon, 1846, p.111). Une paire de chaussures neuves coûtait sept cents francs, d'occasion cent cinquante (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.196):
• 3. Elle jetait à terre le vieux chapeau de paille sordide d'Élie, que depuis des années il se refusait à remplacer, et (...) elle en crevait la coiffe d'un coup de talon: «Comme ça, tu seras bien forcé d'en acheter un neuf!»
MONTHERL., Célibataires, 1934, p.866.
— Loc. et expr.
♦Battant neuf; flambant neuf.
♦Faire balai neuf. V. balai A 4.
♦Briller comme un sou/un louis neuf; être (luisant/propre) comme un sou neuf. Le coup de soleil dorait la pouliche alezane d'une blondeur de fille rousse. Elle luisait à la lumière comme un louis neuf (ZOLA, Nana, 1880, p.1400). Alors commença le nettoyage de leurs personnes, ils y allèrent avec le même zèle que pour le logis et en sortirent comme des sous neufs (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.130).
— En partic.
♦Bois neuf. Bois transporté par véhicule et non abîmé par le flottage. Deux mauvaises voies [de bois] (...) de rien du tout: une de flotté et une de neuf, car il n'avait pas pris tout bois neuf, le grippe-sous (SUE, Myst. Paris, t.7, 1843, p.153).
♦Terre neuve
Terre rapportée pour remplacer la terre usée par les cultures. La terre neuve mise au pied des vignes, l'orage la fait couler sur les routes (HAMP, Champagne, 1909, p.119).
Région qui n'a jamais été mise en culture. Un sujet familier et cher à tous les coeurs canadiens: l'aventure du pionnier, du défricheur de terres neuves (Arts et litt., 1936, p.42-11).
— P. anal.
♦Pays neuf. Pays qui ne semble pas avoir une longue tradition économique, industrielle, culturelle (comme par exemple celle de l'Europe). La colonisation, l'immigration nous mettent en présence de pays, non pas neufs comme on dit à tort, mais autrement organisés sous l'influence d'autres conditions physiques (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.106). Des pays de vieille civilisation comme la Russie et le Japon, (...) des pays neufs sans passé comme les États-Unis, le Canada ou l'Australie (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p.29).
♦[En parlant d'un animal] Qui n'a pas encore été utilisé dans certaines expériences, qui n'a pas été contaminé. Cobaye neuf. Procure-toi de nouveaux chiens neufs à la fourrière afin de recommencer des trépanations et des inoculations sous la peau (...) pareilles aux précédentes (PASTEUR, Corresp., 1883, p.389).
♦[En parlant d'une pers. ou d'un attribut, d'une faculté de la pers.] Qui n'est pas épuisé, qui a gardé ou repris toute sa vigueur. Un corps neuf. Tu as cru sérieusement à tes bains... à ton porto (...). C'est la révulsion de ton amour qui m'a fait courir, sous la peau, un sang neuf (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.141). Pendant les quinze minutes de boxe, Chéri, grisé de ses forces neuves, s'emballait, risquait des coups traîtres (COLETTE, Chéri, 1920, p.54):
• 4. Il faisait un bon temps vif, avec de petits coups de vent qui donnaient du jarret à cette colonne de troupes fraîches, toutes neuves, au premier jour de leurs misères.
BENJAMIN, Gaspard, 1915, p.30.
— P. métaph. Vous avez dix-neuf ans, des émotions toutes fraîches à satisfaire; la vie est neuve pour vous; le luxe, les plaisirs, le tourbillon enivrant d'une grande ville, vous sont inconnus (SUE, Atar-Gull, 1831, p.11). La pensée lui revenait sans cesse d'une vie toute neuve, toute brillante, intacte —intacte, immaculée —miraculeusement remise entre ses mains, à son bon plaisir, et que la plus légère caresse, le moindre attouchement souillerait pour jamais (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1409).
3. Qui remplace une chose, une personne disparue; qui s'ajoute à quelque chose. Si vous lui demandez [à l'opposition] deux cents millions de ressources neuves, elle vous donnera deux cents discours stériles (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p.42). Déjà, il jugeait sévèrement (...) les jeunes veuves de la guerre qui réclamaient (...) des maris neufs (COLETTE, Fin Chéri, 1926, p.179).
B. —Au fig. [En parlant d'une pers., sur le plan moral, intellectuel] Synon. novice.
1. [Avec connotation méliorative] Qui a ou a retrouvé toute son innocence, sa fraîcheur, sa candeur; qui n'est pas désabusé par l'expérience de la vie. Ses tristes expériences, ses épreuves, ses souffrances et celles d'Olivier, tout était effacé: il renaissait tout neuf dans ce jeune surgeon de la vie d'Olivier (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1498). S'il faut mentir, les êtres propres, neufs, maladroits comme Michel, détestent le téléphone (COCTEAU, Parents, 1938, I, 2, p.188):
• 5. ... j'ai senti que ma vie me quittait, ma vieille vie avec ses soucis, ses fatigues, ses souvenirs usés. Lewis a serré contre lui une femme toute neuve.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.328.
♦P. méton. [En parlant d'un attribut de la pers.] Il ne serait pas bon que des esprits neufs, ou du moins mal renseignés, fussent mêlés aux jeux de la métaphysique (BARRÈS, Renan, 1888, p.41):
• 6. ... cette chimère de rapports réguliers, de perfections, de jouissances positives; brillante supposition dont s'amuse un coeur neuf, et dont sourit douloureusement celui que plus de profondeur a refroidi, ou qu'un plus long temps a mûri.
SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.149.
Yeux neufs, regard neuf. Regard qui découvre ou paraît découvrir les choses pour la première fois, jugement sans a priori que l'on porte sur quelque chose. Les lettres d'or aux balcons des commerces de gros, baroques et lyriques, achevaient de déconcerter ses yeux neufs (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.319). C'est un regard neuf que vous portez sur les êtres et sur les choses, depuis le jour où cette ville a refermé ses murs autour de vous et du fléau (CAMUS, Peste, 1947, p.1296).
— En partic. Qui est ignorant des choses de l'amour. Et elle ignorante jusque-là, lui presque neuf encore, faisant ensemble les découvertes de la volupté, s'exaltaient dans le ravissement de cette initiation commune (ZOLA, OEuvre, 1886, p.160). Le bon seigneur de Montragoux préféra décidément (...) Jeanne la cadette qui était plus fraîche, ce qui ne veut pas dire qu'elle était plus neuve (A. FRANCE, Barbe-Bleue, 1909, p.31).
2. Qui manque de pratique, d'expérience dans certaines activités. Oh! cette fille! elle est d'une maladresse! Mais, que voulez-vous? c'est tout neuf, il faut que ce soit formé (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p.41).
♦[Neuf + compl. prép. indiquant le domaine où l'on manque d'expérience] Être neuf aux affaires. Quoique complètement neuf à la poésie des sites, j'étais donc exigeant à mon insu, comme ceux qui sans avoir la pratique d'un art en imaginent tout d'abord l'idéal (BALZAC, Lys, 1836, p.28). J'étais neuf dans le métier lorsque je répondis par téléphone au chef lointain qui demandait: «Où sont les officiers», qu'ils étaient à table (ALAIN, Propos, 1921, p.218).
— P. anal. [En parlant d'un animal] Alban avait vu que le taureau n'était pas neuf. Il finissait son coup de tête en obliquant vers le ventre de l'homme: il avait déjà été travaillé plusieurs fois, d'évidence, et peu à peu avait appris à déjouer le leurre (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.440).
C. —[En parlant de réalités concr. ou abstr., gén. avec connotation méliorative] Qui apparaît pour la première fois et ne ressemble pas à ce qui a déjà été vu, fait, dit. Synon. nouveau, original; anton. banal, usé. Fait neuf; situation neuve. Ses parents s'effrayaient de sa prompte croissance Se demandant tous deux, car le cas était neuf, Quelle surnaturelle et maudite puissance (...) Au lieu d'un simple enfant, leur envoyait un boeuf (POMMIER, Colifichets, 1860, p.169). Apparitions concrètes d'objets neufs et surprenants, masques, mannequins de plusieurs mètres (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p.111):
• 7. Thérèse [dansant] suit l'inspiration de sa jeune vie, de son coeur. Et, de temps en temps, par une grâce du ciel, elle trouve un geste neuf, un de ces gestes que les hommes ont peut-être fait mille et mille fois, mais qu'ils n'avaient jamais vus.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.196.
— Dans le domaine intellectuel, littér., artist. Aperçus neufs; matière, méthode, expression, image neuve; sujet, ton, rythme neuf. Une idée neuve apparaît comme une relation nouvelle ou inattendue que l'esprit aperçoit entre les choses (Cl. BERNARD, Introd. méd. exp., 1865, p.55). La tête du jeune homme de gauche, dans le Concert de Giorgione, est d'une substance merveilleuse. Tous les tons y sont fondus, fusionnés, pour une couleur neuve, inconnue, unique à chaque endroit de la toile (GIDE, Feuillets, 1895, p.58):
• 8. D'ailleurs toute nouveauté ayant pour condition l'élimination préalable du poncif auquel nous étions habitués et qui nous semblait la réalité même, toute conversation neuve, aussi bien que toute peinture, toute musique originales, paraîtra toujours alambiquée et fatigante.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.552.
♦P. méton. [En parlant d'une pers.] Qui a des idées neuves, dont les oeuvres apportent quelque chose de neuf. Il était difficile d'être neuf dans un sujet répété si souvent, mais rien n'est usé pour le génie (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.43). Il n'est rien de plus neuf que l'espèce d'obligation d'être entièrement neufs que l'on impose aux écrivains. Il faut une bien grande et intrépide humilité, de nos jours, pour oser s'inspirer d'autrui (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.33).
— [En parlant de sensations, de sentiments] Que l'on éprouve pour la première fois. L'affection dont elle se sentait entourée (...) et puis aussi ce cadre nouveau, ce pays superbe (...) éveillaient en elle des émotions neuves (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p.87). Le bonheur qu'il ressentait était si neuf qu'il n'osait aucun geste de peur d'en détruire l'équilibre (RADIGUET, Bal, 1923, p.97).
— Expr. Quoi de neuf, rien de neuf, quelque chose de neuf (en partic. à propos d'événements). Qu'est-ce qui s'est passé de neuf? —Il ne s'est rien passé, dit Robert. —Alors? Pourquoi avez-vous changé d'avis? (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.193). Il ne m'arrivait rien de neuf: je retrouvais intact ce que j'avais joué, prophétisé (SARTRE, Mots, 1964, p.191).
Rem. L'antéposition de l'adj. est région. (Wallonie, Lorraine) ou styl. Du fond des horizons, d'autres ombres roulaient Et de neuves clartés trouaient la brume épaisse (VERHAEREN, Mult. splendeur, 1906, p.59). Joffre, à la Marne, représente cette neuve fermeté de la France (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.74).
II. —Emploi subst. [Corresp. aux différents sens de l'adj.]
A. —Caractère, état de ce qui est neuf. Le neuf de cette pièce annonçait assez un sacrifice fait aux usages du monde par le vieux quincaillier qui recevait rarement (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.129). Figures rouges, jupes de mousseline déjà froissées et aplaties, ça n'a plus le neuf de ce matin (COLETTE, Cl. école, 1900, p.301).
— En, dans son neuf. À l'état neuf. On se représente un homme attentif, un peu courbé, avec une palette en son neuf, des huiles limpides, des brosses nettes (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p.174). Bottines et complet étaient d'ailleurs de bonne qualité, et presque dans leur neuf, malgré leur vingt ans d'âge, M. de Coantré ne les portant que deux ou trois fois l'an, et les entretenant avec le dernier soin (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.773).
— Le plus neuf de... Le plus frais, le plus dispos. Dévouant le plus neuf de mes forces à ce qui coûte le plus grand effort (GIDE, Journal, 1945, p.282).
B. —Ce qui est neuf.
1. [À valeur de neutre] Une mode d'aventure et de liberté, errante et bénie, qui attrape le neuf, le piquant, le provoquant (GONCOURT, Art XVIIIe s., 1880, p.3). Il collectionnait les automobiles. Toujours le premier à vouloir le neuf, il les achetait encore imparfaites, et avant qu'elles fussent mises au point (RADIGUET, Bal, 1923, p.43).
2. [Souvent à valeur de coll.] Chose neuve. Faire du neuf avec du vieux; faire le neuf et le vieux, le neuf et l'occasion. C'était un grec, entrepreneur de fouilles, marchand et fabricant d'antiquités, vendant du neuf au besoin à défaut de vieux (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.154):
• 9. ... les orfèvres modernes ont eu beau reproduire toute cette argenterie d'après les dessins du Pont-aux-Choux, Elstir trouvait ce vieux neuf indigne d'entrer dans la demeure d'une femme de goût...
PROUST, Prisonn., 1922, p.368.
— En partic. Fait nouveau. Je retourne au ministère, voir s'il y a du neuf (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.809).
— Loc. De neuf. V. infra III.
III. —Emploi adv.
1. Avec des choses neuves. Ils narguent au café les maisons importantes, Blousés neuf, et gueulant d'effroyables chansons (RIMBAUD, Poés., 1871, p.122).
2. D'une manière neuve. Difficulté qu'ont beaucoup de gens à penser neuf (BARRÈS, Cahiers, t.11, 1917, p.221).
B. —Loc. adv.
1. À neuf
a) Bâtir à neuf. Construire un nouveau bâtiment. V. accommoder ex. 46.
— Au fig. Bâtir, recommencer, refaire à neuf. Nous devrions rebâtir à neuf. (...) Il ne faudrait pas en conclure que la science ne peut faire qu'un travail de Pénélope, qu'elle ne peut élever que des constructions éphémères (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p.209). Comme il aurait voulu pouvoir effacer tout, recommencer tout à neuf! (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1260).
b) Avec des choses neuves. Elle l'a habillé tout à neuf, fit remarquer Mme Lecoeur. Il doit lui coûter bon (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.678). Bourgeois bottés à neuf (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.150).
Rem. De neuf est plus souvent employé en ce sens. V. infra.
c) De manière à redonner l'aspect de ce qui est neuf. Remettre à neuf; fourbir, peindre, polir à neuf. Encore quinze jours de repos, puis un bon bateau, une cure d'air de France et vous aurez un frère réparé à neuf (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.255). Le mobilier, faute d'aération et de chauffage, commençait à verdir de moisissures discrètes. Une remise à neuf du casino (...) serait donc on ne peut mieux venue (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.173).
d) [Chez Gide] Comme si les choses se présentaient pour la première fois. Synon. à nouveau. Se reporter à neuf (aux faits). Il en était [des billes] que je ne pouvais manier sans être à neuf ravi par leur beauté (GIDE, Si le grain, 1924, p.351). Les Nourritures terrestres, restent près de moi, de sorte que je [peux] frémir à neuf en les relisant et raviver mon émotion de phrase en phrase (GIDE, Journal, 1943, p.220).
2. De neuf
a) Avec des choses neuves. Nos hommes, qu'on avait habillés de neuf pour qu'ils tinssent dignement leur rang de vainqueurs, refilaient leur linge aux civils (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.88). Des beaux gaillards, débraillés, mais avec un foulard de couleur autour du cou (...) et le plus souvent possible chapeautés de neuf (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.147).
b) Rare. De manière à redonner l'aspect du neuf. V. supra à neuf III B 1 c. Le poste peint de neuf, hostile, sans passé, sans odeur, prenait de l'allure, se façonnait peu à peu (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.39).
3. Rare. En neuf. Synon. de neuf supra III B 2 a. Je parle pas de t'habiller en neuf des pieds à la tête, mais un peu plus richement (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.167).
Prononc. et Orth.:[noef], [noe:v]. Vieilli et région., LAND. 1834, GATTEL 1841 [nø] au masc. plur. et p.anal. au masc. sing. Cette prononc. se maintient devant consonne dans des noms propres du type: Neuf-Brisach [], Neufchâteau, Neufchâtel. Variable ou non selon les aut. dans les expr. du type: flambant neuf: une villa flambant neuve, deux lames entrecroisées, l'une ébréchée, l'autre flambant neuf (THÉRIVE et J. DE LACRETELLE ds GREV. 1964, § 145). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 980 adj. nous «qui n'a pas encore servi» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 355); ca 1170 loc. adv. de nuef «avec quelque chose de neuf» (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 6478); 1339 de nef «de manière à rendre, ou donner l'aspect du neuf» (16 janv., doc. A. Tournai ds GDF. Compl.) —1700, POMEY; 1585 à neuf (DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t.2, p.52); 1800 subst. neuf «ce qui est neuf» (BOISTE); 2. a) ca 980 adj. «nouveau, par rapport à ce qui existait déjà» (Passion, 459: Lingues noves il parlaran); ca 1200 terre noeuve «terre nouvellement découverte» (St Jean Bouche d'Or, éd. H. Dirickx-Van der Straeten, 723); b) ca 1165 «récent, qui existe depuis peu» (GUILLAUME D'ANGLETERRE, éd. M. Wilmotte, 864: dolors noeve); ca 1480 subst. «ce qu'il y a de nouveau» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 48220: que ay je de neuf ouy?); c) ca 1208 adj. «original, que l'on fait pour la première fois» (GUILLAUME LE CLERC, Bestiaire, éd. R. Reinsch, p.219, vers 10); 3. a) 1606 «qui n'a pas d'expérience» (CRESPIN); b) 1561 «qui n'a pas subi l'atteinte des passions» (JACQUES GRÉVIN, Gélodacrye, éd. L. Pinvert, p.334). Du lat. novus «nouveau», «récent», «qui n'a pas l'habitude» et «dont on n'a pas l'habitude», également att. comme subst. neutre novum «chose nouvelle» et au plur. novi «écrivains nouveaux, modernes» corresp. du gr. «nouveau» d'où «jeune, récent» ou parfois «qui cause un changement».
STAT. —Neuf 1 et 2. Fréq. abs. littér.:9599. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 12154, b) 15091; XXe s.: a) 14906, b) 13401.
BBG. —GECKELER (H.). Zur Wortfelddiskussion. Untersuchungen zur Gliederung des Wortfelds alt-jung-neu im heutigen Französisch. München, 1971, pp.338-350 (Thèse).
2. neuf, neuve [nœf, nœv] adj. et n.
ÉTYM. XIVe; nous, 980; nuef, XIIe; du lat. novus.
❖
REM. Neuf et nouveau :
1 Ce qui est nouveau vient de paraître pour la première fois; ce qui est neuf vient d'être fait et n'a point encore servi; ce qui est récent vient de se passer tout à l'heure. On dit une mode nouvelle, un habit neuf (…) un fait ou un exemple récent. La chose nouvelle n'était pas connue; la chose neuve n'est pas usée (…) la chose récente n'est pas ancienne. Une invention est nouvelle, une expression neuve.
Lafaye, Dict. des synonymes, Nouveau, neuf…
2 On croit généralement qu'il suffit qu'une idée soit neuve pour qu'elle soit nouvelle. On croit qu'il suffit qu'une idée soit neuve pour qu'elle n'ait jamais servi. Quelle erreur. Elle a servi au fabricant. Quand un arbre de théâtre (…) sort de chez le fabricant, il est tout de même un vieil arbre, il est tout de même un arbre tout fait, et il est tout de même de théâtre. Il a beau être neuf, il n'est pas pour cela un vrai arbre, un arbre dans la campagne. Ce n'est pas pour cela un nouvel arbre dans le monde.
Ch. Péguy, Note conjointe, « Sur Bergson », p. 24.
———
I Adj.
1 Qui vient d'être fait et n'a pas encore servi. || Essuyer les plâtres d'une maison neuve, toute neuve (→ Fil, cit. 24). || Étrenner une robe neuve. || Acheter des souliers neufs. || Prendre livraison d'une voiture neuve.
REM. Avoir une voiture nouvelle, c'est avoir une voiture d'un type récemment créé, qui vient à peine de sortir; une nouvelle voiture, une voiture qui remplace la précédente et qui peut n'être pas neuve. Une voiture neuve, enfin, n'est pas forcément une voiture nouvelle.
♦ Caractère (cit. 6) d'imprimerie qui est neuf. || Dans l'exotisme (cit. 1) tout paraît neuf. || Livres (cit. 7) tout neufs. — ☑ Faire maison neuve. ☑ Faire peau neuve. || Terre neuve, qui vient d'être défrichée.
3 En ce temps-là, Édouard habitait le troisième étage d'un immeuble neuf qui avait poussé, comme une dent de sagesse, en bousculant toute la région.
G. Duhamel, Salavin, III, XIII.
♦ Qui paraît neuf pour avoir été peu utilisé ou peu usé. || Il est si soigneux que son costume est encore neuf. || Ces vêtements ne sont plus très neufs. ⇒ Frais. || Meuble, livre ancien à l'état neuf. — ☑ (Vx). Battant neuf. → Battre, cit. 51 et 52. ☑ Flambant (cit. 16) neuf.
4 Dame ! les draps ne sont pas neufs. Voilà bien cinq ans qu'ils servent, et, à la longue, le frottement du corps, ça use… Vous voyez, ils ont un grand trou au milieu; mais les bords sont encore bons, on peut tailler là-dedans une foule de choses.
Zola, la Terre, III, VI.
4.1 Le peuple bavarois circulait en vêtements neufs, en gants neufs, en chapeaux neufs, mais étoffes et feutres étaient rêches à la vue, au toucher (…)
J. Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 126.
2 (Avec l'article défini et après le nom, par comparaison avec une chose du même ordre). Qui est moins ancien. || Le vieux château et le château neuf; la vieille ville et la ville neuve (cf. Châteauneuf, Villeneuve, noms de nombreuses localités). || Les vieux quartiers et les quartiers neufs (→ Loger, cit. 5). ⇒ Moderne. || Le cirque neuf de Malaga (→ Inaugurer, cit. 2). || Le Pont-Neuf à Paris.
3 (Choses abstraites). Nouveau (dans l'ordre intellectuel, artistique). ⇒ Original. || Traiter un sujet neuf. || Thème banal traité d'une manière neuve. || Des idées, des pensées, des remarques neuves (→ Ambiant, cit. 2; livre, cit. 10). || Une musique vraiment neuve (→ Fugitif, cit. 14). || Observation neuve et originale (→ Fouiller, cit. 10). || Expressions, tournures, images neuves. ⇒ Audacieux. || Scène neuve au théâtre (→ Innovation, cit. 3). — Fam. || Voilà une chose toute neuve pour moi, voilà qui est tout neuf pour moi, une chose dont je n'avais pas l'idée, dont je n'avais pas entendu parler. ⇒ Inconnu.
5 Qu'est-ce qu'une pensée neuve, brillante, extraordinaire ? Ce n'est point, comme se le persuadent les ignorants, une pensée que personne n'a jamais eue, ni dû avoir : c'est au contraire une pensée qui a dû venir à tout le monde, et que quelqu'un s'avise le premier d'exprimer.
Boileau, Préfaces, VI (1701).
6 Que l'Europe approuve que vous ne voulez plus un malheureux ni un oppresseur sur le territoire français; que cet exemple fructifie sur la terre; qu'il y propage l'amour des vertus et le bonheur. Le bonheur est une idée neuve en Europe !
Saint-Just, Rapport du 13 ventôse an II (3 mars 1794).
7 À quoi sert-il d'être libre de parler et d'écrire, si l'on n'a rien de vrai et de neuf à dire ?
Renan, Questions contemporaines, Réflexions…, Œ. compl., t. I, I, p. 213.
8 (…) de même que la physique soumet aux mathématiciens des problèmes nouveaux qui les obligent à produire un symbolisme neuf, de même les exigences toujours neuves du social ou de la métaphysique engagent l'artiste à trouver une langue neuve et des techniques nouvelles.
Sartre, Situations II, p. 76.
4 (Personnes). Vieilli. Qui n'a pas encore l'expérience, l'habitude des choses, des passions, de la vie… ⇒ Inexpérimenté, novice. || Il est tout neuf dans le métier. || Il est neuf aux affaires (Littré, Académie). || « En ses affaires, il se trouve assez neuf » (→ Guère, cit. 18, Molière). || Jeune homme neuf qui a vécu dans les illusions (cit. 21) de l'enthousiasme. || Homme neuf et désarmé (→ Façonner, cit. 11). — Une âme, un cœur neufs.
9 (le comte d'Estrées) sait tout, il n'est neuf sur rien (…)
Mme de Sévigné, 1236, 20 nov. 1689.
♦ Vieilli. || Neuf à…, dans…, en…
10 (…) quand ils viennent aux grandes affaires, ils y sont neufs (…)
Racine, Trad. de Lucien.
11 (…) et quoique modeste et neuve au manège des salons, elle sut aussi bien que la plus savante coquette, lever à propos les yeux sur lui, les baisser avec une feinte modestie.
Balzac, la Paix du ménage, Pl., t. I, p. 1022.
12 (…) encore neufs au métier de la vie sociale, nous restons en proie à une sorte de niaiserie, à un sentiment de stupeur, comme si nous étions sans secours dans un pays étranger.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 477.
13 (…) fort neuf en beaucoup de choses, n'ayant jamais quitté sa gentilhommière au milieu des landes.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XI.
♦ Mod. || Être neuf dans une activité, un métier.
14 J'étais neuf dans le métier lorsque je répondis par téléphone au chef lointain qui demandait : « Où sont les officiers ? », qu'ils étaient à table (…)
Alain, Propos, 14 mai 1921, Mensonges militaires.
♦ Spécialt. Sans expérience des choses de l'amour. ⇒ Novice, puceau.
15 (…) à vingt-deux ans, grand et vigoureux, comme je l'étais, assez bien de figure, alerte et point sot, j'étais aussi neuf, mais aussi neuf qu'au sortir du ventre de ma mère, et les deux femmes de s'en émerveiller ainsi que leurs maris.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 677.
5 (Sentiments, passions). Qui vient de naître ou de renaître, qui a encore ou qui a repris toute sa fraîcheur et sa force. || Ambition (cit. 12), camaraderie (cit. 3) toute neuve. || Sensations fortes et neuves (→ Fiévreux, cit. 2). || La certitude d'être aimée lui forgeait (cit. 7) une âme neuve. || Sensibilité restée vive et neuve (→ Frémissant, cit. 6). || Joie fraîche et neuve (→ Imperméable, cit. 4). || La vision, le regard neufs de l'enfant, de l'artiste. || Regarder le monde avec des yeux neufs.
16 Je renaquis avec un être neuf, sous un ciel neuf et au milieu de choses complètement renouvelées.
Gide, les Nourritures terrestres, p. 29.
6 Qui existe depuis peu de temps, qui vient d'arriver. ⇒ Récent. || Un bonheur neuf. || La brutalité reparaît sous la culture trop neuve (→ Hybride, cit. 7). || L'éclat (cit. 34) criard d'une fortune trop neuve. || Peuple neuf, qui a accédé depuis peu à l'existence nationale, à la civilisation.
17 Les peuples neufs croient trop volontiers que tout s'enseigne, que la vérité se communique en recettes, presque en comprimés. Les peuples plus évolués (…) tendent à mettre davantage l'accent sur la culture.
André Siegfried, La Fontaine…, p. 72.
7 Fam. || De neuf. (En parlant de faits récents pouvant amener quelque changement). ⇒ Nouveau. || Rien de neuf dans l'affaire X. ☑ Alors, quoi de neuf ? : quelle nouvelle ?
18 Un mois environ après cette aventure, — et durant cet intervalle je n'avais pas entendu parler de Legrand, — je reçus à Charleston une visite de son serviteur Jupiter… — Eh bien, Jup, dis-je, quoi de neuf ? comment va ton maître ?
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « Le scarabée d'or », p. 82.
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II N.
1 Le neuf : ce qui est neuf. ☑ Coudre le neuf avec le vieux, du vieux avec du neuf. || Artisan qui fait le neuf et le vieux, qui fait des objets neufs et répare les vieux. || Du vieux neuf, se dit par plaisanterie de ce qui est donné pour neuf tout en étant vieux en réalité. || Vendre du neuf et de l'occasion. — En art il faut trouver du neuf. || Homme politique qui veut faire du neuf et du raisonnable. — Fam. || Il y a du neuf dans l'affaire X.
19 Je croyais qu'on allait faire
Du grand et du neuf,
Même étendre un peu la sphère
De quatre-vingt-neuf;
Mais point; on rebadigeonne
Un trône noirci.
2 ☑ (1564). De neuf : avec quelque chose de neuf (vêtements, équipements). || Être habillé, vêtu de neuf, tout de neuf (→ Fringant, cit. 2). || « On t'a ferré de neuf » (→ Étendre, cit. 12, La Fontaine). — Appartement meublé de neuf.
3 ☑ (XVIe). À neuf : de manière à rendre l'état ou l'apparence du neuf. || Rebâtir à neuf (→ Loger, cit. 13). || Ouvrage à reprendre presque à neuf (→ Matériau, cit. 3). || Repeindre une pièce à neuf. || Remettre à neuf. ⇒ Raccommoder, rafraîchir, ragréer, rénover, réparer, requinquer, restaurer, retaper… || Mon costume était tout défraîchi, le teinturier l'a remis à neuf (Académie).
20 (Cibot) jouissait du privilège inattaqué de faire les raccommodages, les reprises perdues, les mises à neuf de tous les habits dans un périmètre de trois rues.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 561.
21 La voirie intestinale de Paris a été refaite à neuf et (…) plus que décuplée depuis un quart de siècle (…)
Hugo, les Misérables, V, II, VI.
22 (…) vaut-il mieux garder la façade actuelle, ou la peindre à neuf ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVI, p. 219.
23 (…) tous les sièges de la salle du Congrès avaient été recouverts à neuf de cuir jaune foncé.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, VII.
REM. Gide s'est plu bizarrement à employer à neuf dans le sens de à nouveau (→ Inouï, cit. 2).
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CONTR. Caduc, usé, vieux. — Occasion (d'). — Banal, éculé. — Antique, lointain.
Encyclopédie Universelle. 2012.